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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
    Informations
    Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Dim 28 Nov 2021 - 16:58 #
    « Entrée n°9  - Lunar Le Fay, depuis l’Arbre sacré, 16h30, dossier Quartz Fantôme

    La situation à l’Arbre sacré a bien dérivé de ce à quoi je m’attendais. Le voyage, bien que moins désastreux que celui m’ayant conduit à la Forteresse il y a quelques semaines, fut si fâcheux. Au point que j’en viens à me demander si la véritable préoccupation sur laquelle l’Académie devrait se tourner ne serait pas le réseau de transports du royaume. En partant de la Capitale, j’ai été forcé d’emprunter trois caravanes différentes, dont une occupée par des pèlerins de Lucy chantant cantiques et litanies sur plusieurs kilomètres. La concentration a été on ne pouvait plus insupportables. La qualité de la nourriture qui m’a été donnée était, par ailleurs, assez discutable. La fadeur de la viande et des légumes bouillis n’avaient d’égal que la conversation des autres passagers. La plupart des touristes épris d’un soudain besoin de nature ils
    … »

    - Mais vous avez pas bientôt fini ?! Vous avez oublié le mort à vos pieds ou quoi ?

    La plume verte acide s’arrêta aussitôt de scribouiller sur le porte-documents que Lunar tenait fermement dans sa main gauche. Tournant la tête, le scientifique dû baisser les yeux pour poser son regard perçant sur un petit homme trapu, habillé d’une salopette de feutre à carreaux et un petit chapeau posé sur son crâne d’œuf. Derrière une paire de lunettes à double foyer, le type écarquillait des yeux manifestement courroucés. La foule s’agglutinait autour d’eux alors qu’à leurs pieds gisait un cadavre dans une mare de sang frais. Le macchabé allongé par terre était celui d’un fringant gentilhomme en tenue d’écuyer. Les cheveux coupés courts, il portait certaines parties d’armures, notamment aux épaules, coudes et genoux. La peau aussi pâle qu’un linge, il arborait sur son visage une expression de terreur, figée comme la figure d’une statue. Son torse avait été criblé de gros morceaux de miroir, bien enfoncés dans peau sanguinolente. Son col de chemise ouvert, on pouvait discerner un pendentif en forme de brin de muguet, un bijoux étrangement féminin.

    Lunar soupira, son interlocuteur n’en démordait pas, continuant de serrer ses lèvres au point qu’on ne les distinguait même plus. L’académicien attrapa le pommeau de sa canne de métal qu’il tenait dans sa main droite avant d’en pointer le bout droit vers le coup du petit homme qui failli s’étouffer avec sa propre salive, faisant tomber son chapeau en arrière en sursautant. Autour d’eux, la foule retint son souffle.

    - Je peux concevoir le fait que votre cervelle soit si petite que celle d’un pic-vert au milieu de la sphère atrophiée qui vous sert de crâne, mais ne m’interrompez pas. Je suis un membre de l’Académie des Sciences, évitez de faire obstacle à mes protocoles. Et si vous voulez vous rendre utile, allez chercher un garde, immédiatement !

    Lunar fit rebasculer sa canne au sol, frappant une touffe d’herbe grasse au passage. Le type rabougri dodelina et couru vers l’hôtel d’où tout le monde était sorti pour voir si un garde était présent sur place. S’éclaircissant la gorge, le jeune homme reprit :

    « … En arrivant à l’Arbre sacré, j’ai décidé de faire halte au sein d’un petit hôtel forestier non loin du site. J’ai simplement eu le temps de poser mes valises dans la chambre que l’on m’a confiée que j’ai immédiatement été alerté par plusieurs cris venant de l’extérieur. C’est, en sortant du bâtiment, que j’ai découvert le cadavre d’un homme au pied de la façade. Il semblerait qu’il soit tombé du haut de sa fenêtre. Je dois cependant l'ausculter davantage pour déterminer si ce malchanceux est mort à cause de sa chute ou… pire. »

    Lunar ne voulait pas prononcer le mot « meurtre » devant autant de témoins afin de ne pas affoler la foule de curieux. Mais il était particulièrement inquiet de la présence de ces gros bouts de miroirs poignardés dans son torse, de même que l’expression d’effroi sur le visage de l’écuyer. Il était peut-être tombé, mais ces deux éléments tendaient à un acte délibéré. Quelqu’un, ou quelque chose, avait enfoncé ces échardes et l’avait terrorisé puis poussé dans le vide. La thèse de l’accident était, pour l’instant, bien trop improbable. Si ce pauvre garçon avait été assassiné, alors il y avait bien plus préoccupant que l’état de l’Arbre sacré sur ce site touristique. Un monstre était dans les parages et pouvait très bien se dissimuler à la vue de tous…

    Un des clercs de l’hôtel émergea alors du groupe, complètement paniqué et manquant de défaillir en voyant le cadavre aux pieds de Lunar. Le jeune homme se tourna vers lui, le foudroyant de son regard d’aigle :

    - Lunar Le Fay, académicien de la grande Académie des Sciences, je vais prendre en charge l’investigation concernant cet… incident. Emportez le cadavre dans une salle vide pour que je puisse l’examiner, ne touchez à rien dans la chambre du mort, je veux m’y rendre sans tarder, prévenez votre directeur de la situation et envoyez immédiatement un message via cristal de communication à l’Académie pour les avertir. Et, surtout, TROUVEZ MOI UN GARDE !
    Alvar de BrumeriveLe Traquesang
    Alvar de Brumerive
    Informations
    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Mar 30 Nov 2021 - 12:35 #
    Si le splendide paysage que l'on pouvait observer chaque jour depuis le Village Perché était une véritable bénédiction pour ceux qui y séjournaient, il était tout de même fort plaisant d'en descendre parfois et d'explorer soi-même l'immensité extraordinaire de la Grande Forêt, véritable joyau du royaume. Alvar n'était, en temps normal, affecté qu'à la sécurisation et au renforcement des frontières du Village, néanmoins cette journée particulière lui autorisait une sortie bien relaxante.

    Accompagné d'une équipe de trois éclaireurs, le Tortugram intégralement vêtu de son armure de fonction sillonnait les chemins boueux et interminables en compagnie de la patrouille de reconnaissance dont il n'était que l'invité. Ayant rarement l'occasion d'échanger avec les patrouilleurs de l'extérieur, l'officier supérieur se plaisait bien dans cette situation rare mais ô combien apaisante. Un vent froid soufflait depuis le départ de leur excursion mais le temps radieux rendait l'évolution du petit groupe supportable et leur permettait de discuter de banalités tandis qu'ils gardaient l'œil ouvert à la recherche de potentielles sources d'intérêt.

    Malgré une ambiance conviviale et sympathique, Alvar n'en demeurait pas moins alerte et sur ses gardes. Depuis la série de crime qui avait frappé le Village Perché l'année passée, il n'était après tout jamais parvenu à tourner la page et savait son métier aussi dangereux qu'il était enrichissant. C'était donc l'oreille tendue et l'esprit aux aguets qu'il parcourait le territoire sous sa juridiction, sans se priver pour autant d'apprécier la beauté et le calme qui régnaient en ces terres.

    Son attention fut subitement accaparée par un cri qui n'était autre qu'un appel au secours. Les quatre Belluaires se retournèrent comme un seul homme et firent face au pauvre gaillard terrifié qui s'approchait d'eux à grande vitesse. Alvar, toujours en arrière, porta aussitôt une main à son fourreau par précaution. En patrouille, il ne négligeait pour ainsi dire jamais sa sécurité ni celle du groupe auquel il appartenait.

    "Gardes ! Gardes ! C'est terrible ! Un homme est mort !"

    En entendant cela, Alvar ne put contenir son angoisse et contourna ses camarades pour faire face à celui qui leur rapportait la triste nouvelle. Du fait de ses inquiétudes vivement soulevées, il se montra malheureusement plus intimidant qu'il ne l'aurait souhaité et ce fut avec une pointe d'agressivité involontaire qu'il vint surplomber le garçon en prenant la parole d'un ton ferme :

    "Que s'est-il passé et où doit-on se rendre ?"

    Quelque peu impressionné par la stature colossale de son interlocuteur, le jeune homme recula d'un pas face au guerrier masqué et pointa timidement une direction tout en bredouillant :

    "Par là-bas, m'sieur. Je suis désolé, je sais pas ce qui lui est arrivé, on m'a juste dit d'aller chercher des Gardes..."

    Comprenant sans mal qu'il s'était montré un peu trop cassant avec le jeune homme apeuré, Alvar vint poser une main sur l'épaule de ce dernier en gage de remerciement pour son aide et tâcha d'enchaîner en adoptant un timbre et une attitude qui se voulaient plus réconfortants :

    "Merci mon ami. Guidez-nous, on s'occupera du reste."

    Sans demander son reste, le concerné s'exécuta et tourna les talons, suivi de près par la petite troupe de Belluaires qui anticipaient avec un effroi contenu le drame dont ils s'apprêtaient à être témoins. Ce genre d'évènements s'était fort heureusement fait bien rare depuis l'année passée, mais chaque retour à la dure réalité faisait toujours du mal au moral des troupes. C'était bien normal, après tout, car ceux et celles qui se dévouaient à la protection d'autrui étaient toujours en première ligne pour faire face à ces drames.

    Alvar fut le premier arrivé sur les lieux, découvrant la scène avec un dégout certain. Le pauvre homme maculé de son propre sang gisait au beau milieu de morceaux de verre broyé et de bois fracturé. La grimace effroyable dans laquelle son visage était figé donnait un indice sans nuance quant à la nature de l'incident : la victime était parfaitement consciente qu'elle allait rendre son dernier souffle, mais avait-elle succombé suite à sa chute, ou avant cela ? Les collègues d'Alvar se dispersaient déjà autour du bâtiment, cherchant des indices chacun de leur côté. Il décida de commencer par le cadavre, l'objet de cette nouvelle enquête.

    Un personnage atypique attira enfin l'attention du militaire. Là où la grande majorité des curieux n'accordaient qu'un coup d'œil prolongé par curiosité morbide avant de décamper, un homme se tenait près du corps et beuglait avec véhémence sur un autre individu, probablement membre du personnel de l'établissement en vue de son accoutrement. Alvar pensa d'abord à un proche de la victime mais il lui suffit de tendre l'oreille et de s'approcher un peu de l'étranger pour comprendre qu'il n'en était rien.

    "...envoyez immédiatement un message via cristal de communication à l’Académie pour les avertir. Et, surtout, TROUVEZ MOI UN GARDE !"

    Un Académicien ? Si Alvar connaissait bien évidemment ce nom, il n'avait jusqu'à aujourd'hui jamais eu à collaborer directement avec ces hommes de science. La présence de cet individu n'avait d'ailleurs rien de rassurant, car il était rarissime de les croiser en des terres si reculées. S'agissait-il d'un accident ou de quelque chose de bien plus grand ? Ce fut donc cœur serré que le colosse en armure s'approcha respectueusement de l'étranger, n'osant pas l'interrompre dans ses notes.

    Le clerc partit en courant, laissant le soldat seul à seul avec l'étrange scribouillard dont la plume magique grattait toujours du papier sous la dictée que marmonnait son propriétaire. Après un bref instant de silence, Alvar se décida enfin à attirer l'attention de l'inconnu en se raclant la gorge. Le soldat masqué entama ensuite son introduction courtoisement, mais sans faire dans la fioriture. Après tout, un contexte si terrible ne se prêtait pas à trop à la causette.

    "Bien le bonjour. Officier Alvar de Brumerive, des Belluaires. Quelle est la situation ?"
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
    Informations
    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Mer 1 Déc 2021 - 0:19 #
    - Un point sur la situation. Hm…

    Lunar fixait le garde qui l’avait approché avec un regard de rapace. Inquisiteur, il arquait un sourcil et plissait les yeux, scrutant le casque du militaire comme s’il cherchait à le percer en le dévisageant. Décontractant ses yeux, l’académicien restait là pendant plusieurs secondes, silencieux face au garde, comme un chat figé en train d’observer sa proie, prêt à fondre sur elle toutes griffes dehors. La foule, intimidée par la présence du soldat, leur curiosité également satisfaite, commença à se disperser. Certains badauds rentraient dans l’hôtel, pressés de cancaner bruyamment dans le réfectoire au sujet du cadavre retrouvé dehors. D’autres partaient vers les rangées de charrettes et caravanes garées plus loin pour continuer leur périple, soit vers l’Arbre sacré, soit pour rentrer vers la Capitale ou le Village Perché. En tous cas, le décès de l’infortuné écuyer était de toutes les conversations. Et il ne faisait nul doute que le reste de l’enquête qui se profilait allait faire la une des prochains journaux…

    Lunar s’éclaircit la gorge pour se remettre à dicter, sa plume s’animant immédiatement dès qu’il commença à énoncer :

    « Un représentant de la Garde s’est enfin présenté et est venu à ma rencontre. L’individu, relativement grand, possède une carrure bien trop imposante pour être le fruit d’un simple entraînement martial et d’un quotidien militaire. Pour l’instant dissimulé sous son casque, le dénommé Alvar de Brumerive possède une carrure de gorille, un souffle de buffle et une voix de stentor. La probabilité pour que cet homme soit un hybride ou possède des attributs surhumains est relativement importante.

