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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Regardez, c'est les Milan ! ~ [PV Queen]
    InvitéInvité
    Anonymous
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    Regardez, c'est les Milan ! ~ [PV Queen]
    Sam 15 Juin 2019 - 16:52 #
    « Bonne journée, alors. Heureux d'avoir négocié avec vous, voyez-vous. »

    Primus serra la main du marchand de tapisserie grassouillet et prit congé, direction la rue. C'était son dernier rendez-vous du jour, et il s'était déroulé comme il l'avait espéré. Cela faisait quelques mois qu'il cherchait des associés avec qui travailler pour que sa société de construction de maisons de vacances pour nobles et bourgeois riches s'occupe de A à Z desdites maisons. Actuellement, ils n'étaient chargés que de la construction et de la mise à disposition des commodités rudimentaires : fours, toilettes, douches, baignoires, etc... Les clients étaient ensuite chargés de trouver eux-mêmes leurs meubles, ainsi que de s'occuper de la tuyauterie, du carrelage, des combles, de l'aménagement global, en somme. Et cela ne convenait pas à Primus qui, lui, ne pouvait pas assurer que ses artisans travaillaient de concert ainsi. Cela faisait parfois des soucis avec certaines maisons, notamment avec celle d'un noble du Grand Port qui s'était plaint parce qu'apparemment l'espace sous le toit n'était pas suffisant pour y installer la tuyauterie – qui n'avait rien à y faire – que son plombier souhaitait loger là.

    Depuis, c'était la bataille pour associer tous ces artisans ensemble sous l'enseigne de son entreprise, qu'ils s'occupent des plans en groupe au lieu de se débrouiller chacun de leur côté pour s'organiser sur le chantier. De la même manière, une telle mise en place permettait de finir les travaux bien plus vite puisque tout le monde pouvait se retrouver à œuvrer en même temps : pendant que le carreleur s'occupait de la salle d'eau, le plombier pouvait s'occuper des éviers des cuisines, le tapissier gérait la chambre, etc etc...

    Et aujourd'hui, c'était justement le jour où cela se goupillait correctement. Le carreleur avait signé le contrat, le plombier aussi, et le tapissier venait de lui accorder une nouvelle entrevue pour éventuellement signer ce contrat, à condition de négocier quelques détails avec les artisans déjà engagés. Ne restait qu'à trouver quelqu'un pour les combles, un menuisier, un jardinier et quelques autres personnes plus anecdotiques qu'autre chose mais dont le travail serait le bienvenu.

    Il sortit du bâtiment dans lequel le rendez-vous avait eu lieu, et porta sa main à son front pour se protéger du soleil qui avait décidé de tirer ses rayons aveuglants sur le monde pour l'après-midi. Il n'était pas bien sûr de l'heure, mais peu lui importait étant donné que son travail pour la journée était fini. Vêtu de son habituelle veste rose violacée aux cordelettes dorées ainsi que d'un pantalon noir et de souliers assortis à sa veste, il descendit les quelques marches qui se trouvaient devant la porte et se dirigea vers la gauche, sur le chemin du retour pour son ministère. Il avait quelques dossiers en main qu'il souhaitait déposer et ranger correctement avant de rentrer se reposer. Peut-être aurait-il la motivation en lui pour aller faire un tour dans un bar que les nobles aimaient fréquenter, les lounges ?

    Il arpenta les rues poussiéreuses une à une, tournant à droite ici, à gauche là. Il prit la peine de saluer les diverses personnes qu'il croisait et qu'il connaissait, et finit par se trouver arrêté par un noble qui souhaitait discuter avec lui rapidement. Le lieu était mal choisi : discuter commerce et stratégies en pleine rue, c'était aussi malin que de manigancer contre la couronne devant un garde royal. Il essayait de couper court lorsqu'une autre personne vint se greffer à la discussion. Un maraîcher, apparemment en négociations pour un contrat avec le Pristus, et qui souhaitait en savoir plus sur la façon dont le transport de marchandise et sa sécurité étaient assurés. Fatigué par sa journée et dépassé par ces questions tout droit sorties de nulle part, Primus n'arrivait pas à répondre correctement à ses interlocuteurs de sorte de mettre fin à ces échanges qui n'avaient pas leur place dans la rue. Une autre personne arriva, puis une autre, et encore une autre, et rapidement un petit attroupement se fit, dont le but premier de discuter de ventes et de contrats se mua en salutations polies et enjouées des citoyens à leur ministre du commerce.

