Perceval Constantin de l'Épée

Le récit de Perceval est celui de sa famille.

La notoriété, la cape et l'épée. L'histoire d'un simple guerrier, devenu chevalier. Cette légende, dont les prouesses n'avaient d'égales que sa dévotion.

Conrad de l'Épée, le paladin. Issu d'une lignée de loyaux soldats.

Plus qu'un homme, un héros. Une référence pour tous, une loyauté jamais égalée. Conrad était de ceux qui sublimaient la royaume. Pas une âme ne succomba aux monstres de la frontière sous sa garde, et criminels et bandits se cachaient de sa lame. 

Au gré de ses hauts faits, il apporta la tranquillité du territoire à la couronne. Il fut complimenté, récompensé. Il construisit sa fortune, la renommée de son patronyme, pour donner naissance à ce qui deviendrait l'épée protectrice d'Aryon. Avec le temps, la gloire éclipsa même ses origines, et le nom des De l'Épée entra dans l'histoire.

Conrad ne donna toutefois que deux fils.

Siméon. Une déception. Moins doué, moins charismatique. Il perpétra l'héritage du héros, sans pour autant apporter sa pierre à l'édifice. On ne lui prêta pas la même admiration que celle dont jouissait son père. Le second, Albert, ne s'était, quant à lui pas vu léguer cet vertu que son père revendiquait. Il jalousait son frère pour tous les privilèges que son statut d'héritier lui accordaient, si bien qu'il n'eut de cesse de se détourner de sa famille.  

Dans une ère de paix, la renommée des De l'Épée s'ancra simplement dans le quotidien du royaume. Les légendes devinrent des héros, et les héros devinrent de simples chevaliers. Si l'idée d'épée du royaume persistait, le vieillissement du champion de la famille eut vite raison des fantasmes du peuple. La vie continua, jusqu'au jour ou, à son tour, Siméon conçut un fils.

L'espoir de la famille, le prochain héros. Perceval Constantin.

Bien portant, charmant et talentueux. Comme une bénédiction, le fils apporta au père ce dont il avait rêvé : un espoir, et la promesse de réaliser le souhait du grand-père. Il entreprit de former l'héritier avec une rigueur draconienne. Il ne lui laissa aucun répit, et le modela à la manière des légendes d'autrefois, pour en faire un exemple à suivre. Il fit de Perceval l'homme qu'il avait toujours rêvé d'être pour son père : un parangon de vertu, un chevalier et un commandant, qui ancrerait à nouveau la famille dans le mythe d'Aryon.

Il sacrifia son amour pour ses autres enfants au profit du legs de son héritage. Ainsi, quand Conrad de l'Épée succomba, il le fit le sourire aux lèvres, avec la conviction que la famille était entre de bonnes mains. Le fils surpassa très vite le père, et au terme de sa carrière, Siméon légua officieusement les rênes de la famille à son aîné. Si Albert n'approuvait que très peu cette idée, il n'eut jamais l'occasion de s'y opposer, tant tous étaient unanimes à cette décision.

Et ainsi, Perceval l'inflexible, Perceval le tueur de monstres, devint le prochain champion des De l'Épée.

L'épée du royaume.