    L’homme en question a fait preuve de diligence et engagé un échange avec moi avec politesse. Je gage donc que ce militaire, aussi surprenant que cela puisse paraître, est doté d’un intellect convenable et de manières plus civilisées que la moyenne du tout venant. Le régiment des Belluaires ne m’est, par ailleurs, pas inconnu. Bien que certaines unités de cette branche de la Garde soient pourvues d’une maladresse plus destructrice encore qu’un cyclone, j’ose espérer que celui-ci, compte tenu de ses égards, saura donner ses lettres de noblesse à son bastion militaire. Quoi qu’il en soit, je ferai un rapport détaillé de l’évolution de ma collaboration avec ce Brumerive
    . »

    Lunar cessant de dicter, sa plume verte s’arrêta aussitôt, suspendue dans les airs en lévitation. Le jeune homme n’avait toujours pas lâché son air hautain et scrutateur. Fronçant les sourcils, il se décida enfin à adresser directement la parole à son interlocuteur :

    - Lunar Le Fay, académicien de l’Académie des Sciences. J’ai été mandaté par l’Académie en personne pour constater de l’état de l’Arbre sacré, m’assurer qu’il soit toujours en santé convenable. Je faisais simplement halte ici et nous avons tous été alertés par un grand fracas. Quand je suis sorti, j’ai vu, en même temps que tout le monde, cet homme tombé du haut de sa fenêtre. VOUS !

    Lunar s’était soudainement mis à crier sur un membre du personnel qui, les bras chargés de bagages, les lâcha aussitôt sur le sol en sursautant. Le scientifique avait pointé sa canne vers lui, comme pour lui signifier de ne plus se mouvoir. Le pauvre garçon de chambre n’avait pas à se faire prier. Entre l’attitude de Lunar, l’imposante silhouette d’Alvar, et le cadavre ensanglanté, il suffoquait déjà tout seul.

    - La chambre, là-haut, demanda-t-il en désignant la fenêtre détruite. Quel est son numéro ?

    - La… la chambre 64, messire. Balbutia-t-il, tout penaud.

    - Très bien. Abandonnez ces immondices là, ordonna l’académicien d’un ton impérieux. Et conduisez-nous jusqu’à la chambre.

    - Mais… messire je…

    - J’ai également demandé à ce que le cadavre soit conduit dans une salle annexe par précaution.

    - Mon sieur, je ne sais pas si…

    Sur ces mots, Lunar se mit enfin à se mouvoir, fonçant droit vers le clerc d’hôtel pour lever à nouveau sa canne à quelques centimètres de son nez. Le pauvre eut un mouvement de recul, comme s’il s’attendait à se faire frapper. Il avait déjà dû se recevoir des coups, que cela soit de clients ou de supérieurs, et semblait avoir l’habitude. Toutefois, Lunar n’en fit rien, il n’était pas de cette trempe.

    - Écoutez-moi bien, cervelle de gloot. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, un homme est mort. Et je dois me presser pour qu’il n’y en ait pas de second. Je conçois que cela soit un concept bien trop complexe pour votre psyché, mais la sécurité générale prime sur vos obligations personnelles. Est-ce que vous avez compris la situation ?

    - Je… Oui ? Répondit le garçon, terrorisé.

    - Clef, chambre. Corps, salle. Main-te-nant.

    Tournant les talons, le clerc détala vers le hall de l’hôtel, suivi par Lunar, désireux d’enfin mettre la main sur la clef de la chambre et d’entamer son investigation. Il ignorait encore tout du soldat, qu’il considérait à présent comme son acolyte du jour. Qui pouvait bien tuer dans un hôtel ? Lunar était cependant très inquiet sur un point : vu le tumulte que la chute du macchabé avait provoqué, un potentiel coupable aurait très bien pu avoir l’occasion de prendre la poudre d’escampette, ni vu ni connu…
    Alvar de BrumeriveLe Traquesang
    Alvar de Brumerive
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Jeu 2 Déc 2021 - 17:55 #
    Qualifier cet étranger d'atypique était finalement un doux euphémisme. L'individu ne lui rendit pas immédiatement ses salutations et décida de répondre à l'interpellation du militaire d'une façon plus que curieuse. Usant de sa plume magique, il se mit à dicter froidement le fil de ses pensées à voix haute, exprimant ses états d'âme ainsi que ses interactions passées avec les Belluaires sans la moindre retenue. Le comportement de ce mystérieux personnage s'avérait en réalité si mystérieux et son regard si insistant qu'Alvar en venait à se sentir intimidé par cette assurance inflexible avec laquelle l'Académicien le fixait tout en dictant sèchement ses remarques qu'il faisait noter dans son porte-document.

    Gêné, mais aussi convaincu que collaborer avec ce curieux bonhomme était la meilleure méthode pour procéder à la gestion de cette enquête, Alvar resta donc de marbre durant l'ensemble de cette embarrassante dictée. Il grimaça cependant sous le masque à l'évocation de sa condition d'hybride, car c'était bien la première fois que quelqu'un le lui faisait cette observation avant qu'il ne choisisse de lui-même de retirer son masque.

    Comme si de rien n'était, le fameux gaillard fit enfin taire sa plume magique et décida de s'introduire, se présentant bel et bien comme Académicien, sous le nom de Lunar Le Fay. Si cela n'évoquait absolument rien pour le Belluaire, Lunar semblait pourtant se comporter comme si le monde lui appartenait et donnait ses directives aux membres du personnel de l'hôtel sans faire dans la politesse. Il invectiva d'ailleurs avec véhémence un jeune employé à qui il vint ordonner de transporter le corps, chose que l'intéressé n'osait pas refuser mais qui semblait le terrifier au plus haut point.

    Alors que le jeune homme s'apprêtait à tourner les talons, Alvar décida de faire preuve de bonté et l'interpela d'un geste de main, lui indiquant de ne pas partir immédiatement. Avec bienveillance, il s'empressa d'arrondir les angles :

    "Contentez-vous de nous ramener un brancard ou quelque chose d'équivalent. Mes hommes se chargeront du transport du corps. Je vous remercie."

    Apaisé par cette nouvelle, le garçon répondit par un sourire timide suivi d'un hochement de tête, avant de s'éloigner rapidement de l'homme à la canne qui semblait tant l'effrayer. Alvar se pencha vers Lunar avant de lui souffler, par correction :

    "Je n'ai aucunement l'intention de m'opposer à vos méthodes mais je préfère éviter de laisser à des civils le transport d'un corps. Ils pourraient l'endommager."

    Même si c'était vrai, c'était davantage pour ménager les émotions du personnel que par sécurité qu'il avait pris cette décision. Ce problème écarté, il se redressa et siffla bruyamment pour attirer l'attention de ses compères qui patrouillaient autour du bâtiment. Une fois ses confrères rassemblés, Alvar décida de faire les présentations et d'établir de manière plus officielle la nature de cette interaction exceptionnelle entre les Belluaires et le chercheur.

    "Bien, messieurs. Nous avons un mort sur les bras et nous n'avons pas encore défini la cause du décès. Voici Mr. Lunar Le Fay, académicien de l'Académie des Sciences. Nous collaborerons avec lui pour avancer sur ce nouveau dossier. Vern, peux-tu t'occuper de la paperasse ? Les autres, avec moi. On va s'occuper de charger le corps pour le ramener dans la chambre dont il est tombé, nous l'examinerons là-haut. Des questions ? Des objections ?"

    Suite à un "non" ferme et unanime, les soldats s'attelèrent chacun à la tâche qui venait de leur être attribuée. Très fier de l'efficacité de ses hommes, Alvar se posta près du corps pour assister ses camarades à l'arrivée du brancard. Ce fut sans empressement et avec précaution qu'ils chargèrent le cadavre et, grâce à la présence d'esprit du clerc qu'avait malmené Lunar, un drap fut déposé sur la victime pour masquer sa terrifiante expression ainsi que l'état dramatique de sa dépouille.

    La troupe improvisée emprunta ensuite les escaliers et arriva enfin jusqu'à la chambre désignée par l'employé de l'établissement. Alvar poussa la porte qui était étrangement déjà ouverte et constata l'étendue des dégâts : la chambre avait été retournée sens dessus dessous, un miroir y avait été détruit et jeté par terre et la moitié des fournitures de chambre ainsi que les affaires étaient éparpillées par terre. L'esprit d'enquêteur d'Alvar supposa automatiquement qu'il s'agissait là des traces d'une bataille, mais une énorme crise de nerf de la part de la victime n'était pas à exclure pour autant.

    Tandis que Vern inspectait les lieux, Alvar quant à lui vint apporter son aide à ses confrères et déposa le corps sur le lit, avant de lever le drap qui le recouvrait d'un geste ample. Cela fait, il fit fermer la porte de la chambre et décida de passer à l'action.

    "Bien, nous allons pouvoir commencer. Je peux peut être apporter un premier élément à cette investigation, nous allons vérifier cela tout de suite."

    Avec élégance, Alvar porta ses deux mains jusqu'à son masque noir et décrocha l'accessoire, pour ensuite le retirer lentement, confirmant ainsi les soupçons de Lunar quant à sa réelle nature. Il accorda d'ailleurs un regard en biais à ce dernier accompagné d'un furtif sourire, comme pour lui signifier silencieusement qu'il avait vu juste. Reprenant aussitôt son sérieux, il sangla le masque à sa ceinture et ôta sa capuche, avant d'activer son tatouage pour faire usage de son flair magique.

    Il ferma ensuite les yeux et huma longuement l'air, laissant son museau capter toutes les senteurs de la pièce et cherchant à déchiffrer les informations contenues dans le sang de la victime. Les fines particules odorantes lui parvinrent par vagues mais, malgré ses efforts pour dissocier les éventuelles sources d'hémoglobine, il n'identifia au final qu'une seule et unique trace olfactive, à savoir celle de la victime elle-même. S'il s'était attendu à trouver plusieurs empreintes dans le massacre, cette absence de trouvaille constituait pourtant un indice également.

    Alvar ouvrit finalement les yeux puis, se tournant vers Lunar, il lui confia :

    "Tout ce sang appartient exclusivement à la victime. S'il y a un agresseur, il n'a pas été blessé durant l'altercation. Souhaitez-vous procéder à un examen approfondi ?"

    C'était maigre, certes, mais ce n'était pas rien.
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Ven 3 Déc 2021 - 11:47 #
    - Intéressant… Murmurait Lunar en entendant ce qu’expliquait Alvar sur le sang de la victime.

    Son intérêt fut deux fois plus piqué lorsque l’officier de la Garde retira son masque. Le Fiel lui tournait le dos en observant un recoin de la pièce, mais il ne put réprimer son sursaut de surprise en tombant sur l’étrange faciès du Brumerive. Scrutant ses traits, l’académicien tentait de discerner de quelle créature le soldat était hybride. Ce dernier était capable de flairer et discerner les flux sanguins, peut-être était-il également capable d’entendre les battements de cœur ? Il ne faisait nul doute qu’il s’agissait d’un animal carnivore, Lunar avait de grosses suspicions sur un nécrophage mais pour l’instant il manquait encore de données pour être parfaitement certain de la nature de son hybridation. Il observait avec curiosité cet homme à la peau terne et au visage de chauve-souris à l’œuvre, reniflant à droite à gauche pour capter d’autres traces de sang, pour l’instant sans succès. Alvar demeurait formel, seul le sang de la victime avait été versé dans cette pièce.

    - Juste la victime, je vois. Répondit simplement Lunar, captivé par le physique de son équipier du jour.

    Se tournant vers le miroir, Lunar se mit à inspecter l’objet, ou du moins ce qu’il en restait. Il ne restait que trois morceaux de la glace autour de son cadre en fer forgé, le reste ayant été projeté dans le torse de l’écuyer tué. Non loin du miroir, une commode de bois avait été brisée en deux, ayant libéré son contenu au sol. Se mélangeaient entre eux des lambeaux de draps, de taies d’oreillers et des serviettes de bain, déchirés nets d’une telle façon que c’en était presque surnaturel. Le scientifique s’intéressa ensuite à la fenêtre et son encadrement. Les vitres avaient été détruites et les débris se trouvaient encore en contrebas devant la façade. Mais quelques éclats de sang avaient été projetés autour de la lucarne.

    - C’est fort étrange. Ma théorie principale est que l’assaillant a tenté de frapper la victime près de la commode et l’a raté, détruisant le meuble. Ensuite, il a envoyé les éclats de miroir directement dans son torse, par magie. La victime a été projetée vers la fenêtre et est tombée jusqu’en bas. Écartez-vous, je vais examiner le corps.

    Lunar s’avança vers le lit où l’écuyer avait été déposé et retira le drap qu’on avait mis dessus en guise de linceul improvisé. Le jeune homme n’était pas légiste, mais avait déjà vu suffisamment de morts tués par des créatures pour emmagasiner plusieurs informations essentielles en la matière. Enfilant une paire de gants qu’il avait réclamé le plus vite possible, Le Fiel ouvrit délicatement la chemise du macchabée et constata que la plupart des échardes de miroir étaient si enfoncés dans sa peau qu’on en distinguait que quelques centimètres. Les plus petits éclats étaient à peine discernables, ressemblant à de petites pierres luisantes au milieu de la chair blanche.

    - Le miroir ne l’a pas tué, comme ce que je le pensais, cela a juste causé plusieurs hémorragies et percé les organes internes… Celle-ci a atteint son cœur, mais il était encore en vie quand il a traversé la fenêtre. Heurter le sol l’a instantanément tué par contre, tout en lui brisant l’arrière du crâne.

    Lunar s’apprêtait à inspecter le visage de l’écuyer, mais quelque chose retint son attention. Là, quelque part dans les morceaux de miroir. Il avait cru voir quelque chose ? C’était comme si certains venaient de luire, clignoter faiblement, pour redevenir parfaitement normaux ensuite… Non, ce devait être un reflet, sans doute la lumière, ou Alvar derrière passant subrepticement sans qu’il ne s’en rende compte… Délaissant le buste du mort, Lunar s’intéressa enfin à la face de l’écuyer. La rigidité cadavérique n’avait pas encore commencé à faire son office, mais le visage du gaillard demeurait complètement figé dans une expression d’intense terreur. Ce n’était pas la figure qu’une personne faisait face à un ordinaire sursaut ou une simple frayeur. Qui ou quoi que fut son agresseur, on avait voulu l’effrayer à mort. Ses yeux étaient vitreux, ses pupilles si dilatées qu’on peinait presque à discerner ses iris, ses paupières humides à cause de larmes qui avaient inondé ses cernes.

