Elle commence enfin à se déplacer, se faufilant dans la foule entre les groupes d'invités, observant distraitement ces nombreux inconnus sans revoir le visage qu'elle cherche, celui qu'elle connaît si bien. Pourquoi diantre ne se sont-ils pas donnés rendez-vous à l'extérieur du bâtiment? Avant la soirée, de sorte à se retrouver simplement voir mieux, à venir ensemble? *Idiote! Idiote! Idiote!* S'énerve-t-elle intérieurement. *C'était évident qu'il serait compliqué à retrouver ainsi!* Fulmine-t-elle... Est-il également dans l'enceinte du bâtiment? Cherchant également après sa petite-amie sans parvenir à la trouver? En plus, si ils se cherchent ainsi l'un l'autre, quelles sont les chances qu'ils tournent en rond, se manquant continuellement alors que Lucy se rie d'eux? Et puis, est-il seulement présent? Une peur soudaine se fait ressentir dans les tréfonds de son être : et s'il n'était pas là? S'il lui était arrivé quelque chose? S'il avait eu un accident? Comment pourrait-elle le savoir? C'est définitif, il va lui falloir un cristal de communication pour discuter avec Faolan, lier ces magnifiques créations l'une à l'autre... S'il le veut...
Un doute, une idée qui s'insinue dans son esprit, vient susurrer à son oreille des mots effrayants, inquiétant, une peur soudaine alors qu'elle se laisse penser que c'est possible... *Et s'il m'avait posé un lapin?* Se demande-t-elle soudainement... Une possibilité qui n'en est pas une, au fond d'elle elle le sait, pourquoi aurait-il fait cela? Leur relation est certes encore à ses balbutiements mais elle est sincère elle le sait parfaitement et pourtant, l'esprit n'a rien de logique lorsqu'il est gagné par la peur! La peur qu'il ne veuille plus d'elle, qu'il ait rencontré une fille réellement humaine, qu'il se soit lassé de cette poupée au grand, beau et effrayant sourire - sourire qui ne s'affiche plus désormais - alors que ses pas, tout comme son pouls, s'accélèrent. "Faolan?" Appelle-t-elle, timidement d'abord, à peine un murmure tant la voix vient à lui manquer. "Faolan!" Demande-t-elle un peu plus fort, espérant encore et toujours une réponse. Mais que fait-elle ici? Elle n'est pas à sa place, ce n'est pas son monde, elle n'a de noble que le nom, ni l'attitude, ni les attentes, elle veut juste rentrer chez elle, discuter avec Wilfred, crier peut-être comme lorsqu'elle était enfant? Pourquoi a-t-elle prit le temps de mettre une robe, de tenter de se faire belle, de... Soudain, un choc! Vu la nature de la poupée et son poids ridicule, c'est elle qui tombe sur le sol, fesses premières, alors qu'elle est pourtant celle qui, dans sa panique, s'étais mise à courir sans faire attention devant elle... Relevant la tête, elle voit un homme, inconnu, visiblement seul également? C'est pourtant une bonne chose, sa maladresse lui permettant, un instant du moins, de se sortir de son état d'inquiétude intense. "Pardonnez-moi..." Dit-elle simplement sans même prendre le temps de se relever.
Et tandis qu'il saisissait un autre verre pour profiter du buffet ainsi fourni, il ne fait absolument pas attention à la forme qui s'approche de lui. Tout aussi distrait qu'elle, impossible de voir la collision annoncée. Et bien rapidement, elle se produit. L'enchanteur sent un choc contre lui, tressaute et manque de tomber mais il arrive à se rattraper. Portant son regard sur la source du choc, il baisse la tête vers la demoiselle ainsi au sol. Arquant un sourcil en la détaillant, il vient s'excuser en bredouillant durant un instant.
-"Bonsoir... Excusez moi... Je ne vous avais pas remarquée. Vraiment désolé, j'étais dans mes pensées. Vous allez bien ?"
Voyant qu'elle ne se redresse pas, il vient tendre la main pour l'aider à se relever. Plus surprenant par contre est apparence, qui sort clairement de l'ordinaire. Alors qu'il la tire pour la remettre sur ses pieds, il sent aussi son poids, particulièrement léger. C'est troublant, mais l'enchanteur s'y fait assez rapidement. Ce n'est ni la première ni la dernière femme aux pouvoirs et dons lui donnant une apparence étrange qu'il fréquente. Au contraire, il en profite même pour l'observer plus longuement, avant de se reprendre. Après tout, Fedora n'aime peut être pas ainsi se faire regarder, même si ce n'est que par pure curiosité scientifique. Essayant de briser la glace et la gêne présente, l'homme reprend avec un petit sourire, regardant le verre a moitié renversé sur sa tenue pour attraper un mouchoir en tissu et commencer à la nettoyer et l'éponger comme il peut.
-"Je me présente, je m'appelle Almassar Heckel. Et vous alors ? Vous semblez chercher quelque chose en cette soirée, je peux peut être vous aider ?"
Certes il ne connait pas grand monde, mais justement, essayer de s'intéresser aux personnes présentes peut être un moyen d'en découvrir. Et cette étrange demoiselle semble si perdue et craintive qu'il ne peut que se demander ce qui la met dans un tel état dans une soirée qui est pourtant un buffet tout ce qu'il y'a de plus tranquille et civilisé.
"Je vais bien oui... Veuillez me pardonner, c'est moi qui ne regardais pas où j'allais..." S'excuse-t-elle platement, bien consciente que c'est elle qui courait et qui a perturbé ce pauvre homme. Un silence, gêné ou maladroit? Elle ne saurait le dire, s'installe alors... Il faut dire qu'elle se doute que l'on ne désire pas spécialement converser avec une poupée, pourtant, c'est lui qui reprend la parole, se présentant et lui proposant même son aide? Elle l'observe de ses grands yeux rouge sans paupière, prise entre la surprise et le ravissement avec de sourire, offrant au dénommé Almassar son grand, beau et effrayant sourire, laissant voir ses dents pointues d'une blancheur éclatante.
