La mission au théâtre était quelque chose de particulier, vraiment. Tant dans cette demande que dans ce qu'il s'y est passé. A aucun moment Sileas ne pensait que la pièce allait prendre un tel tour, mais en même temps il ne va pas s'en plaindre, loin de la. Il ne peut nier qu'il est attiré depuis un moment par la forgeronne, et qu'il n'a jamais réellement su si elle était juste timide et n'osait pas le rembarrer une bonne fois pour toutes, ou si ses sentiments étaient partagés. Et au travers cette romance à la comédie acérée pour ne pas dire de mauvais gout, le blond a pu avoir la confirmation qu'il attendait. Et c'est en réfléchissant aux implications de tout cela que le duo se balade à travers les rues de cette ville sous les mers, silencieusement. Quand la demoiselle attrape sa main il vient entrelacer leurs doigts et légèrement la serrer, caressant le dos de sa paume de son pouce.

Difficile de trouver comment ouvrir la conversation quand chacun est ainsi dans ses réflexions, à essayer de faire sens de ce qu'ils ressentent. Sileas lui même sent une certaine chaleur dans sa poitrine, et son visage pourtant si peu expressif porte un léger sourire qui semble gravé dessus. Fort heureusement en cette heure tardive les rues sont plutôt calmes, et suivant des rues pratiquement vides, l'homme peut guider son amie, si l'on peut encore l’appeler ainsi jusqu’à la Coupole de Saphir. Surement le lieu le plus adapté pour une conversation en tête à tête au milieu des beautés de la ville et de l'océan.

Un peu de recherche est nécéssaire, mais finalement le borgne trouve un lieu légèrement isolé, sans pour autant se priver de la vue splendide ainsi offerte. Le silence est présent depuis un moment, mais il n'est pas pesant pour autant. Ce qui n'empêche pas l'homme d'être heureux de le briser alors qu'il finit par s'arrêter pour pivoter vers la demoiselle, attrapant délicatement sa seconde main pour les maintenir entrelacées. Rapprochant son visage de celui de Sia, il vient lui souffler d'une voix basse, mais toujours vibrante d'émotion.

-"Je dois t'avouer que cela fait un moment que tu me plaisais et m'attirais Sia. J'ai essayé de te le montrer et le faire comprendre, mais jusqu'à ce soir, je n'ai jamais pu savoir si c'était partagé ou non..."

Son sourire s'élargit légèrement et il finit par poser son front contre celui de l'Edelweiss en venant l'attirer à lui si elle s'y abandonne, profitant de cette étreinte pour venir l'enlacer franchement pour la première fois, savourant la chaleur de sa peau au travers de sa chemise. Pour une fois, Sileas est heureux de ne pas porter une armure pour pouvoir savourer ce contact humain. Quelques secondes passent ainsi, l'homme ne trouvant rien à dire et préférant profiter de l'instant présent tant qu'il dure. Mais finalement la voix du blond souffle de nouveau, profitant de leur proximité pour pratiquement lui murmurer ses mots au creux de l'oreille.

-"Pourquoi croyais-tu que je souhaitais passer autant de temps en ta compagnie et apprendre à plus te connaître ? Je ne sais pas où tout cela peut nous mener, mais je sais qu'en cet instant, ce dont j'ai envie, c'est d'être avec toi et de profiter du moment en ta compagnie. Nous sommes dans l'une des plus belle ville du Royaume, n'est-ce pas le lieu parfait pour cela après tout ... ?"

Et finalement, il se laisse aller à la fin de sa phrase. Sans cesser de l'enlacer, ses mains glissent à la taille de Sia pour l'attraper avec une certaine douceur et délicatesse, avant de la redresser à sa hauteur sans sourciller. Une fois cela fait, ses lèvres se penchent lentement tandis qu'il vient lui chercher un nouveau baiser, plus doux que durant la représentation, mais aussi bien plus tendre et long, laissant bien mieux exprimer ses sentiments qu'il ne saura jamais les mettre en phrase.

Le feu ne quitte plus mon visage alors que nous avançons silencieusement à travers la ville. Mes doigts entrelacés à ceux de l’aventurier ne veulent plus les quitter. J’ai l’impression que ma peau est brulante au contact de la sienne qui est tout aussi chaude. Je le laisse clairement nous diriger, me concentrant sur mes pas et mes pensées qui ne s’arrêtent plus plutôt que la direction que nous prenons. Le blond pourrait me perdre en cet instant dans cette ville s’il le voulait. Quand nous nous arrêtons enfin, mon regard se pose sur la vue splendide avant de se porter sur le visage du borgne.

La rougeur de mon propre visage s’accentue un peu plus en le regardant. La vue est incroyable, pourtant tout ce qui me captive, c’est lui. Nos doigts arrivent à se trouver presque naturellement, nos mains se liant pendant que sa voix vibre à chaque mot. Je crois ne pas l’avoir entendu une seule fois une telle intonation auparavant. L’expression qu’il arbore est complètement nouvelle, mais l’étincelle dans son regard semble plus forte que plus tôt sur scène. Je l’écoute sans rien dire et surtout en ne sachant que répondre.

Mes lèvres s’entrouvrent pour répondre avant de se refermer, ne sachant comment organiser mes pensées. Tout se succède trop rapidement pour moi, le brasier de ma peau ayant bien trop de mal à se calmer. Il me déclare que je l’intéresse et l’attire depuis un moment, mais je suis incapable d’exprimer ce qu’il en est de mon côté. Les mots ne veulent pas sortir et j’en ignore la raison. Je me laisse enlacer, posant mon front contre le sien en fermant les yeux. Je profite ainsi de son contact étrangement chaud, de la douceur dont il fait preuve, lui qui parait si brutal, mais aussi du parfum qu’il dégage et que je n’avais jamais remarqué.

Il continue dans sa déclaration, m’expliquant les raisons derrière ses gestes dernièrement. Je n’ai jamais pensé qu’il ressentait cela et je ne peux que rougir un peu plus en comprenant qu’il me tournait autour depuis tout ce temps. Se jeter ainsi à l’eau est vraiment difficile, bien plus que je ne le pensais. J’ai l’impression que mon cœur va exploser avec tant d’émotions, je ne sais plus du tout comment gérer toutes ces informations. Alors à sa dernière question, je ne fais que hocher timidement pour approuver ses propos.

Quand il vient ensuite m’attirer et me soulever contre lui, je suis d’abord surprise, écarquillant l’œil en le regardant faire, m’accrochant à lui comme je le peut. Quand cet instant est passé, je me retrouve bien plus proche de lui que je ne le pensais, ne pouvant m’échapper de son étreinte et de son baiser. Plutôt que de continuer à réfléchir à tout ce qui m’embrouille, je me détends légèrement et m’abandonne dans ce nouveau baiser bien plus doux. C’est comme si j’arrêtais de penser, que tout ce qui embrouillait mon esprit s’évapore soudainement. Je ne profite que du goût de ses lèvres, la chaleur de son être et l’intensité de ses sentiments. Je viens y répondre plutôt maladroitement, essayant de suivre son rythme et montrant mon manque évident d’expérience en ce domaine. Je n’y pense toutefois pas, voulant répondre à ses sentiments de mes gestes au lieu de mes mots.

