Kokoro Obayashi

Je ne sais par quel moment commencer pour conter ton histoire. Celui où tu es devenue mon hôte ou tout simplement en commençant par le début de ta propre vie ? Hum ... Commençons par le commencement ...

De ce que j'ai appris sur toi au fil du temps, tu es originaire du Village Perché, en plein coeur de l'immense forêt située au nord du Royaume d'Aryon. Cette petite cité qui a la particularité d'avoir été bâti dans les arbres. Je n'avais encore jamais eu l'occasion de voir cela et j'ai été surpris par cette façon de vivre. Mais revenons à toi. Issue d'une famille modeste, ton père, tout comme ton grand-père avant lui, était un excellent chasseur. Quand à ta mère, elle était connue pour ses remèdes naturels contre certaines maladies et blessures légères. Tu es la fille aînée d'une grande fratrie de cinq enfants. Ainsi, tu as eu au fil des années de ton enfance, un frère cadet, suivi de deux jumeaux, garçon et fille et enfin d'un frère, le benjamin de la famille.
Etant la plus âgée, très vite, tu as dû prendre soin des plus jeunes afin d'aider ta mère dans cette tâche. Ton père t'a naturellement appris à te servir d'un arc en attendant que l'un de ses fils reprenne le flambeau familiale. Tu as donc été élevée à la fois comme une grande sœur responsable qui a la charge des plus petits et comme un garçon manqué qui doit apprendre à protéger sa fratrie. Je ne t'avais pas rencontré à cette époque de ta prime jeunesse et je n'ai pas encore eu accès à tous tes souvenirs. Je vais donc poursuivre plus avant dans ton histoire.

Votre petite famille avait établie son logis entre deux cabanes en guise de maison, sur les hauteurs d'un chêne, légèrement à l'écart de ceux qui abritaient le reste du village. Le pont fait de cordes et de planches de bois qui vous permettait de vous rendre au coeur de la cité, était d'ailleurs l'un des plus longs. C'est sûrement cet éloignement qui a permis d'épargner le village du drame qui frappa votre famille.
Je n'ai pas de souvenirs précis du moment où nos deux esprits ont fusionné pour n'en former plus qu'un, mais j'ai la certitude que ça a eu lieu très peu de temps avant ... cette nuit-là.
Tu dormais avec le reste de ta famille dans la deuxième maisonnette où ne se trouvaient que vos chambre à coucher. Tu partageais la tienne avec ta jeune sœur, la jumelle de la fratrie. Vous n'alliez jamais savoir d'où le feu s'était déclaré exactement, mais il avait pris de l'ampleur rapidement en raison du vent fort qui balayait la cime des arbres. C'est l'odeur de le fumée qui t'a tiré des bras de Morphée. Lorsque tu a ouvert les yeux, étrangement, l'obscurité n'était pas aussi dense qu'habituellement. Tu n'avais pas encore complètement émergé. C'est lorsque ton père est apparu sur le seuil de votre chambre, que tu pris conscience du danger qui vous guettait.

- Kokoro, emmènes ta sœur, traversez le pont toutes les deux et allez chez votre grand-père, on vous y rejoindra avec les garçons.

Tu avais pris la main de ta petite sœur, mais en arrivant devant l'emplacement du pont, tu constatas qu'il avait déjà pris feu et menaçait à tout moment de céder. Tes parents te rejoignant avec le reste de la fratrie, vous ne pouviez plus que vous résoudre à descendre. La providence en avait décidé autrement, le feu bloquait également votre seul moyen de vous sortir de là en toute sécurité. Il ne vous restait plus qu'une option alors que la première maison où se trouvaient vos pièces de vie, n'était déjà plus qu'un immense brasier.
Votre père avait heureusement pensé à tout, un système pour vous faire descendre dans un grand panier en osier. Mais vous ne pouviez pas tenir à plus de deux à l'intérieur. Tu te retrouvas donc avec le dernier né dans tes bras avant que la descente jusqu'au sol ne commence. Ce dernier était à peine âgé d'un an. Ton père te l'avait souvent répété, que si il arrivait quoique ce soit, tu devrais protéger les plus jeunes de votre famille. Quel lourd fardeau pour une jeune fille qui venait de fêter ses quatorze printemps quelques semaines auparavant.
Vint ensuite le tour des jumeaux, tu avais regardé leur descente progressive, prête à réceptionner la panière avant qu'elle n'atteigne le sol. Mais à peine quelques mètres au-dessus, la corde céda soudainement, des flammes ayant commencé à la dévorer en plein milieu. Tu tenais toujours le benjamin dans tes bras et tu rejoignis le panier qui jonchait à présent le sol, retourné. Tout avait été trop vite, tu n'avais pas pu réagir à temps. L'inévitable s'était produit. Tu entendis des pleurs, c'était ta petite sœur qui tentait de se sortir de là, tirant la main de son jumeau qui semblait inconscient suite à la chute. Tu tentas de les aider, de le sortir de là, mais une grosse branche céda, mettant fin à la vie de ce dernier que tu n'avais pas réussi à extirper de là à temps. Tes yeux horrifiés, ne pouvaient se détacher de la scène tandis que ta petite sœur sanglotait contre toi. Un craquement résonna dans tous les alentours, puis des cris des villageois qui accouraient. Tu levas la tête vers le chêne où vous viviez, vers tes parents et ton frère cadet, toujours coincé et ta mère en pleurs de la perte d'un de ses enfants. L'inévitable se produisit alors ... L'arbre se fendit en deux et la partie où le reste de ta famille se trouvait, s'écroula, ne laissant plus beaucoup de doute sur la finalité de ce drame familial ...

Lorsque tu étais enfin sortie de ta torpeur, tenant ton frère dans un bras et ta sœur avec ta main libre, tu perçus des bruits de pas aux alentours. Certains villageois cherchaient de potentiels survivants, tandis que d'autres s’affairaient à tenter d'éteindre le feu avant qu'il ne se propage d'avantage. La façon dont tu leur apparut au travers du brasier avec ton petit frère et ta petite sœur, les marqua à jamais et c'est à partir de ce moment-là que la plupart commencèrent à t’appeler par le surnom qu'ils te donnèrent cette nuit-là ... Phoenix.

Quelques lunes étaient passées depuis et vous, les derniers de ta petite fratrie, viviez à présent chez vos grand-parents paternels. Ils ne pouvaient cependant pas subvenir à tous les besoins de trois enfants. Tu avais donc repris la chasse pour de bon et avec l'aide de ton grand-père, tu t’améliorais considérablement au tir à l'arc. Cet art n'eut bientôt plus de secret pour toi et tu devenais de plus en plus indépendante. Ton désir principal était de devenir aventurière, gagner un revenu suffisant pour aider tes grands parents qui s'occupaient toujours de ta petite sœur et de ton petit frère. C'est donc à l'âge de seize ans, que tu te présentas pour rentrer dans la guilde des aventuriers. Tu avais fait tes preuves, rien de très extraordinaire, mais tu te débrouillais suffisamment bien malgré quelques erreurs ou difficultés de débutante. Bien entendu, tu avais dans un premier temps effectué des quêtes relativement simples et sans grands dangers, mais avec les années et ... ma présence dont tu n'avais pas conscience à tes côtés, tu avais grandement amélioré ton niveau.

Mais il te reste encore beaucoup à apprendre et pas seulement en tant qu'aventurière ...