    - Possible magie d’incitation à la peur, je n’arrive pas à expliquer comment une telle réaction aurait pu être provoquée autrement. Je ne me rappelle même pas avoir entendu crier quand je suis arrivé à l’hôtel, tout a dû se passer bien trop rapidement

    L’examen du corps ne faisait pas plus avancer leur enquête. Ils n’avaient pas de quoi inspecter les derniers instants du mort par le biais d’ustensile enchanté. Ils allaient devoir travailler à l’ancienne pour la suite de leur investigation s’ils voulaient dénicher quelque chose. Lunar se redressa pour jeter ses gants vers un des gardes, le dénommé Vern, avant de reprendre sa canne dans sa main.

    - Bien, c’est un début. Il va falloir que l’on aille interroger le personnel de l’hôtel, savoir d’où viennent les visiteurs de l’hôtel et voir s’il y a d’autres infrastructures aux alentours. Une ferme, un centre… N’importe quoi qui pourra nous mettre sur une piste. On se dépêche.
    Alvar de BrumeriveLe Traquesang
    Alvar de Brumerive
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Mar 7 Déc 2021 - 13:40 #
    Alvar percevait bien les œillades particulièrement insistantes de son collaborateur du jour et c'était avec un certain embarras qu'il tâchait de ne pas lui rendre ses regards. Le militaire tâchait donc d'analyser ce qu'il avait sous les yeux, à savoir le corps du pauvre homme qui constituait actuellement leur seule source d'information quant au crime. Après l'étude olfactive d'Alvar, c'était désormais au tour de Lunar de s'y mettre et ce fut après avoir enfilé une paire de gants qu'il se mit à ausculter la dépouille avec minutie.

    Le militaire, situé du côté opposé du lit, écoutait avec une attention toute particulière les propos du scientifique qui lui faisait face. Alvar avait tenté de se spécialiser dans le domaine de l'enquête au fil du temps et avoir l'honneur d'officier en compagnie d'un homme tel que Lunar lui permettait sans doute un gain d'expérience dans le domaine qu'il n'aurait pas eu l'occasion d'obtenir ailleurs. Il tâchait donc de se montrer sérieux en vue du contexte morbide, néanmoins il faisait preuve d'un certain enthousiasme à l'idée d'en apprendre davantage sur la façon d'aborder ce genre de mission.

    Lunar conclut son analyse et partagea les données qu'il était parvenu à réunir avec ses coéquipiers. Les soldats présents lui accordèrent leur entière attention et ce fut par un hochement de tête général qu'ils accueillirent la nouvelle. De toute évidence, plusieurs éléments de ce meurtre impliquait l'utilisation d'une magie atypique. Rien ne collait, à commencer par la disposition des éléments de la pièce. A ce sujet, Alvar venait tout juste de remarquer l'importance potentielle d'un détail notable : le miroir faisait face à la fenêtre ouverte, chose qui pouvait sembler anodine mais ne l'était probablement pas en vue des plaies extrêmement profondes dans lesquelles étaient situés certains morceaux de verre. Un peu plus pour lui-même que pour ses collaborateurs, Alvar murmura :

    "Quelque chose cloche avec ce miroir, j'ai l'impression qu'il est la clé de cette histoire, d'une manière ou d'une autre..."

    Lunar se débarrassa de ses gants et se prépara à quitter la pièce tout en intimant aux représentants des forces de l'ordre qu'il était temps de passer aux questionnements des civils présents. Alvar quant à lui accordait désormais un profond intérêt au miroir brisé dont il inspectait la silhouette avec curiosité. Plusieurs théories lui venaient mais aucune ne reposait sur un élément concret malheureusement. Il envisageait néanmoins d'en faire part à Lunar, qui saurait peut être apporter une expertise sur la question.

    Alors qu'ils quittaient la chambre et se remettaient en route, le soldat interpella le chercheur et lui dit :

    "Vous avez bien dit qu'aucun cri ne vous est parvenu ? En vue de l'état dramatique de la victime, cela me semble étonnant. Je commence à supposer qu'il a peut être été tué ailleurs que dans l'enceinte de l'hôtel."

    Les hommes d'Alvar semblèrent intrigués par les propos de leur supérieur, aussi il tâcha de se montrer plus précis quant à ses hypothèses :

    "Ce n'est qu'une idée, mais je pense que le miroir cache d'autres indices que ce que nous avons déjà découvert. Et si ce n'était pas lui qui avait été frappé par les morceaux de verre mais plutôt l'inverse ? Imaginez qu'il ait traversé le miroir depuis l'intérieur."

    Durant ses années de service, Alvar avait déjà effectué des enquêtes impliquant des magies si extraordinaires qu'aucune forme de logique basique ne permettait de comprendre. Parfois, il était nécessaire de penser les problèmes à l'envers, lorsque la magie était impliquée.

    "Le pouvoir de l'agresseur permet peut être d'enfermer ses victimes dans le miroir, voir de les faire transiter de force d'un miroir à l'autre comme des portails de téléportation, par exemple."

    Les idées d'Alvar commençaient à s'infiltrer dans les pensées de ses camarades, leur donnant matière à réflexion. Son idée tenait la route et il le savait bien. La troupe finit par arriver à l'accueil et Alvar aperçut une jeune hôtesse visiblement très déroutée par les événements, à en juger par son attitude et la grimace nerveuse qu'elle tirait. Le militaire s'en approcha et l'accosta donc avec courtoisie :

    "Bonjour madame, Officier Supérieur Alvar de Brumerive. Nous avons quelques questions à vous poser concernant la victime."

    Perturbée tant par la situation que par l'apparence quelque peu effroyable de son interlocuteur, la petite dame se redressa subitement en posant ses mains l'une sur l'autre, avant de répondre en bredouillant :

    "Ah euh oui ? Je... Hm, je vous écoute."

    "Bien, je vous remercie. En premier lieu, pouvez-vous confirmer avec certitude que la victime figurait bel et bien dans vos registres ?"

    Ce fut par un hochement de tête vif et énergique qu'elle répondit aussitôt. Alvar s'en voyait presque déçu, mais ne se laissait pas démonter pour autant. L'hôtesse se racla ensuite la gorge puis ajouta verbalement à son geste :

    "Oui, il est arrivé il y a deux jours. C'était en début de soirée. Je m'en souviens, j'ai géré son enregistrement."

    L'hybride soupira et marqua une pause silencieuse, tapotant ses doigts gantés d'acier sur le comptoir tandis qu'il rassemblait mentalement les éléments en sa possession. Il envisagea un moment de questionner davantage la demoiselle, mais ne voyait rien à lui demander pour le moment. Après lui avoir offert un bref sourire résolu, il commença à s'éloigner d'elle tout en la saluant :

    "Je vous remercie. Je reviendrai vers vous plus tard."

    Elle le salua en retour, mais il était déjà loin. Le scientifique à la canne se trouvant non loin de lui, Alvar décida de le rejoindre.

    "L'homme était bien un client depuis deux jours, j'ai fait fausse route sur ce point. Vous avez trouvé quelque chose, de votre côté ?"
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Mar 7 Déc 2021 - 16:40 #
    - Hm

    Lunar était en pleine réflexion, fixant un pot de ficus à grosses feuilles grasses posé dans un coin du grand hall. Plusieurs clients étaient assis sur d’imposants divans à coussins, leurs bagages près de leurs jambes, attendant leur tour pour qu’on les conduise jusqu’à leurs réservations, inconscients de ce qu’il s’était déroulé avant leur arrivée. La présence des quatre gardes face au comptoir commença à en intéresser certains. Un gros type moustachu affublé d’une casquette abaissa son exemplaire du Chantelune Voyageur, tandis qu’un trio de grand-mères se mit à ralentir leur allure alors qu’elles passaient tantôt une maille à l’envers puis à l’endroit. Les vieilles dames se mirent à se chuchoter des petits mots à l’oreille, continuant leurs tricots respectifs, cancanant comme toute mamie qui se respecte. Un petit enfant se mit alors à s’exclamer bruyamment en délaissant son bilboquet :

    - MAMAAAN ! Piailla-t-il en se tournant vers une grande brune aux traits aquilins. POURQUOI Y A LES MONSIEURS ILS PARLENT DE VICTIME ?

    Deux gardes se tournèrent vers le garçonnet, surpris d’avoir été entendus par le gosse qui s’agitait avec son jouet de bois. Plusieurs têtes d’adultes se dressèrent, bien plus concernés, tentant de comprendre ce qu’il se passait. Lunar demeurait bien absorbé par ses pensées, laissant les deux militaires gérer la situation en demandant aux personnes du hall d’aller attendre dans le réfectoire, avec l’aval d’un assistant de la direction de l’hôtel. Alvar semblait déçu en entendant que l’écuyer mort était pensionnaire de l’hôtel depuis quarante-huit heures déjà, gâchant ses espoirs d’avoir fait la lumière sur cette affaire. Un doute planait encore dans l’esprit du scientifique, quelque chose n’allait pas. Et il était persuadé que le miroir était une des clés pour résoudre cette épineuse énigme.

    - Dites chef, fit un garde, le plus freluquet, en s’adressant à Alvar. Est-ce que cette affaire serait pas un accident ? Le type s’est juste brisé le miroir dessus et a basculé par sa fenêtre.

    - Vous, répliqua Lunar, cessant de tergiverser.

    L’académicien foudroyait le maigre soldat d’un regard aussi froid qu’un blizzard. Même les pavés verglacés de la Forteresse avaient une morsure moins glaciale que celle que Lunar venait de lui jeter. Il leva à nouveau sa canne pour la pointer droit vers le nez du soldat avant de lui jeter d’un ton venimeux :

    - Allez ouvrir la porte d’entrée, et tenez-vous sur le palier. Votre simple présence fait diminuer le Q.I ambiant de la pièce.

    Penaud, l’intéressé lui jeta un air à la fois scandalisé et interloqué.

    - Allez ! Rugit Lunar en tapant du talon sur le parquet de l’entrée, avant de rabattre sa canne au sol pour faire encore plus de bruit.

    Le Fiel ne se calma que lorsque le garde stupide se décida d’obtempérer. Certaines personnes étaient juste bonnes à suivre les ordres, et ne devaient pas se targuer d’être de grands esprits. C’était ce que le jeune homme pensait de ce parvenu, en tous cas. Boudeur, le garde partit se tenir dans l’encadrement de la porte tandis que Lunar se tournait vers Alvar, estimant qu’il était sans doute le seul apte à recevoir ses hypothèses.

    - Votre idée n’est pas totalement à jeter. La victime n’a certes pas été projeté hors du miroir depuis un lieu extérieur, mais il n’est pas improbable que quelque chose d’un lieu extérieur soit venu pour l’attaquer dans sa chambre.

    Lunar sortit alors un petit prospectus de son porte-documents. Le feuillet était un petit papier touristique que les visiteurs de l’hôtel pouvaient consulter et prendre en arrivant dans le lieu de séjour. En le dépliant, l’académicien présenta un croquis grossier des alentours avec plusieurs points d’intérêts et panoramas visibles dans la forêt. Y étaient notés, par exemple, l’emplacement d’une magnifique cascade dans laquelle, disait-on, une nymphe avait élu domicile, une clairière remplie de cercles de fées en champignons lumineux. Mais Lunar voulut porter l’attention du grand belluaire sur deux lieux relativement proches de l’hôtel dans lequel ils se trouvaient. Le premier, au nord, était un point libellé comme dangereux avec un symbole rouge sur le prospectus. Tandis que le second était un autre point d’intérêt, un haut lieu touristique où l’escale était fortement conseillée par le personnel.

    - Le point d’intérêt est un complexe fermier où on élève et prend soin de familiers, tandis que le lieu dangereux est un vieux mas à l’abandon et sans propriétaire. L’écuyer se rendait peut-être à la ferme, on peut éventuellement trouver des indices là-bas. Et il ne sera pas de trop d’inspecter la demeure abandonnée, au cas où quelqu’un se terre là-bas. Voilà comment nous allons procéder : un de vos gardes restera ici pour garder le cadavre, et interroger le reste du personnel et des invités pour trouver des informations. Deux iront au mas pour vérifier le périmètre, tandis que vous et moi nous allons nous rendre à la ferme.

    Lunar replia le dépliant touristique pour le fourrer à nouveau dans son porte-documents. Il tapota deux fois avec sa canne sur le parquet pour que leur groupe se hâte.

    - Vous avez cinq minutes pour soulager vos humeurs, pas une de plus. Rompez.
    Alvar de BrumeriveLe Traquesang
    Alvar de Brumerive
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Jeu 9 Déc 2021 - 19:02 #
    "Chef, j'peux te causer deux secondes ?"

    Affairé à prendre des notes sur les maigres informations qu'il était parvenu à glaner sur la victime, Alvar pivota pour faire face à son camarade qui venait d'être puni par Lunar et semblait profondément contrarié. Donnant l'impression d'être un enfant mis au coin par un professeur sévère, Ghel paraissait plus que contrarié par le déroulement de l'enquête. Un sourire bienveillant aux lèvres, l'Officier s'approcha de son subalterne avant de lui glisser :

    "Que se passe-t-il, Ghel ?"

    Foudroyant furtivement du regard l'Académicien, l'intéressé maugréa tandis qu'il tenait la porte ouverte pour une vielle femme qui passait par là :

    "T'en as pas marre de Monsieur Je-sais-tout, là ? Depuis qu'on l'a croisé, il nous fait courir partout comme ses clébards. Ca devient usant."