Ce moment semble durer une éternité. Ce qui n’est qu’un instant arrête le temps pour nous deux. Je suis complètement absorbée par cet être qui arrive à apaiser mes pensées tout en éveillant une partie de moi que j’ignorais. Je comprends désormais un peu mieux ce qu’arrivent à ressentir les personnages de ces nombreuses romances, les différents bardes proclamant l’amour ou encore les raisons de ces clients qui viennent me demander de leur confectionner le bijou qui scellera leur amour avec l’être cher. Je n’en suis clairement pas à cette étape avec Sileas, j’en suis même bien loin, mais j’entraperçois ce monde qui ne me paraissait que chimère jusqu’à aujourd’hui.

Quand enfin nos lèvres arrivent à se séparer et que je me mets à nouveau à fondre sous la chaleur de mon visage, je prends le temps de reprendre un peu de mon souffle. J’ignorais qu’un simple baiser pouvait produire un tel flot d’émotions et cette épreuve est bien difficile pour la jeune femme inexpérimentée que je suis. Quand enfin j’arrive à me calmer et organiser un peu mes pensées, je tente de balbutier quelques mots à l’intention de cet ami qui va peut-être devenir plus.

« Je… Désolée de ne pas avoir su comprendre tout ceci… C’est la première fois que cela m’arrive et je ne sais pas du tout comment l’exprimer… Ni même comment le gérer. »

Un léger rire nerveux m’échappe avant de me mordre légèrement la lippe, pincer les lèvres et baisser le regard sans réussir à diminuer mon rougissement. Ma voix est tremblante, mais j’essaye de continuer à exprimer comme je peux ce que je ressens en cet instant.

« Je crois que je vais avoir besoin de temps pour comprendre tout ceci, pour réussir à le réaliser. Je sais que je veux aussi profiter de ce temps en ta compagnie. Comme tu l’as dit, je ne sais pas où tout cela va nous mener, je souhaite profiter d’être avec toi et prendre le temps de chérir chaque instant que l’on partagera à l’avenir… Alors, tu veux bien être patient et prendre ce temps avec moi ? »

Même si mon regard est timide, j’essaye de le redresser dans celui d’acier du blond. Je ne peux cacher le rouge qui embrase l’ensemble de mon visage, mais au moins mon regard fuyant essaye d’affronter le sien et de montrer le courage dont j’arrive à faire preuve à cet instant.

Plutôt que de trop réfléchir, simplement s'oublier dans le moment, dans la chaleur des lèvres et de la peau de la forgeronne et non à tout ce qui se bouscule dans ses pensées. Et durant ce baiser, il y arrive particulièrement bien. Seul compte Sia, sa présence, et cette porte vers un avenir qu'ils n'envisageait que très timidement jusque la. Ses sentiments semblent partagés, et enfin il peut cesser de devoir se camoufler, d'avancer avant de reculer. Bien sur, ce n'est qu'un premier pas sur une longue route, mais c'est toujours le plus dur. L'Edelweiss lui rend l'étreinte avec toute la fougue de sa jeunesse et l'inexpérience dont son marteau l'avait prévenu avant leur départ au désert, mais il n'en a cure. C'est elle qui compte, pas ses talents naissants. Ils auront après tout possiblement tout le temps nécéssaire pour arranger cela.

Enfin le baiser cesse, sans pour autant les éloigner l'un de l'autre. Leurs souffles se mêlent alors que les regards s'évitent. Sileas laisse tout le temps nécéssaire à son amie pour arriver à se reprendre, ne sachant que trop bien à quel point elle doit être perdue en cet instant. Puis finalement les mots commencent à s'échapper, timidement, maladroitement. Quand elle baisse le regard, le blond glisse lentement une main au menton de la demoiselle pour caresser la ligne de sa machoire de l'index, laissant son pouce glisser sur sa joue et l'effleurer. L'homme sourit à sa comparse, finissant par souffler doucement contre sa peau.

-"Ce n'est pas grave Sia, détend toi. On va faire cela à notre manière et en prenant le temps qu'il faut. Le principal est qu'on en soit la aujourd'hui, tu ne penses pas ?"

Et tandis que la demoiselle prend son courage à deux mains pour continuer la suite de son explication, le blond continue de lui caresser lentement la joue pour l'inciter à trouver l'énergie nécéssaire. Leurs regards se croisent, et celui de Sileas est empli d'une flamme qui y brule, et d'une certaine douceur. Lentement il vient hocher la tête, sans la relâcher de l'oeil.

-"Je suis entièrement d'accord avec toi, petite Edelweiss. On a tous les deux besoin de temps, de penser à ce qui vient de changer et ce que cela veut dire pour nous. Je suis juste heureux de pouvoir assumer les sentiments que je te porte et de voir qu'ils ne sont partagés. J'ai pendant longtemps cru que je ne t'intéressais pas, à vrai dire..."

Finalement, sans cesser de la soutenir l'aventurier entame quelques pas, arrivant à redresser quelques secondes ses pupilles vers le spectacle offert par l'océan nocturne sous leurs yeux, avant de retourner au seul qui compte, les rougissements sur les joues de la forgeronne qu'il porte ainsi.

-"Et bien sur que je t'attendrais le temps qu'il faudra. Après tout, nous venons de faire le pas le plus dur. Je serais idiot de vouloir cesser au moment ou cela peut enfin éclore entre nous. Je ne veux pas te presser et je comprends que ce soit nouveau pour toi. J'essayerais de te soutenir et te supporter au mieux, et de t'aider dans les moments de doute."

Peu à peu il redépose la jeune femme au sol, avant de revenir attraper sa main et y entrelacer les doigts tandis qu'il reprend la marche d'un pas lent, traversant la Coupole de Saphir et savourant la tranquillité de cette heure tardive, se perdant de nouveau dans ses pensées un petit moment. Ils croisent quelques passants, principalement eux aussi des couples. Le sourire sur les traits du blond s'élargit légèrement tandis qu'il attire un peu plus proche de lui la demoiselle pour continuer sa marche.

Finalement, nombre de questions commencent à se bousculer. Il n'a pas envie de presser Sia dans ses réflexions et dans ses pensées. Après tout, un nouveau chapitre s'ouvre, et juste son introduction s'annonce particulièrement chargée. En un sens, les missions régulières qu'accomplit le borgne seront aussi un bon moyen de ne pas se mettre la pression et de ne pas précipiter les choses. Cela les forcera à savourer les moments qu'ils ont ensembles, tout en leur permettant de réfléchir en étant séparés, pour n'être que plus heureux de se retrouver. Songeant à cela, les lèvres de l'homme finissent par s'ouvrir pour demander.

-"Que dis-tu de nous trouver une bonne chambre où passer la nuit après notre balade ? A défaut de vacances isolées du monde comme on l'avait initialement prévu, je peux au moins t'offrir les beautés de ce monde immergé. J'ai encore quelques jours en ta compagnie exclusive, et je compte bien en savourer chaque instant, que ce soit ici où à la Forteresse... Ou qu'importe le lieu, à vrai dire. Tant que je suis en ta compagnie, j'en serais satisfait."

En effet, ce petit interlude aux grandes conséquences était finalement un petit détour sur leur plan initial. Mais est-ce qu'ils vont le suivre et rentrer ensuite à la Forteresse par la première navette disponible ? La question se pose. A vrai dire, Sileas lui même n'en a pas la réponse. L'hésitation entre juste tout plaquer et emporter la demoiselle au loin pour cette période est forte, mais de l'autre coté il a aussi envie de l'aider dans ses projets. Et rien ne rapproche plus les gens que surmonter les difficultés de la vie après tout.

