Alors qu’il revenait de sa ballade ô combien instructive avec sa charmante compagnie, cette dernière ne put s’empêcher de tenter d’intervenir en craignant que les choses aient dégénéré de leurs côtés. Soyons honnête, Fen aurait parié sur le golem… Mais bref. Après s’être dit qu’il allait bien rigoler, le jeune homme constata que la garde pouvait être réactive, mais pas autant que leur hôte qui reprit rapidement à l’ordre cette dernière avant de l’invité à la suivre. Mais un détail le surprit, la femme était en réalité une hybride ? Curieux, y avait-il deux espèces de personne ici ? Ou bien s’agissait-il d’une Aryonnaise ayant migré en Empyrée ?
Curieux mais pas intrusif, le jeune homme intervint tout de même en faveur de la garde afin d’éviter que son geste n’ai de trop lourde conséquence pour son avenir. D’un ton détendu, il interpella Tsarra.
- Si ça peut vous intéresser, elle a été très correcte envers moi et répondu à toutes mes interrogations sur le moment. Puis doit-on punir une garde qui n'a fait que son travail et fait preuve d'une réactivité plutôt gratifiante ?
Un mensonge éhonté certes, mais ça, leur hôte ne pouvait le savoir. Cela dit, Fenrir constata rapidement qu’il se heurtait à un mur, car la femme semblait bien décidée à remettre le chaton dans la chatière… Ou bien dehors allé savoir.
- Très bien, je prendrai note de ce que vous précisez. Néanmoins, il y a des limites à ne pas franchir : être réactif, c'est une bonne chose, foncer tête baissée en manquant d'éléments et risquer un incident diplomatique en est une autre.
Fenrir ne manqua pas de sourire avant de hausser les épaules tout en reprenant sur un ton sérieux jusqu’à la fin de sa réplique qui se voudra plus détendu pour finir sur une note plus respectueuse envers Tsarra.
- Question existentielle de chasseur, doit-on attendre la certitude de ce qu'il y a derrière un buisson qui bouge avant de s'armer d'une flèche ? Et puis Rhis a la peau solide, ça ne lui aurait pas fait de mal de se faire flanquer au sol pour une fois. Le seul incident diplomatique, ça aurait été que je puisse en mourir de rire ! Enfin, c'est votre employé, je ne mêle pas plus de vos affaires.
La réponse de Tsarra eut le mérite de faire rire le jeune homme qui imagina irrémédiablement la scène ô combien amusante.
- Certes, enfin si vous êtes en randonnée avec votre belle-famille, je ne suis pas sûr que l'instinct de chasseur suffise à excuser la flèche dans la jambe de votre beau-père.
Qu’est-ce que son beau-père aurait été faire derrière un fourré sans s’annoncer en cas d’appel. Puis lors d’une sortie en famille, prendre un arc avec soi est déjà particulièrement peu recommandé. Sa dernière réplique fut pour ce que Fenrir avait dit sur Rhis. Bien qu’il n’était pas sérieux, c’était quand même plus fort que lui.
-Il me semble solide en effet, mais ce n'est pas une raison.
Des échanges s’en suivirent entre lui et ses deux comparses, rapidement, le jeune homme mit à plat tout ce qu’il avait découvert concernant l’écosystème d’Aryon. Rapidement, ils convinrent qu’un échange pourrait être profitable pour les deux nations, mais Fen lui avait clairement un but plus personnel à sa découverte. Le jeune homme avait donc la ferme intention de voir un herbier ou plusieurs avant son départ. Cependant, il avait la sensation que ce ne serait pas si facile. Après tout, ici, la langue écrite n’était probablement pas la même… Seul Tsarra pourrait le renseigner et durant le trajet, le jeune homme se risqua alors qu’il observait la garde se faire emmener par d’autres gardes et après les paroles de Tsarra concernant le repas.
- Dites moi, je me demandais s’il serait possible de jeter un œil à un herbier ?
La réponse de Tsarra ne manqua pas de le surprendre cependant lorsqu’elle lui affirma en avoir plusieurs, mais d’aucune utilité pour lui. Fenrir resta un petit instant pensif à la nouvelle. En quoi un herbier ne serait pas utile, le principe même de ce genre de livre était clairement d’être utile à son lecteur.
- Pourquoi donc ? En général, un herbier sert avant tout à composer la plupart des informations concernant les plantes locales. Je ne vois pas en quoi il ne m'aiderait pas à mieux comprendre votre écosystème.
L’hypothèse sur l’écriture n’était pas si éloignée de ce que Tsarra lui confia, effectivement, il avait bien une langue écrite différente car elle avoua.
- Avant de comprendre l'écosystème, il faut déjà comprendre ce qui est écrit sur le livre.
Une information intéressante pour Rhis ou Kasha probablement, mais pas pour lui qui contra rapidement l’argument en demandant après un petit moment de réflexion.
- Vous pourriez peut-être me permettre de vous emprunter un garde à nouveau pour me faire la lecture ?
- Je pense que nous n'allons pas tarder à remonter manger. Vous me parlerez plus en détail de ce que vous voulez trouver, qui sait, je pourrais peut-être vous aider.
