La route jusqu'au village se fait rapidement, pour l'occasion je chevauche Orisha, mon Rarwürk me sert rarement de monture mais cette fois, je fais exception à la règle. Ce n'est pas forcément la plus confortable des montures mais au moins, il est rapide, robuste et je sais que je peux compter sur lui en cas de mauvaises rencontres. Chose qui est indéniablement utile actuellement! Arrivé sur place, je descend de mon compagnon et nous prenons immédiatement la direction de la boutique. La porte s'ouvre et durant un instant, je me sens stupide. J'espère qu'au moins Nemue est présente? Je ne me suis même pas annoncé, je ne l'ai pas prévenu de ma visite, je n'ai donné aucune nouvelle depuis notre dernière rencontre et voici que j'arrive ainsi avec une demande de sauver ma main? N'est-ce pas quelque peu stupide de ma personne? Trop tard pour faire marche arrière cependant... Comme bien souvent, ce n'est pas Nemue que je vois en premier lieu mais la jeune fille qui travaille avec elle : Ihru qui, comme souvent, m'observe avec son air sceptique. La différence est cependant dans mon comportement! Si d'habitude je m'amuse de ses mimiques, de sa manière évidente de se méfier de moi et que je joue avec elle les séducteurs - comme avec bien des femmes avouons-le - la journée d'aujourd'hui, et ma visite, ne se prête pas à un tel comportement. Je m'avance en dissimulant ma main gauche meurtrie, tentant de ne pas dévoiler toute la gravité de la situation à la jeune femme et je m'arrête au niveau du comptoir.
"Bonjour Ihru, est-ce que Nemue est là je te prie?" Pas de paroles déplacée, d'intonation exagéré, même pas de petit surnom affectif. Juste une demande claire et simple.
L’heure du départ avait été lancée et bien que Nemue avait participé à l’effort de guerre en fournissant potions et remèdes à ceux qui en avaient besoin, elle ne s’était pas déplacée jusqu’au point de départ. Sa présence avait été requise dans son laboratoire et surtout parce qu’elle ne pouvait pas mettre de côté ses propres responsabilités. Elle devait donc rester sur Aryon et surtout à Manillam. Elle avait besoin de se changer les idées de toute façon puisqu’elle avait quelques connaissances là-haut et surtout parce qu’elle se souciait spécialement d'une personne en particulier. Son chandelier magique avait été déplacé malgré tout pour qu’elle puisse le garder à l’oeil et c’était peut-être même une mauvaise idée.
« Nemue…Neeeemue!.... NEMUE! s’écria alors le chandelier spectral.
- Han, quoi? sursauta la demoiselle en se tournant dans tous les sens.
- Et si tu arrêtais de regarder ton chandelier? Tu vois bien qu’il est toujours en vie…
- Oui…tu as raison, Zadicus. Je dois me concentrer.
- Parfait, maintenant regarde bien la recette pour la cinquième fois.»
Elle n’y pouvait rien, son regard faisait des allers-retours entre le cristal lié à Aslander ainsi que son travail et elle sentait son coeur palpiter chaque fois que la couleur changeait. Elle ne savait pas ce qui se passait au-dessus de leur tête ni ce que chaque couleur signifiait, mais au moins il était toujours en vie… C’était sa seule consolation.
Les heures avaient passé et Nemue avait réussi à trouver un semblant de concentration en tournant le dos au chandelier à neuf branches, mais cette fois-ci c’est Zuriel, la petite statue de cire qui avait attiré son attention.
« C’est normal que le cristal face ça? » demanda-t-elle innocemment.
Nemue s’était alors levé de son tabouret et s’était approché de ce dernier pour l’observer. La lueur de ce dernier faiblissait et avait de drôle de pulsation. L’apothicaire l’attrapa aussitôt entre ses mains et l’observa du creux de ses mains avant de le serrer fortement contre sa poitrine les mains liées. Le regard rivé sur le plancher, une prière silencieuse fut adressée à tous les dieux, s’il y en avait bien, qui se trouvaient au-dessus de leur tête. *S’il vous plait, faites en sorte qu’il revienne en vie… Je vous en prie.* Après cela, elle avait veillé sur le cristal jusqu’à ce que la couleur se stabilise.
***
Quelques jours étaient passés depuis ce moment et Nemue n’avait toujours pas eu de nouvelles de son ami aventurier. Elle savait que l’expédition devait être de courte durée, mais elle ignorait combien de temps cela allait durer. Tout ce qu’elle espérait, c’est que ce dernier lui fasse signe dès son retour, mais il avait certainement bien d’autres chats à fouetter. Elle n’était pas sa compagne et il ne lui devait rien, mais elle ne pouvait s’empêcher de se torturer elle-même. Elle détestait se sentir ainsi bien qu’elle n’y pouvait rien. Aslander, bien qu’elle tente de se prouver le contraire, avait depuis bien longtemps pris une grande place dans l’esprit de la demoiselle. Elle l’avait dans la peau, si elle pouvait se permettre l’expression, mais devait le cacher à tout jamais.
« Tout va bien aller, il est en vie et te contactera quand il le pourra. » tenta tout de même le consoler l'âme artificielle. Il n’était pas très ami avec le noble, mais il n’appréciait pas voir l’apothicaire dans cet état. La voir enfermée dans son laboratoire et n’en ressortir que très tard la nuit inquiétait ce dernier.
***
Lorsque la porte s’ouvrit, Irhu leva les yeux de son bouquin pour observer le nouveau client qui venait d’entrer. Si dans un premier temps elle lui offrit un regard sceptique, son attitude envers lui changea aussitôt. C’était Aslander et son attitude sérieuse ne lui disait rien qui vaille!
« C’est que maintenant que tu montres enfin ta tête…» lança-t-elle comme simple remarque lui faisant comprendre que sa présence ou un signe de vie de sa part avait été attendu. Elle sortit de derrière son comptoir et lui fit signe de la suivre. « Elle est bien ici, mais on ne la voit pas trop souvent… soupira-t-elle. Elle est restée enfermée dans son laboratoire depuis plusieurs jours. Alors soyez aimable avec elle. »
Lorsqu’ils s’arrêtèrent devant la grande porte fermée à clé, Irhu pris le temps d’observer ce dernier avec curiosité, mais aussi avec inquiétude. Il était bizarre… mais elle ne savait pas dire pourquoi. Elle toqua finalement à la porte pour avoir droit à une simple remarque de la laisser tranquille, mais Irhu ne se laissa pas abattre.
« Nemue, ouvre, Aslander est là! » lui fit savoir cette dernière en frappant de nouveau.
