— Petite, tu devrais la laisser ici, vraiment.
— Je…
— Tu n’es pas petite, tu me l’as déjà dit. Cela ne sert à rien que tu l'embarquent avec toi là-bas.
— Mais…
— Laisse faire les professionnels pour l’habituer et continue de travailler avec elle à ton retour, ça ne sert à rien de forcer les choses.
Un soupir à fendre l’âme sort de ta bouche, mais tu hoches la tête face à un des palefreniers qui s’occupe des montures des gardes du Blizzard. C’est un vieil homme, ancien garde, beaucoup trop grand, mais qui semble toujours savoir se faire discret à côté des montures. Une force tranquille qui a depuis longtemps abandonné les situations dangereuses pour aider la garde en interne à sa façon. Une personne pleine de patience qui t’aide à apprivoiser vraiment ton sceral et à l’éduquer correctement pour en faire une fière monture pour toi. Une qui ne fuira pas quand viendra l’heure que tu la montes.
— Tiens. Ça sera mieux pour le déplacement actuel. Il est docile à souhait.
— Merci.
Tu prends les reines que te donne l’homme. Un fjord de neuf ans, la robe isabelle, le regard vif et surtout d’une taille bien modeste pour pouvoir monter à son dos sans le moindre souci. Quelque part c’était un peu blessant d’avoir de telle attention faite, mais tu en comprends l’attention et depuis un petit moment tu ne t'insurgés plus de cela. Remerciant encore une fois l'homme, tu sors avec ta monture prêté pour l’occasion et vas rejoindre le point de rendez-vous.
Freesia, ta lame, et Camélia, ta griffroid, te suivent à la trace. C’est les deux seules que tu as vraiment entraînées pour le moment pour te suivre. En même temps pour le moment tu ne vois pas trop l’utilité sur le terrain d’un shupon et d’un glooby, même de glace. Plus tard peut-être, mais pour le moment. La morsure du froid de Tea ton surinchi qui s'est accroché à ta hanche semble aller avec l’ensemble du tableau. Tu n’aurais pas cru mettre une âme artificielle dans ce genre d'armes, mais au final cela à son utilité mine de rien.
— Tu crois que cela va bien le faire ?
— C’est toi qui la connais, pas moi.
— Ce n’était pas vraiment pour cela que je demandais cela.
— Je me doute, mais je ne suis pas devin. Il fallait prendre un livre de dicton si tu voulais des réponses bateaux.
— Tu as raison.
Il y a presque le petit ricanement satisfait qui sortirait de l’arme si elle ne cherchait pas à être discrète. Une âme artificielle parfaite pour toi au final. L’heure du rendez-vous pour rejoindre Bridget arrive et tes pas te conduisent à bon port avec de l’avance. Tu as beau avoir déjà fait des assignations avec cette dernière, ce n'était pas pareil qu’aujourd’hui. Il n’y avait pas encore eu le désert volant ni le marché noir. Il n’y avait pas eu simplement toi qui grandis et souhaites changer. C’est en plus votre première fois comme sœur de régiment. Est-ce qu’on peut dire sœur de régiment au moins ? Tu voudrais bien en tout cas.
Cette fois elle est bien loin la préparation à la sauvette de dernières minutes. Tu as écrit un rapport avec ce qui s’était passé durant ton aide à la quête au village de Dunskerk. L’histoire de la pénurie de poisson, l’investigation autour du village et la découverte des restes de poissons et créature aquatique dans une grotte à proximité, la visite de l’île au phare après avoir vu de l’activité durant la nuit, le vieux étrange et son histoire de sirène, les braconniers, l’arrestation, les révélations d’un trafic plus grand sans avoir tous les éléments. Pour le coup, là votre prochain témoin clef à interroger pour avoir une piste plus précise était le vieux du phare qui habitait maintenant à Dunskerk même.
Il continuait à parler de sa sirène régulièrement et un homme du corps médical du village affirmait qu’il était sous l’effet d’un lien instable et étrange de familier. Peut-être avec la fameuse sirène. Quoi qu’il en soit il avait soit disant des visions de lieu inconnu parfois. Il en parlait sous l’effet de l’alcool ou après avoir eu une nuit agitée, mais il était parfaitement possible que cela soit un partage de sens avec la sirène. Si la belle en question avait été attrapée pour cette histoire de braconnage il était possible qu’elle puisse être une piste pour savoir ce qu’il se passait en interne et découvrir le fin mot de l’histoire.
C’est en tout cas le dossier et la demande que tu avais montés pour la présenter à Bridget. Elle qui arrive et que pour une fois salut correctement, sans familiarité face au reste du régiment qui continue a vogué sur leur occupation respective. Freesia fronce le museau et Camelia semble tenter de reproduire ton geste à sa façon. C’est un peu enfantin comme manière de faire et cela t’amuse, un rire sort de ta bouche sans effort et tu offres un grand sourire à ta supérieure.
— C’est un plaisir que de faire équipe avec vous pour cette première ici.
Même le vouvoiement est de sortie aujourd’hui. L’homme que vous devez interroger est exceptionnellement en visite chez un guérisseur dans la région pour toute cette histoire de vision et de lien de familier. Peut-être que le soignant pourra aider dans cette histoire aussi.
Chaque nouvelle saison, j’avais le droit à mon nouveau lot de nouveau. Les mobilités internes étaient très courantes à cette période de l’année et je fus étonnée il y a de ça quelques jours quand j’ai reconnu un nom bien familier au sein de mon bataillon.
Xylia Mavrocordato, une jeune belluaire qui avait un léger de discipline mais je mettais ça sur le dos de sa fougue jeunesse. Compétente, réfléchie, je l’avais déjà croisé dans plusieurs missions conjointes avec la Garde Forestière. Je pensais qu’elle voulait aller à la Royale ou quelque chose du genre. O grand jamais, elle m’avait parlé de finir à Forteresse. Elle connaissait parfaitement mon attachement pour mon régiment, le Blizzard et maintenant que je foule avec mes bottes les pierres du Grand-Nord, je me sens de nouveau moi. Alors pourquoi est-elle ici ? Je me souciais rarement des affectations de chacun. Je ne voulais pas savoir si ils finissaient au Blizzard, par choix ou punition. Chacun avait le droit à une vie et nous devons toujours repartir à zéro mais pour la jeune femme, j’étais curieuse. Peut-être un peu trop car quand je finis par lire son dossier, la vérité éclate.