Fenrir se retint de gromeler car lorsqu’il avait une idée en tête, c’était plus fort que lui, il fallait qu’il aille au bout le plus vite possible. Mais Tsarra ne semblait pas décidé à lui faire ce plaisir. D’ailleurs, l’aventurier n’aimait pas trop devoir confier ce qu’il cherchait en réalité et tout en observant devant lui, il resta évasif sur ses raisons.
- Je ne cherche en particulier pas, je suis simplement curieux. Mais si ce que je peux voir dans vos herbiers se confirme, alors il se peut que vous puissiez mettre en avant une voie diplomatique aussi intéressante pour votre peuple que pour le nôtre... En théorie... En ce qui me concerne, je m'intéresse surtout à vos plantes médicinales.
- Médicinales vous dites? Vous utilisez ça chez vous ?
Une pointe de curiosité se manifesta dans le regard du jeune homme. Après tout, pour lui, être coincé en forêt sans connaissance élémentaire des plantes médicinales pouvait être dangereux pour n’importe qui. Cependant, il en vint à se demander si les plantes médicinales étaient développées en Empyrée au vu de la réaction de Tsarra.
- Chez moi, là d'où je viens, ce n'est pas représentatif d'Aryon. C'est juste un village un peu paumé. On ne peut… Ils ne peuvent pas tous dépendre de la magie et les plantes sont encore une valeur sûre pour la plupart des maux à défaut d'autre solution et de moyen. Mais je ne vais pas vous tenir la jambe avec ce genre d'histoire.
Autant être honnête, Fen n’en disait pas trop, mais suffisamment pour qu’elle comprenne ce qu’il en retourne. Dans un village avec peu d’habitants, cela revenait à ne pas avoir une grande diversité de pouvoir curatif et pas forcément les moyens pour avoir accès à d’autres moyens que des plantes médicinales. Enfin, c’était surtout un souci de praticité plus que de moyen, la forêt suffisait en général et n’importe quel gugusse pouvait devenir apothicaire quand une magie curative était plus hasardeuse.
- Oh non mais au contraire, je dois avouer que je suis assez surprise. Vous avez des villages dans le besoin ? Même avec la magie omniprésente partout ?
Elle sautait quand même un peu vite sur des conclusions, car Fen ne se souvenait pas avoir dit que son village était dans le besoin. Il répondit cependant, de ce qu’il avait vu pendant ses 20 ans là-bas après avoir rigolé un peu.
- La magie reste aléatoire et avec des contrecoups la plupart du temps. Sans aller jusqu'à dire qu'ils sont dans le besoin, c'est plutôt par autosuffisance. Pour ne pas dépendre justement d'une magie curative qui ne dure que le temps d'une vie sans certitude de trouver un remplaçant là où une guérisseuse peut toujours enseigner à une future remplaçante.
- et... comment vous appelez ça déjà... Vos enchantements ? On m'a raconté que vous pouviez faire parler des animaux par la pensée, donner des pouvoirs a des objets ou encore avoir des sacs qui n'ont pas de contenance fixe. Il vous est impossible de je ne sais pas, faire un bâton qui soigne les blessures ?
Agaçante à souhait, Fenrir se rendait compte que certaine chose élémentaire pour lui ne l’étaient clairement pas pour d’autres. Même si son enfance ne s’était pas faite dans la pauvreté, sa famille et la plupart des habitants qu’il avait connu ne roulaient pas non plus sur la richesse. Ainsi, les enchantements et autres trucs magiques avaient forcément un coup, une demande de moyen pas forcément vitale quand l’achat de nourriture ou autres moyens pour vivre étaient plus urgent. De mémoire, un guérisseur magique était venu quelques fois pour des cas graves.
- Ça serait tout à fait possible oui, en soi, tout est toujours plus ou moins possible même. Mais à quel prix ? Car tout a un prix et j'imagine que les choses ne sont guère différentes ici. Cela dit, dans un cas grave, je me souviens qu'un guérisseur venait de la ville pour user de son pouvoir. Mais pour les petits bobos et maladies sans gravité du quotidien, les plantes médicinales restent une valeur sûre et peu coûteuse ce qui est plus que bienvenu. Nous ne sommes pas pauvres, mais pas non plus riche alors la moindre économie compte.
- Très bien... Donc bien qu'abondante et sans limite, la magie n'est pas accessible à tout le monde. C'est un choix de vos dirigeants ? Ou il me manque un paramètre ?
- Oui un petit paramètre, je vous ai dit que mon village n'est pas représentatif d'Aryon. On a juste nos habitudes, c'est tout et tant que ça marche, pourquoi changer ?
Autant être clair, car sinon, il n’en finirait pas et Fenrir aurait rapidement Kasha ou Rhis sur le dos pour avoir donné une fausse impression d’Aryon. Le chasseur tiqua cependant sur un détail qu’elle avait dit quelques instants plus tôt et revint dessus en demandant.
- Comment soignez-vous vos gens chez vous si ce n'est pas avec de la médecine et des plantes médicinales ?
