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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Red et Bridget se transforment en instructeurs de la Garde de la Forteresse pour une journée, en compagnie d'une véritable instructrice...

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    En famille tout est mieux, même les traumatismes
    Xylia MavrocordatoAnguille sous roche
    Xylia Mavrocordato
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    En famille tout est mieux, même les traumatismes
    Mer 1 Déc 2021 - 10:20 #
    En passant la porte du repère des espions de la Forteresse, tu as un pincement au cœur. Il y a des souvenirs qui remontent, des éclats de rire, une bataille d’eau, une histoire d’incontinence, toute une magie de vieillir ensemble, l’illusion que tout va bien quand tout va mal. Il y a un ensemble qui prend à la gorge et autant Freesia que Camélia le ressent. Elles se stoppent à tes pieds et semblent attendre la suite à venir. Il y a une certaine crainte dans le fond de leurs yeux et tu es assez contente de n’être venue qu’avec elles deux dans ta nouvelle ménagerie.

       — Tout va bien.

    Le murmure de ta voix pour elles ne semble pas forcément les convaincre, mais elle se remet à avancer au raz du sol, suivant tes pas comme le feraient des petits chiots. Un peu plus dangereux tout de même que des chiots, c’est aussi pour cela que tu es rassuré d’avoir eux deux avec toi. Il te faudra tout de même une monture au bout d’un moment, plus que les chevaux fournis par la garde. Une image de toi-même qui ne bouge pas s’inscrit dans ta rétine et tu ricanes de la façon que Freesia utilise vraiment ce pouvoir a tort et travers pour communiquer avec toi à sa façon, c’est amusant.

       — Oui, j’ai compris, j’avance. Tu es si pressé de voir Vreneli ?

    L’image disparaît et le piaillement joyeux de Freesia fait place, visiblement revoir le teishiba lui plait beaucoup. Les oreilles de Camélia semblent avoir bougé en signe d’intérêt pour la conversation avant que tout son corps se tourne vers le manoir et que son museau se mette à humer l’air. Il y a d’un coup une lueur des plus joyeuse dans le fond de ses rétines et elle commence un début de sprint avant de se stopper six foulées plus loin et de vous regarder avec Freesia à l’arrière et couiner pour vous sommer de la suivre plus rapidement que cela visiblement. Calixte doit déjà être là et la sœur de Camélia aussi.

       — On arrive, vas-y en première si tu veux.

    Il y a une hésitation de la griffroid, plusieurs allers-retours de sa tête pour savoir de quoi faire ou non. Est-ce qu’elle doit vraiment y aller ou non ? Finalement, d’elle-même, elle revient à toi et pousse ta jambe de son crâne en faisant bien attention de ne pas toucher ta peau. C’est un des premiers points que tu lui as appris à faire attention.

       — J’ai compris, on va se bouger.

    Dans un rire franc tu avances, tu y ajoutes aussi un petit chant à la gloire des Astres et ouvre la porte du salon où veut absolument aller Camélia. Tu espères qu’Ombre ou Hölls ne demandera pas de réparer ou remplacer les portes légèrement abîmées par les griffes de familiers.

       — L’esprit de la fête est arrivé, nous allons pouvoir nous amuser. Bonjour Cal, ça me fait terriblement plaisir de te revoir. Pas trop fatigué ?

    Tout en disant cela, sans la moindre gêne, tu le prends dans tes bras, respirant son odeur et ressentant sa présence avec un réconfort que tu ne pensais pas avoir. Enfin si, tu savais que tu allais être réconforté, mais pas à ce point. Comme l’impression de sortir la tête de l’eau. Juste tu ne savais pas qu’elle était sous l’eau. Il y a tellement a dire, mais tellement de faux pas possible aussi. Tout dans cette rencontre ressemble presque à un numéro de funambulisme. Est-ce que tu seras avec le bon équilibre ? Toute la question est là.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: En famille tout est mieux, même les traumatismes
    Ven 3 Déc 2021 - 1:53 #
    Ils avaient convenu de parer l’auguste demeure de sa tenue du Solstice ensemble, mais Calixte n’avait pas pu s’empêcher de lancer les hostilités dès qu’il était arrivé dans l’enceinte du bâtiment. Il y avait là, entre les lourdes tapisseries des mystères emprunts de doutes, et le long des plinthes s’élançant vers les ténèbres bordant les longs couloirs du manoir des ombres bardées de regrets. Un parfum de souffrance et de mort qui venait lui coller à la peau et s’engouffrer par ses narines pour diffuser à chaque respiration une désagréable sensation d’horreur. Heureusement, depuis l’assassinat de Ruth, le coursier n’avait presque jamais remis les pieds en solitaire dans cette maison aux allures de caveau, profitant de la présence substantielle de ses camarades pour braver le silence lugubre et les souvenirs en camaïeu de gris. De vermeille.

    Contemplant le rouge éclatant de l’immense guirlande stockée dans le large carton qu’il venait d’ouvrir, l’ancien espion se demanda s’il cesserait un jour d’associer cette couleur dans ce lieu à la perte de leur jeune amie. Sœur. Presque deux années s’étaient écoulées, lourdes de leurs péripéties, mais si le chagrin du soldat s’était atténué sous le ponçage persévérant du temps, certaines situations avivaient toujours ces terribles reviviscences. Le manoir de la Forteresse. Les décapitations. La Cabale. Et, pour une raison complètement obscure, les thermes montagnards.

    - Où mettre celui-là ? fit la voix claire de Kaname, fendant la morosité de plus en plus en berne de la demeure.

    Elle avait à nouveau mis la main sur le collier de métamorphose, et s’était lancée le défi d’aider Calixte et Xylia dans leur journée de décoration. L’objet de pouvoir la rapprochait de l’idée d’un jour intégrer la Garde Royale, et la loutre ne perdait pas un moment pour appréhender sa forme humaine. Ce qui était tout à fait honorable, mais le coursier aurait aimé que l’exercice fût partagé un peu plus équitablement entre ses divers compagnons. Il aurait besoin que tous soient capables d’une maîtrise correcte de cette capacité magique afin d’assurer une garde confortable des jumeaux.

    - Pose-le juste là, à côté des autres, indiqua-t-il en pointant du doigt les autres cartons de décoration qu’ils étaient allés chercher à la cave.

    Le salon s’était métamorphosé en pièce d’entrepôt où des caisses éventrées laissaient apercevoir la richesse de babioles colorées possédée par le pôle d’espionnage. Chaque génération avait ajouté sa boule à l’édifice, et il y avait maintenant là de quoi rendre le manoir aussi éclatant que l’Ankaa. Et les familiers de Calixte, qui avaient insisté pour venir en nombre pour l’occasion, ne faisaient rien pour apporter un peu de sobriété distinguée aux lieux. Ayren avait lancé le dumctopus de bain qui chantonnait quelques airs festifs plus ou moins agréables à l’oreille, et allait d’une pièce à l’autre pour accrocher tant bien que mal quelques peintures de Liory qu’il affectionnait – mais qu’il aimait moins que celles qu’il gardait jalousement dans leur chambre au Bastion. Ainsi, au détour d’un couloir, Calixte pouvait avoir la surprise de tomber nez-à-nez avec le visage ou la silhouette de son cousin, dans des esquisses plus ou moins ressemblantes. A l’étage, Ka’tea et Ashae défaisaient les draps des chambres dans une organisation toute relative, pendant que James les coursait, une taie d’oreiller propre – quoi que maintenant baveuse – aux motifs de nérouj entre les mâchoires dans l’idée mal élaborée d’aider ses camarades à changer les parures des lits pour des couleurs plus gaies. Dans la cuisine, les glooby et Abdallah étudiaient la pile de bouquins plus ou moins récents traitant de mets typiques du Solstice et, aux bruits qui lui parvenaient parfois, Calixte se doutait que dans son élan enthousiaste le trio avait dû renverser quelques récipients beaucoup trop lourds pour lui.

    - ILS SONT LAAAA ! hurla Apolline quelque part des hauteurs du manoir.

    A son habitude elle roulait d’un groupe à l’autre pour gratifier chacun de sa joie comme de ses remarques lubriques.

    - FAUSSE ALEEEERTE !

    Et prendre chaque passant qu’elle apercevait par les fenêtres pour la compagnie qu’ils attendaient. Heureusement, dans ce quartier huppé et calme, il n’y avait pas foule pour emprunter la rue desservant le manoir. Mais en dépit du fourmillement confus que ses compagnons dispersaient allègrement à travers la demeure, Calixte se réjouissait de cette animation chaleureuse qui chassait doucement l’atmosphère précédemment glacée des lieux.

    - Cal aussi faire Solstice avec Lia ? demanda Kaname en s’approchant de l’âtre éteint avec curiosité.

