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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Douce nuit, acceptes-tu d’être… ?
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Douce nuit, acceptes-tu d’être… ?
    Sam 25 Sep 2021 - 18:54 #
    Encore une fois, les pas de Calixte l’avaient amené-e au réfectoire public de l’hôpital de l’Astre de l’aube, où iel décimait d’un coup de cuillère morose les desserts du buffet sous l’œil désapprobateur de la serveuse validant – et faisant régler – les plateaux repas. Le tampon « OBSTETRIQUE » imprimé sur son poignet à l’encre magique pour la journée de consultations commençait à s’effacer comme la soirée s’enlisait peu à peu entre les bras enténébrés de la nuit, mais l’activité des lieux ne semblait pas s’amenuiser au passage des heures vespérales. Maintenant habitué-e à un suivi au moins mensuel lo faisant roder au cœur du bâtiment de soins de l’aube jusqu’au crépuscule, l’ancien-ne espion-ne savait que le calme ne gagnerait les couloirs de celui-ci que tard dans la nuit, ne laissant alors qu’une étrange atmosphère hantée jusqu’à l’aurore suivante. Iel n’avait encore jamais eu à dormir sur place, et iel n’était pas pressée de s’y tenter. Les rares fois où iel était venu-e aux heures les plus sombres pour tirer jusqu’à la Volière une Luz engoncée dans le travail, l’ambiance lugubre du centre lui avait fait hâter le pas.

    Depuis leur entrevue tourmentée au début de l’année, où lo soldat-e avait révélé sa condition gravidique – et ses circonstances de développement – à la médecin, les liens entre les deux ami-es, après avoir été rudement mis à l’épreuve, s’en étaient finalement trouvés raffermis. Et lorsque Calixte ne passait pas une énième fois dans la semaine pour un saut, même fugace, à la Volière, c’étaient les missives de Luz qui lo rattrapaient le long des chemins d’Aryon, lui apportant un peu de chaleur et, dernièrement, de singularités. Au travers des mots couchés sur le vélin par la plume adroite de la rousse, le relief de dents plus pointues que d’autres, maintenant connues par l’ancien-ne expion-ne, taquinaient sa curiosité, l’incitant à répondre d’interrogations inquisitrices – voire indiscrètes, lorsqu’Apolline y joignait sa scribouilleuse – égayant son quotidien quelque peu bouleversé depuis l’expédition au désert volant. Se renfrognant encore à cette pensée, lo soldat-e fronça les sourcils, avisa son assiette vide, puis se releva pour glaner de nouvelles douceurs sur le buffet.

    La mission sur l’île suspendue avait laissé des ravins de doutes au creux de son être, éclatant de milles morceaux ce qu’iel avait pris pour acquis, au plus intime d’iel-même, et si l’amitié – le respect et le pardon – de son escouade – Zahria, Xylia et Jin – avait commencé à recoudre les fragments de son âme, seuls le temps et l’amour inébranlable de ses proches lisseraient tout à fait les arrêtes encore tranchantes de son esprit tourmenté. Ainsi que, quoi qu’en dise le pincement des lèvres de la serveuse en bout de caisse, cette énorme part de gâteau au chocolat nappé de sa crème aryonaise. Montrant son poignet tamponné à l’employée – des fois qu’elle eût manqué l’arrondi de plus en plus proéminent de son ventre – afin qu’elle validât son achat – à la fois d’un point de vue sécuritaire, concernant la grossesse, et pécuniaire – Calixte attrapa férocement son plateau et retourna s’installer à la place qu’iel avait clamé depuis déjà un bon couple d’heures. Iel attendait d’être reconvoquer pour sa dernière série d’examen gynécologiques, et iel avait encore de nombreuses minutes – voire heures – à tuer. Certainement aurait-iel pu les mettre autrement à profit, par exemple en profitant de la bibliothèque accessible aux patients, regorgeant notamment de données sur la parentalité, mais depuis son retour du désert volant, ses moments oisifs se déclinaient facilement en camaïeu d’amertume. Et ce, d’autant plus sous forme féminine. Il y avait certainement là une raison physiologique quelconque, mais les connaissances du-de la coursier-e en la matière étaient bien trop limités pour qu’iel s’en formalisât.

    Non, plus que le voile morose installé sur le décor de sa vie, c’étaient les autres conséquences de la grossesse, bien plus marquants et évidents, qui l’irritaient quant à cet état se prolongeant. Cela faisait techniquement presqu’un an qu’iel portait le fruit imprévu de valses imprudentes, mais Hélène, l’étudiante en maïeutique qui effectuait principalement son suivi, était formelle sur le fait qu’iel n’atteignait à présent que la fin de son quatrième mois de grossesse. Et bien qu’iel ne fût sujet-te aux affres de celle-ci que sous forme féminine, iel commençait à trouver ces prolongations interminables. Lo laissant caresser l’idée d’utiliser un maximum son SAPIC afin d’accélérer les choses, ou au contraire de le jeter du haut d’une falaise au plus loin dans les profondeurs avides de l’océan pour ne plus jamais avoir à se coltiner les désagréments gravidiques. Iel n’en était même pas à la moitié du parcours qu’iel avait l’impression de n’être qu’un sac de plus en plus gros de tensions, vomi et pipi. Noué de sauts d’humeur et de troubles de la mémoire. Sous cette forme, son dos n’était que courbatures, son bas ventre un terrain pesant d’élancements et d’urgences mictionnelles, son estomac une girouette bipolaire tantôt affamée tantôt nauséeuse jusqu’au rejet, son esprit un amas chaotique de pensées boules de billard s’entrechoquant aléatoirement et distraitement pour parfois disparaitre brusquement dans les confins de sa conscience. Calixte ne savait pas comment faisaient les femmes pour se soumettre sciemment – ou pas – à cette condition presque punitive, sans compter que certaines renouvelaient allègrement l’expérience plusieurs fois.

    Sa cuillère traçant des sillons dans la crème aryonaise, iel porta instinctivement sa senestre contre l’arrondi toujours plus marqué de son abdomen. Pour tout son agacement aux affres de la grossesse, iel devait cependant avouer un attachement viscéral – physique bien évidemment, mais aussi mental – aux deux graines grandissant en iel. Une détermination féroce dans cette notion de famille qui s’était imposée peu à peu à son esprit. Et bien mal avisé serait celui, ou celle, qui chercherait en l’en défaire, car iel défendrait bec et ongles cette sentence devenue cadeau qui lui avait été fait. Plissant le regard sur son assiette à nouveau vide, Calixte se dandina un peu sur sa chaise pour modifier la zone d’appui de son séant s’engourdissant. Pour toute son alimentation erratique sous forme féminine, il semblait que l’effort physique qu’iel fournissait sous son visage usuel suffisait à compenser ses écarts de régime plus que nombreux. Ce qui l’arrangeait bien, car iel était certain-e qu’autrement iel aurait réussi à faire exploser la balance du bureau d’Hélène déjà des lunes auparavant. Levant les yeux pour réaviser les fabuleux desserts sur le présentoir plus loin, il ne lui fallu pas plus qu’une dizaine de secondes d’hésitation avant de reprendre le chemin des douceurs sucrées.

