-Le ballon de sa majesté le Prince Hériter est en vue.
Le responsable locale déglutit. Il n’est pas question d’une inspection qui doit sceller son sort de gestionnaire de la tête du pont de la civilisation sur les sables mystérieux du Désert Volant, mais il est toujours intimidant de faire l’objet d’une inspection de la part de celui qui régnera, un jour, sur tout le Royaume et qui est déjà parfaitement aux faits des affaires. En effet, cette annonce valait bien que l’on ne s’attarde pas à attendre que les deux hommes aient finies leur discussion. Faire attendre le Prince Héritier est bien une des rares choses que l’on voudrait faire, ne serait-ce que d’une minute. Nick Furi remercie son sous-fifre d’un léger mouvement de la tête tandis que celui-ci sort, refermant derrière lui.
-Tout ceci attendra.
Le Ministre des Armes range les quelques documents dans une chemise prévue à cet effet avant de la ranger dans une serviette de cuir. Cela ne faisait qu’une journée que Nicholodéon était arrivé au Désert Volant. C’était la première fois. Auparavant, sa présence n’était pas nécessaire. Mais ces derniers temps, la conquête de ce territoire hostile est entrée dans une nouvelle phase. On parle de colonisation. Un procédé long, dangereux, mais qui devrait profiter grandement au Royaume, à son économie, sa connaissance et sa sécurité. Auparavant, son intérêt au désert se limité principalement à ce qu’il soit sans danger pour le Royaume. Que les explorateurs de la première heure aient réussi à pacifier les principales menaces de ce territoire aussi inconnue que mystérieux est encourageant, mais il y a toujours des menaces. Comme cette créature dans les souterrains assez puissantes pour forcer des Saphirs de la Guilde à battre en retraite. Ses autres intérêts tournent autour des matières premières inconnus trouvés dans ce désert à la découverte de leur propriétés. Peut-être qu’il y a là matière à fabriquer de nouveaux objets utiles à la défense de la Nation. Mais tout cela est encore assez annexe. La sécurité du Campement est primordiale, objectif renforcé par la venue du Prince Héritier. Nicholodéon Furi s’est personnellement engagé à ce qui n’arrive rien au Prince Aeron, en visite dans ce nouveau territoire du Royaume. Une situation inédite. Et quand on sort de l’habitude, il y a forcément des erreurs dans les dispositifs de sécurité classique. Un vrai casse-tête qui a bien eu besoin de l’expérience du Ministre des Armes, ayant reçu des informations du cabinet du Prince Héritier demandant à éviter les déploiements injustifiés de gardes autour du prince dans le cadre de cette visite.
Il est clair qu’une compagnie complète de garde royale autour du Prince Héritier est l’une des meilleurs protection que l’on pourrait avoir, mais difficile d’inspecter les débuts de la colonisations par-dessus les armures métalliques de ces soldats d’Elite.
Heureusement, l’accès au Désert Volant est assez restrictif. Et la principale menace du Royaume, le notoirement célèbre Klarion Brando, serait a priori sans danger s’il se présentait ici. Pendant la nuit, un peloton entier de gardes et de représentant du ministère a bien vérifié qu’il n’y avait aucun excès de plantes dans les zones de visites qui auraient pu servir d’armes à l’écoterroriste. Pour les menaces un peu moins célèbres, quelques gardes du corps suffisent. Hélas, on est dans le Désert Volant. Peuplé de créatures aussi nombreuses que dangereuses, le campement n’est pas à l’abri d’être sous la menace d’une de ces créatures et la perspective du Prince disparaissant dans les mâchoires d’un ver des sables n’est guère réjouissant, comme cette histoire récente de golem qui ont cherchés à traverser la colonie. Même s’il n’arrive rien au Prince, le Ministre peut s’attendre à recevoir une remontrance de la Reine Mère. Ce qui n’est jamais très agréable.
-Suivez-moi, Messieurs.
