Une pinte à la main elle ne put s'empêcher de soupirer à elle-même.
" Qu'est-ce qu'elle devient d'ailleurs?"
La pinte sur lui demanda de qui elle parlait et elle lui répondit poliment. De toute façon personne ne faisait attention à elle pour l'instant.
" Mais la petite Terry est devenu aventurière au grand daim du patron ! "
QUOI? Sax se retena de cracher sa bière. S’il y avait moins que quelques secondes elle ne souhaitait que du bien de cette amie avant, elle souhaitait dorénavant lui donner un bon coup de poing sur son joli minois. La serrurière n’ignorait pas les envies d’aventure de sa camarade, elle l’avait même encouragée quand elle se voyait encore régulièrement. Mais elle ne lui avait rien dit à elle, sa fidèle amie!
Folle de rage, Terry ne s’attendait sans doute pas à se retrouver nez à nez avec une tornade à sa sortie de l’arrière-boutique. A vrai dire cela avait été une simple coïncidence, en théorie la rousse avait voulu l’expliquer avec son père du pourquoi du comment. Mais comme la criminelle était devant elle, elle n’allait pas se gêner pour lui grogner:
“Terry! Comment n’as-tu pu rien me dire ? Ca fait combien de temps ? J’aurais jamais cru que tu me le cacherais!”
Sax ne prit bien évidemment pas la peine de préciser que c’était pour son projet professionnel. Elle avait un don pour se retrouver dans des situations tendues.
Pour ne pas dire dans les pires quiproquos.
[HRP: si ça ne te convient pas, n'hésite pas QWQ]
La dernière quête que tu avais eu la lumineuse idée de prendre seule avait été … compliquée. Tu étais rentrée de ton voyage jusque là-bas relativement fatiguée et ça n’avait pas échappé à ton père, et même à Esther, la cuisinière de la taverne. Tous les deux s’étaient évertués à te poser des questions, énormément de questions, bien trop de questions sur ce qui avait bien pu se passer et tu t’étais contenté de dire que tu avais fais la rencontre d’une créature qui n’était pas prévue au programme, que tu avais eu un peu de mal à te tirer de la fameuse caverne sans bobo et … et c’est tout. Ce n’était pas un mensonge. En revanche, ce n’était qu’une infime partie de la vérité. Hors de question évidemment de parler de ton petit-ami, de parler du groupe de bandits, ou braconniers, peu importe ce qu’ils étaient. Ton père aurait paniqué. Et puis, ça aurait amené bien plus de questions encore, des questions auxquelles tu ne pouvais et ne voulais surtout pas répondre. Evidemment, tu avais bien senti un certain mécontentement chez ton père … et pouvais le comprendre, jamais avant ta rencontre avec Marc-Antoine, tu n’avais été si secrète. Tu disais tout à ta famille. Absolument tout. Et si, dans un premier temps, tu avais simplement voulu garder ta nouvelle relation pour toi, et toi seule, sans en parler à ta famille ou encore à tes amis, tu avais quand même résolu de le faire à un moment donné. Sauf que, maintenant, ce n’était malheureusement plus possible, peu importe ce que tu avais imaginé ou non pour tout ça, tu devais faire avec les événements récents, tu n’avais pas trop le choix.
Histoire de te faire pardonner, tu avais promis à ton père de te tenir tranquille. Tu l’avais rassuré au mieux quant à cette histoire de monstre rencontré, et puis, tu lui avais dis que tu prendrais le temps de te reposer un peu avant de reprendre une nouvelle quête pour la guilde. Cependant, tu avais tout de même négocié le droit de travailler un peu à la taverne, pas autant qu’avant, certes, mais tu ne souhaitais pas rester sans rien faire et ça, ton papa l’avait assez bien compris. C’est donc ainsi que tu avais repris une routine familière, entre tables, tabourets et verres d’alcool. Tu demeurais évidemment songeuse, inquiète, mais tu n’en montrais rien, tu étais souriante, avenante, comme tu l’avais toujours été, comme tout le monde ici te connaissais.
En fin de journée, tu avais tout de même eu besoin d’une pause. Tu ressentais le besoin de souffler, de t’échapper de cette foule, des rires, des discussions, et c’est là, que tu te rendis compte pour la toute première fois qu’effectivement, tu avais peut-être un peu changé. Ta pause, cependant, ne dure pas. Bientôt, à peine es-tu sortie en réalité, qu’une voix tout à fait familière résonne derrière toi et te fais sursauter. Tu portes la main à ta poitrine tout en soufflant lorsque tes yeux se posent sur Sax.
