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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Adjugé, vendu !
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
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    Adjugé, vendu !
    Mar 16 Nov 2021 - 1:00 #
    - Mademoiselle, je vous pris de m’excuser durant votre dégustation, commença le serveur en costume blanc. Mais le gentilhomme se trouvant près de la baie vitrée, à savoir sieur Beverick, vous offre de sa bourse une consommation de votre choix pour le plaisir de vos beaux yeux.

    Assise sur un long tabouret de velours, accoudée contre le comptoir de bois laqué, Iris quitta des yeux la page à demi remplie de son calepin pour lever les yeux vers le garçon de bar. Le jeune homme la regardait avec l’air malicieux d’un renard, réajustant son veston avant de s’appuyer contre le buffet derrière lui de manière désinvolte. Remontant subtilement ses lunettes, la belle méduse esquissa un fin rictus alors qu’elle jetait un coup d’œil vers la baie vitrée. Au fond, sous un immense lustre surchargé de pampilles, se tenait un noble d’âge mûr. Les cheveux parfaitement soignés, sa barbe taillée au poil prêt, il sirotait un cocktail à couleur changeante en lorgnant ses yeux libidineux sur Iris, la déshabillant dans son esprit autant qu’il le pouvait. L’intéressée jeta une moue écoeurée au serveur. Ce dernier se retenait manifestement de ne pas éclater de rire, sa peau de nacre luisant, émettant de petits reflets irisés dès qu’un rayon de lumière caressait ses joues.

    - Lâche donc les mademoiselle, pas de ça entre nous Opal, répondit la flambeuse en faisant tourner son stylo plume entre ses doigts fins.  Sers moi donc un mimosa.

    Opal pouffa nerveusement et se tourna pour attraper une bouteille fraîche pleine de jus d’oranges pressées. Iris fit claquer doucement sa langue contre son palais en pianotant sur le bar avec ses ongles vernis.

    - Non non. Tu peux t’épargner cet ingrédient, s’écria-t-elle d’une voix de velours.

    Soupirant à nouveau, tout sourire, le serveur à peau de perle délaissa le jus d’agrumes pour débouchonner une bouteille de champagne blanc, laissant partir le bouchon qui décrivit, au-dessus de leur tête, une petite arabesque pour finir sa course dans un évier, au milieu de vaisselle à dorures. Opal attrapa une coupe et versa le vin pétillant, laissant couler l’or à bulles dans le verre de cristal avant de poser le tout devant le jeune homme en faisant glisser plusieurs baies sauvages du bout de ses doigts gantés.

    - Un mimosa… sans mimosa, pour la plus belle sirène de la Cité Aquatique.

    - Oh, je t’en prie, d’Aryon, au moins.

    Iris porta la coupe à sa bouche, sentant les bulles lui chatouiller les lèvres avant de laisser le liquide rafraîchir son palais, profitant de chaque note citronnée du champagne qu’elle n’avait pas à payer. Opal partit vers la droite du comptoir, se penchant pour admirer le paysage sous-marin derrière les vitres, sa peau de nacre brillant de mille feux. L’arnaqueuse se repencha vers son carnet, sa phrase à moitié terminée, l’encre depuis longtemps sèche sur le papier ivoire. Son chapitre n’avançait pas, et savoir qu’elle était dévisagée par un aristocrate pervers ne l’aidait pas davantage. Son protagoniste, un adolescent cherchant à maîtriser les éléments, était coincé avec une de ses compagnons de voyage dans le monde des esprits. Et, malheureusement pour lui, Iris n’arrivait plus à avancer à cause du vicieux qui n’avait de cesse de la reluquer. Le pauvre ne quitterait pas sa dimension fantasmagorique de sitôt…

    - Mon pauvre Hélios, soupira-t-elle, les yeux rivés sur sa phrase inachevée. Comment je vais te sortir de là… ?

    Lasse, Iris referma son stylo ainsi que son calepin, levant la tête vers Opal qui était toujours devant sa fenêtre à contempler les sculptures de corail en contrebas, non loin d’une esplanade qui donnait vers le Palais des Perles. Elle ne voulait pas le déranger, le pauvre avait dû avoir son lot de soucis dans la matinée. Avoir un pouvoir comme le sien n’était pas un cadeau, sa peau de nacre poussant l’aristocratie locale à le considérer plus comme un objet de luxe qu’un réel être humain. Mais, Iris le savait, rien ne pouvait convaincre le pauvre homme de quitter son modeste poste de barman, sa crainte de retomber dans les bas-fonds du Grand Port le hantant toujours la nuit. La belle descendit doucement de son siège pour se tourner vers la salle, le bourgeois qui lui avait payé son verre était toujours là. Mais la jeune Delancy fut toutefois captivée par une toute autre personne, au point qu’elle manqua presque de lâcher sa boisson…

    Sur une table, le regard baissé vers un journal, un homme gardait les mains croisées devant sa bouche. Iris ne pouvait voir son regard, mais elle distinguait bien ses doigts, ses longs doigts fins comme les pattes d’une araignée. Elle reconnaissait ses cheveux noirs, impossibles à dompter, son nez aquilin, ses grains de beauté… Sa peau était bien pâle, presque maladive, et il ne quittait pas le journal des yeux. Iris aurait pu briser son verre, elle n’en croyait pas ses yeux. Arquant un sourcil, elle se demandait comment cela était possible, qui était cet homme ? Était-il bel et bien… ? Non, c’était impossible. Elle devait en avoir le cœur net.

    S’avançant doucement, son verre de champagne toujours en main, elle s’installa face à l’homme avant même qu’il n’ait eu le temps de réagir. Dessinant un sourire sur son visage, elle lui lança à voix basse :

    - Tu as meilleure mine qu’il y a deux jours, minauda Iris, toute douce. Ton frère sait que tu es revenu d’entre les morts ? Ou ton enterrement au Grand Port n’était qu’un autre de tes spectacles ?

    Plissant les yeux, des étincelles commençaient à pétiller dans ses prunelles. La Méduse flambeuse avait une idée, mais était curieuse de savoir ce que sa « connaissance » avait à répondre…
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
    Informations
    Re: Adjugé, vendu !
    Mar 16 Nov 2021 - 14:45 #
    Dissimulé sous un nouveau masque de chair réalisé par ses soins trois jours plus tôt, Khepra préparait l'un de ses sales coups en plein cœur de la ville aquatique. Laissant ses yeux flotter sur le contenu d'un journal local sans y accorder de réelle attention, il profitait de son camouflage pour chercher furtivement sa proie du jour, un escroc fortuné à qui il devait trancher la gorge en échange d'une coquette somme. Les dépenses toujours croissantes de l'organisation de Khepra venaient souvent le contraindre à se salir les mains lui-même, chose qui ne lui déplaisait guère, bien au contraire.

    En effet, depuis la baisse relative d'activités de la Cabale, le monstre immortel n'avait quant à lui pas chômé, bien qu'il ait perdu le contact avec une bonne portion de ses habituels camarades de jeu. Khepra s'était passablement senti désœuvré après l'annulation du plan précédent, il avait donc dû trouver de quoi s'occuper les pinces et c'était en redoublant d'efforts dans sa quête qu'il avait, de fil en aiguille, trouvé quelques gaillards sur qui compter pour étendre un peu la portée de son petit business personnel. C'était donc souriant, presque jovial, que la créature détaillait chaque nouvel arrivant du bar en espérant apercevoir sa cible.

    A sa grande surprise, ce ne fut pas le bedonnant personnage qu'il recherchait qui fit son apparition, mais plutôt une charmante donzelle qui vint se planter devant lui, le dérangeant sans ménagements dans ses recherches. Il s'apprêta à lui offrir de l'aider à retrouver son chemin mais elle le prit de court en lui posant la question la plus épineuse possible en vue de la situation. Merde, une connaissance de son déguisement de viande. Voilà qui était fâcheux. Indisposé à trouver une excuse convaincante pour justifier sa présence ici, le Non-Mort se prépara d'office à faire taire la perturbatrice à grand coup de cristaux. Portant une main à l'une des poches intérieures de son gilet d'excellente facture, il glissa à l'inconnue sans lui accorder le moindre regard :

    "Combien pour que tu la fermes et que tu me laisses m'occuper de mes affaires ? Je suis pas ton gars, tu t'en doutes, j'en ai seulement la sale trogne."

    A vrai dire, la voix caverneuse de la créature ne laissait aucun doute à ce sujet, il n'était pas celui qu'il prétendait être. Pour ce qui était de l'excuse, il pouvait toujours lui refourguer celle de la potion de changement d'apparence en cas d'obligation, mais il préférait surtout soudoyer la gourgandine pour éviter de se la garder dans les pattes.

    Son petit doigt lui disait, cependant, qu'elle n'allait pas vouloir lui foutre la paix.
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
    Informations
    Re: Adjugé, vendu !
    Mer 17 Nov 2021 - 1:12 #
    Iris n’avait pas mal vu, qui que ce soit la personne qu’elle avait sous les yeux, ce n’était pas l’homme qu’elle avait connu. Si sa voix grave, presque sépulcrale, ne suffisait pas, une étrange lueur turquoise brillait dans ses pupilles, un éclat comme lequel Iris n’en avait jamais vu. Un frisson lui remonta le long du dos en partant de son échine. Elle voyait son ancienne connaissance sans que ce ne fut lui. Pour elle, c’était particulièrement dérangeant, voire effrayant. Était-ce un métamorphe qui peinait à garder sa transformation en place ? Cela expliquerait sa voix différente ou ses yeux si spectraux. Ou bien était-ce un adepte de la projection astrale dont l’expérience avait raté et était retourné dans la mauvaise enveloppe ? Peu importe la réponse, cet homme ne voulait pas être dérangé et souhaitait manifestement qu’on le laisse tranquille. Et malgré tout ce qu’elle avait pu penser de la personne qui servait de coquille à ce fugitif, la Méduse ne pouvait s’empêcher d’avoir le cœur serré.

    Jäad, c’était le nom de l’homme dont le sombre fantôme avait pris l’apparence. Iris le voyait souvent quand elle sortait jouer dans certains casinos. Le bougre était un flambeur dans l’âme, faisant souvent la route entre le Grand Port et la Capitale juste pour changer d’air entre deux parties de poker. Il n’était pas bien malin, avait une grande gouaille, n’aurait pas été capable de finir une pinte de bière sans s’en renverser la moitié sur le pourpoint, mais il était brave. Jäad était un magouilleur qui avait bon fond, qui tentait toujours de gagner le plus possible pour offrir à son frère une belle vie, qui n’avait pas peur de tenter le quitte ou double à la roulette. Iris ne le fréquentait pas beaucoup, mais elle appréciait sa présence, son aura joviale, son sourire affable. Tout le monde appréciait Jäad, c’était le taquineur, l’inconnu qu’on prend plaisir à revoir, de qui on acceptait un petit verre ponctuel. Malheureusement, sa santé eut raison de lui. Sa mort avait ébranlé le moral de tous les grands joueurs, de la Capitale comme de la côte et son corps, et bon nombre d’entre eux s’étaient présenté au domaine familial pour lui dire au revoir. Iris en faisait partie.

    - Tu as choisi la peau de quelqu’un apprécié par un tas de monde, mon silence va être bien cher, lui dit-elle simplement d’un ton froid. Et, crois moi, tu vas devoir te trouver un autre gaillard, parce que tu mettras pas un pied devant un casino sans qu’on sache que ta figure n’est qu’un artifice.

    Iris reprit une gorgée de champagne, les bulles s’étaient à demi dissipées mais le breuvage était toujours délectable, même à température ambiante. Elle tâchait de se calmer comme elle pouvait pour apaiser sa colère. Une idée venait de germer dans son esprit, une idée qui lui permettrait peut-être de tirer son épingle du jeu, et de rendre un petit hommage à Jäad à sa manière. Elle savait qu’il aurait apprécié, qu’il aurait remué ciel et terre pour même participer. L’occasion était belle dans cette affaire, pour tout le monde. Enfin, presque. Restait encore à savoir si ce malfrat y trouverait son compte. La flambeuse fatale restait sur ses gardes, elle ne pouvait pas faire confiance à ce type. Mais elle avait l’avantage, pour l’instant, et comptait bien en profiter. Reposant son verre sur la table, elle plongea son regard perçant dans le sien, affrontant avec audace la froideur de ses yeux vitreux.

    - Je veux de l’argent, beaucoup d’argent, commença-t-elle. Mais pas le tien. Pas loin de la Station thermale Néréide, il y a un hôtel de vente aux enchères. Là-bas, un nobliard amateur d’antiquités que je ne supporte pas se rendra pour la prochaine vente. Je veux l’humilier, repartir avec ses cristaux, et les œuvres qu’il convoite. Il va y dépenser des sommes folles, et je veux que tout revienne dans ma poche : voilà le prix de mon silence.

    Un rictus se dessinait sur ses lèvres brillantes, des étoiles pétillaient dans ses yeux, si bien qu’elle en délaissa son champagne. L’adrénaline et l’excitation commençaient déjà à motiver Iris. L'appât du gain était plus fort que tout chez elle, et savoir qu’elle pouvait faire d’une pierre deux coups en faisant vaciller un ennemi ne lui rendait sa future entreprise que plus délectable.

    - Opal, au bar, peut nous dégoter de quoi entrer dans l’hôtel. Il s’occupe du service là-bas aussi. Maintenant, il va s’agir de faire marcher ton imagination, parce qu’il y a un sacré paquet de scénarios. On peut poser comme acheteurs richissimes et se servir de ton argent, je sais flairer l’oseille où y en a à des kilomètres. Ou alors, se débrouiller pour se mêler au personnel et prendre en charge la vente nous même en tant que faux commissaires priseurs. J’ai réfléchi à ça sur le tas, mais tu vois le genre de magouille : il faut que ça soit crédible, efficace, et que j’en ressorte parfaitement indemne. Alors, va falloir se remuer les méninges.

    Iris se retourna alors brusquement du côté du comptoir, le serveur était toujours devant sa fenêtre à admirer la ville.

    - Opal ! Ramène-toi, petit looser ! Il est l’heure de devenir riche comme des rois !
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
    Informations
    Re: Adjugé, vendu !
    Mer 17 Nov 2021 - 16:21 #
    Lorsque la jeune femme révéla au mort-vivant que son déguisement risquait malheureusement de le faire remarquer, ce fut par un soupir de lassitude que répondit ce dernier. Evidemment, lorsque l'on empruntait le visage et donc l'histoire d'autrui sans rien savoir, on risquait parfois de tomber sur un os et de se retrouver coincé dans le corps de la célébrité locale. Il n'avait pas été reconnu jusqu'à présent, hormis bien sûr par cette petite perturbatrice, mais cela se révélait finalement être une aubaine plutôt qu'un obstacle, puisqu'elle semblait avoir la volonté de négocier son silence.