"Un plaisir de vous rencontrer sieur Heckel! Même si ce fut une rencontre percutante." Dit-elle en riant doucement. "Je suis Fedora Sanward et, en effet je cherche quelqu'un! Mon petit-ami... Il s'appelle Faolan, il est grand de plus ou moins cette taille." Dit-elle en levant sa main pour atteindre la taille approximative du cuisinier. "Il a les cheveux orangés, il ne parle pas beaucoup sauf quand il s'agit de cuisine ou qu'il tente de s'expliquer sans trouver ses mots, parfois c'est embêtant d'ailleurs! J'aimerai bien qu'il me dise plus ce qu'il pense! Ah et nous avions rendez-vous ici mais je ne le trouve pas... Peut-être qu'il ne voulait pas venir? Mais il doit être cuisinier pour ce magnifique projet donc cela n'aurait pas de sens! Qu'en pensez-vous? Moi je pense qu'il est juste en retard mais j'avoue que j'ai eu peur qu'il ne soit pas venu, puis je vous ai percuté et j'ai oublier cette notion ridicule! Faolan n'aurait jamais fait cela pas vrai?" Conclue-t-elle avant d'imiter le geste de soupirer, se rendant compte qu'elle a encore donné bien trop d'informations inutile mais sans prendre soin d'en ajouter une capitale... "Oh... Et c'est un véritable humain, pas une poupée!" S'empresse-t-elle d'ajouter, comme une nécessité, comme s'il était plus qu'important de préciser que son compagnon n'était pas aussi anormal qu'elle. "L'auriez-vous aperçu?" Se renseigne-t-elle finalement.
Comme à chaque fois que sa secrétaire s'essaye à la pâtisserie, le soufflé retomba vite et fort, en plus il avait pas de goût normal en fait si on met pas les arômes de vanille et en plus je t'avais bien dit de pas utiliser cette farine Pam vraiment si on était pas là qu'est ce que tu deviendrais bordel de-on s'égare. En définitive, il avait plus l'air de l'embêter qu'autre chose -qui l'eut cru?-, et malgré l'immense compliment qu'il venait de faire un blond, il semblerait que le cas soit déjà perdu. Les perdants, ça l'intéresse pas. Il aurait espéré réveiller la bête, démarrer son ego ou que sait-il, mais rien de tout ça, juste de l'ennui et des monologues en perspective. Oh, il adore parler, surtout de lui, ne prenez pas ça comme ça, cependant c'est plus sympa quand on sait que l'auditoire va suivre, pas au mur du fond de la salle.
'' Outre tes viles flatteries, j'aurais au moins essayé de te revisser la tête sur les épaules. Fort bien que tu ais été aussi transparent, ça m'évite de faire des efforts pour rien et de perdre du temps, et le temps, c'est de l'argent, et ce que j'adore encore plus que moi même, c'est l'argent. Et puis surtout qu'on se rapproche de... '' Car même si c'était lentement, les deux hommes continuaient d'avancer. '' Bref. Bonne continuation surtout, je pars rejoindre ma rousse. Ça tombe bien, elle est avec ta blanche là ! Bonne soirée ! ''
Tournant prestement les talons, il s'enfila d'une traite son verre avant d'interpeller un serveur, reposer le début d'une grande série de verres vides, et en récupérer un bien plein. Il fallait au moins ça pour éviter le prince. Aucune haine envers lui, enfin, elle est pas personnelle, plutôt de l'ordre financière ; merci les impôts de la couronne. Imaginez un monde où l'héritier s'approche et commence à parler de mots comme ''cristaux'', ''taxes'' et autres ''dédommagement'', de quoi tout envoyer valser et courir sans repasser par la case départ.
Se faufilant consciencieusement entre les invités, tous plus bizarres les uns que les autres -cette personne est vraiment faites de pierre précieuses ? Ça peut être intéressant... Et ça, c'est quoi ? Une espèce de poupée ? C'est tout simplement abominable-, il finit par se glisser aux côtés de sa bien aimée, faisant donc à présent face à ce bel homme -on peut apprécier la carte même si on ne mange pas dans le restaurant- et la mystérieuse femme fleurie qui semblait à l'origine de tous les maux actuels et futur de l'autre gugusse. Il redressa juste ses lunettes, passa sa senestre dans ses cheveux, tritura le col de sa chemise, et sourit timidement, à la fois à l'encontre de Luz et des autres présents dans ce petit cercle.
'' Bonsoir bonsoir ; je ne penses pas que nous ayons été présentés. Warren Richter, patron d'Althaïr -branche capitale, quoique, le reste ne devrait pas tarder vu l'état du vieux Jefferson. '' Il sirota tranquillement sa boisson. '' Magnifique réception et grandiose demeure, si je puis me permettre. La vie n'a pas trop l'air compliquée. ''
On aurait pu croire à de la condescendance, alors que ce n'est qu'une forme de respect envers un de ses pairs, c'est à dire un mec énormément friqué. Et qui a des projets, bon les deux ne sont clairement pas tournés vers les mêmes affaires, l'un semble beaucoup plus clean que l'autre, on ne dira pas qui fait quoi, mais pour aider ; le blond a des choses à cacher. Tout le monde à son jardin secret, sauf que dans le sien, y a potentiellement des gens enterrés.
'' Après, pour supporter un tel projet, j'imagine qu'il faut des reins solides. Belle initiative d'ailleurs ; ça évitera que les gamins pouilleux viennent fouiller dans nos poches. ''
On arrive à sentir, comme Warren n'apprécie pas les gamins ? Encore moins les peu fortunés ? Faire la relation entre ''orphelin'' et ''pauvre'' est sans doutes un peu cavalier, mais posons ça là ; vous avez déjà vu un orphelin des rues avec autres choses que de la crasse sur les habits, des ongles noirs et un visage couvert de suie ? C'est bien ce qu'on pensait.