- Oh, j'ai dit cela ? Non non, nous nous soignons aussi avec ça ! Enfin des dérivés. Mais les plantes et les choses à disposition dans la nature sont nos bases. Nous les améliorons ensuite pour en fait des médicaments efficaces.
Donc des méthodes pas si différentes de celle que Fen connaissait au final. Il fut rassuré, même si le niveau des améliorations lui était inconnu ici. Le jeune homme supposa qu’il n’était pas inutile de lui faire comprendre que le niveau en médecine d’Aryon n’était pas non plus au plus bas. On ne mangeait pas les plantes crues pour ainsi dire.
- Donc, en soi, même si je ne connais pas le niveau de vos améliorations médicales et que de toute façon, ce n'est pas mon domaine. Nous ne sommes pas si différents de vous sur ce point. On améliore autant qu'on le peut jusqu'à obtenir le remède adapté en gros.
- Tout à fait ! Je suis cependant très surprise que les soins magiques ne soient pas plus... développés
Développé ou non, Fenrir n’était clairement pas le mieux placé pour lui répondre. Il avait même une connaissance plutôt limitée même de ses propres pouvoirs qu’il utilisait plus par instinct qu’autre chose. Donc, il reporta la question de façon à ce que Tsarra la pose à la personne la plus concernée du groupe selon lui.
- Je n'ai rien dit de pareil. Simplement que là d'où je viens, on fait ainsi. Si vous voulez plus d'info sur les soins magiques et tout ça avant de tirer des conclusions hâtives. Faut voir avec l'autre Don Juan là
Dit-il en haussant les épaules avant de montrer Rhis d’un mouvement rapide de tête pour mettre fin à cette discussion. Tsarra ne manqua pas de rire à la plaisanterie avant de conclure.
- Haha, oui, je verrais. Mais j'ai autant à apprendre de la campagne que du palais royal.
L’aventurier rigola, mais ne répondit pas. Après tout, il lui aurait lâché qu’elle avait qu’à venir d’elle-même pour se retrouver le pied dans une bouse de vache et elle aurait un bon aperçu de ce qu’était la campagne dans laquelle avait vécu Fenrir. Même si ce serait un peu fort niveau comparaison à vrai dire.
Tsarra tenait cependant à les inviter au repas, ce que le jeune homme tenait à éviter. Ce n’était pas contre elle, mais la méfiance naturelle de l’aventurier solitaire l’invitait à ne pas toucher à une nourriture chez quelqu’un qu’il ne connaissait pas ou qu’il n’avait pas préparé lui-même. Donc il ne manqua pas de dire sans aucune gêne tout en tapotant son sac après avoir refusé qu’on l’en déleste, tout comme ses armes.
- J'ai tout ce qu'il me faut sur moi.
Il avait emporté des provisions avec lui, comme à son habitude et parce qu’à la base, il avait espéré visiter par lui-même. Tsarra insista un peu, ce qui s’avéra sans succès pour le jeune homme aussi buté qu’un taureau face à un drapeau rouge.
- Le but, c'est que vous testiez ce qui se fait ici !
- Bah, ce n’est pas que je veux manquer de respect. Mais j'ai mon régime, vous voyez. J'évite la moindre entorse.
Une façon aussi polie que possible de refuser. Après quoi, ils entrèrent dans la salle à manger et s’installèrent côte à côte alors qu’Ullas semblait partit pour sortir de la pièce… La chance ! Enfin, pas pour longtemps, car Tsarra voulut le retenir et Fenrir saisit cette occasion pour parler avec ses comparses en tachant de ne pas se faire entendre. Commençant sur un ton pensif.
- C'est curieux quand même de découvrir qu'il y a des hybrides ici ? Vous pensez qu'ils pourraient s'agir d'une espèce à part entière ? Ou bien d'Aryonnais ? Enfin, pour le moment, on sait qu'il y en a au moins une.
Kasha fut la première à engager la discussion très vite suivie de Rhis. Le moins, que l’on puisse dire, c’est que le sujet avait le mérite d’être plutôt intéressant.
- Ou alors, pourquoi pas comme sur Aryon, des personnes qui naissent comme ça sans vraie raison ? D'un autre côté, le fait que ce soit des Aryonnais ne me semble pas si étrange... Si on ignore le fait qu'on ne sait rien au sujet de potentiels Aryonnais disparus ou partis... Ou alors, peut-être des Aryonnais exilés au-delà de la Frontière, qui auraient trouvé refuge ici ?
- D'Aryon... Je ne pense pas. Après tout, ils ont l'air de beaucoup tenir à leur nation. Et s'ils venaient d'Aryon, ils seraient moins méfiants envers la magie. Je pense qu'ils naissent peut-être comme ça, comme le suggère Kasha. Mais cela pourrait créer une certaine... Je ne dirais pas discrimination... Mais un certain isolement ? De sorte qu'ils doivent peut-être faire plus leurs preuves que d'autres. Qu'en pensez-vous ?
Confiance était un bien grand mot quand l’on voyait le sort que Tsarra avait réservé à l’hybride pour une simple petite erreure. Deux gardes qui vous emmènent… Ce n’est jamais bon signe. D’autant que l’hypothèse d’Aryonnais ne lui semblait pas si idiote en prenant en compte le trafic d’enfant qu’il avait découvert avec Lacey au cours d’une précédente aventure.