    Laissant ses iris ébène alterner entre son camarade et le fameux Lunar, Alvar maintint sa posture fraternelle et posa amicalement sa main gantée sur l'épaule de Ghel, tâchant de calmer ses ardeurs avec la courtoisie qu'on lui connaissait :

    "Ecoute, je sais que ce n'est pas une partie de plaisir, mais nous avons besoin de lui sur ce coup alors on va continuer de lui obéir gentiment, même si c'est difficile. D'autant plus qu'il fait partie de l'Académie, alors je peux t'assurer que le contrarier est tout sauf une bonne idée. Je sais, ça ressemble à de la politique, mais je préfère les avoir dans mes poches qu'en tant qu'adversaires."

    Peu convaincu, Ghel se mit à fixer le sol tout en marmonnant dans sa barbe :

    "Est-ce que tu peux te tenir à carreaux pour moi ? C'est important, Ghel. Ce n'est amusant pour personne, alors fais un effort."

    L'intéressé hocha la tête à contrecœur, ce à quoi Alvar répondit par une poignée de main énergique accompagnée d'une franche tape sur l'épaule en guise de remerciement. Ce petit souci comportemental écarté, Alvar s'éloigna de son compagnon en lui murmurant un dernier "merci" discret. Il se dirigea ensuite vers Lunar qui patientait dans son coin tout en replaçant son carnet dans l'une des sacoches qui ornaient son armure de fonction. Il vérifia ensuite que son masque était bien sanglé à sa ceinture. Fin prêt pour le départ, Alvar adressa ensuite un geste de main aux deux gardes qui se préparaient à partir jusqu'au mas avant d'accorder sa pleine attention à Lunar, qu'il accosta poliment tout en s'assurant soigneusement que son équipement était bien en place.

    "Je suis prêt, Mr. Le Fay. Mettons-nous en route sans plus attendre."

    La paire d'enquêteurs rassemblés par les circonstances quitta donc l'accueil de l'hôtel en prenant la direction de la ferme. Chemin faisant, Alvar profita de l'occasion pour tirer son carnet de sa sacoche, pour ensuite en tourner quelques pages avant de le tendre à Lunar. Les informations rassemblées étaient certes maigres, mais essentielles à la suite des opérations.

    "J'ai rassemblé les informations au sujet de la victime en les demandant à l'accueil. J'ai le nom qu'il a donné, que j'ai noté ici. On me l'a décrit comme un client discret et courtois, il n'a pas spécialement communiqué avec la direction de l'établissement et n'a pas posé de souci durant son court séjour. Aucune visite, plusieurs sorties mais aucun déplacement qu'on pourrait qualifier de suspect."

    Alvar envisagea brièvement de glisser un mot à l'Académicien concernant le traitement qu'il avait reservé à Ghel mais, face à la mine patibulaire et à l'aura glaciale de ce dernier, le militaire se ravisa. Il choisit donc d'oublier ce sujet-là, s'humecta les lèvres, puis conclut :

    "Puis-je vous demander ce que vous espérez trouver à la ferme ?"

    Question idiote, mais le silence se faisait pesant et la froideur de Lunar ne rendait pas les choses plus agréables.
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Ven 10 Déc 2021 - 18:58 #
    - Pardon ? S’exclama Lunar d’un ton surpris.

    Pour lui, tout devenait une évidence, au point que le monde autour de lui se mettait bien vite à l’agacer à ne jamais faire les connexions logiques qui s’imposaient. Marchant sur un sentier de terre battue aux côtés d’Alvar, le scientifique pressait le pas, écrasant parfois une touffe d’herbe grasse qui émergeait d’entre deux cailloux. Autour d’eux, l’air embaumait d’un étrange parfum sylvestre, mélange de mousse, de bruyère et de bois mouillé. Il avait plu dans la matinée, et les odeurs de la forêt continuaient de chatouiller leurs sens malgré l’heure avancée de la journée. De temps à autre, les gazouillis de pervenches ou des piaillements de gloots pouvaient se faire entendre. Un écureuil ou deux, la queue en panache, faisaient gigoter des branches alors qu’il s’élançaient d’arbre en arbre à la recherche de glands ou châtaignes. Parfois, un petit fruit à coque tombait sur le sentier sous le regard des rongeurs roux, déçus d’avoir perdu une occasion de s’aiguiser les quenottes.

    - Une attaque pareille n’est pas le fruit du hasard. La catoptromancie est une magie fort complexe, loin d’être à la portée premier venu, même en tant que pouvoir inné. Et la terreur figée sur son visage n’est pas non plus le fruit du hasard. Quelqu’un voulait ou quelque chose voulait le tuer. Le personnel de l’établissement l’a considéré comme un client courtois, et discret. Ils n’ont noté ni inquiétude, ni émoi de sa part, ce qui veut dire qu’il n’était pas en fuite ni au courant qu’on avait une dent contre lui. Le jeune homme était écuyer, en témoigne sa tenue. Il était seul, il n’avait donc pas de maître attitré. Et où un écuyer va-t-il chercher son travail ? Là où il y a des écuries, donc la ferme.

    Lunar ne s’était pas tourné vers Alvar pendant qu’il déclamait son explication, focalisé sur sa route, fronçant les sourcils alors qu’il dessinait mentalement plusieurs scénarios possibles pour faire la lumière sur cette affaire. Toutefois, le cheminement était une chose, la modus operandi également, mais le mobile était une toute autre paire de manches. La victime était un jeune homme seul, il était poli et d’une courtoisie exemplaire, il n’avait pas de patron, n’était au service d’aucune maison. Pourquoi diable quelqu’un pouvait bien en vouloir à une page aussi blanche, un être aussi simple ? Il manquait une pièce du puzzle à Lunar, une pièce cruciale qui permettrait de tout comprendre, la pierre angulaire de leur affaire.

    - Voilà pourquoi nous nous rendons à cette ferme. Un écuyer ici depuis plusieurs jours ; il y est forcément allé, continuait Lunar en pressant l’allure. Et puis, si vous avez une meilleure idée, je suis tout ouïe.

    Balayant l’air de sa canne de métal, Lunar asséna un terrible coup à un cafard volant qui bourdonnait près de ses jambes. L’insecte disparut entre deux bosquets de hautes herbes pour ne plus reparaître, manifestement sonné. L’académicien ne regardait toujours pas son interlocuteur, mais songer à lui arrivait à lui faire perdre le fil de ses pensées. Il arrivait à mobilier convenablement ses troupes, mais le grand homme à tête de chauve-souris avait l’air constamment sur le qui-vive, coincé, crispé. Mais il poursuivait la cadence en suivant Le Fiel sans sourciller, comme une massive gargouille descendue de son socle, et animée par magie. Lunar n’avait toujours pas deviné de quelle créature Alvar était hybride. Mais, compte tenu de l’épine qu’ils avaient dans le pied, c’était le cadet de ses soucis.

    - Ce n’est pas contre toi, bien que cela me soit égal, reprit le jeune homme du même ton. Mais la ferme étant un centre d’élevage pour familiers, il vaudrait peut-être mieux que vous remettiez votre casque. Votre… expression… pourrait causer certains émois pour les bêtes, comme pour les hommes. Je ne veux pas compromettre cette enquête. Aussi, vous avez une mouche coincée dans votre cubitière.

    Passant entre deux arbres et écartant quelques branchages, les deux hommes pouvaient à présent voir la ferme. De grands enclos et bâtiments se dressaient au loin. Les arbres n’avaient pas été rasés et, dans l’esprit des bâtiments du Village Perché, cerclaient les immenses troncs, jusqu’à la canopée. Le but final étant d’offrir aux familiers élevés ici le meilleur cadre de vie possible. Les bêtes devaient être des animaux sylvestres, habitués au calme de la forêt, tantôt volants ou marsupiaux, voire les deux. De là où ils se tenaient, ils pouvaient même entendre les glapissements de certaines bestioles. Lunar reconnaissait des cris de canitribus, de celes et même de pinplumes. Cela faisait des lustres qu’il n’était pas venu dans une ferme de la sorte. L’Académie des Sciences avait bien une réserve d’animaux pour les études et recherches, mais le jeune homme éprouvait un petit pincement au cœur quand il entrait dans ces centres d’élevages particuliers. Des souvenirs lui remontaient, bien lointains, avant la Guilde, avant Le Fiel ; un autre temps, une autre vie.

    Lunar cessa de s’agiter, prenant quelques secondes avant de se remettre à avancer. Il avait même arrêté de cogiter, prenant un moment, posant la main contre un chêne alors qu’il agrippait fermement le pommeau de sa canne. Il se revoyait, enfant, nourrir les riboux, courir après les dohlios dans les plaines, soigner les pattes cassées, aider aux accouchements, border les nouveaux-nés. Tout s’était envolé, tout avait disparu. Mais le fait de revenir dans ces lieux, pleins de vie, constamment en effervescence, éveillait chez lui une peine qui lui embaumait le cœur. Il n’avait pas le choix, il devait continuer, ce n’était qu’un mauvais moment à passer…

    - Ne négligez aucun détail. Allons-y.
    Alvar de BrumeriveLe Traquesang
    Alvar de Brumerive
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Mar 21 Déc 2021 - 1:27 #
    L'éclat de voix de Lunar manqua de faire sursauter son colossal compagnon. Il savait bien que poser cette question risquait de susciter une réaction chez son interlocuteur, néanmoins il ne s'était pas attendu à une telle vivacité. L'Académicien semblait presque heurté par ce que le militaire venait de lui dire et ce fut d'une seule traite qu'il déversa un flot d'hypothèses pour justifier avec quelle certitude il avait choisi telle destination. En bafouillant de stupeur, Alvar répondit timidement :

    "Non non, il y a méprise ! Loin de moi l'idée de remettre en cause votre plan, c'était par souci de précision que je vous posais cette question !"

    Tout en prononçant ces quelques mots d'excuses, il porta l'un de ses index gantés jusqu'à son menton pourpre et se mit à le gratter nerveusement, indiquant sans le vouloir l'étendue de son inconfort. Après s'être éclairci la gorge, le soldat reprit avec plus de contenance :

    "Je voulais dire... Hum... Que doit-on chercher ? Enfin, je suppose que nous verrons tout ça sur place. Ne prêtez pas attention à ma question, elle était idiote."

    Si son sang avait été capable de teindre ses joues cuirassées, nulle doute qu'Alvar aurait été rouge comme un pivoine de par son embarras. Il détourna enfin ses yeux de Lunar, tâchant comme lui de se focaliser sur la route pour ne pas avoir à subir la froideur son regard perçant. Il était rare pour l'hybride d'être désarçonné de la sorte, étant habituellement celui qui créait l'anxiété chez les autres, mais la personnalité du chercheur avait de quoi le surprendre.

    Après un moment de silence tout aussi gênant que l'avaient été les précédents où les deux hommes s'étaient livrés à une observation silencieuse de leur environnement, Lunar vint surenchérir en s'attaquant cette fois-ci à l'apparence d'Alvar. De marbre face à cette remarque glaciale, l'hybride tâcha de maintenir une posture fière et droite malgré le coup au moral et hocha la tête avant de porter sa main jusqu'à sa ceinture, décrochant d'un geste de poignet le fameux masque d'acier qui s'y trouvait. Tout en portant l'accessoire à son faciès bestial, il gratifia son vis-à-vis d'un remerciement dénué de conviction malgré toute sa bonne volonté.

    "Bien entendu, vous avez raison."

    Après tout, il avait le cuir solide et c'était bien loin d'être la première fois qu'il avait à subir tel traitement, d'autant plus que Lunar semblait s'être exprimé de la sorte non pas par vilénie mais bel et bien par souci d'efficacité. Comment lui en vouloir ? C'était bien pour contrer ce genre de situations inconvenantes qu'il avait fait faire ce masque, initialement. Une fois l'équipement sanglé convenablement, Alvar vint relever sa capuche pour masquer ses longues oreilles pointues et se remit en route sur les pas de l'Académicien.

    Après quoi, il se remémora subitement la parenthèse concernant la mouche et fut surpris de constater que Lunar avait vu juste, car un petit insecte s'y était logé. Bien que vexé par la précédente interaction, Alvar ne pouvait qu'être ébahi par le sens du détail surnaturel de son compagnon de route, qui était parvenu à déceler la présence d'un si petit être alors qu'il n'accordait à l'hybride que quelques regards en biais. Ce gaillard était certes quelque peu grincheux, mais le militaire savait désormais qu'il avait bien fait de collaborer avec lui en vue de ses capacités.

    Quelques instants plus tard, la ferme fut enfin à portée de vue et cette fois-ci, ce fut l'esprit d'analyse d'Alvar qui le poussa à remarquer quelque chose. Bien que la manifestation fut furtive, il nota dans l'attitude de Lunar un revirement. Figé et subitement bien plus contracté, l'homme de science fixait avec une insistance étrange leur destination, comme frappé soit par une révélation, soit par un souvenir marquant. Bien qu'intrigué, Alvar se garda bien de faire la moindre allusion à ce changement soudain et se contenta de dépasser Lunar, qui lui ordonna de se montrer minutieux.

    "C'est compris."

    Tout en hochant la tête, Alvar dépassa son compagnon du jour et s'aventura sur le sentier boueux qui les séparait de la ferme. Des jappements et des piaillements en tout genre s'élevaient de toute part et certains animaux, dérangés par la présence de cet intrus atypique, se mirent à couiner de terreur. Le masque avait toujours permis à Alvar de rassurer ses pairs, mais les bêtes n'étaient pas aussi dupes. Le flair et l'instinct ne pouvait être trompé, ils savaient tous reconnaître un prédateur lorsqu'ils en apercevaient un.