Une fois sortie, on emboite le pas de Stock pour sortir à l’extérieur du bâtiment officiel de la Couronne, passant devant une suite de fortune qui servira au Prince Héritier. On n’est pas dans le grand luxe, mais avoir des bâtiments en pierre où il fait relativement frais est déjà un luxe non négligeable dans la colonie. Dehors, il fait déjà chaud et Nicholodéon fait bien attention à éviter le soleil quand il peut. Il est peut-être encore bien en forme pour son âge, il y a des limites avec lesquels il ne faut pas trop jouer. Arrivé hier, il a failli être pris en défaut par la chaleur torride de l’après-midi. Le bâtiment officiel est situé tout proche de l’air d’arrivée des ballons assurant la liaison entre le territoire d’outreciel et la métropole. Les trois hommes esquivent un convoi de matériel qui vient d’arriver avant d’entrer dans la zone bien contrôlé par la garde locale. Aux abords, plusieurs dizaines de personnes se sont réunis afin d’accueillir le Prince Héritier. Devant eux, un cordon de gardes assure qu’il n’y a pas de désordre. Le Ministre lève les yeux, remarquant que le ballon amorce sa phase de descente. Les mains jointes dans le dos, il semble serein tandis que le responsable locale sue à grosse goutte, et ce n’est probablement pas que le soleil. Derrière eux, quelques individus du bureau administratif local attendent, prêt à se mettre au service des membres du Cabinet du Prince pour satisfaire leur demande. Stock se tient quelques pas derrière, surveillant les horizons tout comme plusieurs membres du service de sécurité du Ministre des Armes.
Le ballon finit par se poser, du personnel s’occupe de l’amarrage tandis qu’une passerelle est posée pour permettre de descendre les quelques marches de différence avec le sol. Le Prince Aeron en descend avec ce mélange d’aisance et de respect des protocoles qui le caractérise bien. Nick avance d’un pas et s’incline.
-Votre Majesté. Bienvenue dans le Désert Volant.
Le Prince réservait son opinion pour le moment il aurait, d’une part, atterrit sur le sable du désert, et d’autre part, serait revenu sur la terre ferme.
Quelques instants plus tard, le ballon s’était déjà élevé de plusieurs dizaines de mètres, et Aeron quitta le centre de la nacelle pour se rapprocher de la rambarde de sécurité et observer le Royaume vu d’en haut. Il distinguait la mer qui venait se briser sur les plages du sud ou les rochers, dans un fracas d’écume qu’il ne pouvait déjà plus qu’imaginer. Les teintes de l’eau devenaient de plus en plus sombre à mesure qu’on s’éloignait des côtes, avec quelques bateaux marchands ou de pêcheurs, aux voiles claires, qui faisait du cabotage.
A l’intérieur des terres, les bâtiments colorés du Grand Port, avec leurs toits plutôt plats, rétrécissaient à vue d’œil, et il se décida à lever le retard vers la colossale boule de pierre et de roches qui constituait le bas du Désert Volant, surplombée d’après les rapports d’un véritable désert de sable comme il n’en existait pas réellement sur Aryon. Enfin, jusqu’à présent, si l’appropriation des lieux continuait à bien se dérouler et que l’île devenait une part intégrale du Royaume.
Les vents devinrent plus turbulents, à cette altitude, mais le pilote en charge de leur embarcation aérienne les stabilisa rapidement après qu’un garde royal ait ramené le Prince au centre, afin d’être sûr qu’il ne tombe pas. Une crainte probablement exagérée, mais cela ne coûtait rien d’être prudent, a fortiori considérant ce qui s’était passé lors de la première expédition. Aeron avait lu attentivement tous les rapports, sur son temps libre, par curiosité.
Enfin, ils sortirent de l’ombre de l’île en arrivant suffisamment haut, et le soleil les frappa à nouveau de plein fouet, alors même que l’étendue de dunes et de montagnes s’offrait à leurs regards. Un petit regroupement de bâtiments et de tentes constituait probablement le Campement, dont la partie la plus éminente était bien entendu l’aéroport, avec ses ballons aux couleurs chamarrées qui attendaient leur entretien ou leur prochain voyage.
En actionnant quelques manettes, cordes, et autres cristaux magiques, il ne leur fallut que quelques minutes supplémentaires pour atterrir avec un choc sourd, celui de la nacelle touchant la pierre de la piste, et que le vent chaud du désert ne les frappe réellement. Un garde royal voulut essuyer la sueur qui lui coulait dans les yeux, mais ne put que faire s’entrechoquer son heaume et son gant en acier. Peut-être que l’armure métallique intégrale n’était pas l’équipement adapté pour le désert ? Aeron se nota d’en parler avec le capitaine Hekmatyar à l’occasion.