Le regard habituellement si glacial de l’aventurier est particulièrement enflammé en cet instant. Je ne crois pas avoir déjà vu une personne me regarder avec une telle intensité, c’est intimidant et en même temps incroyablement plaisant. Évidemment, cela ajoute un peu à mon rougissement, mais je continue de l’observer pendant qu’il parle. J’écarquille un peu l’œil quand il avoue avoir pensé qu’il ne m’intéressait pas. J’ouvre un instant la bouche pour répondre avant de me raviser, le laissant poursuivre. Il accepte mon souhait de prendre du temps et surtout d’attendre que je puisse faire la part des choses.

Alors qu’il s’avance un peu plus, me faisant même redescendre, je profite enfin un peu plus de la vue. Beaucoup de choses se bousculent dans mon esprit, refaisant les derniers événements pour essayer d’y mettre du sens. Je regarde la faune aquatique qui se déplace juste au-dessus de nos têtes avec un air presque émerveillé. Bien que l’océan ne soit pas mon domaine de prédilection, je dois reconnaître sa beauté. Pendant que mon regard suit ainsi un banc de poissons, mes pensées ont beaucoup de mal à ne pas revenir à l’homme dont les doigts sont entrelacés aux miens.

Je ne peux pas dire que je n’ai jamais été intéressé par Sileas, loin de là. Dès notre première mission, il a su piquer mon intérêt. À l’époque, il ne m’intéressait absolument pas dans ce sens, je voyais plutôt un futur compagnon en qui confier mes arrières et un partenaire de quête. Désormais, cela risque de nous mener bien plus loin. Je commence un peu mieux à comprendre certaines paroles que le blond a pu prononcer et les interpréter à présent bien autrement.

Mon regard revient chercher le sien quand il brise le silence, s’inquiétant de nos plans pour la soirée et les prochains jours. C’est ce moment que mon estomac choisit pour s’exprimer. Avec tous ces événements, je n’ai quasiment pas mangé depuis le matin. Mes émotions, bien qu’encore confuses, semblent s’être suffisamment calmées pour que mon appétit s’exprime. Avec un rire légèrement gêné, je détourne le regard pour répondre.

« Oui, trouvons un endroit où dormir pour ce soir… Et de quoi manger ! Nous pourrons discuter de nos plans pour les prochains jours autour d’un bon repas ? »

Je laisse mon ami réfléchir à cette proposition, l’observant timidement et rougissant quand il me sourit en acceptant cette idée. Instinctivement, je viens serrer ses doigts un peu plus fort avant que nous reprenions notre promenade. Je le laisse à nouveau me guider, me plongeant dans mes pensées, alternant entre l’observer du coin de l’œil et le détourner en rougissant lorsque nos regards se croisent. J’ai presque l’impression qu’il se met à aimer me faire rougir ainsi, cherchant même à le provoquer.

Nos narines ne tardent pas à percevoir les premiers effluves de nourriture alors que nous gagnions ce qui ressemble à une avenue commerçante. Plusieurs boutiques sont encore ouvertes, des étals pour attrape-touristes étant parsemés un peu partout. Je ne relâche plus la main de Sileas tandis que nous avançons à travers la foule qui commence à se faire plus présente. L’heure du repas se fait sentir et il semblerait que beaucoup de monde vienne se restaurer aux alentours.

À ma demande, nous nous arrêtons à l’une de ces boutiques de rue qui prépare de la nourriture à emporter. Je nous commande à chacun une étrange brochette faite de crevettes, algues et autres fruits de mer savamment marinés et cuit au feu de bois. Rien de quoi nous rassasier, mais juste assez pour calmer les grondements de mon estomac le temps de trouver un restaurant plus convenable.

« Je n’ai rien contre les produits de la mer, c’est plutôt bon… Mais je préfère clairement la viande. J’ai envie d’un bon steak de porc-becue. »

Et malheureusement pour moi, en vivant sous l’eau, il ne faut pas s’attendre à croiser beaucoup de viande dans les spécialités locales. Je ne sais pas si le blond est de mon avis, mais je commence à lorgner les menus affichés des différents restaurants et auberges que l’on croise, espérant trouver la perle rare…

Si il y'a une chose qui est bien toute aussi importante que l'appel du cœur, c'est l'appel du ventre. Et celui qui émane de Sia fait sourire le blond qui hoche la tête à sa proposition suivante. Leurs doigts s'entrelacent de nouveau, et leurs pas commencent à les mener de nouveau vers le centre de la ville, ses rues plus passantes et surtout ses petits commerces et restaurants de rue. Mine de rien, la journée qu'ils viennent de vivre a été riche en émotion, et souvent ces dernières sont suivies d'un appétit tout aussi intense.

-"Ça me va. On aura besoin d'un bon repas et d'une bonne nuit de repos. Aucun des deux ne risquent de manquer à vrai dire, pour peu qu'on fouille un peu. Même si, n'étant que rarement venu ici, je ne sais pas trop à quoi m'attendre..."

Et finalement, ils finissent par trouver rapidement, comme le pensait le blond. Ce qui le surprend un peu plus est ce qu'ils y trouvent. En effet, sans portails, difficile de faire passer en grande quantité des biens... Résultat, la majorité pour ne pas dire l'intégralité des boutiques servent des plats à base de poisson. Il leur faut déjà un petit moment pour dénicher un petit restaurant de rue offrant des brochettes à l'air plus appétissante que le reste, que le duo s'empresse de dévorer. La fin s'éloigne, mais temporairement uniquement. Le jeu de la soirée étant de toute façon plus de surprendre le regard de la forgeronne pour la faire adorablement rougir et détourner le regard. Mais malgré ces taquineries auxquelles Sileas prends vite gout, il ne peut s'empêcher de souffler un rire mi amusé mi blasé a la dernière réplique de son amie.

-"C'est vrai que je n'y avais pas pensé, mais sans portails ils ne peuvent pas importer de viande en grande quantité... Je pense que les seuls restaurants ou auberge que nous trouveront qui en serviront seront hors de prix, et encore, ça risque d'être plus un léger accompagnement pour varier les gouts que réellement un steak."

Malgré cette déclaration, le duo cherche. Les enseignes défilent, mais sans réel plaisir gustatif à la clé. La viande est pour ainsi dire absente, ou limité à certains steaks de poissons comme le thon. Finalement, deux petites échoppes ne contenant chacune qu'une vingtaine de tables mais avec des arômes plutôt appétissants se font jour. L'une à coté de l'autre, chacune a sa spécialité. La première fait dans le poisson cru cuisiné, en lamelles ou accompagné de riz, d'algues et de diverses sauces, tandis que le second lui fait différentes grillades de poissons, accompagné de divers légumes qu'ils arrivent à importer ou a récolter eux même.

Sileas tourne la tête vers son amie en entrouvrant les lèvres, avant de finir par être pris par un réflexe qui l'incite à se servir de leurs doigts entrelacés pour l'attirer contre lui, glissant ensuite un bras le long de sa taille pour déposer sa joue dans sa chevelure tandis qu'ils observent les différents plats, l'homme finissant par reprendre d'une voix un peu plus basse, au vu de leur proximité.

-"J'ai peur que nous n'arrivions à trouver un restaurants qui fait des viandes uniquement... Celui avec les grillades de poisson peut néanmoins offrir un certain compromis, si jamais. On peut aussi profiter d'être ici pour essayer leurs poissons en lamelles et en tranche, on en trouvera rarement du si frais qu'en cet endroit."