-Euh. Vous n’auriez pas une bière ?
-Non monsieur.
-Tant pis, alors. Une bière.
-Nous n’en servons pas, vous dis-je.
-Ah. Pardon. La fatigue. Une coupe alors.
-Tenez.
Je bois ma coupe en deux longues gorgées avant de m’approcher d’une table et d’y déposer mon verre de manière discrète mais dont le résultat n’est certainement pas aussi bon que ce que j’escompte. Ce sont les désavantages de ces alcools pour les soirées mondaines, ils se boivent vite et montent tout aussi rapidement à la tête, même pour moi qui tiens plutôt bien à l’alcool. Alors qu’une petite mousse, c’est parfait pour se désaltérer et commencer sereinement la soirée. Une transition tout en douceur entre de longues heures de travail à la Guilde et une soirée mondaine où mes intérêts prennent la lumière. Certes, je suis noble. Depuis peu, mais le Prince qui a quitté l’estrade quelques minutes plus tôt serait bien capable de me rappeler la chose, tant j’oublie que parfois, c’est le cas. Mais un titre reste un titre, il ne change pas le bois dont je suis fait. J’ai toujours à cœur de rendre service au bon peuple d’Aryon, le tout sans avoir de sentiment de supériorité de part mon anoblissement. Ce n’est qu’une récompense modeste. Un coup de lumière dans ma direction, il m’impose davantage d’effort à bien représenter les intérêts que je défends. La Guilde. Les aventuriers. Les petits potes. Les gens en général. Toujours penser aux autres avant de penser à ça.
-Didiou didiou didiou. Ces petits fours à la saucisse sont sacrément bons !
On ne crache pas contre un peu de restauration. Je suis harassé de travail. Personne ne peut croire que la Guilde ait un tel besoin de tâches à remplir. Je suis si fatigué que j’ai parfois l’impression de mener plusieurs vies. Il me faudrait des vacances. Un camp de vacances pour aventuriers, ça n’existe pas ? Encore une idée à proposer au Conseil. Idée qui fera l’objet de plusieurs centaines d’heures de discussions, de débats, de réunions, d’arbitrages, de rédactions de documents pour peut-être aboutir à un projet actif. Une idée de se reposer qui va me donner davantage de travail, serais-je un peu masochiste ? Non. Juste un fidèle serviteur de la Guilde et des bonnes causes. Ma présence ici ? N’est-elle pas évidente ? La Guilde est une grande famille dont les plus jeunes membres ont seize ans. Il n’est pas possible de recruter plus bas, mais techniquement, il est toujours possible de faire naitre la vocation dans les cœurs des plus jeunes. C’est pourquoi la présence de la Guilde dans les institutions du Noble Aubeclair sont indispensables. Nos aventuriers peuvent contribuer à des enseignements pratiques que l’on retrouve souvent dans la Guilde afin de créer l’envie dans les cœurs de ces jeunes orphelins de rejoindre notre grande famille. Et, peut-être, nous serons un jour récompensés de la plus belle des récompenses. Celle que nous chérissons avec toute la ferveur de notre cœur.
Peut-être aurons nous un examinateur. L’Elite de l’Elite.
C’est pourquoi la Guilde et moi-même soutenons le projet d’Emerald qui a su se montrer très convainquant même si, peut-être, j’étais assez réceptif à ces arguments. Je ne vous en dirais pas plus, vous pourriez croire qu’il s’est passé quelque chose entre nous et aujourd’hui, je ne peux vraiment rien vous en dire, cette histoire prenant la poussière depuis bientôt deux mois. C’est pourquoi, voyant le moustachu à quelques pas, j’hésite à l’accoster, un peu désarçonné sur mon incapacité à mettre une définition précise sur la nature de notre relation, mais je constate la présence à ces côtés de la grande sœur Zmeï ainsi que de la célèbre Luz Weiss qui me félicitera surement pour mon titre de noblesse tout comme elle le fera lors de la fête du solstice dans sa Volière au Dragon, mais la myriade de personnalités et de choses à gérer suffisent à justifier la plus petite des incohérences. Il y a aussi un type lambda, mais va-t-on s’arrêter sur le tout-venant ? Bref, je n’hésite pas à franchir le pas, au moins pour féliciter celle qui a tenu le côté du Maitre des lieux lors du discours d’inauguration et dont l’absence dans le discours du Prince est surement un oubli regrettable de sa part, discours que j’ai failli rater à cause d’une sombre histoire bouton de pantalon dont je vous passe les détails.
-Excusez-moi. Permettez-moi de vous féliciter, monsieur Aubeclair, mademoiselle Zmeï, pour ce projet que la Guilde soutiendra avec ferveur. Votre frère et votre sœur doivent être très fier, Sia.
Léger salut à Luz Weiss que je connais de plus longue date et qui doit avoir beaucoup de choses à discuter.
-Je vous les laisse.
Je passe un instant sur le type à ses côtés qui doit être probablement un de ces nobliaux anonymes qui cherchent à avoir un peu d’attention en se rapprochant des gens qui ont la lumière pour essayer d’en avoir un petit peu, mais ça mérite qu’une salutation banale. Je m’éclipse rapidement avant qu’on ne m’arrête et que le monde s’engouffre dans une faille spatio-temporelle trouvant son origine dans l’inconnu de ma relation avec Emerald Aubeclair. Tenez le pour dit.
C'est l'heure de la fête !