    Prit dans cette nasse de gens, l'héritier de la famille Milan s'efforçait de faire bonne figure, en leur offrant des sourires le plus possible sincères, ainsi que des poignées de main et en écoutant à moitié ce qu'ils disaient. Plus la chose durait, plus il se disait qu'il aurait mieux fait de se trouver un garde personnel, pour l'escorter dans la Capitale et lui éviter ce genre de désagrément.

    Il cherchait à se défaire de ce fardeau qu'était cette foule lorsqu'il vit une ouverture: là-bas, à quelques dizaines de mètres, une crinière de cheveux qu'il aurait reconnu entre toutes. Queen, sa sœur. Il en était quasiment sûr. Il trouva une faille dans le filet humain qui le piégeait, et s'y engouffra en s'excusant de devoir les laisser, et commença à presser le pas dans la direction de sa sœur en appelant, presque en criant:

    « Queeeeeeeen ! Attends moooooooi ! »
    Queen MilanNoble
    Queen Milan
    Informations
    Re: Regardez, c'est les Milan ! ~ [PV Queen]
    Mar 18 Juin 2019 - 15:19 #
    Un jour de repos, ou plutôt l’un de ses rares jours de repos serait plus juste. Il n’était pas coutume pour la jeune femme que de s’octroyer un jour comme celui-ci à flâner et ne rien faire mais après les événements qui avaient eut lieu ces derniers temps elle avait finit par se rendre à l’évidence. Elle avait besoin de souffler et vite si elle ne voulait pas plonger tête baissée dans un burn out. Sa vie qui avait jusque-là été relativement calme, était, ces derniers temps un véritable capharnaüm. En premier il y avait eu cette agression qui lui avait valu un entraînement intensif de nuit avec nul autre que cet idiot d’Owain et ensuite comme si cela ne suffisait pas une mystérieuse tour était apparu. Tour dans laquelle elle c’était retrouvé bien malgré elle face à trois cerberus dont un alpha. Les souvenirs de ces quelques jours passés là-bas la faisaient encore frissonner et ses nuits étaient encore hantées par divers cauchemars, ce qui donnait du fil à retordre à Alphonse qui se trouvait être particulièrement sur les nerfs en ce moment, au moins tout autant que sa patronne. C’était d’ailleurs pour cette unique raison qu’elle avait décidé de se rendre en ville aujourd’hui. Échapper à l’air littéralement maussade de la maison ne pourrait que lui faire du bien.

    L’avantage lorsque l’on s’appelle Queen Milan, ce que l’on n’est pas dérangés par n’importe quel badaud. En fait même au travail, il était rare que quelqu’un vienne l’importuner et cela lui allait parfaitement. Ne côtoyer que des personnes riches et influentes était un quotidien qui était loin de lui déplaire. De plus, contrairement à son aînée, Queen n’était pas la meilleure pour jouer la comédie et elle avait toujours un mal fou à revêtir ce masque de sympathie, il était donc préférable qu’elle reste dans son coin ; sans quoi sa couverture aurait tôt fait d’être découverte. La journée de la jeune Milan se passa donc ainsi, dans le calme et la détente. Même si elle s’était levée aux aurores par habitude elle n’avait pas perdu une seconde de sa journée et était si détendue qu’elle aurait presque pu paraître agréable avec son petit sourire en coin et ses airs moins guindés que d’habitude. Il ne lui restait qu’une chose a faire pour que sa journée soit parfaite, refaire sa garde-robe et manger dans l’une des auberges les plus prestigieuses de la capitale. Après ça, elle rentrerait prendrait un énième bain chaud et irait dormir afin de rattraper toutes les nuits blanches qu’elle avait dédiées à son emploi. Elle vira à droite, à gauche sans vraiment se soucier de la direction qu’elle prenait, se contentant de choisir les ruelles les moins bonder. Être de bonne humeur ne l’empêchait pas d’exécrer la plèbe avec laquelle elle devait partager cette ville.