    Malgré cela, Alvar considéra qu'il était de son devoir de faire les présentations. Si Lunar jouissait certes d'une autorité importante en vue de son poste, c'était toujours à la Garde que revenait la tâche de diriger les enquêtes lorsqu'elles concernaient une affaire criminelle. Les pleurs des animaux ne tardèrent pas à faire apparaître l'un des gestionnaires de la ferme, à savoir un jeune homme au crâne chauve, vêtu d'une chemise rapiécée et d'un pantalon bien trop bouffant. Mais le détail le plus saisissant ne se situait pas dans son habillement mais bel et bien dans la corne unique qu'il portait sur son front, ce qui lui conférait un air de créature curieuse.

    "Bonjour ?"

    Le ton était à la fois sec et empreint d'une certaine curiosité. Ce n'était pas tous les jours que des hommes en armure se rendaient à la ferme, aussi c'était avec une certaine inquiétude que le fermier accueillait le curieux personnage qui alarmaient tant ses bêtes. Malheureusement pour Alvar, l'homme avait décidé de se fier à ses animaux et c'était donc avec méfiance qu'il abordait cette rencontre, chose qui se lisait aisément dans son regard dur.

    "Officier supérieur Alvar de Brumerive, des Belluaires. Nous enquêtons concernant un décès suspect dans les environs. Nous aurions quelques questions à vous poser, si vous n'y voyez pas d'inconvénient."

    Sans répondre, le fermier se contenta de jeter un regard par dessus l'épaule de celui qui lui faisait face. Alvar comprit aussitôt et vint compléter les présentations :

    "Et voici Mr. Le Fay, Académicien. Il m'accompagne dans le cadre de cette enquête."

    L'homme cornu semblait bien peu convaincu mais après avoir lancé une longue œillade à Lunar, il accepta finalement la demande du militaire et les invita tous deux à le suivre d'un geste de main avant de tourner les talons.

    "Faites pas attention au désordre."
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Mer 22 Déc 2021 - 17:27 #
    Lunar restait debout, les yeux plissés, à darder de son regard de glace le fermier qui les avait accueilli avec son air penaud. Inquisiteur, l’académicien le dévisageait si intensément que l’éleveur commençait à se sentir mal à l’aise. Son crâne sans cheveux luisait au soleil et on pouvait discerner, ça et là, quelques traces de griffures et cicatrices refermées sur sa peau légèrement bronzée. Ces stigmates en disaient long, cet homme avait dû secourir des bêtes sauvages craintives ou blessées qui avaient dû lui en faire voir de toutes les couleurs avant de progressivement lui faire confiance. C’était plutôt fréquent que les éleveurs de familiers puissent croiser des animaux sauvages dans le besoin, si bien que Klarion ne se formalisa pas spécialement de toutes ces entailles. Lui aussi avait eu, en son temps, son lot de coupures laissées par des loloris récalcitrants ou des feupagnols apeurés. Le jeune homme passa ensuite ses yeux sur la corne pointue du fermier. Droite et grisâtre, des petits anneaux érodés par le temps avaient été passés ça et là le long de l’excroissance, certains bien écaillés ou en piètre état.

    - Bien. Je vous laisse l’interroger. Je vais inspecter les environs, je reviens vous prévenir si je trouve quoi que ce soit.

    - Ah euh… faites… comme chez vous…

    Lunar n’avait même pas entendu la réponse du fermier, ni attendu sa permission pour tourner les talons et entamer son tour du bâtiment. L’académicien dépassa une petite clôture pour arriver à l'entrée de ce qui semblait être des écuries. À l’intérieur, il y avait peu de box, d’immenses bottes de foin entassées dans un coin avec, au sommet, un petit marsupial à poils roux et de grosses moustaches drues. L’animal, pas plus grand qu’une main, grignotait un morceau frais de plaquemine en émettant de petits roucoulements satisfaits. Remarquant Lunar, le singe tamarin ne bougea pas, il n’en fut même pas effrayé, ni dérangé. Il émit un petit cri avant de se remettre à manger son bout de fruit. Néanmoins, l’animal eut le mérite d’alerter une nouvelle personne travaillant dans le centre. La porte d’un box s’ouvrit délicatement et la silhouette d’une demoiselle apparut enfin.

    - B… bonjour ? Fit-elle d’une voix fluette, surprise de rencontrer un visage qui ne lui était pas familier. Je peux vous aider ?

    Habillée d’une simple chemise beige, un tablier sali avait été noué autour d’une longue robe ocre qui lui arrivait jusqu’aux chevilles. Toute frêle, elle portait pourtant une caisse remplie de carottes avec quelques flacons noir, sans doute des soins pour créatures, et des rouleaux pour attelles. Elle possédait un visage très fin, presque osseux, et une peau bien pâle comparée à celle de son collègue cornu. Ses yeux étaient de différentes couleurs, l’un noisette et l’autre d’azur, et ses cheveux avaient été noués en une longue tresse qu’elle avait passée par-dessus son épaule et laissait tomber sur sa poitrine. Lunar s’avança vers elle d’un pas décidé avant de se poster à respectable distance.

    - Lunar Le Fay, Académie des Sciences. J’enquête sur un meurtre ayant eut lieu à l’hôtel à l’orée de la forêt, non loin de chez vous. Un officier de la Garde est déjà en train d’interroger votre collègue, dehors. J’attends votre nom et profession.

    Elle scrutait Lunar et écarquilla un regard on ne pouvait plus choqué en entendant les mots « meurtre » et « interrogatoire ».

    - Je… je m’appelle Capucine, je suis apprentie éleveuse. Je travaille dans cette ferme depuis maintenant deux ans.

    - Votre centre existe depuis longtemps ? Continua Lunar en haussant un sourcil.

    - Kahm, l’homme que vous avez dû croiser dehors, avec la corne, s’est installé ici il y a environ cinq ans je dirais…

    - Vous êtes son épouse ?

    - Non, absolument pas, répondit Capucine en réprimant une moue amusée. Je suis juste son élève. À vrai dire, c’est mon cousin !

    - Vous n’êtes que tous les deux ?

    - Oui. Des touristes viennent souvent, parfois quelques curieux, et des prestataires peuvent rester quelque temps avec nous. Mais c’est tout…

    - Je vois, continua Lunar d’un ton flegmatique. Le corps retrouvé est celui d’un jeune homme en tenue d’écuyer, cheveux courts, il porte un bijou en forme de brin de muguet. Cela vous dit quelque chose ?

    Capucine n’eut même pas à répondre pour que Lunar comprenne que ce visage ne lui était pas inconnu. L’apprentie éleveuse en lâcha sa caisse dont le contenu se répandit sur le sol, effrayant le marsupial en plein goûter, qui s’enfuit en poussant de petits cris. Elle tituba légèrement, frappée par le choc, avant de s’écrouler sur un morceau de foin derrière elle, en pleurs. Le Fay restait face à elle, impassible, tournant nonchalamment sa canne entre ses doigts. La pauvre femme connaissait le mort cela ne faisait aucun doute à présent. Lunar s'apprêtait à insister et lui demander des détails quand un hurlement se fit entendre à l’extérieur. Sortant en trombe de l’écurie, il vit un garde courir à toute allure vers Alvar, ce dernier toujours posté aux côtés du fermier cornu. Le soldat haletait, son armure dans un bien piètre état, couverte de sang, et Lunar reconnu le dénommé Vern qui accompagnait Alvar, et qui était parti inspecter le mas comme prévu dans leur plan. Pressant le pas, Lunar se hâta pour retourner près de Brumerive alors que le garde, complètement tétanisé, arrivait à leur portée.

    - Hhh… Ch…Chef !

    Il tomba à genoux face à eux, désemparé.

    - Ce… c’est Ghel ! Au…au mas ! Il… il est mort !
    Alvar de BrumeriveLe Traquesang
    Alvar de Brumerive
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Mar 4 Jan 2022 - 13:15 #
    Si l'interrogatoire du fermier cornu n'avait rien de plaisant pour Alvar du fait du clair manque de bonne volonté de son interlocuteur, ce qui allait suivre risquait d'être d'autant plus difficile à surmonter. Un calepin en main, l'officier fronçait les sourcils derrière son masque d'acier tandis qu'il notait les maigres informations que son vis-à-vis acceptait à peine de lui transmettre. C'était d'autant plus agaçant, par ailleurs, car Alvar se voyait contraint de suivre l'homme à la trace alors que ce dernier allait de cage en cage, s'occupant de ses bêtes en ne se souciant que très peu de la présence de son invité.

    Ce fut un cri dont le timbre de voix était malheureusement bien trop familier qui le tira de cette désagréable expérience. Sans perdre un instant, le belluaire abandonna son interrogatoire sans remercier l'homme à la corne et retourna à l'extérieur, là d'où provenait le son si alarmant. Alvar découvrit aussitôt, non sans stupeur, qu'il avait bel et bien reconnu l'un de ses camarades. Ce dernier faisait peine à voir et malgré son état désastreux, il parvint à articuler pour faire part de la terrible nouvelle à son supérieur qui, estomaqué comme jamais, peina bien à lui répondre.

    Après un silence momentané résultant de son choc terrible, l'hybride s'approcha de son compagnon agenouillé qui semblait en état de choc. Il tenta de poser une main sur son épaule afin de le rassurer mais son geste bienveillant n'eut pour effet que d'angoisser davantage le pauvre homme qui se retira instinctivement tout en essayant tant bien que mal de maitriser son souffle. Cela lui crevait le cœur de forcer les choses de la sorte, mais Alvar devait cette fois-ci faire preuve de diligence et de dureté, en vue de l'urgence de la situation :

    "Vern, calme-toi. Il faut que tu arrives à m'expliquer ce qu'il s'est passé. On va prendre les choses en main, d'accord ?"

    C'était d'ailleurs bien plus facile à dire qu'à faire car, si Alvar n'en montrait rien pour le moment du fait de ses propres responsabilités, il était tout aussi secoué que son collègue, cette terrible nouvelle ayant évidemment le don d'éveiller les souvenirs les plus douloureux de sa carrière, un mal qu'il ne parvenait décidément pas à exorciser. Vern bredouilla un peu, puis s'expliqua enfin entre deux sanglots :

    "J'ai... J'ai r-rien vu à part une ombre. 'l'a traversé le plancher puis une... une commode lui est tombée dessus. J'ai... j'me suis enfui. Je suis désolé, chef. J'suis une merde."

    Ne sachant que faire dans l'immédiat mais incapable de se résoudre à renvoyer Vern jusqu'au Village Perché dans son état, Alvar décida qu'il était temps de faire preuve d'un peu d'autorité. Il chercha des yeux le fermier qui les observait de loin, le pointa subitement du doigt puis ordonna avec une fermeté qui ne laissait aucune place à la négociation :

    "Vous. Vous le gardez avec vous, ici. On va s'occuper de cette affaire au mas et on reviendra le chercher ensuite."

    Bras croisés et mine renfrognée, le fermier rétorqua abruptement :

    "Certainement pas. On a rien à voir avec votre histoire, je veux pas risquer de m'attirer des ennuis en m'occupant de votre gus, là."

    Cette fois-ci, c'en était trop. Alvar se redressa puis marcha à vive allure jusqu'à son interlocuteur, qu'il toisa ensuite de toute sa hauteur avant de lui pointer un index inquisiteur juste sous le menton, tout en grognant entre ses crocs :

    "C'est un ordre, monsieur. Jusqu'à preuve du contraire, vous êtes d'ailleurs totalement impliqué dans cette affaire alors ne jouez pas à ce jeu avec moi. Pendant que vous me faites perdre mon temps, l'assassin est peut être bien en train de faire d'autres victimes."

    Suite à ces quelques clarifications, Alvar fit volte-face, laissant le fermier penaud digérer ces informations tout en le privant de l'opportunité de refuser. Le gaillard souhaitait éviter de perdre la faire mais savait pertinemment que se mettre un officier à dos dans une telle situation risquait fort de lui porter préjudice. Ce n'était pas dans les habitudes d'Alvar d'user ainsi de menaces à à l'égard des citoyens mais, exceptionnellement, la fin allait justifier les moyens. Tout en posant une main sur le fourreau de sa lame de service, le Belluaire passa à côté de Lunar et lui intima d'un geste de la tête qu'il se mettait en route, avant de lui glisser :

    "Je ne vous contrains évidemment pas à m'accompagner. Cela pourrait être très dangereux."

    Sans plus attendre, il se mit en route mais découvrit bien vite que l'homme à la canne était déjà sur ses traces et ne le lâchait pas d'une semelle. Ce second voyage fut donc encore plus silencieux que le premier du fait de la gravité de la situation et c'était avec une colère sourde qu'Alvar marchait, la tête haute et le regard planté sur l'horizon. Perdre des hommes était de très loin ce qu'il haïssait le plus dans son métier et c'était malheureusement un peu trop récurrent à son goût, ce depuis les prémices de sa carrière.

    Ils arrivèrent enfin au mas abandonné, une structure aussi peu accueillante qu'Alvar l'avait envisagée. Assombrie par des décennies de négligence, la bâtisse faisait peine à voir et ses murs percés au bois pourri conféraient à l'endroit une ambiance malsaine, tout à fait en accord avec les évènements malheureux qui s'y étaient tenus; selon les dires de Vern. Ni une ni deux, Alvar retira son masque et fit usage une seconde fois de son tatouage pour accroître son flair de prédateur. Il huma l'air, sentit aussitôt l'odeur du sang de son compagnon et ne put réprimer un grognement bestial témoignant de sa rage.

    Sans se soucier de ses habituels états d'âme, l'officier s'empara alors de l'une des fioles de sang qu'il portait à la ceinture. Il l'engloutit sans ménagement et fut aussitôt pris d'un frisson qu'il chassa d'un brusque mouvement de tête. Une fois paré au combat, il empoigna son immense épée à deux mains et s'élança à toute vitesse sur le chemin menant à l'entrée. Se fiant à son odorat, il savait exactement où chercher pour mettre la main sur la dépouille de son ami.