Arche de l'espoir & co
La main toujours innocemment posée sur la hanche de la belle aventurière, tu t’apprêtes à échanger quelques mots avec le forgeron. Tu étais curieux d’en savoir plus sur la relation qu’il entretenait avec la co-fondatrice de l’arche - tu avais bien eu quelques mots de Sia mais c’était l’occasion de mettre ton nez dans leurs affaires- quand il prit tout bonnement la fuite. Tu refermas ta bouche légèrement désappointé et déçu de le voir partir si rapidement. Tu retins un petit soupir, tu aurais tout le temps d’embêter le rouquin plus tard puisque la soirée ne faisait que commencer. Tu posas un regard plein d’affection sur ta compagne, puisque la petite Kim avait déjà filé vers de meilleurs horizons. ”A force de parler sur scène, je ne sais même plus si j’ai eu le temps de complimenter ta tenue ! Tu es superbe dans cette robe, si avec ça ton maître ou un autre de nos convives ne te réclame pas une danse c’est qu’ils sont tous aveugles.” Soufflas-tu avec sincérité, avant de lorgner quelques secondes de plus les finitions. ”Ta mère a des doigts de fée !” Si un jour la génitrice de ton amie se décidait à ouvrir une boutique, tu n’hésiterais pas à lui proposer ton aide ou à venir faire du shopping. Tu enviais parfois les femmes, de pouvoir mettre de si belles robes. Enfin, être un homme ne t’avait jamais empêché d’en acheter.
Ton attention fut attirée par une voix désormais familière, Luz Weiss, la fondatrice de l’Astre de l’aube. Tout comme toi, elle avait été la victime malheureuse de Mme Piedoddu et de son affreux salon. Au final, cette journée n’avait pas été si horrible grâce à l’agréable compagnie de la noble. Vous vous étiez même revus plusieurs fois pour étudier tes papillons empoisonnés et pour la collaboration entre vos deux organisations. Tu t’étais donc naturellement rapproché de la noble dame et tu la considérais comme une amie.
”Oh...”
Enfin... Là n’était pas le plus important. Le plus important c’était la robe, non l’œuvre d’art qu’avait revêtu la belle. Tu ne bougeais plus, ton regard perdu dans les détails du tissu magnifiquement travaillé.
”... Lucy ! C’est du Olenna Belmont ? C'est de l’art ! ” Lâchas-tu après t’être élancé vers Luz, lui tournant autours pour admirer cette robe. Tu finis par t’arrêter, toussotant doucement pour reprendre une légère contenance. ”Tu es magnifique mon étincelle !” Tu attrapas sa main pour lui poser un baiser rapide dessus. ”Je suis content que tu te sois libérée !” Ajoutas-tu, après l’avoir remercié d’une voix chaleureuse. Tu jetas un regard vers le chanteur qui se déhanchait sur la scène. Il n’avait pas encore montré tout son talent... et son originalité qui t’avait convaincu de l’engager. ”Zeny Astley ! Je suis persuadé qu’il a de l’avenir et qu’il saura se faire une place parmi les meilleurs dans le futur.” Peut-être qu’il ne ferait pas l’unanimité, mais il trouverait son public ça c’était certain.
Tu laissas ensuite la parole à Sia, restant à ses côtés alors qu’elle répondait aux questions de la jolie rousse. Distrait, alors qu’elles discutaient, tu laissas ton regard se perdre dans la foule à nouveau. Il y avait tellement de gens, des inconnus, des visages familiers et ils étaient tous là pour les enfants. Tu te sentis ému. Ton attention fut captée par l’approche d’un blond. Lui, par contre tu ne le connaissais pas. A la mention de la compagnie Althair ton regard s’illumina.
”Je suis ravi de rencontrer l’un des collègues de Sarah.” Tu lui tendis ta main, ignorant le commentaire sur le “vieux” Jefferson ou sur les gamins pouilleux. ”Vous êtes intéressé par l’arche ? ” Demandas-tu en le détaillant du regard. Il était pas mal, mais pas forcément à ton goût. Tu lui accordas un sourire, le même que ta chère mère affichait en compagnie de potentiels partenaires commerciaux ou clients. Tu allais reprendre la parole quand un autre homme vous aborda. Quelqu’un de parfaitement sympathique : le conseiller Callahan et nouveau membre de la noblesse. Tu eus à peine le temps de le remercier qu’il s’éloignait déjà... Troublé par l’interruption impromptue et éclaire du moustachu, tu te perdis dans tes pensées, laissant au passage ton regard dérivé sur le dos du nouveau noble et de son fessier.
« C’est adorable de ta part ! Je lui ferais passer tes compliments, elle en sera heureuse. Tu es aussi très ravissant, je dirais même le plus lumineux ici. »
Mon sourire s’agrandit avant qu’une tête flamboyante ne nous accoste. Je mets un léger moment à remettre dame Weiss, mais je me souviens parfaitement de la requête que j’avais faite pour l’Astre de l’Aube avec Liory. Je lui adresse alors un sourire poli, laissant mon ami la saluer de manière bien plus expressive. Je savais que le noble avait réussi à obtenir un partenariat intéressant avec l’Astre, mais j’ignorais qu’ils étaient si proches. Il est parfois difficile de retenir toutes les relations que peuvent avoir les nobles… J’exécute une courbette élégante que ma mère a bien eu du mal à m’inculquer en m’éduquant, avant de redresser le regard pour répondre aux salutations qui me sont adressées.
« Dame Weiss, c’est un honneur de vous revoir ici et de pouvoir compter sur l’Astre de l’Aube à l’avenir. Je suis également heureuse que vous vous inquiétez encore de mon état après tout ce temps. Comme vous pouvez le voir, je me porte parfaitement bien et j’espère qu’il en est de même pour vous. »
Je ne perds pas mon sourire, mais me fige un instant en entendant le nom de Zeny être prononcé. Je ne me suis pas trompée, il s’agit de cet étrange barde qui m’a poursuivi à travers la Capitale il y a quelques lunes. Je me tourne un instant vers l’homme se tenant sur scène et j’ai l’impression qu’il m’adresse un clin d’œil quand nos regards se croisent. Je secoue la tête pour me concentrer sur mon interlocutrice et son compagnon qui arrive. J’arque légèrement un sourcil à sa manière de parler, mais ne cache pas mon sourire en coin. Voilà un personnage intéressant qui est au bras d’une noble telle que Luz.
