Apprendre à voler quand on savait parfaitement voler c’est un art, ou plutôt un coup à reprendre. Nivom devait s’habituer à sa nouvelle envergure pour voler. Si seul, il en était de nouveau capable, porter Newt était un peu plus délicat. Sa force était réduite et il devait trouver un équilibre. Une fois trouvé, cet équilibre permettrait de revoir les figures qu’ils maîtrisaient. Ils arrivaient à voler quand Newt grimpait une fois Nivom dans les airs, et les figures revenaient doucement. Mais l’atterrissage…

— Redresse redresse !

Le choc éjecta Newt tandis que Nivom enroula son cou sous lui pour amortir le coup. Le cheval du jeune homme hennit, comme pour se moquer de son compagnon d’écurie. Nivom se redressa en battant des ailes, mécontent. Newt se releva en soupirant et se rassit dans l’herbe de la plaine.

— On fait une pose ? Barzan a prévu de se moquer de nous un moment

Le cheval noir s’approcha en broutant et donna un coup de museau à son cavalier. Newt avait du se réhabituer à son cheval pour voyager, même s’il s’était peu éloigner du Grand Port depuis un moment, depuis l’accident en fait. Il devait impérativement se rendre à la capitale, son parrain pourrait l’aider pour justifier de son identité. Il avait eut quelques soucis, notamment pour se trouver de nouvelles tenues, lui qui avait perdu quelques centimètres. Il lâcha un soupire et se leva, se remettant en selle sur le dragon tandis que Barzan reprenait son broutage calmement.

Après quelques loopings, le duo amorça une descente et Nivom redressa, rasant les herbes hautes. Au moment de se poser, perdit l’ésuilibre et Newt fut balancé en avant, les faisant tous les deux partir au sol, éjectant Newt une nouvelle fois. Le jeune homme se redressa tandis que le dragon, remis sur ses pattes, s’ébrouait. Barzan leva la tete, oreilles dressées, attentif à la venue d’un tier.

Depuis combien de temps chevauchons-nous ? Je n'ai plus vraiment de notion du temps en ta présence, tu bouges tellement. Toujours sur les routes, excepté lorsque tu reviens dans ta famille pour les voir quelques jours avant de repartir de plus bel. Parfois, tu m'épuises rien qu'en te regardant marcher quelques kilomètres auprès de ta monture pour lui accorder une pause. Tu as quitté le Village Perché il y a plus d'une dizaine de jours déjà. Ton jeune frère, Scamp, aujourd'hui âgé de neufs printemps, n'était pas très enjoué de te voir repartir. Parfois, je me demande si il ne te considère comme sa mère plutôt que comme sa sœur aînée. Il apprécie beaucoup partir à la chasse avec toi, il s'exerce chaque jour au tir à l'arc et il fait des progrès chaque fois que tu reviens. Ta petite sœur quand a elle, approche de ses quatorze printemps, mais elle a eu beaucoup de mal à se remettre de la perte du reste de votre famille, particulièrement celle de son jumeau. Terriblement discrète, tu as du mal à la cerner. Elle se contente le plus souvent de suivre votre grand-mère, mais tu as cru comprendre que depuis peu, elle s'était mise à suivre les traces de votre mère en tant soigneuse.

Mais revenons à notre récit présent ... Tu as fait une escale à la Capitale pour ravitailler tes sacoches. Tu en as profité pour aller faire un tour au quartier général de La Guilde. Aucune quête ayant lieu aux alentours n'est parvenue à attirer ton attention. Tu n'as encore jamais eu l'occasion d'explorer un peu plus le sud du pays, tu as donc décidé d'y remédier et si une quête devait se présenter sur ton chemin, pourquoi pas ? C'est donc après cinq jours à errer dans les rues de la Capitale, que tu as fini par te décider à reprendre la route.Un autre aventurier, originaire des plaines, t'as indiqué comment te rendre près du lac. Le Temple dont il t'a parlé ensuite, ne représente pas un grand intérêt à tes yeux, mais qui sait, au gré de tes humeurs, tu finiras peut-être par changer d'avis et aller y faire un petit détour.

Ta monture, un magnifique étalon noir aux crins particulièrement fournis et ondulés, gardait une bonne allure. Le terrain dans cette région est bien plus agréable pour lui que la forêt ou la montagne auxquelles il s'est habituée. Ses aplombs robustes, en font un cheval idéal pour les terrains plus difficiles. Il possède un poitrail large qui lui confère une bonne endurance. Sa carrure est souvent plus imposante que la plupart des destriers utilisés à la montée. On pourrait dire qu'il est entre le cheval de selle et le cheval de trait. Tu as mis du temps à pouvoir l'apprivoiser, mais au final, il est un peu comme toi et te correspond parfaitement. Fougueux, indépendant, parfois caractériel et têtu, mais doux lorsqu'il se sent en confiance.