    Khepra lui reconnaissait déjà deux qualités, du courage ainsi que de la vivacité d'esprit. Trouver instantanément un moyen de profiter d'une telle situation demandait une certaine dose de talent, aussi ce fut avec un sourire curieux et intéressé que le monstre accueillit l'explication de cette inconnue qui ne manquait pas d'air. A mi-chemin du discours, le Non-Mort reposa son journal, jetant parfois un coup d'œil en biais à son interlocutrice tout en se grattant le menton. S'il n'avait rien d'un expert de la fraude, étant davantage versé dans l'art du meurtre, la supercherie sous toutes ses formes suscitait toujours chez lui un certain attrait. Ce fut avec amusement qu'il lui répondit :

    "T'as énormément de cran de venir chercher un fantôme pour faire tes sales coups. Je marche avec toi, même si je pige pas grand-chose à ton affaire. S'il s'agit de tenir un rôle, ça doit être dans mes cordes."

    Ce n'était pas tout à fait son corps de métier, mais cela s'en rapprochait sans doute suffisamment pour qu'il parvienne à satisfaire les besoins de cette nouvelle partenaire de magouilles. Qui etait-elle d'ailleurs, quel était son nom et son histoire ? Cela n'avait aucune importance, pas pour le moment tout du moins, mais la curiosité maladive du mort-vivant devrait être assouvie tôt ou tard. Il savait pertinemment que cette inconnue l'utilisait comme un véritable pigeon et qu'il ne gagnait rien à l'aider, au delà de la tranquillité, cependant cette impertinence dont elle avait fait preuve en l'accostant avait éveillé en lui la flamme de la sournoiserie.

    Etant immortel, la notion de "perte de temps" était de plus en plus vague pour lui, aussi il acceptait sans mal de se détourner de son objectif premier le temps d'une petite parenthèse ludique. Et puis qui sait, peut-être y gagnerait-t-il quelque chose en fin de compte ? L'arnaqueuse somma le serveur de les rejoindre, il s'agissait visiblement de l'une de ses connaissances mais surtout d'un troisième partenaire potentiel. Le gaillard se ramena sans mot dire, visiblement peu dérangé par l'injure dont il venait d'être victime. Il ne sembla pas reconnaître le déguisement de Khepra et se contenta d'un hochement de tête en guise de salutations. Tant mieux si tel était le cas, il n'avait pas besoin d'un autre type dans la confidence. L'immortel réfléchit un instant, puis prit la parole :

    "Le coup des acheteurs, ça me paraît pas mal. Mais y'aura du boulot côté falsification non ? Et puis comment tu fais pour récupérer le pognon après avoir fait grimper l'enchère ? Tu m'excuseras, c'est pas mon rayon ce genre de trucs.."

    Après tout, ce n'était pas parce qu'il avait dépassé le siècle d'existence qu'il savait tout sur tout. Il avait sans doute des choses à apprendre de cette petite flambeuse et cette formation accélérée en matière d'escroquerie allait probablement s'avérer bien utile dans le futur en vue de l'importante croissance de l'organisme criminel dont Khepra bâtissait, jour après jour, les fondations. Voilà une nouvelle qui donnait le sourire.
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
    Informations
    Re: Adjugé, vendu !
    Ven 19 Nov 2021 - 14:19 #
    Iris continuait de sourire alors qu’Opal venait de s’installer à leurs côtés, prenant avec lui un plateau sur lequel trônait trois petits verres, un seau à glaçons ainsi qu’une lourde carafe de cristal remplie de liquide ambré. Le noble qui buvait au fond de la salle était parti la mine quelque peu renfrognée en constatant que la belle, à qui il avait payé le champagne, ne daignerait pas lui accorder une minute d’attention. Ce balourd vieillot parti, ils étaient parfaitement seuls dans le bar et pouvaient discuter en toute sérénité. Versant le bourbon dans les trois verres, Opal laissa tomber plusieurs blocs de glaçons dans chaque récipient en les prenant délicatement avec une pincette d’argent évoquant une gueule de serpent marin. Iris prit son verre, délaissant son champagne qu’elle n’avait plus goût à siroter maintenant qu’il n’avait plus de bulles. Attrapant le verre de whisky, elle trempa doucement ses lèvres, laissant l’alcool lui réchauffer la langue avant d’avaler promptement.

    - Facile ! S’écria Iris, féline, pour répondre à la question de son interlocuteur. Chaque acheteur doit payer ses biens directement après les avoir achetés. Leurs biens sont alors bougés hors de la salle de vente jusqu’à un coffre-fort ailleurs dans le bâtiment, pas loin de la salle, tandis que leurs cristaux sont envoyés dans les caisses, toujours dans une autre salle. Opal travaillant là-bas, il sait où se trouvent les deux salles. Pratique qu’il soit avec nous, hm ?

    La belle se tourna vers son ami à la peau irisée, lui adressant un petit sourire complice. Ce dernier lui rendit puis, descendant son whisky d’une gorgée, se releva pour passer de nouveau derrière le bar et disparaître derrière un rideau de bambou près de l’étagère à spiritueux. Iris se rappelait du premier coup qu’ils avaient mené ensemble. Edith, matrone à la tête de tout une institution d’arnaqueurs dont Iris faisait partie, l’avait mise sur un coup en partenariat avec Opal. La vieille lionne l’avait tiré hors d’un cabaret de charme où le séduisant jeune homme savait y faire pour récupérer bien plus de pourboires qu’il n’en fallait. Et, grâce à ses doigts de velours, arrivait à repartir avec une bourse ou des bijoux qui ne lui appartenaient pas… Opal était un chapardeur comme on en faisait plus et un atout de poids quand il s’agissait de cambrioler sans être remarqué.

    - Voilà le topo. Pendant la vente, on s’installe séparément. On fait monter les enchères mais on s’assure de ne rien acheter. Il faut qu’on fasse en sorte que cet antiquaire crache bien son pognon. Après la vente, il y a une grande réception dans la salle de bal de l’hôtel. Opal va chercher l’argent, et toi tu vas chercher les achats. Pendant ce temps, je reste à la réception et m’assure de bien être vue de tout le monde et de distraire la galerie. On s’occupera de partager le tout ensuite une fois. Vingt-cinq pourcent des cristaux pour toi et ton secret bien gardé en prime, le reste pour nous. D’ici une semaine, les objets volés qu’on a récupéré réapparaissent mystérieusement sur le marché. On les aura ramené à notre petite bande pour falsifier de belles copies. Ni vu, ni connu.

    Iris irradiait, narquoise et on ne pouvait plus fière de son plan. Opal revint s’installer à leur table avec, entre les mains, une assiette de mignardises à la main pour qu’ils puissent grignoter en attendant de finir leurs verres. Boulettes de poulet croustillant, porc frit, amandes grillées au romarin… La belle prit une amande pour la faire craquer sous ses dents, une lueur foudroyante étincelant dans ses yeux. Après une nouvelle gorgée de whisky, elle reposa promptement son verre sur la table.

    - Il y a plusieurs déguisements possibles. Il faudra que l’on se change avant de partir à l’hôtel de ventes, s’habiller dans une tenue un peu plus chic. Tes guenilles n’iront pas du tout. Et il va falloir t’inventer un nom, réfléchis vite et donne le à Opal. Il va partir d’ici peu et aura le temps de trafiquer la liste d’entrée. Pendant ce temps, on se prépare avant d’y aller.

    Iris se leva, toute excitée à l’idée de mettre en place son plan. Opal, dans l’expectative, s’était tournée vers le faux Jäad, attendant qu’il lui confie son pseudonyme du jour. Tapotant du talon sur le sol de marbre, la flambeuse n’avait qu’une hâte : partir en chasse.

    - C’est quand tu veux… fit la Méduse flambeuse, toujours aussi impérieuse.
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
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    Re: Adjugé, vendu !
    Sam 20 Nov 2021 - 20:13 #
    Khepra observait avec intérêt la jeune arnaqueuse alors qu'elle dévoilait son plan qui avait au moins l'avantage d'impliquer les réels talents de Khepra, à savoir le vol et éventuellement le crochetage. Un rictus amusé fit son apparition sur le faciès de la créature qui, bien évidemment, était le seul membre du trio qui ne touchait pas à son verre. Cela pouvait peut être paraître louche, mais il n'allait pas risquer d'abimer sa nouvelle enveloppe en la remplissant d'un alcool qui allait macérer et en détruire l'intérieur en un rien de temps.

    La demoiselle fit une brève parenthèse sur les capacités ainsi que le rôle que jouerait le fameux Opal dans le plan et Khepra se contenta d'acquiescer silencieusement. Ils ne seraient pas trop de deux s'il devenait nécessaire de jouer les serruriers en herbe ou de réaliser quelques tours de passe-passe, après tout. Opal s'éloigna alors de ses deux partenaires et s'affaira à préparer un plateau de douceurs. La demoiselle conclut son explication par un détail qui ne manqua pas d'intéresser le mort-vivant, et ce dernier haussa un sourcil par curiosité.

    "Pas mal, pas mal du tout."

    Falsifier des trésors ? Voilà qui avait le mérite d'attirer son attention. Les hommes de main du Non-Mort possédaient un éventail de talents déjà plutôt larges, mais ce genre de savoir n'était pas encore à la portée de sa petite organisation. Peut être valait-il mieux continuer à rôder dans le cercle d'amis de cette nouvelle rencontre, elle semblait pleine de ressources et surtout très bien entourée.

    Opal se repointa enfin, les bras chargés de délicieux petits plats sur lesquels Khepra se serait évidemment jeté, s'il en était capable. Le zombie accorda brièvement un œil envieux au plateau mais tâcha bien vite de se recentrer, il avait mieux à faire que de ruminer sur sa triste condition, car c'était justement pour cette raison qu'il rassemblait tant de cristaux, alors au boulot !

    L'arnaqueuse fit remarquer, à juste titre, que la tenue de Khepra ne convenait absolument pas en vue des rôles qu'ils devaient tenir et l'intéressé s'observa un instant, contraint d'admettre que malgré la qualité des vêtements qu'il s'était fourni, cela ne passerait pas s'il était question de se vendre comme richissime acheteur excentrique. Le monstre opina donc du chef, posant ses deux mains sur ses genoux pour ensuite se redresser. Il ajusta le col de son gilet puis s'adressa à ses deux compères.

    "Tu as bien raison, la case garde-robe me paraît inévitable. Le grand Borgir Hendfreiz se doit d'être bien sapé pour participer à une enchère d'un tel calibre, n'est-ce pas ?"

    Tout en prononçant ce faux nom qu'il venait de s'inventer, il jeta un regard en biais à Opal qui lui rendit tout en opinant du chef. Pour ce qui était de la tenue, ce n'était certes pas bien rentable d'investir dans une tenue de soirée lorsque l'objectif premier de sa venue à la Ville Aquatique était de rassembler des cristaux, néanmoins cette situation l'amusait tant qu'il était prêt à faire tous les efforts en matière de présentation. Accordant de nouveau son attention à la demoiselle qui paraissait déjà très impatiente, Khepra enchaîna :

    "Tu as un costume sous la patte ou dois-je comprendre que j'ai des emplettes à faire ?"

    Cela faisait bien longtemps désormais qu'il ne s'était pas vêtu avec précaution mais l'idée lui plaisait bien. Entre les assassinats, les vols et autres joyeusetés, il avait généralement préféré des tenues pratiques à de belles toilettes, c'était donc la première fois qu'il allait cajoler une enveloppe d'emprunt de la sorte. Cette petite virée promettait d'être riche en émotions !

    "J'ai une nette préférence pour les fourrures, ça ira parfaitement avec le rôle que je veux me donner. Tu as un truc dans ce genre en rayon ?"
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
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    Re: Adjugé, vendu !
    Sam 20 Nov 2021 - 23:45 #
    - Borgir Hendfreiz, sérieusement… Soupira Iris d’un ton las. Heureusement que t’es aussi blanc qu’un cadavre, tu peux passer pour un natif du nord avec un nom pareil.

    Passant la clé qu’elle attrapa dans sa poche dans une serrure récalcitrante, Iris entra enfin dans l’appartement qu’occupait temporairement Opal. Situé non loin du bar chic dans lequel il travaillait, l’endroit n’avait pas grand chose de reluisant. Situé sous les combles d’un grand immeuble, plusieurs poutres traversaient le plafond, si bien qu’Opal en avait profité pour dresser plusieurs tentures en guise de cloisons improvisées afin de séparer plusieurs espaces. Des lucarnes laissaient entrer ça et là un peu de lumière, pas assez pour éclairer l’ensemble des pièces. C’était la raison pour laquelle l’occupant avait dressé plusieurs cristaux enchantés par un photomancien, retenus par un immense filet de pêche, s’allumant et s’éteignant d’eux même quand on changeait de pièce. L’appartement n’était clairement pas rangé. Plusieurs chemises froissées avaient été jetées sur un divan sur lequel, pour une raison inexplicable, trônait des paires de chaussures sans lacets. Sur le plan de travail de la petite cuisine, des restes de plateaux repas livrés s’empilaient et menaçaient de s’écrouler dans un bac à vaisselle.

    - Voyons voir là-dedans

    S’avançant vers une armoire, Iris envoya valser un pot de miel vide posé au sol. Sûrement le cadavre d’une soirée torride avec un, ou une, compagnon. Ouvrant la penderie, la flambeuse passa en revue plusieurs ensembles avant d’attraper une chemise blanche sur un cintre pour la jeter vers Hendfreiz. La chemise fut alors suivie d’un pantalon de coton noir ainsi qu’un pourpoint de velours d’un profond vert émeraude et damassé de broderies dorées. Pour parfaire le tout, une paire de souliers pointus, cirés, ainsi qu’un manteau de vison à sombre fourrure. Le pauvre croulait sous les vêtements, mais Iris n’en avait toujours pas terminé avec le gaillard.

    - Voilà ta tenue. Maintenant va te doucher, au moins les cheveux. Ils ne passeront jamais nulle part comme ça. Il y a un nécessaire de maquillage dans la salle de bain, du parfum également. Avec un teint comme ça, on croirait que tu as la peste. Et ne revient pas tant que tu n’es pas aussi pimpant qu’un prince.

    Laissant le malfrat partir se changer, Iris écarta une tenture pour se changer également. Opal, qui était déjà parti à l’hôtel d’enchères, lui avait déjà laissé de quoi composer la plus splendide des tenues. Pour aujourd’hui, la belle aurait le plaisir d’arborer une magnifique robe épousant parfaitement ses courbes, lui donnant l’allure d’une véritable sirène. Sa robe de rubis, brillante et éclatante, allait de paire avec une immense étole en fourrure de renard polaire. En guise de parure, elle avait droit à une fausse rivière de diamants plus vraie que nature ainsi que des boucles d’oreille de gemmes taillées évoquant deux larmes. Passant une paire de gants noirs autour de ses mains, Iris se munit ensuite d’un petit sac à fermoir, des sequins et des perles brodés partout autour du tissu. La jeune femme y mit quelques accessoires, un fume-cigarette, une bouteille de parfum, une bourse remplie, un nécessaire de crochetage dissimulé dans une poche secrète ainsi que des aiguilles, et un éventail. Enfin parée, Iris retourna dans la pièce principale pour attendre son partenaire du jour, prête à partir pour l’hôtel.