Se doutant toutefois bien que cela ne conviendra à cette aventurière gourmande et carnassière, le blond penche la tête pour venir souffler à son oreille d'une voix taquine mais aussi tentatrice.

-"Et si vraiment tu as besoin de viande et d'assouvir ton besoin de sang frais, quand on rentre on profite que la saison chaude arrive pour aller à la chasse au porc-becue et je pourrais t'en préparer du tout frais à peine prélevé sur l'animal pour te consoler. Tu en dis quoi ?"

Toujours essayer de cibler la nourriture pour attaquer Sia par les sentiments, toujours. A défaut de pouvoir lui fournir ce dont elle rêve après tout, il ne peut rien proposer de mieux que de lui offrir ce qu'elle souhaite plus tard... Et d'avoir une bonne excuse de se balader un peu au calme.

Le poisson ne m’emballe pas vraiment, même si cela est bon, j’aime bien moins celui de la mer que d’eau douce. Je ne suis clairement pas habituée à consommer les produits de la mer. Il va donc falloir faire des compromis. Je réfléchis aux deux choix s’offrant à nous avant que Sileas ne me fasse à nouveau rougir quand il propose d’aller chasser ensemble quand on rentre. Je détourne le regard, gênée et pointe le restaurant de grillades.

« Ça ira. Allons ici, ce sera sûrement le plus simple. »

J’ouvre la marche, suivie de près par le blond qui risque de ne plus vouloir me lâcher d’une semelle désormais. Nous sommes très rapidement abordés par un serveur pourtant débordé. Ce dernier nous guide à une table libre, nous donne les menus et nous explique le fonctionnement de l’endroit. De ce que je comprends, nous sélectionnons une variété de produits frais parmi la carte, et nous composons ensuite nos brochettes que nous faisons griller sur le petit grille se trouvant au centre de la table. Le concept est vraiment original et je suis finalement contente de ce choix. En plus de cela, nombre de fruits et légumes frais sont importés depuis Grand Port, et il y a même quelques viandes fraiches en petite quantité.

Le serveur repart, nous laissant le soin de choisir nos boissons et différents menus qui ont différents nombres de plats. Je suis plutôt affamée, mais je laisse le choix du nombre de plats au blond -même s’il va certainement prendre l’option la plus élevée- et me concentre sur les boissons. J’hésite pendant un moment sur les alcools avant de me dire que je ferais mieux de garder l’esprit clair pour ce soir. Tournant tristement la page, je tombe sur différents cocktails sans alcool. Quand le serveur revient après plusieurs minutes, je lui demande une de ces boissons et laisse mon ami commander le reste.

Nous sommes rapidement seuls, sans avoir rien à dire, un silence gênant s’installant. Je me retrouve à baisser le regard en rougissant pour éviter de regarder Sileas en face. Nombre de questions me traversent l’esprit sans réussir à en choisir une. Il semble que lui soit plus détendu que moi en cet instant, mais je suis bien trop stressée de mon côté. Nous avons déjà partagé des repas, plusieurs fois même, mais jamais je me suis sentie ainsi.

Mon regard se porte alors sur un groupe de jeunes femmes un peu plus loin. Elles gloussent et lancent des regards à l’homme au physique très attirant en face de moi. Ce dernier ne doit pas vraiment faire attention à ce genre de choses, et je n’y prête pas non plus vraiment attention habituellement. En cet instant pourtant, un pincement me prend quand je vois la façon dont elle le regarde. Ma mâchoire se serre et je sens que je n’aime pas cette manière qu’elles ont de baver sur lui. Je ne sais pas réellement comment réagir à cela, comprenant à peine ce sentiment, et je me contente de venir chercher la main du blond par-dessus la table tout en évitant de regarder ces pimbêches.

Heureusement, le serveur revient rapidement avec nos boissons, aidant mon esprit à passer à autre chose. Après avoir goûté la mienne, je me décide. Il faut que je me jette à l’eau à un moment, je ne peux pas toujours attendre que les réponses me viennent sans oser poser mes questions.

« Dis Sileas… Je voulais savoir, depuis quand ressens-tu ces sentiments pour moi ? »

Évidemment, je redeviens une tomate en prononçant ces mots, ne sachant plus où me mettre, mais attendant en même temps la réponse avec une certaine impatience.

Finalement c'est le restaurant de grillades qui est choisi. Peut être pas au sens qu'ils l'entendent à la Capitale, la Forteresse ou encore le Village Perché, mais au moins c'est quelque chose proche de ce qu'ils connaissent habituellement. Et au vu de la fréquentation des lieux, les habitués semblent s'y plaire. Mais malgré cette effervescence, le duo finit bien rapidement à une table et tout leur est apporté pour qu'ils puissent choisir. Et a vrai dire, heureusement que c'est le cas, étant donné qu'ils semblent paralysés dans leur silence. Enfin surtout la petite Edelweiss, que le blond ne veut pas brusquer après une telle avancée dans leurs sentiments et leur relation en si peu de temps. Et le choix est plutôt facile. Une bière brassée et fermentée à partir d'algues locales, attire son oeil au niveau des boissons, tandis qu'au niveaux des plats...

C'est l'air à la fois dépité et blême du serveur qui fera comprendre au borgne qu'il a peut être légèrement exagéré sur la demande. En effet, l'appétit ouvert par cette journée qui enchaine les émotions fortes, il s'était dit qu'il en serait de même pour son amie. Au lieu de commander donc un seul menu, il a préféré en commander un pour chacun, même si ils sont initialement prévus pour un groupe entier. Comptant mentalement le nombre de plats différents et surtout la quantité brute de nourriture qu'il va devoir rapporter, le serveur soupire en s'excusant pour aller chercher leurs boissons, murmurant entre ses lèvres.

-"Commander pour huit alors qu'ils sont deux, vraiment, comme si le service était déjà pas assez chargé..."

Bien sur, l'aventurier n'en a cure. Actuellement, il ne pense et n'a d’œil que pour deux choses. La nourriture, certes, mais surtout à Sia qui se trouve devant lui. Cette dernière finit par saisir sa main, et Sileas l'enserre délicatement entre ses doigts en réfléchissant à sa question. Son œil glisse à gauche et à droite, presque... Gêné de devoir y répondre ainsi. Après tout, cela faisait un certain temps qu'il essayait de se rapprocher d'elle, et cette avancée soudaine le ravit, mais le pose aussi dans une situation qu'il ne pensait pas affronter de sitôt. Néanmoins, plus qu'heureux d'être la où il se trouve en cette soirée, il finit par répondre alors que ses doigts viennent resserrer délicatement leur étau sur ceux de sa partenaire.

-"Eh bien je dois dire que tu m'as toujours intrigué, dans ce contraste que tu offres entre ton physique digne d'une nymphe et la résilience, la force d'esprit que tu possèdes de part ton métier et ton travail d'aventurier, surtout après avoir passé ainsi plusieurs jours en ta compagnie. Mais c'est surtout lors de la quête du Minotaure que je me suis rendu compte que je développais peut être plus que de l'affection et de l'amitié pour toi, quand je me suis rendu compte que j'étais sincèrement réellement inquiet de ton état, et attristé de ne pas pouvoir en faire plus pour t'aider."