    Où, apparemment, la serveuse derrière le comptoir l’avait pris-e de court. Les pièces trop sucrées et grasses avaient été tirées un peu trop loin pour la portée d’un-e Calixte enceinte, ne laissant que sur le devant du présentoir des coupelles de fruits de saison. Chaque met avait été élaboré par le cuisinier Faolan Sealtar, et remplissait un cahier des charges très serré dans ce temple de la santé, mais au cumulé rien ne pouvait être fait contre la glycémie et le cholestérol grimpants de l’ancien-ne espion-ne, et iel savait que c’était mieux ainsi. Ce qui ne l’empêchait guère d’être particulièrement contrarié-e.

    Attaquer ? souffla Vreneli contre son esprit, tout content d’avoir une excuse pour déchainer ses foudres.
    Non, se résigna Calixte en attrapant une coupelle. Les familiers ne sont pas acceptés partout, dans l’hôpital. Alors évitons de leur donner une raison supplémentaire de vous bannir purement et simplement.

    Son mouvement suivant dut cependant être mal calculé, ou était-ce l’inconnu qui s’était trop approché d’iel, car une partie de ses raisins se jetèrent contre le vêtement de celui-ci avant d’aller ricocher contre le sol d’une propreté presqu’aseptique.

    - Oups, pard…

    L’excuse mourut au fond de sa gorge comme une flamme que l’on souffle, et ses lèvres s’immobilisèrent sur une onomatopée silencieuse. Face à iel se tenait une silhouette qu’iel n’avait pas vue depuis très longtemps, et qu’iel ne s’attendait décidemment pas à croiser ici.

    - Naëry ?
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
    Informations
    Re: Douce nuit, acceptes-tu d’être… ?
    Lun 4 Oct 2021 - 19:25 #
    Douce nuit acceptes-tu d’être… ?
    ─ avec Cal

    Un pas, puis un autre. Droite, gauche, droite, gauche … Comme l’on lui avait appris à l’école militaire de sa jeunesse. Une pause, le souffle lui manque, sa vue se brouille. On lui avait interdit de sortir de sa chambre, il n’était pas prêt soit disant. Il en avait marre d’attendre … Attendre des nouvelles qui ne venaient pas, attendre les soins, attendre le repas, attendre le sommeil, attendre les souvenirs … Le voilà claudiquant dans les couloirs de l’Astre de l’Aube. Il s’était éclipsé après le dernier passage d’une soignante. Il fallait qu’il prenne l’air, aussi identique soit-il ailleurs, il serait toujours meilleur que dans cette chambre de lente agonie.

    C’est ainsi qu’il se retrouvait là, dans les couloirs, à s’éloigner pas après pas de souvenirs qui se dérobaient à sa mémoire laissant pour seules traces des sentiments contradictoires. Son amour pour Luz lui laissant un arrière goût amer. Pourquoi ? Des mots qui trop longtemps avaient résonné dans son esprit se refuser à se révéler. Quelques bribes revenaient, fugaces, aussitôt volatilisées par le souffle de l’oubli. Les praticiens parlaient de choc émotionnel « Ne vous inquiétez pas Monsieur Wig, la mémoire vous reviendra ». Ses doigts allaient trouver systématiquement le lobe de son oreille où sa boucle manquante laissé place à une écorchure. Qu’avait-il vécu pour tout oublier ?
    Et le voile d’inquiétude qui troublait le regard habituellement si vif de Luz. Il n’y avait pas que ça non … Et pour cause. Elle avait tenté de lui parlé mais ne le sentait pas prêt. Pas prêt à quoi ?! Il avait beau essayer de comprendre et de l’inciter à discuter, la fuite finissait toujours par avoir raison d’eux.

    A son tour de fuir. Certes, pas bien loin. Il n’avait pas de grave séquelles physiques, des blocages qui s’estomperont avec le temps. Ce temps lui-même qui réconforte chaire et esprit par ses lentes caresses imperceptibles. Et pas après pas, il finit sa course dans ce qu’il semblait être le réfectoire de l’hospice. Un peu de repos ne serait pas de refus. Et pourquoi pas se permettre une petite sucrerie, après tout les efforts qu’il venait de faire pour atterrir ici, il le méritait bien.

    Il se plaça derrière une cliente en train de récupérer sa coupelle de fruit, lui avait plutôt repéré les alléchants muffins un peu plus loin. Alors qu’il allait passer commande des raisins vinrent rebondir contre lui, la patiente enceinte qui le précédait se stoppa en se retournant sur lui. Elle le fixait de manière presque malaisante, à moins que le malaise ne vienne de cette impression étrange de danse oubliée.

    - Naëry?

    Ce n’était donc pas une impression, ils se connaissaient. Le brun s’immobilisa, oui, une caresse lui revint, une chaleur, un corps, un trio, la valse d’une relation mystérieuse, avec ses tensions, ses pressions, mais toujours une bienveillance douloureuse.

    - Calixte ... souffla-t-il.

    La serveuse racla sa gorge pour empresser l’aventurier de récupérer sa commande en l’enjoignant de montrer son tatouage d’hospitalisation. Il s’exécuta les pensées en pagaille. Ce beau ventre arrondi, comment était-ce possible ? Le SAPIC le permettait-il ?

    - In...installons-nous veux-tu ? Les mots s’agrippaient encore à sa gorge, ricochant sur son palais avant de se libérer sans assurance.

    Il fixa son ami-e, avant de lui désigner du regard accompagné d’un léger sourire qu’il se força à faire apparaître l’arrondi de son abdomen.
    - Je ne sa-savais pas que tu sou-souhaitais avoir et porter des enfants.

    L’air grave de son interlocutrice ne le rassura pas quant aux révélations qu’il allait découvrir. Peut-être l’avait-il su, encore une fois les brides de ses souvenirs ne lui permirent pas d’en deviner la moindre confidence.

    code ─ croquelune

    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: Douce nuit, acceptes-tu d’être… ?
    Dim 10 Oct 2021 - 12:10 #
    Dans un autre espace, à un autre temps, c’était iel qui avait laissé un Naëry interdit face aux douloureux émois de la nuit. Ironique comme les rôles s’étaient là inversés, à la différence que l’aventurier ne s’était pas empressé de prendre la fuite après avoir bousculé un peu plus les certitudes de Calixte, l’invitant au contraire à s’installer un peu plus loin pour discuter. Faire le point. Revenir sur cette année de silence, peut-être. S’intéresser à sa grossesse. Un vent de panique enveloppa soudainement lo soldat-e dont le regard chercha instinctivement un angle de fuite – s’iel se coulait dans le présentoir du buffet tandis qu’il avait le dos tourné, oublierait-il tout ça ? lo laisserait-il tranquille ? – l’esprit bien conscient que c’était une discussion nécessaire pour tous les deux, mais son cœur pris au dépourvu d’un déferlement d’émotions rendant plus prégnante l’envie de s’échapper. De retourner au calme de façade qui était devenu son quotidien.

