-Ugh, putain sérieusement.
Astrid se couvrait le visage avec la paume de sa main, exaspérée par la situation. Être une femme pouvait être parfois difficile dans ce vaste monde et dans cette société. Quand elle était gamine, les garçons refusaient de jouer ou de se battre avec elle sous prétexte qu'elle n'avait pas de couilles, alors que figurativement, elle était celle qui avait le plus de couilles. En grandissant, elle avait été témoin d'autres choses qui la faisait parfois regretter son corps d'homme. Ce moment-là était l'un d'eux. Deux hommes dans la trentaine, un peu rouge à cause de l'alcool malgré le fait que l'heure du dîner n'avait pas sonné, qui tentaient de draguer une femme de (mentalement) 83 ans dans une rue de la capitale. « J'pourrais être votre grand-mère alors dégagez le chemin » aurait-elle aimé dire. « Vous savez que vous parlez à une personne qui faisait 2 mètres, qui avait des muscles saillants, et qui en avait une plus grosse que vous dans le pantalon ? » aurait-elle aimé lancer. Mais non. Elle ne tentait pas vraiment de garder son identité secrète à tout prix, mais elle n'allait pas le crier sur tout les toits non plus. De toute façon, ils ne l'aurait pas crue, donc à quoi bon.
De toute façon, elle était habituée à ce genre de situation maintenant. Ça lui apprendrait, à avoir un corps canon.
-Allons boire un verre, tu verras, tu vas t'amuser !
-On connaît un bon coin, une bonne taverne.
À chaque parole de ces deux idiots, c'était l'envie de les étrangler et de leur apprendre la manière et l'art de draguer qui prenait Astrid. Qu'est-ce qu'ils étaient nazes ! Elle faisait bien mieux, même si le résultat n'était pas toujours là ! Ces gamins avaient vraiment peu d'expérience et semblaient être bien relous également. Elle connaissait ce genre de types. Ils allaient jouer les gentils d'abord, un non ne suffirait pas à les dégager, ils forceraient un peu, mais en général une patate ou deux suffirait à les dissuader. Surtout que les passants préféraient éviter de se mêler des affaires des autres.
-Si vous dégagez pas, j'vous jure que j'vous casse en deux comme des brindilles les gamins.
-Wow. Tu plaisantes? Tu te prends pour qui?
Aussi, elle fit craquer ses doigts dans la perspective de leur casser la gueule calmement et rapidement mais s'arrêta en voyant un visage familier parmi les passants. Elle cligna des yeux plusieurs fois, les plissa pour mieux voir, et fut bouche bée :
-Heiiiiiinnnnnnnnnnn ?
Un grand gaillard d'environ 1m90, une carrure ma foi pas aussi imposante que fut la sienne mais pas mal quand même, une chevelure ébène, des yeux bruns, ce visage….
-Theneon Moorhell ! S'exclama-t-elle.
Elle ne pouvait pas y croire. Ce salaud qu'elle avait anciennement éduqué, mené, entraîné, qui avait grandi et mûri au sein de la garde, qui avait été son subalterne, son collègue, et un ami d'une certaine façon. Il était devenu son successeur en tant que commandant de la garde royale, avait-elle appris, mais avait abandonné son poste une dizaine d'année auparavant pour des raisons que Astrid ignoraient. Il aurait dû être dans ses 60 ans, mais le voilà ici, jeune et fringuant, dans sa vingtaine. Ce bâtard, avait-il pris une potion pour changer d'apparence ou pour rendre jeune ?! Ou peut-être que ce n'était pas lui… ?
La surprise et l'incompréhension laissa vite place à la conception d'un plan foireux quelconque pour l'aborder et le faire chier. Pro dans le domaine de l'arnaque, des farces et des conneries, cela ne demanda pas beaucoup de temps :
-Faites place fils de chiens galeux et allez vous sucer la bite mutuellement ! Dit-elle en leur donnant une claque.