Et puis peu à peu au fil de leurs rencontres, cette impression s'est effectivement développée. Ce charme naturel que dégage Sia, combiné à cette solidité qu'elle porte pourtant, offrant un mélange qui a su le séduire. Une forme de douceur sauvage et coriace, capable de se débrouiller seule sans avoir besoin de quiconque mais qui sait apprécier de la compagnie. Un mélange qui a fini peu à peu par le charmer, au point que ses joues rougissent légèrement de cet aveu. Il est certes plus habitué qu'elle, mais assumer de façon aussi brutale ses sentiments n'est jamais chose aisée. Et alors que le silence menace de redevenir gênant entre eux, Sileas glisse son pouce sur le dos de la main de son amie, et peut être désormais plus que cela.

-"Et puis-je te retourner la question ? J'ai essayé de te faire voir cet attachement que je te portais, mais je n'ai jamais osé trop aller en avant car j'avais peur qu'il ne soit pas partagé... Mais j'aimerais savoir ce qui t'a menée jusqu’à tout à l'heure."

Possible que la question finisse de la faire rougir et de la rendre incapable de parler, mais au pire les premiers plats ne devraient pas tarder pour permettre d'éviter de rester sur la même gêne qu'auparavant... Mais malgré ces pas timides qu'ils font l'un vers l'autre, Sileas ne peut s'empêcher de se dire que oui, parfois le théâtre ça a du bon.

Heureusement que les boissons sont arrivées rapidement, je peux ainsi masquer un peu de ma gêne avec mon verre. Pourquoi ai-je demandé une chose si gênante ? Sileas me dévoile ses sentiments sans presque aucun mal, même si je vois ses joues légèrement rosir sous cet aveu. Alors il est attiré depuis si longtemps ? En y réfléchissant, il a dû développer ses sentiments assez rapidement puisque cette quête n’a été que notre seconde rencontre. Bien que la première ait été riche en émotion et ayant duré quelques jours, je ne pouvais pas nier à quel point sa compagnie était agréable.

Mais qu’en est-il de mes propres sentiments ? Quand il me retourne la question, je peux juste baisser le regard en direction de mon verre tout en réfléchissant à la réponse. Si lui s’est rendu compte assez vite de ce qu’il ressentait, c'était bien plus difficile pour moi. Je me plonge dans un certain mutisme alors que j’essaye de refaire nos moments ensemble pour connaître le moment clé qui a tout changé.

Comme pour me sauver, le serveur arrive avec la première fournée de plats. Il dépose les plats et s’occupe d’allumer le barbecue magique avant d’ensuite ajouter une seconde table à côté de la nôtre pour faire apporter le restant de nos plats. Bien que je préfère la viande, l’odeur du poisson et la perspective de faire griller le tout vient inciter mon estomac à s’exprimer. Avec un grondement sourd, j’attends patiemment que le serveur parte pour récupérer le premier plat et me servir timidement. Je vois alors Sileas qui m’imite, comme amusé que j’agisse timidement. Ai-je besoin de me cacher avec lui ? Il connaît mon appétit et me dépasse largement de ce côté. Me résonnant légèrement, je chasse cette gêne le temps de me servir réellement, remplissant rapidement mon assiette des diverses options qui nous sont offerts. Quand j’ai un peu de tout, je commence à confectionner les premières brochettes sur des piques métalliques prévus pour être réutilisés. Quand c’est fait, je viens déposer une première fournée pour remplir mon côté du grill et revenir à mes pensées.

« Je ne sais pas trop à quel moment mes sentiments ont commencé à réellement se développer pour toi… Je t’ai toujours trouvé très agréable et j’ai toujours eu ce sentiment d’être à l’aise et en sécurité avec toi… »

Je me gratte la joue, évitant le regard du blond et faisant mine de me concentrer sur la cuisson de mes brochettes que je retourne avec une petite pince.

« Alors si je devais mettre un moment où j’ai eu l’impression que tu t’es mis à compter bien plus pour moi… Je dirais après notre journée ensemble et l’éclosion de nos gloobies. Le fait que tu t’inquiètes ainsi pour mon bien-être m’a réellement touchée et cette journée a été particulièrement agréable. »

Je suis complètement rouge, presque plus que les crevettes qui viennent de finir de cuire sur ma première fournée de brochettes. Je les retire délicatement, les posant dans mon assiette et n’ose pas relever le regard sur le visage de mon ami. Je me contente de regarder son assiette et mes mains, mais n’arrive pas à monter plus haut.

« Il m’a fallu beaucoup de temps pour le réaliser et comprendre… Je n’arrivais plus à te retirer de mes pensées, j’avais envie de passer du temps avec toi, même quand je travaillais. J’avais envie de prendre des missions à la Guilde en espérant tomber sur toi comme partenaire. Mais il m’a fallu les mots d’une maquilleuse tout à l’heure pour réellement me rendre compte de ce que je ressens. Et c’est pour ça que… Que… Que je me suis jetée à l’eau, on va dire. »

Je suis encore plus gênée de cet aveu, n’osant plus quitter mon assiette du regard. C’est entendre le blond légèrement rire qui me fait relever le regard sur son visage. Je peux lire sa joie, une certaine douceur et je ne peux m’empêcher de rougir un peu plus en voyant le rose qui teint ses joues. Je ne sais pas depuis quand il attend comme ça, mais on dirait qu’il est vraisemblablement heureux d’entendre ces mots. Je ne peux m’empêcher alors de détourner légèrement le regard en reprenant la parole.

« Je sais que je suis pas très douée avec les sentiments et ce genre de relations… Donc n’hésites pas à faire le premier pas sinon tu risques d’attendre longtemps sur moi… »

Soudainement, je me mets à avoir peur qu’il ne puisse attendre sur moi et se lasse. Même s’il m’a affirmé le contraire plus tôt, je ne peux m’empêcher de penser qu’une fille coincée comme moi, ce soit attirant.

Même si le blond est bien plus à l'aise que l'Edelweiss avec ses sentiments, il n'est pas pour autant facile de s'ouvrir autant ou d'entendre de telles paroles. Les interruptions du serveur sont fort heureusement la pour leur offrir quelques interludes dans ce moment certes doux, mais particulièrement gênant en même temps. Les plats sont servis et Sileas sourit en voyant la demoiselle se retenir, avant de revenir à la raison. Il n'est pas du genre à la connaître avec de telles manières, et ça le surprend presque de la voir hésiter, signe qu'elle est particulièrement chamboulée. Lui même se sert copieusement dans les différents plats et commencer à faire griller la première fournée tandis que la conversation reprend.

Finalement, le temps que Sia finisse de se confier, les premières brochettes sont préparées. Sileas mélange légumes qu'il fait griller aussi avec du saumon, d'autres composées de thon, et certaines encore de crevettes. Les quelques viandes présentes seront gardées pour la fin, en met final au vu de leur rareté ici. Les joues de l'aventurier sont légèrement rosies sous les aveux, et hélas il ne peut justifier de la bière pour cela, n'en ayant pas encore bu assez. Mais ça ne l'empêche pas de répondre, une fois une première bouchée prise pour vérifier la qualité du poisson et sa fraicheur.

-"Tu m'as toujours donné cette envie d'essayer de te protéger et de te chérir, même si je sais très bien que tu es plus que capable seule. Surtout que nos premiers moments ensembles n'ont pas toujours été les plus faciles, donc je voulais être la pour toi et pour pouvoir te soutenir."

La première brochette est dévorée, suivie d'une gorgée de bière. Un bon moyen d'arriver à se concentrer pendant quelques secondes sur autre chose.

-"Et j'avais vite compris que tu avais du mal avec ces choses aussi... Je ne voulais pas te presser justement et te laisser le temps qu'il te fallait. Mais je suis tout de même heureux que cette maquilleuse aie fini par te souffler d'oser aller de l'avant. J'aurais surement attendu encore un bon moment avant de me décider à prendre les choses en main et essayer de te bouger un peu sur ce sujet."