    Et puis, comme Naëry avisait l’une des tables un peu plus loin, l’enjoignant à le suivre, son regard ambré s’arrêta sur la chevelure en pagaille. Sur les traits abimés de la silhouette perdue dans un pyjama anonyme. Sur les mouvements perclus de douleur et d’hésitation. Le souvenir bien enfoui d’une tendresse passée se rappela à iel, déchirant d’une inquiétude sourde le chaos de ses pensées, et iel emboita le pas à ce fantôme d’un autre temps sans plus de réticence. Les sourcils froncés, l’œil balayant les reliefs de cet homme qui n’était plus que l’ombre de ce qu’il avait été, iel laissa Vreneli ramasser les grains de raisin ayant retrouvé temporairement leur liberté et posa son plateau sur la table choisie par Naëry. A distance des autres. Dans la discrétion tranquille d’une alcôve dont la fenêtre donnait sur un extérieur végétalisé trempé dans les ténèbres vespérales.

    Conscient-e du handicap de son ventre toujours plus proéminent, iel ne s’assit pas immédiatement, s’approchant de l’aventurier pour le contempler de haut. Sa dextre marquant une hésitation à mi-parcours, avant de tracer doucement les contours d’un visage qui s’était fondu à l’arrière-plan de ses souvenirs. Ses doigts effleurant les ridules marquées par l’émotion, les joues creusées par le manque, les nouvelles cicatrices dont l’imposante courant sous l’œil droit évoquant de sombres aléas, les lèvres gercées par la fatigue ou l’angoisse, le tapis dru d’une barbe négligée, l’écorchure encore vive d’une oreille malmenée, et le fouillis de mèches sombres encadrant ce visage peint de souffrances. Passées. Présentes ? Une bouffée de colère avala les interrogations se décuplant comme des pinplumes dans le giron de son âme, et l’ambre remonta brusquement rencontrer le mordoré lui faisant face.

    - Où étais-tu ?

    Ce n’était pas le cœur de son ire, mais c’était peut-être la question qui résumait le mieux toutes celles qu’iel avait encore. Ce qui ne l’empêcha guère d’enchainer rapidement, pris-e dans le tumulte impatient de son émoi :

    - Comment est-ce que… quelqu’un t’a-t-il retenu ? Fait ces blessures ?

    Il y avait dans son ton l’écho d’une rage froide rappelant celle de leur confrontation deux années plus tôt, lorsqu’iel s’était dévoilé-e comme espion-ne. Un écho de la genèse de leur relation complexe, mais néanmoins solide. Comme si sa renaissance ne pouvait à nouveau se faire sans emprunter les chemins escarpés d’amertume et d’appréhension qui étaient si familiers à Calixte les concernant. Et si deux ans auparavant iel avait conclu qu’iel était bien incapable d’effacer cet être qui pourtant mettait en péril sa profession officieuse, iel était présentement farouchement indigné-e que quelqu’un, ou quelque chose, eût pu tenter de le faire. Que le silence de l’absence de l’homme eût décidé de le délivrer à la condition de souffrances si physiquement évidentes, le recrachant de l’oubli dans les bras de ses proches alourdi de fardeaux inquiétants. Oui. Si aujourd’hui Naëry avait le nom et l’adresse de ses persécuteurs – fussent-ils seulement des pierres contre lesquelles il se serait rétamé – demain lo soldat-e partirait en guerre contre ceux-ci, armé de cette fureur viscérale née de cette amitié indéfectible.

    Mais aussi brusquement que la colère avait saisi sa chair, acérant son regard et faisant trembler le bout de ses doigts, elle s’effaça subitement pour ne plus laisser que le soulagement et les prémices de la joie de retrouver ce qui avait été perdu. Dans la pulsion de tendresse reprenant le pas sur le reste, prenant garde à ne pas effrayer de précipitation ce lynx blessé, Calixte coula l’arrondi de ses formes contre celles abimées de son ami, et dans l’enceinte de ses bras le serra doucement contre son cœur. Se penchant légèrement en avant pour amener sa joue contre le nid de mèches sombres, iel ferma les yeux quelques secondes pour apprécier la présence bien tangible de l’aventurier. Pour reprendre quelques bouffées de ce parfum qu’iel connaissait si bien, même adouci par le temps, même décapé par les produits antiseptiques de l’hôpital. Pour se réapproprier la chaleur bien réelle de ce corps, les courbes remaniées mais solides contre les siennes, l’existence bien palpable du spectre de Naëry.

    - Bon retour parmi nous, souffla-t-iel finalement contre la chevelure sombre, d’un bonheur mal contenu.

    Sans doute l’expression de ses émotions aurait été bien plus lisse s’iel n’avait pas été soumis-e aux commandements fébriles de son état gravidique, mais rien n’était moins certain, et iel s’en fichait pas mal. Comme un calme bienheureux reprenait ses droits sur le reste de ses pulsions, iel desserra son embrasse sur son ami, ramena une chaise à côté de la sienne, et s’assit enfin. Distraitement, ses doigts cherchèrent les petits morceaux de fruits de sa coupelle.

    - As-tu vu Luz ? demanda-t-iel avec curiosité tout en gobant une tranche de pomme.
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: Douce nuit, acceptes-tu d’être… ?
    Mar 19 Oct 2021 - 22:26 #
    Douce nuit acceptes-tu d’être… ?
    ─ avec Cal

    Perdu dans l’ombre de son esprit, les yeux de l’homme se plongèrent dans le tourbillon orageux du familier ramassant les baies viticoles échappées quelques minutes plus tôt. Il ne remarqua pas tout de suite la présence si rapprochée de son ami-e qui, d’une main de velours, le rappela à ce monde. Naëry plongea son regard dans l’ambre de l’espion-ne avant de les refermer pour mieux savourer la chaleur de cette main qui le dessinait.

    - Où étais-tu?

    Il garda les yeux mi-clos, rappelé à l’ordre par une autre interrogation qui s’enchaîna. Dans la voix de cette femme qu’il avait tant côtoyait mais si peu vu sous cette apparence transcendait l’inquiétude. L’impuissance d’un être qui n’a pu aider un proche cher à son cœur. La détresse de l’incertitude qui avait laissé présager le pire. La peur que tout ceci n’était qu’une illusion bientôt balayée par le souffle d’une vérité enfouie.

    Une inspiration me déchira les poumons. Etait-ce cela de naître ? Une multitudes d’émotions me submergèrent, hésitante, ma main se posa sur la fine dextre de Calixte, l’enveloppant d’une chaleur nouvelle. Je sentis ses tremblements, mes doigts se resserrèrent pour les calmer. Toute la tendresse que nous avions connu se concentra dans ce regard si expressif qui était le sien. Son ventre bondé m’écrasa dans une étreinte qui me redonna vie. Reste.
    Un souffle, des mots qui me réchauffèrent, des maux qui s’effacèrent. Je reste.
    Le vie reprenant son cours, une autre question s’échappa de ses lèvres.