    Le coursier avait jugé plus prudent, tant qu’il était seul humain responsable sur place, de ne pas élever de brasier à proximité du chaos organisé par ses familiers.

    - On va le faire avec Sol et Samaël, répondit-il en observant avec intérêt la loutre humaine qui paraissait pensive.

    Les festivités du Solstice étaient à présent une notion dont elle appréhendait assez bien les contours, et il semblait que la possession du collier de métamorphose la confortait dans le choix de certaines expériences qu’elle n’avait pas pu oser, ou faire, en tant que créature non humanoïde.

    [[- Kana veut inviter K’awill pour Solstice, déclara finalement Kaname, confirmant les doutes du coursier.
    - Oh heu, on peut, oui, réfléchit-il rapidement en admettant que cela faisait un petit moment que les deux amies loutres ne s’étaient pas vues. On peut inviter Carci et K’awill, ajouta-t-il en dégainant son cristal de communication.

    Il ne tenait pas particulièrement à organiser une sortie en troupeau pour les festivités du Solstice, préférant profiter pleinement de sa bien-aimée et son fils même s’il savait – et savourait l’idée – qu’ils croiseraient certainement quelques têtes connues, mais il ne pouvait pas interdire cette occasion à Kaname. Et Carciphona, si elle devait choisir de venir avec eux, s’entendrait à merveille avec les Prêth.

    - Carci ? débuta-t-il lorsque le contact fut autorisé, manquant l’expression contrariée de la loutre humaine.

    Mais ne ratant pas celle, absolument ravie, répondant à l’acquiescement enthousiaste de K’awill tandis que l’aventurière déclinait l’invitation pour sa part. Circonspect, observant songeusement Kaname qui s’éloignait un peu avec son cristal pour poursuivre tranquillement sa discussion avec son ami, lovée dans le moelleux canapé retranché derrière l’armée de cartons de décorations, Calixte se demanda s’il n’était pas en train de louper quelque chose qui aurait dû lui paraitre évident.]] Néanmoins, avant que son esprit n’eût pu s’y attarder davantage, Ka’tea, James et Ashae dévalèrent les escaliers dans une cavalcade fébrile faisant trembler les murs. Intéressé par l’agitation soudaine, Vreneli pointa le museau hors du panier dans lequel il s’était glissé, et jeta un coup d’œil à la porte du salon qui s’ouvrait en écho très tardif de celui de l’entrée. Pris à l’échange cristalique, au bazar ambiant, et au maintien énergivore des fantômes hantant son âme au plus loin de la surface de sa conscience, Calixte, au contraire de ses familiers, n’avait rien perçu jusque-là.

    Se détournant de Kaname d’un bond, il atterrit le suivant dans les bras accueillants de Xylia. Ses mains retrouvèrent instinctivement la courbure familière des épaules de la jeune femme, sa pommette le nid de mèches sombres, et son odorat le parfum d’une complexité réconfortante. Elle avait encore grandi, dernièrement, s’était étoffée. Physiquement, et certainement mentalement aussi. L’île volante ne lui en n’avait pas laissé le choix.

    - Moi aussi, ça me fait plaisir de te revoir. Avec la grossesse les nuits sont un peu tumultueuses, mais les journées sont beaucoup moins usantes maintenant.

    Maintenant qu’il ne faisait plus partie des espions – enfin, comme en attestait sa présence au manoir, c’était plus compliqué que cela. Maintenant qu’il savait qu’il était non seulement médiocre mais aussi terriblement faillible. Maintenant qu’ils étaient revenus du désert mortel forts de nouveaux liens, lourds de nouveaux secrets.

    - Mais viens – venez – nous avons à faire, et vous êtes attendus. Thé, chocolat chaud, ou café ? poursuivit-il en prenant direction de la cuisine alors que Ka’tea serpentait entre ses jambes, alternant entre de légers coups de tête contre celles-ci et de brefs câlins avec Camélia. Oui Ka’t, je l’ai vue aussi. Bonjour Camélia, et… ah, Freesia semble avoir trouvé le repaire d’Eli. Vous avez fait bonne route ? Tu as pu te dégager un peu de temps facilement ? continua-t-il en redressant les bocaux qui avaient été renversés par les gloobys et Abdallah.

    Des dunes de sucre avaient poussé sur la table, et une mare de fleurs séchées de camomille s’étendait au pied d’une étagère. De gestes à l’automatisme ancré par des années de maladresse et des lunes de cohabitation avec ses familiers, Calixte chercha de quoi nettoyer les petits désastres tout en attrapant de quoi faire leurs boissons chaudes.

    - Zahria n’était pas disponible pour nous aider mais en réalité…

    En réalité, s’il avait apprécié sa présence accompagnant celle de Luz alors qu’ils paraient la Volière de ses plus beaux atours, il avait tout de même toujours l’impression de marcher sur des œufs alors qu’ils se réapprenaient, et comptait présentement profiter de ce moment complice avec Xylia.

    - Il y aura les repas entre espions tout le long de la lune, finit-il en haussant les épaules pour chasser à la fois le malaise comme son incertitude persistante quant à sa propre place à lui. Tu as prévu quelque chose pour le Solstice ? Vas-tu revoir ta famille ? A moins, peut-être, que tu sois d’astreinte ?

    Et puis, il y avait quelque chose qui le titillait.

    - Tu t’es fait couper les cheveux ?
    Xylia MavrocordatoAnguille sous roche
    Xylia Mavrocordato
    Informations
    Re: En famille tout est mieux, même les traumatismes
    Sam 11 Déc 2021 - 22:51 #
    C’est certain que c’est moins usant. Tu le sais, mais cela pique. Tout pique dans ce moment. Rien que le voir te donne envie de faire un caprice comme une enfant. Hurlez que tu ne veux pas qu’il parte, que sa place est parmi vous, que vous saurez lui donner un travail plus doux, lui mentir tout simplement pour que jamais il ne s’éloigne de la famille, mais c’est inutile. Avoir ce genre de comportement ne ferait que le faire fuir encore plus, le culpabiliser alors qu’il n’a pas besoin de cela. Ça ne ferait que le blesser profondément et c’est tout ce que tu refuses de faire. Alors, docilement, tu mets un doux sourire joyeux sur ton visage et mets bien loin dans ton esprit les cris et les pleurs.

       — Tant mieux, c’est important dans une grossesse d’avoir le plus de calme possible et de se reposer. Tu es bien assez maladroit ainsi.

    Freesia se boudine dans ta jambe et regarde Camélia se fondre presque dans sa jumelle dans un calin improviser qui respire la complicité entre les deux avant de fuir à la recherche de Vreneli. Rien qu’avec elles, vous garderez un lien, pour toujours, vous êtes une famille. Tout va bien, là au moins il sera en sécurité. Il ne finira pas comme Polycaon. Il va vivre heureux. Qu’importe si c’était ce que tu pensais qui arriverais à ton défunt frère le jour de son mariage et à la naissance de son fils. C’est une autre personne, une autre histoire. Tout ira bien pour Calixte. Même si tu dois prendre des mesures pour qu’il aille bien.

       — Ça a été des plus simples. Avec mon affectation à la Forteresse qui prend effet au début de la nouvelle année, on me laisse un peu plus de liberté pour me préparer au changement. Elmex grogne sur le fait que j’aurais dû laisser Camélia au lieu de subir cela, mais… enfin… Tu sais ?

    Ça ne se choisit pas. Ça se vit. Le lien avec Camélia a été trop fort dès le premier regard pour même imaginer ne pas subir toutes les conséquences d’avoir été pris la main dans le sac avec le fait de garder un familier obtenu au marché noir pendant un contrôle.

       — Je prendrais bien un chocolat chaud, s’il te plait.

    Camélia revient dans tes jambes et semble vouloir imiter sa sœur dans ses actions avec Calixte. C’était quelque part adorable.

       — En tout cas très contente de te revoir Ka'tea.

    C’est ta griffroid qui pétille pour répondre, comme si ça avait été à elle qu’on s’adressait, c’était totalement adorable.

       — Le trajet a été un peu compliqué avec la neige. Je continue de penser que cela ira mieux une fois que j’aurais une monture autre que les chevaux fournis par la caserne. Ma sœur m’a dit de ne toucher à rien et que pour l’annonce d’une bonne nouvelle elle avait un cadeau spécial à me faire en lien avec cela.

    Juste, à ce moment-là, tu ne sais pas que l’annonce de la bonne nouvelle n’est pas un neveu supplémentaire que tu vas pouvoir gâter de sucreries tout en lui fait porter des pulls moches, mais le fait qu’on t’a enfin trouvé un nouveau fiancé qui ne fuira pas au bout d’un mois. Tu ne sais pas que c’est un cadeau pour faire passer la pilule. Heureusement sûrement.