Eh oui, a trop vouloir lui laisser le temps, cela aurait pu être long. Mais il semblerait qu'au moins cette première partie, elle, soit terminée. Et ce n'est clairement pas pour déplaire au blond, qui mange avec un appétit renouvelé au fur et à mesure que les mots sortent de sa bouche. La gêne s'évapore peu à peu, laissant place au simple plaisir d'être dans le moment avec la jeune femme.

-"Mais maintenant c'est derrière nous, il faut regarder de l'avant. Je sais qu'il nous faudra beaucoup de temps, pour s'assurer de nos sentiments, de nos envies, de nos désirs, et qu'on est pas au bout de nos surprises... Mais je tiens à continuer d'être la pour toi et t'aider quand je le peux. Et qui sait, peut être que j'arriverais plus facilement à te convaincre de repartir en mission avec moi, maintenant ? Je pourrais prétexter de vouloir passer un moment rien que tous les deux ainsi."

Le repas rythme ainsi leur échange. Si il était presque timide au début, le borgne retrouve son rythme habituel, dévorant brochette après brochette alors que le grill ne cesse de tourner. La commande était massive, et ils ont chacun plus que leur part de nourriture, mais cela suffit à peine à Sileas, dont les émotions ont fini d'ouvrir un solide appétit. Il est néanmoins important de trouver un bon rythme, et ce dernier s'impose des pauses pour continuer la conversation.

-"En parlant de missions, j'aimerais pouvoir t'aider avec ta forge, autrement qu'en t'aidant simplement à la nettoyer. Je ne peux pas te rapporter des minerais car je ne suis pas mineur, mais si jamais tu as besoin de ressources provenant des créatures précises, j'essayerais d'en acquérir pour toi. C'est ma façon à moi de t'aider à pouvoir réaliser tes désirs..."

En effet, la conversation par cristal où il s'est retrouvé à ainsi doucher ses espoirs n'est pas si longue que cela, et le blond a envie de passer par dessus. Certes il préfèrerait un vie d'aventures aux cotés de la demoiselle, mais elle est passionnée par la forge. Ce qui n'est pas pour déplaire à Sileas qui risque de lui passer de nombreuses commandes, en un sens. Mais si jamais il peut aider en plus avec ses propres quêtes, autant profiter de l'occasion et de faire d'une pierre deux coups. Elle obtient des matériaux à prix assez bas pour pouvoir s'assurer des parts de marché, et lui fait plaisir à celle qui lui plait tant.

La conversation n’en finit pas de me faire rougir. Je ne sais plus où poser mon regard, m’abandonnant dans l’alcool et la nourriture pour éviter d’être trop gênée. Même s’il assume mieux les choses, Sileas est dans un état similaire au mien, ce qui a le mérite d’un peu me rassurer. À la mention de la possibilité de m’emmener plus facilement en mission, j’esquisse un sourire en rougissant de plus belle.

« Qui sait… »

Il n’a évidemment pas tort, je risque de céder plus aisément, mais pas seulement pour être avec lui. Même si je sais le blond particulièrement solide et bien plus expérimenté que moi, je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour lui. Au fond, j’espère le convaincre de faire des quêtes moins dangereuses si je l’accompagne. Et puis, une part de moi n’a pas très envie de le laisser seul avec possiblement une partenaire féminine. Une pointe de jalousie absurde qui m’étreint le cœur depuis déjà quelque temps.

Je relève le regard quand il vient à parler de la forge et de notre plan initial de nettoyer l’ancienne forge Obsid. Je ne sais trop que répondre tout de suite, me grattant la joue avec un air légèrement gêné.

« C’est gentil… J’ai réfléchi à ce que tu m’as dit l’autre fois, que je ne dois pas voir trop en grand, trop vite et j’ai vraiment posé cela. Résultat, je ne sais trop que faire de cette forge. »

Un petit aveu que je n’avais pas encore osé faire. Même si j’hérite de cette forge, aujourd’hui je ne suis plus sûre de vouloir la récupérer.

« Avoir ma propre forge, c'est mon rêve depuis des années, je ne vais pas le nier… Mais une partie de moi n’est pas sûre que ce soit la bonne idée. Certes l’endroit est magnifique et j’espère que les bâtiments n’ont pas trop souffert de la saison froide sans entretien, mais disons qu’avant cela j’avais commencé à imaginer d’autres choses. Récupérer cette forge, c’est me fermer à l’idée de pouvoir réaliser mes autres projets. Et qu’on ne se le cache pas, bien que le paysage soit à couper le souffle, la forge n’est pas placée idéalement. »

Nouvelle gorgée pour chasser la sécheresse de ma gorge avant de poursuivre.

« Mon maître avait un côté légèrement excentrique, un peu du genre qu’il fallait mériter ses créations. Je ne suis pas ainsi. Je pense que chacun doit mériter d’avoir une arme décente qui lui correspond, qu’importe la personne ou ce qu’elle va faire de ma création. Donc avoir sa forge au milieu des montagnes, c’était un moyen pour lui de montrer qu’il faut mériter le rencontrer. Moi, ça risque de me pénaliser et de me couper de beaucoup de clients potentiels. Sans parler des approvisionnements en matières premières ou quand je dois discuter avec des partenaires pour des travaux d’envergure… Devoir faire le voyage à chaque fois n’est pas pratique du tout. Il y a quand même une bonne heure de marche jusqu’à la Forteresse. »

Et ce n’est pas rien. La localisation de la forge est ce qui me freine le plus dans mes projets actuellement. Mais je me rends compte que j’ai complètement dévié le sujet.

« Pour ce qui est des matériaux de monstres… J’avoue n’en avoir presque pas utiliser pour le moment. Mais Lyle avait un contrat avec le Trône d’Amphitrite et je connais bien celui qui l’a démarché. Je dois les contacter pour annuler l’ancien contrat et ils vont sûrement me proposer un marché similaire… Je peux sûrement leur glisser un mot à ton sujet ? Je ne pense pas qu’ils vont refuser un bon combattant, et je n’aime pas forcément l’idée que tu m’apportes gratuitement des matériaux à travailler, même si ça me touche. »

Une nouvelle nuance de rouge prend mes joues, ma voix devenue plus timide. Je ne voulais pas refuser l’offre de Sileas, mais ma conscience ne me permet pas d’accepter ainsi. À mes yeux, il est un combattant incroyable, il a un niveau que je n’aurai jamais et je m’en voudrais d’ainsi récupérer des matériaux qu’ils pourraient revendre à prix d’or.

Heureusement, entre le repas qui est délicieux malgré son manque de viande, les boissons et leur conversation qui dérive peu à peu hors des sujets les plus sensibles qui les mettent tous deux en gêne d'ainsi devoir assumer ce qu'ils éprouvent, Sileas se reprend peu à peu, reprenant un visage aux teintes plus normales, et un appétit renouvelé. La forgeronne explique ses hésitations et ses interrogations, et l'aventurier l'écoute attentivement. Bien sur, cela ne l'empêche pas d'enfiler une brochette entière en deux bouchées, poussant un soupir d'aise en se remplissant l'estomac. Vient ensuite son tour de parler, ou plus précisément de donner son avis sur cette situation. Mordant sa lèvre pour réfléchir, le borgne laisse son regard se perdre dans celui de sa partenaire, déposant quelques secondes sa nourriture pour se concentrer sérieusement sur cette question épineuse.