    - Luz ... soufflé-je.

    La flamme s’était éteinte, évanouie dans les couloirs de l’Astre de l’Aube, sûrement à la recherche d’un miracle qui nous ramènera. Mon espoir avait parlé, ma raison se tut devant mon affliction.

    - Non, enfin si … T-très peu. A mon arrivée ici. Elle doit être p-prise par d’autres urgences p-plus vitales.

    Laissons de côté la perdition de mon amour, concentrons nous sur toi, ton bonheur, cette rondeur qui te sublime.

    - Il semblerait que j’ai loupé b-beaucoup de choses, dis-je en regardant le ventre de mon ami-e.

    Ma main se stoppa en plein mouvement, je dévisageais la femme avant de manifester la demande exprimé par mon regard.

    - Me p-permets-tu de le toucher?

    Une indescriptible indécision te prit et une myriade de pensées traversèrent l’obscurité de ta pupille. Je m’apprêtais à rétracter mon geste lorsque tes doigts glissèrent entre les miens pour les poser non sans un tremblement de doute  sur la peau tendue de ton abdomen.
    Nous restâmes ainsi quelques minutes, le temps sembla se suspendre rattrapé par un léger mouvement de ton épiderme distendue par l’être que tu protégeais de ta propre chaire. Un sourire inattendu naquit sur mes lèvres grâce à ce passager qui réveilla avec subtilité les sens – voire l’essence – de cette renaissance.
    Tu me libéras la main, je restais quelques secondes de plus apportant chaleur à la tienne pour réchauffer ce petit être qui poussait en toi d’un sentiment de sécurité.

    - Raconte moi t-tout, qu-qui est l’heureux élu de cette petite gr-graine?


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    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: Douce nuit, acceptes-tu d’être… ?
    Lun 1 Nov 2021 - 15:43 #
    Le morceau de pomme cédait sous ses dents dans de délicieux craquements juteux, déversant contre son palais de douces caresses sucrées contrastant avec le vide hésitant que lui présentait Naëry. Profitant de cette distance imposée par cette chaise lo tenant à distance de l’aventurier, du silence de ses émois temporairement calmés, Calixte savoura distraitement le parfum du fruit emplissant sa bouche tout en observant plus sereinement son ami. Le fantôme de son ami. Quelque chose, ou quelqu’un, le leur avait rendu dans un état qui tenait plus de l’ombre que du vivant, et lo coursier-e songea qu’il était ironique qu’ils se fussent retrouvés, ici et maintenant, alors qu’ils étaient tous deux intimement fragmentés de leurs dernières péripéties. Mais peut-être était-ce pour le mieux ? En dépit des liens complexes les unissant, ils avaient toujours, jusque-là, pu s’élever l’un l’autre. Et cette confiance, autrefois mêlée d’une attirance charnelle, les avait précisément amenés à valser librement, inconsciemment, dans l’antre du dragon d’émeraudes et de rubis, au rythme savant de celui-ci.

    Suivant le flot hésitant du timbre grave, peiné, absent, de Naëry, les pensées du-de la coursier-e s’envolèrent du côté de Luz, et iel se dit qu’il allait vraiment falloir qu’iel mît la main sur son amie avant de retourner au Bastion du Grand Port. Assurément la réapparition de l’aventurier avait dû soulager celle-ci, mais iel n’était pas certain-e que les larges fissures qu’iel avait contemplé quelques lunes plus tôt alors que la médecin accusait le coup de cette relation mourante, eussent toutes eu le temps d’être comblées, même avec l’aide de la présence d’un certain requin. Que la silhouette abimée du lynx, de son contact confus, du spectre de l’homme qu’il avait pu être et aurait pu être, n’eussent pas creusé de nouveaux sillons douloureux dans l’âme de la jeune femme. Non, iel ne pourrait pas quitter la Capitale avant d’être repassé-e par la médecin. Iel voulut cependant creuser davantage la situation du point de vue de son ami, mais celui-ci ne lui en laissa pas le temps, chassant le sujet comme l’on balaie un tas de feuilles mortes. Et tout à la girouette de sa mémoire gravidique, focalisé-e sur le bonheur d’avoir retrouvé l’aventurier, Calixte le laissa faire.

    D’autant plus que ses propos suivants avivèrent tout un panel de sentiments viscéraux qu’iel aurait été bien en peine d’écarter simplement d’un revers de la main. L’ambre accrocha instinctivement le geste suspendu de Naëry, et iel se mordit la lèvre. Ce n’était pas de la méfiance, ni de l’ennui, mais plutôt l’affleurement du chaos d’émotions diverses déferlant en vagues désordonnées contre les reliefs surpris de son esprit. Ses doigts franchirent cependant machinalement l’espace qui les séparaient, et trouvèrent ceux, d’une peau caleuse et fendue par l’adversité, de l’aventurier. Glissèrent contre leur chaleur vacillante pour les amener doucement contre l’arrondi de ce nid imprévu, sentence douloureuse d’une nuit, et cadeau inespéré d’une vie. Sous leurs mains entremêlées, ils se réveillèrent. Et lo soldat-e riva à nouveau son regard sur les traits familièrement étrangers de son ami. Se rappelant quelques jours plus tôt, la position presque similaire avec Solveig. L’émoi bien différent cependant, à ce moment-là. La surprise, le ravissement, la tendresse et l’espièglerie emmaillotant fermement leur relation improbable, pavant d’un dallage solide le chemin escarpé de leur futur incertain. La lueur rayonnante des traits de la mi-chiraki, et celle si similaire de Samaël. Rappelant aussi, si étrangement, ceux de Fauve. Une lueur bien différente de celle de Naëry, dont le regard semblait cependant se ranimer au contact de ces éclats naissants.

    Sa dextre lâcha enfin les reliefs rugueux de la main de son ami, et ses doigts glissèrent au contact des mèches emmêlées, cachant le visage anguleux de l’homme sous un nuage de boucles brunes. Ramenant quelques vagues sombres derrière le relief d’une oreille blessée, observant le léger sourire étirant les lèvres gercées pour aviver le reste du visage spectral, iel se demanda si la délicate pulsion se frayant un chemin volontaire contre les contours de son cœur était bien raisonnable.

    - L’histoire est la suivante, fit-iel doucement, levant de son index le visage de Naëry vers le sien afin de rester à l’affut des moments d’absence qu’iel avait perçus jusque-là. Un cœur de chair et de sang a obtenu du temps – beaucoup de temps – et de l’amour ; suffisamment pour à son tour, aimer à nouveau. Son amour, absolu, c’est à une femme, une hybride mi-chiraki, qu’il le donne. A celle qui l’a apprivoisé, et qu’il a apprivoisé en retour. Sciemment depuis sans doute onze lunes, inconsciemment certainement depuis bien avant ; tu n’es pas sans savoir que ce cœur est maladroit, malchanceux, et probablement un peu sot. Et cette femme, qui l’aime et qu’il aime, a un soir perçu les battements de cœur, différents du premier mais bien présents en sa chair, juste-ici, poursuivit-iel en portant, instinctivement, sa main libre contre les contours de son ventre.