    - Et on dit que les femmes mettent toujours des heures à se préparer… Il te faut combien de temps pour enfiler une chemise ?

    S’apprêtant à s’asseoir sur le canapé en attendant le « grand Borgir », Iris se ravisa dès l’instant où ses yeux se posèrent sur une paire de menottes ainsi qu’un foulard opaque. Levant les yeux au ciel, Iris s’adossa contre la porte d’entrée dans le hall, tapant sur le parquet avec un de ses talons hauts.

    - Miel et menottes, sérieusement Opal, vivement qu’on rentre à la Capitale… se chuchota-t-elle à elle-même.

    Un prospectus attira son attention sur le porte-manteau près de la porte. La Méduse l’arracha aussitôt, reconnaissant dessus la figure de l’antiquaire qu’elle comptait bien humilier aujourd’hui. Sa longue figure et son nez aquilin étaient reconnaissables entre mille. Son visage doucereux faisait tout sauf confiance et l’individu avait l’air de porter le poids du monde sur ses épaules dans sa carrure de squelette avait l’air de supporter sa tenue et les rutilantes breloques qu’il avait utilisées pour la décorer.

    - Le Doré… Tu riras moins ce soir, crois moi, fit Iris à la feuille sur un ton de défi.

    Elle froissa le prospectus avant de l’envoyer mourir sous un meuble non loin d’elle.

    - Bon, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?! Je t’ai donné une chemise, par un corset gainant !
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
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    Re: Adjugé, vendu !
    Dim 21 Nov 2021 - 2:30 #
    Lorsque sa fripouille de partenaire moqua sa trouvaille, Khepra se contenta de lui répondre par un haussement de sourcils prétentieux. Qu'est ce qu'elle y connaissait celle-là, en nom d'emprunt ? C'était vachement bien, Borgir Hendfreiz. C'était mélodieux, original, en parfaite adéquation avec l'image qu'il allait se donner. Elle eut néanmoins la correction de souligner que le nom était bien choisi sur le plan ethnique, chose qu'il accueillit par une brève courbette pleine d'ironie.

    En revanche, il ne put s'empêcher de laisser échapper un rire presque sordide alors qu'ils pénétraient ensemble dans l'appartement qui allait lui servir de loge. Sa pâleur était cadavérique, disait-elle; mais pouvait-elle seulement se douter qu'elle effleurait la vérité ? Le déguisement du monstre n'était certes pas parfait, mais il n'en demeurait pas moins plutôt convaincant. En parlant de costume, il allait d'ailleurs devoir se surpasser en terme d'artifices, car si passer inaperçu en pleine rue nécessitait déjà un certain talent, c'était autrement plus complexe dans un environnement tel qu'une salle d'enchères.

    Il n'en était pas à son coup d'essai et savait s'y prendre, sans compter que la demoiselle mettait à sa disposition du véritable matériel d'artiste pour l'occasion, chose qui le ravissait au plus haut point. Bien vite, le mort-vivant fut enseveli sous une pile de vêtements et s'empressa d'aller se préparer. La demoiselle lui ordonna de prendre une douche et de se faire aussi beau que possible et il opina du chef en guise de réponse avant de disparaître silencieusement dans la salle de bain.

    Ce qu'elle ne savait pas, c'était que tous ces préparatifs impliquaient pour Khepra une certaine concentration ainsi qu'un doigté à toute épreuve. Il déposa d'abord sa tenue sur une chaise avant de défaire son gilet à la hâte, puis se délesta de sa propre chemise. Une fois torse nu, le monstre s'observa un instant dans le miroir et redécouvrit l'état atroce de son enveloppe. Son corps rendu gris par la décomposition commençait peu à peu à prendre une teinte verdâtre par endroits et ses hanches commençaient déjà à s'effriter, révélant muscles séchés et chair putride. Après sa toilette, il allait devoir masquer les remugles laissés derrière lui, chose bien peu aisée lorsque l'on était dépourvu de système olfactif en état de marche.

    Il fit couler un peu d'eau froide et massa son crâne doucement avant de l'exposer au liquide. Il inspecta ensuite le creux de sa main et y découvrit une belle mèche de cheveux. Du fait de la décomposition, il les perdait à vitesse grand V et un lavage trop énergique risquait bien de le rendre chauve avant l'heure. Ce fut donc avec une extrême délicatesse qu'il vint passer un mince filet d'eau sur sa tignasse, humidifiant avec soin toute sa chevelure avant de les laver avec tout autant de précaution. Cela lui prit un certain temps, probablement trop au goût de la flambeuse qui lui fit la remarque à travers la porte alors qu'il entamait à peine le séchage, se félicitant de ne pas avoir fini avec une calvitie malgré la vitesse record avec laquelle il venait d'opérer. De sa voix cadavérique, il lui répondit avec véhémence :

    "Il faudrait savoir ! C'est avec un prince ou avec un Marchebrume que tu veux te pointer ? Je fais au mieux, bon sang !"

    Pour la suite, il procéda au maquillage, mais cette étape n'était pas moins rigoureuse en terme de précision. Un geste trop brusque risquait fort de lui faire perdre une narine ou même une partie de sa lèvre, aussi il tâcha de procéder sans se presser malgré l'impatience de celle qui rouspétait encore de l'autre côté de l'appartement. Avait-elle déjà grimé une dépouille de la sorte ? Probablement jamais. Par Lucy, que les mortels pouvaient être irritants...

    Après une dizaine de minutes à se pomponner, le mort-vivant parvint enfin à un résultat concluant et conclut par une dose colossale de parfum. Il en profita d'ailleurs pour asperger généreusement la pièce, les coins des meubles, les ustensiles qu'il avait usé ainsi que les vêtements avec lesquels il était arrivé à l'origine. Après tout, il lui fallait bien ça pour dissimuler l'atroce fumet de charogne qui se dégageait de lui, puis il récupéra les sachets d'herbes odorantes qu'il cachait toujours dans ses vêtements et vint les loger dans son costume à divers endroits. Ce petit artifice constituait toujours son meilleur atout pour tromper l'odorat des curieux, et ce depuis bien longtemps désormais.

    Le camouflage complété, il parvint enfin à la touche finale, à savoir sa plus récente acquisition : la Relique du Sépulcre. Extirpant le scarabée doré de sa poche de pantalon, il l'amena jusqu'au niveau de ses yeux et le détailla un instant avec une fierté absolue. Quel bel outil. Il ne put se retenir de déposer un baiser sur le petit engin magique avant de l'approcher précautionneusement de son torse. La magie de l'artefact entra aussitôt en résonnance avec la sienne et les pattes de l'insecte artificiel s'agitèrent subitement à l'approche du corps décharné de Khepra. Ce dernier enfonça solidement l'objet entre ses pectoraux et les aiguilles de la relique s'enfoncèrent d'un coup dans sa peau, qui se mit à frémir lorsque la magie fit son office. Les yeux du zombie s'illuminèrent d'une vive lueur bleuté et il laissa un sourire de contentement se dessiner sur sa trogne. Quelle merveille, vraiment.

    Satisfait, le monstre observa le résultat dans le miroir et acheva de se préparer en boutonnant la chemise qu'on lui avait fourni, dissimulant ainsi son outil ainsi que les imperfections de son déguisement de chair. Une fois arrivé sur place, il activerait l'artefact pour simuler la vie avec plus de fidélité, cela viendrait parfaire sa couverture.

    Alors qu'il finissait de se vêtir, sa partenaire vociféra une seconde fois qu'il devait se dépêcher. Tout en levant les yeux au ciel, le zombie parfaitement camouflé ouvrit enfin la porte, s'exhibant tel un mannequin en réalisant une série de poses exagérées face à la jeune femme qui était par ailleurs ravissante. En affichant une moue curieuse, il lui glissa d'un air moqueur :

    "Comment tu m'trouves, j'suis à ton goût ? Moi je le trouve pas mal, ce Borgir."

    C'était sans doute parfaitement déplacé, sachant que le propriétaire d'origine de la dépouille était une connaissance de sa partenaire, mais cela ne rendait pas la plaisanterie moins amusante dans l'esprit dérangé de Khepra. Après ce bref moment de facétie, il vint ensuite porter la main à un fourreau placé le long de sa cuisse et en sortit l'une de ses somptueuses dagues, qu'il fit jouer entre ses doigts avant de reprendre la parole :

    "Dis, on va se faire fouiller à l'entrée ? Je doute qu'on ait besoin de faire des crasses à l'intérieur, mais je préfère sortir couvert."

    Puis, se remémorant l'un des détails essentiels, il se tapa le front de sa main libre et enchaîna par d'autres questions tout en s'admirant dans un miroir mural avec un appétit étrange :

    "Bon, pour reparler boulot : C'est quoi ton nom de scène ? Je sais qu'on doit agir séparément mais il me faudrait quand même un nom de code en cas d'urgence, j'vais pas t'appeler Machine."

    Tout en concluant, il pivota sur le côté et lui adressa un clin d'oeil qui se voulait charmeur mais qui avait en réalité de quoi glacer le sang, tant il sonnait faux.
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
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    Re: Adjugé, vendu !
    Dim 21 Nov 2021 - 19:50 #
    - Je n’aurai pas de faux nom comme toi tout à l’heure. Je vais participer à la vente en tant qu’Iris Delancy, petite fille d’Edmond Delancy, ancien Commandant de la Garde. Mon nom de code est « Méduse ». Mais à moins que tu ne sois télépathe, ne va pas le crier.

    Tournant la poignée, Iris ouvrit grand la porte, un courant d’air frais lui caressa les joues alors que l’odeur de produit citronné du palier pouvait se faire sentir. Entre ça et le surplus de fragrance qu’avait mis Hendfreiz, rester plus de cinq minutes au milieu de ces senteurs finirait par lui donner des maux de tête.

    - Quant à la fouille, ça ne devrait pas être très strict. Il faut être sur la liste pour pouvoir entrer, donc à part vérifier sacs ou poches. Navrée de te décevoir, t’as l’air d’aimer te vanter, on ne te demandera pas de descendre ton pantalon.

    ~

    Descendant de la diligence qu’ils avaient emprunté, en guise de taxi, pour se rendre jusqu’à l’hôtel d’enchères, Iris fit quelques pas devant le grand bâtiment devant lequel plusieurs personnes commençaient déjà à entrer. De grandes banderoles avaient été dressées sur la façade pour faire la publicité de l’événement, de magnifiques arbres de corail avaient été dressés ça et là pour embellir les marches menant à la porte d’entrée. Plusieurs visiteurs, même des passants, s’arrêtaient pour les admirer, certains d’entre eux immortalisant leur beauté pour en faire des cadres magiques. Laissant Borgir descendre de la calèche, elle le pressa en l’incitant à se hâter et grimpa les marches quatre à quatre, agrippant la lourde étole de fourrure blanche qu’elle portait autour de ses épaules. En haut des marches, un immense gorille les attendait avec un tout petit porte-documents entre ses imposantes paluches. Simiesque, à cause de son hybridation, son sourire lorsqu’Iris lui fit un clin d’œil en entrant fut presque surnaturel.

    - Enfin à l’intérieur, glissa Iris à Hendfreiz, à voix basse. J’avais bien dit qu’Opal t’inscrirait.

    Le grand hall, également décoré, grouillait de monde. Alors qu’un majordome au nez pointu sautilla et demanda, plus maniéré que jamais, à vérifier son sac, la Méduse balaya la foule du regard. Elle remarque immédiatement Le Doré, grand antiquaire prisé par une bonne partie des riches de la Capitale, drapé d’une ample robe tombante et appuyé sur une canne d’or massif. Il minaudait face à un corpulent noble aux moustaches pointues et au crâne dégarni. Discrète, Iris se pencha pour chuchoter à son partenaire :

    - Le type drapé avec la canne là, c’est lui qu’on va flouer, Le Doré. Il parle avec le baron Akshir, un noble marchand du Grand Port.

    Tournant la tête, la belle fatale soupira, exaspérée, en voyant une grande femme dans une robe de dentelle, bouffante et enrubannée, une perruque vertigineuse menaçant de s’écrouler posée sur sa tête. Elle était en pleine conversation avec une autre dame. Cette dernière avait beau posséder une beauté incroyable, elle possédait une expression de fouine, une allure de serpent. Habillée dans une longue tunique qui l’enserrait comme un fourreau, elle avait coiffé ses cheveux noir en un complexe chignon piqué d’ornements d’argent et de tanzanite.

    - Tsss… Ces deux grues sont là aussi… La meringue poudrée là, c’est Mme de Couasnon. Et l’autre, c’est Hatsumomo, elle travaille comme dame de compagnie de luxe dans plusieurs maisons de thé, à l’Étoile du Sud. Elles font les précieuses, mais il n’y a pas plus grandes vipères.

    Iris changea d’expression en une fraction de seconde quand la dénommée Hatsumomo la remarqua et s’avança vers elle avec l’autre nobliarde blanche. Elles se saluèrent comme les meilleures amies du monde, riant aux éclats, se jetant sourires et attentions. Après le petit échange, les deux femmes partirent se servir une flûte de champagne et Iris s’en retourna vers Borgir. Alors qu’un des domestiques de l’hôtel passait avec des almanachs, elle prit l’un d’entre eux et en confia un à Hendfreiz, lui indiquant qu’il s’agissait du livret compilant les objets qui allaient être mis en vente. Se penchant à nouveau vers lui, elle le prit de nouveau à partie :

    - On ne s'intéresse qu’aux objets convoités par Le Doré. Oublie les meubles, juste les choses les plus petites, bibelots, bijoux. Opal nous retrouvera plus tard.

    Le majordome au nez pointu qui avait fouillé le sac d’Iris, un peu plus tôt, fit tinter une clochette qui raisonna dans tout le hall. De sa voix de fausset, il s’adressa à toute l’assemblée :

    - Nobles dames et messires, nous allons bientôt commencer. Si vous voulez bien prendre place dans notre grand salon corallien, je vous prie.