Des bruits métalliques et de verre se cassant se firent entendre à travers la porte et le déclic de cette dernière qui se déverrouille suivit peu de temps après. Lorsque la porte s’ouvrit, c’est sur une jeune femme quelque peu cerné et qui avait très peu de sommeil dans le corps qui les accueilli. Elle ne s’était pas spécialement souciée de son apparence, optant pour des vêtements plus confortables durant ces derniers jours, mais si elle avait su…
« Aslander! Si vous m’aviez avisé de votre arrivée, j’aurais fait en sorte d’être plus présentable.» dit-elle en secouant brièvement ses vêtements tout en replaçant une mèche de ses cheveux. Elle lui fit signe d’entrer malgré le fouilli et il put voir au sol, un flacon de verre qui s’était cassé ainsi que les ustensiles de travail de la demoiselle et une fois que l’homme fut entré, elle se retourna en direction d’Irhu et lui fit un simple signe signifiant de ne pas être dérangé avant de refermer la porte derrière elle. Elle s’y appuya un moment, observant l’état de la pièce et lui sourit quelque peu gêné. « Je suis heureuse que tu sois là…» mentionna-t-elle alors qu’elle avait envie de lui partager tant de choses, mais ça ne servait à rien de le bombarder.
"Désolé Ihru. Je sais que j'ai tardé."
Rien de plus, encore une fois pas de petits jeux, pas de séduction implicite, juste de sincères excuses envers la jeune femme qui, je m'en doute, s'est fait un sang d'encre pour sa "protectrice". Malheureusement, je ne peux rien faire d'autre que demander son pardon présentement. Lorsqu'elle frappe à la porte, la réponse de Nemue me fait doucement froncer les sourcils. Elle ne cherche même pas à savoir pourquoi l'on vient frapper à sa porte, elle ne tente pas de se renseigner si c'est une affaire importante ou non, exigeant simplement qu'on ne la dérange pas? Attitude qui change du tout au tout lorsque sa protégée lui indique que c'est moi qui suit présent : du bruit de verre se fait entendre, des objets qui semble tomber, un véritable capharnaüm qui me fait secouer la tête. Qu'est-ce qu'elle peut bien faire là-dedans?
La porte s'ouvre et la belle apparaît : des vêtements ample, sans doute plus confortable que ses tenues habituelles, des cernes sous les yeux signe d'un manque de sommeil évident mais malgré cela, je retrouve les traits de cette magnifique jeune femme. Dire que j'avais peur de l'inquiéter, c'est moi qui suis inquiet maintenant de la voir ainsi je ne peux le nier. Je secoue doucement la tête alors que j'entre dans son laboratoire et le fouillis que j'y trouve me fait doucement soupirer : verre brisé au sol, ustensiles variés, comment peut-elle sincèrement travailler dans ces conditions exactement? Alors que la porte se ferme derrière elle, je me tourne pour lui faire face. Appuyée contre la porte, jetant visiblement un regard à la pièce, je souris doucement à ses parole avant de soupirer doucement, je m'avance vers elle, venant profiter qu'elle soit adossée à la porte pour me planter devant elle, lui coupant tout passage possible. Ma main gauche reste dissimulée sous ma cape ample présentement alors que ma main droite elle, vient délicatement se déposer sous son menton, lui relevant doucement la tête pour que mon regard se plonge dans ses deux émeraudes.
"Un plaisir partagé Nemue. Cependant, malgré le fait que selon moi, vous êtes toujours magnifiquement présentable, je me dois de formuler une vive inquiétude. Depuis quand n'avez-vous pas dormi exactement? Cet endroit n'est pas digne du laboratoire de la meilleure apothicaire du royaume très chère, il va être temps de remettre un peu d'ordre!" Dis-je avec un sourire en coin sans la lâcher du regard.
Elle n’avait pas pris le temps de s’observer dans une glace avant de lui ouvrir la porte et de toute façon, elle s’était déjà présentée à lui dans un état bien pire à celui-là. Même si elle aurait préféré se trouver dans une autre tenue pour l’accueillir, Nemue avait senti cette douleur et cette peur viscérale qui la rongeaient depuis ces quelques jours se dissiper lorsqu’elle avait entendu Irhu lui annoncer cette bonne nouvelle. Elle n’avait pas hésité, la seconde fois, à lui ouvrir la porte causant même un peu d’émoi chez l’apothicaire qui en avait échappé son bécher ajoutant un peu plus de bazar dans tout ce fouilli. Elle qui normalement travaillait proprement et
dans l’ordre le plus complet, n’avait pas vraiment fait attention à son environnement. Ses pensées avaient été occupées par autre chose et c’est aussi pour cela qu’elle avait refusé de voir qui que ce soit. Elle ne s’en sentait pas apte.
Dans tous les cas, il était là présent de chair et d’os à ses côtés. Son cœur se mit légèrement à palpiter lorsqu’elle le vit se rapprocher et si normalement, elle aurait trouvé le moyen de se montrer sérieuse ou du moins maîtresse de ses sentiments, elle sentit soudainement ses nerfs flanchés. C’est un regard luisant et légèrement larmoyant qui plongea dans le regard inquiet que lui portait son ami. Elle attrapa cette main qui soutenait se menton avec délicatesse et elle chassa bien vite les larmes naissantes de sa seconde main avant de tenter un petit rictus.
« Ce n’est pas de moi dont l’on devrait s’inquiéter, Aslander. » commença-t-elle alors qu’elle serra doucement ses doigts entre les siens. La seconde alla vite rejoindre sa joue qu’elle caressa délicatement jusqu’à son menton, avant de s’en saisir pour lui tourner légèrement la tête. « J’ai cru qu’il vous était arrivé quelque chose là-haut…Votre pierre…» dit-elle avec hésitation « Elle a vacillé… je pensais que vous ne reviendrai pas, mais elle s’est stabilisé, même si elle est toujours d’une drôle de couleur. »
Elle fit un pas sur le côté pour s’éloigner de la porte et entraîna alors Aslander à sa suite tenant toujours sa main dans la sienne et poussa rapidement du pied les débris qui se trouvait au sol avant de lui proposer son banc. De nombreux flacons se trouvaient encore sur sa table ainsi que des plantes thérapeuthiques de la saison. Il était évident qu’elle s’était concentrée sur son travail pour garder son esprit occupé.
« Assieds-toi et ne fais pas attention à l’état de mon laboratoire. Je ferai le ménage plus tard, alors dis-moi tout. »
à la belle, après tout, je ne peux pas lui cacher l'une des raisons de ma venue. Pas la seule certes, revoir ma belle amie me tardait bien plus que toute autre chose, mais ma main reste un sujet qu'il va falloir aborder.