- Eh bien, ce ne serait pas si déconnant d'envisager des Aryonnais en vrai. Je sais qu'il existe un trafic au black de pouvoir en tout genre et d'enfant. Un Empyréen ayant de bonnes relations avec les bonnes personnes pourrait se fournir ? Après tout, un enfant a vite fait d'oublier ses racines et selon les pouvoirs, cela peut vite devenir rentable pour l'acheteur.
En-tout-cas, même en tablant sur toute une espèce, il est clair que la garde n'a pas tenu à exhiber son statut très longtemps... et j'imagine aussi que l'argent devient rapidement un problème si une telle espèce existe. Elle m'a laissé entendre que son travail "payé bien", donc d'autre travail pour des hybrides pourrait être sous-payé si je suis cette logique.
Fen avait fait part de ses conclusions, restait à voir ce que ses alliés en pensés. Kasha réagit un peu trop vivement au goût de l’aventurier. Après tout, ils se basaient sur trop peu de détail pour tirer des conclusions en l’état.
- - Je savais qu'on ne pouvait pas lui faire confiance, à la Tsarra... Et elle a failli m'avoir... Plus j'y pense, et plus je trouve ça plausible... Même si ça m'énerve. Rhis, tu ne pourrais pas faire un truc pour les influencer, ou quelque chose comme ça, pour arrêter tout ça ?
Le jeune homme leva les yeux au ciel pendant que Rhis parlait pour calmer le jeu et faire comprendre qu’en l’état, il ne pouvait rien faire.
- - Tsarra avait l'air sincèrement peinée en revenant... Je sais qu'elle est une actrice. fit-il en prenant soin que personne ne pouvait l'entendre, hormis ses deux compagnons, mais je ne crois pas qu'elle méprisait cette hybride. La preuve, elle a confié un de ses invités à cette femme. C'est un gage de confiance, qu'elle soit hybride ou non. L'homme se tait un instant pour réfléchir. Pour ce qui est d'intervenir... Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Que j'intercède pour que l'hybride garde son emploi ?
Non, pour ce qui était de l’hybride, c’était clairement plus la peine de faire quoi que ce soit. Fenrir avait même la quasi-certitude qu’ils n’entendraient plus parler d’elle. Évidemment, toute cette discussion se fit à voix basse rapidement pendant que Tsarra était occupé à convaincre Ullas. Le jeune homme repris alors après s’être assuré qu’elle était encore hors du champ d’écoute après un soupir.
- Eh bien, on ne va pas changer les choses, elles sont comme elles sont ici. Cependant, je ne suis pas sûr que Tsarra fasse autant que cela confiance à sa garde. Suffit de voir sa réaction ensuite lorsqu'elle a voulu intervenir. Ce sont peut-être des esclaves... Après tout, on fait toujours plus facilement confiance quand l'autre ne peut pas désobéir.
Dans tous les cas, la présence d'hybride est clairement à prendre en compte, soit, c'est une espèce qui ont donc des facultés supérieures au humain... soit des Aryonnais et donc ... des pouvoirs. Je doute fortement que cette garde soit un cas isolé. Nous ne savons pas non plus si c'est un sujet sensible ou non.
- Oui, Fen, toi et moi ne pouvons rien faire. C'est pour ça que c'est à Rhis que j'ai demandé. Et oui, Rhis, tenter de lui faire garder son emploi me semble un bon début... Mais, Fen, pourquoi ne pas aller enquêter, pour savoir s'il y en a d'autres ?
Que ferait-il de plus ? Risquer un incident diplomatique ? Fenrir se doutait déjà que le chemin de la politique n’irait pas contre des mœurs et coutumes d’un autre pays. Le but était d’établir des liens avec Empyrée, par les amenés à se fermer à Aryon… Cependant, s’il était avéré que des Aryonnais étaient en Empyrée contre leur gré, ce serait autrement plus dramatique songea Fen pendant que Rhis répondait.
- Je vais en toucher un mot à Tsarra. Et essayer d'en apprendre plus sur les hybrides. Elle sait que j'aime beaucoup poser des questions, maintenant, sourit l'espion, avec un air presque sarcastique. Mais je vais attendre le repas pour se faire, les prévint-il.
Quant à aller vagabonder... Il faudrait déjà quitter ce secteur... Et je ne suis pas sûre qu'on sache utiliser les ascenseurs sans notre guide, observa Rhis. Mais elle ne pourra pas nous garder ici pendant tout notre séjour non plus. Le plus dur sera donc de remonter pour trouver un quartier plus... vivant.[/b]
Vagabonder serait tout aussi compliqué vu comme ils étaient surveillés de près depuis le début. Fenrir pourrait cependant utiliser un peu son pouvoir prétextant une démangeaison. Mais il faudrait qu’il le fasse pour quelque chose de pertinent, sinon, cela pourrait éveiller les soupçons.