Elle aussi, elle s’est fait attrapé au marché noir. Un coup de massue s'abattit sur moi, je me disais qu’elle voulait suivre mon exemple qui n’était clairement pas le bon, j’étais un mauvais mentor pour elle, je retournais dans ma tête toutes les possibilités. Et si, elle le savait aussi pour moi ? L’information n’a pas été notifiée dans mon dossier, c’était entre le Capitaine et moi, j’ai fait amende honorable. Alors tout simplement, un mauvais concours de circonstance puis je vois qu’elle a fait la mission du désert volant. Beaucoup de soldats sont revenus avec des traumatismes, c’était violent, dangereux. Depuis quelques années, des quêtes royales pointent leur bout de nez au grand jour, des soldats, aventuriers partent en quête de gloire et ils trouvent la mort pour percer des mystères qui n’étaient pas forcément nécessaires. Mais cette île… ce tas de terre nous menaçait et je comprends que certains ont voulu protéger notre royaume. Était-elle prête ? Je ne pense pas et suite à celà, les choses ont dérapé pour elle. Est-ce une punition de finir au Blizzard. J’en avais assez que la commission inflige cette sentence aux autres. Et nous, ceux qui aiment cette région ?
Elle avait besoin d’aide, pas l’envoyer dans un régiment qu’elle ne souhaitait pas s’investir. Sauf si finir dans le mien était un moyen pour elle de faire quelque chose. C’était marqué que nous avons fait de nombreuses missions ensemble et que mes rapports étaient plutôt positifs sur elle. Est-ce qu’ils ont lu pour une fois ces documents ? J’en doute mais je verrai bien mais quand j’ai lu les rapports de la jeune guérisseuse, je pouvais percevoir que quelque chose avait changé. Plus de maturité, c’était succinct, détaillé, j’avais toutes les informations nécessaires. Je ne reconnaissais pas la jeune femme qui faisait des calins, avait du mal avec la hiérachie ou n’hésitait pas à dire ce qu’elle pense. J’ai même cru que c’était quelqu’un d’autre qui avait fait le rapport mais non, c’était bien son nom…
Alors oui, en reliant toutes les preuves, j’avais des doutes pour notre rencontre. Qui je vais trouver en face de moi ? Cette mission tombait à point nommé, il fallait qu’on parle, en plus d’enquêter. Nous avons rendez-vous à la sortie de la Citadelle, sur la grande route qui mène à l’Ouest. Lucy, ma catosorus était présente. Jeune adulte, elle ne pouvait pas encore me porter mais elle s’occupait de tous nos bagages. Loki, mon kitsune était son protecteur puis Lancelot, mon laïum, volait dans les airs. C’était notre éclaireur, il connaissait tous les environs et je pouvais aisément prendre possession de ses sens pour voir ce qu’il se trame. Hamlet, un cheval de guerre puissant, était toujours là, lui. De nombreuses années qu’il était avec moi. Il savait quoi faire mais n’était pas un familier, donc aucune magie en lui mais ça avait le bénéfice de fonctionner à l’instinct tous les deux.
D’ailleurs, Lancelot m’indique qu’il voyait un congénère à lui qui s’approchait de nous. Alors, elle avait un Laïum, dire qu’à l’époque, on parlait de catosorus ou loutre géante pour qu’elle puisse déambuler dans la forêt. Je restais sur mon cheval et mes deux familiers attendaient, assis sur leur séant, devant nous. Ils jouaient parfaitement leur rôle de protecteurs quand ils le voulaient mais Lucy avait toujours le petit truc qui peut “ rire “ d’une situation. Loki, blasé au possible n’accorde peu d’attention aux autres mise à part aux ordres et les autres familiers.
La première chose qui me frappe, c’est son apparence. Certes, elle avait les couleurs des Grognours sur elle mais elle avait surtout un changement de carrure important, ce regard plus sévère, moins insouciant. En deux saisons, elle était devenue ainsi ? Beaucoup de choses s’expliquent. Le désert volant l’avait changé et ma seule explication c’est qu’elle a eu besoin de compenser pour pallier à une faiblesse. Je pouvais me tromper mais ce qui m’achève c’est sa manière de me saluer. Le vous, le salut officiel et aucune familiarité. Je crois que je reste bouche bée quelques instants mais la frasque du griffroid arrive à me sortir de cet état et Lucy s’amuse à faire de même.
Moi qui avait préparé un laïus sur les bonnes manières, ce n’était même plus la peine. Alors j’avais presque perdu l’usage de la parole mais je fis comme à mon habitude et je répondis comme le supérieur que je devrais être pour une nouvelle recrue qui rejoignait les rangs.
- Un plaisir également Garde Mavrocordato. Bienvenue chez les Grognours et sachez que chez nous, plutôt faillir que mourir alors j’espère que vous donnerez le meilleur de vous-même au Blizzard. On prône la fraternité, la vigilance mais aussi le courage, l’abnégation et surtout l’honneur. Car le Blizzard, nous sommes la barrière face au grand gouffre et ses dangers !
Il n’était pas nécessaire que j’en fasse plus avec le discours officiel, c’était bien assez. Changeons pour un sujet moins formel.
- Bien installée ? Les trois personnes de votre escouade sont des gens que je connais depuis quelques années. Ils ne seront jamais comme votre sergent mais j’espère que vous trouverez un peu de lui chez la Sergent Reyes.
Reyes faisait partie des Grognours depuis une dizaine d’années déjà, Xylia était en de bonnes mains. La sergent avait le même âge que moi mais elle était beaucoup plus avenante que moi, elle s’occupait beaucoup des nouvelles recrues et j’avais fait en sorte que cette l’ancienne Belluaire finisse dans son groupe.
- Malgré tout, je reste toujours disponible si vous le souhaitez mais la Sergent pourrait toujours être une première aide mais sachez que la porte de mes quartiers vous sera toujours ouverte.