    Rappelé-e à des souvenirs intenses, bons comme mauvais, heureux comme pénibles, iel marqua un petit temps de pause aux réviviscences d’une froide nuit enneigée.

    - Il faut que tu saches deux choses, Naë, reprit-iel finalement, revenant pleinement à son ami. La première étant que, bien que Solveig, la femme que j’aime, ne soit pas la source de ma grossesse, elle sera – elle est – la mère de son fruit.

    Elle avait dit « oui ». « Oui » à son amour maladroit, « oui » aux chemins malchanceux qu’iel ne cessait de prendre, « oui » à cette famille désorganisée qu’iels étaient peu à peu en train de bâtir. Et en dépit des difficultés que Calixte savait surgir à mesure de leur progression sur le fil du temps, iel était certain-e de pouvoir les appréhender sereinement tant que la main de Solveig trouverait la sienne dans le chaos de leur vie. Alors quelle place restait-il pour ce Lynx qu’iel avait temporairement couvé d’une attirance, sentimentale et charnelle, inadéquate ?

    - La seconde est que, jusqu’à ce que Sol ne découvre ma grossesse, je n’ai valsé avec aucun autre homme que toi, sous forme féminine.

    Les songes noués de tendresse et d’ambition qui avaient commencé à se tisser dans le giron de son âme cherchèrent sur le visage qui leur faisait face les réactions qui entérineraient ou récuseraient leurs desseins, et Calixte guetta avec appréhension la réalisation qui ne tarderait pas à voiler l’ombre des traits de Naëry. Bien évidemment qu’il y avait une place toute désignée dans la vie mouvementée du-de la coursier-e pour le Lynx même brisé, mais celui-ci était-il encore prêt à l’accepter ? A en concevoir la réalité ? A revenir dans ce monde changé, rempli de possibilités mais aussi de nouveaux codes ? A rester responsable de ce qu’il avait apprivoisé ?

    - C’est toi, le géniteur physique de ces enfants. Puisqu’ils sont deux à grandir ici.
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: Douce nuit, acceptes-tu d’être… ?
    Ven 5 Nov 2021 - 18:04 #
    Douce nuit acceptes-tu d’être… ?
    ─ avec Cal

    - L’histoire est la suivante ...

    La langue de Calixte était toujours aussi belle à décrire le conte de sa vie. Je fus confus par ses révélations, la joie que mon ami-e ait rencontré l’amour, la peur de le perdre avec toute la complexité de notre rapport. Ce trouble ne fut que les prémices d’une tempête qui ravagerait toutes mes convictions.

    - Il faut que tu saches deux choses ...

    J’acquiesçai doucement lorsque l’espionne m’annonça la parenté de cœur qu’aura Solveig, qui pourrait interdire à cet amour de fonder une famille ? Si telle était leur décision quiconque se mettrait en travers de leur route pourrait bien goûter à mon avertissement. De qui es-tu donc tombée enceinte Calixte dont tu crains la paternité?

    - La seconde est ...

    Je ne sais quel temps il faisait dehors mais je venais de me prendre un coup de foudre. Une électrocution qui se répercuta dans chaque tissus, chaque os de mon être. Mes oreilles se mirent à bourdonner de ce tonnerre interne et mon silence obligea Calixte à formuler explicitement ce qu’il venait d’avouer à mi-mot.

    - C’est toi, le géniteur physique de ces enfants. Puisqu’ils sont deux à grandir ici.

    Voilà qu'une part de nous s'est brisée sans mot dire, sans prévenir ni avertir... Luz … Une larme roula sur ma joue, mon regard fixé sur l’arrondie de ma partenaire.
    La sourde agonie d’un amour fusillé par sa propre incapacité à évoluer et à l’accepter me pétrifia. Luz …

    Je relevais le regard pour y découvrir l’ambre accablé de mon amante d’une nuit. Je tendis la main pour attraper la sienne. Une bouée de secours dans une étincelle de vie et de désespoir.

    - Je … je ne t’abandonnerai plus …

    La seule certitude que je pouvais te promettre. Je ne fuirai plus, cela apporte bien trop de tourments lorsque le passé revient au galop. Assumé ce que l’on est, ce que l’on fait. Une leçon que je m’apprête à appliquer pour un virage des plus risqués dans cette nouvelle renaissance.

    - Calixte … Je ne s-sais pas qui je serais pour … pour eux. Mais pas un inconnu.

    La fatigue m’assaille je ferme les yeux quelques secondes. Comme si je ne contrôlais plus ma voix celle-ci s’échappa pour se déverser dans un flot sûrement incompréhensible pour mon ami-e.

    - J’ai re-retrouvé ma sœur mais je ne me souviens pas ce qu’il s’est pa-passé. La Cabale t-tu te souviens ? J’y étais … Calia y était. Je n’aban-bandonnerai plus ceux que j’aime. Tu en f-fais partie Calix-te. Je suis désolé, tel-tellement désolé. Tu vas être mère et p-père … Je t’ai imposé sans le vou-vouloir ce chemin. Je ...

    Voulais-je être père ? Il n’en avait jamais été question. Luz et moi parcourions constamment Aryon pour nos différentes quêtes, personnelles ou professionnelles. Des chemins semaient d’embûches et de dangers. Qu’allions nous offrir à des progénitures que mon amante ne pouvaient de toute façon avoir. La question ne s’était pas posée. Un accord tacite que je venais de briser, faisant voler en éclat les convictions de nos sentiments. Mon âme se déchire.

    Je n’avais plus les mots, mes pensées s’emmêlaient et je ne pouvais les dénouer. Je me levais subitement, la douleur afflua sans parvenir à atteindre le méli-mélo de mon esprit.

    - J’ai besoin de marcher ... annoncé-je d’une voix taciturne. T-tu m’accompagnes?

    Je ne pouvais laisser Calixte ici en proie à des incertitudes. Avait-il bien fait de me l’avouer ? Aurait-il mieux fait de me laisser dans l’ignorance pour vivre comme il l’entendait ? Lui seul aura sa réponse, maintenant je le savais et je devrais vivre avec nos ébats tout comme Calixte n’avait pas eu le choix de vivre avec ce rappel constant de notre danse.

    Je lui tendis mon bras l’aidant à se relever, et nous marchions bras dessus bras dessous sans but précis à travers les passages de l’Astre. Le silence apaisa peu à peu mon affliction, l’air revenait dans mes poumons avec plus de facilité. Je dus m’arrêter quelques fois pour laisser passer une contraction douloureuse d’un muscle meurtri. Et nous finîmes notre course devant un étang au sein même des bâtiments. La lumière artificielle donna à cet instant une sérénité qui contrastait avec le brouillard interne qui me tenaillait. La nuit nous enveloppait de son calme.
    Sans un regard pour ma partenaire, je repris la parole.