       — Elle a toujours été extravagante avec les annonces et l’offre de cadeau à ce moment-là. Ça me rend assez curieuse, enfin, je te raconterais ce que c’est plus tard.

    Tu n’aurais pas dû être curieuse, tout comme tu n’en parleras pas tout de suite à Calixte. C’est tellement ironique cette future situation, mais qu’importe. Ta main se perd dans tes cheveux et un sourire triste se met en place sans même pouvoir t’empêcher. Tu aimais beaucoup tes cheveux longs, c’était une longueur que Polycaon trouvait t’allait pour le mieux, c’était lui qui t’assura que tu pourrais être une garde parfaite tout en les gardant longs. C’était un peu idiot, mais c’était aussi un moyen de garder une certaine féminité qui te semble se perdre parfois dans les missions qui se font. Un moyen de te voir un peu comme une fille normal qui prend soin de toi. Puis, il y a eu le désert et tout ce que cela implique.

       — Mes cheveux étaient problématiques pour le combat, donc les avoir cours est mieux.

    C’est dit avant de répondre au reste, parce que tu n’as pas envie d’en parler, parce que tu n’as pas envie d’y penser, parce que tu as peur de ta propre faiblesse et que tu as l’impression d’avoir abandonné Calixte face à la mort cette fois-ci dans ce désert volant. Là, face à cette créature tirant des rayons, là quand tu as fait demi-tour comme une lâche pour chercher un autre chemin ?

       — Je verrais ma famille après le Solstice, le voyage aux Archipels est un peu long, comme j’ai eu un jour de repos en échange de nettoyage de sanitaire, j’aimerais profiter de ce que le village perché propose cette année, avant de partir de là-bas. Toi tu as prévu quelque chose ? Tu vas être avec Solveig et Samaël, c’est bien cela ? C’est dommage que Zahria ne vienne pas, je pense que ça lui ferait du bien, surtout avec tout ce qui s’est passé…

    Surtout après la cassure que son départ à provoquer et de comment son retour garde un goût amer mine de rien. Ça se répare, mais les cicatrices sont moches à voir tout de même.

       — Enfin… Ce n’est pas l’important. Est-ce qu’il y a encore des décorations à poser ? Est-ce que tu as pensé à des farces pour ceux qui passeront ? Tu sais si Sbire passera. J’aimerais bien lui laisser un cadeau, mais je n’arrive jamais trop à savoir quand… enfin… ça doit être pareil pour toi… Oublie.

    Après tout, c’était l'oubli ou un truc dans le genre le truc de Sbire. Question con pour le coup, mais pas grave.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: En famille tout est mieux, même les traumatismes
    Jeu 16 Déc 2021 - 1:23 #
    Les fleurs de camomilles remises dans leur sachet, le sucre ramassé après avoir vérifié sa propreté pour être reversé dans son bocal renversé, Calixte se saisit des ingrédients pour concocter deux chocolats chauds – ou simili de chocolats chauds, vu sa maladresse – tout en hochant pensivement la tête aux moments adéquats en réponse aux propos de Xylia. Bien entendu qu’il saisissait pour Camélia. Même si, quelle que fut la décision de sa petite sœur de cœur, à la vérité, il l’aurait soutenue. Mais à la Forteresse ou au Village Perché, l’Anguille serait toujours l’Anguille, et rien ne l’empêcherait de venir l’embêter de son amour fraternel possiblement intrusif où qu’elle fût en Aryon. Surtout si ce « où qu’elle fût » était à portée de portail de téléportation.

    Jetant distraitement un coup d’œil au magazine grand ouvert que lui montrait avec insistance Abdallah en évoquant les vertus des épices dans les chocolats chauds, le coursier déplaça les gloobys qui avaient emprunté sa loupe d’audiodescription pour lire la dernière parution du Chantelune Voyageur pendant que l’âme artificielle leur parlait recettes culinaires, et déposa sur la table la boite métallique qu’il avait ramenée de la Volière et qui contenait une poignée de biscuits qu’il avait cuisinés avec Luz. Ou, tout du moins, qu’ils avaient tenté de façonner dans un déluge de farine et une explosion de fruits confits, avant que Zahria, passant par-là, ne redressât la situation pour qu’ils eussent à terme des gâteaux comestibles et pas qu’une nouvelle décoration dans la cuisine.

    - Sers-toi, indiqua-t-il avant de retourner à sa préparation sur le feu. Normalement ils sont mangeables, et même bons, Zahria y a veillé.

    Il aurait pu user de son mug magique pour se simplifier la tâche concernant les boissons, mais il y avait une saveur particulière au chocolat chaud réalisé à base de réels ingrédients et non magique. Un parfum de brûlé, peut-être. Acquiesçant de nouveau, prenant note de ce que lui disait Xylia, il marqua pour plus tard, après le Solstice a priori, de demander à celle-ci ce qu’avait donné le fameux cadeau de sa sœur, et si elle était satisfaite du choix de sa monture. Cela partait probablement d’un bon sentiment mais parfois, comme en attestait leur expérience un peu extrême au marché noir, rien ne valait l’instinct personnel dans le choix de ses familiers. C’était un lien indescriptible qu’il lui semblait difficile – et malheureux – à forcer, et le coursier espérait vraiment que la jeune femme et son nouveau compagnon se plairaient l’un l’autre.

    - Ka’t tu montres à Cam où sont les tasses, et vous en choisissez une pour Lia, et une pour moi, s’il-te-plait ?

    Peut-être y aurait-il un peu de casse, mais ce n’était pas l’échec ni la maladresse qui effrayait un Calixte lui-même logé à cette enseigne. Non. Il préférait que ses compagnons puissent tenter de nouvelles expériences et s’entrainer à de délicats exercices en sa présence et dans un environnement sécurisé, plutôt qu’une timidité entérinée par la sévérité ne les engonçât dans des carcans d’apathie effrayée. Néanmoins, l’action se déroula sans heurt, et deux mugs mal assortis trouvèrent place sur la table devant l’Anguille qui poursuivait ses réponses aux interrogations de l’ancien espion. Tirant légèrement la langue pour se concentrer alors qu’il versait les breuvages depuis la casserole vers leurs contenants finaux, ce dernier ne commenta pas immédiatement les propos intéressés de Xylia.

    Déposant l’ustensile dans l’évier, se saisissant d’une éponge pour nettoyer les quelques gouttes qui avaient réclamé leur liberté, le coursier poussa la tasse en forme de globou vers la jeune femme et ramena vers lui celle à la silhouette de phobou. Contournant la table pour mieux faire son affaire, il déposa à nouveau au passage un baiser contre les aigrettes sombre de celle-ci alors que sa voix claire se perdait en conjectures silencieuses sur l’absence de Zahria.

    - Il reste encore tout à poser, répondit-il en finissant son ménage avant d’attraper son chocolat chaud et d’indiquer à Xylia de le suivre du côté du salon. Kaname m’a aidé à rassembler les cartons de décoration, et ces petites crapules étaient en train de défaire les lits pour en changer les parures, ou bien en train de faire une bataille d’oreiller, avant que vous n’arriviez, poursuivit-il en indiquant du menton James, Ashae et Ka’tea qui lui adressèrent de grands sourires faussement innocents.

    Les deux griffroids se ruèrent vers les cartons de guirlandes, et Ka’tea entreprit de montrer à sa sœur celles qu’elle considérait les plus belles et qu’elle voulait accrocher dans cette grande pièce familiale. Kaname, toujours enfoncée dans le canapé un air rêveur sur le visage, pépiait joyeusement avec K’awill encore au bout du cristal de communication. L’enfant grand bleulet et la shupon étaient retournés au tas de draps aux couleurs festives qu’ils jaugeaient d’un œil critique, les assemblant dans ce qui devait certainement être un choix artistique mais ressemblait surtout à une persistance dans le mauvais goût. Vreneli semblait avoir décidé de faire visiter à Freesia le moindre recoin du manoir, et notamment de ses diverses cachettes. Ayren darda son museau par l’interstice d’une porte avant de retourner à son collage de Liorys, laissant le passage à une Apolline survoltée qui se précipita à la rencontre de Xylia.

    - LIA ! Je t’attendais fébrilement, mon nénuphar, s’exclama la trousse de cuir en slalomant entre les caisses remplies à craquer. Il faut absolument que tu me dises ce que tu penses de mes derniers scriptes – Cal-bute les a apportés – et des esquisses des produits dérivés qui vont bientôt entrer en production ! Ca va sortir pour les fêtes du Solstice. Ca va être trop la folie. Tu veux une Ombre bien galbée sous ton sapin ?
    - Pour tous ça, il faut que tu négocies avec Abdallah, rappela Calixte en observant avec amusement Apolline tournoyer follement autour de l’Anguille. C’est lui qui porte tout.
    - ABOUUUUUUUUUUU ! s’en alla aussitôt en hurlant l’âme artificielle.
    - Elle a trouvé un investisseur pour soutenir ses nouveaux projets, expliqua-t-il brièvement à Xylia avant de lui montrer d’un geste négligent de la main quelques cartons. Là il y a le vieux matériel qu’on a utilisé pour les farces des années passées ; on peut regarder ce qui est réutilisable, voir si on peut concocter de nouvelles attrapes avec, et au besoin on fera une petite excursion en ville à la fin de la journée pour compléter.