Est-ce que je la maternais trop ? Certainement mais je crois que je ressentais le besoin mais laissons cet état d’âme de côté. Nous avions de la route.
- Nous avons une bonne journée de route pour retrouver notre témoin, dirons-nous. Un campement sera de mise, nous n'arriverons jamais avant le coucher du soleil et je préfère trouver un campement dans de bonnes conditions, nous ferons la suite de la route demain matin. Nous allons poursuivre les investigations de votre enquête avec Sir Callahan et une aventurière de la guilde si je ne me trompe pas.
Voir le noble anobli m’a fit sourire dans cette enquête. Pour avoir travaillé plusieurs fois avec lui, ce n’était qu’un nid un problème mais il était drôlement sympathique alors toutes ses maladresses étaient balayées par son affriolante moustache.
- Nous aurons toute la route pour vous expliquer l'apparition de ses familiers. Ils ont l’air bien dressé. D’ailleurs, j’ai aussi un Laïum, Lancelot, il se trouve dans les airs actuellement.
Je pointe du doigt l’intéressé et celui-ci fait des acrobaties pour faire son intéressant.
- Nous avons parcouru de nombreuses fois les environs, c’est mon éclaireur. Il a de l’espace et il est un parfait soutien dans ce froid. Ce sont mes yeux, il pourra peut-être des ficelles au vôtre. C’est un bon choix de familier surtout par ici.
Je ne sais pas si entre familiers, ça pouvait fonctionner mais ça serait un sujet à développer.
- Est-ce que vous pouvez faire me faire un topo rapide de l’enquête autre de ce qui est marqué dans vos documents. Vous pouvez déjà me donner quelques pistes.
Les rapports d’enquêtes étaient très factuelles. Nous ne devons pas émettre d’avis sans preuve. L’exercice était très dur à faire alors qu’entre nous, on pouvait se permettre cet exercice.
- Vous êtes celle qui en connaît le plus sur le sujet finalement. Je me remets donc à vous.
Je faisais là, le premier sourire sincère de cette matinée. Un coup de talon dans l’encolure de mon cheval et nous voilà parties.
– Merci beaucoup. Je tâcherais de faire honneur à ce régiment comme une famille qu’on chérit et qu’on veut rendre fière.
C’est tout con comme formulation, mais pour toi cela veut dire beaucoup. Certes, tu n’as pas choisi d’être ici et la contrainte du froid ainsi que l’éloignement de tes objectifs de carrière de base sont là, mais tu as choisi de le prendre autrement. C’est une chance qui s’offre à toi, une opportunité de grandir et d'apprendre encore plus. C’est un régiment où tu as tout encore à apprendre et puis, il faut l’avouer, il n’y a pas les amures ridicules de la royale donc ce n’est peut-être pas un mal du tout d’être là. C’est un peu plus formel que chez les Belluaires, certes, mais ça reste un endroit rempli de gens qui semblent vouloir faire de leur mieux et tu n’en demandes pas plus.
— Les membres de mon escouade ont été un peu rudes à mon arrivée, mais j’avoue que cela m’a fait du bien d’être directement dans le bain sans faux semblant. J’avais simplement l’impression de revenir d’une permission et qu’on me demandait de ne pas trop m’en vanter devant les autres d’une certaine manière.
Tu as tout de suite été mis dans le bain. Ils ont fait des efforts pour que tu sois à l’aise directement tout en gardant la hiérarchie bien établie. Ce fut vraiment réconfortant de n’avoir ce genre de personne en première approche. Certes, ça te manque un peu ta forêt, mais les montagnes deviendront tiennes à force si c’est avec ce genre de compagnie que tu évolues.
— Je vous remercie pour votre bienveillance, je me souviendrai de votre porte sans pour autant en abuser.
Parce que tu as cette impression d’avoir abusé de beaucoup trop de choses jusqu’à présent. De ta propre chance par exemple. De la bride qu’on t’a laissée lâche à cause de ton âge, de ta famille ou même juste du décès de ton frère. Toutes les libertés qu’on t’a autorisées et que tu pensais bien trop naïvement que c’était ton intelligence qui te permettait de passer outre. Comme si la garde était remplie de con né d' la dernière pluie. Toute une illusion qui c’est brisé, mais il le fallait pour grandir, pour comprendre les limites et arrêter de croire que ce que tu avais était dû qu'à ta seule force. Que tu as été longtemps été une gamine bien trop choyer pour son propre bien.
— Oui, c'est une investigation que j’ai effectivement commencé avec l’aide de la guilde. C’est pour cette raison que j’ai continué à récupérer des informations autant que possible pour boucler autant que possible cette affaire. Même si je suis consciente que les affaires et enquêtes de la garde sont avant tout un travail d’équipe, je… J’avais ma fierté qui m’a poussé à terminer ce que j’avais commencé et ne pas rester sur le goût amer d’une enquête incomplète.
Admettre que tu n’agis que par bonté d’âme. Admettre tes failles. Admettre simplement avoir une fierté mal placée qui a besoin de savoir par qui tu t’es fait avoir durant cette quête où tu as trop eu confiance en toi et qui a conduit à des erreurs graves. Même si tout s’est bien terminé il y a eu des manquements de jugeote de ta part et Feuille a su très bien le souligner quand tu lui as fait ton rapport plus tard.
— Pour le campement, avant de venir à la Forterresse j’ai pris des cours de survie en montagne avec un guide, pour être la efficace possible sur le terrain, ma laïum et griffroid ont été avec moi d’ailleurs.
Freesia et Camélia relèvent tous les deux le museau à cette mention, visiblement très fière d’avoir correctement réussi ce moment-là pour elles. Cela te fait sourire et tu te demandes si Erable sera aussi fière quand tu seras plus à l’aise avec elle et que tu commenceras vraiment à la monter.
— À la base, vraiment à la toute base, je ne pensais pas commencer une ménagerie.
Tu sens le tremblement léger et un peu sarcastique d’un bout de rire de Tea contre ta hanche. Oui, même elle peut-être dans ta ménagerie qui se crée peut à peux mine de rien.