    Avec une fougue bestiale, l'homme-bête enfonça la porte abimée d'un coup d'épaule ravageur et découvrit avec surprise que le mort qu'il s'attendait à trouver n'avait pas encore rendu l'âme. Le spectacle effroyable brisa l'élan de bravoure de l'officier et ce fut avec les genoux tremblants qu'il découvrit son pauvre compagnon qui baignait dans une marre de sang, le corps à moitié écrasé sous une commode. Trop affaibli pour s'extraire, le militaire grièvement blessé respirait difficilement et n'allait sans doute pas tarder à tourner de l'œil. Les larmes manquèrent de peu de monter jusqu'aux yeux noirs d'Alvar et il bondit en avant tout en hurlant :

    "Ghel ! Je suis là mon vieux, je suis là !"

    L'officier lâcha son arme puis, faisant preuve d'une force herculéenne alimentée par sa magie, il vint saisir les rebords du meuble qu'il envoya valser d'un seul coup dans un fracas assourdissant. Suite à quoi, il tomba à genoux aux côtés de son compagnon dont l'armure cabossée et maculée de pourpre laissant entrevoir la souffrance. Il était sans doute trop tard pour agir, mais Alvar refusait de l'admettre. Tout en s'efforçant de garder la tête froide, il prit la main du soldat blessé et lui dit :

    "Tiens bon, on va s'occuper de toi. On va pas te laisser y passer, je te le promets."

    Du fait de son hémorragie, Ghel semblait à peine reconnaître son supérieur et laissait ses yeux se perdre dans le vide. Entre deux crachats sanglants, il semblait vouloir s'exprimer mais n'y parvenait pas.
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Mer 5 Jan 2022 - 20:17 #
    « Entrée n°13  - Lunar Le Fay, environs de l’Arbre sacré, 19h, dossier Quartz Fantôme.

    Le mas abandonné est dans un état déplorable, la végétation a envahi la façade , du lierre et de la glycine morte recouvrant presque toutes les briques du bâtiment. Un tiers du mas semble s’être écroulé suite à la retombée d’un tronc d’arbre, sans doute détruit à cause d’un orage. De même, le jardin est à l’abandon, totalement laissé en friche. Et, même si le bâtiment et sa structure ont l’air de s’être dégradés progressivement depuis de très nombreuses années, la taille des plantes et les endroits de pousse indiquent que les jardins du mas sont à l’abandon depuis une période oscillant de huit mois à un an. Mon collègue, le garde de Brumerive, s’est précipité à l’intérieur après avoir ingurgité une fiole remplie de sang noir. L’hybridation de ce soldat ne fait plus de doute à mes yeux à présent, mais ceci n’est pas prépondérant dans l’enquête que nous opérons.

    L’intérieur du mas est à l’image de son extérieur, sans dessus-dessous et dans un état de négligence déplorable. Les meubles croulent sous la poussière, des toiles d’araignée sans propriétaires obstruent certaines portes et couvrent les plafonds et tout ce qui pouvait être pillé l’est depuis bien longtemps. L’officier de Brumerive s’est penché sur le dénommé Ghel, visiblement encore en vie, plus pour longtemps à en juger par ses blessures. Le soldat semble avoir été lacéré par des griffes aussi effilées que la lame d’une dague, et sa chute depuis l’étage supérieur ainsi que la réception d’un meuble, certes de bois moisi, lui a détruit plusieurs os.

    Il faut procéder à une inspection drastique du bâtiment.
    »

    Lunar aurait pu soigner le militaire blessé, son agonie devant être insupportable, le pauvre était aux portes de la mort. Mais le scientifique n’en faisait, pour l’instant, rien du tout. Il voulait conserver toute ses facultés au cas où ils tomberaient sur l’assaillant de Ghel. Dans l’état dans lequel le garde était, Lunar serait forcé de dépenser une bonne portion de sa propre vigueur pour le remettre sur pied et le sauver. Il se rassurait en se disant qu’il était pragmatique. Si la chose qui avait attaqué Ghel était encore là, alors utiliser sa magie de soin sur le pauvre homme signifiait sa propre mort. Pour Lunar, mieux valait ce soldat que lui. Des hommes fringants et athlétiques, la Garde pouvait en piocher autant qu’elle le voulait dans les campagnes ou l’académie militaire. Des esprits comme Le Fay, malheureusement, le royaume n’en produisait plus sur demande…

    - Je vais inspecter l’étage, dit simplement Lunar à Alvar, penché sur son collègue.

    S’aidant de sa canne pour conserver son équilibre sur les marches branlantes, Lunar grimpa tant bien que mal l’escalier à l’entrée du mas pour accéder au premier étage. Les marches craquaient à chaque pas, comme les bûches d’un feu léchées par les flammes d’un feu. La rampe de fer rouillée menaçait de se dessouder si on osait la frôler, si bien que Lunar préférait compter sur sa canne pour s’appuyer plutôt que d’y toucher. Par endroit, le bois des marches était en si piteux état que de la moisissure se propageait jusque sur les murs, de grosses fissures se formant ça et là le long des chancissures. Arrivant au premier étage, Lunar se trouva à l’entrée d’un long corridor qui s’arrêtait abruptement sur une poutre effondrée. Deux portes lui étaient accessibles. Se dirigeant à tâtons vers la première, évitant des trous dans le plancher, l’académicien tomba sur les restes d’une salle de bain. Une baignoire à moitié détruite dans laquelle poussait un arbuste, un miroir craquelé recouvert d’une couche de crasse telle que rien ne pouvait plus se refléter à sa surface. Un meuble et un bac d’évier avaient été réduits en pièces sur le sol, le reste de la pièce était vide, il n’y avait rien à tirer de cet endroit. Le jeune homme préféra continuer son avancée dans le couloir pour aller vers la seconde porte. À demi ouverte, la porte donnait sur une chambre. Au fond de la pièce, un énorme trou dans le sol donnait sur le rez-de-chaussée, Lunar distinguait Ghel et Alvar en dessous, devinant que le soldat avait dû tomber d’ici lorsqu’il avait été attaqué.

    Avançant à l’intérieur, Le Fiel balaya le mobilier du regard. Les restes d’un lit moisi avait été encastré dans le mur, une armoire s’écroulant sur elle-même s’était faite entièrement dévalisée, et un bureau s’effondrant sous la poussière avait perdu toute sa superbe d’antan. Lunar fit quelques pas avant que quelque chose ne vienne buter sous l’un de ses pieds. Un craquement attira son attention, il venait de marquer sur un morceau de verre. Baissant la tête, le chercheur remarqua qu’il avait posé le pied sur ce qui avait l’air d’être un cadre pour cliché de cadre magique. Se baissant, Lunar ramassa la photographie et souffla sur sa surface pour révéler l’image. Dessus, il reconnut immédiatement Capucine, la fille du centre de soin pour familiers, souriante, se tenant au bras d’un grand homme. Costaud, il avait de longs cheveux noirs noués en un chignon ainsi qu’une barbe taillée. Néanmoins, son pourpoint n’avait rien de celui d’un gentilhomme et on pouvait vite remarquer quelques boutons nécessitant un urgent raccommodage. Le cuir de sa ceinture était terni, vieillot, et son pantalon avait quelques trous de mite au niveau des cuisses. Lunar allait reposer l’image mais quelque chose retint subitement son attention, un détail qu’il avait, de prime abord, complètement négligé.

    Autour du cou du bellâtre, il y avait un collier, un pendentif en forme de brin de muguet.

    - Oh non… Souffla Lunar.

    Il avait immédiatement compris ce qui se passait, mais il était trop tard. La porte de la chambre claqua, se fermant brutalement, avec lui à l’intérieur. Derrière la porte, il y avait un miroir, un long miroir sur pied érodé par le temps. Une figure se dessina à l’intérieur, une forme éthérée terrifiante, le spectre d’un homme aux cheveux longs et à la barbe bien taillée, le fantôme d’un gentilhomme qui avait tout perdu et qui revenait pour prendre sa revanche. Son pendentif, il ne l’avait plus, perdu depuis longtemps, au cou d’un autre homme… L’homme sortit du miroir, brisant la glace qui se répandit en mille morceaux sur le sol. Lunar reculait à petits pas, ne quittant pas le spectre des yeux. Il savait qu’une créature pareille était imprévisible, émue par des pulsions de désespoir.

    - Nous ne sommes pas là pour piller, nous ne connaissons en rien mademoiselle Capucine, fantôme.

    Entendant le nom de la jeune femme, le spectre émit un terrible son, à mi chemin entre un râle strident et le crissement d’une lame sur du métal. Il fonça vers Lunar en glissant sur le sol. Ni une ni deux, ce dernier ne se fit pas presser et se tourna pour sauter dans le trou dans le plancher pour retomber à l’étage inférieur, à quelques pas d’Alvar et de Ghel qu’il alpagua pour les presser.

    - Un mâne. C’est lui qui a tué l’écuyer ! Pas le temps d’expliquer, attrapez cet imbécile et mettez-vous à courir. Il faut qu’on retourne à l’hôtel détruire le pendentif  du macchabée. J’espère que vous savez courir vite, parce qu’il est ivre de rage
    Alvar de BrumeriveLe Traquesang
    Alvar de Brumerive
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Ven 21 Jan 2022 - 13:48 #
    Profondément angoissé par l'état désastreux de son camarade, Alvar ne prêtait que passablement l'oreille aux propos de Lunar qui, étrangement, semblait parfaitement indifférent au drame qui se jouait devant lui. Trop affolé par la santé de son jeune ami pour s'en soucier, le Belluaire s'affaira à ausculter le pauvre Ghel qui émettait toujours d'immondes gargouillements en s'étouffant dans son propre sang. Alvar n'était certes pas médecin, néanmoins ses quelques compétences en matière de premier secours lui permettaient d'estimer à première vue que son ami n'était pas encore tout à fait condamné. L'espoir était cependant bien maigre, c'était donc dans la plus grande urgence qu'il fallait le ramener jusqu'à la civilisation.

    Tâchant tant bien que mal de cerner comment apaiser Ghel, Alvar fut subitement interrompu dans sa tâche par un rugissement si anormal qu'il lui glaça le sang. Ghel et lui se regardèrent un instant et le regard que lui jeta le blessé ne laissa aucune place au doute : il savait pertinemment ce qui venait de hurler et cela le terrifiait au plus haut point. Après un bref instant de silence, Alvar releva le museau en direction de l'étage supérieur en portant une main peu assurée jusqu'à son épée la plus courte. Ce fut à cet instant que Lunar se révéla en bondissant au travers du plancher percé, leur révélant avec empressement la nature exacte de l'ennemi surnaturel qu'ils affrontaient ?

    "Un Mâne ?!"

    Le même sifflement strident retentit à nouveau et, alors qu'Alvar s'apprêtait à embarquer Ghel pour fuir la zone, le monstre fit son apparition en serpentant lentement à travers le trou que venait d'emprunter Lunar. Le visage de la créature n'était pas sans rappeler celui d'un homme, cependant sa silhouette transformée par la haine indiquait sa nature extraordinaire. Ses membres allongés et ses mouvements longs et flottants lui conféraient l'apparence d'un ectoplasme, Au centre de son visage tordu se révélait une gueule béante et de ses longs doigts effilés, les longues s'étaient allongé en griffes. Ce ne fut pas par pur courage mais surtout par désespoir qu'Alvar décida d'administrer le premier coup. Sa lame quitta son fourreau en un éclair puis, d'un geste ample et effroyablement puissant, il vint trancher horizontalement le torse du monstre ignoble qui voletait jusqu'au trio.

    La chose hurla, visiblement endommagée, mais pas une once de sang ne quitta la plaie que venait de dessiner l'hybride. Bien au contraire, le corps du Mâne semblait se reformer et les mailles du tissu qui semblait composer son habit paraissaient se recoudre par magie. Un frisson d'effroi parcourut l'échine du militaire qui profita de l'inactivité momentanée de la bête pour mettre l'épée à son fourreau avant de soulever Ghel. Ce dernier souffrait le martyr et grogna en réponse à ce déplacement forcé, mais Alvar ne pouvait se permettre de le ménager en de telles circonstances.

    "Lunar, prenez mon épée et fuyons ! Je ne peux pas le retenir !"

    Joignant à ces mots un geste du menton en direction de son arme à deux mains posée non loin d'eux, le soldat se mit à courir à une vitesse anormalement élevée en vue de la charge qu'il portait. Fort heureusement pour eux, il était encore galvanisé tant par l'adrénaline que par ses propres pouvoirs, ce qui lui permettait de se mouvoir avec aisance et ainsi d'échapper aux assauts de la monstruosité qui, déjà, se remettaient à leurs trousses avec une sauvagerie et un entrain surprenants. De toute évidence, il était bel et bien enragé par le vol de sa broche et comptait tout annihiler sur son passage jusqu'à restitution ou destruction de ce dernier.

    Alors qu'Alvar passait tout juste la porte d'entrée du lieu maudit, il fut témoin de la force de destruction implacable dont le spectre était pourvu. Née du vide, une lame composée de bris de miroir se formait dans la main du Mâne dans un crissement de verre froissé. L'hybride eut à peine le temps d'apercevoir le bras du monstre qui s'élevait dans les airs et ce fut par un réflexe salvateur qu'il parvint in extremis à échapper à la trajectoire de l'assaut. Face a l'échec, la créature poussa un sifflement monstrueux et arma son bras pour une seconde attaque, mais Alvar l'avait déjà devancé.