    Elle déboucha finalement dans une ruelle plus grande que les autres, plus bondée aussi. En tournant la tête à droite elle aperçut un petit groupe amassé. Elle tourna ensuite la tête à gauche et constata que la voie semblait plus praticable. Sans se faire prier elle décida donc d’emprunter cette route-là. Les autres plus haut dans rue devait encore se chicaner au sujet de moult choses peu intéressantes et qui si elles avaient été intéressantes n’auraient de toute façon pas attiré son attention aujourd’hui. Non aujourd’hui elle avait décidé que pour une fois, elle ne se mêlerait que de ses affaires, les trois cent soixante quatre autres jours de l’année étant déjà consacrée à cela. Malheureusement tout ne se passa pas exactement comme prévu et elle fit brusquement volte-face en entendant cette voix si familière héler son prénom.

    - Primus ? Murmura-t-elle plus pour elle-même que pour les gens autour. Ses yeux azurins se mirent alors à courir sur la foule, cherchant désespérément à apercevoir cette tignasse blanche qu’elle ne connaissait que trop bien. Et elle finit d’ailleurs par la trouver, son frère était grand, trop grand pour qu’elle ne le voit pas arriver de loin. Un sourire doux comme elle n’en faisait jamais étira ses traits alors que son regard ne le lâchait pas. - Qu’est-ce que tu f-… Son visage se contracta alors. Une masse de gens s’engouffrait à la suite de son frère et ne semblait définitivement pas le lâcher. - Par Lucy… Grogna-t-elle avant de franchir en quelques enjambés la distance qui la séparait de lui. Sans lui demander son avis elle le saisit par le poignet et le tira dans son sillage.

    - Tu es vraiment incorrigible. Tu les détestes tous, pourquoi donc te montres tu aussi aimable avec eux ? Elle le fusilla du regard avant de pointer les personnes qui continuaient à les suivre du doigt. - Voilà où ça te mène ! Les prolétaires sont ainsi, ils aiment nous ronger jusqu’à l’os ! Et toi tu les laisses faire ! Elle ne put que les darder du regard en accélérant le pas. - Et en prime voilà que tu me mêles moi à tes histoires ! Tu es vraiment incroyable et crois-moi ça n’a rien d’un compliment Primus !

    Voilà que maintenant son calme et sa bonne humeur étaient envolés et lui semblaient bien lointains. Mais surtout, elle se demandait comment elle pouvait bien les sortir de ce mauvais pas, sans cracher son venin aux visages de leur poursuivant et causer du tort au Pristus. Pendant quelques secondes elle se dit que le laisser dans la panade serait probablement la meilleure des solutions, malheureusement, il était bien la seule personne qu’elle comptait aider dans ce bas monde.
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: Regardez, c'est les Milan ! ~ [PV Queen]
    Mer 19 Juin 2019 - 22:58 #
    La foule était compacte et n’avait de toute évidence aucune intention de laisser la star du jour s’échapper de la sorte. Primus se retrouva obligé de jouer des épaules tout en redoublant de politesses pour éviter de vexer ces personnes qui n’avaient d’yeux que pour lui – ou plutôt que pour leurs soucis qui avaient un rapport avec lui. Nassé dans par ces bêtes sauvages qui avaient presque perdu la raison, la lutte pour s’échapper du filet de ces pêcheurs démoniaques fut rude : il se fit anguille afin de glisser entre les doigts de tous ces fous qui tendaient leurs mains puantes pour l’attraper et l’accaparer. Finalement, il réussit à mettre un petit mètre d’espace entre eux.

    Mais il n’eut pas le temps de profiter de cette avance qui était censée lui laisser la possibilité de souffler, car sa sœur, Queen, sa douce sœur l’avait alors attrapé par le bras. Il l’avait vu au premier coup d’œil, elle n’était pas si enchantée que ça de le voir. Certes, elle avait d’abord semblée contente de voir le visage de son frère, mais cette expression s’était vite muée en une sorte de moue criante de consternation face à la foule qui suivait Primus dans son sillage. Tel un chalutier, il avait pris dans son filet un banc de badauds, qui plus est un banc de badauds du bas peuple, pour la plupart… Pas exactement le genre de population dont Queen raffolait – et c’était peu dire. À tel point qu’elle se permit de le fustiger de toutes sortes de réprimandes dès qu’elle eut réussi à le tirer de là, à quelques mètres en avant de ce troupeau de plébéiens décérébrés.