— Je voulais simplement un ou deux familiers combattants et une monture, rien de plus. Quand j’ai eu Freesia suite à un concours pendant la saison froide, avec un œuf de glooby des glaces, je pensais déjà être au bout de ce qu’il me fallait. Pour tout dire, j’ai même entraîné doucement Clématite à faire des débuts de point de pression et d’appliquer ses pattes sur les patients pour commencer à calmer des bleues avec ses capacités… Puis, pour un concours pour une fête des amoureux dans un petit village j’ai eu un œuf de Shupon… Et tout est parti en vrille.
Il n’y avait pas vraiment d’autre terme. À la base ce concours tu le faisais pour un autre prix, récupéré une des potions d’amour mises en avant pour vérifier si c’était des potions de contrebande ou non. Spoiler sur cela, ce n’était pas cela, simplement un attrape crétin. Un très bon sirop de fraise sans aucune propriété magique.
— À la base, j’avais pensé à revendre l’œuf, mais j’ai eu la sensation d’être… hum… lié à cet œuf. Donc je l’ai nommée Virola, une plante encore, c’est comme si ça venait naturellement sur ma langue… est-ce que cela vous a aussi fait cela pour vous ? Pour le coup, elle est encore en formation, elle sera là pour du repérage. Suite à cela il y a eu Camélia, ma griffroid. J’avais été sélectionné pour une opération au marché noir, je devais jouer une fausse cliente, tout c’est bien passé jusqu’à rencontre cette petite peste.
La griffroid roucoule joyeusement en entendant qu’on parle d’elle, cela te tire un rire et continue sans crainte.
— Je l’ai senti dans le fond de moi-même, elle et moi on avait un truc. Ça ne devait pas se passer ainsi, j’aurais dû suivre le règlement et lutter contre la création du lien de familier sur le moment et demander après coup s’il était possible de voir cela plus tard. Ne pas prendre pour acquis que je pouvais créer cela sans aucune conséquence. Ce ne fut pas le cas, mais comme le lien était fort et aurait été préjudiciable pour Camélia si détruit et que j’ai su reconnaître mon erreur, j’ai eu le droit à une chance de me racheter qui m’a fait venir ici au final. Ce qui est une bonne chose.
Ce qui est vrai. Tu le penses vraiment.
— J’ai encore trois autres familiers que j’ai récupérés. Un sceral offert par ma famille, trop jeune pour être une monture, mais elle est en formation, Erable sera aussi robuste que l’arbre dont elle porte le nom. J’ai acheté ensuite, comme j’étais visiblement partie pour une ménagerie, un œuf d’Agaela pour m’aider dans mes futurs soins sur le terrain, puis j’ai obtenu un œuf de glooby en même temps que j’ai fait enchanter une arme. L’enchanteur disait que les deux étaient liés, mais je ne suis pas penché sur cela et les deux derniers œufs attendent un peu le tour que j’ai avancé la formation du reste de la troupe… J’ai certainement eu les yeux plus gros que le ventre, mais… hum… Je ne sais pas, dans le plus profond de moi je sens que c’est simplement que je trace ma façon de faire à ma manière de manière différente de ce que j’ai pu croiser. Ce n’est pas forcément le mieux à faire, ni le pire, simplement ma façon de faire et c’est un équilibre que je me crée peut à peux. Par exemple, Camélia et Freesia je les entraîne à être habitué au terrain, à ne pas foncer dans le tas sans un ordre, savoir récupérer les informations importantes et mes les transmettre sans faire de caprice. Je n’ai mis qu’une seule magie de familier en place pour le moment, celle de partage de sens avec ma laïum, on est encore à apprendre à ne pas l’utiliser à tort et à travers avant de passer à cette même magie à un second familier.
Tu expliques tout cela avec une certaine méthodologie, cherchant quelque part en lui donnant ta marche à suivre sa vision de comment elle aurait agi et son avis sur la question. Après tout, il y a du temps pour discuter tranquillement à cœur ouvert avant d’arriver au témoin en question alors autant prendre le temps de voir ce genre de sujet. Tu lui laisses enfin la parole pour le coup, prenant une gorgée d’eau suite à ce monologue.
Elle avait définitivement changé. Voici ce que j’ai pensé dès ses premières paroles. Posée, mature, réfléchie. Elle était bien loin la jeune femme qui sautait sur n’importe quelle occasion de faire ce qu’elle souhaitait. Malgré qu’elle m’avoue à demi-mots que cette affaire est son bébé, ce n’était plus exactement la femme que j’ai connu. Est-ce mieux ? Je n’étais pas capable de le juger pour l’instant car au fond, nous n’avons fait que quelques missions conjointes mais jamais nous n’étions dans le même régiment. Nos relations vont-elles changer ? Voit-elle que je suis définitivement sa supérieure ? Celle où elle répond directement, pas ses officiers qui aboient des ordres et qu’au final, tu t’en fiches car il ne prendra pas forcément la peine de se souvenir de toi.
Là était ma plus grande crainte. Le respect de cette hiérarchie en toute circonstance et ne jamais franchir une certaine limite. Est-ce tous les jours que je pars de ma relation avec mes familiers, avec mes hommes, mes soldats ? Je ne me rappelle pas avoir eu ce genre de discussion aussi intime, personnelle dirons-nous. Avec les gens de mon rang ou des camarades, oui certes mais avec Xylia, je glisse souvent, trop peut-être mais nous n’étions que toutes les deux et me voit-elle comme une figure maternelle ? Rassurante ?
On m’a donné de nombreux petits noms et il était dur pour moi de me montrer si ouverte. Je ne faisais jamais aucun excès. Prenant peu d'alcool pour toujours le contrôle de moi-même. Ne supporte pas cet humour salace qu’on de nombreux hommes. On me dit coincée alors que je cherche simplement l’amour sincère. Lucy a de toute façon un autre chemin pour moi et je l’accepte.
- Des cours de survie ?
J’étais amusée de la voir aussi sérieuse sur cette nouvelle affectation. Certes, le Grand Nord était bien terrible avec les nouveaux. Le froid, le terrain hostile, peu d'abris. Ce n’était pas la forêt, non loin de là, nous avons ce vent.. Ce froid persistant !