    Ils atteignirent enfin l'extérieur et couraient à en perdre haleine. Incapable de penser à autre chose que la sécurité de Ghel, le Belluaire se contentait de fuser tel un boulet de canon, espérant qu'ils arriveraient à temps pour lui sauver la vie. Il se risqua à jeter un regard par dessus son épaule et constata non sans surprise que le Mâne avait quitté son champ de vision. Etait-il dissimulé dans les broussailles ou avait-il encore disparu dans un quelconque reflet ?
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Sam 22 Jan 2022 - 16:10 #
    Lunar courait à perdre haleine dans la forêt, Alvar sur les talons, alors que le mâne ivre de rage s’était lancé à leur poursuite. Le jeune homme n’avait jamais fait face à un mâne auparavant mais avait suffisamment lu de documentation à leur sujet pour savoir comment  les appréhender. Ces vils spectres étaient imprégnés de toute l’énergie négative de l’esprit d’un mort, nés de l’empreinte qu’ils ont laissé sur le monde en mourant. Ces monstres très dangereux continuaient d’opérer sous les dernières pulsions et désespoir du défunt, ne s’arrêtant qu’une fois l’objet qui les maintient encore en contact avec le monde matériel détruit. Ces objets étaient des artefacts sentimentaux du défunt et, dans le cas du fantôme qui les avait pris en grippe, le collier que portait l’écuyer mort à l’hôtel. Il n’avait pas fallu longtemps à Lunar pour comprendre le fin mot de toute cette affaire. Elle était, finalement, bien plus simple qu’il n’y paraissait une fois toutes les pièces du puzzle en mains. La chose qui les avait pris en chasse était le spectre d’un ancien amant de Capucine. Il lui avait offert son pendentif, qu’elle avait ensuite à nouveau offert à une nouvelle conquête, l’écuyer. Le spectre, ivre de jalousie et de rage, avait tué le garçon et semblait prendre pour cible tout homme rôdant un peu trop près de son ancienne demeure.

    L’épée de sa canne dégainée, Lunar donnait des coups devant lui pour trancher branches et broussailles avant de progresser plus vite dans la forêt. L’académicien scrutait surtout le sol afin de ne pas trébucher sur une racine, s’arrêter et tomber signerait son arrêt de mort. Face à un mâne en colère, il n’avait pas le droit à l’erreur, surtout sans magie ni rituel adapté. Loin devant, Le Fiel ignorait à quelle distance se trouvait Alvar, il essayait de faire le vide et se concentrer, tâchant d’ignorer les sons environnants. Plusieurs feux follets bleutés filèrent près de sa tête pour se cacher dans un fourré, d’autres se glissèrent dans un trou au milieu du tronc d’un chêne. La tête d’un petit soot émergea de la fente, piaillant à ses camarades un peu plus bas qu’il n’y avait rien à craindre. Lunar ne leur accorda aucune attention, trop occupé à fuir un fantôme en colère plutôt que de s'arrêter s’amuser avec des esprits de la forêt. Au loin, il entendait les hurlements cauchemardesques du mâne, aigu et strident, comme une dizaine de craies que l’on fait crisser contre un tableau d’ardoise.

    Loin derrière lui devait se trouver Alvar. Lunar ignorait s’il avait pris le garde blessé avec lui, n’attendant pas de se faire prier pour se mettre à courir. Pour l’académicien, le laisser au mas était la meilleure chose à faire. L’officier ne pourrait jamais distancer le mâne en portant un poids mort sur son dos. Le spectre enragé finirait forcément par le rattraper et ils y passeraient tous les deux. Avec un peu de chance, le fantôme avait épargné Ghel pour se lancer directement à leur poursuite ? En tous cas, si le militaire avait choisi de sauver la vie de son camarade, alors la course-poursuite ne serait pas pour lui une partie de plaisir. L’air devenait plus frais, le soir pointait le bout de son nez et une lumière crépusculaire baignait le bois d’une atmosphère tamisée. Elle aurait pu être agréable pour Lunar s’il n’avait pas été dans une situation si dramatique…

    Au loin, le jeune homme voyait les contours de l’hôtel se dessiner entre les troncs. Un goupil, surpris, fila à vive allure en glapissant bruyamment, puis disparut en entrant sous plusieurs buissons de sauge. Devant l’hôtel, un clerc s’occupait de l’accueil d’un groupe de six personnes, épuisées par leur voyage. Une grand-mère à la peau verte, deux petites antennes perçant à travers son chignon gris, tricotait tranquillement alors que l’employé attrapait sa valise. Perchée sur un petit fauteuil flottant, elle avait l’air plutôt contente. Tout le contraire du couple debout derrière elle, prêts à s’écrouler de fatigue, zyeutant le fauteuil avec envie. Lunar courant vers eux, son épée toujours dehors, devait les faire dégager avant qu’Alvar ne débarque avec le mâne aux fesses.

    - Mettez-vous à l’abri ! Vite ! Leur cria Lunar pour les alpaguer.

    Le groupe se retourna, le clerc reconnu Lunar et, tout affolé, en lâcha sa valise qui tomba lourdement au sol. Figé pendant quelques secondes, il regardait le scientifique s’avancer encore plus vers eux, les cris du mâne commençant à se faire entendre à la lisière de la forêt. Ce ne fut que lorsque la vieille dame qui tricotait donna un petit coup sur la tête du clerc avec sa pelote de laine qu’il ne daigna bouger :

    - Mais dépêchez-vous enfin, fit-elle d’un air concerné, ce jeune homme nous prévient d’un danger !

    - Ou… oui ! Entrez, vite !

    Le clerc laissa les valises dehors, faisant entrer immédiatement les nouveaux visiteurs à l’intérieur dans le hall de l’hôtel. Lunar suivit bien vite alors que l’employé gardait la porte ouverte pour lui permettre de s’engouffrer lui aussi à la volée. Lunar lui ordonna de laisser l’entrée ouverte pour que le soldat de Brumerive puisse entrer dans le hall rapidement à sa suite.

    - Que se passe-t-il ? S’enquit une hôtesse à la caisse.

    - Pas le temps de vous expliquer, répondit sèchement Lunar. Emmenez ces clients en lieu sûr et barricadez-vous, c’est un ordre.

    - Où sont les gardes qui étaient avec vous ? Reprit l’hôtesse, inquiète.

    - Mademoiselle ! S’écria la vieille dame. Quand un membre de l’autorité nous prévient de nous cacher, on s’exécute ! Il nous racontera plus tard. J’vais protéger tout le monde moi, j’ai 90 ans mais encore toutes mes méninges !

    Content de voir que quelqu’un ici demeurait encore lucide, Lunar laissa la grand-mère prendre les choses en main elle-même et conduire tout ce monde vers la cantine de l’hôtel. Lunar reprit sa course en montant les marches quatre à quatre, droit vers la chambre. Malheureusement pour lui, arrivé en haut des escaliers, un pli dans un tapis le fit trébucher. L’académicien jura en heurtant le sol, lâchant sa canne-épée dont les deux morceaux partirent un peu plus loin dans le couloir. Il entendait Alvar, derrière lui, et le mâne. Tous les deux le rattrapaient.

    Le collier était si proche, il suffisait juste de le détruire…
    Alvar de BrumeriveLe Traquesang
    Alvar de Brumerive
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Mar 25 Jan 2022 - 19:00 #
    A bout de souffle, mais toujours déterminé à sauver Ghel, Alvar courait à en perdre haleine sur les traces de Lunar, profitant des orifices creusés dans la végétation que ce dernier venait de créer grâce à sa propre épée. Les feuillages couvraient le visage masqué de l'hybride, s'empêtrant dans sa visière et manqua de peu de lui faire perdre l'équilibre à de nombreuses mais il tenait bon malgré tout. Il avait déjà perdu trop d'hommes par le passé et refusait d'en voir un autre disparaître, surtout par sa négligence en tant que dirigeant.

    Il esquiva une dernière racine par un bond habile, mais le fracas de l'atterrissage fit hurler de douleur le pauvre ami qu'il trimballait tant bien que mal dans ses bras. Pas le temps de s'inquiéter de cela, car la devanture de l'hôtel était enfin à portée de vue, laissant enfin une place à un mince espoir de survie. Le hurlement strident de la créature maudite se fit entendre dans le dos de l'officier et ce dernier redoubla d'effort pour lui échapper, pénétrant enfin dans l'hôtel. Une fois la porte passée, il hurla à s'en déchirer les poumons :

    "Fermez cette porte ! Vite !"

    Couvert de sang et portant un blessé gémissant, il terrifia bien évidemment l'assemblée qui avait entrepris sans trop comprendre d'approcher des meubles de l'entrée afin de réaliser une barricade. La plupart se mirent à hurler et d'autres furent aussitôt paralysés par la peur, mais ce fut avec diligence qu'il tâcha de les forcer à reprendre leurs esprits. Lunar avait quant à lui déjà fusé tel une flèche jusqu'à la chambre où se trouvait le collier, mais Alvar ne pouvait pas encore le suivre : il devait assurer la sécurité de ceux qui se trouvaient ici. Il ouvrit la bouche pour expliquer la situation aux citoyens présents, mais le rugissement furieux de la bête coupa son discours, le forçant à écourter :

    "Occupez-vous de lui, je me charge de ce monstre."

    La barricade n'ayant pas été complétée, il allait devoir agir lui-même. Des hommes s'empressèrent de récupérer Ghel qui poussa un énième râle d'agonie lorsqu'il fut séparé de son supérieur et tous les civils se dirigèrent dans une salle plus éloignée. Alvar demeura seul dans le hall et empoigna son masque qu'il jeta par terre à la hâte avant de se débarrasser de son gant gauche. Les crocs qui ornaient sa paume s'agitèrent alors dans une série de cliquetis tandis qu'il tirait du fourreau son épée courte de l'autre main. Il n'avait aucune idée de l'emplacement de son épée lourde, il n'était d'ailleurs même pas convaincu que Lunar s'en soit chargé, il allait donc être nécessaire de faire sans.

    Le Mâne était là et ce fut dans un assourdissant fracas de verre et de bois brisé qu'il enfonça la porte de l'hôtel, avant de pointer de son doigt crochu celui qui l'avait blessé plus tôt. Alvar se mit en position, prêt à encaisser un premier assaut, car la créature ne semblait pas disposer à négocier. Tout en vociférant, la bête fantomatique glissa jusqu'à lui et asséna son coup à l'aide de son arme surréaliste. Alvar parvint à dévier l'attaque d'un geste habile, cependant la force herculéenne de la monstruosité le déséquilibra, ce qui le poussa à reculer malgré lui.

    La chose le balaya ensuite d'un simple revers de la main et, malgré son poids conséquent, Alvar fut propulsé dans les airs comme un vulgaire chiffon, venant s'écraser contre le mur à deux pas des escaliers menant à l'étage. De toute évidence, la colère de ce Mâne était telle qu'il était impensable de pouvoir le vaincre en duel, du moins pas dans un tel état d'épuisement. Face à cette impasse, il n'y avait bien qu'une solution : la fuite.

    En reprenant ses esprits, Alvar esquiva de peu une attaque visant son cœur et s'engouffra dans la cage d'escalier, suivi de près par le Mâne rageur qui escaladait les marches quatre à quatre en maculant les murs et la rembarde d'entailles profondes. Sa terrifiante folie sanguinaire ne semblait connaître aucune limite, aussi Alvar s'empressa simplement de rejoindre Lunar dans la chambre avant de rabattre la porte derrière lui d'un coup. Essoufflé, il s'égosilla lorsqu'il aperçut son partenaire qui venait visiblement de s'emmêler les pieds dans le tapis.

    "Lunar ! Où est ce foutu bijou ?"

    Malheureusement, ce court instant d'inattention fut suffisant pour le détourner de l'ennemi qui, grâce à sa force implacable, perça un trou béant dans la porte et vint embrocher Alvar en plein dans l'épaule, à la jointure entre deux plaques d'armure. L'officier lâcha son épée lors de l'impact et poussa un cri de souffrance mais, par réflexe, il parvint à empoigner le bras armé de la créature de son autre main. Les crocs ornant sa paume s'enfoncèrent profondément dans la chair pourrie du Mâne qui poussa un couinement suraigu. Le processus d'absorption s'entama aussitôt mais, évidemment, la substance extraite du corps de l'ectoplasme était tout sauf du sang.

    Un réflexe de dégoût poussa Alvar à lâcher sa prise mais il tenta néanmoins de lutter, administrant un coup de poing sauvage en plein dans le visage de la bête qui tentait de se glisser à l'intérieur de la pièce en agrandissant le trou qu'elle venait de créer dans la porte par sa simple force brut. Il n'allait pas suivre ce rythme bien longtemps...

    "Lunar ! Dépêchez-vous, bon sang !"
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Mer 26 Jan 2022 - 17:44 #
    - C’est pas vrai…! Pesta Lunar alors qu’Alvar l’avait suivi jusqu’en haut des escaliers. En rentrant au Village Perché vous avez intérêt à doubler l’entraînement de vos unités, leur imposer des cours sur la faune !

    Le scientifique s’était relevé après avoir trébuché sur le tapis et avait été entraîné à l’intérieur de la chambre par Alvar, le mâne qui le talonnait de près. L’hybride glouton pourpre avait brutalement refermé la porte de la pièce alors que l’horrible spectre essayait de l’enfoncer. Les braillements éraillés et stridents du monstre raisonnaient dans le corridor alors que ses griffes acérées tenaient tête au militaire. Les cris de la créature suffisaient à dissuader quiconque de sortir de sa cachette, et l’académicien espérait que personne ne pointe son nez dans le secteur. Le fantôme se jetterait sur la première tête qu’il verrait pour la déchiqueter. Il n’y avait plus aucune possibilité de raisonnement, un mâne n’avait aucun répit, aucune compassion. Et quand il devenait enragé, il n’y avait plus aucun espoir. Les seuls moyens de lui échapper restaient la magie, ou de le détruire. Mais ces possibilités n’étaient pas données à tout le monde. Devoir faire face à un mâne était sans doute l’une des rencontres les plus retorses pour un aventurier, même expérimenté. Néanmoins, Lunar s’estimait chanceux dans cette équation. Le mâne qui les avait pris en chasse, et responsable de tout ce remue-ménage, était moins imbue de ressentiments et de désespoirs que d’autres, et par conséquent moins puissant.