    - Je me prénomme Rayen Dewig de naissance. Mon p-père est précepteur pour les enfants de la Noblesse, rang au-auquel j’ai appartenu. J’ai une pe-petite sœur, Calia. Je tus la mort de notre mère lors de la naissance de ma sœur. Parler de mort en couche à une femme enceinte n'était pas des plus judicieux. La vie que m-m’imposait mon paternel me reb-butait. J’ai décidé de ch-choisir mon propre chemin en di-disparaissant.

    Je pris quelques longues inspirations les yeux mi-clos avant de poursuivre :

    - Ma sœur m’y a ai-aidé. Elle était l-la seule à savoir que j’étais en v-vie. Jusqu’à ce que je r-revois Luz … Nous n-nous connaissions depuis enfants. Elle me manque …

    Malgré les révélations du mensonge qui a tissé ma vie je sentis la main de la femme me caressait le bras. Je sentis son regard me dévisager, je n’avais pas la force de l’affronter, pas tant que je ne lui avais pas tout confesser.

    - A 17 ans je suis parti p-pensant tracer mon propre chemin. J-je l’ai fait. Je suis Naëry. Rayen, Naëry … Ç-ça ne change rien. Je suis t-toujours le même. Et j’ai fui p-plutôt que d’imposer mes en-envies à mon père. Calia m’a toujours soutenue. Nous étions t-toujours en contact tout ce temps. Jusque sa d-disparition il y a de trop nombreuses lunes. La Cabale. D-d’où mon ob-obsession pour ce groupuscule. Et je l’ai re-retrouvé.

    L’air me manquait, je sentais mes forces faiblir comme si parler me demander de soulever des montagnes. Je n’avais pas fini.

    - Merci p-pour ton honnêteté. dis-je en regardant enfin Calixte, désignant du menton la proéminence de son ventre. L’omission d-de mon passé, c’est ma vie. Je suis Naëry, a-aventurier. Je n’ai j-jamais menti sur mes intentions.

    Je sentis ma main trembler subtilement, les nerfs étaient à fleur de peau, épuisés par ce si petit effort.

    - J-j’espère que tu sauras me p-pardonner. Et j-j’espère garder une place aup-près de toi, de vous.

    Je pris appuie sur une rambarde avant que mes jambes ne me lâche, un voile noir s'invitant devant mes yeux. Un bourdonnement m'assourdi les tympans, je résistais au malaise qui me happait.

    code ─ croquelune

    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: Douce nuit, acceptes-tu d’être… ?
    Sam 6 Nov 2021 - 23:08 #
    Les sourcils se froncèrent légèrement au-dessus des billes ambrées, et le doigt crocheté sous l’angulation du menton de l’aventurier glissa pour balayer les perles humides dévalant des reliefs dévastés de privation, de doute, et peut-être même de refus. De déni. Car après tout, connaissait-iel encore l’homme qui lui faisait face ? Le Naëry solide, celui qui avait sans hésitation acquiescé à sa décision de protéger Krysta avant tout, celui qui s’était adapté au monde enténébré des espions, celui qui n’avait pas fui loin, très loin, au-devant de ses insupportables sentiments, ce Naëry là existait-il encore ? Pleinement ? Partiellement ? Ou ne pouvait-iel plus que chérir son doux souvenir ?

    Apparemment la fuite n’était toujours pas au programme de l’aventurier, qui laissait galamment ce mode d’action à son ami-e. Mais en parallèle du soulagement dénouant les tensions qui s’étaient tressées dans la chair de Calixte, des sentiments conflictuels, alimentés par les paroles de l’homme, grondaient de plus en plus. Et malgré sa propension plus nette à s’épancher sous forme féminine – ou tout du moins sous le joug des humeurs de la grossesse – iel garda sous scellé le chaos des émotions traversant les plaines escarpées de son âme fragmentée. Certaines habitudes avaient la vie dure, et le temps des mascarades de l’espionnage n’était pas si loin. A nouveau, iel goûta au souvenir de cette Fameuse Soirée où ils en étaient presque venus aux mains, un parfum d’indécision amère remplaçant sur son palais celui sucré de la pomme.

    Ravalant la litanie de caresses soulagées, de poignards accusateurs et de questionnements envahissants se précipitant au bord de ses lèvres, lo coursier-e serra distraitement la main de Naëry qui était revenue dans la sienne et récupéra les doigts qui s’étaient aventurés contre la pommette humide de larmes. Se laissant à son tour gagner l’obscurité sereine de quelques secondes de silence, se coupant transitoirement de la vision spectrale, et irritante, de cet ami revenu de l’oubli. Se refocalisant sur la tempête dévastant son âme, pour mieux tenter de la canaliser. Ou de trouver un abri à son courroux.

    Etonnement, ce fut la voix de Naëry qui lui offrit un refuge temporaire. Ou, plus précisément, le changement transitoire de sujet. Avivée par celui-ci, sa curiosité toujours affleurante s’empressa de gonfler pour prendre la place des émois tourbillonnants, commandant l’attention globale de Calixte et rouvrant ses yeux avec interrogation. Et méfiance. La Cabale. Encore, toujours. Une ombre qui semblait n’avoir de cesse d’épouser le moindre contour de son existence, et surtout les plus délicats. Dans une vie parallèle, la promesse de savoir offert par l’organisation aurait certainement pu séduire lo coursier-e au sens moral tout relatif, mais celle-ci avait présentement bien trop noirci l’actuelle pour qu’iel ne développât autre chose qu’une haine viscérale à son égard. Bien que sa mémoire jouât les innocentes quant à certains points, iel savait qu’iel avait déjà rougi ses mains pour tenter d’attraper et étrangler ce léviathan glissant qu’était la Cabale, et iel n’hésiterait pas à renouveler l’expérience. Surtout si la sœur de Naëry était sous son emprise.

    Mais, à nouveau, les propos de l’aventurier détournèrent son attention et ses pensées effectuèrent une virevolte abrupte. Prenant appui sur le lit de sa colère, son agacement trouva munitions plus tranchantes qu’iel ne l’aurait souhaité, et l’entraînement d’espion ne suffît pas à tenir closes ses lèvres.

    - Tu ne m’as rien imposé ; je ne suis pas un enfant incapable de faire ses propres choix, libres et éclairés… ou malavisés, siffla-t-iel comme l’ambre brûlait le mordoré confus lui faisant face. Et ne promets pas ce qui est entre les mains de Lucy.

    Forçant la tirade de mots irrités, tranchants comme des lames de rasoir, à rester échauffer le fond de sa gorge sans s’aventurer plus loin, Calixte ferma à nouveau les yeux un couple de secondes pour s’astreindre au calme. Il y avait là une grande part de frustration, qui profitait de l’ébullition de son âme au contact du nom de la Cabale, pour s’évader à larges coups de machette. La frustration de l’absence. Du silence. De l’inquiétude. De la surprise. De la déception. De la crainte. De l’incompréhension.