Au sol, le ministre des Armes, Nicholodéon Furi, l’attendait avec son équipe afin de lui présenter les lieux, et qu’ils puissent échanger sur les projets qu’il était possible d’y faire naître. Comme souvent, le gouvernement laisserait le peuple faire parler son inventivité, mais cela n’empêchait pas de donner quelques principes, quelques directions, pour empêcher le développement d’une anarchie ou que le crime n’assoit sa domination.
« Ministre Furi. Je vous remercie. C’est un plaisir de vous rejoindre ici. »
Aeron passa la main au niveau de nuque, qui commençait déjà un devenir humide de sueur. Un serviteur lui tendit un large chapeau de paille afin d’écarter le soleil direct. Le remerciant d’un geste de la tête, il braqua à nouveau son regard sur son vis-à-vis.
« Comment se passe pour l’instant l’apprivoisement des lieux ? Je vois que le port est bien entretenu pour permettre une liaison directe et efficace avec le reste du Royaume. »
Cette dernière phrase était adressée autant au ministre qu’au responsable des lieux. Il était important de reconnaître les mérites là où ils se trouvaient, et les trajets, de ce que le Prince avait constaté, se passaient bien. Toutefois, peut-être qu’établir un portail de téléportation à l’avenir faciliterait beaucoup les choses… Si tant est qu’ils en étaient capables. Etouffant un soupir intérieur, le jeune homme reprit la parole.
« Souhaitez-vous visiter d’abord, ou autre chose est-il prévu ? Je compte rester quelques jours pour prendre un peu la température –étouffante de jour, comme je le constate- des lieux et estimer le champ des possibles. »
Une fois n’était pas coutume, ce n’était pas ses royaux géniteurs qui l’avaient poussé à sortir de ses appartements au Palais, mais lui-même qui en avait fait la demande, pour se rendre compte de ses propres yeux de la situation exacte.
Alors même qu’ils commençaient à s’éloigner des montgolfières pour laisser la place aux voyageurs suivants, les membres de son cabinet commençaient à se mêler aux officiels du Désert Volant, afin d’organiser les échanges d’information nécessaires et baliser les documents et réunions nécessaires. Il ne s’agissait certainement pas d’un séminaire de repos, en tout cas pas en premier lieu : il fallait profiter d’être sur place pour avancer le plus possible et que les projets puissent dérouler sereinement par la suite.
Le Prince ne comptait absolument pas venir tous les mois.
Mais personne ne peut savoir ce que l’avenir lui réserve.
Le Ministre est plutôt d’accord sur cette réponse. L’attention portée à l'aéroport a porté ses fruits. Véritable ligne de vie entre le sol et le Désert Volant, il permet d’acheminer colons et matériels en toute sécurité et de débarquer efficacement. Évidemment, le Désert Volant est très dépendant de sa ligne d’approvisionnement aérien. Les ressources en eau ne sont pas encore sécurisées et les sources de nourriture sont encore inexistantes, des scientifiques travaillant avec assiduité à déterminer la toxicité ou non de la faune et de la flore locales. La perte de l’aéroport, ou sa mauvaise gestion, impliquerait un ralentissement drastique du développement de la colonisation, entraînant des retards inacceptables. Si beaucoup d’activités dépendent de l’ingéniosité de nos concitoyens, avec une certaine forme de liberté, la ligne aérienne est de la responsabilité des autorités. On ne saurait négliger son devoir la concernant.
Ayant atteint la sortie de l’aéroport, les trois hommes s’arrêtent, indécis sur la marche à suivre. Nicholodéon prend l’initiative.
-Votre Majesté. Je vous invite à parcourir le Campement. Vous pourrez ainsi voir de propre aux yeux notre progression et prendre la pleine conscience des défis qui nous attendent.
