Tout le monde dans sa vie devrait avoir un Maraas. A dire vrai, tout le monde VEUT un Maraas dans sa vie car que serait cette dernière sans le côté chaotique et bordélique de sa charmante personnalité ? Maraas c’est le petit gars du coin que tout le monde apprécie fort bien, et ce, pour plusieurs raisons. Il vous aidera à porter vos sacs de pommes de terres, vous les déposera tranquillement dans votre cuisine et aura par la même occasion probablement cassé un vase ou peut-être même deux sur le trajet le séparant de la porte d’entrée à votre table à manger. Maraas est maladroit, du style «Je l’ai pas fait exprès» maladroit. Naturellement bon et chargé de bonnes intentions, tout ce qu’il fait devient une catastrophe comme si cette simple capacité devenait en quelque sorte son pouvoir secret. Parce que Maraas est comme ça, il veut bien faire, mais parfois il veut TROP bien faire et il s’embarque dans un pétrin plus gros qu’il ne saurait lui-même le gérer et si, par la même occasion, il pouvait embarquer tous ceux l’entourant, il le ferait avec grand plaisir car le jeune homme a un proverbe bien à lui : «Plus on est de fous, plus on rit». Ah ça pour rire...Il en rit. Parce que pour lui tout est source d’amusement comme s’il n’était qu’un grand enfant. Un enfant qui rêve et qui a, par moment, la tête dans les nuages, se voyant combattre montres et démons et s’en sortant avec toute la gloire du Royaume. Maraas rêve d’aventure, mais plus encore, il rêve d’aventure épique le menant tout droit jusqu’aux portes l’inscrivant dans la légende. C’est un peu le but de sa vie, de réussir à se frayer un chemin jusqu’au sommet de la gloire, mais hélas Maraas n’est que le héros de la casse. Peu peuvent prétendre ne pas savoir qui il est car existe-t-il encore seulement une personne n’ayant pas fait les frais de sa rencontre avec ce tourbillon ? Probablement pas. Néanmoins, il aime être en première ligne et il aime savoir qu’il rend service. Même si on ne lui avait rien demandé, mais que nul n’ait eu le temps de lui dire car le voilà déjà partit tête baissée. C’est un bon gars au fond, pas méchant pour un sou, mais peut-être un chouilla idiot. Un idiot heureux. Une heureuse catastrophe ambulante.

Un peu comme ses cheveux d’ailleurs. Non mais avez-vous vu déjà vu pareille dégaine ? Un épi ici et là, une touffe brune flottant au gré du vent et des yeux plus pétillant que les lumières de la Capitale. Au premier regard, Maraas ne paye pas de mine et personne ne se douterait que le jeune homme soit en réalité un garde, mais c’est ce petit côté mi négligé, mi ordonné qui fait tout son charme. De toute façon à quoi bon boutonner toute la chemise ? La dernière fois qu’il a fait et qu’il s’est mit au garde à vous, un bouton à malencontreusement sauté et s’en est allé heurter l’oeil de son supérieur. Oups. Peut-être était-ce dû à cet excellent gratin de légumes mangé la veille au réfectoire du dortoir ? Ou peut-être avait-il tout simplement omis de donner la bonne taille lorsqu’il est entré dans le régiment ? Qui sait ? Depuis le temps, Maraas a oublié. Il y a certainement plus important que de se souvenir de certains détails, surtout de ce genre là. Par contre, prendre la tyrolienne en criant tout le long du village perché, ça, Maraas ne l’oublie pas. Pourquoi les autres s’entêtent-ils à prendre les escaliers ? C’est tellement plus drôle de descendre ainsi et d’effrayer tout le monde...Bien que la dernière fois qu’il ait prit la tyrolienne la corde de cette dernière se soit défaite et il a finit encastré dans un mur. Une belle façon de marquer la terre de son empreinte ! Un souvenir dont le propriétaire se serait bien passé au passage.

Et sinon, tout le monde veut un Maraas dans sa vie car sans ce dernier, la vie n’est que calme et tranquillité. N’y a-t-il rien de plus ennuyeux que cela ?

Est-ce un papillon ? Un oiseau ? Une créature magique? Un...

- Maraas !