Docilement, je la suis. Prenant soin d'éviter les quelques "obstacles" qu'elle a involontairement laissé sur notre route : des débris, du verre brisé, plusieurs chose que nous allons absolument devoir ramasser et débarrasser. Je ne voudrai pas qu'elle se blesse en faisant du rangement. Je m'installe avec elle sur le banc qu'elle m'indique et voici qu'elle me demande de tout lui raconter? Ce serait si long que de faire cela et puis, ce n'est plus réellement ma préoccupation principale quant on y pense... "Avant toute chose, je m'excuse! Je suis navré d'avoir été une source d'inquiétude. Je sais qu'il est trop tard à présent pour vous apaiser mais, jamais ma vie n'a été menacé! Certes, mes compagnons et moi avons affronter des... Complications dirons-nous mais je m'en suis toujours sorti sans heurt." Dis-je en lui offrant un sourire que je veux rassurant. Après tout, cela n'est pas un mensonge, j'ai affronté les différents obstacles avec bravoure et je pense pouvoir affirmer que j'ai pu me défaire de tous les périls sans que jamais mon intégrité vitale ne soit mise en danger... "Il est cependant vrai qu'un adversaire a été plus redoutable que les autres..." Dis-je ensuite alors qu'approche le moment de parler de ma main... Quoi que... Cela peut encore attendre en réalité, je ne suis plus à quelques minutes près après tout! "Mais c'est sans importance Nemue! Ce qui est arrivé sur cette île est déjà passé! Je suis navré de vous avoir causé une quelconque frayeur mais c'est vous présentement qui êtes source de mon inquiétude! Quand avez-vous dormi pour la dernière fois? Et mangez-vous suffisamment? Je refuse de vous voir ainsi occupée au point de mettre votre santé en péril! Ce soir vous et moi irons diner ensemble!" Conclus-je sans réellement lui laisser le choix.
Observant ce dernier s’installer, Nemue faisait tout son possible pour ne pas s’imposer à lui. Si elle avait décidé d’écouter son cœur, elle serait restée accrochée à lui pour s’imprégner de sa présence et s’assurer qu’il allait bien, mais elle avait décidé de ne pas être envahissante restant à une distance respectable de celui-ci. Elle savait qu’il s’était lié à son cristal de chandelier magique un peu contre son gré et elle lui avait promis, en retour, de ne pas l’espionner de cette façon, mais cela avait été plus fort qu’elle. Leur amitié avait bien assez évolué pour qu’elle se permette de le surveiller alors qu’il partait dans cette expédition dangereuse. Elle savait qu’elle n’aurait pas dû se mettre dans tous ses états, surtout que la lumière du cristal ne s’était jamais éteinte, mais cela avait été plus fort qu’elle et voilà que maintenant elle était le sujet d’inquiétude de son compagnon.
Un léger soupir s’échappa d’entre ses lèvres alors que ce dernier cherchait bien évidemment à rassurer l’apothicaire. Elle en avait fait trop, elle le savait et le regrettait maintenant. Irhu n’avait pas sa langue dans sa poche et n’avait sûrement pas hésité à lui faire savoir son état. Passant une main contre son front alors que ce dernier la questionnait sur son état personnel, lui fit réaliser que dans l’état dans laquelle elle s’était mise n’allait pas aider personne. Refuser aussi de voir qui que ce soit avait sûrement inquiété les villageois de Manillam, car même lorsqu’elle avait les deux mains dans les plats, elle n’avait jamais refusé de les aider.
« Tu n’as pas à t’excuser. Tu ne me dois rien, Aslander et tu es libre de faire ce qui te plait. S’il y a bien quelqu’un qui doit s’excuser, c’est moi uniquement. Je savais les dangers que pouvait impliquer cette mission et pourtant… me voilà…dans tous mes états. » dit-elle en attrapant ses avant-bras nerveusement avant de reprendre. « Dans tous les cas je suis bien heureuse que tout aille pour le mieux maintenant... »
Évidemment, il se souciait de son état à elle, mais à quoi bon? Elle n’était pas malade ni blessée. Elle était simplement fatiguée voir épuisée puisqu’elle avait du mal à dormir. Elle abandonna l’un de ses bras, chassant vite fait d’un mouvement de la main les inquiétudes de ce dernier.
« Je vais bien et j’ai déjà été en bien moins bonne condition que celle-ci et il faut dire que vous m’avez prise par surprise. J’aurais soigné au minimum mon apparat. De toute façon, ce n’est pas comme si vous ne m’aviez jamais vue sous mes plus mauvais jours… » Dit-elle en faisant référence à la fois où elle s’était présentée à sa porte dans un état pitoyable, recouverte d’ecchymoses et de blessures.
Si ce dernier voulait aller manger, Nemue devait avant tout remettre un peu d’ordre dans tout ce bazar. Elle rejoint une armoire où s’y cachait un balai ainsi qu’un porte-poussière qu’elle attrapa avant de revenir vers les éclats de verre qui se trouvaient au sol.
« Laissez-moi simplement ramasser cela et ensuite nous pourrons monter… Pendant ce temps, avez-vous fait des découvertes intéressantes sur cette île flottante? »
Nemue entreprit de nettoyer vite fait le sol, puis elle replaça ses outils dans la pochette les accueillait puis entreposa les ingrédients dans leurs récipients respectifs. Cela ne lui avait pas pris bien longtemps, même si ce n’était pas parfait, mais elle avait refusé toute aide de l’aventurier. Il n’était pas venu pour faire le ménage à sa place.
Par la suite, elle l’invita finalement à la suivre jusqu’à l’étage où se trouvait l’appartement dans lequel elle avait pris l’habitude de vivre lorsqu’elle se trouvait à Manillam. Elle allait s’y préparer.
« Faites comme chez vous, Aslander… »
Azaq n’était pas présent. Il était resté, depuis quelques jours, à sa demeure principale. Avec son bracelet, elle pouvait se déplacer facilement d’un miroir à l’autre, mais elle ne pouvait amener que ses biens personnels avec elle.
Je ne lui dois rien. C'est ce qu'elle affirme en tout cas. Pourtant, est-ce vrai? Je connais son affection pour moi, on peut aisément affirmer qu'elle est semblable à celle que je lui porte. Certes le cristal ne s'est pas terni, certe sa leur ne s'est pas éteinte mais je savais parfaitement que ma blessure, ma crainte pour ma main, la douleur ressentie...
Tout cela en affaiblirait la brillance et je savais que même sans le dire, la belle apothicaire allait l'observer avec attention, s'inquiéter et que donc, j'ai une responsabilité dans son état. J'aurais pu venir plus vite, calmer ses crainte, rassurer son coeur et son esprit mais je ne l'ai guère fait...