-Qu'est-ce que… ?
L'un d'eux tenta de lui prendre la main mais la femme à tout faire fonça droit vers Theneon et se colla à son bras :
-Kyaaaa ! Cria Astrid avec une voix plus aiguë que d'habitude. Te voilà enfin mon chéri, l'amour de ma vie, l'homme pour qui je...euh..ferai la cuisine.Elle tentait de jouer la princesse fragile et sans défense, et pour l'instant, elle se débrouillait plus ou moins bien. Ouais, plus ou moins. Ces fils de put...de péripatéticiennes ont voulu me draguer minablement. Je suis soulagée de te voir enfin !
Suite à cela, elle leur tira la langue et leur fit un doigt d'honneur discrètement. Sacrée princesse fragile et sans défense que voilà.
Alors il aurait pu paraître comme un homme simplement heureux. Observant les moindres recoins, jusqu’à même imaginer par d’autres qu’il aurait pu avoir quelques mauvaises intentions. Owain était juste un peu différent, étrange par moment, mais rien de bien dangereux si ce n’était son extravagance et parfois, sa capacité d’adaptation qui pouvait sonner comme monstrueuse. Ainsi, les oreilles bien ouvertes, l’homme fut pour le moins étonné d’entendre hurler l’appellation de son paternel. Si Owain savait bien une chose sur son père, c’était qu’il était rare qu’il sorte dehors en début de soirée pour se détendre. Du moins pas ici, pas dans ces ruelles et encore moins avant l’heure du dîner. Encore plus, sans son épouse qui elle, avait sans doute d’innombrables commandes à satisfaire. C’est pour cela qu’instinctivement, comme s’il avait quelque chose à cacher, le regard du jeune garde regarda l’ensemble de l’horizon avec vitesse. Comme si, il chercher son père du regard pour savoir par où s’enfuir. Bien qu’au fond, Owain n’avait aucun problème avec son paternel, bien au contraire. Il serait, pour ainsi dire, ravi de partager une bonne boisson en extérieur avec lui. Du moins, s’il n’était pas accompagné de son amour de toujours.
Mais pourtant, qu’importe l’horizon. Jamais Owain n’aperçut, ne serait-ce qu’une ombre qui pourrait lui appartenir. Alors, il s’imaginait à une mauvaise blague. Ou bien, quelqu’un qui aurait pu se tomber, tout simplement. Bien qu’il fût tout autant possible qu’il y ait affaire à un homonyme, mais celui-ci était tellement rare que l’idée ne se reflétât même pas une seule seconde dans son esprit. Ainsi, d’un haussement d’épaule, l’homme s’apprêtait à reprendre sa route comme si de rien n’était. Du moins, tel était l’idée de base.
Car une demoiselle à la longue chevelure blanche se colla à lui sans la moindre raison. D’une part, Owain ouvra grands les yeux pour comprendre la situation, qui lui fit très rapidement expliquée par la demoiselle qui venait de se rapprocher de lui. Elle semblait faussement apeurée, mais dans tous les cas, deux hommes semblaient l’importuner. Bien que le garde eût cette réjouissance continuelle, qui le rendait pour le moins idiot aux yeux d’une grande majorité. Il ne lui fallut pas très longtemps pour comprendre de quoi, il en retournait. Ni une ni deux, il attrapa d’un bras la demoiselle par la hanche afin de la rapprocher à ses côtés. Un regard doux qui se posa sur la demoiselle qui paraissait un peut plus jeune que lui.
« Ah, je te cherchais partout mon cœur. Je commençais à m’inquiéter. »
L’air charmeur, presque amoureux, un semblant de voix mielleuse. Parce qu’Owain était terriblement fort à ce jeu. Puis, changeant du tout au tout, le garde s’arrêta sur les deux hommes qui devaient être pour le moins alcoolisé. D’un soupir, le regard devenu froid. Il se détacha alors de sa fausse compagne, s’avançant d’un pas pour leur faire face. Cherchant ainsi à la protéger de tous éventuels laissez aller.