    - Ah, la bataille va commencer… Chuchota-t-elle à nouveau.
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
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    Re: Adjugé, vendu !
    Mar 23 Nov 2021 - 13:41 #
    Khepra haussa un sourcil lorsqu'il fut enfin mis au parfum quant à la véritable identité de sa camarade chapardeuse. Alors ainsi, la petite fille d'un Commandant s'encanaillait en allant jouer les malfrats ? Cette situation prenait une tournure grandiose. Une descendante d'un héros national se trouvait là, aux cotés d'une goule sans foi ni loi et ce afin de dérober la fortune d'un excentrique quelconque. Décidément, ce coup de Trafalgar tournait de plus en plus à l'absurde à chaque seconde qui s'écoulait.

    Le sourire du monstre s'agrandit encore et ce fut au prix d'un effort certain qu'il réprima un ricanement idiot en songeant à tout cela. Il parvint néanmoins à se contrôler en se recentrant sur le moment présent lorsque la Méduse le rassura quant à son armement. Ils ne seraient probablement pas fouillés du fait de leur appartenance à une liste, parfait. Encore une fois, il y avait là une certaine ironie. Ces bourgeois complaisants se croyaient si intouchables qu'ils en venait à négliger l'essentiel. Si imbéciles, si vulnérables, ils n'allaient sans doute rien voir venir. Empli de joie par cette simple idée, le Non-Mort grimpa dans la calèche et s'y installa confortablement.

    L'affaire n'était pas encore jouée néanmoins car, s'ils étaient idiots, Khepra n'était pas tout à fait le meilleur profil pour faire réussir une telle opération. Le mort-vivant détenait certes quelques astuces en matière de subterfuge et de mensonges, mais ses connaissances des mondanités de ce genre s'avéraient plutôt pauvres, en réalité. Il avait certes eu l'occasion de s'infiltrer dans divers galas en faisant usage de ses macabres capacités, cependant les opérations qu'il y avait mené impliquaient rarement de jouer le jeu à ce point là. Confiant malgré cette ignorance qu'il avait déjà confessé à sa partenaire, il se persuada sans mal que le personnage qu'il allait jouer serait suffisamment haut en couleurs pour qu'on s'intéresse davantage à sa personnalité plutôt qu'à son historique. De toute manière, si cette escroquerie capotait, il était loin d'être le plus gêné.

    A bien y songer, c'était d'ailleurs un risque colossal que prenait la demoiselle à qui il devait ce bien curieux plan de soirée. Etant donné qu'elle avait donné son véritable nom, elle devait donc estimer que les risques d'échec étaient extrêmement minces. Était-elle parfaitement inconsciente ou simplement tellement expérimentée et sûre de ses compétences qu'elle en arrivait à ce genre de fantaisies ? Peu importait au mort-vivant, il n'allait pas tarder à découvrir de quelle bois Iris était faite, de toute manière. Le monstre tourna la tête pour traquer les éventuels symptômes du trac dans l'attitude générale de sa partenaire mais celle-ci semblait tout à fait calme et en pleine possession de ses moyens. Elle n'en était pas à son coup d'essai, c'était plus ou moins confirmé.

    Un abrupt freinage de leur véhicule secoua légèrement Khepra, qui accorda de nouveau son attention au paysage qui l'entourait et découvrit aussitôt qu'ils étaient arrivés. Ils descendirent tous deux et s'avancèrent alors jusqu'à l'établissement où se déroulait la vente. Décoré somptueusement en vue de l'évènement, l'endroit ne laissait aucunement place aux interrogations quant au budget. L'exubérante richesse des commanditaires se lisait dans le moindre rideau, ce jusqu'à la plus infime pièce de mobilier. Encore en phase d'analyse de son environnement, le Non-Mort écoutait sans mot dire les indications de la Méduse qui lui présentait quelques personnalités à la manière typique des richissimes chipies fréquentant ce genre de lieux.

    Tout en l'écoutant, le monstre effleura ensuite furtivement le scarabée doré qu'il dissimulait sous sa chemise et ce dernier s'agita aussitôt sous les vêtements dans un cliquetis discret, laissant la magie de camouflage opérer et de diffuser dans l'organisme tout entier. La machinerie toute entière se remit en marche et petit à petit, la circulation sanguine reprit. Son corps se réchauffa très lentement, donnant à son teint une apparence de moins en moins cadavérique. La transformation se ferait progressivement, ce afin d'éviter d'alerter les curieux.

    Il s'apprêtait d'ailleurs à demander quelques précisions à sa camarade mais fut coupé net par l'intervention d'un majordome affecté à la gestion des invités. Ce dernier leur indiqua courtoisement qu'il était temps de prendre place et tous s'exécutèrent prestement. Khepra accorda un dernier clin d'œil à Iris et se volatilisa, prenant soin d'adopter une démarche si caricaturale qu'elle ne pouvait être ignorée par quiconque. Il choisit un siège situé à gauche de la pièce et y posa son derrière, n'accordant que de furtifs regards aux autres membres de l'assemblée. L'homme qu'ils avaient en ligne de mire était quant à lui posté vers l'arrière de la salle, plus au centre. Si provocation il devait y avoir, c'était donc visuellement que Khepra allait devoir se faire remarquer, car le Doré n'était plus à portée de chuchotements.

    "Quelle élégance, mon cher ! Votre manteau est tout bonnement fa-bu-leux."

    Brusquement sorti de ses réflexions stratégiques par cette voix féminine sortie de nulle part, Khepra pivota rapidement pour faire face à sa voisine de gauche dont le physique plus qu'atypique avait de quoi surprendre. La donzelle ne dépassait pas la trentaine et portait une robe rouge d'une facture remarquable, néanmoins un détail accaparait l'attention : ses cheveux n'étaient autre que d'immenses lianes couvertes d'épines. Coiffées par miracle en une sorte de chignon gigantesque, cet amas de ronces faisant office de tignasse était pour le moins étrange. Loin de s'y attarder, Khepra offrit immédiatement un sourire enjôleur à l'inconnue et lui rendit les politesses :

    "Je vous remercie, mais que faites-vous installée ici ? Je croyais pourtant que les œuvres d'art étaient exposées sur scène !"

    Ce fut par un rire cristallin que le trait d'esprit du mort-vivant fut récompensé. Fier de sa performance en matière de flatterie idiote, Khepra sourit joyeusement et reporta ensuite son attention sur la scène à laquelle il venait de faire allusion. Là-bas, quelques derniers ajustements sur les objets à révéler étaient encore en cours. Il était donc temps de se faire la main sur sa gourgandine de voisine pour parfaire son rôle :

    "Je suis Henrietta Bellegarde, mais vous pouvez m'appeler Henrietta. A qui ai-je l'honneur ?"

    "Borgir Hendfreiz, enchanté de faire votre connaissance Henrietta."

    "C'est curieux, je ne vous remets pas. Que faites-vous dans la vie, cher monsieur ?"

    Question piège, mais il avait déjà planifié la parade depuis quelques heures. Admire l'artiste à l'œuvre, Iris. Khepra ricana en masquant sa bouche derrière une main gantée, puis détourna son regard de son interlocutrice avant de répondre sur un ton plus moqueur que charmeur :

    "Que fais-je ? Je ne fais pas, chère madame. Je laisse à mes gens le soin de faire et je prends ce qui m'est dû."

    Il laissa planer le doute un instant quant à cette précédente affirmation puis compléta son explication après avoir laissé échapper un rire complaisant, voyant le doute apparaître sur le minois de la jeune femme :

    "N'avez-vous point entendu parler des Galeries Hendfreiz ? Les expositions les plus grandioses du moment ? Mon nom est sur toutes les lèvres, pourtant, et vous m'avez tout l'air versée dans les arts."

    Les interrogations parurent subsister un temps, puis une fausse étincelle apparut dans le regard d'Henrietta. Elle reprit aussitôt son sourire enjôleur et répondit au "galeriste" :

    "Hendfreiz ! Mais bien sûr ! Vous rencontrer en personne est un véritable honneur. Je n'ai pas pu me rendre à votre dernière exposition car j'étais... hum, occupée par des affaires de la plus haute importance. Mais n'ayez crainte, je vous ferai le plaisir de ma présence la prochaine fois !"

    Satisfait de la réussite totale de sa supercherie, le mort-vivant opina du chef et se permit même d'ajouter une dernière couche de fantaisie à son histoire :

    "Vous faites bien, car ma dernière exposition portera sur l'œuvre de Tristan Delhanos, l'artiste dont les pouvoirs extraordinaires permettent de peindre à partir de la lumière. Pour cette occasion, il viendra en personne et réalisera une performance devant le public ! Cela promet d'être saisissant."

    "Je n'en doute pas ! Que j'ai hâte de voir cette merveille !"

    A deux doigts d'éclater de rire, le zombie tâcha de se maîtriser et ce fut avec brio qu'il y parvint, ne laissant rien paraître de ses pulsions et affichant cette même mine suffisante et enjouée qu'il arborait depuis son entrée. Il profita de ce moment pour relever très légèrement son gant, vérifiant ainsi le changement dans la teinte de sa peau sur son poignet. La transformation était complète, il devait donc sembler bien plus vivant qu'auparavant. Cela ne durait qu'une heure, il espérait que c'était suffisant pour mener à bien sa mission. Il releva les yeux et découvrit qu'un nouveau personnage venait de faire son entrée sur scène. Un petit bonhomme, plutôt âgé et affublé d'un costume serré qui lui conférait un côté très comique. Se postant devant les présentoirs, le nouveau-venu prit enfin la parole d'une voix aigue et ô combien agaçante :

    "Messieurs Dames ! Navré de vous avoir fait attendre, nous allons pouvoir débuter. Je tiens d'abord à vous remercier pour votre réponse et j'espère que nous allons tous passer un délicieux moment ce soir. Les pièces que nous vous présentons sont toutes uniques et certaines d'entre elles risquent fort de vous surprendre. A commencer par la première, que je vais d'ailleurs vous dévoiler immédiatement."

    Des majordomes levèrent le premier rideau et la surprise sembla effectivement au rendez-vous, en vue des sons interloqués qui s'élevaient un peu partout dans l'assistance. Khepra, pourtant très habitué à déceler de rarissimes trésors, était lui-même interpelé, même s'il tâchait de simuler son désintérêt pour les produits proposés. Henrietta, quant à elle, restait bouche bée. Son regard semblait pétiller d'excitation face à cette révélation, qui avait effectivement de quoi attirer l'attention :

    "Je vous présente le Lion Flamboyant, dernière œuvre en date de Karl Astarelli. Prix initial : 250 cristaux clairs !"

    Et flamboyant, ce lion l'était bel et bien mais son prix semblait pourtant surréaliste. La sculpture, du moins c'était ce qu'elle semblait être, représentait un félin et semblait être intégralement composée de rubis. Ce qu'il y avait d'extraordinaire n'était pas avec quelle fidélité l'animal avait été reproduit, mais bel et bien la magie qui l'animait. Dans un cycle prédéfini, la sculpture se mouvait avec un réalisme déconcertant sur son présentoir. Alternant entre un rugissement silencieux, une posture assise puis enfin un grognement, l'objet était tout bonnement fascinant et loin des babioles que Khepra avait envisagé.

    Passif pour le moment, le Non-Mort bailla longuement en attendant le premier coup de ses adversaires.
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
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    Re: Adjugé, vendu !
    Mar 23 Nov 2021 - 19:45 #
    - Hé ! Vous avez vu ça ?

    Mme de Couasnon, prenant deux places à elle seule à cause de l’ampleur de sa robe meringue, piaillait en gigotant ses poignets, jetant des coups d’œil furtifs vers les rangées arrières. Assises à côté d’elle, Iris et Hatsumomo tournèrent la tête en même temps pour regarder ce que leur camarade commère brûlait d’envie de leur montrer. Plus loin, la Méduse vit son partenaire du jour rouler des mécaniques face à une bourgeoise à chignon végétal. Levant les yeux au ciel, Iris espérait qu’il n’oublierait pas ce pourquoi il était venu. Mais la belle préférait se dire qu’il agissait de la sorte pour parfaire sa couverture, bien qu’elle fût bien curieuse de savoir ce qu’Henrietta Bellegarde racontait à Hendfreiz. Cette bécasse n’était douée que pour une chose, nouer sa chevelure de lianes en chignons de toutes sortes. Hatsumomo, arquant un sourcil pouffa narquoisement en agitant doucement un éventail rond en papier, sur lequel une carpe blanche et ambrée nageait dans une marre de lotus.

    - On lui dit qu’elle a soixante-dix ans ou pas ? Ricana encore la Couasnon en se penchant vers les deux femmes.

    - Qui est cet homme ? Ajouta Hatsumomo, son ton à la fois méprisant et méfiant.

    La dame de compagnie leva son éventail pour renchérir sur le Lion Flamboyant, l’œuvre passant à 390 cristaux clairs. Cependant, la vipère attendait une réponse et avait l’air de penser qu’Iris était au courant. Cette vile sournoise l’avait sûrement vu entrer dans l’hôtel en compagnie de Borgir et s’était bien cachée de lui demander avant maintenant. Elle devait préférer la mettre devant le fait accompli, pour la déstabiliser. Iris savait parfaitement qu’Hatsumomo n’avait qu’un seul passe-temps : torturer les autres pour son bon plaisir, les mettre dans l’embarras. Elle n’était que dans son propre camp, et la flambeuse était consciente que, de tous les gens présents dans cette salle en cet instant, cette perfide ambitieuse était l’une des plus dangereuses.

    - Il a une galerie d’art je ne sais plus où, dans le grand nord il me semble, s’empressa de répondre Iris. La Bellegarde a dû dépenser une fortune en enchantements cosmétiques pour effacer toutes ses rides.

    - Son hybridation joue un peu, il faut dire, minauda Mme de Couasnon. Mais je sais de bonne source qu’elle se fait injecter des élixirs de jouvence chaque semaine.

    Le Lion Flamboyant avait été vendu au noble corpulent avec lequel Le Doré discutait avant la vente. L’acquéreur s’applaudissait lui-même, ses pommettes grasses se teintant de rose alors qu’il recevait des compliments des autres participants, gentillesses aussi mielleuses que possible. L’homme se complaisait néanmoins au milieu des tartuffes. Mais, bien que le petit lion soit une merveille d’orfèvrerie et d’enchantement, Iris n’avait pas choisi d’enchérir. Copier une œuvre de cet acabit aurait été plus complexe et plus long que prévu. Étrangement, Le Doré n’avait pas poussé pour acheter la statuette. Il devait se réserver pour des objets futurs, son plat de résistance. La prochaine œuvre entrait enfin en scène, transportée dans son écrin par un domestique aussi long et mince qu’une tringle à rideaux. Le commissaire priseur prit à nouveau la parole :

    - Mesdames, messieurs, notre nouvelle œuvre n’est autre que la parure Pavlova, datant de l’an 845, entièrement composée de saphirs de sang et diamants, comprenant un collier, boucles d’oreilles, broche, bagues solitaires et petite tiare. Prix initial, pour la parure complète : 100 cristaux clairs.