    Il n’avait pas oublié la seconde partie des propos de l’espionne, bien qu’elle le lui eût demandé, mais comme il avait un avis assez divergent sur la question il décida de ne pas revenir dessus. Pour, plutôt, s’appesantir sur des interrogations un peu plus en amont encore.

    - Pour les festivités du Solstice ni Sol, ni moi, ne devrions être d’astreinte, fit-il en déballant le contenu d’une boite à facéties avant de se tourner vers Ka’tea qui n’arrivait pas à démêler un nuage de guirlandes colorées. Donc effectivement, on les passera ensemble, avec Samaël. Je prendrai aussi un peu de temps pour rendre davantage visite à Luz ; elle a tendance à se surmener en ce moment, ajouta-t-il en fronçant distraitement des sourcils inquiets. Et puis en passant à la Volière, ça me permet de voir les deux marraines des jumeaux, poursuivit-il dans un petit rire. Même si… je t’avoue que c’est encore étrange, avec Zahria. Je…

    Voudrais fuir, encore. Profiter aveuglément de cette lâcheté qui l’avait amené à nier cette épine de discordance jusqu’à sa douloureuse révélation dans les entrailles du désert volant. Oublier son impardonnable faute, son incompréhensible trahison. Envers ses proches, et surtout, intimement, profondément, envers lui-même. Détourner le regard de son âme morcelée et prétendre que rien de tout cela n’était arrivé. Enterrer la culpabilité. Se dissimuler aux yeux du monde.

    - Merci d’être là, finit-il mollement, dans un haussement d’épaule vaincu mais sincèrement touché par la présence fidèle de Xylia.

    Les guirlandes se séparèrent une à une, et il regarda un temps, en silence contemplatif, les griffroids attraper leurs plus belles trouvailles avant de s’envoler vers les balustrades pour les en garnir. Il avait bien de la chance, tout de même, malgré l’amertume que lui laissaient ses péripéties parfois d’une violence absolue. Il avait dans son entourage cette famille, non de sang, mais de cœur, à la fois terriblement dysfonctionnelle et en même temps large pilier assurant la stabilité de son existence, ramenant ses pas maladroits vers la sûreté d’un trajet bordé de tendresse inespérée et indestructible. Ses doigts s’envolèrent pour ramener une mèche rebelle derrière l’oreille de l’Anguille, et s’attardèrent contre le contour de son épaule, ses yeux prenant à nouveau la mesure de cette femme qu’elle devenait. De ces facettes qu’elle se façonnait. De ce joyau poli, toujours plus finement taillé, que les épreuves travaillaient bon gré mal gré.

    - Merci, reprit-il d’un ton plus léger mais pas moins vrai, trouvant dans la présence de Xylia ce soutien indéfectible tartinant déjà largement de baume réconfortant les sillons craquelant son âme. Heureusement que ma grossesse est à prolongation, poursuivit-il. Car il semblerait qu’en plus d’une Luz éreintée par son travail, et d’une Zahria avec laquelle je réapprends à danser, nos parrains ne soient pas non plus au meilleur de leur forme. Ou de leur présence.

    Ils en avaient longuement discuté avec Solveig, mais il y avait des choix qui résonnaient comme une évidence, aussi mauvais fussent-ils. Et les deux soldats étaient particulièrement doués pour se jeter tête la première sur les options les plus bancales.

    - Naëry ne m’a pas encore donné sa réponse, et je crains que cette année je ne sais où, je ne sais pas dans quelles conditions – mais suffisamment détestables pour laisser leur empreinte en souffrance sur son corps et son esprit – ne fasse de ma proposition un calvaire plus qu’une renaissance, avoua-t-il dans un nouveau froncement de sourcils.

    Une colère sourde pointait au fond de son cœur à l’idée de ce que l’aventurier avait pu subir pour être réapparu, l’ombre de lui-même, à l’hôpital de l’Astre quelques lunes auparavant. Mais en l’absence de souvenir précis de l’homme, c’était un fait auquel il ne pouvait rien.

    - Et pour notre second parrain… je ne sais pas. On est d’accord avec Sol, mais on n’a pas encore fait la proposition au concerné. C’est un peu complexe. Et certainement une catastrophe en devenir, soupira-t-il avant de rire doucement, étrangement réconforté de cette constante dans la maladresse qui les définissait.

    Quand, avec sa bien-aimée, avaient-ils déjà fait choix sage lorsqu’ils pouvaient s’en détourner pour l’audacieux ? Pour celui vers lequel les tripes, le cœur et l’âme tendaient, pendant que la raison hurlait de désespoir.

    - Est-ce que tu te souviens de l’ex de Sol, dont je t’ai un peu parlé ? Celui dont elle est tombée enceinte, qui l’a… quittée à ce moment-là, et qui est réapparu dans sa vie – et la nôtre – il y a à peu près un an. Celui dont certaines circonstances expliquent le geste, mais ne pardonnent rien. Celui, aussi, qui semble attiser des pulsions qui pourraient être bien vilaines dans le contexte, mais qui, étrangement, sont heu… agréablement partagées.

    Et si le phrasé pouvait porter à confusion, le rouge naissant sur les joues du coursier démentait certaines émotions et notamment quelques reviviscences savoureusement indécentes.

    - Donc, hum, bref. On aimerait proposer à Fauve d’être le second parrain des jumeaux. C’est encore un plan sur l’Ankaa, n’est-ce-pas ? conclut-t-il en dardant finalement un sourire contrit vers sa petite sœur de cœur.
    Xylia MavrocordatoAnguille sous roche
    Xylia Mavrocordato
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    Re: En famille tout est mieux, même les traumatismes
    Dim 13 Fév 2022 - 23:04 #
    Mangeable. C’est amusant de préciser cela, pourtant, quelque part, tu comprends un peu. Une envie de planter un nutrivif dedans se fait ressentir, depuis qu’il y a eu ce vieux dans ce village étrange pour la quête avec Violette et Jack. Est-ce que ça aussi est quelque chose qu’il va falloir que tu apprennes à faire plus attention ? Certainement. Une erreur de débutant, même s’il a été avéré que ce n’était pas le bouillon le problème dans cette histoire.

       — Du moment que je ne me retrouve pas attaché après en avoir mangé et tomber ensuite sur la scène d’un homme se multipliant se battant toute nue contre un conseiller de la guilde, je pense que tout peut le faire.
       — Oh Lia ! Tu as des choses intéressantes à raconter toi ! Pourquoi est-ce que je n’ai pas eu de coup de cristal pour avoir les détails ?
       — Parce que cela aurait été moins amusant et que c’est mieux ainsi pour les détails.

    Parce que surtout tu avais besoin de rire de tout ce qui avait été absurde dans cette quête de vive voix avec quelqu’un d’autre à côté de toi. Ne pas broyer du noir sur tes erreurs grossières, cela avait été un bon moment après tout. Comme le désert volant. Si on oublie les moments compliqués, il y avait plein de bonnes choses. Comme le fait de vouloir commander une encyclopédie particulière pour les plantes.

    Tu croques dans le biscuit et le goût de ce dernier fond dans ta bouche. C’est une douceur des plus agréable à avoir d’un seul coup. Une douceur toujours bienvenue qui fait presque oublier que le fait même d’être dans cet endroit n’est pas commun. Que Calixte a décidé de quitter la famille. Que tu as encore l’impression parfois d’ouvrir les yeux en étant dans ce porche du noir absolu à prier encore et encore à en avoir les cordes vocales douloureuses à chanter autant. Le goût légèrement brûlé aide à oublier cela mine de rien.

    Tu suis le mouvement avec une certaine docilité. Ce que tu n’as pas assez été beaucoup trop de fois. Trop forte tête. Trop curieuse. Trop enfant. Cela pique tu te forces à sourire et faire attention. C’est l’enthousiasme d'Apolline qui finit de faire passer bien loin de ton esprit. Rendant un peu de véracité dans ton sourire, moins de masques pour le rendre sympathique.

       — Ça sera avec plaisir pour les nouvelles lectures, ça me donnera des textes en plus à faire lire à Jin pour perfectionner son vocabulaire et son imagination. Je suis vraiment heureuse de savoir qu’un investisseur a su voir la beauté de ta plume.