« Ça ne vous déranges pas plus que ça d’importuner la copine de quelqu’un d’autre ? »
Commençant par un brin de politesse, pensant que sa présence allait les faire rentrer chez eux, bredouille. Owain n’eut toutefois pour simple réponse qu’un grognement d’un des hommes. Le garde n’étant pas dans leur histoire, il n’avait aucune idée de ce qui s’était passée avant que la demoiselle vienne auprès de lui. Mais de toute évidence, les deux hommes paraissaient réellement énervés par cette dernière. Alors d’un léger coup-d’œil à l’arrière, Owain aperçu ce très léger doigt relevé. Sans un son extérieur, son esprit semblait être tiraillait entre le rire et le soupir. Il était vrai qu’elle n’avait pas d’air véritablement apeuré. Soit parce qu’elle était justement à l’origine de ce problème, peut-être même jusqu’à en être une habituée. Ou bien, avait-elle si confiance envers les capacités d’un parfait inconnu ?
Et en moins d’une seconde, l’un des hommes tenta de s’avancer. Le bras tendu sans doute dans l’espoir d’attraper la demoiselle et sa chevelure de neige. Il ne fallut néanmoins au garde qu’un fragment de seconde pour lui saisir le bras afin de le maintenir au dos de son propre possesseur. L’homme n’était pas spécialement à plaindre en gage de musculature, mais cela ne faisait pas tout. Face à un garde censé être d’élite, entraîné pour protéger la princesse d’un claquement de doigts. Il n’était pas grand-chose. Alcoolisé ou non.
La jeune femme se retenait d'éclater de rire, se mordant la joue intérieurement en voyant que son ami jouait le jeu en l'appelant son cœur et en adoptant cet air si charmeur qui ferait chavirer le cœur des femmes les plus fragiles ! Si seulement il savait qu'il tenait dans son bras un vieux connard de 83 ans, elle se demandait s'il aurait vraiment joué le jeu à la perfection, haha.
Quel gentleman ! Il se mettait en avant pour protéger la demoiselle en détresse ! Quel homme ! Quel chevalier dans une armure blanche étincelante !
Lorsqu'elle se rendit compte que son sauveur avait jeté un coup d’œil en arrière, cette dernière cacha ses mains derrière son dos et fit semblant de siffloter en regardant ailleurs, comme une enfant qu'on venait d'attraper la main dans le sac, qui le savait pertinemment, mais qui continuait à jouer les innocents malgré tout. Peu importe l'angle d'où on prenait la situation, Astrid n'avait vraiment pas l'air d'une demoiselle en détresse et ne faisait quasiment aucun effort pour jouer le rôle. Et puis, elle faisait également entièrement confiance à Theneon et en ses capacités.
-Ô mon amour, montre leur de quoi tu es capable ! Pourfends ces vils malandrins de ta grosse ép... Il n'en avait pas une. euh….de tes gros muscles !
Un soldat de la garde ne perdrait jamais contre des ivrognes, sauf si ces ivrognes étaient d'ex-gardes, ce qui était possible mais peu probable. Mais pas impossible. Enfin, ptetre que…
Ah non. Improbable. En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, Theneon avait saisi le bras d'un des idiots pour le maintenir dans son dos. C'était bien les mouvements fluides et experts d'un garde expérimenté tout ça ! Nul doute, c'était bien Theneon !
-Kyaaaa ! S'exclama Astrid en mettant le dos de sa main sur son front de façon théâtrale. Oh Theneon ! Mon Theneon, pourquoi es-tu Theneon !