A vrai dire, la jeune rousse n’avait jamais fait part du fait qu’elle avait une grande sœur, ni même de son plan pour la rencontrer. Sax était une adepte du : « Faites ce que je dis, faites pas ce que je fais ». Ce n’était pas pour le goût du secret, la demoiselle se cachait uniquement devant les beaux hommes riches. Sans doute n’y avait-elle pas pensé, elle qui avait quelque fois l’attention d’un poisson rouge.
Dans tous les cas, elle n’était pas calmée, loin de là. Elle fronça les sourcils, lui pointant d’un doigt inquisiteur en sa direction. Elle fulmina, surement pas comme la fille mignonne qu’elle paraissait être :
« Y’a pas d’excuse qui tienne ! En plus je t’ai dit de m’appeler Dolly. DOL-LY ! C’est plus mignon que Sax... Je pensais qu’on était amie et voilà que tu me trahis comme si j’étais une étrangère ! J’aurais tout fait pour toi. J’aurais caché tes affaires compromettantes devant ton père. J’aurais menti en disant que tu passais la semaine dans mon taudis pour qu’on te demande pas où tu disparaissais. Comment vas-tu me rendre ces moments de complicités ? JAMAIS TU NE LE POURRAS ! »
La serrurière repris son souffle, maintenant qu’elle avait sorti tout ce qu’elle avait sur le cœur ? Cela ne fut qu’à cet instant qu’elle réalisa que derrière sa colère, il y avait le sentiment d’un détail qui n’allait pas. Elle croisa les bras, se triturant les méninges à la recherche de cette incohérence dans les paroles de son amie. Elle l’avait engueulée parce qu’elle était devenue aventurière, mais cela ne semblait pas coller à ses dires. Peut-être qu’il y avait autre chose, mais elle n’arrivait pas à saisir. Soudain, elle réalisa.
« Attends, comment ça «Lui» ? »
Parlait-elle de son maître de guilde ? Vivait-elle une aventure illicite avec lui ? Non, Terry ne pouvait pas être penché sur la question. Ou plutôt Sax n’arrivait pas à le concevoir. C’était certainement autre chose, elle en était convaincue.
Pauvre inconsciente que tu étais. La panique avait pris le dessus … elle avait parlé de quelque chose que tu cachais, et pour toi, la seule chose que tu cachais et bien, c’était ta relation avec un criminel recherché pour meurtre. Ta relation tout court. Tu ne dirais rien de plus. Tu te sentais dos au mur, c’était là l’unique raison pour laquelle tu venais d’évoquer le fameux « lui » aussi facilement. Il était hors de question que tu laisses Sax faire un scandale devant tout le monde – ton père plus particulièrement – c’aurait été une véritable catastrophe. Elle était ton amie. Par conséquent, tu pensais pouvoir lui demander de garder le secret, tant que tu le partageais de bon cœur avec elle. Tu t’excuses donc, pleine de bonne volonté, un petit sourire gêné imprimé sur les lèvres, prête à argumenter, prête à donner des raisons – que tu aurais inventer, sans doute, pour la plupart – et prête à te défendre de tes cachotteries aussi. Tu ne t’attendais surement pas à ce que la jeune femme se mette à faire un tel scandale … Heureusement, vous étiez isolées toutes les deux, il n’y avait donc personne pour entendre, et personne non plus pour se mêler de cette conversation.
Agitant les mains, tout en regardant autour de vous, tu tentes de désespérément de la faire baisser d’un ton, en vain. Pendant son monologue, tu ne parviens même pas à en placer une et tu assistes là à une espèce de sermon plein de reproches durant lequel la jeune femme n’hésite pas à hausser la voix, à appuyer certains passages pour bien te faire comprendre qu’elle n’est pas contente, qu’elle est déçue.
Sax était très douée dans ce domaine.
Terry tentait de sortir de ce quiproquo, mais il était trop tard pour arrêter la demoiselle. Quand elle avait une idée en tête, il était difficile de la faire dévier. Elle posa sa main sur l’aventurière, reprenant un air un peu plus bienveillant, en apparence tout du moins. Sa réponse, bien que mielleuse, avait un arrière-goût d’amusement.
« Terry Terry, tu sais que je t’adore comme si tu étais ma sœur, mais voyons… Ce n’est pas à moi que tu vas faire sortir les vers du nez, encore moins avec ce que tu as laissé entrevoir… »
Elle ferma les yeux, marquant la pause pour rendre la scène plus dramatique. Sax voulait juste savoir, elle ne dirait jamais les secrets des gens qu’elle aime un tant soit peu. Mais de sa jeunesse rigide, était née une obsession pour les ragots. S’échapper par la vie des autres dirait-on. Sax n’avait rien de malveillant, malgré ce qu’on pourrait croire. Juste de la curiosité mal placée. Elle continua, sans doute avec beaucoup trop d’entrain :
« Alors c’est qui ? Un mentor qui veut rester secret? Une personne à qui tu dois de l’argent? La princesse d’un royaume perdue que tu as promis d’aider à récupérer le trône et qui en échange te donner sa fortune ? Je peux demander à la cheminée sinon…»
Elle ne songea pas à un criminel d’état qui était son amant. La serrurière était naïve en soi, elle voulait juste l’excitation du partage de l’inconnu. Ses yeux pétillèrent, elle qui avait un rêve beaucoup trop terre à terre.