-"Je comprends ce que tu veux dire. Récupérer une forge, même si elle a souffert d'un hiver sans entretien reste une opportunité rarissime sur laquelle tu ne devrais pas détourner le regard. Mais de ce que tu me décris, elle ne correspond pas entièrement à tes besoins. Tu as tout ce qu'il faut pour devenir une forgeronne de légende, mais ta renommée n'est hélas pas encore assez grande pour justement pouvoir attirer les gens loin de la ville."

Clignant des yeux, l'homme se rend compte de ce qu'il vient de se dire et se racle légèrement la gorge, avant de reprendre, essayant de s'assurer qu'elle ne prenne pas mal la chose.

-"Et je ne dis pas que tu n'as pas de talent, loin de la, attention. Juste que tu es une forgeronne talentueuse, il te faut juste arriver à te faire un nom. Une boutique en ville ou en périphérie te permettrait peut être plus facilement de trouver une clientèle et la fidéliser. Hélas, ce n'est pas tout a fait le même tarif, entre juste retaper une forge encore en état mais éloignée, et acheter une forge entière. Je pense qu'il faudra soigneusement examiner les deux opportunités une fois qu'on se sera occupés de nettoyer la forge."

Sileas arque ensuite un sourcil à ce que lui dit Sia à propos de son offre. L'homme avait pourtant été très clair dans sa proposition. Il ne peut néanmoins s'empêcher d'offrir un petit sourire à l'Edelweiss, laissant quelques secondes le silence planer, uniquement interrompu par le bruit du poisson qui grille ainsi que de la boisson que le blond termine avec un soupir d'aise.

-"Alors si tu n'aimes pas l'idée, dis toi que tu feras mes armes en échange. Outre ma lance enchantée, j'utilise bon nombre d'armes qui elles, ne le sont pas encore, et tendent à rapidement s'abimer. Je n'ai pas envie de te faire payer des matériaux qui pourraient te servir. Quand au Trône d’Amphitrite, je serais curieux de les rencontrer en effet. Si je peux lier mon travail à la guilde a d'autres missions et avoir un revendeur fixe pour tout ce que je peux dépecer de mes proies, ce n'est pas inintéressant. Et qui sait, j'apprendrais peut être même de meilleures techniques auprès d'experts qui savent ce qu'ils font."

L'idée d'avoir des cristaux bonus est toujours quelque chose de plutôt sympathique. Bien sur, il n'oublie pas de continuer à fournir la demoiselle gratuitement, mais cette dernière ne semble pas de cet avis. De plus amples négociations seront nécessaires, et ce n'est peut être pas le moment le plus adapté pour cela, alors qu'ils partagent un repas après quelques aveux chargés d'émotions. Et c'est justement en repensant à ces dernières que l'aventurier profite d'une pause dans leur repas qui avance bien pour glisser l'une de ses mains sur celle de la demoiselle et la serrer légèrement entre ses doigts tout en venant lui offrir un sourire.

-"Mais en tout cas, je tenais à te dire que même si ces interrogations concernant la forge et ton futur sont importantes et que je compte te soutenir de mon mieux et te conseiller si je le peux, le plus important en cet instant reste tout de même que je partage ce moment avec toi, et que j'en suis sincèrement heureux."

Après cette remarque, l'homme rosit légèrement de nouveau avant de se reprendre, offrant un sourire à sa partenaire tout en serrant un peu plus fort entre ses doigts la main de la demoiselle. Le repas avance à bon rythme, particulièrement aidé par l'appétit d'ogre que les deux partagent. Et quitte à passer la soirée ensembles, pour une fois, Sileas lui même préfèrerait la passer ailleurs que dans un restaurant. Il pourra toujours combler son appétit le lendemain après tout, en cet instant, il a plus envie de profiter de la présence de cette demoiselle qui lui fait ressentir tout cela.

Notre conversation s’enchaine plutôt agréablement. Autant Sileas que moi-même sommes assez têtus. Quand je refuse qu’il m’offre gratuitement des matériaux de monstres, il trouve le moyen de négocier le fait que ce ne sera pas vraiment gratuit. J’avoue être légèrement frustrée de ne pouvoir rétorquer quelque chose, soupirant même avant de me venger sur la nourriture en m’avouant presque vaincue. Je pense continuer à manger silencieusement et à mon appétit jusqu’à ce que les prochaines paroles du blond manque de me faire m’étouffer.

Mon visage devient rapidement cramoisi, ne sachant plus où me mettre et essayant autant que possible de me concentrer sur la confection de mes brochettes pour masquer mon embarras. Quand je n’ai plus rien pour m’occuper les doigts, mes brochettes cuisant doucement, j’essaye de me masque dans mon verre qui finit bien trop rapidement vide. Une fois légèrement calmée, mais toujours aussi rouge, je finis par lui répondre.

« J’en suis aussi heureuse… »

Je ne peux m’empêcher de baisser le regard en disant cela, n’arrivant pas à calmer ma gêne. Au moins cela ne semble pas déranger mon partenaire de tablée pour autant. Je me permets donc de simplement manger à mon appétit. Le repas se poursuit de manière plus calme, nos conversations redevenant plus banales tant que nous mangeons.

Nous n’avons pas eu un tel festin depuis longtemps, mais cela me rappelle presque le repas que nous nous étions faits après notre première mission ensemble. Un léger sourire, à la fois heureux et légèrement nostalgique, étire mes traits à cette pensée. Je la garde toutefois pour moi, préférant garder mon énergie pour finir le buffet à notre disposition. Quand enfin la table se désemplit et que la quasi-totalité des plats se retrouvent vide, je finis par m’avouer vaincue. Encore une fois, le blond est celui qui mange le plus et qui termine les quelques morceaux restants.

Même si le poisson et les produits de la mer sont loin d’être ce que je préfère, avoir pu finir par de la viande m’a fait du bien. Alors quand le serveur revient pour nous proposer des desserts -et débarrasser la table couverte de plats vides- je me contente d’un simple digestif pour essayer de faire passer le tout. Sileas et moi ne sommes plus vraiment seuls le temps que le tout soit débarrassé et ce n’est qu’une fois nos verres servis que nous sommes à nouveau tranquilles.

N’ayant plus grand-chose à dire, un petit silence gênant s’installe alors que je fixe mon verre. Je le fais légèrement tourner en réfléchissant à ce que je peux exprimer pour rompre ce calme s’étant installé entre nous. Je ne peux m’empêcher de repenser à la journée, beaucoup de choses ayant eu lieu. Mon rougissement revenant en pensant à la scène de notre baiser lors de la pièce de théâtre, je me dis qu’il vaut mieux boire. Je lève mon verre en direction du blond, l’invitant à trinquer avec moi.

« À notre performance d'aujourd’hui et au nouvel avenir s’offrant à nous alors ? »

J’attends qu’il vienne me suivre dans mon geste avant de boire cul sec le shot que l’on m’a servi. Un frisson descend le long de ma nuque et de mon dos, la brûlure dans ma bouche et ma gorge me faisant légèrement me remettre de mon état de plus tôt. J’en oublie ma gêne et tout ce qui a pu me faire rougir ce soir, comme si on me réveillait d’un coup.