Se rendant compte qu'elle en faisait peut-être un peu trop, elle toussota et continua en pointant du doigt les lourdauds avec un sourire narquois:
-Vous n'êtes clairement pas à la hauteur de mon petit-a….fianc...Non. Elle hésita un instant et se gratta la tête, jusqu'à ce qu'une idée lui vint : De mon mari ! Voilà ! Que ce soit au combat ou au lit ! Vous devriez juste partir la queue entre les jambes ! Et même en parlant de queue, vous êtes pas à sa hauteur ! Humph.
Quel langage indécent ! Si peu de féminité ! Quelle grossièreté ! Elle n'avait clairement pas su garder son rôle de demoiselle en détresse très longtemps, mais savait pertinemment ce qu'elle faisait et disait.
Insulter la virilité d'un ivrogne était souvent une mauvaise idée, et cela se confirma lorsque le deuxième idiot se jeta sur Theneon dans un cri d'alcolo voulant prouver qu'il en avait une grosse.
Et ce fut finalement cette pensée qui semblait avoir pris le dessus lorsque l’ivrogne, en pleine possession de ses mouvements, mais pas de son cerveau, se jeta sur le garde. De toute évidence, Owain était dans de beaux draps. Professionnellement parlant, il n’était pas censé poser de problème en ville et surtout, il n’avait aucune raison de blesser des civils sauf si ces derniers s'entichaient de manière significative, la quiétude d’un tiers. Et à la vue de la réaction de la charmante demoiselle, il ne faisait aucun doute que les conditions n’étaient pas complètement remplies dans cette situation. En vérité, le cri de l’homme alerta le garde ce qui lui permit de réagir très rapidement.
Il n’avait d’ailleurs pas même une seconde à s’offrir, dans le but de comprendre pourquoi cette demoiselle n’arrêtait pas de l’appeler par le prénom de son paternel, comme si c’était d’une logique parfaite. Il était possible que cela ne soit qu’un pur fruit du hasard, que Theneon soit le premier prénom qui lui passait par l’esprit. Mais le hasard était bien trop énorme pour ne pas être remis en doute. Owain accentua la pression sur le bras de l’homme qui avait tenté de se débattre lorsque son ami s’était avancé, le garde le bouscula alors pour que celui-ci tombe au sol. Quelques secondes qui lui permettraient de riposter de son dernier assaillant.
Durant un instant, le garde s’était imaginer faire trébucher l’assaut d’un croche-pied, mais sa position ne lui permettait pas de réussir un tel mouvement. Alors gardant son dos tourné vers l’homme qui lui sautait dessus, Owain s’était très légèrement incliné vers l’avant afin de pouvoir lancer son coude vers l’arrière, répondant d’un contact avec le torse de l’homme. Ça ne lui plaisait pas spécialement, mais il espérait que cela puisse mettre fin à cette histoire. Car de toute façon, aucun des deux ne pouvait faire part égal contre un garde royal spécialement entraîné pour protéger une personne spécifique.
« Écoutez, je ne sais pas ce que vous lui voulez, ou ce que ma femme à bien pu vous faire. »
La voix troublée, sans doute la première fois qu’Owain utilisait un pronom possessif avant un tel mot. Bien sûr que de rester dans le jeu de la demoiselle pouvait lui permettre d’être débarrassé le plus tôt possible des deux hommes. Bien qu’avec l’état d’ivrogne des uns et l’état provocatrice de l’autre, le bordel pouvait perdurer encore bien longtemps.
« Si vous nous laisser, l’histoire s’arrête là. »
Parce qu’il n’avait pas spécialement envie de se battre, encore plus si l’histoire en venait à l’intervention d’un garde civil en service.
Toujours était-il que ses capacités étaient présentes, et qu'il s'était occupé du deuxième assaillant avec brio.
-Bravo chéri ! Dit-elle tout en applaudissant.