« C’est un honneur Monsieur Richter, et j’espère comme vous ne plus avoir à croiser un enfant pouilleux dans les rues avec un tel projet. Nous savons bien tous que cela pourra être bien plus rentable pour tous sur le long terme. Il fallait juste avoir le courage de se lancer et encourager d’autres à nous rejoindre dans cette folle aventure. »
Je viens récupérer une coupe d’un serveur qui vient nous proposer un plateau avec des verres pleins et des petits fours. Je me tourne alors vers la flamboyante pour répondre à sa seconde question.
« Pour ce qui est de ma rencontre avec Emerald, c’est une longue histoire ! Mais c’est celle qui a fait germer l’idée de l’Arche. Et aussi, c'est la faute de cette gamine fougueuse là-bas. »
Je pointe ensuite du doigt la petite Kim dans sa magnifique robe en train de s’empiffrer au buffet. À ses côtés, un majordome de mon ami essaye péniblement de calmer son énergie et de l’arracher à la table avant qu’elle dévore tout ce qui est prévu pour les convives. Elle a le visage couvert de miettes et sa chevelure rebelle semble menacer de bientôt se libérer de la magnifique coiffure faite de tresses qui essaye de la maîtriser. Au moins, elle ne s’est pas encore tâchée. Pour le moment.
« Il y a encore quelques lunes, elle n’était qu’une orpheline qui vivait dans un cimetière. C’est une histoire de goules et une requête déposée à la Guilde qui nous a réuni là-bas avec Emerald. Nous sommes loin d’être les parents dont elle a besoin, mais je suis sûre qu’elle pourra faire de grandes choses plus tard. »
Je finis ma coupe avant de la reposer sur le plateau d’un serveur passant non loin, me tournant vers le trio et surtout vers l’aventurier pour qu’il m’aide à m’échapper un moment de cet endroit. C’est que je n’ai pas l’habitude d’ainsi devoir parler à autant de monde, j’ai besoin de souffler et laisser l’alcool descendre.
« Si cela ne vous dérange pas, je vous laisse mon partenaire le temps que j’aille me repoudrer le nez. Dame Weiss, Monsieur Richter, c’était un plaisir de vous voir tous les deux. Emerald, je reviens rapidement, promis. »
Je viens claquer une bise sur sa joue avant de filer aussi vite que possible en direction d’une zone plus calme. Espérons seulement que personne ne va chercher à m’intercepter en chemin.
Alors que Zeny montait les marches menant à la scène, le manque cruel d’enthousiasme du public lui fit monter la moutarde au nez. L’artiste n’était pas vraiment connu pour ses capacités d’analyse, et celle que nous avons fait précédemment ne lui est pas venue à l’esprit une seule seconde. Tout ce qu’il constata, c’était que son ego n’était pas satisfait de la façon dont ces gens semblaient désintéressés de sa personne. Il n’y avait pas plus grande insulte pour la plus grande popstar d’Aryon que de se faire snober par une bande de riches qui ne savaient même pas qui il était. Il devait se venger, leur en montrer de toutes les couleurs. Quoi de mieux que de risquer son avenir aussi bien artistique, professionnel ou personnel, en essayant de mettre en rogne des personnes suffisamment influentes pour lui pourrir la vie et l’empêcher de construire quoi que ce soit – au sens propre et figuré – où qu’il soit, et quel que soit l’identité qu’il tenterait de prendre après avoir réalisé la gravité abyssale de son erreur.
Dans l’esprit de Zeny, c’était vraiment le plan parfait.
Heureusement, ses yeux croisèrent ceux de Sia, la douce Sia, la Flower Baby, son horticultrice favorite, qui permit à sa colère de s’envoler comme elle était venue, et son visage se transforma. Sia ce n’était pas une femme, c’était beaucoup plus doux.
Ravalant sa fierté, le barde réalisa qu’il valait peut-être mieux les toucher au cœur. Son but dans ce monde était de propager sa grandeur, de leur donner l’occasion de voir comme il était génial. Une crise de colère n’allait pas du tout jouer en sa faveur – quel éclair de génie. Ce qu’il devait faire, et il en était enfin conscient, c’était capter leur attention, petit à petit, jusqu’à son grand moment.
« Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, bien le bonsoir, je suis Zeny Astley et m’occuperait de vous divertir ce soir, » dit-il d’une voix suave et charmeuse dans l’engin à cristal amplificateur de voix, le tout accompagné d’un air séducteur fiché sur son visage.
Cela faisait des lunes que Zeny n’avait pas fait preuve de sobriété et de retenue en prenant la parole en public. L’effort avait été colossal pour lui, aussi dû-t-il se mordre la lèvre pour éviter de lâcher un cri tel qu’il en faisait dans les concerts de taverne. Plusieurs personnes situées à proximité de l’estrade interprétèrent son expression enjôleuse ainsi que ce mordillement de lèvre comme une sorte de tentative de flirt à la fois disgracieux et grossier, et grimacèrent, se détournèrent, donnant à Zeny l’occasion de raviver l’envie de leur en coller plein les mirettes.
Tout en observant ce qui se tramait dans la salle, l’artiste et ses musiciens entamèrent un petit air de Lauf’hi, un style musical venu de l’Archipel, au rythme posé et relaxant, parfait pour se concentrer sur son travail. Les gens parlaient entre eux, de petits groupes se formaient, des relations se créaient à mesure qu’untel présentait un-autre-tel à un-autre-autre-tel. De là où il était, ce gala ressemblait plus à l’occasion pour des personnes bien établies d’élargir leur réseau et de trouver d’autres gens avec qui s’enrichir encore plus qu’ils ne l’étaient déjà, plutôt qu’à un rassemblement de personnalités intéressées par l’avenir des enfants d’Aryon. Il n’entendait pas leur discussion, mais il était sûr qu’aucun d’entre eux ne parlaient des pauvres petits orphelins. Heureusement qu’il était là, lui, à vraiment se soucier de ces pauvres gosses au point de jouer de la musique en leur honneur. Du moins, c’était ce qu’il se répétait, comme pour se convaincre qu’il valait mieux que ces gens qui avaient osé grimacer en le voyant.