    Plusieurs mains fusèrent au-dessus des têtes, si bien que le prix passa à 180 cristaux clairs en une fraction de secondes. Mme de Couasnon sautilla sur sa chaise pour faire monter l’enchère à son tour, suivie d’Hatsumomo. La parure était à présent à 200 cristaux. Jetant de petits coups d’œil vers Le Doré, Iris voyait qu’il faisait tourner nerveusement sa canne. Soudain, il fit un petit signe du doigt au commissaire priseur, qui prit en compte son enchère. La réaction d’Iris ne se fit pas attendre :

    - 230 cristaux clairs ! Clama-t-elle.

    - 240 ! Repris Le Doré.

    Le duel commençait enfin, la Méduse espérait qu’Hendfreiz comprenne et la suive. Sa coopération n’était pas certaine, et maintenant qu’il avait l’air de compter fleurette à Henrietta Bellegarde, Iris se demandait s’il n’était pas susceptible de profiter de la situation pour voler de ses propres ailes aux crochets de l’aristocrate… Elle demeurait néanmoins confiante, il n’était pas venu si loin pour rien. Les deux personnes qui la préoccupaient le plus pour l’instant étaient Le Doré et Hatsumomo.

    - 245, reprenait Iris, jetant un petit regard souriant à Le Doré.

    - Ma chère, cette parure vous irait sans doute à merveille, persifla Le Doré d’une voix fausse. Mais, j’en suis navré, je me vois dans l’obligation de la réclamer. 250 cristaux !

    - 250 cristaux pour messire Le Doré ! Et j’ai 255 par ici ! Tonna le commissaire priseur en pointant une vieille femme du doigt. Ah, et 260 cristaux, à nouveau pour messire Le Doré !

    Les bijoux avaient vraiment déchaîné les passions, Iris était déterminée à faire grimper les prix. Si Le Doré voulait quelque chose, il l’aurait. La flambeuse devait juste s’assurer que les prix soient suffisamment élevés, mais pas trop pour qu’il abandonne l’objet… Elle se tourna subrepticement Borgir, fronçant les sourcils quand elle croisa son regard. La pimbêche à cheveux de fougère voulait s’accaparer son attention… Par ailleurs, elle n’avait toujours pas vu Opal, espérant intérieurement l’apercevoir bientôt.
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
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    Re: Adjugé, vendu !
    Mer 24 Nov 2021 - 17:28 #
    Khepra avait visiblement bien fait de ne pas enchérir lors de la première session, car Iris en fit autant. La sculpture animée trouva vite un propriétaire et, malgré l'intérêt que le mort-vivant portait à l'objet, il tâcha de tenir son rôle en lâchant un soupir bruyant. Les applaudissements retentissaient déjà mais lui levait les yeux au ciel et croisait les bras, affichant une moue exagérée sous les regards interloqués de ses voisins.

    "Que c'est rebattu, trivial même..."

    Il ne souhaitait qu'une chose, se donner l'image d'un homme trop bien pour cette petite sauterie. A force d'en faire des caisses, c'était surtout l'agacement des autres invités qu'il allait finir par susciter plutôt que la curiosité. Henrietta paraissait en revanche véritablement hameçonnée et buvait les paroles du Non-Mort, ne souhaitant pas passer pour une cruche devant lui. Elle qui avait été émerveillée par le lion étincelant affichait désormais un air désabusé et opinait du chef à chaque remarque désobligeante qu'effectuait le zombie. Intérieurement, il releva qu'elle aurait fait un excellent pion en des circonstances différentes, car cette conviction avec laquelle elle adhérait à ses propos était fort utile afin de consolider la couverture.

    Il allait néanmoins falloir qu'elle lui lâche la grappe tôt ou tard, car il allait devoir s'éclipser afin de commettre quelques carabistouilles à la fin des enchères et il préférait évidemment ne pas avoir une idiote sur le dos lorsqu'il irait crocheter serrures et cadenas afin de s'emparer du grand pactole. Elle relança d'ailleurs la conversation, espérant visiblement s'attirer les faveurs de ce nouveau contact prometteur. Khepra n'en avait cure, évidemment, étant davantage concentré sur les annonces du commissaire priseur que sur les banalités que lui catapultait Henrietta.

    Il entendit Iris surenchérir sur une quelconque parure dont le mort-vivant n'avait pas entendu le nom à cause du flot de paroles de sa voisine. Un léger silence s'installa après une surenchère du fameux Le Doré et le zombie prit enfin la parole à voix haute, ce pour la toute première fois depuis le début de l'enchère. Il le fit d'ailleurs en prenant soin de ne même pas regarder le responsable, tâchant par cette attitude de se montrer aussi désintéressé que possible. Cela risquait fort de piquer l'égo de Le Doré. Il s'adressa d'abord à Henrietta pour la faire taire puis haussa le ton afin d'être entendu par le commissaire priseur :

    "Excusez-moi, très chère... 300 !"

    L'intéressé se tourna aussitôt vers celui qu'on lui avait présenté comme était Hendfreiz puis, un sourire aux lèvres, il répéta la somme annoncée :

    "300 cristaux clairs pour messire Hendfreiz !"

    Le Doré, visiblement vexé par cette manœuvre d'un total inconnu, le fut d'autant plus lorsque des chuchotements s'élevèrent ça et là dans la pièce. Après avoir lancé un regard noir au mort-vivant infiltré, le petit personnage offusqué décida de surenchérir à nouveau :

    "310 !"
    "330."

    Khepra, en gros vicelard qu'il était, prenait un plaisir fou à parler par dessus Le Doré, l'humiliant ainsi de plus en plus à chaque valeur annoncée. Un sourire narquois aux lèvres, il continua de parler de la pluie et du beau temps avec une Henrietta toujours aussi saisie. Dans son dos, le petit gaillard devait bouillonner.

    "350."

    Le commissaire priseur se tourna vers Hendfreiz qui se contenta de lever les yeux au ciel, accompagnant cela par un soupir suivi d'un geste de main désinvolte visant à signifier qu'il n'accordait déjà plus aucun intérêt à ce produit. Les relances s'effectuèrent puis, après un bref moment de flottement, la parure fut finalement vendue à Le Doré sous un second tonnerre d'applaudissements. Profitant de cette première victoire avec une joie dissimulée, Khepra tourna la tête vers Iris et lui offrit un furtif clin d'oeil. 250 cristaux clairs au delà de la valeur initiale, c'était plus que raisonnable pour ce premier coup.

    "Je ne la voulais pas vraiment, de toute manière..."

    Les bras croisés, la créature tâchait de paraître passablement offensée, invitant par ce comportement Le Doré à se montrer plus agressif par la suite. Pas très fin, l'animal. Il allait se faire plumer comme jamais, mais de combien allaient-ils parvenir à le délester, en fin de compte ?
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
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    Re: Adjugé, vendu !
    Jeu 25 Nov 2021 - 0:38 #
    La vente se continuait tranquillement alors que les biens s’enchaînaient sur la scène. Avec la parure Pavlova, Le Doré avait également acquis un set de figurines d’ivoire servant de contrepoids à des objets pendus à la ceinture, une tétine d’or incrustée de lapis lazuli et de spinelles, une barrette ayant appartenu à une princesse Cavendish, et le diamant Dresden Jaune dont la réputation de joyaux maudit avait fait coulé beaucoup d’encre. Hatsumomo avait gagné un parchemin de calligraphie illusoire tandis qu’Henrietta Bellegarde s’en tirait avec deux tableaux peints par Léana Bottheocelli. Les ventes battaient leur plein, et Iris faisait mine de faire la moue à chaque fois que Le Doré remportait chaque enchère, pour le brosser dans le sens du poil. Rien ne satisfaisait plus ce genre d’homme que de voler son jouer à un enfant, ou d’assurer sa dominance tant masculine que monétaire et de rire au nez de celui ou celle qu’il avait floué. L’abject antiquaire se lançait d’ailleurs dans une nouvelle escarmouche pécuniaire contre Marie « Mambo » Laveau, une sorcière vaudou de l’Archipel, pour l’acquisition d’un crâne de cristal soit disant authentique.

    Iris avait droit à un moment de répit, elle en avait eu assez de faire monter les prix à chaque fois, même avec l’aide de Borgir. La guerre avait été acharnée, et elle avait même failli se retrouver à devoir payer 300 cristaux clairs pour la tétine incrustée de pierres. Elle avait dû jeter un air narquois et satisfait à Le Doré pour qu’il se sente piqué à vif et soit motivé à renchérir une nouvelle fois. À sa droite, Mme de Couasnon se lamentait en gigotant de n’avoir toujours rien pu acheter. La noble se plaignait bruyamment et geignait en prétextant qu’elle partirait dépenser des sommes folles en nouvelles robes dès l’instant où elle quitterait l’hôtel. Il était grand temps que la vente se finisse, même Hatsumomo n’en pouvait plus de sa voisine tant elle devenait insupportable. Alors qu’Iris allait jeter un œil vers Borgir, un homme en uniforme arriva debout à sa portée.

    - Milady, mille pardons de vous déranger, un message est arrivé pour vous.

    Levant la tête, Iris tomba nez à nez sur Opal, en costume queue-de-pie des membres du personnel. Un sourire en croissant de lune étiré sur son visage, il regardait la jeune femme avec un air aussi malicieux que celui d’un chat.

    - Comment peut-on oser venir nous déranger en pleine vente ? Siffla Hatsumomo, en jetant un regard glacial à Opal.

    - Que voulez-vous, chère amie, soupira Iris, faisant mine d’être d’accord avec son interlocutrice. Les standards de l'établissement ont l'air d'avoir bien diminué...

    - Si vous voulez bien me suivre, s’inclina Opal alors qu’Iris se levait.

    Marchant le long des rangées de sièges, la belle jeta un rapide coup d’œil à Borgir, réajustant ses lunettes comme pour lui signifier qu’elle revenait. Opal conduisit Iris dans la salle des pas perdus où ils se trouvaient juste avant d’être appelés par le commissaire priseur pour prendre place. Le jeune homme à peau de nacre referma doucement la porte alors qu’ils sortaient, remarquant qu’Hatsumomo ne les avait pas lâchés des yeux.

    - L’autre grue qui m’a réprimandé n’arrête pas de me regarder.

    - C’est problématique, répondit Iris, sérieuse. Hatsumomo n’est pas stupide. Il faut qu’on cesse de trop interagir à partir de maintenant. Et, même après, on va éviter de travailler ensemble sur la côte pendant quelque temps. Si elle nous voit ensemble, elle comprendra.

    - Compris. Bon, il reste encore deux objets à vendre et ensuite c’est la grande réception. Débrouille toi pour dire à notre compagnon surprise qu’il doit me retrouver au plus vite près des toilettes, je le guiderai jusqu’à la salle de dépôt des œuvres pendant que moi je me charge des cristaux.

    - Il va falloir faire vite, y a une noble qui s’est entichée de lui. Elle remarquera sans doute s’il s’absente trop longtemps et commencera à poser des questions à droite à gauche. Je peux détourner leur attention temporairement. Mais si Le Doré et Hatsumomo s’en mêlent trop, ça risque d’être tendu.

    - Bon, je me fixe quinze minutes maximum pour que lui et moi on dégote le butin. Essaye de tenir au moins vingt pendant la réception. Je réapparaîtrai près de l’entrée pour te signifier que c’est bon. Si tu ne me vois pas, il va falloir passer au plan B.

    - Je trouverai bien quelque chose, un début d’incendie, ça forcera les invités à sortir et on pourra filer. Quand vous avez les objets, dit à l’autre spectre ambulant qu’on se retrouve devant les diligences.

    - Parfait. Go.

    Iris laissa Opal qui fila dans un couloir et repassa la porte pour retourner dans la salle de ventes. Le dernier objet venait d’être vendu et le commissaire priseur tonnait fièrement :

    - Je vous remercie solennellement pour votre générosité et votre présence ! Nos acheteurs sont invités à se présenter au guichet de paiement pour régler leurs crédits. Vous êtes tous invités à vous rendre dans le grand salon d’été où vous seront servies boissons et nourriture. Je vous souhaite une excellente journée !

    Satisfait, le petit bonhomme repartit en tapotant son maillet sur son pupitre et quitta l’estrade, le front couvert de sueur. La Méduse profita d’un mouvement de foule, les invités se levant tous de leur chaise et se mouvant dans les allées, pour se rapprocher de Borgir. Elle voulait à tout prix esquiver Hatsumomo et Mme de Couasnon afin de pouvoir lui transmettre les informations dont il avait besoin pour retrouver Opal. La guerre était loin d’être terminée et, cette fois, ils devraient la mener chacun de leur côté…
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
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    Re: Adjugé, vendu !
    Ven 26 Nov 2021 - 2:20 #
    Tapotant frénétiquement ses doigts gantés contre son bras, Khepra commençait à trouver le temps long en compagnie de l'imbécile qui lui tenait compagnie depuis le commencement des enchères. A en juger par le regard plein d'appétit avec lequel elle le reluquait, elle ne projetait pas uniquement de l'accompagner à sa prochaine exposition. C'était certes flatteur, surtout pour l'ancien propriétaire du corps d'ailleurs, néanmoins Khepra avait un objectif tout autre et ses desseins n'entraient nullement en adéquation avec les supposés désirs de cette très chère Henrietta.

    Elle lui avait bien servi en tant que couverture mais il allait désormais être temps de s'arranger pour qu'elle lui lâche enfin la grappe, chose qui devait s'avérer envisageable à condition de se creuser un peu le ciboulot. Comme cela avait déjà été démontré à plusieurs reprises, Henrietta ne paraissait pas bien fine lorsqu'il s'agissait de démêler le vrai du faux, une excuse bidon lui suffirait donc probablement. Alors qu'elle lui racontait avec ferveur ses dernières vacances à la Capitale, le mort-vivant lui souriait avec toute la politesse dont il était encore capable de faire preuve, mais il cherchait furtivement ses alliés du regard.

    Il finit par apercevoir Opal qui, plongé dans ses obligations, déambulait à toute vitesse pour maintenir sa couverture tout en organisant les carabistouilles du trio simultanément. Leur plan tenait bien la route dans l'ensemble, néanmoins cette partie-là semblait un poil plus floue. Cela n'avait rien de particulièrement anormal en vue de la nature de l'opération et un peu d'organisation sur le vif ne faisait pas de mal, néanmoins Khepra espérait qu'Iris disposait d'une sacrée combine pour le tirer des griffes de l'autre inepte à tête d'orties.