- Alors nous testerons si les cours de votre guide ont été efficaces.
Notre destination était en bas de la vallée, rien de bien méchant. Nous n’allons pas affronter le pire des chemins. Une très bonne mission pour remise en jambe. Tout comme pour discuter.
Lucy était devant et tourne la tête quand la brune raconte sa rencontre avec l'œuf. C’était un peu pareil pour nous deux.
- Lucy est aussi le fruit de contrebande. Nous avons récupéré son oeuf suite à une mission contre des malfrats qui volaient des familiers ou oeufs à d’honnêtes gens. Nous étions en pleine forêt, non loin de la forêt avec la Capitaine Dorago. Je me rappelle encore de sa tête quand je ne sais pas, je parle de Lucy notre déeesse proche de l’oeuf quand je le donne à la soigneuse du refuge. L’oeuf a éclot sous mes yeux au plus grand déplaisir du Capitaine. Elle était une pièce à conviction importante dans notre enquête. Cacher cette bourde à la commission a été très dur mais je suis plus qu’heureuse de l’avoir dans ma vie. C’est un peu mon rayon de soleil. Puis j’ai eu Loki, je voulais un protecteur pour elle et non pour moi. Je sais me défendre. Lancelot est arrivé quand je suis retournée à Forteresse. Il n’y a pas meilleur comme sentinelle dans ses montagnes. On peut presque dire que c’est avec l’uniforme d’avoir un laïum. Dressez le bien et il pourra vous aider de mille et une façons.
Je le pensais sincèrement. Tous étaient nos alliés, nos camarades.
- Puis vous avez choisi vos familiers avec intelligence. Ils sont complémentaires à votre don. Maintenant, il ne vous reste plus qu’à les protéger quoi qu’il en coûte. Ils font partis de nos hommes également, traitons les dignement.
Certains pensant que ce sont de la chair à Fenrir mais je n’étais pas de cet avis. Ce sont des êtres vivants comme nous que Lucy a béni. Ils respirent le même air que nous, nous leur devons le même respect.
- Sachez que nous avons des palefreniers et autres personnels pour vous aider dans votre dressage. Vous avez raison qu’avec toute votre ménagerie, partir en mission est difficile tout en pensant à leur ration. Faites les évoluer chacun leur tour puis ensemble. Trouvez les combos idéaux et ça sera un très fort atout !
Loki et Lucy étaient toujours en binôme. Il était rare de partir l’un sans l’autre. Lancelot, ça dépend essentiellement de l’environnement.
- Passez au Génie, ils ont quelquefois des inventions intéressantes pour les familiers. Armure rétractable et autres, tout comme les enchanteurs des environs. Nous avons de très bons forgerons alors une bonne armure enchantée, et le tour est joué.
Je pourrai me transformer en guide touristique à cette allure mais au fil du temps, je connaissais beaucoup d’artisans dans les environs.
- Mais bon, nous devons interroger cet homme et si nous continuons à cette allure, nous arriverons à la saison prochaine !
J’accélère la cadence et lance même un galop avec ma monture. Hamlet soufflait des naseaux mais il était heureux de courir dans ce petit chemin boisé. La visibilité n’était pas importante mais bien assez pour esquiver la moindre branche ou tronc au sol. Son plaisir augmentait quand la route devenait plus exiguë. Je pouvais sentir son pouls s'accélérer ainsi mais je finis par me coucher un peu plus au-dessus de son cou. L'adrénaline, la vitesse, un pêché mignon. Je ne sais pas combien dure cet excès de vitesse mais nous finissons par ralentir quand la courbe du soleil décline.
La suite de la journée continue par des discussions, le fonctionnement du Grognours, les différents avants-poste. Un cours magistral sur la vie de notre régiment. Je finis par pointer une sorte de cabane aux armoires du Blizzard.
- Venez, un abri. Ça sera parfait pour cette nuit.
Au fil des années. Ce genre d’abris poussent dans nos forêts et en montagne. Très sommaire, le plus souvent en pierre pour converser sa robustesse, nous pouvons aisément dormir à trois soldats. L’appenti était assez grand pour accueillir quatre chevaux mais ils étaient seulement à l’abri de la pluie, il était juste couvert et non clos.
- Nous avons plusieurs abris de ce genre sur les grandes routes pour rejoindre les différents villages de nos territoires. Certains sont entretenus par les villageois eux-mêmes, bien heureux de notre présence. D’autres sont pillés, saccagés mais la plupart tiennent encore debout.
Je pose pieds à terre et attrape les rennes de Hamlet pour aller vers l’abri en pierre.
- Celui-ci n’a que l’option protection. Il est rare que nous ayons des vivres dedans mais les paillasses nous assurent de dormir au sec.
Ils nous restaient donc à trouver du petit bois pour faire un bon feu et réchauffer la structure.
- Je crois que c’est le moment de connaître vos suggestions de survie non ?
Je la taquinais pour le coup mais je voulais savoir comment elle se comporte dans ce genre de situation.
— Oui, des cours de survie. J’ai failli mourir en mer dans un naufrage en ne sachant pas quoi faire, de même dans le désert volant que j’ai bravé sans prendre aucune connaissance sur le terrain pour me préparer. J’ai voulu cette fois m’y prendre correctement et ne pas être celle qu’on vient sauver. Si on doit sauver des gens, il faut d’abord savoir ne pas se mettre dans des situations où nous-même aurions besoin d’aide.
Il t’a fallu un temps pour vraiment voir que tu n’es pas invincible. Que ce n’est pas grave et qu’il faut plus voir cela comme une manière de pouvoir encore évoluer encore. Qu’il ne fallait pas que tu te laisses porter par tes facilités de base que tu avais pu avoir. Dans tous les cas, tester tes nouvelles capacités était quelque chose qui te bottait bien, même si tu doutais un peu que cela soit utile pour un interrogatoire comme celui-là précisément.
— Cela veut donc dire que l’on se prévoit une mission de sauvetage ensemble pour que vous puissiez voir ? Je vais finir par être vu comme votre élève à force, votre futur second d’escouade.