    Qu'importait. Qu'elle lui fasse la morale de la sorte sur ses fréquentations « prolétaires » n'entamait en rien son affection pour elle. Elle était sa sœur, sa plus grande fierté mais aussi son plus grand échec. Alors, elle avait beau lui en mettre plein la figure de temps à autres, lui n'y voyait que des marques d'attention qu'il était certain de ne pas mériter. Ses mots, son ton, son regard étaient durs. Elle était un récif sur lequel il se heurtait, et pourtant il souriait. De toutes ses dents, il jubilait en l'écoutant l'enguirlander. Encore une fois, elle lui donnait de l'importance. Et ça, c'était la seule chose qui comptait pour lui.

    Ruelle après ruelle, virage après virage, la foule n'en finissait pas de les suivre, soulevant avec elle un nuage de poussière, et faisant rouspéter les autres citoyens qui vaquaient tranquillement à leur vie sans se soucier de cette animation soudaine et grotesque. Nombreux avaient abandonné la chasse au ministre et à la trésorière, ce qui n'empêchait pas une bonne dizaine de personnes d'être encore à leurs talons. Comment s'en défaire ? Primus savait pertinemment qu'ils n'y arriveraient pas par eux-mêmes : il avait déjà essayé, et rien n'y avait fait. Au contraire, se mettre en première ligne pour essayer de les dissuader de venir vers lui n'avait fait qu'aggraver la situation, à tel point que c'était tout simplement la source de tout ce remue-ménage.

    Queen ? Ha ! Probablement la pire idée qui soit. Elle allait les agresser et saper tous les efforts qu'il avait fait pour être bien vu par le peuple. Tous ces efforts dans le seul but de s'étendre pour possiblement lui donner à elle des accès plus élevés encore. Non, la solution, c'était justement les gens autour qui se plaignaient de cette foule, et toutes ces échoppes.

    Alors qu'il avait laissé sa sœur guider la route jusque là, il accéléra soudainement pour passer en tête de cortège et la mena par la main à l'intérieur d'un bâtiment légèrement plus grand que ses voisins. C'était une auberge sur 4 étages, rez-de-chaussée compris, aux murs de pierre recouverts de chaux colorée au grès rouge. Les fenêtres étaient faites de verre banal, mais les volets avaient eux tous leur spécificité : chacun était peint d'une certaine manière, comme pour dire aux passants au dehors « regardez, on a chacune notre caractère ». Il reconnut immédiatement la fameuse auberge célèbre pour ses chambres toutes dotées d'une ambiance et décoration différente, qu'il savait appartenir à un tavernier peu commode, mais avec qui il avait un contrat par lequel le Pristus le fournissait en bière, hydromel et porc.

    « Queen, ici ! »

    Il avait parlé précipitamment avant de la faire pénétrer dans ce lieu qu'elle allait sûrement dénigrer sans vergogne. L'entrée avait une ambiance tamisée, un peu poussiéreuse, et donnait directement sur la partie taverne de cette pension. Derrière le bar, le tenancier, un homme chauve au cou large comme une poutre de chêne utilisée pour soutenir une maison, et aux bras tellement épais qu'on eut dit des cuisses de chevaux. En voyant le blond, il haussa un sourcil, mais fit un signe de tête compréhensif lorsqu'il entendit le bruit au dehors, probablement la raison de la présence des Milan dans son boui-boui ainsi que de la sueur sur leurs fronts.

    « Bougez pas, m'en occupe. »

    Et il sortit, une batte à la main.

    Primus se tourna vers sa sœur, tout sourire, et la prit dans ses bras, sans se soucier du regard des trois autres clients présents dans la salle.