    Du coin de l’œil tu vois Camélia suivre sa sœur et s’amuser avec les guirlandes de manière insouciante, comme si elle n’avait jamais eu les épreuves du marché noir, puis de la commission. Freesia, elle, semble avoir disparu, mais sans image ou le moindre sens venant d’elle pour lui faire partager quelque chose tu te disais simplement que tout allait bien. Les mots de Calixte qui parle de Zahria, ceux qui ne sont pas dits, mais que tu arrives à comprendre à demi-mot, ceux que tu n’aurais jamais voulu avoir à comprendre, te serres toujours autant le cœur.

       — Nous sommes une famille. Je nous ai bénis tous les jours sous les yeux des Astres. Je serais là autant de temps que tu voudras de moi et même au-delà.

    Parce qu’autant que lui tu as besoin de cela. Parce que sans cela, tu t'effondres et ne serait qu’une loque humaine. Parce que d’une certaine façon tu voudrais aussi en vouloir à Zahria et avoir l’impression que de hurler de toute tes forces sur elle changera le fait que cette situation a existé. Parler de la grossesse de Calixte est plus simple, moins pris de tête. Pour toi en tout cas.

       — Pour Naëry je ne saurais trop ce qu’il a vaincu, mais s’il est toujours en vie c’est déjà un bon départ. Comme pour Fauve. Je suppose. Je me souviens de lui, mais je t’avoue que je ne comprends pas vraiment votre envie de l’avoir en parrain. Naëry non plus d’ailleurs, mais ce n’est pas moi qui attends un enfant, heureusement.

    Parce que cela te terrifie d’un jour passé par là et d’être réduit dans ton esprit au rôle de poule pondeuse. Pourtant, tu ne vois pas les gens enceintes comme cela, mais quand tu te vois dans cette situation dans ton imagination, c’est la seule chose qui ressort.

       — Mais bon, les deux semblent faire de vrais efforts. Cela ne semble pas être le genre qui prenne ce genre d’engagement à la légère. Ils tiennent tous les deux à vous visiblement et en soit moi à leur place j’accepterais directement.

    Mais tu n’es pas à leur place. Qu’importe. Même si tu ne sais pas de quoi réserve l’avenir parler de cela te fait du bien. Tu prends une forte inspiration alors que tu te mets enfin à l’œuvre pour placer une guirlande que Camélia vient de te donner avec enthousiasme.

       — Je pensais reprendre mon cursus de formation en interne pour valider mon niveau de médecin militaire pendant que je serais dans le Nord. En soi, ce n’est pas plus un plan sur l’Ankaa que le tien. Soit plus confiant. Même s’il y a un refus ce n’est pas comme s’ils allaient disparaître de vos vies. Même si la vie d’aventurier doit avoir des choses en commun pour les deux niveaux dangerosité… Tu as conscience que c’est plus eux deux qui risquent de partir avec Solveig et toi dans cette histoire de parrain ? Enfin…

    Ton n’avais n’a pas voix au chapitre dans cette histoire mine de rien, mais comme n’importe quelle sœur s’en faisant pour sa famille tu ne peux pas te taire sur ce genre de détail. Tu seras de toute manière, qu’il le veuille ou non, une des tantes de ses enfants, donc c’est mieux. Tout simplement. Vraiment mieux.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: En famille tout est mieux, même les traumatismes
    Sam 9 Avr 2022 - 22:38 #
    Ka’tea s’était rendue complètement indépendante dans son opération de décorer la pièce en la compagnie de sa sœur, mais James, revenu au contact des humains, paraissait à nouveau en manque d’attention. Tapotant distraitement le museau du jeune bleulet qui lui indiquait avec insistance une ignoble banderole représentant quelques créatures féériques, Calixte avisa d’un œil songeur les reliefs où il lui serait judicieux de l’installer. De la dissimuler. Son esprit, parallèlement, bien plus intéressé par les réponses de Xylia. Qu’elle grandissait, mûrissait, trop vite, sa petite sœur de cœur.

    - Attends un peu pour les enfants, s’il te plait, commenta-t-il dans un murmure alors qu’elle évoquait la présente vacuité de son utérus.

    S’il était partagé quant à la vie sentimentale – car il n’existait pas de vie purement sexuelle pour la jeune femme, cela son esprit fraternel se refusait à l’admettre – de celle-ci, il n’était assurément pas prêt à la voir modelée des formes, et des responsabilités, de la grossesse. Et, certainement, n’était-ce aucunement son affaire, mais la tendresse éhontément possessive et protectrice qui emplissait son torse d’un feu sentinelle pour l’Anguille n’était pas résolue à lâcher cette dernière de son attention chaperonne.

    - Merci, ajouta-t-il avec un sourire franc comme Xylia lui assurait qu’elle n’aurait pas hésité à accepter sa requête, elle.

    Se levant pour aller apposer l’immonde décoration dans un coin du salon, à la discrétion de deux étagères bien placées, Calixte en profita pour glisser une main joueuse dans la crinière, nouvellement écourtée, de mèches brunes. Pensant à un jeu, James tenta l’imiter, se hissant maladroitement sur ses pattes arrière pour essayer de balayer la chevelure de la jeune femme de celles avant. Le résultat fut loin d’être concluant, et le bleulet s’éloigna bien vite de l’Anguille afin que nul autre ne soit témoin de sa maladresse, se focalisant sur la banderole qu’il avait choisie et qui allait être accrochée.

    - As-tu demandé à Zahria de t’aménager un peu de temps pour poursuivre ta formation médicale, ou bien cela prendra-t-il sur ton emploi du temps officiel ? ne put-il s’empêcher de demander à Xylia comme elle enchainait sur ses projets. Pardon ; je ne m’y fais pas encore tout à fait. Ne me dis rien, si cela doit te mettre en porte-à-faux, grimaça-t-il, contrit.

    Il avait beau avoir démissionné presqu’un an auparavant, et quitté le cercle des espions depuis quelques lunes, comme en attestait sa présence séante, il avait encore du mal à trouver la place qui devait maintenant être sienne auprès de sa famille officieuse. Comme un ex, parti en bons termes, tâtonnant gauchement pour déterminer ses nouvelles prérogatives.

    - Comment l’ont pris tes collègues Belluaires ? poursuivit-il en jetant un coup d’œil à la jeune femme comme il terminait de nouer sa banderole et qu’il tendait une main vers James qui lui apportait joyeusement d’autres décorations. Mais tu dois être contente de retrouver la lieutenante Alnilnam, non ?

    S’il ne connaissait pas très bien la soldate du Blizzard, et anciennement du Myrmidon, il savait que l’espionne avait fréquemment travaillé avec elle et l’appréciait. Certainement sa présence adoucirait-elle ce transfert dans les terres septentrionales, autrement marqué du goût de la punition.

    - J’aimerais être confiant, mais… soupira-t-il en retournant vers le tas de cartons pour attraper l’un de ceux contenant leurs vieilles farces et attrapes.

    Mais comment être tout à fait certain de décisions prises avec les tripes, et non avec la tête ? Comment se détacher du perfide sentiment qu’il ne pourrait plus jamais tout à fait se faire confiance, croire en ses choix, lorsqu’il avait si terriblement trahi ceux qui lui étaient le plus cher ? Chassant d’un mouvement de tête agacé les bribes coupables surgissant des souvenirs acérés du désert volant, il tourna brusquement le regard vers Xylia comme elle évoquait le statut des deux parrains choisis pour ses enfants à venir.

    - Oh, fit-il bêtement, écarquillant les yeux à la révélation, pourtant évidente et primordiale, de la précarité des situations de Naëry et Fauve.

    Dire qu’ils n’y avaient pas pensé, Solveig et lui, serait mentir. Néanmoins, la fragilité de ces vies soumises à un quotidien aventurier ne l’avait pas pleinement heurté jusque-là. Ni celle des leurs, ballotées au gré des assignations plus ou moins dangereuses. Non, lorsque le coursier en avait discuté avec la Valkyrie, la notion de mort avait bien plané au-dessus de leur discussion, mais de manière beaucoup moins prégnante que celle du besoin d’entourer, intégrer au plus près, leurs enfants à venir dans leur famille en patchwork.

    - Peut-être devrais-je demander à Arthorias, il a un bon poste, ou Valentino. Ou peut-être Faolan ; il s’occupe déjà tout seul de Melta, mais gère très bien, et n’est peut-être pas aussi régulièrement confronté à de périlleuses situations. Ou bien Jack ? Avec son statut de Conseiller, nouvellement anobli, il est certainement dans une situation plus stable. Mais tu crois qu’il aurait la fibre familiale ? Assurément, c’était un peu son crédo lors de sa campagne à la Guilde, si je me souviens bien.