Il gardait un œil sur sa Flower Baby qui, au loin, semblait bien entourée malgré qu’elle fût abandonnée par son cavalier – qui avait honnêtement un air si ahuri que Zeny était probablement plus intelligent que lui, c’est dire. L’hôte de la soirée l’avait rejointe, ainsi qu’une femme aux cheveux d’un roux flamboyant, et un autre type, blond, plus petit que messire Aubeclair de près d’une tête, et dont le visage était caché de Zeny – probablement parce qu’il faisait dos à celui-ci. Ils discutèrent quelque peu, suffisamment longtemps pour que l’artiste se lasse du Lauf’hi et que son désir de laisser éclater tout son talent ne lui saute à la gorge. Il intima d’un geste subtil aux autres musiciens d’arrêter la musique en se levant, et s’approcha de l’engin à cristal amplificateur de voix.
« Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, votre attention s’il vous plait… » commença-t-il, avant de porter les mains à son haut de costume et de l’arracher, révélant la supercherie de son habit en velcro à tous. Sa cape, qu’il avait cachée sous la chemise et la veste, s’envola derrière lui, et il donna aux yeux de toutes et tous le spectacle de son torse nu. Il ébouriffa ses cheveux d’une main, et sortit sa fameuse paire de lunettes de sa poche arrière de pantalon de l’autre. « C’est l’heure du SHOOOOOOOOOWWWWWW !! » beugla-t-il ensuite tel un fou furieux. Qu’importait s’il choquait, c’était comme ça qu’il était, comme ça qu’il performait, et il préférait ne jamais réussir plutôt que réussir en étant un musicien Lauf’hi.
Il se tourna vers les musiciens et leur indiqua quelle chanson jouer parmi celles de son répertoire qu’ils avaient répété. Se tournant à nouveau vers la foule abasourdie, Zeny pointa ensuite un index vers Sia, qui avait tenté de s’enfuir du trio qui lui tenait compagnie, et sourit.
« Celle-là, elle est pour toi, Sia, Flower Baby… »
Et les notes commencèrent. Un rythme énergique, dansant, le genre qu’on retrouve dans les compétitions de danse de salon, que ces gens devaient probablement bien connaitre. Les musiciens, en chœur, répétaient « Vois… Vois… Vois… » Puis, Zeny, enfin, se mit à chanter avec toute l’ardeur qui lui était propre, avec ses musiciens en chœur derrière lui :
« Vois sur ton chemiiiin,
Gamins oubliés, égarés ;
Donne-leur la main pour les mener
Vers d’autres lendemaaaaains !
YEAH !
Seeeeens au cœuuuuuur de la nuuuuuit
L’onde d’espoooooir ;
Ardeeeeur de la viiiiiieuh
Sentier de gloooooire !
OUUUUH YEAH !! »
Et il continua ainsi pendant plusieurs minutes, donnant tout ce qu’il avait pour cette balade endiablée dédiée aux orphelins, ignorant royalement les réactions du public, quelles qu’elles soient.
- Précision HRP:
- Zeny reprend "Vois sur ton chemin" du film les Choristes dans un style plus rythmé et jazzy, à la manière des chansons utilisées pour danser le quickstep. Je n'ai pas trouvé de cover / remix satisfaisant pour vous illustrer ça, déso :/
Déjà de retour ? Luz masqua un fragment de sourire amusé. Devait-elle s’attendre à retrouver un cadavre indésirable derrière un rideau s’il s’était aussi habilement départi du forgeron moribond ? Elle avait à tout le moins reculé d’un pas précautionneux afin d’élargir leur cercle de discussion, sa senestre libre s’aventurant naturellement dans le dos du blond tandis qu’il se rapprochait, infime caresse étouffée par ses vêtements. Il n’avait bien entendu nul besoin de témoignage de soutien, mais ses manies tactiles et son inconscient besoin de partager sa chaleur n’avaient jamais été particulièrement dociles… Surtout lorsqu’il se tenait à proximité d’elle. Et puis, le sourire embusqué se mua en grimace. « Gamins pouilleux » n’allait probablement pas plaire énormément à leurs hôtes. Si on lui posait la question, être un « gamin » était un vice bien plus considérable que d’être « pouilleux », Luz n’étant pas particulièrement férue des enfants. Elle se fichait en revanche des statuts sociaux comme du dernier Balthazar venu. La moue qui courba ses lèvres fut cependant fugace, aussitôt mouchée par un amusement croissant. De surcroit, Emerald autant que Sia paraissaient réagir avec un détachement confinant à la prouesse !
La blanche et le dandy partageaient en effet une promiscuité de connivence que peu de géniteurs réels possédaient ! La praticienne n’avait pas manqué de noter les sourires francs qui effilochaient les lèvres fines de Dame Zmeï chaque fois qu’Emerald se penchait pour lui confier des messes-basses, et tous deux se tenaient avec fierté l’un à côté de l’autre. C’était cela, dont avait besoin un enfant pour grandir. De la confiance, ainsi que d’épaules solides pour s’épanouir et s’ouvrir. Or, Emerald et Sia ne manquaient nullement d’épaules solides au regard du projet qu’ils étaient parvenus à construire par leurs seuls efforts ! Luz s’inclina promptement quand son interlocutrice prit congé, n’ayant aucun désir de garder qui que ce soit en otage. Après tout, la co-fondatrice de l’Arche avait l’entier droit de disparaitre à des fins plus humaines, tout comme une certaine sculptrice qui vivait ses propres péripéties depuis désormais quatre mois métaphorique. Sans doute Nessa gardait-elle encore la place désignée, un « je reviens tout de suite » pour dernier écho de sa blonde maitresse…
Le temps de changer son verre vide pour un contenant plus rempli, et une nouvelle venue venait de profiter du départ de Dame Zmeï pour s’immiscer dans le trio restant. Non, plutôt deux, se corrigea la rouge quand ses prunelles se reportèrent sur l’accompagnatrice. Sans éclat de génie particulier, il s’agissait de toute évidence d’une mère et sa fille. Elle partageait une semblable fossette et la courbure de boucles brunes joliment apprêtées pour la soirée. La plus jeune ne paraissait pas immensément ravie d’avoir été trainée jusqu’ici par sa génitrice, mais conservait pour l’heure les apparences sous la forme d’un sourire poli de circonstances. La cinquantenaire, en revanche, était fort agitée, méticuleusement maquillée et dotée d’une voix impossible à ignorer.