Avoir une vision d’ensemble dès le début est bien quelque chose que le Prince ne saurait renier. D’un geste, le Ministre des Armes indique à Stock leur projet et ce dernier prend l’initiative de mettre en place le dispositif de sécurité autour d’Aeron, après avoir échangé brièvement avec l’officier de la Garde Royale commandant le détachement chargé de la sécurité du Prince. Le but est de laisser le plus de liberté au Prince tout en s’offrant la plus grande liberté pour protéger le Prince contre une agression, un mouvement de foule ou tout autre événement impensable. Après plusieurs minutes de flottement ou le Prince a toute liberté pour donner quelques gages de sa royale présence aux citoyens présents, le cortège s’emballe. A l’avant, la sécurité du Ministre dégage un chemin pour le Prince tandis que sa garde rapprochée le suit de près dans une parade militaire des plus rigoureuses sans troquer leur vigilance pour le sens du spectacle.
Le campement n’est pas très grand, le tour ne durera pas longtemps, mais il y a beaucoup à en dire. Soucieux de présenter la situation sans aucun détour, Nicholodéon commence à parler avec la bénédiction tacite du représentant local qui ne dit pas non à rester un peu en retrait sur ce coup.
-Les principaux défis que l’on rencontre actuellement se résument à pérenniser notre présence dans le Désert. D’abord, il y a la sécurité de la Colonie contre la faune locale. J’imagine que vous avez en tête les rapports des premières expéditions expliquant la dangerosité des créatures rencontrées lors de celle-ci. Il est aujourd’hui dangereux de sortir du Campement sans ressources prêtes à faire face à ces menaces. Il y a un gros travail à accomplir pour repousser la faune, ou bien la dompter, afin d’agrandir notre espace vital. Récemment, c’est même deux golems de pierre qui ont traversé le campement, ce qui démontre que rien n’est encore garanti, même pour la sécurité de la colonie en elle-même.
Le représentant local tique à cette évocation dont on ne peut pas être vraiment fier, mais mentir au Prince serait contre productif.
-Nos scientifiques mettent tout en œuvre pour comprendre la faune et la flore afin de pouvoir identifier nos meilleures options pour contrer ces créatures, même si, pour l’heure, une partie non négligeable de nos ressources scientifiques sont occupés avec la problématique des cristaux.
Le ministre baisse d’un ton sur la fin de sa phrase, la gardant qu’aux oreilles proches, même si les acclamations de la foule présente en bordure de la colonne d’officiel suffisent à couvrir une partie des propos. Il s’agit d’un sujet sensible car si les premières informations transmises par les expéditions d’explorations sont vraies, le Désert Volant est un danger potentiel pour le Royaume et ce genre d’informations n’a pas à trop se répandre parmi la population au risque de créer un certain vent de panique pour les colons et les habitants du Grand Port, même si politique royale mise sur la sécurisation de ces fameux cristaux et du Désert Volant en règle générale. Sinon, pourquoi coloniser ?
-Le deuxième point concerne l'exploitation des ressources naturelles. Pour dans un premier temps survenir en eau et en nourriture les colons sans devoir dépendre de la ligne aérienne. Mais aussi pour construire nos infrastructures dans un second temps. Enfin, nos chercheurs ont déjà mis le doigt sur des plantes et minéraux aux propriétés intéressantes. D’autres restent probablement à découvrir, mais une exploration plus profonde demande de satisfaire nos premiers besoins.
Ça fonctionne un peu comme un être humain. Avant de s’intéresser à découvrir davantage, il s’agit de satisfaire les besoins primaires. Logement, nourriture, sécurité. Même si dès à présent, ceux qui ne peuvent pas y faire grand-chose s’attellent déjà à faire des avancées substantielles sur les nombreux mystères du Désert Volant.
Mais cette personne au pouvoir bien utile ne s’était pas encore manifestée, dans tous les cas, donc ils devaient tous faire au mieux pour parer aux problèmes qui apparaissaient.
La ligne de vie qu’était l’aéroport avec ses montgolfière était donc le point le plus abouti de la Colonie, et il fallait également faire le tour du reste pour qu’il constate de visu la situation. Les quelques habitants du désert qui se trouvaient présents en ville au moment de son arrivée se précipitèrent pour le voir, échanger quelques mots, prendre la température de l’investissement de la Couronne. Est-ce qu’il y aurait des aides pour mettre en place un four à pain ? Qu’en était-il des taxes sur l’importation de viande et de poisson ?