    Une annonce du commissaire priseur vint le tirer à ses réflexions. Les enchères touchaient enfin à leur terme et la réception s'apprêtait à démarrer. Cette seconde partie de soirée s'avérait plus risquée que la première, d'autant plus car chaque membre du trio s'était fait remarquer d'une manière ou d'une autre. Selon toute vraisemblance, leur absence serait également constatée sans mal, ce qui rendait plus difficile la tâche d'infiltration à venir. Arrogant au possible, Khepra ne parvenait toujours pas à ressentir de l'inquiétude, mais une certaine forme d'excitation venait tout de même titiller ses vieux os. Enfin de l'action, cela lui parlait bien plus que de faire la causette avec Henrietta ou d'asticoter des acheteurs à l'égo surdimensionné.

    Lorsque le Non-Mort se leva de sa chaise pour rejoindre l'ensemble des invités, il fut surpris par un contact inattendu. La noble au chignon épineux venait de le saisir par le bras et lui souriait presque naïvement. Lui qui n'avait écouté que le tiers de ses âneries se voyait bien surpris par ce retournement de situation, mais allait malheureusement être contraint de composer avec cette sangsue, car causer un scandale en l'envoyant sur les roses risquait d'attirer inutilement l'attention juste avant la partie la plus complexe de l'opération, ce qui était hors de question.

    Khepra se contenta donc d'afficher cet éternel sourire dont il s'était affublé depuis près d'une quinzaine de minutes, ce qui l'aurait sans doute épuisé s'il avait été capable de ressentir une quelconque forme de fatigue. Il se trimballa donc le boulet qui ne cessait pas de piailler dans ses oreilles, l'empêchait de se concentrer pleinement sur son environnement. Ce ne fut que lorsqu'il aperçut la Méduse qu'il s'éveilla finalement et retrouva à cette occasion sa présence d'esprit. Avec une énergie retrouvée, il lança à celle qui se cramponnait à lui :

    "Ma chère, que diriez-vous que j'aille vous chercher une coupe ?"

    "Oh, ne vous gênez pas pour cela voyons. Les serveurs vont venir à nous, n'ayez crain..."

    "Champagne ? Excellent choix. Je reviens, ne bougez pas d'un cil."

    Surprise, elle laissa tout de même le zombie échapper à son emprise. Ce dernier s'empressa de rejoindre le buffet où l'attroupement était plutôt minime en vue du nombre effarant de serveurs présents dans la salle. Le regard glacé de Khepra croisa celui de sa partenaire et ce fut par un furtif hochement de tête qu'il lui indiqua la direction qu'il avait choisi de prendre. Leur échange se devait d'être extrêmement bref, mais quelques informations essentielles n'avaient pas encore été transmises.

    Une fois proche du buffet, Khepra saisit une première coupe et fit mine de s'intéresser aux aliments présentés, attendant patiemment qu'Iris ne l'atteigne. Une fois à portée de voix, il prit la parole aussi discrètement que possible, sans accorder un coup d'œil à son interlocutrice :

    "C'est quoi la suite du programme, chef ? Si cette timbrée me lâche pas, je vais finir par lui faire bouffer sa tignasse... et avec les épines."

    Après quoi, il s'empara d'une seconde coupe. L'autre dingue lui tapait sur le système, certes, mais il allait probablement devoir se la coltiner encore un petit peu avant de pouvoir s'en donner à cœur joie.
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
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    Re: Adjugé, vendu !
    Ven 26 Nov 2021 - 19:27 #
    - Alors cesse de tourner autour comme un bourdon sur un pissenlit, siffla Iris à Hendfreiz alors qu’il prenait son champagne. Tu t’attendais à quoi ? Elle est septuagénaire, s’en cache grâce à la magie, et toi tu vas l’aborder.

    La réception venait à peine de commencer, la situation était déjà plus épineuse que la chevelure de cette harpie aux fesses de Borgir. Non content d’avoir choisi une des femmes les plus stupides de l’assistance, il avait également pris celle qui avait plus de poigne que les tentacules d’une pieuvre. Agacée, Iris attrapa elle-même une coupe de champagne. Dans ce genre de fête, ne pas avoir de verre à la main était sans doute la chose bizarre possible, et il fallait bien qu’elle soit convaincante. Si l’autre Bellegarde continuait de lui coller aux basques, jamais il ne pourrait mettre leur plan en action dans les temps. Ils jouaient déjà contre la montre. La réception ne durerait pas éternellement et les invités devraient partir avec les biens qu’ils ont pu acheter. Il fallait que tout soit subtilisé avant que cela n’arrive.

    - Opal t’attend près des toilettes. La diversion, c’est mon travail. Va faire le tien.

    Tournant les talons, Iris disparut à nouveau dans la foule, son verre à la main. Elle devait trouver une idée pour évincer Henrietta Bellegarde et la faire lâcher les griffes d’Hendfreiz avant qu’il ne soit trop tard. Opal avait besoin d’aide et vite, le pauvre ne pouvait pas voler tout le butin lui-même, c’était bien trop risqué et il avait trop peu de temps. Passant à côté d’une brochette de bourgeois en train de discuter avec le commissaire-priseur, la flambeuse remarqua que Le Doré s’était approché d’Hatsumomo et Mme de Couasnon. L’antiquaire ne faisait que les dévisager comme des morceaux de viande. Et quand bien même Iris détestait les deux femmes, son inimitié à leur égard n’était rien comparé à la haine viscérale qu’elle éprouvait face à cet homme abject. Pour lui, les femmes n’étaient que des pièces rapportées, des éléments de décor tout juste bons à servir de faire-valoir. Hatsumomo le regardait avec complaisance mais transpirait d’envie de le gifler. Tandis que la Couasnon piaillait, se lamentant de tous les objets qu’elle n’avait pas réussi à acheter.

    - Mes félicitations, monsieur Le Doré, minauda Iris en plissant les yeux. J’ai grande hâte d’entendre parler de ce que vous ferez de cette tétine ouvragée dans le Chantelune Voyageur !

    - Mademoiselle Delancy, vous devriez vous tourner vers des lectures plus intellectuelles que ce torchon tout juste bon à donner des tribunes à des criminels, répondit Le Doré en levant le nez. Mais, pour votre gouverne, les achats effectués aujourd’hui seront exposés dès la semaine prochaine dans mon commerce de la Capitale. Je suis persuadé que même la Couronne viendra me rendre visite avec de pareilles splendeurs.

    - Bien sûr, rétorqua Iris en agitant la main. Je suis certaine que notre reine soit en grand besoin d’une tétine d’or massif incrustée de gemmes taillées.

    - Ne soyez pas ridicule, enfin ! Respectez un peu ma victoire, jeune fille. Je vous signale que vous avez également voulu l’acheter !

    - Je suppose que l’on fait tous des folies, répondit Iris avant de se tourner vers Mme de Couasnon. Dites moi ma chère, il me semble qu’Henrietta Bellegarde a récemment fait l’acquisition d’un comptoir d’embellisseurs. Allez donc la chercher, je suis certaine qu’elle pourra vous dégoter de belles fabriques et perruques.

    - Oh, excellente idée ! Gazouilla l’intéressée en sautillant sur place comme une enfant à qui on donne une confiserie. Cela va me remonter le moral après ces enchères désastreuses !

    - Tsss, je vous laisse à vos chiffons, fit désagréablement Le Doré en partant vers d’autres invités d’un mouvement de robe.

    L’antiquaire tourna les talons pour partir vers le groupe s’adressant au commissaire-priseur, laissant les trois femmes ensemble. Mme de Couasnon ne se fit pas prier pour aller chercher la Bellegarde, disparaissant entre deux serveurs en gambadant dans sa meringue. Seule avec Hatsumomo, Iris avait l’impression de marcher sur des œufs. Tournée vers elle, la grande femme avait l’air d’une véritable statue de glace. La beauté d’Hatsumomo n’était plus à refaire, elle était aussi magnifique que le clair de lune, et en était consciente. Malheureusement pour le monde, elle était aussi cruelle qu’une araignée et tuait doucement ses proies. La Méduse se devait d’être extrêmement prudente avec elle. Si elle pouvait se permettre de jouer avec l’orgueil du Doré, jamais Iris ne pouvait se jouer d’Hatsumomo de la même façon.

    - L’Étoile du Sud vous manque ? S’enquit Iris pour distraire son attention.

    - Non, répondit simplement son interlocutrice d’une voix froide.

    Son ton était aussi implacable que le couperet d’une épée. Un serveur brisa le silence en passant à proximité, un plateau de victuailles à la main. Les deux femmes attrapèrent quelques grains de raisin blanc sur le plateau tandis que le domestique s’inclina poliment avant de reprendre son chemin. Iris ouvrit son sac pour sortir un éventail et le déplia avant de battre la mesure. Le silence risquait de s’installer à nouveau lorsque Mme de Couasnon revint avec, à son bras, Henrietta Bellegarde qui avait l’air bien inquiète.

    - Quelque chose ne va pas, très chère ? Demanda Iris, plus concernée de l’état dans lequel elle avait pu laisser Borgir qu’autre chose.

    - Je crains d'avoir perdu mon cavalier de vue…

    Soulagée, Iris balaya la salle du regard sans vraiment remarquer Borgir. Il fallait dire qu’entre les invités et les serveurs, la foule était suffisamment dense. La distraction se déroulait, pour l’instant, relativement bien. Il fallait qu’elle continue à calmer la Bellegarde avant qu’il ne soit trop tard et, surtout, garder Hatsumomo près d’elle…
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
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    Re: Adjugé, vendu !
    Sam 27 Nov 2021 - 19:05 #
    La révélation de l'âge d'Henrietta fut une véritable surprise pour Khepra et ce dernier pouffa instinctivement en réponse à cette révélation. Manquant de peu de faire tomber une coupe, il s'en saisit grâce à un réflexe salvateur et la reposa doucement sur le plateau où elle était initialement entreposée. Taquin, le mort-vivant se permit même une réflexion qui n'allait faire rire que lui :

    "Eh bah quoi ? 70 piges, c'est pas si vieux que ça."

    Entre deux éclats de rire qu'il dissimulait difficilement sous sa main libre, le zombie profita de la magie du scarabée pour engouffrer deux petits amuses-bouches. Il les mastiqua ensuite prestement avant de les avaler. Cela ne servait à rien, mais ça avait le mérite de l'amuser. Après tout, il n'avait pas souvent eu l'occasion de jouer avec sa relique depuis qu'il se l'était procurée.

    Lorsqu'Iris lui ordonna de rejoindre Opal, il se tapa les mains l'une contre l'autre pour en faire sauter les miettes puis s'éclipsa sans demander son reste. Ils devaient limiter leurs interactions au minimum et chaque occasion où ils se croisaient pouvait malheureusement susciter la curiosité des autres invités. Dernière ligne droite : la partie la plus croustillante de cette aventure pleine de fraîcheur.

    Tâchant de contourner la foule avec adresse pour éviter de retomber dans le champ de vision d'Henrietta, le mort-vivant se faufila tel un serpent afin de rejoindre Opal au plus vite, mais une légère perturbation vint l'agacer sur la route. Son scarabée avait épuisé ses réserves, aussi la machinerie intérieure de son vaisseau commençait à cesser de fonctionner. C'était une tuile, mais l'outil magique avait au moins eu le mérite de faire son boulot jusqu'à la fin des enchères, c'était le principal.

    En pleine digestion artificielle, c'était bien le bon moment ! Le problème majeur provenait surtout de son teint car en l'absence de circulation sanguine, sa peau ne tarderait pas à blanchir et à refroidir. Qu'à cela ne tienne, il pouvait toujours mettre cet inconvenant détail sur le dos de la fatigue ou de l'anxiété. Et puis, même blanc comme un linge, il ne serait probablement même pas le plus pâle parmi ces bourgeois couverts de poudre du front à la gorge. Il fallait simplement qu'on évite de venir le tripoter pour constater que son corps devenait froid comme la glace, mais seule Henrietta risquait de tenter l'expérience.


    Khepra n'avait aucune idée de ce qu'Iris envisageait en matière de diversion, mais il savait déjà comment gérer sa part du travail. Opal, muni d'un chariot à roulettes décoré sur lequel reposait divers plateaux, apparut enfin dans son champ de vision et ce fut après un regard entendu entre les deux crapules qu'ils se mirent en marche à bonne distance l'un de l'autre. L'acolyte de la Méduse fit traverser une poignée de couloirs à Khepra puis, d'un mouvement de menton, Opal lui indiqua la porte dont il allait devoir venir à bout. Le mort-vivant offrit à son compère un clin d'œil en guise de remerciement puis ajusta le col de fourrure de son manteau avant de s'atteler à sa tâche.

    Opal se racla la gorge tout en continuant à avancer pour attirer à nouveau l'attention du zombie. Khepra se figea près de la porte qu'il devait forcer et tendit l'oreille, laissant à Opal l'occasion de lui glisser quelques mots tout en continuant à marcher.

    "iris lancera un incendie dans une vingtaine de minutes. On en a quinze devant nous."

    Après quoi, il fila et laissa le Non-Mort vaquer à ses propres occupations. Khepra ne perdit pas une seconde et s'empressa de se munir des outils de crochetage qu'il planquait dans le revers de sa manche. Il fit jouer l'acier brièvement et eut la bénédiction de ne pas être interrompu durant cette intervention, chose qui lui permit de forcer l'entrée de la pièce en un temps record. Illuminée très faiblement par un système de cristaux colorés, la salle où était entreposée les objets ne semblait pas piégée de prime abord mais Khepra se devait de rester sur ses gardes.

    Pressé par le temps, le zombie s'empara de la bourse de toile dont il était muni et commença à charger précautionneusement les bijoux et autres merveilles. S'il n'avait écouté qu'à moitié durant le déroulement des enchères, il avait tout de même pris soin de noter avec attention quels éléments devaient être subtilisés. Il trouva enfin la fameuse tétine sertie de pierres précieuses et ce fut en ricanant bêtement qu'il la rangea avec le reste du butin. Alors qu'il se bidonnait tout seul, il fut quelque peu surpris et décontenancé de se faire soudain broyer le museau par un coup sorti de nulle part.

    Attend, quoi ?

    Le choc avait été si rude qu'il n'y croyait pas lui-même. Bien qu'incapable de ressentir la moindre douleur, le voleur immortel était toutefois à même de réaliser qu'on venait bel et bien de lui réduire l'arête nasale en bouillie. Il porta une main gantée à son nez et y découvrit un peu de sang noirci. Pas de doute, ce n'était pas sa folie qui lui avait créé une hallucination. On venait bel et bien de le frapper au visage.

    Un second coup, plus violent que le précédent, vint le heurter à la tempe. D'une part, c'était déplaisant,  mais c'était surtout très risqué pour Khepra de se laisser attaquer au visage. Après tout, si son crâne venait à être fendu, la situation passait de compliquée à terriblement problématique.

    Un troisième assaut arriva enfin mais celui-ci, le combattant hors-pair qu'était Khepra parvint enfin à l'entendre venir. L'air avait sifflé juste à côté de lui, révélant automatiquement la présence d'un combattant invisible. L'éternel bloqua difficilement le coup et s'éloigna de la position supposée de son agresseur, cherchant un moyen de l'apercevoir en plissant les yeux. Rien à faire, le camouflage de son ennemi était total.