C’est dit clairement avec humour. Tu aimerais bien, certes, mais il y a un chemin à parcourir et d'autres candidats qui ont fait leurs preuves aussi. Ce n’est pas comme chez les espions où le nombre réduit permet de plus facilement pouvoir croire en une relation aussi forte en interne, et encore, même là c’est compliqué et tu le sais plus que bien. En tout cas ça te touche beaucoup d’entendre sa propre expérience quant à l’adoption de ses familiers, de comment elle aussi a été plus ou moins avec une pièce à conviction entre les mains. Comme si elle vous mettait à un pied d’égalité sur les expériences.
— Je vais faire de mon mieux avec eux, c’est le moins que je puisse leur offrir.
Ils sont devenus des piliers importants de ta vie mine de rien. Tu sens Tea onduler un peu au niveau de tes hanches et cela te fait sourire la façon dont ton âme artificielle montre son soutien à tes mots à sa façon. Tu protégeras cela coute que coute, encore plus après les paroles de Bridget, cette femme sais de comment te motivé facilement mine de rien.
— Je pensais de toute façon passer assez régulièrement au Génie, que cela soit pour mon équipement offensif ou pour compléter ma formation médicale. J’avais arrêté quand je suis devenue guérisseuse en plus de ma formation de garde, j’aimerais avoir les compétences pour être vraiment médecin militaire et avoir une impacte dans ce sens-là dans une escouade. Pendant un moment je voyais le soin comme simplement comme mon pouvoir, un plus un peu utile parfois et me repose beaucoup sur ce dernier. Pourtant, sur le terrain il me faut plus que de la magie et il y a des connaissances que je dois apprendre, le Génie a les capacités de m’aider à évoluer et même trouver peut-être des choses pour être utile a sur une plus grande échelle au niveau de la garde. Les travaux qu’ils font dans tous les domaines sont simplement impressionnants mine de rien.
C’est une fierté de faire partie de ce régiment avec cette division qui se fait entendre dans la façon dont tu t’exprimes. En partant des Belluaires, tu pensais qu’il te faudrait beaucoup de temps pour voir le positif à être muté dans le Nord, mais au final, certainement avec un joyeux concours de circonstances, être ici semble être une simple suite logique, même s’il reste des zones d’ombre dans ton esprit là-dessus. Dans tous les cas tu suis le mouvement pour aller plus rapidement quand elle le demande, même si tu apprécies sa compagnie effectivement tu préférerais arrivé avant la prochaine saison, plus rapidement cette histoire sera résolue, mieux tout le monde se portera.
Ce qui est certain c’est que tu ne pensais pas aussi rapidement mettre en pratique ce que Frey t’a appris mine de rien. Freesia et Camelia semblent prêtes à avoir leur instruction pour la suite de la marche à suivre, c’est amusant de les voir ainsi à attendre de savoir qui va faire quoi. Ce sont de bonnes filles.
— Freesia du bois sec, Camelia du gibier, vous me faites ça s’il vous plaît ?
Les deux pépites avant de partir chercher ce que je viens de leur demander.
— J’ai surtout appris à gérer intelligemment mes ressources ou vider un animal correctement pour le manger. Quand j’ai expliqué cela à ma mère, j’ai le droit à un laïus sur le fait qu’elle me renierait complètement si je décidais de devenir aventurière.
Elle a suffisamment de mal avec le fait que tu sois garde. Puis, même si c’était un peu stupide, je sors de mon sac sans fond des bols et les remplis d’eau avec ma gourde fontaine et en donne un a Bridget.
— Tout comme il est important de boire le plus régulièrement possible. Il n’y a rien de vraiment impressionnant dans ce que j’ai appris, mais ça reste quelque chose dont je suis fière. Peut-être des choses que vous savez déjà, mais je rattrape mon retard comme je le peux. Ah ! Au fait, est-ce qu’il y a une odeur qui vous plaît particulièrement et qui ne dérange pas vos familiers ?
Tu as envie de montrer tes capacités magiques d’une autre façon qu’en étant insolente. Peut-être que c’est une bonne voix à suivre mine de rien.
— J’aimerais vous montrer une capacité que j’ai fait évoluer pour aider dans des cas de traumatisme psychique important pour avoir des informations sans brusquer ou blessé un témoin.
Exactement comme l’homme que vous devez interroger plus tard.
- Si c’est la voie que vous choisissez, allez rencontrer l’officier Haydan Kirigan. Il pourrait vous aider, il est médecin militaire et il est au Grognours. Je pense qu’il sera ravi de vous conseiller au moins.
Avoir des bons soldats avec des connaissances voir des capacités médicales n’avait pas de pris. Si Xylia pouvait aller dans cette voie, ça serait un plus considérable pour ses futures missions.
- La Garde cherche toujours des soigneurs surtout pour certaines missions. Je ne doute pas que si vous continuez ainsi, vous allez vraiment devenir un bon futur second d’escouade. Je ne me fais pas de doute là-dessus.
Je ponctue ma phrase d’un petit clin d'œil alors qu’elle donne les ordres à ses familiers pour s’occuper du camp. J’envoie Loki et Lucy pour aider si nécessaire pour le gibier et surtout pour qu’il s’occupe de leur propre nourriture.
- Ma mère a toujours pensé que je finirai chez les soeurs de Lucy ou une simple femme aimante qui s’occuperait de son logis. Elle a été bien surprise quand elle a vu que je partais pour une carrière militaire. Elle refusait tout bonnement que je suive la voie de mon feu père Saphir, être aventurière.
Être absent régulièrement, les missions dangereuses, être seul la plupart du temps. Sur le coup, la Garde était plus sûre sur certains aspects même si nos métiers étaient tout aussi dangereux. Mais ma mère était rassurée de me savoir entourée par d’autres soldats, prêts à tout pour sauver ses camarades. Enfin c’était un autre sujet.
- Mais bon, peut-être la seule chose qui change entre un aventurier et un garde, c’est la discipline et l’uniforme. Il n’y a pas de honte de faire l’un ou l’autre métier. Chacun aide son pays à sa façon.