Seulement un énième cri. Une nouvelle fois Maraas a fait parlé de lui. A croire qu’il le faisait exprès et qu’il était né ainsi, un peu simplet. Depuis qu’il a l’âge de s’en souvenir, Maraas se voyait parcourir le Royaume, fouler chaque parcelle de terre, se perdant à travers les bois et les forêts, escaladant chaque mont se dressant sur son chemin et affrontant chaque monstre qu’il trouverait alors. Parce que dans sa tête,Maraas vit toute une aventure comme si cette dernière avait toujours été là, l’habitant. L’appelant constamment. Alors parfois, quand personne ne semble faire attention à lui, Maraas rêvasse. Il s’éprend tout doucement pour cette amie de longue date qui n’avait jamais quitté ses côtés. Mais si le jeune homme pensait que le monde ne se souciait pas de lui, la réalité finit toujours par le  rattraper.

- Combien de fois t’ai-je dis de faire attention quand tu venais m’aider ? s’énerva la voix en le dévisageant du regard
- Probablement une fois de trop ? répondit-il en essayant de se faire tout petit
- Et malgré le fait que je te martèle la tête avec ça, ça ne rentre toujours pas dans ta petite tête ? Mon pauvre garçon... Je me demande bien comment tu feras à l’Académie si tu n’y mets pas du tiens.
- Ah, mais j’y ai mis tout mon cœur !
- Il est bien là le problème Maraas. Ton cœur ne suffit pas, use de ton cerveau de temps en temps !

Mais était-ce de sa faute ? Etait-ce de sa faute si toutes ses bonnes intentions finissaient en catastrophe ? Certaines personnes du quartier le pensaient maudit, comme si le mauvais sort lui-même s’était chargé de son cas. Cependant, malgré les remarques désobligeantes, les reproches, les sermons, Maraas ne se décourageait pas. Il savait que tôt ou tard, il finirait par quitter cet endroit. Tôt ou tard, il rentrerait dans la légende. Tôt ou tard...

- Maraas Ozazim !
- Présent !

Tout ce qu’il entendit fut un ricanement provenant du reste de la classe tandis qu’il se redressa vivement sur sa chaise, faisant face au regard désapprobateur. Ce n’était pas le premier de sa vie qu’il croisait et cela ne serait certainement pas le dernier.

- Où est ta rédaction Maraas ? Toute la  classe a rendu son devoir sauf toi...
- Ah. Oui...A ce propos.

L’Académie ne lui avait guère facilité la vie non plus. Des devoirs s’envolant par la fenêtre ou prenant mystérieusement feu à cause d’une bougie renversée. Toutes les excuses qui n’en étaient pas vraiment par ailleurs, finirent par épuiser les divers instructeurs du jeune homme. La majorité pensait qu’il n’avait pas sa place ici, et ce, malgré toute la bonne volonté qu’il y mettait. Maraas était dans le peloton de fin de la  classe et les notes n’étaient pas vraiment ses meilleures alliées dans la bataille.

- Allez-vous encore me sortir une excuse bidon sur votre devoir ? Sachez que ma patience a des limites !
- Je vous jure Monsieur, qu’en allant me coucher, je l’avais posé juste là, sur mon bureau et ce matin en me réveillant... Pouf ! Plus de rédaction.
- Et voudriez-vous que j’expulse votre derrière de cette classe de la même façon que votre devoir s’est mystérieusement expulsé de votre bureau ?
- Non, mais je vous jure ! Il était là et...

Et au petit matin il n’était plus là. En revanche ce qui fut au rendez-vous fut les nombreuses, probablement trop nombreuses punitions n’attendant que lui. Il les enchaînait  si rapidement qu’il fut devenu impossible pour l’Académie d’ignorer l’existence d’un être aussi étrangement malchanceux ou maladroit que lui : Une fenêtre qui se brise ? Maraas se tenant à proximité avec un manche à balai. Un devoir qui disparaît ? Maraas qui a, encore, oublié de fermer la fenêtre de sa chambre. Un départ d’incendie dans le dortoir ? La bougie qu’il n’éteint pas avant de s’endormir. Ce garçon était véritablement une source de stress et de migraines pour bon nombre de personnes.

Néanmoins et contre toute attente,Maaras Ozazim finit son cursus à l’Académie et fut, bien malgré lui et ses espoirs, enrôlé dans la Garde, expédié parmi les bras cassés du Village perché. Les gradés diront qu’ils se sont refilés la patate chaude, d’autres se justifieront en pensant que l’éloigné ne ferait pas de mal au corps et pourrait ainsi éviter qu’une énième catastrophe survienne, mais ce n’est pas en l’expédiant chez les Belluaires du Village perché qu’on se débarrassera de lui. Maraas était un peu simplet par moment, mais ce n’était guère un idiot du village comme tout le monde s’amusait à le croire. Si on lui donnait sa chance, il pouvait accomplir de grandes choses et il le fera. Il en était persuadé.


A présent, il ne lui restait plus qu’à convaincre...Tous ceux et celles devant le supporter.