    Les méninges tournant à cent à l’heure, folles toupies en roue libre sur un tapis de doutes, Calixte attrapa distraitement un petit tube dans la caisse qui lui faisait face, en triturant les aspérités.

    - Par Lucy, tu crois que je devrais demander à Graine ? Traine. Reine. Prenne. Vren. Vrenn, pâlit-il. Il est assurément plus débrouillard que la moyenne, mais…

    Ses enfants risquaient de grandir dans un cadre moral encore plus douteux que le sien, s’ils survivaient déjà à l’amour somme toute inexistant du Sbire. Les notes de son Livre Mémoire étaient formelles en la matière : il fallait s’attendre à peu d’humanité de la part de l’ombre de l’Ombre.

    - Ou Jin ? Il est aventurier certes, mais son histoire avec la Première Ministre semble des plus sérieuses, et elle a l’air tout à fait capable de déployer des moyens extraordinaires afin de le rapatrier des enfers, dut-il avoir le mauvais goût de s’y perdre.

    D’un mouvement nerveux, il étira un peu trop fort le cylindre entre ses mains, et ce dernier explosa dans un nuage de poudre dorée, paillettes argentées, et parfum de sapin.

    - Moi aussi je veux des paillettes ! hurla joyeusement du couloir la voix d’Apolline qui paraissait cependant encore trop occupée pour les rejoindre.
    - Oh ! Ca drôle ! Ca Kana vouloir aider, déclara la loutre humaine qui venait de clore son appel avec K’awill et quittait le canapé pour aviser d’un œil curieux les divers pièges à disposition.

    Un rire incrédule quitta les lèvres du coursier qui haussa les épaules et jeta le cadavre du tube épuisé dans l’un des cartons.

    - Et, pourtant, rien ne sonne plus évident que Naëry et Fauve. Enfin, nous verrons bien s’ils acceptent. Ca, c’est une autre paire de manches. Dans tous les cas…

    Ses doigts poudrés d’or effleurèrent la courbe d’une pommette de Xylia.

    - Hormis le côté professionnel, je ne compte pas quitter cette famille-là, ni priver mes enfants du privilège, comme du bonheur, de la connaitre.

    Xylia MavrocordatoAnguille sous roche
    Xylia Mavrocordato
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    Re: En famille tout est mieux, même les traumatismes
    Lun 30 Mai 2022 - 23:19 #
    Attendre pour les enfants ça tu comptes le faire plus que bien. S’il est possible, tu penses même faire une impasse dessus tout simplement. Tes frères et sœurs ont déjà fourni bien assez de sang neuf pour le nom de ta famille et l’idée de même de tous les changements physiques et hormonaux que tu devras subir, les responsabilités que cela demande et la croix sur beaucoup de choses de ta vie semblent être rédhibitoires. On te dit souvent que tu changeras d’avis plus tard, qu’une fois avec la bonne personne l’évidence sera là et tout un tas d'autres conneries. Pour le moment c’est un simple tas d’ordures à tes oreilles et tu préfères simplement vivre ta vie sans penser à cela. Enfin, tu y penses, parfois trop, mais tu ne veux pas y penser aujourd’hui. Tu ne sais même pas que ta famille te l’a mise à l’envers à ce moment-là, mais ce n’est pas le sujet.

       — J'attendrai ton autorisation avant même d’y penser.

    Tu coin des yeux tu vois Camelia faire une roulade avec une guirlande autour du coup et des paillettes voler dans le mouvement. La vision t’a fait rire alors que Freesia s’approche pour visiblement tenter de mettre une décoration en forme de petit flocon de neige à l’oreille droite de la griffroid.

       — Pour le moment mes familiers me suffisent en enfant spirituel et mes nièces et neveux s'occupent de faire plaisir à mes parents.

    Pas assez visiblement pour la dernière partie, mais c’est une autre histoire. Une pour un autre jour certainement. Pour le moment, t'occuper de ton avenir professionnel est plus important. Plus important et surtout te remplis de bien plus de satisfaction. Là au moins ton cœur ne se blesse pas inutilement avec des sentiments vains envers des gens qui offriront les leurs à de tierces personnes sans que tu ne puisses lutter contre. C’est un combat plus facile. Enfin, d’une certaine manière.

    Le nom de la maître espionne te fait lever les yeux aux cieux quelques secondes, tu ne sais pas trop quoi penser de la question de Calixte. Est-ce que tu as vraiment besoin de lui demander ? Est-ce que se débrouiller par toi-même n’est pas mieux ? Est-ce qu’elle n’a pas mieux à faire qu’à s’occuper de toi ou de n’importe quel espion ? Même si tu crois en elle, tu as des doutes sur sa confiance en vous. Sa confiance en autre chose qu’elle-même et que toute demande ne fera que creuser encore plus cet écart qui est là sans rien pouvoir y faire.

       — Je… Je pense que c’est mieux que je me débrouille par moi-même. Il y a des soigneurs et médecins compétents dans le Blizzard que j’ai déjà contacté pour commencer à voir les modalités de ma formation en même temps que mon temps de service. Si j’en parle à Zahria, je suis presque sûr qu’elle réduira ma charge de travail en espionnage et le prendra sur elle, elle a assez à faire avec son retour.

    Elle a une confiance à regagner. Du travail à remettre à jour. Juste toute une vie remettre sur les rails et ce n’est pas a toi de détraquer cela encore plus. Un jour, dans très longtemps, tu aimerais avoir son poste, être celle qui te tient à la tête des espions ou en être la seconde et pour se faire il est important de te former et montrer tes capacités par toi-même. En tout cas c’est ce en quoi tu crois très fort.

    Tes yeux se perdent un peu dans le décor tout autour de toi et les souvenirs de ta dernière visite ici avec Calixte remontent sans même y penser. Tout a un goût doux et amer en bouche. Un peu comme votre expédition. Comme un peu tout chez les espions. Comme toute la vie de manière générale. Dans ce genre de moment, tu es bien heureuse de n’avoir aucune magie d’empathie avec tes familiers. Faire ressentir ce sentiment à autrui est tout sauf ce que tu recherches. Le faire ressentir à d'autres. La pensée se bloque dans ton esprit et tu verras avec un enchanteur pour la graine d'idées qui vient de germer plus tard. Tout sera plus tard.

       — Si elle avait vraiment voulu ne pas te mettre en porte à faux, elle aurait demandé à Sbire de faire quelque chose pour toi. Je suppose qu’elle a espoir que tu reviendras rapidement en te souvenant, sans forcément vouloir voir de combien c’est compliqué et dangereux pour vous.

    Le vous désignant lui et sa petite famille. Autant les enfants dans son ventre que Solveig et son fils. Zahria est égoïste de lui laisser autant de mémoire de tout ce qu’implique la vie d’espion. Tu es toi-même égoïste d’avoir été heureuse qu’elle n'ait rien effacé de cela avec la décision de Calixte alors que ça aurait été le plus logique selon toi. C’est certainement aussi pour cela que c’est bien que tu sois trop jeune et trop inexpérimenté pour être maître-espion, parce que même si tu aimes profondément chaque membre bien plus que ta propre famille, tu aurais pris des mesures radicales pour les protéger, même d’eux-mêmes, même si ça signifie complètement couper les ponts avec eux.

       — Tant qu’elle n’a pas coupé les ponts, ce n’est pas moi qui le ferait, pas sans ordre en tout cas.

    Parce que ta loyauté a toujours été ainsi pour ceux qui font partie de ta famille de cœur. Eux avant tout le restent. Absolument tout le reste. Calixte avant tes devoirs d’espionne. Tu es une espionne pathétique et tu le sais très bien. Peut-être que tu deviendras autre chose avec le temps. Peut-être qu’avec tes choix tu es en train de créer ta propre voix qui sera digne de te sentir enfin vraiment complètement à ta place. Tu n’en sais rien en ce moment, tout est confus en toi.

       — Enfin, je suis assez contente, cette mutation est une bonne opportunité pour évoluer et revoir Bridget est sympa. Il faudra simplement que je sois plus formelle la prochaine fois que je la vois.

    C’est aussi sur cela que tu vas devoir faire des efforts, la discipline.

       — Demande toujours à chacun d’entre eux. Plus tu demandes, plus tu auras de l’aide. Il ne faut pas cracher dessus pour s’occuper de sa famille, encore plus avec ce qui plane au-dessus de toi. Sbire est cool est effectivement, je noterais de lui demander des conseils, juste après le fait que le rose ne lui va pas. Une part de moi souhaiterait comprendre cette note-là. Une autre me dit que c’est mieux de ne pas savoir et rester sur ce postulat que le rose ne lui va pas. C’est aussi écrit qu’il parle très bien la pécore et qu’il a m’apprendra un jour. Je trouve toujours ça un peu triste de m’en souvenir qu’à force de relire mes notes, ça a vraiment l’air une personne super sympa.