    La frustration de ne pas être lo bon-ne ami-e. De ne pas être l’inébranlable épaule à proposer à cet être qui n’avait pas besoin de davantage de soucis. De ne pas pouvoir panser de certitudes les plaies béantes d’hésitation suintant si profusément face à iel.

    - Ne doute pas de mon affection pour toi, murmura finalement Calixte en rouvrant les yeux et portant la main au creux de la sienne contre sa lippe, en guise d’excuse. Mais ne doute pas non plus de moi.

    Parce que sur le chemin de l’absolution de son âme, dans la quête de guérison de son être dentelé de ravins coupables, s’iel pouvait douter d’iel-même au point de ne plus savoir qui iel était intimement, iel ne survivrait pas à l’absence de soutien de ses proches. A l’absence de confiance de la part des membres de cette famille de cœur qui cimentait la route de pavés morcelés qu’iel empruntait d’un pas chancelant. Et certainement était-ce infiniment égoïste, et bien ironique, qu’iel en attendit autant d’eux, mais l’intégrité de sa santé mentale ne tenait plus qu’à ce maigre fil de contradictions.

    Le mouvement brusque de Naëry lui arracha sa chaleur, et iel contempla un instant, intimidé-e, la silhouette décharnée et fantomatique de l’homme lo surplombant. Avait-iel été trop loin dans ces entrechats où ils réapprenaient à danser ensemble ? Mais un bras descendit à sa hauteur, et iel s’y accrocha pour se relever pesamment. Tout au maelstrom de ses retrouvailles mouvementées, iel manqua complètement le regard soulagé de la serveuse les observant s’éloigner du réfectoire. Assurément le buffet de douceurs sucrées voyait-il sa pire ennemie s’en aller.

    Ils marchèrent un temps – quelques secondes, ou peut-être de longues minutes – chacun plongé dans ses pensées. Le faux silence affairé de l’hôpital répondant à l’errance nocturne de leurs pas et de leurs songes. Leurs interrogations et raisonnements muets s’entrecroisant sans jamais se rencontrer, rebondissant contre les parois de leur bulle respective donnant aux couloirs aseptisés des allures de capharnaüm tranquille. Il y avait cette notion, toujours, qui grattait péniblement l’orée de sa conscience et dont iel ne savait que faire. Dont l’audace lui plaisait et lo laissait circonspect-e. Rien, dans ce qu’iel avait retrouvé de son ami ne lo confortait dans ce choix, et pourtant. Et pourtant, il semblait qu’iel n’était finalement qu’une créature d’émotions et de pulsions lorsqu’il s’agissait de ses proches.

    Le léger clapotis de l’eau contre un rebord de faïence conforta de sa mélodie le tumulte de ses pensées contradictoires, et iel tourna à nouveau son attention vers Naëry comme il reprenait la parole. Pour mieux se déverser, apparemment.

    Dans un silence attentif, presque tendre, iel le laissa délier les nœuds de son existence de cette voix hésitante, balbutiante, qui semblait s’engager sur un chemin pour mieux bifurquer vers un autre. Pour mettre en lumière les fragments flottants de son esprit malmené. Et si une certaine surprise accueillit les propos de l’homme, ce fût surtout, à nouveau, la peine de le contempler dans cet état si misérable qui lo saisit pleinement. Lui donnant envie de recoller à force de douceur ces crevasses de souffrance, de gommer de la pulpe du doigt les ridules tourmentées de son visage, d’entendre l’entièreté de son récit même si cela dût lui demander la nuit, et de saisir l’objet contondant le plus proche pour aller fracasser chacun des os des coupables de ces plaies physiques et psychologiques.

    Et certainement la vie de Calixte était-elle déjà trop remplie de mystères, d’étrangetés et de complications, car iel embrassa les aveux de l’aventurier sans réserve, les admettant en son cœur aussi facilement que s’il lui avait déclaré que présentement il ne pleuvait pas. La notion répétée de la Cabale imprima dans sa chair une nouvelle vague courroucée, mais elle s’estompa à la faveur d’une curiosité sincère souveraine. Et iel allait interroger davantage Naëry à ce sujet, comme il l’intéressait davantage que la culpabilité de celui-ci qui, selon iel, n’avait aucune raison d’être, mais l’homme vacilla dangereusement sur ses jambes affaiblies, et son appui contre la rambarde de sûreté courant autours de l’étang parut se relâcher.

    - Hum, Naë, ça v…

    L’aventurier s’écroula comme un unicorne mort sur le parapet et Calixte grimaça au bruit mât du crâne rencontrant la paroi. Pire, entrainé par le poids de son buste et de ses bras, le reste de son corps commença à glisser par-dessus la barre vers les eaux calmes de l’étang. Contre son esprit, Vreneli qui les suivait discrètement ricana. Abandonnant tout espoir de réponse adaptée immédiate de la part de l’homme, lo coursier-e se saisit d’une bille où iel s’empressa de faire fusionner celui-ci, avant de contempler circonspect-e – et un peu incrédule – ses options. Dans un soupir résigné, iel décida finalement de gagner l’accueil pour demander où était hospitalisé « Naëry Wig ».

    Iel n’eut cependant finalement pas besoin d’aller aussi loin, car la présence de l’aventurier au sein de la petite sphère s’agita mollement.

    - Ne panique pas, je t’ai fait fusionner. Je te ferai sortir dans ta chambre, souffla-t-iel en portant celle-ci devant sa bouche afin d’éviter de parler fort. Inutile de marchander, hors de question de te faire défusionner maintenant pour que tu redéfailles entre mes bras. Pour rappel mon physique actuel tient plus de la quille que de musclor. Où est ta chambre ?

    Et s’ils n’eurent pas besoin de repasser à l’accueil, la mémoire défaillante d’un Naëry quelque peu sonné ne leur offrit pas le chemin le plus court pour gagner celle-ci. Mais ils y arrivèrent. Et tandis que l’aventurier tapotait d’un doigt distrait les nouveaux bandages ornant son front que l’infirmier de nuit avait appliqués après l’avoir brièvement examiné, Calixte faisait tourner et retourner la notion persistante qui avait installé ses quartiers au creux de son cœurs, sur le coussin de ses songes. Sur son poignet, le tampon magique de l’hôpital rougeoyait à nouveau, l’appelant pour ses derniers examens dans l’aile obstétrique.