Je ne réponds rien cependant, à quoi bon? Je sais qu'elle refusera catégoriquement toutes mes excuses même si selon moi elle les mérite amplement. Naturellement je propose de l'aider à plusieurs reprises alors qu'elle range son matériel mais toujours, elle refuse. Bien trop têtue vous dis-je!
"De nombreuses ruines, une cité entière semblant réagir d'elle-même à notre présence et des preuves que ses habitants ne priaient pas la déesse que nous connaissons mais une entité liée aux astres... Quelques plantes et plusieurs creatures que je n'ai jamais vu durant mes précédentes aventures..." Dis-je dans un résumé rapide.
Lorsqu'elle termine, ce qui ne prends pas réellement longtemps, elle m'invite à la suivre vers l'étage et sa demeure secondaire située au-dessus de la boutique. En chemin, mon regard croise celui de Irhu et je suis presque persuadé qu'elle me murmure un "merci" du bout des lèvres mais je ne pourrais l'affirmer. Quoi qu'il en soit, je suis Nemue jusque dans son appartement, j'ai l'impression de ne plus être venu depuis des années, pourtant cela ne fait pas si longtemps que cela si? Faire comme chez moi?
"Je pourrais vous prendre au mot très chère... Je me cherche justement une résidence secondaire pour mes déplacements et Manillam est au centre de bien des locations intéressantes." Dis-je en m'approchant de la belle avant de me placer à ses côtés, faisant mine de regarder le decors avant de poser le regard sur elle, un fin sourire sur le visage. "Ce que je vois pourrais même me convaincre de prendre une collocation..." Sourire en coin séducteur, après tout ma relation avec la demoiselle n'a jamais été très "sage" je fais un geste vers elle, relevant le bras, posant ma main sur sa joue mais c'est malheureusement une erreur. Ce simple geste suffit à faire bouillonner le sable dans ma main et mon bras et, alors que cela aurait pu s'achever par un baiser scellant nos retrouvailles, c'est une grimace de douleur et un grincement de dents qui vient conclure l'action alors que je rebaisse rapidement le bras. Je suppose que je ne pourrais taire mon état plus longtemps...
Nemue écoutait attentivement son ami lui parler de son aventure alors qu'elle ramassait les débris qui se trouvaient au sol. Bien qu'il aurait voulu l'aider, la sorcière refusa catégoriquement de le voir bouger de son banc tant qu'elle n'avait pas terminé. C'était de sa propre faute si son laboratoire s'était retrouvé dans un tel état et ce n'était surtout pas à Aslander de lever le petit doigt pour le nettoyer.
La demoiselle ne l'avait pas questionné simplement dans le but de le faire parler pendant qu'elle était occupée. Elle l'écoutait sérieusement et il faut dire que s'il y avait des plantes là-haut, il pourrait être très intéressant d'aller les étudier. Par contre, elle ne pourrait pas y aller seule et cela nécessiterait une escorte capable de la protéger. Seulement, si son ami avait été en mauvaise posture, c'est qu'il devait y avoir des choses dont elle ne pouvait pas combattre. Enfin, elle savait que si elle en parlait à ce dernier dans l'immédiat, il ne serait pas du tout pour. Dans tous les cas, elle avait hoché de la tête posant parfois des questions sur les plantes, mais il lui avait fait savoir qu'il ne faisait pas partie des groupes qui étudiaient la faune et la flore. C'était plutôt dommage, mais il faut dire qu'elle voyait mal ce dernier prendre le temps d'observer une fleur ou bien même une quelconque plante.
Par la suite, ils étaient tous les deux monter à l'étage et ce dernier n'avait pas tardé une seule seconde à profiter de l'invitation de la femme à la chevelure ébène pour jouer le charmeur qu'il était. Elle ignorait s'il faisait cela pour alléger le cœur de la demoiselle, mais un sourire était né sur le coin de ses lèvres faisant briller son regard vert d'une lueur amusée. Elle ignorait s'il s'agissait de la saison chaude qui arrivait à grand pas, mais cela lui faisait plaisir de retrouver ce petit côté en lui.
« Vous savez que je cherche à me rapprocher de Manillam. Nous pourrions très bien acheter une maison…» avait-elle répondu à ça plaisanterie, du moins elle supposait qu'il en s'agissait d'une et s'était légèrement rapproché vers ce dernier alors qu'il en faisait de même avec sa main. Elle savait qu'au fond d'elle-même, elle pensait réellement ce qu'elle disait.
Même si elle savait que leur relation devait être amicale, le cœur de la demoiselle s'affolait doucement dans sa poitrine et même si elle souhaitait garder son calme, ses pommettes avaient légèrement rosie avec le geste de celui-ci. Elle se sentait comme une petite fille devant le garçon qui l'intéressait et elle savait que ce dernier la mettait dans tous ses états. Heureusement pour elle, ces derniers avaient dépassé le stade où ils cachaient ce qu'il pensait. Il pouvait être plus authentique l'un envers l'autre sans se faire passer pour des gens qu'ils n'étaient pas. Inconsciemment, elle savait que ce moment allait se terminer par un baiser qui allait être rapidement suivi d'un second et c'était cette idée qui la rendait ainsi. Depuis qu'elle s'était avouée ce qu'elle ressentait pour ce dernier, Nemue n'avait que ce dernier en tête et même si elle tentait de l'oublier et de passer à autre chose, c'était bien plus dure qu'elle ne l'aurait cru.
Enfin, la suite fut l'effet d'une douche bien froide sur les épaules de la sorcière. Voir Aslander dans cet état de douleur la fit revenir à la réalité, la sortant ainsi de son petit nuage et l'inquiétude se lit aussitôt sur le visage de celle-ci.
« Aslander? Que vous arrive-t-il? commença-t-elle, alors qu'elle l'avait vu abaisser rapidement sa main. Vous êtes blessé? »
Elle posa une main contre son bras gauche et chercha doucement à atteindre sa main dont elle n'avait pas fait attention un peu plus tôt. Elle n'était pas plus calleuse qu'à l'habitude et si ce dernier venait pour des soins, il n'aurait certainement pas tourner autour du pot, non?
« Montrez-moi votre bras et s'il le faut, retirez votre haut. » dit-elle d'un ton ferme, mais assez inquiet. Ses sourcils froncés accentuaient son non-parlé afin de démontrer qu'elle n'accepterait pas de refus de sa part. S'il lui avait caché quoique ce soit, elle allait le découvrir d'elle-même.
Alors que j'aurais du toucher avec plaisir au délice de ses lèvres, la douleur se rappel à moi, me retirant ce moment de complicité intime que je devinais déjà des plus délicats.