C’est sur cette pensée que Rhis rejoignit à nouveau Kasha qui n’en avait pas eu assez apparemment, puisqu’elle souhaitait une seconde manche. Un deuxième round serait néanmoins compliqué et… quitte à refaire un combat, il préférait le faire chez eux, au côté d’un adversaire digne de confiance. Il se voyait bien proposer ça à Vivi, tiens, Kasha pourrait même la rencontrer, ainsi. Cela étant dit, même en mettant les aventuriers à part, il y avait toujours des membres, dans la Garde, qui étaient prêts à échanger des passes amicales. Grimvor lui-même combattait parfois avec Rhis. Mais si ce dernier amenait la jeune femme devant le roi, celle-ci risquait d'abord de ne pas être à l'aise, et puis, il voyait bien leur souverain faire toutes sortes de remarques... taquines, disons. Au bas mot. Genre, il pourrait même leur demander quand était prévu leur mariage.
... Non, amener Kasha devant Grimvor, ce n'était peut-être pas l'idée du siècle, en fait et Rhis se concentra sur ce qu'elle disait. L’homme était généralement observateur, pourtant, parfois, il n’était pas trop doué. La jeune blonde s’attendait peut-être à ce qu’il lui propose un défi digne de ce nom, mais le protecteur royal était trop concentré sur l’instant présent pour la taquiner et lui donner un gage à relever. Il lui suggéra donc simplement de rester ensemble, ce sur quoi la demoiselle renchérit, évidement. Peut-être qu’à leur retour dans leur pays d’origine, le conseiller n’hésiterait pas à revenir sur cet épisode – et ce fameux tournoi qui n’était absolument pas prévu au programme. Mais les Demidicus eux-mêmes semblaient friands des imprévus, puisque leurs invités ne devaient pas aller ici pour commencer.
Quoi qu’il en soit, Rhis caressa Nox quand il demanda de ses nouvelles, en le laissant même se poser sur son épaule. Il s’en désintéressa seulement quand deux gardes firent irruption pour emmener l’hybride… quelque part. Un instant, l’espion caressa l’idée d’interroger Tsarra. Deux hommes étaient-ils vraiment nécessaires pour emmener la milicienne ? Et quel sort serait réservé à cette dernière ? En soi, le conseiller accordait peu d’importance au destin de la femme-chat, mais en savoir plus leur permettrait d’apprendre les sanctions qui pouvaient avoir lieu en Empyrée, et de savoir également si les hybrides avaient un traitement… spécial.
Il était curieux, mais il préféra se taire pour le moment. Quelque chose lui disait que l’heure n’était pas propice aux questions. D’ailleurs, Tsarra les invita à la suivre pour que le fameux dîner commence. Ils empruntèrent donc à nouveau les escaliers et c’est d’un air intéressé que l’espion écouta l’échange entre Tsarra et Fen sur les herbiers. Rhis était un peu plus en recul, il avait préféré laisser le soin à Fen de discuter comme il le souhaitait avec l’Empyréenne, mais l’épéiste nota quand même que – à nouveau – leurs voisins prêtaient des pouvoirs quasi divins à la magie. En un sens, il pouvait comprendre qu’ils aient autant de… préjugés, mais d’autre part, c’était presque assourdissant de les voir si… convaincus de la force magique en Aryon.
L’espion nota dans un coin qu’il devait quand même évoquer la possibilité d’un commerce entre leur flore respective, et il releva aussi qu’Empyrée possédait un alphabet et donc une écriture différente de la leur. C’était des points qu’il fallait aborder… Même si les « pourparlers » auraient certainement lieu en amont également.
Quoi qu’il en soit, le petit groupe entra dans la demeure des Demidicus. Rhis était habitué au luxe du palais royal, il ne sentait donc pas particulièrement perdu dans un édifice aussi somptueusement bâti. Pour autant, il ne comptait pas lâcher Tsarra ou Ullas. Il était certainement très facile de se perdre ici. En tant qu’espion, s’égarer « par mégarde » l’aurait bien arrangé, mais il avait remarqué depuis longtemps la vigilance de leurs hôtes, il serait donc difficile de les berner. Plutôt que de jouer les idiots, autant paraître bien discipliné… pour le moment. Et s’ils venaient un instant à lâcher leur garde, une petite promenade dans le coin pourrait peut-être avoir lieu. On ne savait jamais, n’est-ce pas ?
Après avoir gardé ses possessions sur lui, Rhis suivit leurs guides jusqu’à ce qu’ils arrivent à la salle à manger. Le départ d’Ullas retint Tsarra, ce qui permit aux trois compagnons d’avoir une petite conversation entre eux, qui laissa perplexe le conseiller. Des Aryonnais à Empyrée… ? Était-ce seulement possible… ?
Enfin, ce repas allait lui permettre de poser de nouvelles questions à Tsarra, et quand cette dernière se tourna vers ses convives pour leur demander si Ullas pouvait rester, Rhis se permit de sourire au nom de tous.
- Evidemment qu’Ullas peut rester ! Vous avez tout fait pour assurer notre protection, et nous avons eu un beau combat. Si en plus, votre présence au dîner ne dérange pas Tsarra, profitez s’en, Ullas, fit l’espion avec un sourire entendu et convivial.