Elle n’imaginait pas un seul instant qu’elle pourrait être déçue. De toute façon à moins qu’on lui annonce que la farine avait augmenté de 2.5%, elle serait satisfaite.
Pauvre inconsciente que tu étais. Idiote que tu étais, tu venais vraisemblablement de tomber dans un piège que personne n’avait tendu, si ce n’est toi-même. Peu à peu, tu te rends compte que le sujet de la petite colère de Dolly n’était pas cette relation que tu continuais encore et toujours de cacher à ton entourage complet. C’était autre chose. Quelque chose de bien moins important, probablement. Quelque chose dont tu aurais pu t’excuser bien rapidement et expliquer sans encombre si tu n’avais pas parlé si vite.
Tu ouvres la bouche plusieurs fois, avant de la refermer. Tu ne sais plus quoi dire, tu ne sais même plus vers quel sujet tenter d’orienter cette conversation avant que les choses ne s’aggravent et finalement, tu en viens à la conclusion que, quoi que tu fasses, quoi que tu dises, c’était fichu, la jeune femme ne te lâcherais plus et tu risquais probablement de la vexer, voir de la mettre véritablement en colère si tu continuais de balancer des mensonges plus gros que toi, et des excuses qui ne tenaient pas la route une seconde. « Je sais. » Est-ce que tu t’avouerais vaincue ? Mh. Il fallait dire que tu n’avais pas réellement le choix, tu avais bien conscience – ce depuis le début – que mentir ne finirait que par t’apporter des ennuis, plus d’ennuis encore que tu n’en avais déjà. Tu n’avais pas besoin de ça en ce moment.
Le truc, c’est qu’il y avait un hic.
Un gros hic, même.
Tu adorais Dolly, Sax, peu importe quel nom elle pouvait se donner, tu l’aimais énormément et c’était bien pour ça qu’elle faisait partie de ce que tu pouvais appeler tes amis. Tu n’en avais pas en masse, et tu faisais en sorte de les choisir, par conséquent, il était tout à fait hors de question que tu en perdes. Malgré tout, Sax était ce qu’elle était et malgré toute l’affection que tu avais pour elle, tu savais aussi pertinemment que lui confier ce secret en particulier n’était pas une bonne idée. « C’est quelqu’un d’important qui n’a pas spécialement envie de que ses affaires personnelles soient ébruitées. » C’était un mensonge. Encore un. Il n’était cependant pas si gros que ça. « Je ne peux donc pas te dire de qui il s’agit … ça pourrait te mettre en danger. » Et tu te rends compte que ce que tu dis pourrais apporter encore plus de questions, ce qu’évidemment, tu aimerais éviter. « Il a un … emploi assez délicat, tu comprends Dolly ? »
Alors à la première goutte, elle ne put se retenir de pouffer.
C’était donc une personne importante qui ne voulait pas savoir ? Trop facile ! Ce n’était pas ces miettes de secret qui l’enivrait. Ses yeux pétillaient, cette histoire ressemblait bien trop à ces romans d’amour interdit pour la clamer. Elle trépignait sur place pour ne pas l’assommer de questions. A vrai dire, Sax se foutait royalement de son nom, il pourrait être un Jean-Albert, cela n’avait aucune valeur à ses yeux. Elle voulait juste connaître la nature de cette relation, et la raison de tant de mystère. C’était bien parce que Terry était son amie qu’elle se retenait autant.
Elle se saisit de ses mains, le sourire aux lèvres, comme pour la rassurer. Mais ses mots à l’inverse avaient de quoi l’inquiéter :
« D’accord pour son nom, mais tu peux quand même m’en dire un peu plus sur lui ? Appelons Marc-Antoine comme nom code ! C’est un criminel ? Un espion pour un royaume voisin ? Non c’est pas ça le plus important. C’est qui pour toi? Je veux savoir ! »
La rousse avait sorti un nom au hasard, étant une habituée des prénoms composés pour nommer les inconnues. Qu’elle était les chances que ce soit vraiment son nom ? Proche du néant et pourtant. Naïvement, elle avait voulu le rôle de la confidente. Pour elle, elle se tairait, elle ne questionnerait pas ses amis de bois si elle lui demandait.
Sans le vouloir, elle avait déclenché l’Apocalypse.
HRP: J'ai trouvé ça drôle que le nom code soit le même, mais si ça t'embête je peux changer ee
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