Au lieu de cela, c'est la morsure violente de ce sable s'écoulant tel un torrent dans ma main qui me fait grimacer et mettre fin à un échange que j'anticipais pourtant avec envie et délectation... Maudit soit ce désert et ces conséquences pour mon être! La magie est brisée et alors que j'espérais de simples retrouvailles - aussi simples qu'elles puissent l'être du moins - entre ma belle amie et moi-même, voici que son inquiétude plus qu'évidente me ramène à la réalité : je ne peux fuir cette discussion plus longtemps...
Un soupire s'échappe de mes lèvres, impossible de cacher l'état de ma main plus longuement alors que la gente dame passe de jouvencelle séduite prête à s'abandonner dans mes bras à apothicaire voir même médecin qui observe avec détermination son patient du jour... Que j'enlève mon haut si nécessaire? Une invitation qui serait bien plus plaisante si elle n'était pas formuler pour m'osculter. Malheureusement, la magie du moment est déjà bel et bien brisée.
N'ayez crainte Nemue... Ce n'est rien de bien grave. Nul besoin de vous affoler." Dis-je dans un honteux mensonge cherchant à la rassurer. Je l'ai bien assez inquièté et je ne désire pas ajouter un nouveau fardeau sur ses épaules... Quelle pitié que d'être venu la voir dans cet état, j'aurais dû trouver un moyen de me guérir avant mais il me tardait bien trop de la revoir... Soupirant devant son regard inquiet mais déterminé, je defait les boutons de ma chemise pour la retirer. Au moins je n'ai nulle blessure sur mon torse, ma main garde quelques cicatrices et elle peut maintenant voir que certaines plaies ne semblent pas entièrement réfermées.
"Je suis désolé Nemue... J'aurais aimé que nos retrouvailles se passent autrement, que l'on puisse simplement se retrouver, discuter, pourquoi pas faire des plans pour la saison chaude qui approche? La plage est un endroit magnifique lorsqu'on s'y trouve en bonne compagnie." Dis-je avec un léger sourire... malheureusement, l'heure n'est pas à la planification mais à l'instant présent. "L'une des "rencontres" que j'ai faites sur cette ile m'a poussé dans mes derniers retranchements. Malheureusement, ma main en gardes quelques séquelles : douleur, plaies qui refusent de se refermer, sable qui semble se déplacer directement dans mon être... Je suis venu car vous êtes la seule en qui j'ai confiance mais, voyant votre état, je ne voulais pas vous inquiéter plus encore et... voilà où nous en sommes... Désolé ma chère amie, il semble que je sois destiné à vous rendre soucieuse pour ma personne..."
Si son cœur palpitait encore par les émotions qu'elle avait ressentit il y a peu, son devoir avait réussi à reprendre le contrôle de la demoiselle qui avait aussitôt repris de sa constance. Elle s'était fait sérieuse et peut-être un peu trop ferme, mais elle était bien contente de ne pas en venir à la joute verbale pour se faire obéir. Évidemment, ce dernier tente tout de même de la rassurer comme il a si bien l'habitude de faire, mais face au soupir et aux sourcils froncés de l'apothicaire ce dernier se résigna à obtempérer. « Aslander, n'essayez pas d'amoindrir votre mal. Vous avez réussi à passer outre le blocage mental d'un sort qui vous infligeait tourment et douleur à la moindre pensée d'une autre femme pour vous jeter dans mes bras, mais une simple caresse sur ma joue vous afflige une telle douleur que vous devez vous éloigner? Ne me prenez pas pour une idiote…»
Ses bras croisés contre sa poitrine jouaient nerveusement avec le tissu qui couvrait ses derniers. Ça ne devait pas être son premier mensonge. Pourquoi faire semblant? Leur relation avait bien évolué pour passer outre ce genre de détail, non? Elle savait que tout ne pouvait pas être parfait et qu'ils allaient devoir surmonter des moments difficiles… Sauf que plutôt que de s'ouvrir à elle, il préférait garder tout pour elle… *Je déteste quand il fait cela…* pensa-t-elle alors qu'il essayait d'excuser son mensonge.
« Et bien ce n'est pas le cas et je sais que vous cherchez à me sauver de toute émotion forte, mais vous auriez dû m'en parler dès que possible qu'importe mon état! Pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de venir vers moi? dit-elle en le sermonnant avant de pousser un soupir tout en secouant la tête. Laissez tomber et poursuivez. Guérissons cette main avant d'établir de quelconques projets de vacances à la plage. »
Elle l'avait laissé se débarrasser de son vêtement et bien qu'elle se serait plu à observer le corps sculpté de ce dernier dans d'autres circonstances, c'est un avec un œil chirurgicale qu'elle l'osculta. Elle fit le tour de sa personne s'assurant qu'il n'y aille pas d'autres blessures dont il se tenait de lui parler. Elle savait que le métier d'aventurier n'épargnait pas le corps de ces derniers, puisque sa peau n'avait pas été épargnée par les cicatrices de ses missions passées, mais son attention finit par se porter aux plaies qu'il arborait à la main.
Elle tenait délicatement cette dernière en main, l'observant du plus près que ces yeux lui permettaient de voir et jeta un bref regard en direction de son ami. « Vous dites qu'il y a du sable dans cette dernière et qu'il se déplace de par lui-même? » S'il l'avait dit c'est bien parce que c'était le cas, mais elle ne voyait simplement rien à l'œil nu. « Et que depuis tout ce temps, votre main n'a pas montré signe de guérison? » demanda-t-elle vite fait alors qu'il acquiesça à sa question. Elle laissa finalement sa main et s'éloigna quelque peu de sa personne afin d'y faire le cent pas alors qu'elle se perdait dans ses réflexions. * S'il s'agit d'une blessure magique causée par du sable de même nature, je ne saurai pas dire si je pourrais l'aider. Enfin, je pourrais essayer de refermer ses blessures avec mon calice, mais je ne compte pas non plus charcuter sa main à la recherche de tous les grains de sable qu'il pourrait y avoir. *
L'endroit d'où il revenait lui était complètement inconnu et elle ignorait comment réagirait sa main à ses soins. Mais bon s'il était là, c'est qu'il lui faisait confiance et peut-être que tout cela fonctionnerait comme prévu et que sa main serait comme neuve. Par contre, elle n'était pas sûre qu'Aslander apprécierait ce qu'elle s'apprêtait à faire.
Elle virevolta rapidement en sa direction, plongeant son regard verdoyant dans la prunelle de ses yeux et plaça ses mains contre ses hanches. Sa longue chevelure encadrait son visage épuisé, mais c'est d'un sérieux qu'elle repris.