    « Tu m'as manquée Queenyyyyyyy ! »
    Queen MilanNoble
    Queen Milan
    Informations
    Re: Regardez, c'est les Milan ! ~ [PV Queen]
    Lun 24 Juin 2019 - 14:16 #
    C’était intenable. Sans parler de la chaleur qui lui semblait écrasante malgré la fin de journée, c’était surtout ce nuage de poussière qui lui meurtrissait les poumons et était gentiment entrain de détruire tout le maquillage qu’elle s’était évertuée à garder en vie toute la journée. Fort heureusement pour elle -et son frère- Queen était de nature sportive, aussi, elle n’avait aucun mal a tenir la cadence. Non le véritable problème dans tout ça, c’était la mini marrée humaine qui les poursuivait et ne semblait pas vouloir les lâcher.

    Primus et Queen étaient diamétralement des opposés. C’était un fait. La blonde était un volcan en ébullition pendant que Primus, lui, était comme un roseau qui ne se brisait jamais mais se contenter de plier lorsque cela servait ses intentions. Il aurait été aisé de croire que la présence de sa sœur ferait fuir leur poursuivant et ce fut le cas d’une petite partie qui abandonna à peine la tignasse blonde en vue. Mais comme tout opposé qui se respecte, l’aîné des Milan était une personne attractive qui contrecarre facilement l’effet répulsif de sa cadette. C’est pourquoi, même après quelques minutes de courses, la trésorière s’aperçut qu’ils étaient encore suivi et de près. Alors elle força le pas, courant presque et ne laissant pas le choix à Primus de la suivre. Lui ne semblait d’ailleurs par perturber outre mesure, au contraire, il souriait comme un bêta. Comme à chaque fois qu’elle lui faisait des remontrances. C’était d’ailleurs une chose qu’elle n’avait jamais réussi à comprendre. Dans leur jeunesse il avait plutôt tendance à prendre la mouche lorsqu’elle lui faisait des remontrances voire à lui en faire en retour. Mais depuis que l’un et l’autre s’étaient retrouvés il s’était mis à sourire et a accepter tout et n’importe quoi sans sourcilier, il aurait été mentir que de dire que la jeune femme n’était pas grandement perturbée par son comportement. Mais jusque-là, elle n’avait jamais osé lui demander la raison d’un tel comportement et au fond elle n’était pas sure de vouloir le savoir.

    Alors qu’elle était en train de se perdre dans ses réflexions sans pour autant perdre le rythme, ce fût son frère qui la saisit par le poignet fermement mais toujours avec une douceur dont lui seul détenait le secret, puis la dépassa. D’abord surprise, elle n’opposa aucune résistance. L’idée était bonne mais l’endroit où il l’attira lui déplu instantanément. Vu de l’extérieur elle ne semblait pas sur le point de s’écrouler -et c’était une bonne chose- mais les fautes de goûts évidentes avaient hérissé les poils de Queen à une vitesse inimaginable. Si la couleur de la bâtisse n’était déjà pas des plus agréables, cela n’était rien à côté des couleurs dépareillées qu’offraient les volets. D’aucun y n'auraient certainement vu là une marque de caractère; pour la trésorière ce n’était là qu’une pitoyable faute de goût, un arc-en-ciel mal coloré qui vous brûlez les prunelles et vous démangez de vous mettre à la peinture et au bricolage. Cependant elle n’eut pas vraiment le temps de s’attarder sur les dictas de la mode immobilière puisqu'elle était déjà happée a l’intérieur sans pouvoir y mettre son veto -si tant est qu’elle eut envie de le mettre.

    Sans surprise, l’intérieur lui déplu également. Poussiéreuse et mal éclairée, la pièce donnait l’impression d’être l’endroit parfait pour négocier des contrats illégaux sans être reconnu. Aussi c’est sans gêne qu’elle lança un regard soupçonneux à son frère. Après tout il était aussi un Milan et même si elle n’était que très peu au fait des arrangements de son frère elle savait que comme elle, il aspirait à des choses beaucoup plus grandes et vastes que son simple poste de ministre. Poste qui avait d’ailleurs été jalousée par nul autre que Queen lorsqu’elle avait appris sa promotion. Oh bien sûr elle avait été contente, il s’agissait là de son frère et elle n’aurait vu personne de plus qualifié pour le poste, ci ce n’est elle. Mais elle ne pouvait s’empêcher de le jalouser parce que contrairement à elle, Primus avait le poids des années et aurait grâce, a cela, toujours une longueur d’avance sur elle.