Les oreilles de Cracker se mirent à remuer nerveusement, c'est quelques instants plus tard que tu compris pour quelle raison. Tu percevais un bruit sourd et régulier mais qui se rapprochait et semblait venir ... du ciel ? Comme un fort et lent battement d'ailes. Mais tu n'eus pas plus de temps de te poser des questions, que ta monture rua et il te fallu un certain temps et une bonne maîtrise pour pouvoir rester sur la selle sans tomber. Ce ne fût pas évident de parvenir à apaiser la grosse frayeur que ton étalon avait ressenti.

- Là, là, calmes toi mon grand, ce n'est rien. Je suis là ...

Il soufflait par ses nasaux grands ouverts d'une manière très nerveuse. Lorsque tu relevas la tête pour enfin constater de ce qui avait pu autant l'effrayer, tu remarquas alors la présence d'un dragon un peu plus loin qui semblait avoir eu des difficultés atterrissage. Mais lorsque Cracker baissa son encolure pour venir renifler l'air par curiosité devant une silhouette allongée sur le sol, tu ne pus que te rendre compte de la présence d'un autre être humain. Tu l'observas du haut de ta monture d'un air plutôt froid, distant et surtout ... mécontent. Il avait bien failli te faire tomber de ton cheval après tout !

- Vous pourriez faire un peu plus attention ! La prochaine fois, assurez-vous qu'il n'y ait personne sur votre zone d'atterrissage ... si on peut appeler cela ainsi ...

Ton regard fushia se posa une nouvelle fois sur le dragon qui s’ébrouait et tu remarquas alors la présence d'un autre cheval un peu plus loin.

- Le cheval ne vous suffisait pas ? Vous mettriez moins les gens en danger. Quoique ...

Tu observas alors un peu plus attentivement le jeune homme brun qui te faisait face, mais tu ne daignas pas descendre de ta monture pour autant. Il était plutôt agréable à regarder, du moins, si tu t'étais intéressée à ce genre de détails, mais ... ce n'était pas ton genre de t'extasier devant la beauté ... ou non ... des autres.

Le cheval noir hennit à la vue d'un compagnon équidé qui reniflait son cavalier au sol. Newt se redressa assis dans l'herbe en se tenant la tête avant de sentir le souffle chaud du nouveau venu. Il aperçut rapidement la bride et leva la tête vers sa cavalière, qui ne semblait pas enchantée de cette rencontre. Et comme prévu, elle le réprimanda, le qualifiant de danger. Newt caressa de l'index le bout du museau de l'étalon en évitant de se prendre un coup de dent et se releva.

La demoiselle était blonde avec des yeux quasi violets. Elle avait de l'allure, mais tout le monde en aurait sur un tel cheval, l'animal était imposant et de noble apparence, aussi beau que pouvait l'être Barzan qui connaissait un mode de vie des plus princier. Quand elle lui demanda si le cheval ne lui suffisait plus, le jeune homme se gratta la tête :

- Contrairement à vous, mon cheval est ravi de ne pas être ma monture principale. Ce dragon gris que vous voyez là est le destrier le plus rapide de tout Aryon et mon premier compagnon, fit-il tandis que son propre cheval venait pour faire connaissance de l'autre mâle.

Castré, Barzan n'avait aucun soucis de socialisation. Newt le retint par la bride et flatta son encolure sereinement. Il se reconcentra sur la jeune femme :

- Si je vous avez vu vous vous doutez bien que j'aurais atteri plus loin, mais pour plusieurs raisons, vous ne saurez pas pourquoi cet atterrissage c'est si mal passé, fit-il avec un sourire avant de s'incliner légèrement et de se présenter, en espérant cette fois-ci que l'on croit à son identité. Newt d'Arphéos, héritier du Grand Port et Dragonnier d'Aryon, en possession du seul dragon docile du royaume.

Il avait dit ça d'un ton léger, sur la rigolade, en espérant que l'accident passerait mieux ainsi. Sur la tête de Barzan apparut son Lumios, Odin, qui dormait jusque là sur le dos du cheval noir qui n'avait pour le moment pas sa selle et qui avait été attiré par la discussion des deux humains. A croire que Newt se baladait avec un zoo des fois. Il jeta un regard vers Nivom qui, le voyant occupé, avait préféré s'allonger près de leurs coin pour dormir au soleil.