« J'ai en ma possession un calice de pouvoir permettant de soigner les blessures de celui qui s'y abreuve, mais au vu de l'état de votre main, il ne s'agit pas d'une blessure superflu et je dois vous avouez que vous n'aimerez peut-être pas la suite, mais, dit-elle en mettant l'emphase sur ce dernier mot, vous devriez être guéri puisque la quantité dont j'userai soignera même les articulations de votre blessures tout en refermant les plaies. Par contre, si vous dites avoir du sable qui se promène, je ne peux pas garantir que le retour à la normale sera parfait. »
Elle tapota l'extrémité de ses doigts les uns sur les autres en lui offrant ainsi la solution qu'elle avait.
« Est-ce que vous voulez tenter votre chance? »
"Que cette main soit guérie ou non, cela ne m'empêchera pas de planifier de vous voir en maillot très chère!" Dis-je avec un sourire aguicheur. "J'ai sans doute surréagit précédemment mais que les choses soient claires Nemue : aucune douleur ne pourra m'éloigner de vous." Finis-je par dire en prenant place afin qu'elle puisse m'ausculter. Naturellement, inutile de lui cacher quoi que ce soit, je réponds donc à ses questions au fur et à mesure qu'elle les pose. Bien-sûr, moi-même ignore tout de ce que je subis, tout comme j'ignore comment cela est possible mais oui : je sens bien le sable se déplacer dans mon bras comme animé d'une volonté propre, je sens également qu'il y reste - pour l'instant du moins - cela ne semble pas s'étendre au reste de mon corps ou de mon organisme, uniquement mon bras qui dès lors souffre d'une douleur insoutenable lorsque je fais certains gestes. Professionnelle, la belle prend connaissance de toutes les informations que je peux lui donner avant de m'exprimer qu'il y a possiblement une solution.
Une solution qui n'est pas parfaite malheureusement : Elle pourrait refermer les plaies correctement au moins ce qui serait déjà une évolution. Le sable malheureusement restera problématique - du moins risque de le rester - mais si tel est le cas, peut-être pourrais-je me tourner vers une autre aide : Lin! L'enchanteresse et moi ne nous sommes plus vu depuis un moment cependant, j'ai confiance en ses capacités. Certes, cela va métaphoriquement me couter un bras mais si c'est nécessaire pour littéralement me sauver un bras, alors soit je suis prêt à payer le prix demandé. Pour l'heure, il est hors de question que cette douleur me prive de mes aventures, de ma vengeance, ou de moments pleins de sous-entendu avec la belle apothicaire! Je veux au moins m'assurer de la mort de mon ancien équipage avant de prendre ma retraite! Je plonge donc mon regard dans les émeraudes de la belle et hoche la tête.
"Une solution, même incertaine ou partielle, est mieux qu'aucune solution. Cependant, vous devez utilisez une quantité de quoi exactement? Avez-vous besoin que je vous trouve des ingrédients?"
Elle savait que ce dernier allait certainement se questionner sur ce qu'elle avait dit. Après tout, elle lui avait caché volontairement qu'elle devait utiliser son sang pour faire fonctionner son calice. Si elle lui disait, ce dernier refuserait et même s'il se montrait frivole et parlait qu'il aimerait la voir dans des tenues qui n'étaient pas du tout adaptées à la situation actuelle, Nemue s'était contentée de lui sourire.
« Non, vous n'aurez pas besoin de récupérer quoi que ce soit. Vous n'aurez d'ailleurs rien à faire de plus que de boire à la coupe…»
Puisqu'il avait donné son accord d'une certaine façon. Nemue pouvait donc entamer l'opération. Pour cela, elle avait besoin de quelques objets qu'elle devait récupérer dans sa boutique.
« Rester ici, je reviens rapidement! dit-elle alors qu'elle commençait déjà à s'éloigner vers la porte d'entrée. Faites comme chez vous! »
Elle n'attendit pas un seul instant de plus pour descendre à l'étage inférieur et bien qu'elle croisa sa jeune protégée qui tenta de la questionner, elle ne prit pas le temps de lui répondre, mais préféra lui demander quelques courses.
« J'ai besoin de bandages.
- Euh…ok, je ne veux pas savoir ce que vous allez faire avec ça.
- Et d'un désinfectant ainsi que scalpel, Irhu…»
Elle s'arrêta un instant pour la regarder.
« À quoi est-ce que tu pensais?
- Rien du tout…
- Je vais chercher quelque chose dans mon bureau, je veux que cela soit prêt.
- Tu as besoin d'aide?
- Non, merci ça va aller… Enfin, ramène-nous quelque chose à manger tu veux bien?
- Je ne suis pas… puis voyant le regard que lui jetait Nemue, elle roula des yeux… BON très bien.
- Merci, tu es un amour! »
Sortant ses clés de son tatouage de rangement, elle se rendit jusqu'à la porte de son bureau qu'elle ouvrit. D'un geste de la main elle alluma les cristaux de lumière qui était accroché sur les murs avant de se diriger vers son bureau qu'elle déverrouilla aussi d'une seconde clé. Elle en sortie une petit coffret qui contenait l'objet dont elle avait besoin. Une fois terminée, elle verrouilla tout derrière elle et sortie de son bureau pour rejoindre Irhu qui avait tout déposer dans un petit plateau pour la demoiselle. Cette dernière n'était déjà plus dans la boutique et l'avait fermé temporairement alors qu'elle s'occupait des commissions de Nemue.
Cette dernière remonta rapidement à l'étage, le trouvant dans la cuisine. Elle déposa tout sur la table de la salle à manger et observa le tout un moment s'assurant qu'il ne lui manquait rien.
« Ah oui, un verre d'eau! »
Elle s'approcha d'Aslander qui semblait se servir dans ses réserves d'alcool et elle glissa délicatement sa main dans son dos, avant de passer de l'autre côté pour se servir un verre d'eau qu'elle n'allait pas boire. Elle le leva devant ses yeux en le secouant délicatement. « Le dernier ingrédient. Maintenant, je te pris de ne pas t'énerver ou t'inquiéter pour la suite… Tout est normal. D'accord? »
Elle s'installa finalement en sortant la coupe de son boîtier. Elle se désinfecta les mains minutieusement puis attrapa le scalpel en le rapprochant de sa paume de main. « Si tu n'aimes pas le sang, c'est le moment de fermer les yeux. » Puis elle se fit une entaille à la main assez profonde pour laisser couler son sang et non sans grimacer. Ferma sa main ensanglantée au-dessus de la coupe, elle le laissa couler dans cette dernière afin de la remplir de moitié. Évidemment, se vider de son sang n'avait jamais rien d'agréable, mais cela était endurable. Quand la quantité fut suffisante, Nemue attrapa rapidement un bandage et entoura sa main dans ce dernier en le serrant suffisamment pour stopper le saignement.