Cette petite altercation illustrait cependant encore une fois que c’était bien Tsarra qui avait plus de pouvoir que le surveillant, cela dit. C’était lui qui prenait congé pour ne pas déranger. Bon, après, il était dans la demeure des Demidicus, une puissante famille empyréenne, donc… c’était logique qu’il soit respectueux.
Rhis attendit que tout le monde soit installé avant de reprendre la parole. Il se tourna vers Kasha en l’interrogant du regard.
- Que comptes-tu faire ? Durant notre voyage jusqu’ici, tu m’as dit que tu suivais un régime. Tu veux le continuer, ou tu souhaites te laisser tenter par ce dîner ?
C’était bien sûr un mensonge éhonté, mais si Kasha ne désirait pas toucher aux plats de la maison, cette excuse semblerait plus naturelle si c’était le compagnon de l’aventurière qui la mettait sur le tapis.
L’intéressée l'observa, comprit parfaitement son stratagème, mais hésita :
- Oui, c'est vrai... Mais ce serait aussi une insulte à nos hôtes de refuser...
Rhis sourit et se tourna alors vers Tsarra :
- Pouvez-vous nous dire ce que vous nous avez préparé ? Ca aidera sans doute à convaincre ma compagne ici présente.
Tout du moins, ils auraient plus facile à se décider en sachant ce qu'ils allaient manger.
- Hmmm plusieurs plats ! Je ne savais pas ce que vous aimiez alors j'ai demandé à un de tout ! On a des légumes, de la viande, des féculents... mais ce n'est pas moi qui cuisine.
Sans blague, il ne l’aurait pas cru, tiens. Elle devait avoir un chef cuisinier vu son statut dans Empyrée.
Quand Tsarra répondit, Rhis hocha la tête, laissa l’aventurière décider de ce qu’elle faisait, puis prit la parole à son tour.
- Pour ma part, j’en suis. J’ai hâte de découvrir quels sont vos talents culinaires, fit-il honnêtement. D’ailleurs, quels sont les mets les plus courants à Empyrée ?
Peut-être que ce sujet intéresserait d’ailleurs ses compagnons. D’une certaine manière, les repas qu’on façonnait en disait long sur l’écosystème dans lequel on vivait.
- Les mets courants vous dites ? Hmm, de ce que j'ai pu comprendre nos légumes et fruits sont assez similaires, cependant vous ne mangez aucune viande d'insecte. Alors qu'ici, c'est assez principal !
Bientôt, on apporta les assiettes, et le conseiller put se rendre compte que leur hôte n’avait pas menti. Il y avait des salades, des plats chauds à base de légumes et aussi de la viande. Il y avait un petit détail curieux : si les légumes ont des têtes à peu près connues, la viande, elle… ne ressemblait pas à un steak, comme c’était fréquent en Aryon. Au contraire, il y avait de grands insectes dans leurs plats. Mais bon, ils étaient ici pour goûter… Et le protecteur royal commença à goûter avec un air un peu perplexe au début. C’était tellement… tellement… peu ancré dans leur propre culture…
- Ma foi, ce n’est pas si mauvais, finit-il par dire, mais j’avoue que c’est particulier. Il imagina une seconde la tête des nobles d’Aryon, si on leur proposait de manger des insectes. Nul doute que certaines dames feraient toute une scène. Vous n’avez pas des troupeaux de bovins ? Ou du gibier comme le cerf, le chevreuil ou le sanglier ?
A dire vrai, il soupçonnait que la forêt renfermât un écosystème totalement différent du leur, où de telles bêtes n’auraient jamais su survivre, mais… autant poser la question.
- Hm, si si nous en avons mais c'est un met très rare et très cher. Les insectes sont bien plus nombreux et variés. Nourrir la nation est beaucoup plus pratique comme cela.
Un tel dîner permettait en tout cas d’avoir des discussions un peu plus informelles, et après avoir laissé passer un temps où ses amis pouvaient réagir, Rhis aborda un autre sujet qui intéresseraient les deux autres.
- Au fait, j’avoue avoir été intrigué par le fait que vous aviez des hybrides, tout à l’heure. fit Rhis d’un ton parfaitement naturel, comme s’il parlait de la pluie et du beau temps. Vous nous avez dit que vous aviez aussi des personnes avec des signes distinctives, la milicienne de tantôt en est la preuve. Ils naissent comme cela de manière naturelle, un peu comme chez nous ? Peut-être est-ce un phénomène totalement aléatoire ? Ou c’est dû à la génétique… ?
Entre deux bouchées de viande plutôt appétissantes, Tsarra répondit.
- Hm oui, le hasard génétique sûrement. Nous avons beaucoup de chercheurs sur la question.
Rhis se permit de réfléchir une seconde, puis il reprit la parole.
- J’espère ne pas vous choquer, mais si vous avez des hybrides qui naissent dans votre cité, est-ce que cela ne veut pas dire que vous êtes aussi… soumis à une magie dans les environs ? D’ailleurs, la jungle qui doit continuellement être repoussée par les Meskos pourrait être une de ses manifestations.