    C’est bien de ne pas savoir la vérité et de se bercer de douces illusions.

       — C’est un privilège et un bonheur de faire partie de cette famille, je suis d’accord, mais c’est aussi un fardeau assez lourd avec des conséquences au moindre faux pas dans notre danse. Bien malheureusement.

    Tu ne souhaites pas qu’il parte. Ni qu’il t’oublie. Tu ne veux pas non plus l’oublier ou l’avoir hors de ta vie, mais est-ce que vraiment tout cela est ce qui est le mieux pour lui ? Pour ses enfants et sa nouvelle famille qu’il crée de manière générale. Est-ce que ce tu ne vaux pas mieux que Zahria de ne pas lui laisser une vraie liberté pour vivre une vie plus simple et avec moins de problèmes. Moins de sable qui se niche dans les moindres pores de la peau. Moins de regret d’avoir choisi de savoir ce qu’il y a dans les coulisses du pouvoir.

    Est-ce que tu ne regrettes pas parfois toi-même de ne pas avoir compris dès le départ tout ce qu’implique cette direction prise ?

    Il faut vraiment que tu parles à quelqu’un de ce qui tourne dans ton esprit, cela prend une pente de plus en plus glissante.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: En famille tout est mieux, même les traumatismes
    Dim 7 Aoû 2022 - 0:14 #
    Il y avait, dans la lente guérison de son âme, des entailles que seul le temps pourrait lisser, atténuer, guérir presque tout à fait. Mais à la chaleur de Xylia, dans la mesure toute en sincérité bienveillante de ses propos, dans sa présence d’une inaliénable bonté filiale, Calixte pouvait déjà sentir le baume de la catharsis libérer certaines de ses entraves, apaiser certaines de ses plaies, calmer certains de ses doutes. Il songea que, pour lui, l’Anguille n’aurait jamais besoin de se fondre derrière son pouvoir, aussi fabuleux fut-il. Non, la flamme de son être était largement suffisante et nécessaire, et il ferait tout ce qu’il était de son possible pour en préserver l’ardeur.

    Aidant Kaname à démêler toutes les décorations sur lesquelles elle avait jeté son dévolu, il acquiesça pensivement aux suggestions de la jeune espionne. Sa poitrine soulagée, déjà, d’un poids qu’il n’avait pas remarqué présent jusqu’à sa disparition.

    - Je me renseignerai, et j’irai à leur contact. Ca sera l’occasion de renouer, bien que pour le Sbire…

    De ce côté-ci, rien n’était moins sûr. Xylia pouvait avoir rempli son carnet de notes d’éloges à propos du mystérieux sous-fifre, le coursier restait dubitatif, et particulièrement méfiant. Même si cet étrange commentaire au sujet de la couleur rose éveillait sa curiosité. Choisissant cependant, pour l’heure, de laisser cette singularité de côté – la particulière délicatesse de sa situation mal définie d’ancien espion le rendait encore prudent quant à ses échanges avec ses anciens collègues de l’ombre – il finit de sortir les guirlandes réclamées par la loutre humaine avant de la regarder s’éloigner vers l’étage, les bras couverts de décorations scintillantes. Elle esquiva Freesia et Vreneli qui tentaient d’accrocher le plus de flocons artificiels aux oreilles des griffroids qui, à ce stade, ne faisaient plus qu’éparpiller divers ornements au lieu de les mettre en place. Observant un temps l’animation joyeuse occupant leurs familiers, récupérant temporairement au creux de ses mains sa tasse de chocolat chaud, Calixte laissa les dernières paroles de l’Anguille infuser dans son esprit avant de retourner son regard, curieux et un poil suspicieux, voire inquiet, vers celle-ci.

    - C’est une danse complexe, dont le rythme commande l’attention, si ce n’est la dévotion. Aux codes ourlés de secrets, aux costumes avides d’illusions, et aux aboutissants voilés de ténèbres. Un jeu qui peut vite dépasser ses participants volontaires, comme inconscients, et mettre en porte-à-faux leurs convictions. Leur moralité. Les espérances.

    Dans la hiérarchie toute subjective de sa loyauté Calixte n’avait, jusqu’à l’abandon de ses sentiments pour l’Ombre, jamais douté de la partition à suivre. Si son pied n’avait jamais été doué pour les sarabandes, son cœur n’avait jamais hésité à suivre le tempo dicté. Le handicap de sa maladresse, de sa malchance, de sa médiocrité, il avait appris à composer avec. Et si l’échec n’était jamais loin de ses virevoltes, il savait maintenant s’en faire un partenaire, et plus uniquement un ennemi.

    Du moins, jusqu’à la trahison dont il s’était découvert coupable dans les entrailles des Ruines du Corbeau. Et pour laquelle il avait choisi de cesser de danser, songea-t-il amèrement, lèvres pincées au douloureux souvenir coupable.

    - Mais c’est aussi pour cette raison qu’il ne faut pas que tu hésites à demander de l’aide pour trouver le rythme, pour choisir le meilleur costume, pour discerner le partenaire le plus approprié. Ombre, Feuille, Sbire… Ne crains pas d’aller vers eux, et de les laisser juges de ce poids que tu sembles penser leur imposer d’emblée. Et si ton vieux Damoiseau, tout aussi maladroit et éclopé de ses dernières mésaventures soit-il, peut encore te proposer son bras… l’accepterais-tu pour quelques pas innocents ? demanda-t-il en saisissant doucement la main hâlée de l’Anguille pour y déposer le souffle chaste d’un baisemain.

    Du dumctopus animé plus tôt par Ayren claironnaient toujours chants festifs, et les dernières musiques s’en déployant invitaient aux insouciantes valses. Sur leur piste de danse improvisée, parsemée de paillettes comme autant d’éclats d’espoirs, ils pouvaient être, le temps d’une envolée de notes, champions du ballet que, une fois n’était pas coutume, ils se choisiraient.

    - Les chutes sont rudes, dans nos entrechats. Mais n’imagine pas choir sans m’en informer, sans oser me laisser soigner tes ecchymoses, sans me permettre de t’aider à te relever. Tu es d’une vaillance et d’une force, toutes deux remarquables, et qui ne font que mûrir. Mais ne doute jamais du fait que, si celles-ci devaient menacer de faillir, mes mains ne sont qu’à portée de cristal de communication, et qu’elles ne trouveront jamais pénibilité à te remettre sur pied.

    Se levant comme le dumctopus se mettait à chanter le mélodieux air de Loin du froid du Solstice, doigts toujours entremêlés, l’ambre plongea dans l’azur.

    - Alors dis-moi : es-tu en train de tomber ?

    De te perdre dans les méandres enténébrés de l’espionnage, de ses illusions et de ses exigences. Dans les fantasmes et les déceptions de ton esprit.

    Xylia MavrocordatoAnguille sous roche
    Xylia Mavrocordato
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    Re: En famille tout est mieux, même les traumatismes
    Mar 15 Nov 2022 - 10:54 #
    Tu laisses sans la moindre difficulté Calixte te prendre la main et le baiser. Il fut un temps où tu aurais voulu que cela soit le début d’une autre danse. Une danse qu’il a avec une autre. Qu’il a eu avec plein d’autres et dont tu ne pourras pas toucher du doigt, surtout maintenant. Pourtant, la danse actuelle te convient. Tu es fait pour ce genre de danse. Celle où tu n’es pas la princesse au bras de son prince charmant, celle où tu es une simple amie qui restera là à regarder le monde être heureux autrement que dans tes fantasmes mièvres.

       — J’aime bien nos danses, même si parfois on a l’impression d’avoir des poignards dans les jambes pour nous empêcher de faire le moindre pas. Est-ce que tu connais l’histoire de la petite néréide ? C’est une vieille légende des archipels.

    Une que ton frère te racontait enfant et disant que tu étais plus forte et intelligente que l’héroïne. Il se trompait.

       — Il était une fois une néréide qui en remontant la tête à la surface croisa le regard d’un marin et en tomba amoureuse instantanément. Seulement, ils n’étaient pas de la même espèce et l’homme lui prit peur et fuis autant que possible loin d’elle. Triste de ce constat la néréide pria de toutes ses forces les Astres pour lui permettre d’être humaine et vivre sur la terre ferme avec l’homme dont elle était tombée amoureuse.

    Une créature bien naïve.

       — Les Astres touchés par la demande acceptaient, mais une telle demande n’est point gratuite. Si qui que ce soit apprenait son secret dans l’instant même sa vie cesserait et chacun de ses pas la ferait souffrir comme si mille lames se plantaient dedans. Malgré ça la pauvre créature accepta et termina rapidement sur la plage échouée comme perdue après un naufrage.

    Sans rien sur le dos et les versions diverses sur la beauté de la femme, mais, qu’importe, ce n’est pas important.