Le Prince répondit brièvement et succinctement quand il le pouvait, vaguement et évasivement quand il n’avait pas la réponse ou qu’elle était négative. Leur avancée se débloqua subitement en sortant du petit attroupement qui s’était formé, et ils se trouvèrent devant le siège du gouvernement provisoire. Avec l’œil d’un terrien, cela ressemblait davantage à une bicoque, quelques pierres assemblées hâtivement les unes aux autres, avec des ailes constituées d’immenses tentes militaires avec des tissus conçus pour résister aux vents de sable, à la chaleur journalière et la froideur nocturne.
« Votre Altesse, nous repasserons par ici plus tard, et vos équipes pourront naturellement se réserver un espace dans la tente sud. Il y a des bureaux, quelques scribouilleuses si nécessaire… mais je pense que vous êtes bien équipés. Continuons la visite, plutôt.
- S’il vous plaît. »
Cela faisait beaucoup d’informations à assimiler d’un coup, et apprendre que la survie était rude là-haut dans un parchemin n’était pas la même chose que subir l’étau étouffant du soleil sur sa nuque et son visage, et, parfois, le sable dur et rugueux qui venait fouetter ses joues. Heureusement qu’il avait des lunettes, à la réflexion, pour lui éviter de plisser les yeux au point de s’aveugler. Par ailleurs, il sentait régulièrement son pouvoir s’activer de façon minimale, sans doute pour faire face à la pointe de coup de soleil qui devait tenter de naître.
Bien pratique, il fallait bien l’avouer.
« Nous avons un espace un peu permanent, généralement pour les nouveaux arrivants qui ne sont pas équipés, et des aires délimitées par des cordons ou des pierres au sol, davantage pensées pour les aventuriers ou ceux qui viennent, en tout cas, avec leurs propres affaires. Par exemple, tout ce qui est tentes portatives plus ou moins magiques, théières et autres lampes à génies.
- Je suppose que tout cela suit les règles d’urbanisation de l’arrêté 99132 de l’an 789 ?
- Les rues sont perpendiculaires et laissent un espace suffisant au passage des charrettes avec la possibilité de placer des étals si la possibilité apparaît. Mais nous favoriserons plutôt, à terme et a priori, un marché couvert et aéré pour éviter de laisser les gens en plein soleil.
- Logique.
- Nous présenterons les différents plans de développement auxquels nous avons pensé plus tard. C’est que nous avons organisé des patrouilles sur tout le périmètre, et commencé à lever un fossé pour nous séparer du reste du Désert mais, comme les golems l’ont montré, nous maîtrisons mal ce qui peut nous arriver de façon impromptue, alors que la plupart des chercheurs et forrageurs sont en vadrouille, parfois plusieurs jours d’affilée. Une détachement permanent de la garde qui pourrait donner naissance à un régiment spécifique serait…
- Nous échangerons sur le sujet avec le ministre Furi, coupa le Prince. Vous serez tenus informés des développements.
- … Bien sûr, Votre Grâce. »
A un moment, il y avait eu une inspiration en ce sens, mais elle n’avait pas été concrétisée, refroidie par la principale instigatrice et candidate elle-même. Il était malheureux, par conséquent, que les gardes présents soient en nombre si réduit, mais c’était aussi le rôle et la liberté des citoyens que d’organiser le développement de la façon qui les intéressant, et le Gouvernement ne fournissait que des grandes lignes pour empêcher une anarchie totale et nuisible.
« Parfait. Maintenant que nous avons fait le tour du village, souhaitez-vous faire un passage dans le désert, ou attendons-nous des températeurs plus clémentes, Nicholodéon ? Peut-être faudrait-il passer les heures les plus chaudes à l’abri du soleil. »
C’est que leur escorte, et pas que les gardes royaux, suait à grosses gouttes, un phénomène auquel il n’était lui-même pas non plus étranger.
« Des raffraîchissements me semblent également s’imposer. »
Il faisait chaud.
-En effet. Ce serait folie que de s’aventurer dans le désert à ce moment de la journée. Profitons-en pour vous rafraîchir et vous reposer.