Elle se pencha vers eux, un sourire écailleux sur le visage, l’air de partager un royal secret :
Oh, comprit Luz dans un éclair distancé, juste avant que le plan orchestré par une mère prête à tout pour marier sa fille ne se répercute sur elle. Bien sûr, la propre mère d’Emerald ne devait pas rôder très loin. Le regard qu’elle lança tour à tour à la rouge puis à Warren fut aussi acéré qu’explicite.
Hé bien. Cinq coupes de champagne ne suffiraient finalement pas pour la soirée.
Son regard s’immobilisa alors sur le squale et ses yeux se plissèrent sous l’effet de mystérieux calculs intérieurs.
Luz dut se mordre la joue pour ne pas rire, incapable de ne pas apostropher cavalièrement la drôle de chouette qui prenait un tantinet trop ses aises à son goût :
D’autre part, ledit fils aurait vraisemblablement davantage intéressé Emerald que cette pauvre Nashira…
Qu’allait-elle encore louper, à rester cloîtrée ici et ainsi ?
Elle sortit du cabinet où elle se trouvait, pour se diriger vers l’un des lavabos qui y faisait face. C’est tandis qu’elle se lavait les mains, qu’elle entendit la porte s’ouvrir pour dévoiler une somptueuse créature à la chevelure blanche et qui avait la particularité d’avoir une fleur à la place d’un de ses yeux. Elle la salua d’un signe de tête, avant de reconnaître celle qui s’était tenue aux côtés d’Emerald, un peu plus tôt dans la soirée. Était-ce sa fameuse collaboratrice ? D’un naturel plutôt discret et n’ayant pas envie, après ce qu’elle venait de traverser, de spécialement embêter la jeune femme avec ses questions, elle se contenta d’une brève formule de politesse.
- Oh, vous devez être Lady Zmeï, je me trompe ? Je crois que ce projet ne serait pas ce qu’il est, sans vous. Toutes mes félicitations. Je suis heureuse de voir que l’avenir du Royaume a été pris au sérieux.
Elle inclina la tête dans un signe de courtoisie puis s’éclipsa des cabinets pour rejoindre l’endroit où tout se déroulait. Nessa ne tarda pas à venir l’alpaguer, avec un toast dans une main et deux verres de champagne dans l’autre. Comment faisait-elle, pour être aussi douée ? Dans un grand sourire, elle accepta la coupe et en but quelques gorgées en discutant ensemble de ce qu’elle avait loupé. Nessa savait aussi se faire discrète et ne l’embarassa pas de questions inutiles. Pas ici, pas maintenant, mais elle savait qu’une fois rentrées à L’Atelier, les choses seraient différentes.
Elle ne voyait plus ni Emerald, ni Luz et, merci Lucy, plus la tête blonde. Valait-il mieux tirer la corde et rester ici ou s’éclipser et ne pas commettre plus de tumulte qu’elle n’en avait déjà créé par sa simple présence ? Car, elle en était certaine, Warren - puisqu’en creusant elle avait enfin mis un nom sur cette figure - l’avait forcément remarqué. Il valait sans doute mieux ne pas tenter le diable plus que nécessaire. En même temps, elle était tiraillée par l’envie de montrer au monde qu’elle ne se laisserait pas dicter sa conduite par la crainte et le mercenaire.
Tant mieux, elle venait de reconnaître la figure rousse à quelques pas d’elle. Elle était accompagnée de quatre autres personnes - si elle savait toujours bien compter - dont Emerald et Warren. Elle ne (re)connaissait pas les deux autres mais elle arriva à temps pour entendre la réplique cinglante de son amie envers la quinquagénaire. N’y avait-il pas meilleur moment pour arriver ?
- Luz Weiss, je suis ravie de vous voir ici, s’exclama-t-elle en levant sa coupe et en la gratifiant d’un clin d’oeil, Et Sir Aubeclair. Votre discours était incroyable. Encore toutes mes félicitations. Votre projet est merveilleux. J’ai d’ailleurs eu la chance de croiser Lady Zmeï. Je ne crains d’ailleurs de ne pouvoir rester plus longtemps moi-même, mais je ne pouvais pas manquer cette inauguration.
Un peu de mensonge, un peu de vérité, de quoi essayer de marcher sur ce terrain glissant sans se ramasser et atterrir en bas tête la première. En tout cas, elle essayait sagement de ne pas croiser le regard du blond. Le regard de l’adolescente écervelée qui accompagnait cette mère prête à tout pour caser sa descendance lui paraissait même beaucoup plus attrayant.
L'un des collègues de Sarah.
L'un des collègues de Sarah.
Pas même la corpulence d'Emerald, ni même ajoutée à celle du colosse moustachu qui fit une brève apparition dans le groupe -sans même le saluer, merci bien- n'aurait pu l'empêcher d'être incisif, voire violent. Un moment, il aurait bien aimé être plus que collègue, avec elle, quitte à griller la priorité à Sandro hein, pas de soucis là dessus, c'est un mec cool, il comprendra. Non, ce qui fait qu'il sourit poliment sans prendre trop ombrage, c'est la divine créature au bout de son bras. Faudrait pas se faire honte, encore moins à elle, qui semble proche du moustachu -le premier, pas l'autre, bref.