       — C’est son marin qui la trouva. Elle aurait voulu lui crier son amour, mais toute néréide qu’elle avait été, on lui a offert un corps humain, pas les connaissances avec et elle fut incapable de dire la moindre phrase. Elle n’avait pas les codes sociaux, mais le marin la prit en pitié et l’adopta comme une sœur. Ne comprenant pas ce que cela impliquait, la néréide s’en contenta, croyant avoir son cœur. Seulement il en épouse une autre alors que la néréide apprend à parler.

    Toute cette histoire pour mettre loin la question parce qu’il est plus simple de faire ainsi.

       — Le jour du mariage, sur un bateau en pleine mer, elle pensa quelque instant à prendre la vie du jeune couple et retourner vers les siens, mais jamais les Astres ne lui avaient promis de retour possible. Au lieu de cela elle dansa pendant toute la fête à s’en faire mal à l’âme, mais oublia sa peine même si chaque pas lui faisait mal, parce que le sourire de son amour guérissait ses plaies. La fin de l’histoire est moins belle. Elle se coupa la langue pour ne jamais divulguer son secret, mais il fut tout de même percé par hasard le lendemain de son acte par l’hypothèse foireuse d’un enfant.

    Ton regard se voile d’une certaine amertume.

       — Il y a bien des versions qui donnent une fin heureuse à la néréide, mais ce n’est pas le plus important dans l’histoire. Elle aussi avait mal pour cette danse en pleine mer, avec un cœur qui saigne d’amour et des jambes qui souffraient et pourtant un sourire et tout allait mieux pour se dire que tenir allait le faire. Enfant je la trouvais pitoyable, maintenant je la comprends mieux.

    Beaucoup mieux.

       — Cal. Est-ce qu’il y a un moment où j’ai été debout au moins ? Tout n'est qu’une chute en avant depuis bien longtemps. Bien avant de devenir Anguille. J’ai eu l’illusion que je m’étais relevé, mais…

    Un trémolo se fait entendre dans ta voix et Camélia et Freesia ont tous deux un mouvement d’arrêts dans leur action à côté avant de se faire entraîner à nouveau dans leur jeu par les autres familiers, mais avec un peu moins d’entrain.

       — J’ai l’impression de faire une chute dans un puits sans fond depuis si longtemps.

    Que toutes les illusions que tu t’étais faites pour ne pas le voir se détruisent peu à peu. Ta famille de sang et de cœur vole en éclat, tes assurances semblent être faites de sable et tu redoutes l’impacte avec le fond plus le temps approche.

       — Je fais mon possible pour arrêter la chute avant qu’elle ne soit fatale. Avant de finir comme Ferisen.

    Ou Ruth.

    Ou Polycaon.

    Ou comme Calixte.

    Ou comme tous les cadavres qui s’entassent un peu plus chaque année qui passe.

    Tes pas sont étrangement pour énergique, comme si tu cherches dans votre dans a faire oublier tes propres mots sur ce qui casse dans ce monde. Il y a une vision vicieuse du corps sans vie de ton frère de cœur qui se forme dans ta rétine et cela te retourne le cœur un peu plus à chaque pas. Les larmes montent à tes yeux et tout semble se fissurer en toi.

    Tu n’avais pas conscience d’être autant cassé.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: En famille tout est mieux, même les traumatismes
    Jeu 1 Déc 2022 - 20:26 #
    Quelques pas de côté pour accueillir les premières notes de musiques, tapissant le décor océanique narré par Xylia. Une série de virevoltes sur l’envolée instrumentale, accentuant le trouble de la néréide. L’étreinte brève, puis délibérément prolongée, sur l’interlude instrumental s’étiolant doucement pour laisser toute la place au drame se déroulant sur le devant de la scène. Et, comme si le monde avait pris la mesure du poids écrasant les frêles épaules de l’Anguille, la fragile pesanteur les enveloppant d’une bulle sourde de clarté. Etouffant les dernières mélodies festives du dumctopus, inhibant la fébrilité passée des familiers à proximité, soufflant les bougies du temps pour apprécier le douloureux dessin prenant forme au fil des mots de la jeune espionne, pour effleurer du doigt la dangereuse fêlure s’esquissant et ne demandant qu’à rompre tout à fait.

    Ô qu’il avait été aveugle aux tourments de celle qu’il considérait, et chérissait, comme sa petite sœur. Trop tourné vers ses propres difficultés pour aviser celles de cette dernière. Une once de culpabilité, s’enracinant dans celle qui couvait toujours pour l’Ombre, arracha temporairement le souffle qui lui aurait été nécessaire pour répondre aux interrogations en incertitudes de Xylia, pour le traîner contre les braises mêlées de la honte et de la tristesse. Instinctivement, ses bras trouvèrent les contours de l’espionne pour lui offrir le nid protecteur de son corps. Pour mieux contenir la néréide menaçant de se déliter sous la rigueur de peines ressurgissant. Pour trouver, égoïstement, le parfum rassurant de sa chevelure sombre afin de s’assurer de sa tangibilité malgré l’effondrement se profilant. Et choyer, le temps de quelques secousses, la déliquescence de l’Anguille. Une fraction de secondes, une poignée de minutes, une éternité peut-être. Qu’importait.

    - Je t’ai vue debout, Lia, n’en doute pas, murmura Calixte contre la couronne de mèches brunes. Malgré les coups et les plaies, malgré les doutes et les tracas, malgré les accidents et les incidents de parcours. Alourdie peut-être déjà de ce fardeau qui est tien, mais debout néanmoins. Forte, de toutes les manières, et surtout les plus nobles. Belle, d’un éclat qui ne tient pas qu’à l’apparence. Maintenant…

    Ses mains glissèrent pour encorbeller délicatement le visage de la jeune femme et l’incliner doucement vers le sien.

    - Tu as le droit de tomber, encore et encore s’il le faut, poursuivit-il en chassant chastement des lèvres les témoins du naufrage en cours de la néréide. N’en aie pas honte, ni peur. Et si la chute semble infinie, alors laisse-nous… laisse-moi te tendre la main pour t’attraper.
    - Ou tomber avec toi. C’est quand même plus sympa de faire les choses en groupe. J’ai pas encore exploré le tetris aérien, mais y a un scénario à étudier !

    Levant le regard au plafond et s’obligeant une inspiration forcée avant de répondre à Apolline – ou de l’envoyer valser du bout du pied – le coursier ne put cependant aller au bout de son projet, l’impact indélicat d’une troisième forme humanoïde expulsant brutalement l’air qu’il avait emmagasiné.

    - Kana aussi là pour tenir Lia ! Ou pour faire coussin si Lia tombe ! déclara joyeusement la loutre humaine en resserrant l’étau de son embrassade.
    - C’est gentil, Kana, mais… oh… bon, capitula Calixte comme il semblait que les familiers avaient vu là une invitation pour un câlin de groupe.

    Libérant le visage de Xylia pour leur permettre d’être moins inconfortablement contorsionnés dans l’étreinte emmêlée qu’organisaient leurs compagnons de poils et de crocs, il se résigna à reposer le menton sur la chevelure de la jeune femme et blottir celle-ci au creux de la pelote vivante en formation.

    - Apo n’a pas tort, poursuivit-il en éludant les exclamations satisfaites – et douteuses – de l’âme artificielle. N’aie crainte de nous offrir la possibilité de chuter avec toi. De nous laisser prendre quelques poids. De nous laisser t’accompagner dans la solitude aveugle du puits infini. Et là, comme beaucoup plus bas si l’impact doit avoir lieu, trouver ce qui peut apaiser ton tourment. Rendre l’obscurité moins étouffante. La dégringolade moins effrayante. La collision moins brutale. Et peut-être même commencer à se garnir de quelques plumes, aigrette par aigrette, pour envisager s’échapper.  

    Un étrange sentiment de joie, incongru dans cet échange doux-amer, tapissa ses songes, et le coursier tourna le regard vers Ashae qui leur adressait un large sourire tout en indiquant de la patte la guirlande lumineuse qu’elle avait enroulée autour du paquet d’humains-familiers. La confusion que reçut en retour la shupon ne sembla pas déterrer celle-ci, et elle se remit en mouvement pour poursuivre son œuvre éclatante tandis que Calixte se recentrait sur ses propres émotions. Et elles étaient débordantes de tendresse, agitées d’inquiétude et percées de culpabilité. Certainement le pôle espionnage n’aurait pas perdu à intégrer dans ses rangs un psychologue mais, pour l’heure, l’ancien Damoiseau était tout prêt à endosser la responsabilité de grand frère qui lui tenait à cœur.
     
    - Alors… quelle est, ici et maintenant, la petite chose qui pourrait rendre plus supportable cette chute ?
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    Re: En famille tout est mieux, même les traumatismes
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