D’un geste, Nick ordonne à la colonne de retourner vers le siège du gouvernement provisoire du Désert Volant. Alors que Stock s’approche de son Ministre de tutelle pour recevoir ses instructions, Nicholodéon lui fournit une liste de tâches à réaliser dans des brefs délais. Principalement, de rentrer en contact avec les chefs de la Guilde des Aventuriers ; il y a un conseiller en ce moment même qui supervise l’antenne locale ce qui va faciliter les choses ; ceci dans le but de mobiliser toutes les forces disponibles pour les déployer en amont de la zone d’exploration que va parcourir le Prince dans le but évident de garantir sa sécurité contre toute menace de taille, tout en se faisant suffisamment discret pour ne pas perturber la faune inoffensive du Désert. Ce n’est pas du tourisme, mais si le Prince peut avoir la chance de croiser quelques-uns des spécimens endémiques au Désert, ça sera toujours bon à prendre, surtout quand des travaux existent pour apprivoiser ses créatures et s’en servir à aider l’installation des colons et à dompter le désert, eux qui sont parfaitement adaptés à le parcourir. Les aventuriers devront faire vite. Ils n’ont que quelques heures avant que les heures les plus torrides soient passées. Évidemment, les aventuriers devront sortir en plein cagnard, mais ils sont parfaitement entraînés pour eux, à la différence de la délégation royale qui ne connaît les conditions du Désert Volant qu’au travers des rapports et des rumeurs.
Une fois arrivée, comme promis, les tentes sud du complexe de fortune sont attribuées au Prince et à son personnel. La Garde Royale installe méthodiquement un périmètre de sécurité, faisant déménager de rares fonctionnaires qui y avaient trouvé un calme appréciable pour travailler. Même sous les tentes, il fait encore chaud, mais c’est tout de même supportable. Le responsable local fait venir des rafraîchissements, tapant allègrement dans les réserves pour les grandes occasions, sans oublier des litres d'eau dont une partie puisée depuis les quelques puits naturels du Campement. Un luxe quand on sait qu’une grande partie de l’eau est produite par des processus magiques similaires aux gourdes fontaines. Le goût de la pureté est tout de même bien plus agréable. L’eau issus d’un processus magique ayant quand même un goût un peu particulier pour les puristes. Les soldats ne font pas de chichis et en profitent sans retenue.
-Majesté, peut-être que vous devriez laisser à votre escorte la liberté de voyager plus léger. Les armures aussi imposantes ne sont pas du tout propices à l’exploration du Désert. En rapport avec la chaleur, mais aussi le sol. Leur armure sera un gros handicap et je crains qu’ils ne puissent accomplir parfaitement leur mission de la sorte.
Évidemment, le prince est seul maître de cette décision. Le Ministère des Armes n’a aucun pouvoir sur les forces de la garde. Si du coin de l’œil, il peut voir le chef du contingent faire bonne figure devant son Prince, jurant dans son attitude que nul situation ne saurait entraver sa mission, on peut voir que dans le regard d’autres soldats à l’esprit plus terre à terre qu’ils ne sont pas totalement en désaccord avec cette proposition. Outre les rafraîchissements, on pourvoit à la délégation quelques victuailles dont certains fruits du Désert Volant, en particulier des fruits de Cactoto, peu goût, mais aussi une source formidable d’eau. On fournit aussi à la délégation une crème issue d’une plante carnivore du Désert appelé Tsavid ayant des résultats particulièrement incroyable contre le soleil une fois appliquée sur la peau car même s’il est prévu de sortir quand il fera moins chaud, le soleil est toujours dangereux à n’importe quelle heure de la journée.
Profitant d’un moment de repos du Prince, Furi et le coordinateur local du Gouvernement choisissent l’itinéraire le plus significatif pour l'excursion du Prince. Un parcours d’une heure vers le nord pour atteindre l’un des avant-postes proche de canyons, passant par une oasis et traversé régulièrement par des coureurs. Le risque est en théorie minime. Cette information est ensuite transmise à la Guilde pour mobiliser ses aventuriers qui doivent être prêts au départ, heureux de pouvoir participer à la protection du Prince Héritier du Royaume. En attendant, il y a des tas de détails techniques dont le Prince pourra s’abreuver. Des dizaines de rapports, d’expertises et autres joyeusetés administratives qui ne seront pas détaillés ici-même.
Ce serait trop long.
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