    - Je dois y aller, Naë, indiqua-t-iel dans un soupir comme ses doigts saisissaient une dernière fois ceux amochés de l’aventurier. Et il est évident que tu as besoin de repos. Cependant, je vais te donner matière à réfléchir, encore, poursuivit-iel en croisant fermement le regard mordoré. Tout d’abord, au cas où le choc aurait éjecté de ta tête cette donnée-là : je n’ai rien à te pardonner, puisqu’il n’y a rien à pardonner. Concernant la conception des enfants, je n’en suis pas moins responsable. Concernant leur parentalité, c’est égoïstement mon choix. Et sans doute aurais-tu pu contester celui-ci, mais dans la construction de cette famille – Solveig, Samaël, les jumeaux et moi – j’aime autant te prévenir que je ne laisserai personne s’interposer. Et enfin, concernant ton absence… aurais-tu eu des remords, si je n’avais été enceinte ? En as-tu, pour cette relation essoufflée avec Luz ? Je ne suis pas de ceux qui croient en la nécessité de garder à portée de main toutes les fleurs de son jardin ; chacune a des besoins différents. Néanmoins quand tu es là, si tu es là, alors oui. Oui, j’ai besoin que tu sois disponible pour moi. Pour nous.

    Sa main serra doucement celle de Naëry, et iel la porta contre son cœur.

    - Ton appartement est propre, j’y ai veillé. Il y a encore certaines de mes affaires, et peut-être encore quelques-unes de Luz. Il y a toujours l’énorme statut de glooby, de notre passage au Village Perché, et l’aquarium magique dégoté les premières lunes de mon affectation dans le sud. J’ai rajouté un sapin de souvenirs, l’hivers dernier, que je n’ai pas retiré. Il a, suspendu à ses branches, des images mémorielles de tout le monde, avant et après ton absence. Garde-les. Regarde-les. Déteste-les. Oublie-les. Jette-les. Choisis. Et si tu devais choisir d’être disponible pour nous, malgré tout…

    Ses songes marquèrent une pause hésitante, non pas incertains de cette notion qui lo taraudait depuis quelques minutes, mais plutôt au fardeau qu’elle risquait de poser sur les épaules fragilisées de cet aventurier abîmé.

    - Alors accepterais-tu d’être parrain ? lâcha-t-iel finalement sans plus d’état d’âme pour celle blessée de son ami.

    Parce qu’en dépit de la peine que lui inspiraient ses plaies, et la silhouette fantomatique du souvenir qu’il avait été, Calixte ne pouvait qu’écouter son cœur dans la confiance et la tendresse qu’iel avait toujours pour lui. Dans l’écho familier et viscéral des certitudes indicibles que seule la chair reconnait au contact de la présence de l’autre.

    - Ne me donne pas ta réponse là, ce soir. Réfléchis-y à loisir, je ne suis pas pressé. C’est une grossesse avec prolongations. Cette place peut-être la tienne, si tu la souhaites. Mais sache que si la Cabale doit s’inviter dans notre vie, Sol et moi ne la laisserons pas vivre jusqu’au dessert, poursuivit-iel d’un ton lugubre en se redressant lentement.

    Les propos de l’aventurier n’avaient pas été très clairs concernant le lien entre l’organisation criminelle et sa sœur Calia, et si celle-ci devait en réalité en faire partie et non en être victime, alors l’ancien-ne espion-ne indiquait ostensiblement à son ami que certains choix devraient être faits.

    - Dors, repose-toi, conclut-iel en déposant un chaste baiser contre la tempe bandée de Naëry. Appelle-moi avec ton cristal si tu as besoin de quoi que ce soit. Mets doucement en ordre ton quotidien, réfléchis à ce que tu voudras bien me dévoiler du reste de ton passé et de cette histoire avec Calia, que la mémoire te revienne ou non. Et lorsque tu seras prêt : donne-moi ta réponse.

    Et sans s’attarder davantage, laissant l’homme à ses propres pensées, iel tourna les talons pour rejoindre le pôle obstétrique et finir sa journée hospitalière. Nul doute ferait-iel un crochet par le bureau de Luz avant de regagner la Volière, afin d’attraper celle-ci si elle n’était pas encore rentrée. Une généreuse tasse de thé en douce compagnie clôturerait nécessairement cette journée forte en émotions, même si le rideau ne se baisserait certainement que très tard dans la nuit.
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: Douce nuit, acceptes-tu d’être… ?
    Jeu 25 Nov 2021 - 11:02 #
    Douce nuit acceptes-tu d’être… ?
    ─ avec Cal

    Un bruit de pas étouffé me parvint aux oreilles. J’ouvrais les yeux péniblement, la fatigue m’accablant. Tout était lisse autour de moi, une lumière tamisée filtrait à travers la paroi opaque de ce drôle de lieu. Une voix familière se fit entendre, Calixte m’expliqua la situation. Je venais de fusionner dans l’une de ses billes, ça n’était pas la première fois mais j’avais oublié la désagréable sensation de cette magie. Je tentais de guider mon ami, ce ne fut pas une mince affaire entre ma mémoire en pointillé et la désorientation due à la fusion.

    Nous arrivâmes à bon port et après quelques nouveaux soins je découvrais un Calixte dur et certain de lui. Je ne pus que me taire face à ses paroles. Je n’avais pas besoin de tout cela pour passer le reste de la nuit à réfléchir et pourtant, entre caresses et piquants, les mots résonnèrent pour me faire revivre encore un peu plus. Lorsque la femme évoqua ma relation avec Luz la colère m’envahit. J’avais matière à m’en vouloir, et pourtant au-delà de la culpabilité un sentiment d’abandon m’envahit. Elle qui s’était rendue indispensable à ma vie m’avait laissé dériver. Et à présent elle me fuyait, pourquoi ?
    Je n’avais plus de place pour personne.

    - Alors acceptes-tu d’être parrain?

    J’avais tort. J’étais toujours dans son cœur, dans leurs cœurs. Le silence m’enterra un peu plus encore, mon propre cœur battant plus vite encore de cette place que Calixte venait de m’offrir.

    La Cabale … Calia … Qu’était-elle devenue ? Avant que l‘espionne ne parte je pris une dernière fois la parole, et comme pour appuyer ma conviction le bégaiement qui me tenaillait depuis mon réveil à l’Astre se fit oublier.

    -  Je ne laisserais personne vous faire du mal.

    Et encore moins par mon biais. Je ne savais ce qu’il s’était passé avec la Cabale, j’espérais de tout cœur recouvrer la mémoire pour ne pas mettre plus en danger encore mes proches. Et j’aviserais en temps voulu ce que je deviendrais pour eux.

    La nuit fut longue de ses obscurs bouleversements, la nuit fut courte du repos qu’elle m’accorda. J’ai sombré dans les méandres des doutes pour que la lumière me guide de sa timide clarté. Le cri de souffrance s’estompa avec l’apaisement de ce qui nous défini. L’amour. Quel qu’il soit. Je suis Naëry Wig, et je ne serai personne sans Calixte Alkh’Eir, Carciphona Ixchel, sans Luz Weiss, sans Zahria Ahlysh, sans ce bon Whiskeyjack Callahan ou encore l’oubliable Vrenn, et tout ceux que je rencontre. Je suis Naëry Wig et dans l’ultime expiration de mon absence je renais. Je suis là.

    J’arrive.

    code ─ croquelune

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    Re: Douce nuit, acceptes-tu d’être… ?
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