Je finis par m’assoir en attendant que nos familiers fassent le travail à notre place au fond. De toute façon, le temps était clément, on pouvait profiter encore des lueurs du jour pour continuer cette discussion. Xylia semblait vouloir parler ou chercher un aval de ma part. Peut-être avoir des félicitations que sa mère ne lui donnait pas. Au fond, ça ne me dérangeait pas de faire ça si c’était la pure réalité.
J’accepte avec plaisir son bol d’eau.
- J’ai entendu dire qu’on devait boire trois litres d’eau par jour mais si on compte l’eau qui se trouve dans nos aliments, on peut aisément retirer un litre d’eau voir encore un demi-litre supplémentaire. Heureusement, qu’on n’a pas besoin d’avoir à porter toute cette eau. Imaginez, notre apport quotidien puis aussi pour faire à manger. La gourde fontaine est une très belle invention sur le coup !
C’était bien la chose qu’on disait à tout le monde d’avoir chez nos jeunes recrues. Ce n’était pas dans le package de bienvenue, ça devrait l’être au fond.
- Je sais que la déshydratation est un fléau cruel lors de nos missions. Mais il peut arriver surtout chez les femmes que boire beaucoup pour ensuite aller au petit coin. Ce n’est pas la chose la plus aisée par rapport aux hommes.
On devrait corriger cet affront le plus rapidement possible. Un gain de temps considérable !
- Mais je note que je vais faire des efforts, surtout à mon âge !
Je souris à ma propre plaisanterie et finis mon verre avant d'en quémander un autre pour la taquiner.
- Une odeur que j'apprécie ? Hum…
Je ne me rappelle pas d’avoir vu Lucy ou Loki faire le moindre signe de dégoût quand je mange certains gâteaux que je raffole. Après, ils seront plus enclins à s’éloigner de moi que de me faire un commentaire mais on aura le temps d'essayer et on verra bien.
- Je dirais la cannelle. C’est une source de réconfort pour moi. On va dire après une journée difficile, certains prennent un carré de chocolat, moi ce sont les petits sablés à la cannelle. Chacun son truc !
Rien que de penser à cette épice, voilà que mon cerveau réclame une gourmandise. Allez, résiste encore un peu avant d’ouvrir ta sacoche sinon il ne va plus rien me rester. Nos familiers finissent par arriver avec tout ce qu’il faut pour ce soir.
- Je vois qu’ils font déjà une super équipe tous les quatre !
Lucy et Loki étaient derrière les deux familiers de Xylia. Chacun présente son butin et je finis par me lever pour leur donner une caresse d’encouragement.
- Allez vous pouvez manger vos prises et vous poser non loin.
Mes deux familiers plus qu’heureux, se faufilent dans les hautes herbes et partent dévorer le petit gibier. Cacher dans leur coin, ils montent la garde à leur façon.
- Bon, vous montrez votre capacité avant ou après manger ?
— J’aimerais que ma mère soit rassurée que je sois à la garde.
Mais tu sais que c’est stupide. Elle a perdu un enfant dedans, un qui avait un avenir grandiose qui se traçait, une place à la commission qui allait arriver, marié avec un enfant, fort, un roc qui n’aurait pas dû flancher. Un qui a fini par se briser sans même laisser un corps à pleurer au final. Oui, c’est logique que ta mère ne veuille pas te voir dans la garde, même si elle est dans le déni de la mort de ton frère.
— Mais en même temps, je la comprends. Elle c’est la garde qui lui a fait perdre un être cher et symbolise une mort certaine dans son esprit. J’ai espoir de lui montrer avec le temps qu’elle n’a pas à s’en faire pour moi.
Alors que tu as pris une tangente bien dangereuse avec l’espionnage au final.
— Il y a tellement d’objets magiques qui, j’avoue, je ne saurais pas faire sans. Mon sac sans fond par exemple, si je ne l’ai plus sur moi pour une raison ou une autre, j’ai l’impression d’un seul coup d’être toute nue et sans défense, alors qu’en soi en plein combat je n’ai pas le réflexe de fouiller dedans. C’est juste comme cela, ne pas l’avoir me fait sentir mal.
Tu ne préfères même pas faire de réflexion sur le petit coin, pour le coup, depuis ton apprentissage avec Frey, tu avais beaucoup moins de honte ou de souci pour juste te trouver un abri pour te soulager quand l’envie t’en prend. C’est un besoin naturel et avoir une tenue qui permet de le faire rapidement est important. Raison de plus pour ne pas avoir d’armure trop lourde. Ah ! Ça, tu peux rebondir là-dessus.
— En armure lourde, qu’on soit homme ou femme, la retiré pour se soulager est un même combat. Vous pensez que les gardes royaux… hum… en fait je ne vais pas finir cette phrase, c’est le genre de réflexion qui n’est pas bonne à avoir. Leur laisser leur dignité est bien mieux.
Vraiment, demander s’ils ont des poches pour ce genre de besoin ou s’ils se font dessus n’est pas une bonne idée. Encore moins si tu as le droit à une réponse sérieuse à cette question. Il y a certaines choses où il est mieux de ne pas savoir, pour le bien de tous. L’altruisme ou un truc dans le genre.
— À tout âge, bien boire est important, pour aider au développement des muscles ou juste au fonctionnement basique du corps.
Quelque part tu tentes de te rattraper un peu aux branches pour lui faire comprendre que tu n’as jamais voulu remettre en doute son âge. À aucun moment.
Pour changer de sujet, tu te concentres sur la cannelle du coup. Un doute se fait dans ton esprit sur quelle plante produite cela ! Sortir ton herbier magique est le plus simple pour le coup, la réponse arrive assez rapidement une fois l’information donnée. Cannelier de Ceylan. Tout simplement. Comme c’est une plante non magique, l’avoir dans ta boîte à graine est assez rapide et simple pour le coup.