Astrid n'aurait pas fait mieux ! Enfin, ptetre que si. Elle aurait tout simplement cassé la gueule aux deux salops jusqu'à ce qu'ils ne tiennent plus debout et qu'ils tombent dans les pommes. Un peu violent, mais il fallait parfois l'être pour sortir du pétrin rapidement et efficacement. Theneon , lui, avait jugé préférable de joueur sur la peur et la menace, probablement de par son statut de commandant. Ah, non, il ne l'était plus. Est-ce qu'il était encore garde au moins… ? Elle ne le savait pas, maintenant qu'elle y pensait. La femme aux cheveux blancs ne s'était jamais plus renseignée et s'était contentée à l'époque des nouvelles apportées par son père, des journaux, et des rumeurs. Elle devrait lui demander pour éclaircir tout ça, en plus de savoir pourquoi il avait l'air si jeune malgré sa soixantaine.
Bah. Autant terminer ce bordel rapidement.
-Allez, ouste ! Déguerpissez avant que mon sucre d'orge décide de vous casser le bras avec lequel vous vous astiquez le poireau! Vous voyez bien que vous lui arrivez pas à la cheville !
-On retiendra ça salope ! S'écria l'un deux.
A cette insulte, la jeune femme haussa les épaules en poussant un soupir exaspéré. Elle ne comptait même plus les gens qui lui en voulaient pour une raison X ou Y. Elle était sûre que ces deux gugusses finiraient par la retrouver, mais ce problème, l'Astrid du futur devrait le régler toute seule et comme une adulte responsable, c'est à dire en fuyant ou en leur cassant la gueule une bonne fois pour toute.
Suite à cela, elle tapa un grand coup dans le dos de Theneon et ricana :
-He beh mon vieux, merci pour ton aide ! Je vois pas du tout comment je m'en serais sortie sans toi haha ! Ça fait un sacré bail sinon !
Elle tourna autour de l'homme et plissa les yeux tout en l'analysant. Cela faisait 23 ans qu'elle ne l'avait pas revu quand même.
-Theneon, t'as changé. Comment ça se fait que t'as pas pris une ride ? Potion de jouvence ? D'apparence ? Comment va ta femme ?
Elle parlait à l'homme comme si elle le connaissait depuis des années, des décennies même, mais n'avait pas pris la peine de se présenter une seule fois, comme si il était évident que son identité soit connue.
-T'es bien Theneon hein ? Pas un clone ou une connerie du genre qui a à la fois l'apparence mais aussi les compétences hein?
Lorsqu’une frappe s’abattit sur son dos, Owain sursauta part tant de familiarité qui ne seyait pas à une jeune demoiselle. Il était vrai qu’elle ne semblait pas en détresse malgré les premières apparences, mais elle agissait véritablement comme s’ils se connaissaient. Or aussi bancale que pouvait être sa mémoire, celle des visages rencontrés était assez digne de confiance. Plus encore compte tenu de sa… franchise dirait-on.
« Euh, oui ? Pas de problème. »
Pour la première fois de sa vie Owain était troublé et n’avait même pas prit l’effort de le cacher. Le garde observait la demoiselle tandis que celle-ci lui tournait autour. Essayant de se souvenir, car de toute évidence, son esprit semblait lui jouer des tours. Elle semblait tellement persuadée de le connaître et agissait comme si c’était le cas, qu’il lui en venait difficile de remettre cela en doute. Puis, le fait qu’elle avait accouru en sa présence tout en appelant son père revint à la surface. Aussi étrange que cela puisse paraître, la jeune femme semblait confondre Owain avec son paternel. Chose pour le moins impensable étant donné que l’homme était aujourd’hui dans la soixantaine et qu’Owain n’avait -ou du moins il l’espérait compte tenu de son regard rond qui aurait pu en faire sortir ses yeux – pas l’apparence d’une personne pour le moins. Faiblement et gentillement âgée.