    Rapidement après leur entrée, le tenancier les dépassa, bien décidé à faire déguerpir le troupeau d’indésirable qui était scotché a ses clients. À défaut de tenir une auberge miteuse, il semblait au moins efficace et pas très bavard. Pour l’instant elle s’en contenterait.

    Mais comme si cela ne suffisait pas, elle sut instantanément, en voyant le sourire de son aîné qu’il allait faire quelques choses qui lui déplairaient sans aucun doute. Et ça ne manqua pas. Le blond venait de se jeter à corps perdu dans une étreinte affective, le tout en citant bien haut et fort le surnom ridicule dont il l’avait affublé dès qu’elle était sortie du ventre de leur mère. Même, s’il lui avait aussi manqué, elle détestait qu’il agisse ainsi devant des tiers. 

    - Primus… Grogna-t-elle tout en lançant un regard mauvais aux trois clients qui se tenaient là, l’un arborant un sourire goguenard alors que les deux autres, qui avait sans aucun doute reconnu le frère et la sœur faisait mine de ne pas écouter. - Lâche- moi et surtout ne m’appelle pas Queeny ! Même si elle ne lui avouait pour ainsi dire, jamais, la jeune femme aimait se retrouver au creux des bras de son frère. Personne ne l’étreignait comme lui le faisait et à chaque fois que ce genre d’échange avait lieu, cela rappelait à la trésorière combien ils s’aimaient et surtout que dans ce bas monde il y aurait toujours une personne pour se soucier d’elle. Mais en public c’était une autre affaire. Elle avait une image à tenir et surtout une réputation à ne pas entacher, ou une faiblesse à ne pas avouer. Allez savoir. Toujours est-il qu’elle se dégagea de ses bras confortables avant de tourner la tête, fusillant du regard au passage les trois clients. - Viens, installons-nous, de toute façon nous ne pourront pas sortir immédiatement. Sans l’attendre elle se dirigea vers l’une des tables qui lui semblait la plus propre et qui était surtout le plus éloignée des fenêtres. - Toi et ton incapacité notoire a repoussé la plèbe. Je ne comprendrais jamais ce que tu leur trouves. Tout en parlant elle avait sorti un mouchoir et tamponnait son front en faisant bien attention de ne pas abîmer son maquillage. Puis elle déposa son coude sur la table avant de poser son menton dans sa main et de prendre un air las tout en regardant autour d’elle. - Alors c’était quoi cette fois ? Un marchand de tapis que tu as trop fait attendre ? Non ne me dit pas. Un poissonnier qui veut signer un nouveau contrat ? Décidément. C’est à croire que nous n’avons pas reçu la même éducation toi et moi. C’était à la fois vrai et faux.  Si les deux Milan pouvaient paraître diamétralement opposés, dans le fond ils n’étaient rien que les deux faces d’une même pièce et la longue absence du jeune ministre n’avait jamais changé ça. - Alors, Pims, dans quel genre de pétrin t’es-tu encore fourré ?
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    Re: Regardez, c'est les Milan ! ~ [PV Queen]
    Ven 28 Juin 2019 - 23:03 #
    Malgré son injonction à la lâcher, Primus resta ainsi deux petites secondes de plus. Ce n’était pas grand-chose, deux petites secondes, mais c’était si agréable de pouvoir la tenir dans ses bras. Combien de temps perdu à cause de sa fuite du domicile familial ? Combien de tendresses envolées entre eux deux alors qu’ils auraient pu être en symbiose totale ? Il savait bien qu’elle n’aimait pas ce genre de démonstrations d’affection qu’elle avait tendance à juger niaises – encore pire lorsqu’il avait tendance à se comporter ainsi en public. Après tout, ils avaient tous deux des postes plus qu’importants et qui réclamaient une certaine prestance. Malgré cela, il se fichait pas mal qu’elle puisse s’agacer d’un tel comportement de sa part. Ils avaient tant de choses à rattraper qu’il n’allait pas se gêner pour être affectueux parce que quelques badauds les regardaient. Au contraire, s’ils pouvaient regarder, c’était encore mieux…