S'ensuivit un blablabla de celle qui était la seconde ; la comparse ; la collaboratrice de Sieur Aubeclair, qui servit la tartine d'apitoiement habituelle, ''oui trop gentil de s'inquiéter pour moi'', ''ohlala cette aventure est incroyable vraiment'', ''j'ai grandis dans un cimetière c'est pas facile vous savez on vit dans une société'' allez allez le sentimentalisme ça dégage, ce soir en tout cas. Dans tous les cas, ça ne durera pas, puisqu'elle partait. L'occasion de faire un tir groupé.
'' Le plaisir était partagé, voyons. C'est un beau projet, monsieur Aubeclair, et si un jour, l'aide d'Althaïr peut vous être profitable ; ce serait avec plaisir. C'est donnant-donnant, vous nous débarrassez des tire-laines, essayez d'en faire des membres potables de la société, nettoyez les rues pour que mes employés travaillent mieux, il est donc normal que je sois prêt à vous allouer nos services. Vous me trouverez bien plus sérieux et efficace que Sarah Jefferson. ''
Bizarre, les derniers mots raclaient au palais, et avait été plus crachés, vomis que prononcés distinctement. Faut pas non plus que la rousse croit qu'il ait un jour eu des intérêts pour son équivalent du Grand Port -merde, peut-être le sait-elle déjà?-. La musique reprenait de plus belle, loin d'être à son goût, le changement reste bienvenue, c'est rafraîchissant, et ça fait un nom de plus à ajouter à la liste ''groupe ou personne que je n'inviterais même pas à chanter dans un bouiboui''. A peine la fleurie partie qu'elle fut remplacée par une sorte de vieille peau et sa gamine, pas trop mal au demeurant. Ne se sentant pas à sa place dans les échanges qui allaient suivre, il imita sa belle et reprit bien vite une autre coupe. Heureusement qu'il ne tiendra pas les rênes ce soir.
Il était si évident qu'elle essayait de caser sa fille avec le fondateur de l'Arche. Pathétique, il reste bien mieux qu'elle, mais à choisir entre un huit sur dix et une sept -non, six- sur dix, il prendra toujours la personne qui n'a pas un petit truc en plus sous la ceinture. Le passage du terroriste était intéressant ; il avait en effet déjà lu des articles sur ce Klarion Brando, un personnage qui semble des plus...Intriguant. Vu la présence du prince héritier à cette soirée, le fait qu'un tel énergumène ait pu s'infiltrer en dit long sur le niveau actuel de la garde royale, si seulement ils avaient au moins du potentiel pour combler, mais il semble bien que rien ne va dans ce corps. Tel un poisson trop facilement ferré, l'hameçon qui retint son attention l'agrippa au moment ou des noms tels que, oh, '' Weiss '' et le sien étaient prononcés. Ses sourcils se froncèrent, en quoi son poste était gênant ? Et en quoi Luz est prête à se faire alpaguer ? Il a du rater quelques wagons.
'' Oui, lui même. Ça pose un problème ? On a le nez dans vos affaires, c'est bien ça ? ''
Son seul rêve aurait été d'avoir eu le temps d'être plus cinglant, mais c'est ce moment que choisit la petite blonde pour débarquer de nouveau, avec tant d'aplomb, après une si longue absence ? Pour la première fois depuis longtemps, il en eut la chique coupée. Non pas qu'elle l'ait perturbé. Non pas qu'il ne savait pas quoi dire. C'était tout l'inverse. Le blond avait une myriades d'opportunités pour se lâcher cyniquement, faire preuve du minimum de tact qui lui est possible, qu'il ne savait même plus ou donner de la tête. Par Lucy, cette soirée était au final une bénédiction.
'' Eh bien, je n'ai pas le droit à des salutations en bonne et due forme, comme les autres, mademoiselle ? Je vous ai vue vous rendre aux sanitaires sans jamais en ressortir toutefois ; j'ai commencé à prendre peur, sur le point d’interpeller la garde si je les avais su efficaces ! Vu le temps passé là dedans, combien de temps avant de pouvoir s'y rendre sans se munir d'un scaphandre ? '' Le silence était assez éloquent de la gène qu'il avait dispersée avec succès. Son attention se reporta de nouveau sur le duo mère-fille. '' Oh, faites pas la maligne non plus, même deux fois plus de temps que cette demoiselle face à un miroir ne suffirait à cacher la malchance que la nature lui a accordée. Espérons que l'aînée soit au niveau de sieur Aubeclair, car si vous venez de jouer votre atout...Yikes. ''
'' Mais je ne vous permets certainement pas ! '' Les décibels étaient bien trop élevés, le bruit fortuitement couvert par les musiciens, seul le groupe et les gens très proches arrivaient à l'entendre. Elle sera sûrement ignorée par les gens qui ont l'habitude d'entendre les vaches meugler. '' Vous êtes exactement comme je vous pensais, comme mon mari vous pensait ! ''
'' Car je suis sensé le connaître ? ''
'' Moi, non, mon mari, lui vous connaissait ! Avant de finir dans le fond de la Luisante, croulant sous les dettes ! Althaïr, puis Lagoon, ou inversement, on sait comment ça marche ! ''
''Il va falloir être plus précise''. Voilà ce qu'il aurait adoré pouvoir répondre. Mais il n'est pas à une énième réunion avec ses employés, les Archontes ou d'autres collègues versant dans la criminalité. Enfin, sauf Inaros, mais il était présentement sous sa forme faible, pas celle capable de rire à ses ignominies. Essayons d'être plus prévenant ; mais pas trop.
'' Vous m'en voyez...Navré. Mais ce n'est pas une raison pour refourguer votre boudin au premier célibataire venu. Après, je conçois qu'on veuille l'argent facile, surtout quand on arrive pas à gérer un commerce. ''
Si le ton monte, il monte. Il n'est de ceux qui reculent, et il avait déjà fait preuve d'assez d'étiquette jusque là pour continuer à faire preuve de retenue. Désolé, Luz. Pardon, Emerald. Excuse le, femme-aux-cheveux-blanc-et-à-la-fleur. De rien, Ivara.