    - Ce fichu pendentif… continuait de maugréer Le Fay alors qu’il avançait vers le lit.

    Lunar attrapa le linceul de l’écuyer pour le déplier vertement, révélant un cadavre gris et disgracieux. Fort heureusement, le pauvre garçon n’était pas décédé depuis suffisamment de temps pour laisser échapper de nauséabondes effluves, le processus de décomposition n’étant pas encore entamé. Néanmoins, le type n’avait plus rien du jouvenceau sur lequel ils étaient tombés quelques heures auparavant. Il n’était plus rien qu’une coquille vide, rigide comme un tronc d’arbre et plus pâle qu’un morceau de craie. Sur ses vêtements, les taches de sang étaient devenues noires, les morceaux de miroir n’avaient toujours pas été retirés de son thorax. À quoi bon ? Il était déjà mort, et ils avaient trouvé l’auteur de son meurtre, une autopsie plus approfondie n’était plus nécessaire… Lunar arracha le collier en forme de brin de muguet du cou du macchabée d’un coup sec, brisant la chaîne d’argent qui nouait l’ornement au passage. Le bijou fleuri avait l’air d’avoir été taillé dans de la corne, de l’ivoire. Les clochettes de fleurs avaient été plus blanchies que le reste de la plante qui, elle, possédait une teinte jaunâtre plus brute. C’était un objet relativement beau, fruit de l’ouvrage d’un artisan de village qui avait dû y mettre du cœur. Quel dommage de le réduire en charpie, pensait Lunar.

    - Comment je vais détruire cette chose…?!

    La canne ou l’épée de Lunar étaient bien trop grandes pour briser le bijou avec précision. Le jeune homme essaya de le poser sur la table de nuit et l’écraser brutalement à l’aide d’une choppe posée là, rien y faisait, le bijou était resté intact. L’académicien pesta à nouveau. Le bijou devait être taillé en corne de bébéhémot ou en dent de smilodon pour être aussi solide, ce n’était pas de l’ivoire de basse qualité. Ils allaient devoir avoir besoin de quelque chose de plus destructeur pour briser le pendentif. Balayant la pièce du regard, Le Fay ne vit rien qui, de prime abord, allait pouvoir lui être utile. Ce n’était après tout qu’une chambre d’hôtel banale avec toutes les commodités de base : un lit, une commode, une armoire, une baignoire simple et une table à manger pour deux personnes. Il n’y avait rien de luxueux, aucune fioriture, aucun ornement qui pourrait être utile. Mais à quoi s’attendait-il ? Il n’était ni dans la boutique d’un apothicaire, ni à l’Académie des Sciences. Il n’allait pas tomber sur un croc de basilic ou un bois de fiellon comme si de rien était.

    Se détournant du lit, Lunar se précipita vers la commode et l’ouvrit pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Sa déception ne fit que croître en tombant sur une pile de serviettes de bain et, juste à côté, des draps de rechange pour le lit et une coupelle en bois pour y déposer des fruits. Lunar n’eut pas le temps de réagir qu’Alvar fut projeté en arrière, détruisant la table à manger et les chaises pour atterrir contre le mur juste à côté de lui. Le jeune homme se releva alors que le mâne glissait dans la pièce, l’air plus menaçant que jamais.

    Lunar eut une idée.

    Et si… ?

    Le Fiel attrapa une serviette pour la lancer vers le spectre. Le monstre la déchira d’un seul geste, la découpant de ses griffes comme un couteau dans du beurre. Aussitôt après, Lunar lui envoya le saladier de bois qui, lui aussi, fut tranché en deux par un nouvel assaut du mâne. Le spectre s’apprêtait à fondre sur le scientifique quand celui-ci lui lança enfin le brin de muguet sculpté. Là encore, le mâne brassa l’air de ses griffes rasoirs. Le pendentif fut touché, percé par les lames. Les tiges se fendirent, les clochettes des fleurs se brisèrent en un millier de petits éclats. Les mailles des restes de la chaîne éclatèrent également, se dispersant partout dans la chambre.

    Les morceaux du collier disparurent sous les meubles alors que le mâne se figeait sur place. Il resta immobile quelques secondes avant d’être pris de convulsions. Son corps commençait à se craqueler, de fines fissures de lumières le parcouraient de part et d'autre. Il émit un dernier hurlement d’effroi, strident, glaçant le sang de Lunar dès qu’il l’entendit, un long frisson lui remontant l’échine. Le mâne finit par se ratatiner sur lui même avait de se consumer en plusieurs gerbes de lumière pour disparaître dans le néant, son cri ne devenant peu à peu qu’un écho lointain.

    Lunar restait debout devant l’encadrement de la porte détruite, fixant l’emplacement où le spectre venait de disparaître. Ils avaient gagné, la menace avait été éliminée. Il se contentait de respirer en faisant du bruit, comme essoufflé, conscient que le monstre aurait pu le tuer d’un seul coup s’il n’avait pas mordu à l’hameçon. Le jeune homme tâchait de regagner sa contenance. Il s’en retourna vers Alvar, toujours à terre, à qui il ne put dire qu’une chose :

    - C’est fini. Relevez-vous.
    Alvar de BrumeriveLe Traquesang
    Alvar de Brumerive
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Jeu 27 Jan 2022 - 3:03 #
    La lutte entre les deux hommes et la bête maudite s'était avérée terriblement rude. Blessé à l'épaule et secoué par la violence avec laquelle il avait percuté le mobilier de la chambre, Alvar se remettait tout juste du choc et se redressait difficilement en grognant de déplaisir. Une fois assis, il porta une main tremblante jusqu'à l'une de ses sacoches et en extirpa difficilement une fiole de sang. Il leva l'autre bras pour ôter le bouchon mais fut aussitôt pris d'une douleur à l'épaule si sourde qu'il manqua de peu de laisser choir son repas.

    Un coup d'œil en biais lui permit d'entrevoir la gravité de sa blessure et ce fut sans mal qu'il constata que cela n'avait rien d'une simple égratignure. Une fois le malheureux constat établi, il engloutit sans plus attendre le contenu de la fiole et sentit les effets positifs de sa magie opérer, mais ceux-ci furent limités. Il se savait déjà au delà de ses propres limites, aussi il ne fut pas surpris par cet état de fait. Avec une sauvagerie notable, il s'empressa d'attraper le morceau de miroir enfoncé dans sa plaie et vint l'extraire dans une gerbe sanglante, permettant ainsi à sa magie de refermer les tissus tranchés. Il allait certes avoir besoin de soin, néanmoins un cas plus urgent l'attendait en bas. Lunar lui ordonna de se releva avec un sérieux absolu, ce à quoi Alvar ne put cette fois-ci pas s'empêcher de répondre par un éclat de rire furtif, suivi de quelques mots lancés avec le sourire :

    "Pouvez-vous me laisser un petit instant, Mr. Le Fay ?"

    Appuyant son propos par ses gestes, il se redressa dans un grincement de metal froissé et de bois craquelé. Couvert de débris en tout genre ainsi que de son propre sang, le fier Belluaire faisait désormais peine à voir mais c'était la tête haute qu'il pouvait retourner voir les civils pour leur annoncer la bonne nouvelle : ils avaient résolu l'affaire, mais surtout écarté la menace qui planait sur la zone. C'était donc avec une fierté notable qu'il remit sa lame au fourreau et qu'il entreprit de redescendre les marches pour libérer les hommes et les femmes qui, sans nul doute, étaient toujours barricadés à l'étage inférieur. A pleins poumons, il s'écria :

    "Messieurs dames, le monstre a été abattu ! Vous pouvez sortir, l'endroit est sûr !"

    Il entendit diverses portes s'ouvrir aux quatre coins de l'établissement et des voix s'élever de part et d'autre dans un brouhaha mêlant crainte et soulagement. Le sourire aux lèvres, il arriva enfin jusqu'au rez-de-chaussée en s'appuyant lourdement sur la rembarde partiellement détruite par la créature. Malheureusement, les expressions graves de ceux qui s'étaient enfermés avec Ghel lors de leur arrivée lui retirèrent instantanément toute envie de sourire. En un souffle, il murmura :

    "Oh, non..."

    D'autres silhouettes sortirent de la pièce où se trouvait Ghel. Certains portaient des chemises couvertes de sang et jetaient à Alvar des regards fuyants. Oubliant ses propres douleurs, il s'élança à travers le hall rendu silencieux par la gravité de la situation et contourna ceux qui lui barraient la route sans le vouloir. Lorsqu'il pénétra dans la salle, la vision d'horreur lui parvint et son cœur manqua un battement. La vieille femme qui avait encouragé tout le monde à suivre les directives de Lunar se trouvait seule dans la pièce, assise sur un fauteuil et les mains couvertes de sang. Devant elle se trouvait la silhouette aisément reconnaissable d'un corps dissimulé sous un drap.

    Qu'allait-il dire à sa famille, à ses amis, à ses supérieurs ? Ce furent étrangement les premières questions qui lui traversèrent l'esprit. A moitié sonné par la dramatique réalité, Alvar pénétra dans la pièce et se posta aux côtés de la vielle dame. Tout en détaillant le drap avec effarement, il articula d'une voix si faible qu'elle se changea en murmure :

    "Qu'a t-il dit avant de...?"

    La vieille dame tourna vaguement la tête dans sa direction puis, après un reniflement sonore qui traduisait sa propre émotion, elle lui répondit fermement :

    "Rien. 'pas pu dire un mot. Il était déjà en train de... d'partir, quand vous êtes arrivés."

    Soudain pris d'une vague de désarroi, le soldat tâcha de se montrer aussi neutre que possible et conclut par un "merci." Suite à quoi, il tourna les talons et sortit de l'hôtel par la porte principale, persuadé de pouvoir se montrer impassible au moins jusqu'à son retour au Village. Il se trompait bien car, une fois à l'extérieur, il sentit le chagrin remonter et poussa malgré lui un rugissement bestial, frappant dans sa rage un jeune arbre avec une telle intensité qu'il en arracha partiellement le tronc.

    Galvanisé tant par l'excès de sang que par l'émotion qui le rongeait, il perdait pied. Sa colère ne devait pas prendre le dessus et il le savait, mais voir ses compagnons périr un par un devenait chaque fois plus insupportable.
    Lunar Le FayCitoyen
    Lunar Le Fay
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
    Jeu 27 Jan 2022 - 16:14 #
    « Entrée n°14  - Lunar Le Fay, environs de l’Arbre sacré, 20h, dossier Quartz Fantôme.

    Je ne me suis toujours pas rendu auprès de l’Arbre Sacré, ce travail attendra demain en vue de l’heure qu’il est. L’affaire du meurtre de l’hôtel est présentement terminée, la menace a été éliminée, mais à quel prix ? L’officier de Brumerive a perdu l’un de ses hommes, le dénommé Ghel. Si ce n’était pour l’indifférence que m’éprouve son faciès, l’insignifiance de sa personne et l’ingratitude de son physique, j’aurais peut-être pu développer davantage à son sujet. Toutefois, je suis dans l’incapacité de le faire. Ghel restera donc, dans ce rapport, un personnage secondaire de cette macabre parenthèse. Il ne fait nulle doute que le soldat hybride lui procurera des funérailles adéquates ainsi qu’une oraison funèbre plus fournie.

    Le soldat Alvar de Brumerive a été d’une collaboration, somme toute, globalement satisfaisante. Malgré un manque cruel d’aise avec les interactions sociales et de connaissances de la faune, le militaire a fait montre d’une certaine compétence tout au long de l’enquête. Il n’a jamais, à aucun moment, fait obstruction à mon travail et a respecté ma position au sein de l’Académie des Sciences. Je ne compte pas prolonger ma collaboration avec lui pour la suite de mon entreprise à l’Arbre Sacré et le laisser retourner vers le Village Perché avec le corps de son collègue. Ce rapport sera également envoyé au supérieur hiérarchique de l’officier de Brumerive qui en tirera les conclusions qui s’imposent.

    Le cadavre de l’écuyer décédé, n’ayant aucune information à son sujet, sera confié à la Garde et rapatrié vers le village le plus proche afin d’y être inhumé, en fosse commune si personne ne se sera manifesté ou aucun proche retrouvé. Quant à l’hôtel, le personnel et les vacanciers ont déjà été mis au courant de toute l’affaire. Bien que personne n’en ressort traumatisé ou blessé, l’histoire a beaucoup choqué la populace locale qui organisera un moment de recueillement, tant pour l’écuyer que Ghel ou pour l’homme ayant donné naissance au mâne. La dame âgée ayant coordonnée le repli du personnel et des vacanciers devrait recevoir une décoration du mérite d’ici quelques jours. Elle a mérité sa récompense, ayant été d’une plus grande aide que le reste de l’hôtel. Je suppose qu’elle aurait fait face au mâne elle-même si elle en avait eu l’occasion.

    Quoi qu’il en soit, considérant la journée, et l’heure qu’il est, il est temps de prendre un peu de repos. Demain, l’inspection de l’Arbre Sacré sera effectuée rapidement afin d’immédiatement repartir vers l’Académie.

    Des affaires bien plus pressantes doivent être réglées.

    D’autant plus que le Solstice approche à grands pas…
    »
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    Re: Dossier Quartz Fantôme - Aryon Horror Story
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