    Ces éclats de niaiserie n’étaient pas simplement la preuve que le grand-frère voulait consolider sa relation avec sa sœur. C’était aussi, bien évidemment, une manœuvre politique. Il savait à quel point les rumeurs pouvaient aller vite dans la Capitale, encore plus si elles concernaient des gens nobles. Or, en se comportant comme un frère modèle et aimant, qui, petit à petit, montrait aux yeux des voyeurs ce qu’ils n’avaient jamais vu jusqu’ici, il envoyait un message : « Queen Milan peut être douce ». Ce n’était qu’une petite chose, une petite rumeur toute bête, qui n’avait sur le moment aucun impact – à part peut-être faire douter certaines personnes de sa force de caractère, à tort. En revanche, pour l’avenir, planter une telle graine était utile. Même si ça le tuait de partager un trésor pareil, il devait bien avouer que montrer le visage de sa sœur que seul lui avait pu voir serait forcément bénéfique pour l’aider à grimper encore plus d’échelons. On ne fait pas une reine avec simplement de la mesquinerie et du mépris du peuple…

    Passées ces deux petites secondes, elle se dégagea de son étreinte et ils allèrent s’assoir dans un coin reculé de la taverne, là où les autres clients ne pouvaient pas les voir directement et devraient se rapprocher pour entendre quoi que ce soit de leur conversation. Là, encore une fois, elle lui parla comme on parle à un enfant lorsqu’on sait qu’il a fait une bêtise mais qu’il n’a pas encore avoué. Cette infantilisation l’aurait en temps normal fait bondir de colère, mais là, c’était différent. C’était Queen. Elle avait tous les droits.

    Elle se moqua de sa tendance à trop s’approcher de la plèbe, et lui sourit simplement. Forcément, Mère ne se serait jamais abaissée à reconnaître que le soutien du petit peuple pouvait peser aussi lourd que celui des 20 nobles les plus puissants d’Aryon. Alors Queen ne pouvait pas le savoir. Aussi, lorsqu’elle railla sur ce qui avait bien pu susciter ce tsunami de gens en évoquant diverses raisons qui auraient pu mettre des gens en colère, elle ne manqua pas finalement d’ajouter que c’était comme s’ils n’avaient pas eu la même éducation. Elle avait tellement raison. Les erreurs que Mère avait faites avec Primus ne s’étaient sûrement pas reproduites avec Queen. Elle y avait très probablement veillé.

    « Alors Pims, dans quel genre de pétrin t’es-tu encore fourré ? »

    Il allait répondre lorsque le tenancier revint de son expédition au dehors, l’air grognon. Primus laissa un « ah » s’échapper de sa gorge et il leva la main dans sa direction.

    « Deux hydromels, je vous prie. »

    Le type hocha la tête et retourna derrière son bar pour préparer la commande qui venait de lui être passée.

    « Eh bien, vois-tu, Queeny, tu es totalement dans le faux. J’étais à un rendez-vous, et en sortant un de ces charmants gens que tu as pu voir au dehors m’a reconnu et m’a posé une question. »

    Il se tut et s’écarta lorsque le barman apporta les deux boissons dans des verres dépareillés : l’un était plus grand et fait de verre couronné d’un liseré argenté sur le bord du pied ; l’autre était plus petit mais plus large, fait d’une sorte de bois de sorte qu’on eut dit une petite chope. Bien que l’apparence du plus grand l’attirait, Primus laissa le bénéfice du verre le plus attrayant à sa sœur, et prit pour lui la chopine tout en remerciant l’homme. Une fois qu’il fut parti, il leva sa boisson vers sa sœur en signe de politesse, but une gorgée, puis reprit :

    « Pour être tout à fait exact, j’étais en rendez-vous avec un marchand de tapisserie, vois-tu. Mon entreprise de construction de maison ne s’occupe pas de tout, actuellement, et les clients se retrouvent à devoir chercher partout pour trouver un plombier, un tapissier, un jardinier, etc… Alors j’essaie de passer sous contrat des gens qui pourraient éviter ça à mes clients, vois-tu. »

    Encore une fois, il but une gorgée de son verre et reposa la petite chope sur la table.

