EMPYRÉE - PAR DELÀ LES REMPARTS, LA NATURE EST REINE

Berthold Pratchett n’en revenait pas lui-même, nous a-t-il dit ce matin lors de sa conférence de presse. Le diplomate de la Couronne, plein d’émotions, remercie le gouvernement ainsi que le couple royal de lui avoir fait tant confiance et permis de visiter la nation voisine. M. Pratchett, fort excité de son voyage, n’a pu contenir sa joie et immédiatement entamé sa conférence en nous présentant tout un panel de clichés pris au cadre magique. Plusieurs paysages défilent sur les images, mais également des empyréens en pleine action. Sur l’une d’elles, un pisteur commandant un golem baliste repousse ce qui semble être une abeille géante qui se retranche vers la cime d’une jungle. Ce pisteur n’était pas seul à encadrer notre cher Berthold Pratchett. Toute une escouade d’une dizaine d’experts, trappeurs et chasseurs, la plupart en tandem avec un golem, tous sous l’égide d’une même bannière, d’un même nom : les Meskos. « Certains d’entre nous sont les descendants d’anciens guerriers et chasseurs d’Empyrée. Mais, contrairement aux autres grandes familles de notre nation, les Meskos sont devenus un véritable clan, au point que l’on adoube certains empyréens en tant que Meskos, comme un titre honorifique. », explique Dieval, chasseur.

Dieval, trente ans, est un Meskos, adoubé depuis déjà sept ans. Ce dernier, comme d’autres membres de l’escouade, s’est d’ailleurs montré fort intéressé par les activités que peuvent mener les aventuriers de notre Guilde. « Vu les activités de cette Guilde dont vous nous parlez », partage-t-il, « nous sommes déjà pressés de pouvoir collaborer avec eux ! ». Des vœux susceptibles de se concrétiser dès que la frontière sera ouverte. Berthold Pratchett renchérit d’ailleurs cela en affirmant que les aventuriers de la Guilde auront largement de quoi faire en compagnie des Meskos d’Empyrée. En effet, l’immense cité du nord est bordée de territoires relativement dangereux. Si nous connaissons déjà le péril que représente les steppes glacées qui nous séparent d’Empyrée, c’est derrière leur mégapole que nous découvrons les paysages les plus surprenants. Escorté par les Meskos, c’est vers une forêt titanesque que Berthold Pratchett est conduit. L’insecte volant qu’il montre sur le cadre magique est, vraisemblablement, une ouvrière d’une immense ruche contrôlant une partie de ce qui semble être une jungle des plus luxuriantes.

« Dans cette forêt, c’est les plantes et les insectes qui font la loi, c’est nous les intrus. », explique Dieval à notre diplomate. « Les apictoïdes, comme l’abeille géante que vous avez vu, sont loin d’être les seuls maîtres des lieux. La vraie reine de la jungle, c’est la flore. ». Les Meskos ne conduisent pas Berthold Pratchett très loin afin de ne pas le mettre en danger. Mais notre cher délégué nous jure n’avoir vu que des plantes dont il ne pouvait même pas soupçonner la forme, des cours d'eau pourpre ou écarlate comme du sang, des courants de spores opaques circulant entre les corolles de fleurs gigantesques… Et si cela ne suffisait pas, les empyréens ont ajouté que la forêt s’étend également en sous-sol où, malgré tout, de nombreuses espèces d’insectes et de fungus pullulent à n’en plus finir. « Nos aventuriers risquent d’avoir des problèmes s’ils ne viennent pas préparés dans cette forêt. C’est signer son arrêt de mort que d’entrer ici seul », prévient M. Pratchett, inquiet de la témérité de certains aryonnais…

Après cette escapade dans la jungle, les Meskos emmènent M. Pratchett vers le nord-est d’Empyrée, sur une zone très rocailleuse où la chaleur est toujours harassante mais où il fait moins humide. « Ils m’ont dit qu’ils m’emmenaient voir le Hurleur ou le Faiseur d’arc-en-ciel. J’ai très vite compris de quoi il s’agissait. », raconte le chef de délégation en montrant un nouveau cadre avec, au loin, un immense volcan crachant des jets de lave multicolore. Les gerbes de magma se déversent lentement sur ses flancs en plusieurs traînées chromatiques, une rougeoyante, une d’azur, une autre jade, pour former plusieurs rubans lumineux. « En même temps qu’il crache, on peut entendre un distant écho, d’où son surnom d’Hurleur. », continue M. Pratchett avec son récit, précisant que c’est sur ces terres arides et fumantes que les Meskos passent le plus clair de leur temps à chasser.

Toujours avec Pratchett, Dieval a troqué son golem piégeur pour un homoncule monture, plutôt rudimentaire, dont il se sert pour progresser avec notre diplomate sur ces terres infernales. Les Meskos ne sont pas les seuls à s’aventurer par ici, des mineurs d’Empyrée ont investi plusieurs veines et on peut entendre ça et là le son des pioches en plein travail. « Il y a des filons normaux et des mines ordinaires autour du Hurleur. Mais quand nous, les Meskos, on va miner… Ce n’est pas de la manière dont vous le pensez. ». Dieval, mutin, explique à M. Pratchett que miner, en Empyrée, ne veut pas forcément dire battre la cadence à l’aide d’une pioche. En effet, l’empyréen apprend à M. Pratchett qu’énormément d’espèces de ce territoire sont en réalité couvertes de métaux ou de gemmes. Elles naissent directement dans des galeries sous-terraines, lorsque les laves colorées du volcan, parviennent à tomber sur les filons. De ce fait, une partie du “minage” est en réalité une grande chasse durant laquelle la bête doit être traquée puis vidée de ses ressources.

« On essaye de ne pas tuer ces créatures, elles retournent vers le volcan et se retirent dans les fleuves de lave. Là-bas, leurs minerais repoussent progressivement sur leur corps. Les tuer reviendrait à nous faire perdre des ressources. », expose Dieval en précisant que ces chasses sont, évidemment, relativement dangereuses dans la mesure où la plupart des animaux présents ici ne se laissent pas faire et les neutraliser peut parfois être fort complexe. Berthold Pratchett a alors questionné Dieval sur ce qui se trouve derrière le volcan. Le Meskos lui apprend alors qu’il y a un immense lac, mais que les empyréens n’y vont jamais. « Il n’y a rien là-bas, à part de l’eau. Les poissons ont disparu du lac en plus, alors on préfère aller pêcher sous la banquise au niveau de la mer, à l’ouest de la cité. ».

C’est avec des étoiles plein les yeux que Berthold Pratchett nous est rentré, pressé de pouvoir retourner explorer les environs de la ville en compagnie de ses nouveaux compagnons Meskos. Le diplomate ajoute que le projet de grand tunnel reliant Empyrée à Aryon est bientôt terminé et que l’inauguration devrait se faire très bientôt, dans la mesure du possible. Mais nous savons pertinemment que c’est à la Couronne de décréter ce genre de chose. Une seule question reste sur nos lèvres : quand vont-ils bien se décider à nous l’annoncer ?