« Il ne reste plus que deux petites étapes et tout sera bon. » dit-elle en continuant. Elle attrapa la coupe d'une main et l'activa en usant de sa magie et de sa propre énergie pour que l'objet absorbe son sang comme s'il s'agissait d'un don à ce dernier puis elle finit par mettre l'eau à l'intérieur pour finalement la lui tendre.
« Tu ne croyais quand même pas que j'allais te laisser boire mon sang…»
Un petit sourire moqueur s'était dessiné sur ses lèvres bien que son visage paraissait bien plus blême et épuisé. Après tout, elle venait de dépenser pas mal d'énergie et pour cela, elle prit place sur une chaise histoire de ne pas tomber par terre. « Irhu devrait nous ramener à manger...»
Je me dirige vers la cuisine en bougonnant quelque peu, rien qu'un verre ne puisse faire passer cependant, après tout Nemue semble consciente de pouvoir m'aider, après cela je pourrais reprendre mes projets et cette île maudite ne sera rien de plus qu'un mauvais souvenir. Après tout, je savais que la vie d'aventurier était dangereuse pour parfois peu de gain, c'est ainsi malheureusement : pour vivre libre il faut parfois prendre des risques. Arrivé dans la cuisine, je commence par me trouver un verre. Quel intérêt de trouver l'alcool si je n'ai rien pour l'y verser? Cela fait, je me mets en quête des breuvages de la demoiselle, la connaissant, ma belle amie ne doit pas être en reste dans ce domaine. Effectivement, je trouve finalement mon bonheur mais alors que je fouilles à la recherche de quoi m'offrir un peu de bonheur, j'entends les bas de ma mie qui s'approchent de moi. Sa main, caressant mon dos au passage, me fait légèrement frissonner alors que je me tourne vers elle en tenant une bouteille d'un rhum que j'ai finis par trouver. J'arque le regard en voyant l'objet qu'elle tient : une coupe? Aurait-elle donc deviné mes intentions? C'est peu probable vu ce qu'elle me dit alors : ne pas m'énerver ou m'inquiéter? Pourtant ce genre de mise en garde est souvent une raison suffisante pour s'inquiéter au contraire et, encore une fois, cela semble logique!
Voici que la demoiselle sort une lame et se blesse elle-même la paume de la main, serrant cette-dernière pour laisser son sang couler dans cette étrange coupe. Après quoi le récipient semble s'abreuver du liquide ainsi verser pour se vider et Nemue y ajoute de l'eau, me disant de boire? Je m'approche d'elle, lui retire la coupe que je dépose sur la main et pose ma main sur la sienne, appuyant sur ce bandage pour tenter d'arrêter son sang de couler. "Nemue! Trêve de plaisanterie! Vous vous êtes bien caché de me révéler l'ingrédient nécessaire! Jamais je n'aurais accepté en connaissance de cause!" Lui dis-je sous un ton de reproche. Sérieusement que pense-t-elle donc? Que je désire la voir se blesser pour moi? "Mon état ne mérite pas que vous vous blessiez vous-même!" Dis-je ensuite avant de soupirer... Le mal est fait maintenant et malheureusement, impossible de faire marche arrière. Il serait stupide de la laisser s'infliger cela pour rien malheureusement, autant boire cette "eau" même si l'idée de boire dans un récipient ayant contenu du sang n'a rien de bien appétissant...
Je bois donc, au moins pas de goût de sang dans la bouche, c'est déjà ça. Après un petit instant, je regarde ma main : les plaies jusqu'alors visibles semblent se refermer, cicatrisant comme je n'en rêvais plus forcément. Plus de blessure visible au moins, malheureusement... Je sens encore le sable tourbillonner dans ma main, plus de risque d'infection mais pas de guérison complète... Évitons cependant de dire cela à la belle, elle prendrait encore trop de risques en le sachant. "C'est prodigieux..." Dis-je en regardant ma main. "Je n'approuve toujours pas vos cachoteries mais, le résultat est surprenant."
Elle aurait pu le chasser d'un simple geste de la main nonchalant lorsqu'il s'était approché d'elle pour faire pression sur sa main blessée, mais elle n'en fit rien. Le voir ainsi s'inquiéter pour elle et son bien-être emplissait le cœur de la demoiselle d'une douce chaleur et elle ne put retenir un simple sourire. Qu'espérait-il au final? Que Nemue ne prenne jamais aucun risque pour l'aider? Elle n'allait pas le laisser prendre tous les risques de son côté si elle n'était pas capable d'en faire autant de son côté.
« Vous ne pensiez quand même pas que le coût à payer pour soigner une blessure comme la vôtre allait être gratuit? Vous m'avez vous-même mentionné que rien n'avait fonctionné jusqu'à maintenant. Alors aux grands maux les grands remèdes, n'est-ce pas? »
Elle avait bien fait de ne pas révéler ce qu'elle devait donner en échange pour que son calice fonctionne puis, elle trouvait cela très peu cher payé surtout si elle pouvait sauver quelqu'un d'une mort certaine.
Elle le laissa donc prendre en main sa coupe, alors qu'elle s'était assise pour se reposer un peu. Nemue ne s'étonna pas de la réaction de son ami, après tout, cela avait quelque chose de barbare de boire dans une coupe dont il fallait offrir de son sang pour avoir droit à ses particularités magiques. Mais elle s'en fichait complètement. À ses yeux, ce qui comptait vraiment, c'est qu'elle avait réussi à aider deux de ses amis qui avaient besoin d'elle. Enfin, elle n'allait tout de même pas créer victoire maintenant. Après tout, elle devait s'assurer que la magie de son calice ferait effet sur la blessure de son compagnon.
Elle fixa son regard sur ce dernier alors qu'il buvait jusqu'à la dernière goutte et se leva pour observer sa main. Allait-elle guérir ou allait-elle rester dans cet état de plaies ouvertes? Lorsque les blessures commencèrent à se refermer, un petit sourire excité se dessina sur ses lèvres alors que son regard verdoyant faisait l'aller retour entre sa main et son visage. Elle était heureuse que cela ait fonctionné, mais elle savait que ce n'était qu'une partie.
