« Tu vas finir dans une boîte, Claudios, menaça-t-il presque trop calmement. »
Oscar le prit sous son bras en ouvrant la porte de son bureau pour tomber nez à nez avec sa secrétaire. Sans aucune considération, il tendit son familier dans la direction de la jeune femme qui le prit dans ses bras sans poser de question, surtout lorsqu’elle jeta un regard à l’intérieur de la pièce qui était dévastée. Jeanne devint blême en s’imaginant devoir remettre tous les dossiers en ordre, mais fut rapidement soulagée lorsque le jeune archonte ajouta.
« Je vais m’en occuper, ne fais pas cette tête. Contente-toi de ramener Claudios à mes parents. »
Le fiouk était jeune, et même s’il adorait la présence de son maître, il avait besoin de se défouler à la moindre occasion. Lorsqu’Oscar était sur les routes du royaume, ça ne posait pas de soucis, mais enfermé dans le bureau, il devenait fou, saccageant ce qui se trouvait à proximité de ses petites pattes. Abandonnant le bâtiment à sa secrétaire, il prit son sac pour s’égarer dans la cité sylvestre. Il lui faudrait remplacer plusieurs pièces de son mobilier et pour quelque chose de plus solide s’il ne voulait pas que son familier recommence à mettre la pagaille. N’étant que peu souvent sur place, le jeune archonte n’était que peu au point des commerces qui se développaient dans la cité, il aurait certainement dû demander conseil à Jeanne pour qu’elle l’aiguille dans sa direction. Mais il préféra se perdre entre les bâtiments qui se maintenaient comme sur des pilotis dans la cime des arbres. Se protégeant le visage des derniers rayons de soleil avant la saison froide, le garçon se perdit dans ses pensées, mélangeant plusieurs sujets, en conflit entre sa commande de meubles et sa future expédition, tout en incluant les dernières transactions avec sa branche.
Les décors au milieu des arbres semblaient changer à mesure des quartiers, alors que l’ombre des épais feuillages dessinair des spectres au sol, s’inscrivant dans un univers presque sauvage. Il aurait été étonnant de ne pas trouver un artisan maniant le bois alors que l’on devait pouvoir trouver sans difficulté la matière première, ici-même. Oscar déambula peut-être une bonne heure, se fiant à son instinct pour ne pas se laisser duper par les commerces aux prix attractifs, mais sûrement à la qualité médiocre, Claudios aurait tôt fait de les massacrer à nouveau. Selon son avis, de pièces uniques qui sauraient durer à travers les années, même si pour cela, il devrait y mettre le prix.
Une légère flagrance de bois scié mêlé à du vernis atteignit le jeune homme à mesure que les rues s’étrécissaient, avant que ses attentes ne soient comblées lorsqu’il atterrit devant l’atelier d’un ébéniste. Exactement ce qu’il cherchait. Il poussa délicatement la porte en saluant hasardeux afin d’annoncer sa présence. Oscar regarda autour de lui à la recherche de propriétaire des lieux, sans chercher à s’imposer, préférant attendre patiemment que l’on vienne à lui. Il n’était de toute façon pas pressé par le temps. Il ne savait pas depuis combien de temps elle était présente dans la cité, mais la boutique avait piqué la curiosité du jeune archonte. S’arrêtant aux apparences, il n’était jamais allé plus loin que l’utilité d’un objet, mais il voulait voir comment les artisans pouvaient faire naître de leurs mains leurs œuvres à partir de simples morceaux de bois. Il aurait certainement beaucoup de questions à poser lorsque le propriétaire finirait par apparaître.
Même si son principal objectif du jour n’avait qu’un but, pouvoir travailler sans que son agaçant familier ne dévaste ses meubles. Il devrait peut-être penser à faire demander une solide cage afin de l’y enfermer lorsqu’il aurait ses instants de folie.
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