Pour la suite, l’addition est rapidement payée, de nombreux cristaux étant dépensé dans le festin auquel nous avons eu droit. Quand nous sortons enfin du restaurant, il y a à nouveau un moment légèrement gênant entre le blond et moi. Pendant plusieurs minutes, nous marchons juste silencieusement l’un à côté de l’autre. Personnellement, je ne fais pas très attention à l’endroit où nous allons jusqu’à ce que je me dise qu’il est plutôt tard. Si nous voulons regagner la côte demain, nous ne devons pas nous lever trop tard. Nous aurons aussi notre quête à rendre, ce qui signifie que nous devons trouver un endroit où dormir.

Forcément, à cette pensée, je rougis à nouveau. J’ai déjà dormi avec Sileas, dans des situations même bien plus embarrassante, pourtant l’idée de dormir à nouveau avec lui me fait soudainement paniquer. Ma tête tourne légèrement, certainement dû à mon ventre bien trop-plein et à l’alcool que j’ai consommé, mais aussi à la panique s’emparant de moi. Je me retiens presque de vomir, m’accrochant d’un coup au bras du blond et venant lier mes doigts aux siens. Je ne dis rien pendant un moment, attendant que les maux de mon ventre se calment. Quand enfin, je vais un peu mieux, je pose ma tête sur son épaule, le monde autour de moi se mettant à tourner. Je le laisse me guider en lui faisant aveuglément confiance. Je sens que mes mains deviennent moites, mais je dois parler et sortir ce à quoi je pense.

« Sileas… On devrait aller dormir, non ? Il faut qu’on se trouve un endroit où dormir… Je sais qu’on a déjà dormi ensemble… Dans des situations parfois embarrassantes… »

J’ai soudainement du mal à réussir à formuler ce que je pense, mon visage chauffant, mes idées se faisant vagues, mais me forçant à parler. Mon corps entier transpire la panique, mais je fais de mon mieux pour le masquer.

« Ça ne me dérange pas que l’on dorme ensemble… Je veux dire… Dans la même chambre. Ou dans le même lit… »

Le repas se termine dans des conversations plus banales ponctuées de silences parfois gênants. Difficile d'y faire grand chose, la journée fut riche en émotions, et outre l'appétit, il y'a aussi beaucoup à accepter et absorber. En une journée, passer d'être amis, certes relativement soudés mais d'amis à potentiellement plus, en de telles circonstances, cela reste beaucoup à avaler. Et finalement, même si parfois le mutisme qui baigne la table peut attaquer les nerfs, il est nécéssaire. Le blond est dans ses pensées à ressasser tant le passé que la suite des évènements, finissant peu à peu sa part, puis celle de Sia quand cette dernière n'arrive pas à finir sa portion. La table est débarrassée, un digestif servi. Avec un sourire, l'aventurier trinque avec sa collègue dans un tintement joyeux de verre.

-"A cette soirée ainsi qu'a toutes celles à venir ensembles. Et oui, à notre performance aussi. Des missions, je commence à en avoir effectué un bon nombre, mais alors dans un théâtre, c'était bien une première..."

L'addition est ensuite réglée et le duo se retrouve de nouveau dans les rues de ce décor somptueux. Chacun est dans ses pensées et le silence se poursuit, à la fois dérangeant et étrangement rassurant. Seul le bruit de leurs pas et des passants qui ont leurs propres conversations trouble les pensées de Sileas. Du moins, jusqu'au moment ou soudainement Sia semble prise d'une crise de panique, ou de maladie peut être. Quand il sent les doigts de la jeune femme serrer son avant bras il pivote vers elle, penchant la tête pour observer son état tout en posant sa main libre sur l'épaule de la forgeronne en lui demandant d'une voix dans laquelle pointe une certaine inquiétude, n'ayant absolument aucune idée de ce qui met dans un tel état la demoiselle.

-"Sia, tout va bien ? Tu veux qu'on se pose un peu sur un banc le temps que ça te passe ?"

Nulle réponse, ni même réelle réaction. La seule chose qu'il sent sont les doigts de l'Edelweiss qui viennent entrelacer les siens. Avec un léger soupir il vient serrer ses doigts des siens alors qu'elle finit par se blottir contre lui et reprendre la marche. Il lui emboite le rythme, avant d'en prendre la tête. La demoiselle ne semble réellement pas à l'aise, mais ne veut pas parler pour autant. Et le blond est dans l'obscurité totale jusqu'à ce qu'elle se force enfin à parler. Trouver un lieu ou dormir ensembles et passer la nuit dans le même lit. Cela était donc ce qui la troublait tant, au point de la faire pratiquement paniquer. Il est vrai que pour lui, la question ou le problème ne se posait même pas. Ils ont déjà dormis, et en des situations bien plus compromettantes. Mais en voyant la réaction de Sia, le borgne comprend qu'il n'en était peut être pas de même pour la jeune femme. Tout en continuant de marcher d'un pas tranquille, se dirigeant vers les rues plus propices à contenir des auberges, Sileas pose sa seconde main sur celle qu'il tient déjà pour légèrement la presser, venant l'enserrer de sa prise en reprenant d'une voix plus douce.

-"Détend toi Sia, tout va bien se passer. Si cela te va de dormir ensembles, cela me va aussi. Mais si tu préfères faire chambre à part car tu ne te sens pas encore, je le comprendrais tu sais."

Mais la forgeronne semble décidée après avoir parlé, et ne veut pas revenir en arrière... Durant une poignée de secondes, avant de finir par accepter l'offre de prendre deux chambres séparées d'une voix presque timide. Cela fait sourire l'homme qui continue de les guider, jusqu’à finir dans un quartier aisé de la ville. Quelques rues supplémentaires et leurs pas finissent par les porter devant une petite auberge de deux étages. L'établissement semble calme, bien entretenu, et plutôt que de continuer à chercher au hasard ou finir par demander à la branche locale de la Guilde, le borgne les fait entrer. L'ameublement est aussi agréable que la devanture, et sans réellement chercher à plus réfléchir, il paye la somme nécéssaire pour leurs deux chambres avec les commodités pour pouvoir prendre un bain. Avec un sourire, la tenancière leur donne a chacun leur clé et leur indique que leurs chambres se trouve au premier étage. Autant de rangées de marches plus tard et enfin la porte s'ouvre sur une chambre plus que confortable, comportant un coin d'eau. Exactement ce dont Sileas avait besoin. Enfin, il aurait aussi bien eut besoin de la présence de Sia à ses cotés, mais cette dernière semble avoir besoin d'un peu de temps avec elle même pour s'habituer à cette nouvelle situation. C'est donc en pivotant vers elle qu'il vient lui offrir un sourire qui se veut sincère en se rapprochant d'elle pour la dernière fois de la journée.

-"Bonne nuit à toi petite Edelweiss. Essaye de te détendre un peu, tout va bien se passer... Et prends un peu de repos, on va avoir une sacrée journée demain pour rentrer."

L'aventurier hésite à refermer sur cela. Mais il ne peut pas laisser la jeune femme ainsi, pas après tout ce qu'ils ont traversés. Le blond glisse donc ses mains dans celles de la forgeronne pour l'attirer à lui, déposant un baiser sur son front avant de glisser ses lèvres pour lui en prendre un second plus doux et tendre, qui le fait presque rougir lui même, le faisant durer jusqu’à arriver à court d'air. Quand enfin leurs lèvres et leurs corps se séparent, l'homme vient saluer une dernière fois la demoiselle, avant de rejoindre sa chambre pour prendre un bain et prendre un peu de repos. Non, définitivement, parfois, le théâtre, ça peut avoir du bon. Et c'est au moins la preuve que tout n'y est pas surjoué.