Un petit silence, afin de ne pas avoir un discours trop long, puis Rhis termina :
- Si Empyrée considèrent que leur… anormalité est due à la magie, comment sont-ils traités dans votre société ? Ont-ils un statut particulier ?
- Oh ne vous inquiétez pas, ce n'est pas non plus un sujet tabou. Tsarra sourit, s'essuya la bouche et continua. Evidemment que nous sommes exposés à la magie, tout est magique ici. C'est rare mais certains ont même des pouvoirs incontrôlables qui se manifestent. C'est comme un rhume, sauf qu'au lieux d'avoir le nez qui coule, on déborde de magie. Ces gens-là doivent apprendre à vivre avec, si nécessaire prendre des mesures pour protéger les autres ou eux-mêmes, au même titre qu'un homme né avec une jambe ne moins" .
La Demidicus soupira.
- Normalement il ne devrait y avoir aucune différence de traitement mais... Disons que la superstition de certains et la peur de l'inconnu d'autres poussent les hybrides à se regrouper et à s'isoler. Certaines choses leur sont refusées... mais ce n'est inscrit nulle part c'est, une sorte de règle tacite. Personnellement, je n'aime pas ça, mais il est difficile de faire évoluer les mentalités. Alors en attendant, beaucoup se cachent.
Une fois arrivés au lieu du repas, Fenrir entama les hostilités en... Refusant la nourriture offerte. Kasha se retint de le réprimander. Pas ici, pas en public. Néanmoins, il était évident que, dès qu'ils se retrouveraient de nouveau entre eux, elle lui demanderait des comptes... Si elle n'obtenait pas de réponse à ses questions muettes avant.
Lorsque Tsarra leur demanda pour ainsi dire l'autorisation de laisser Ullas les rejoindre, Rhis prit la parole, parlant visiblement en leur nom à tous, mais elle ne put se retenir de venir appuyer ses propos :
- Ullas... Restez donc avec nous jusqu'au bout ! Enfin, si ça ne dérange personne, bien sûr...
Il ne manquerait plus qu'elle prenne des décisions pour tout le monde, après tout ! Pour leur groupe, elle estimait que c'était plus ou moins Rhis qui le dirigeait. Quant à Tsarra... Il se trouvaient chez elle, c'était donc à elle d'avoir le dernier mot sur tout ce qui concernait son domaine, les personnes qui s'y trouvaient et tout ce qui s'en rapprochait.
Puis Rhis lui offrit une opportunité de suivre Fenrir dans son refus. Sa réponse avait surtout servi à gagner du temps. Oh, certes, elle se doutait que Rhis ne lui en aurait pas voulu de réfléchir pendant un peu plus longtemps, mais... Elle ne savait pas trop... Elle voulait prendre le temps d'analyser la table. Elle hésita d'ailleurs si longtemps qu'elle laissa le temps à Rhis de parler avant elle. Alors, lorsqu'il décida de prendre part au repas, légèrement taquine, elle lança :
- Je te suis, alors ! Hors de question que je te laisse tout seul !
Puis elle se tourna vers Fenrir, tentant de le faire changer d'avis :
- Tu es sûr de ne vraiment pas vouloir tester ? Ne reste pas seul non plus...
Visiblement pleinement absorbé dans l'élaboration d'un dessin, il sembla à peine faire attention à elle lorsqu'il répondit :
- Non merci, je n'ai pas super faim, je mangerais plus tard. Puis, je m'en voudrais de vous priver d'aussi délicieux mets.
Elle sourit à cette pique, puis lança :
- De toutes façons, si j'ai bien cerné les grandes maisons, il y a toujours beaucoup trop de nourriture, c'est vrai, Rhis ? Et puis, Fen, tu étais prévu dans la liste des invités, donc ton argument ne tient pas !
- Possible, mais comme je l'ai dit a notre hôtesse, j'ai mon régime et je me fais rarement plaisir. Bousculer mes habitudes alimentaires n'aura rien de bon pour moi.
Elle soupira. Visiblement, elle n'arriverait pas à le convaincre. Alors, elle abandonna... Pour le moment.
Pendant ce temps, Rhis avait commencé à poser des questions au sujet de la gastronomie empuréenne. Ah, voilà un sujet qui l'intéressait ! Alors, lorsque l'homme prit une pause pour goûter, elle enchaîna :
- Mais encore ? Vous avez donné des matières premières, des ingrédients... Il n'y aurait pas des plats complets typiques d'ici ? Tiens, qu'est-ce que vous, vous préférez, par exemple ? Ullas, j'aimerais votre avis aussi, pour plus de diversité !
Leurs hôtes s'observèrent un instant, avant que Tsarra ne fasse signe à Ullas de parler en premier, visiblement amusée. Bon, au moins, voilà qui était positif.
Mais l'homme avait commencé à étudier les plats présents sur la table, comme hésitant. Puis, son regard s'arrêta sur un plat, qu'il nomma :
- Hum, je dirais les pochons larvaires.
- Et moi, la palette de scaramouche à la diable.
La réponse avait fusé du tac-au-tac. Visiblement, elle savait déjà quoi répondre, et avait laissé son comparse parler en premier par... Quoi, en fait ? Politesse ? D'une certaine manière, Kasha doutait que ce soit cela. Savoir-vivre ? Oui, probablement.