    "C'est pas beau de voler, tu sais ?"

    La voix de l'inconnu sans visage venait de lui parvenir. Un garde invisible pour protéger leur petite sauterie ? C'était plutôt malin. La sécurité était assurée et les nobliaux du coin pouvaient oublier jusqu'à l'existence d'un potentiel danger grâce à l'absence d'hommes armés bien visibles. Cependant, Khepra avait lui aussi plus d'un tour dans sa manche.

    "Ce qui n'est pas beau, c'est d'attaquer au visage. C'est sacré, jeune homme."

    Tout en adoptant une posture de combat, Khepra laissa le scarabée doré se réactiver, faisant ainsi usage de la deuxième fonctionnalité de son joujou. Il poussa alors un grognement à la sonorité déroutante et ses yeux s'illuminèrent avec vivacité tandis que des volutes de brume bleue se formaient ça et là, s'échappant de son épais manteau dans un spectacle terrifiant. S'il ne pouvait pas voir son adversaire, il parvenait presque à sentir sa peur jusqu'ici. Dans une série de craquements abjects, il étira légèrement ses membres pour intimider son opposant puis lui glissa avec sadisme :

    "J'ai joué le gentil bourgeois toute la soirée, je dis pas non à un peu d'action. Viens danser, petit fantôme."

    Après une pause dans l'altercation, chose que Khepra interpréta comme de l'hésitation de la part de son opposant, l'air s'agita à nouveau et un bruissement parvint aux vieilles esgourdes de la créature qui bondit hors de la trajectoire en un éclair. Le monstre ricana furtivement pour ensuite effectuer une rotation parfaitement impossible sur le côté. Ses vertèbres se tordaient dans tous les sens tandis qu'il se mouvait telle une macabre anguille. D'un geste terriblement rapide et précis, le monstre désarticulé referma la porte derrière lui avant de retourner vers le centre de la pièce en serpentant. Sachant ses gestes profondément déroutants pour l'adversaire, il attendait patiemment une nouvelle attaque pour riposter.

    "Tu fais trop de bruit, concentre-t..."

    Sa tentative de provocation ne trouva pas de conclusion car un nouveau coup de poing vint finir ce qui avait déjà été entamé et son nez martyrisé perdit toute sa structure lors de l'impact. Ce fut néanmoins là que se situait l'erreur de son adversaire car une épaisse tâche de sang pourri venait de se former sur les jointures de sa main invisible, le rendant désormais plus bien facile à localiser et à traquer.

    Khepra retrouva son équilibre par une pirouette curieuse et se dirigea aussitôt vers la direction générale de son opposant. La tâche pourpre commençait à s'effacer, révélant que l'homme invisible tentait de la faire disparaître nerveusement. Le monstre sourit narquoisement, étendit son bras avec une étonnante vivacité et referma sa dextre squelettique sur le poignet de son ennemi avant de lui souffler :

    "Je te tiens, maintenant !"

    Ne sachant pas où se trouvait la tête, le monstre frappa violemment à l'endroit où devait se situer le torse et fut enchanté de découvrir qu'il faisait mouche. Inépuisable du fait de sa condition, il frappait et frappait encore tout en retenant fermement le bras de l'adversaire en place. Ce ne fut qu'après une dizaine de coups qu'il put entendre l'homme invisible tousser et cracher de souffrance, permettant ainsi de trouver sans mal l'emplacement de son visage et de s'y attaquer à grands coups de poing. Bien vite, ce fut le sang frais de ce dernier qui vint maculer son visage, révélant peu à peu ses traits tordus par la peur et la douleur.

    Il tomba à la renverse mais Khepra continua de cogner inlassablement, souhaitant s'assurer de mettre hors d'état de nuire cet imbécile récalcitrant. L'étranger cessa enfin de lutter et ses gémissements prirent fin. Une fois qu'il eut sombré dans l'inconscience, son corps redevint aussitôt visible et Khepra découvrit la silhouette svelte du jeune combattant qu'il venait de vaincre. Il aurait certes pu le tuer, mais cela n'aurait eu pour conséquence que de mettre Iris dans l'embarras, ce qui n'était pas nécessairement à l'ordre du jour. Après tout, il voulait s'en faire une alliée.

    La menace enfin écartée, Khepra fit mentalement taire la magie du scarabée, laissant la brume bleue disparaître tandis que l'éclat surnaturel de ses yeux s'éteignait lentement. Il s'inspecta lui-même brièvement et découvrit avec dépit dans quel état désastreux cette altercation l'avait laissé. Outre le sang qui recouvrait le col de sa chemise, il y avait surtout laissé la silhouette de son nez et s'était fort probablement fêlé une phalange ou deux. Tant pis, il ne comptait pas garder ce corps bien longtemps dans tous les cas.

    Khepra s'assura d'avoir bien rassemblé l'ensemble des trésors, puis il laissa le garde à son sort et s'enfuit en refermant la porte derrière lui, ne glissant qu'un petit "Bonne nuit." à l'homme assommé avant de disparaître.

    Khepra referma ensuite son manteau sous lequel il avait dissimulé la sacoche puis vint se pincer le nez pour en dissimuler la courbe distordue par le combat précédent. Désormais, il ne restait plus qu'à attendre de voir Opal se repointer puis de suivre le signal lancé par la Méduse.
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
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    Re: Adjugé, vendu !
    Dim 28 Nov 2021 - 0:19 #
    - Mais ma très chère Henrietta ! Beuglait Mme de Couasnon. Il doit bien y avoir un perruquier digne d’intérêt dans votre comptoir ! Je ne demande pas grand chose, juste une réplique de ma caravelle, et une autre en forme de cygne prenant son envol. Ce n’est pas la mer à boire !

    - Madame, répondit Henrietta Bellegarde par politesse, le visage toujours ému par l’inquiétude. Je suis vraiment navrée, mais ce ne sont pas des perruquiers, mais des jardiniers. Voyez-vous, avec ma chevelure, je ne peux me permettre de porter des postiches comme les vôtres…

    - Quel ennui… Je préfère encore aller reprendre du champagne !

    Bougonne comme une enfant n’ayant pas obtenu le jouet de son caprice, l’aristocrate poudrée quitta le groupe de femmes pour se diriger droit vers le buffet. Forçant plusieurs invités à s’écarter tant sa robe était bouffante, Mme de Couasnon se parlait à elle même d’une voix aigüe en se dirigeant vers les grandes tablées remplies de victuailles. Iris la regardait se dodeliner dans sa tenue bien trop imposante pour son si petit corps, admirant au passage les immenses arbres de corail disposés au-dessus du buffet. Sur leurs branches, de longues guirlandes de perles avaient été disposées en guise de décoration, scintillantes et se balançant tout doucement dans les airs. Mme de Couasnon partie, Iris se demandait comment elle allait bien pouvoir tenir Henrietta en place. Hatsumomo ne leur ferait sans doute pas la conversation. Elle ne restait avec elles non pas par plaisir, mais parce qu’elle n’avait certainement pas envie de supporter les commentaires sexistes du Doré. Tournant la tête vers la porte d’entrée, Iris constatait que le délai qu’Opal lui avait annoncé était presque terminé.

    Que devait-elle faire ? Elle n’avait toujours pas revu ses compagnons, Le Doré allait vouloir récupérer ses prix, Henrietta cherchait activement Borgir et elle se retrouvait avec Hatsumomo sur les talons. Elle n’était certes pas en train de risquer sa vie dans les couloirs de l’hôtel pour voler des richesses, mais elle menait une toute autre bataille sur un front différent. Ce front pétri d’apparences et de mensonges était venimeux, terrible, intransigeant mais formidable. Et, surtout, tout aussi meurtrier. La moindre erreur pouvait être fatale. Ici, tout n’était qu’un grand bal d’hypocrisies et de faux semblants, une danse divine où tous les coups étaient permis et où il ne fallait avoir aucun scrupule. Iris devait agir vite, Henrietta Bellegarde, distraite, partait toute en manières vers Mambo Marie pour savoir si elle avait vu « son Borgir ». La Méduse se retrouvait seule avec Hatsumomo qui, comme tout à l’heure, ne pipait mot mais laissa échapper un soupir plein de lassitude.

    Que faire… ? Que faire ?

    Iris balaya la salle du regard, il fallait qu’elle force tout le monde à sortir. Malheureusement, son idée de déclencher un petit incendie tombait à l’eau à cause d’Hatsumomo. Si elle devait agencer une diversion de grande envergure, elle était contrainte de se coltiner un véritable cerbère. Trop de monde circulait autour du buffet, et elle n’avait rien d’utile pour créer une diversion dans ce coin de la salle. La fontaine de chocolat au milieu de la pièce ? Non plus, que pouvait-elle bien faire avec une fontaine de coulis sucré ? Elle ne possédait aucune magie ni possibilité pour détraquer ce genre d’appareil. Ses yeux se posèrent sur l’aquarium colossal disposé tout au fond de la pièce. Des bancs de poissons tropicaux déployaient leurs longues nageoires alors qu’ils glissaient entre les coraux, voiles merveilleux leur conférant un aspect chimérique. Entre les coraux, plusieurs anguilles arc-en-ciel et des murènes rubans serpentaient sur le sable, accompagnant les guppies et néons dans leur valse aquatique. Le plus impressionnant demeurait, sans aucun doute, les carpes géantes qui glissaient nonchalamment en dessinant des cercles dans l’eau. Tout était magnifique dans cet aquarium. Et si… et si…

    - Hatsumomo, je m’excuse de te faire faux bon, mais je pense que je vais aller admirer un peu cet aquarium.

    - Comme il te plaira, je viens également.

    - À ton aise, allons-y.

    Iris était satisfaite, elle voulait qu’Hatsumomo l’accompagne, être vue avec elle. La diversion n’en serait que plus crédible. Arrivant face à l’aquarium, elles restèrent plusieurs minutes à admirer les arabesques des poissons derrière la vitre de verre. Iris tourna alors le dos à l’aquarium, s’appuyant contre la paroi transparente et mis les mains derrière son dos, son sac bien entre ses doigts. Adressant un beau sourire à Hatsumomo, elle plongea son regard directement dans le sien. Si la flambeuse savait maîtriser un art, c’était celui de la séduction, et Hatsumomo n’était pas insensible au charme féminin. Toutefois, la luxueuse dame de compagnie n’était pas d’humeur à courtiser et lui adressait un regard aussi froid qu’un blizzard.

    - On peut arrêter de faire semblant, Hatsumomo. Mme de Couasnon n’est plus là pour hurler dans nos tympans. Comment vont les affaires ?

    - Aussi mal que tes finances, je suppose. L’Etoile du Sud attire moins de monde qu’auparavant. Mais moi, au moins, je ne perds pas mon argent stupidement en pariant au casino.

    - Je pourrais le perdre stupidement en venant te voir, est-ce que tu préfèrerais ça Hatsumomo ?

    L’intéressée pouffa, laissant apparaître ses dents blanches comme de la neige. Dans la nuque d’Iris, une mèche de cheveux descendait tout doucement. Passant sous son étole de fourrure, la mèche se mouvait comme les murènes au fond de l’aquarium. Arrivant au sac, Iris l’ouvrit en écartant ses doigts et laissa le long bras de cheveux s’engouffrer à l’intérieur pour en ressortir l’une des aiguilles d’acier qu’elle avait emportées avec elle. Face à elle, Hatsumomo reprenait sa complainte :

    - Tu ne pourrais même pas t’offrir mes services, pas sans demander un peu d’argent de poche à papa et maman.

    - Et le soir venu, aucune de nous ne serait heureuse. Toi encore plus de ne pas avoir pu me revoir

    La mèche remontait, agrippant l’aiguille fermement. Plaquée contre la vitre, Iris faisait de grands efforts de contorsion pour qu’Hatsumomo ne remarque rien. Remontée devant le verre, Iris se mit à appuyer l’aiguille contre la paroi. De plus en plus fort, elle continuait d’appuyer en minaudant face à son interlocutrice. Elle sentait un mince filet d’eau commencer à couler le long de sa cuisse. Encore un peu, son estoc capillaire se faisait de plus en plus fort, l’eau coulait plus abondamment sur le dos de sa robe. Jugeant cela suffisant, Iris rangea l’aiguille dans son sac et remonta sa mèche le long de son dos pour l’enrouler sur elle-même et la dissimuler derrière son étole. Il ne restait plus qu’à jouer les ingénues…

    - Tu n’en as pas marre des femmes aussi stupides que la Couasnon et

    - Quoi ? Répliqua Hatsumomo, arquant un sourcil, à la fois arrogante et interrogatrice.

    - Je sens quelque chose et… Attention ! Cria Iris suffisamment fort.

    Tout se passa alors très vite. Iris agrippa Hatsumomo tandis que plusieurs nobles se retournaient vers les deux femmes et l’aquarium. Soudain, des morceaux de verre se brisèrent et un puissant jet d’eau se déversa du réservoir, plusieurs poissons partant avec pour se répandre sur le sol. Les éclats de voix se transformèrent en cris et hurlements lorsque les carpes géantes, attirées par la succion, heurtèrent la vitre endommagée pour la détruire davantage et relacher un torrent d’eau dans la salle de réception. La réaction des invités et du personnel ne se fit pas prier. Tous commencèrent à se ruer vers l’extérieur de la salle, hurlant et lâchant leurs boissons tour à tour. Même Hatsumomo suivit le mouvement, délaissant presque immédiatement Iris pour sauver sa peau. La Méduse en profita pour attraper une paire de ciseaux dans son sac et coupa sa longue mèche, laissant les autres invités prendre de l’avance alors qu’elle s’activait, en hauts talons sur un sol inondé et couvert de poissons se tordant à l’air libre.

    Une diversion rondement menée. Il ne restait plus qu’à retrouver Borgir et Opal à l’extérieur…
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
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    Re: Adjugé, vendu !
    Lun 29 Nov 2021 - 22:50 #
    Alors qu'il s'époussetait pour se rendre présentable, Khepra entendit quelqu'un qui se déplaçait à vive allure sur sa droite et fut heureux de découvrir qu'il s'agissait d'Opal. Séparé de son chariot roulant, il avait rendu le tablier et portait désormais un manteau tout aussi épais que celui de l'immortel. Gardant son nez caché sous sa main, Khepra salua son partenaire par une courbette ridicule et les deux hommes n'eurent pas à attendre bien longtemps car vint soudain un fracas assourdissant provenant de la réception.