Sans même réfléchir tu utiliseras tes orbes de croissance de ton arme pour faire pousser l’arbre en face de toi, dans un espace préalablement vide. Suite à cela, tu actives ton pouvoir d’aromathérapie tout autour sur un diamètre de 100 m. L’odeur de la cannelle emplit l’espace assez rapidement sans être enivrante. Doucement la magie agit, enveloppant les personnes dans sa zone d’effet comme s’il était dans un cocon de douceur. C’est purement mental, mais peu à peu, doucement, l’esprit s’apaise des doutes, les peurs semblent moins grandes, même les petites courbatures ou douleurs présentent se calment.
— Anti douleur et soin de l’âme. Vous en pensez quoi ? Est-ce que pendant l’interrogatoire vous souhaitez être dans cette bulle où vous serez plus à l’aise en dehors ?
Parce que c’est aussi pour cela que tu veux lui en faire ressentir les effets avant, pour savoir si elle se sentira assez à l’aise pour mener une discussion où elle sera maître d’elle-même avec ce genre d’effet dans la tête.
Tu ne te fais même pas la réflexion que ce genre de combines était assez fourbe pour l’esprit des témoins qui se sentiraient bien plus à l’aise que ce qu’ils le sont vraiment et certaines paroles malheureuses sortiront sans même y réfléchir. Non, ça arrange bien pour le coup.
Est-ce que c’est vraiment une bonne chose ?
L’usage le dira.
- Vous savez, chacun ses techniques pour les armures. Mais au fond personne n’y pense à cette éventualité. On ne fait pas que combattre au fond. On chevauche, on déambule, on voit finalement. Peut-être qu’on devrait remonter ce genre de doléance.
Un sujet de la sorte posé sur la table de la Commission. Ça prête à sourire mais ce sont ses petites choses qui peuvent changer le quotidien d’un soldat ! Mais nous continuons la discussion sur l’hydratation et je vois bien que la jeune femme se rends compte que nous allons sur un terrain glissant au sujet de mon âge. De toute façon, j’ai abordé le sujet en premier, il n’y a pas de raison de s'en offusquer mais je préfère la laisser se dépatouiller de la situation sans la mettre plus mal à l’aise qu’elle est déjà.
On préfère changer de sujet et voir sa capacité, enfin ! Je suis curieuse de voir l’évolution de tout ça. Mon pouvoir était un pouvoir clairement défensif à usage militaire. Il n’y pas vraiment de magie à ça je trouve. Un bouclier d'ailes, rien qui ne joue sur les sensations ou toutes autres choses abstraites. Donc je suis curieuse de voir les sensations que ça pourrait produire.
De toute façon, la confiance était là. Quand je prenais corps avec le partage de sens avec Lucy, mon familier, je laissais donc mon corps sans veille. Je laissais toujours le soin à quelqu’un de surveiller ma personne. C’était une confiance aveugle que je pouvais avoir. Donc oui, je sais qu’avec Xylia, tout se passera bien et je pense qu’elle n'abuse pas de la situation.
Elle sort donc son matériel, ses orbes, ses graines et j’en passe. Je suis scrupuleusement à la préparation, me demandant que sur un champ de bataille, ça risque d’être plus compliqué si elle devait faire la moindre chose. Mais je sens assez rapidement l’odeur délicieuse de la cannelle. Cela apaise mon âme et retrouve ce sentiment de réconfort qui me plaît tant. Il y a des odeurs qui sont ainsi qui forgent ton âme. Mon corps se relâche, je pense moins lourde, cage thoracique dégagée, douleur au cou minime. Plein de petits trucs qui te font te sentir bien. Il manquerait une assise confortable et une musique douce.
Curieux, mes deux familiers s’approchent, reniflent les alentours. La cannelle n’a pas le même effet que pour moi mais je les rassure télépathiquement que tout va bien. Je sais que c’est toxique pour eux à ingérer mais ils survivront à l’odeur.
- Restons sur cette ambiance non ? Ce serait dommage de quitter cette bulle. Si nécessaire, je ferai un signe.
Alors je me prête au jeu et je laisse ce pouvoir m’envelopper.
Là tout de suite la situation est plutôt plaisante et tu as l’impression aussi que tu pouvoir permet d’aider un peu plus. Avoir une approche moins agressive aide pas mal mine de rien. Être moins dans le conflit. C’est un peu ce que tu cherches. Un peu.
— Je ferais part de cette réflexion au Génie, peut-être que cela sera une piste pour une nouvelle invention.
Tu regardes un peu le feu en face de vous et te mordilles les lèvres. Plus tu y penses plus tu te dis que cela pourrait être une bonne idée. En parler avec une supérieure qui te connaît un peu en action. Puis, aussi, Bridget connaît mieux les capacités du Génie mine de rien. Même avec toutes les informations que tu as pu avoir de ton côté, elle a l’expérience de travailler avec eux mine de rien.
— J’aimerais, si ça ne dérange pas, apprendre avec eux. J’aime être dans les Grognours, mais le Génie ma fascine. Je me doute bien que juste être fasciné ne suffit pas pour l’intégrer, mais…
Tu fermes ta bouche et laisses un peu de temps passé. Mais quoi ?
— J’ai juste envie d’apprendre encore plus.
Tout simplement. C’est con, mais tu te sens faible, même avec l’entraînement que tu continues à faire tous les jours, même avec tes changements physique et psychique. Une putain syndrome de l’imposteur sur ta position qui se fait de plus en plus pesante et qu’il te faut combattre. Apprendre et vouloir être utile de n’importe quelle façon qui soit est ta manière de combattre cela.
— J’ai toujours l’impression de ne rien comprendre, ne rien savoir quand je vois ce qui est possible là-bas ou même ce que j’ai pu lire pour préparer les assignations.
Même si ton pouvoir est actif et aide ton esprit à ne pas partir en vrille cela ne change pas le malaise tout de même présent.
— Comme pour l’enquête du moment, j’ai juste l’impression que même en apprenant plus tout me dépasse. Comment est-ce…
Nouveau silence. Soupir. Se montrer fragile n’est pas quelque chose que tu apprécies plus que cela.
— Comment est-ce que tu surmontes ce genre de peur ?
Peut-être que c’est quelque chose qu’elle a vécu et qu’elle pourra t’aide. Au pire tu ne laisseras pas cela te bouffer pour une fois.
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