« Si je vous l'avais dit, vous ne m'auriez pas laissé faire et, quitte à me répéter; je suis prête à tout pour vous venir en aide, Aslander. Et vous êtes bien mal placé pour me parler de cachoteries, dit-elle en lui jetant un regard remplie de malice tout en le pointant de son doigt accusateur. »
À ce même moment, Irhu ouvrit la porte après avoir toqué avec un plateau dans les mains. Sur celui-ci trônait quelques sandwichs et crudités ainsi que des rafraîchissements faits à base de plantes qui l'aiderait à retrouver ses forces et qui était tout simplement très bon à la consommation et au goût. Se rapprochant de la table, elle tenta de rester le plus stoïque possible, mais l'état général de Nemue ne passa pas inaperçu et une forme d'inquiétude se lisait sur son visage.
« Tout va bien, Irhu et merci. Tu peux laisser cela ici et retourner à la boutique. Je t'expliquerai tout cela plus tard.
- D'accord…»
Elle plissa vite fait les yeux en regardant Alsander et malgré le silence qui avait suivi son arrivée, elle n'était pas idiote. Elle connaissait l'objet qui se trouvait sur la table et était consciente des contrecoups. Poussant un soupir avant de tourner les talons, elle leva la main dans les airs en guise d'au revoir.
« J'espère que tu vas mieux, Aslander. J'voudrais pas que Nemue s'inquiète davantage pour toi…»
Elle sortit de la pièce en refermant la porte derrière elle. L'apothicaire offrit un sourire désolé à son ami avant de l'inviter d'un geste de la main à prendre place à la table. Elle attrapa une pointe de sandwich pour la porter à sa bouche et avaler une première bouchée.
« Tu ne ressens plus aucune douleur, Aslander? Ressens-tu toujours le sable se déplacer? C'est ce qui me faisait le plus peur; ne pas être capable de retirer tout le sable avec mon calice parce que dans un tel cas, je ne serai pas en mesure de t'aider… S'il s'agit d'un sable magique qui nous est complètement inconnu, cela ne fait malheureusement pas partie de mes compétences… »
Mais alors que je pense à cela, à la suite des événements, voici que l'on frappe à la porte à deux ou trois reprises. Je tourne la tête pour voir entrer Irhu, la protégée de ma belle amie. La demoiselle n'est pas forcément ma plus grande admiratrice et vu son regard, je doute que cela ne s'arrange aujourd'hui. Une chose est sûre, elle reconnait parfaitement l'objet disposé devant moi, sans doute connaît-elle les effet de ce calice ainsi que son prix pour fonctionner. Nul doute alors qu'elle sait que j'ai demandé à Nemue - indirectement et en dehors de ma volonté - un grand sacrifice que les victuailles qu'elle apporte, si elle peuvent rassasier mon amie, ne pourront pas intégralement effacer. D'un côté j'aimerai m'excuser, j'ai causé bien du soucis à la belle dame et je comprends que sa protégée me le reproche mais, si je demandais pardon maintenant, cela n'aiderait pas! Nemue s'en voudrait sans doute encore plus que je me sente obliger de m'excuser et moi, pourrais sincèrement le demander alors que je ne me pardonne pas moi-même de la situation dans laquelle je mets sans cesse ma tendre amie? Irhu finie par s'en aller, disant ce qu'elle à a dire et je me contente d'un hochement de tête qui veut tant dire pourtant.
La belle jeune femme étant partie, je reporte mon attention sur sa mentor, bien-entendu, elle me questionne! Rien de plus normale, elle ne fait qu'accomplir son rôle de soignante, s'assurant que mon état soit stable, ma condition améliorée, bref que le traitement a parfaitement fonctionné. Je souris doucement, ce sourire en coin qui fait mon charme - volontairement d'ailleurs je suis un séducteur après tout - et je hoche la tête. Un mensonge certes mais nécessaire : Irhu ne veut plus voir Nemue inquiète, je ne veux plus voir la belle apothicaire inquiète! Parfois, il vaut mieux dissimuler la vérité que de la clamer haut et fort. Elle a déjà dis que si je sentais encore le sable, elle ne pourrait rien faire de plus pour moi, elle n'est pas équipé pour une telle chose alors, pourquoi la pousser à se faire du soucis en sachant qu'elle ne pourra rien y faire?
"Tout va bien Nemue! Présentement, je ne ressens aucun effet secondaire du traitement et, j'ose le dire, j'ai l'espoir que cela ne soit plus qu'un soucis du passé! Votre calice, même si je désapprouve grandement son fonctionnement, a fait des merveilles." Et sur ces mots, je me lève pour changer de place, venant m'installer à côté de la demoiselle, passant un bras autours de ses épaules pour l'attirer contre moi, déposant sa tête sur mon épaule et ma tête contre la sienne. "Merci... Encore une fois, vous me sauvez la vie!"
Elle lui avait posé des questions plus qu'importantes et elle s'attendait à des réponses honnêtes de sa part. Après tout, cela lui permettrait de connaître le niveau d'efficacité des soins que pouvaient apporter son calice. Elle voulait bien croire qu'il s'inquiétait toujours pour elle, mais seulement, elle ne se doutait aucunement qu'Aslander lui mentirait ouvertement.
Si l'aventurier se portait mieux, Nemue n'avait plus besoin de s'inquiéter pour lui. Il pourra reprendre sa vie comme il l'avait laissé avant de quitter pour cette île volante et ne plus se soucier d'éprouver la moindre douleur.
Prenant à nouveau une bouchée d'un sandwich, Nemue ne broncha pas lorsqu'il s'installa à ses côtés. Elle était complètement épuisée, mais savait qu'elle devait se remplir l'estomac avant de s'allonger. Elle fit bien attention pour ne pas écraser la nourriture qu'elle tenait en main sur les vêtements de ce dernier alors qu'il l'entourait de son bras pour lui offrir son épaule. À ce moment, un soupir soulagé s'échappa d'entre ses lèvres alors qu'elle se plaisait dans cette position.
« Vous auriez fait pareil pour moi, Aslander… Je vous sauverai autant de fois qu'il le faudra et qu'importe ce qui m'en coûtera. » lui dit-elle alors qu'elle engloutit le reste de son sandwich. « Vous voulez bien rester avec moi ce soir? » demanda-t-elle avant de pousser un bâillement.
Aslander n'allait pas refuser de passer du temps avec Nemue, surtout lorsqu'elle s'était autant inquiétée pour lui. Ainsi, ils profitèrent du repas tous les deux, avant de tout simplement se diriger vers le salon où tous les deux prirent place l'un contre l'autre. Nemue prit de nouveau appui sur celui-ci et s'endormit peu à peu au fil de leur discussion.
- Voeu de Lucy 2022:
Pour chacun des RPs que tu fais dans L’Apothicarium, tu tireras 1d6 et pourra rajouter une potion à ton inventaire (1 à 3 - contre les bobo / 4 et 5 - potion de soin / 6 - potion miracle)
Lancé de dés :: 4 (Potion de soin)
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