    Des cris ne tardèrent pas à fuser et Khepra, quelque peu curieux, se risqua à se faufiler jusqu'au bout du couloir pour observer de quel genre de cataclysme Iris s'était rendue responsable. Il fut surpris de découvrir le véritable raz-de-marée qu'avait déclenché l'explosion de l'aquarium. La poiscaille se tortillait partout tandis que les invités trempés s'enfuyaient de l'établissement en hurlant, la plupart craignant de salir leurs tenues de soirées.

    Khepra ne put réprimer un gloussement idiot lorsqu'il aperçut Iris, puis il retourna voir Opal qui était toujours en retrait derrière lui. Le sourire du monstre était toujours dissimulé par sa main et son camarade semblait très intrigué par cet état de fait :

    "Qu'est-ce que tu fais avec ton nez ? Tu t'es cogné ?"

    "T'occupes. En tout cas il est plutôt mouillé ton incendie."

    Sans avoir à le vérifier par lui-même, Opal aperçut du coin de l'oeil l'eau qui gagnait du terrain derrière Khepra et comprit immédiatement à quoi il faisait allusion. Après un hochement de tête où se lisait un peu de fascination pour la créativité d'Iris, le faux serveur s'empressa de passer à la dernière étape du plan :

    "Il y a une autre sortie par derrière. Ce serait louche qu'on repasse par l'entrée principale."

    "T'as raison, je te suis."

    Opal ne perdit pas un instant de plus et le mort-vivant lui emboîta le pas aussitôt. Malgré son incompréhension total de l'univers dans lequel il venait de s'infiltrer par miracle, il ne s'était pas si mal débrouillé, si on omettait bien sûr l'aplatissement total de son groin ainsi que les gouttes de sang pourries qui maculaient la chemise gracieusement prêtée par Iris. Elle retirerait ça de son salaire, probablement...

    Les deux hommes parcoururent les couloirs à toute allure et Khepra manqua même de faire choir la fameuse tétine qui débordait de sa sacoche pleine à craquer. Il se rattrapa fort heureusement et offrit un sourire embarrassé à Opal qui lui faisait les gros yeux. Détraqué qu'il était, le zombie ne parvenait pas à prendre toute cette affaire avec autant de sérieux que son compagnon et profitait joyeusement de ce qu'il considérait comme une sympathique fin de soirée en marmonnant les paroles d'une chansonnette vieille d'un siècle.

    Il gambada ainsi sur les traces du chapardeur professionnel et ils atteignirent ensemble la fameuse issue de secours qui les mena jusqu'à l'arrière de la cour extérieure. De là, les vociférations et cris indignés des visiteurs se faisaient entendre et ce fut avec une certaine délectation que Khepra imagina à quel point leur déception allait être grande lorsqu'ils apprendraient qu'en plus de cet incident, une immense partie d'entre eux allaient être délestés d'une petite partie de leur fortune.

    Opal fut le premier à apercevoir Iris et siffla furtivement pour attirer l'attention de son acolyte qui, de voleur émérite, semblait être passé à simple touriste. Tout en observant d'un œil malicieux une vieille bourgeoise qui hurlait sur le commissaire priseur, l'immortel pressa le pas, espérant profiter du chaos ambiant pour embarquer en compagnie de ses partenaires sans attirer l'attention de tout le monde.

    Fort heureusement, la nuit était désormais totalement tombée et masquait sa silhouette aux yeux des curieux, lui permettant de rejoindre les deux autres escrocs sans risquer de se faire pincer. Ce fut donc avec pragmatisme qu'il chargea la sacoche dans la calèche avant d'y bondir lui-même. Ils ne pouvaient être vus ensemble et devaient donc faire preuve de hâte pour prendre la fuite.

    "Allez mesdames messieurs, on remballe !"

    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
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    Re: Adjugé, vendu !
    Mar 30 Nov 2021 - 19:11 #
    - Hé bien on a ramené un sacré pactole ! Se réjouissait Opal, sur son sofa, alors qu’il examinait chaque joyaux des bijoux qu’ils avaient subtilisé.

    - Capone s’en sortira au niveau des copies ? Demanda Iris, un verre de martini à la main.

    - Oui, ça sera pas bien dur pour lui. Les bibelots et les bijoux, il fera ça rapidement. C’est les enchantements qui lui prennent plus de temps. Il doit recopier les sortilèges et ensorceler les objets à chaque fois pour que ça donne le change. Là, y a rien, il peut faire ça en fermant les yeux !

    - Parfait, répondit Iris en buvant une gorgée d’alcool. Une affaire rondement menée, aucune complication de votre côté ?

    - Rien d’insurmontable, la routine en somme.

    Basculant en arrière sur son canapé, Opal s’allongea, étalant ses longues jambes pour les poser sur sa table basse. Le chapardeur aux doigts de velours avait conservé la tétine ouvragée dans sa main et l’examinait attentivement, la rapprochant de ses yeux entre son pouce et index. La lumière de la fenêtre créait de jolis rayons irisés en passant sur les diamants de l’objet. Aucun bébé ne devait avoir jamais tété sur un bijou de cet acabit, et Iris se demandait encore ce que Le Doré comptait faire d’une telle tétine. Connaissant le bougre, cet abject antiquaire aurait été capable d’ensorceler le petit objet doré, d’une façon ou d’une autre, pour l’offrir ensuite au bambin de nobles rivaux. Faisant les cent pas dans le salon mal rangé, la Méduse repensait à leur coup et ce qui allait suivre. Ils n’avaient pas été vus, et Hatsumomo n’avait rien remarqué lorsqu’elle avait brisé l’aquarium. Mais elle était surtout inquiète au sujet d’Hendfreiz. Henrietta Bellegarde avait beau être vieille, elle chercherait son cavalier du jour, au moins pendant la prochaine semaine. Fort heureusement, on ne les avait pas vraiment vu ensemble, ni fait le rapprochement entre les deux personnes.

    - Tu peux prendre ta part du butin, dit calmement Iris à destination de Borgir, plus loin dans la pièce. Opal, emballe donc sa part.

    - À tes ordres, princesse !

    Opal se redressa, reposant la tétine sur la table. Il détacha le nœud qui retenait ses cheveux, les laissant tomber en une belle cascade de cheveux blancs comme des perles. Le voleur attrapa une pochette de cuir bouilli, vide, qu’il ouvrit pour entreprendre d’y verser les cristaux qu’avait mérité le malfrat au teint maladif. La flambeuse but à nouveau une gorgée de martini gin, une olive verte flottant au sommet du cocktail. Elle avait pris le temps de se changer pour retirer sa tenue d’apparat trempée, arborant à présent une longue robe noire en satin doublée d’un long voile en gaze de soie autour de la taille, tombant jusqu’à ses pieds. Posant son verre sur la table, à côté des richesses, Iris s’alluma une cigarette pour en tirer une bouffée avant de souffler plusieurs volutes de fumée blanche.

    - Tu peux prendre ce que tu as gagné, et partir, dit-elle à Hendfreiz en le fixant de ses prunelles inquisitrices. Fais pas trop le coq avec ton apparence tant que tu ne quittes pas la Cité Aquatique. La Bellegarde te retrouvera bien vite sinon.

    Iris se fichait éperdument de la lubie d’Henrietta ou de si Borgir retombait dans ses griffes. S’il était porté sur les vieilles dames, grand bien lui fasse. De toute façon, il n’y avait bien qu’une femme en bout de course pour en pincer pour un homme qui ressemblait à un mort. Tout ce qui comptait pour Iris, c’était qu’ils avaient réussi leur coup. Edith serait contente, Le Doré, en furie, et elle avait rendu son petit hommage à Jäad. Opal avait terminé d’emballer les cristaux dans la bourse, il l’a posé ensuite devant Hendfreiz, toujours attifé du manteau de fourrure qu’il avait pris pour son déguisement. Il avait l’air de l’apprécier, et pas spécialement décidé de s’en défaire. Qui que fut cet homme, il ne lui avait jamais donné son nom, et disparaîtrait dans la nature. Là encore, Iris n’en avait cure. Ce type avait seulement intérêt à ne plus reprendre l’apparence d’une de ses connaissances. Autrement, la Méduse lui réclamerait une contrepartie bien plus épineuse que celle qu’elle lui avait imposé.

    - La Vieille sera mise au courant de ton existence, même si on ne te connaît pas. Peut-être qu’elle te connaît déjà, ou peut-être pas. Peu importe, tu as accompli correctement ton travail. Peut-être qu’elle voudra te donner des nouvelles, un jour, ou jamais.

    Elle souffla à nouveau un peu de fumée du bout de ses lèvres.

    - Si tu en as fini, Borgir, tu peux partir.
    Khepra TikhLe Non-Mort
    Khepra Tikh
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    Re: Adjugé, vendu !
    Mer 1 Déc 2021 - 13:09 #
    L'éternel était plutôt satisfait. Lui qui pensait ne rien tirer de cette affaire piégeuse était finalement récompensé grassement sans pour autant avoir eu à annuler son contrat d'assassinat initial. Sans compter la rémunération obtenue via ce petit écart sur ses planifications, il y avait surtout fait des rencontres potentiellement prolifiques sur le long terme, chose bien plus attrayante en vue de ses attributions nouvellement improvisées "d'entrepreneur."

    Se tenant adossé à un mur, non loin de l'équipage avec lequel il venait de mener cette petite excursion criminelle, Khepra regardait dans le vide, l'air pensif et surtout détaché de son environnement. Jouant avec son nez blessé, il écoutait d'une oreille peu attentive les échanges entre Iris et Opal. A l'évocation de sa part du butin, il accorda néanmoins un regard en coin à la jeune arnaqueuse dont il pensait enfin avoir dressé un profil plus ou moins complet. Habile, maligne, prête à se salir les mains et bien entourée, elle avait tout pour plaire.

    Il s'approcha d'un pas et tendit une main pour réceptionner la pochette de cuir qu'Opal s'apprêtait à lui lancer, sans détourner ses yeux d'Iris cependant. Le jeune voleur lui jeta son dû et Khepra se contenta de le réceptionner sans effort avant de le soupeser doucement. Iris l'invita ensuite à quitter les lieux mais le mort-vivant n'en avait pas tout à fait terminé et désirait conclure cet échange autrement que par des adieux. Sa main libre se referma brusquement sur son nez brisé qu'il vint arracher lentement dans un craquement furtif d'ossements, dévoilant alors un faciès bien plus affreux que celui qu'il avait exhibé jusqu'à présent. La peau, désormais semblable à du papier usé, se fractura également sans opposer la moindre résistance, rendant la scène ô combien plus dérangeante.

    Une certaine tension s'installa dans la pièce et ce fut avec un sourire inquiétant que le monstre vint ranger les restes de son nez brisé dans son habit, avant de s'approcher lentement du duo de voleurs qui avaient été ses compères d'un soir. S'ils ne savaient rien de lui malgré leur collaboration, ils allaient tous deux découvrir un fragment de sa macabre réalité. Amateur de spectacle, le monstre qu'il était savait jouer de sa condition pour impressionner et tâcha sciemment d'en faire trop pour altérer l'atmosphère de l'entrevue à son avantage, aussi il décida de faire à nouveau usage de sa relique pour faire volontairement empirer l'état de son corps.

    Ses yeux s'illuminèrent vivement et la brume bleutée caractéristique de sa magie sinistre s'éleva doucement de son cadavre. De même, des volutes de fumée s'échappaient désormais de l'orifice qu'il venait de créer en retirant son propre nez, ce qui n'arrangeait rien au tableau atroce qu'il était en train de dresser. Un rictus narquois aux lèvres, il vint prendre place sans y être invité sur un fauteuil face à Iris et croisa les doigts avant de prendre la parole, ne faisant cette fois-ci aucun effort pour maquiller son timbre de voix inhumain.

    "Ecoutez, je dois dire que vous m'avez bien bluffé ce soir. Initialement, je comptais faire ma part du marché et vous laisser tranquilles, mais je crois que je viens de faire la rencontre de deux jolies p'tites perles. Je trouverais dommage de m'en séparer aussi rapidement."

    Les doigts croisés et les jambes écartées, Khepra se faisait aussi intimidant que possible, ce jusque dans son attitude. Il savait bien que les deux roublards étaient probablement trop malins pour ne pas se douter qu'il jouait les épouvantails, néanmoins ses petits tours de passe-passe effrayants faisaient toujours leur petit effet, qu'on ait connaissance de leur nature ou non.

    "Vous travaillez bien et vous savez prendre des initiatives, j'apprécie vos méthodes et salue vos résultats. Pour tout vous dire, la Vieille ne me connaît probablement pas et je peux vous assurer qu'elle n'a pas les moyens de me retrouver, les seules personnes à même de me localiser sont celles que j'ai sélectionné. Cependant, je n'ai aucune envie de perdre le contact avec vous."

    Recherché dans tout le Nord d'Aryon depuis près d'un an, le monstre était toujours parvenu à passer entre les mailles des filets tendus. La nature même de son pouvoir le rendait déjà intraçable et sa sournoiserie naturelle ne faisait qu'accroître ses talents en la matière. Quand on était qualifié de "légende urbaine" par le peu de gaillards au fait de notre existence, on était généralement plutôt doués pour se faire oublier, après tout. Il décida donc de s'introduire, chose qu'il ne faisait qu'en de rares occasions :

    "Je me présente, car vous le méritez bien. Je suis celui qu'on appelle le Non-Mort. Ce nom ne vous est probablement pas familier et je ne vous blâme pas pour ça, c'est le cas d'à peu près tout le monde. Ce qui m'amène à m'introduire de la sorte, c'est parce que je pourrai avoir besoin de jeunes talents tels que vous à l'avenir."

    Après un bref silence durant lequel il fit aller ses yeux luminescents d'Opal à Iris, il s'humecta les lèvres et reprit, toujours aussi jovialement :

    "Voyez-vous, je suis à la tête d'une petite... association, dirons-nous. Mes hommes et moi-même sommes versés dans bien des arts, néanmoins la plupart n'ont pas vos talents en matière de filouterie, si vous voyez ce que je veux dire. Et justement, c'est de filous expérimentés dont je manque parfois."

    Il gloussa doucement, puis conclut :

    "Rassurez-vous, pas de pacte de sang ni de tatouage en prévision. Mais si d'aventure vous souhaitiez étendre vos horizons sur le plan professionnel, sachez que j'ai quelques besoins sous le coude. Bien entendu, la paye vaudra le détour et une collaboration avec mes services comporte bien d'autres avantages, outre la rémunération."

    Enfin, il leva la pochette de cuir dans laquelle était stockée sa récompense du jour et la posa délicatement sur la table basse, signifiant par ce coup d'éclat qu'il n'avait que faire d'une somme aussi maigrelette. C'était absolument faux car le butin était plus que convenable, néanmoins il fallait capter l'attention des deux voyous en costard par tous les moyens pour conserver leur curiosité.

    "Ou vous pouvez aussi oublier cet échange et les offres qu'il implique, à vous de voir."
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    Re: Adjugé, vendu !
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