Kasha prit alors le temps d'observer les plats désignés. Les pochons larvaires avaient l'apparence de beignets tout à fait ordinaires... Mise à part leur forme. En Aryon, jamais personne n'aurait en effet l'idée de créer des pâtisseries en forme de... Larves ? Chenilles ? Quelque chose qui y ressemblait, en tous cas. Car n'importe quel Aryonnais hésiterait à croquer dans de telles choses. Néanmoins, elle était là pour tester. Alors, c'est ce qu'elle fit, d'autant plus que ses vis-à-vis semblaient assez curieux de sa réaction. Très bien, elle la leur offrirait donc.
La saveur ne lui semblait pas si étrange que cela, finalement. Des légumes, des épices... Assez classique, en résumé. Mise à part la viande inconnue, qu'elle supposa donc venir d'insectes... Si tel était réellement le cas, elle devrait peut-être aller négcier à la Guilde pour convaincre ses collègues de tester, car cela valait le coup.
Pour le plat choisi par Tsarra, soyons honnête, elle partait avec beaucoup d'a priori. Le nom imprononçable, la mention d'un "diable", qui n'avait pas vraiment de connotation positive... Néanmoins, pour le coup, l'apparence du mets était bien plus alléchante que l'échantillon précédent. En effet, ici, aucune forme évoquant clairement les insectes, elle aurait même pu penser qu'il s'agissait d'un bon pavé de boeuf comme elle en avait l'habitude. L'odeur était elle aussi alléchante, mais, lorsqu'elle goûta, elle fut déçue. La sauce. La sauce ne lui plaisait clairement pas. Honnêtement, elle ne savait pas de quoi elle était composée, mais était presque certaine qu'elle était à base de moutarde et de poivre. Pour elle qui n'aimait pas les plats trop piquants...
Enfin. L'heure du verdict était arrivée.
- Honnêtement, Ullas, ces... Pochons, c'est ça ? Je ne vous cache pas que j'avais un a priorii. Mais finalement, c'est une bonne découverte, merci ! Par contre, Tsarra, je suis désolée, mais je n'accroche pas... Trop... Fort, sans doute.
Puis elle laissa Rhis discuter, jusqu'à ce que le sujet des pouvoirs arrive dans la conversation. Alors, elle attendit une pause dans la conversation pour s'y insérer :
- Excusez-moi, mais... Vous parlez de pouvoirs incontrôlables... Dites-moi si je vais trop loin, hein, mais pourquoi ne pas essayer... D'entraîner ces personnes ? De faire en sorte qu'elles comprennent mieux leurs pouvoirs, pour pouvoir peut-être mieux les contrôler ? Tout ça dans un lieu qui ne craint rien, évidemment, je ne sais pas si vous voyez où je veux en venir...
Ullas, en plein repas, laissa échapper un petit rire qui vexa la demoiselle malgré elle. Quoi ? Sa proposition leur semblait-elle si idiote que cela ? Néanmoins, Tsarra dissipa rapidement le malaise qui risquait de s'installer en répondant :
- Votre question ne me pose aucun problème, au contraire, nous sommes là pour discuter. Comme vous avez pu le remarquer, nous sommes assez... stricts sur les pouvoirs personnels. D'aussi loin que je me rappelle, c'est lié aux origines mêmes de la nation, les Ashryn seront plus à même de vous répondre dessus. Mais... on raconte que les fondateurs ont eu quelques soucis avec un individu qui avait été doté d'un pouvoir bien trop fort à sa naissance. Enivré par cette supériorité aléatoire dont il était doté, il aurait forcé la première famille à fuir leur terre natale. Notre aversion pour la magie viendrait de là, moins on met l'accent sur les pouvoirs personnels, moins on permet à cette injustice de refaire surface !
Sa curiosité de nouveau attisée, elle demanda :
- Les Ashryn ? Qui est-ce ?
- Hum, les Ashryn sont la famille la plus ancienne d'Empyrée. Aujourd'hui, ils n'ont pas de pouvoir particulier, mais les membres restent très nobles et respectés. Beaucoup de textes de loi sont signés par un Ashryn.
Elle hocha la tête. Puis elle lâcha, sur un ton faisant hésiter sur le fait qu'il s'agissait peut-être d'une réflexion uniquement destinée à elle-même :
- Quand même, cette histoire de pouvoirs... C'est dommage d'en être réduit à de telles extrêmités...
Avec un sourire, Tsarra décida néanmoins de lui répondre.
- Ah ça... Il faut le dire à ceux qui en abusent ! Pas à ceux qui s'en protègent.
- Oui, je sais bien. Mais j'en parle surtout aux personnes à qui j'ai accès !
Elle laissa échapper un petit rire. Cette phrase était plus une plaisanterie qu'autre chose, il était donc crucial qu'elle ne soit pas mal prise. Néanmoins, Tsarra n'avait visiblement pas besoin d'une telle précision, car ce fut calmement, toujours armée du sourire qui devait être sa signature, qu'elle répondit :
- Oui, évidemment, et moi, j'explique !
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