D’autant plus que l’étrangeté s’accentua aux fils de ses paroles. La jeune femme était étonnée de revoir Theneon sous son apparence d’autrefois. Car grand nombre de fois durant son internat, les gardes qui avaient connus son père étaient choqués qu’Owain en soit sa copie conforme de sa jeunesse. Ainsi, cette demoiselle devait connaître le paternel Moorhell lorsqu’il était plus jeune tout en savant que celui-ci était sans être beaucoup plus vieux. Or, cette chevelure blanche ne semblait pas être plus vieille que le garde qui lui faisait face.
Sa main se lève afin de se gratter machinalement le menton. Owain essayait de comprendre sans vraiment y voir un quelconque lien logique. À moins qu’il était face à quelqu’un citant les effets qu’elle avait elle-même prise. Ainsi, il lui était un peu difficile de parler de son père étant donné qu’il s’agissait, à ses yeux d’une parfaite inconnue. Provocatrice de problème. Dont les propos semblaient illogiques. Alors la meilleure chose était de faire comme si, afin de comprendre de manière plus précise ce dont il s’agissait.
« On se connaît ? »
Évitant la moindre réponse.
-On se connaît ?
L'ex-commandante remarqua bien à la question de l'homme qu'il évitait de répondre. Pourquoi ne pas répondre simplement par « oui » ? Hmmm.
-Bien sûr qu'on se connaît ! Enfin, tu dois pas me reconnaître sous cette apparence, compréhensible. Elle hocha la tête, s’imaginant à la place d'un ancien camarade qui se ferait aborder par une jeunette prétendant le connaître. Elle leva un indice et eut un petit sourire narquois. Un indice, tu m'appelais Ed'.
Maintenant que le calme s'était installé et qu'elle avait eu le temps de l'étudier, Astrid commençait à avoir ses doutes, aussi n'avait-elle pas révélé son identité directement. De toute façon, pas comme si elle allait le faire dans une ruelle où les murs avaient des oreilles.
Cela dit, une autre possibilité avait vaguement eu lieu dans son esprit. Elle était logique, mais de par la situation d'Astrid totalement farfelue de réincarnation, elle avait pensé à une autre raison totalement farfelue expliquant l'apparence de l'homme en face d'elle. Et puis ça ne l'avait pas frappé, tant la ressemblant était là, tant physiquement que dans les prouesses au combat dont il avait fait preuve.
Et puis, Theneon, est-ce qu'il avait eu un gosse ? Elle s'engouffra dans un silence, se contentant d'observer plus en détail le visage de l'homme.
-Tu serais pas… ?
…
…
Il y a 25 ans, Theneon avait...
Un bruit sourd. Soudainement. Sans prévenir. La jeune femme dû se tenir la tête, pensant être soudainement attaquée par un pouvoir quelconque, ce qui pouvait être risible pour toute personne extérieur. Comme une damnée, elle regarda autour d'elle pour repérer la source, mais aperçut très vite qu'elle était la seule à être touchée.
Tout cela n'avait duré que l'espace de quelques secondes, et elle finit par rebaisser les bras, reprenant son souffle, sentant quelques gouttes de sueur froide couler le long de son dos. Elle ne comprenait pas vraiment ce qui venait de se passer. À chaque fois qu'elle tentait de se rappeler de quelque chose, 25 ans auparav…
Une nouvelle fois, un bruit sourd ne se fit entendre que par elle. Instinctivement, elle se boucha une nouvelle fois les oreilles, inutilement. La citoyenne tenta néanmoins de forcer (forcer quoi? Quelque chose), mais cela ne fit que renforcer le bruit sourd et sous le choc.
-Ptain ! S'exclama-t-elle. C'quoi cette connerie ?!
Sous la possibilité d'une attaque mentale liée à une magique quelconque - ce qui n'était pas possible connaissant le pouvoir de ce vieux Theneon, mais hey, on était jamais assez sûr -, elle prit ses jambes à son cou à la vitesse du son et se barra, laissant en plan son pauvre camarade. Ils se verraient une prochaine fois, quand elle aurait mené une enquête sur sa jeunesse incongrue!
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