    « Enfin, comme je te l’ai dit, en sortant, un type m’interpelle, puis un autre se joint à nous, et un autre, et une bonne femme, et encore un… Et me voilà soudain noyé dans une marée humaine, vois-tu. Heureusement que je t’ai vu au loin, sinon jamais je n’aurais trouvé la force pour m’extirper de ce maëlstrom de gens. »

    Le compliment qu’il avait glissé dans sa phrase était totalement volontaire. Il adorait la voir gênée lorsqu’il se montrait tendre avec elle. Habituellement, il aimait voir les gens gênés parce qu’il les déstabilisait, qu’il sentait qu’il prenait l’ascendant sur eux. Alors qu’elle, c’était parce qu’il sentait qu’elle appréciait ses compliments qu’il continuait. Elle était prise au dépourvu uniquement parce qu’elle n’avait jamais vraiment eu quelqu’un comme lui, si reconnaissant qu’elle soit là – du moins, c’est ce qu’il pensait.

    Dans une sorte d’imitation involontaire de sa sœur, il posa son coude sur la table, paume tournée vers le ciel, et déposa son menton dessus, dans une position à la fois décontractée et nonchalante.

    « Mais et toi, hm ? Que faisais-tu par ici ? Vois-tu, il me semble que l’on est bien loin de ton bureau, non ? »
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    Re: Regardez, c'est les Milan ! ~ [PV Queen]
    Ven 12 Juil 2019 - 12:21 #
    Queen manqua presque de sursauter lorsque l’aubergiste revint à nouveau, elle lui adressa un vague regard et laissa à son frère le soin de gérer tout ce qui se passait. Aujourd’hui était son jour de repos et même si toute sa tranquillité s’était envolée a l’arrivée de Primus elle ne comptait pas bouger le petit doigt aujourd’hui. Un petit sourire se dessina au coin de ses lèvres en entendant la commande que venait de passer le blond, après tout, elle allait peut-être se détendre à nouveau finalement. Puis il reprit la parole et elle retourna son regard vers lui pour l’écouter attentivement. C’était quelques choses qu’elle ne réservait qu’à lui. Peu importaient ce qu’il pouvait lui raconter, même les choses les moins intéressantes, elle l’écoutait et lui répondait toujours. Aussi, elle garda les lèvres closes un long moment, ne changeant de position que pour laisser l’homme déposer les deux verres sur la table. Grimaçant d’ailleurs en voyant à quel point l’un et l’autre était d’un parfait désaccord.

    Fort heureusement pour elle, le jeune Milan se saisit du plus laid et elle ne se fit pas prier pour prendre le plus joli. À croire que son frère avait vraiment des goûts des plus déplorables. Chaque fois qu'ils faisaient quelques choses ensemble, elle le surprenait à prendre l’objet qu’elle n’aurait approché pour aucun prix. Haussant les épaules pour elle-même après cette réflexion, elle leva également son verre avant d’imiter son frère et de boire une longue gorgée, reprenant son écoute active dès lors qu’il rouvrit la bouche.

    Queen ne put s’empêcher de sourire lorsqu’il annonça que sans elle, il n’aurait pu se sortir de cette marrée humaine. Au-delà du compliment c’était la personne qui lui faisait qui comptait le plus. Rares étaient les personnes capables d’obtenir ce petit sourire content et touché qu’offrait la trésorière en l’instant. En fait la plupart du temps elle se contentait d’afficher un sourire carnassier et fier, parce qu’il aurait été mentir que de dire que son ego n’en était pas à chaque fois regonflé. Mais lorsque c’était lui, cela allait au-delà de ça, plus profondément et bien qu’elle ne lui avouerait probablement jamais, elle ne se lassait jamais de ces paroles qui même si elles étaient des attentions minimes, valaient à ses yeux tous l’or du monde. Détournant le regard sans pour autant de départir de sa prestance, elle posa une nouvelle fois ses lèvres sur le verre et avala une gorgée. Qu’elle manqua de recracher au visage de Primus.

    - Moi ? Euh… Elle fouilla dans l’une des poches de sa veste et en sortie un petit mouchoir de tissu blanc brodé du blason des Milan et de ses initiales puis se tapota la bouche avec avant de reposer son breuvage. - Je me suis octroyé une journée de repos. Alphonse est trop sur les nerfs. Nous avions besoin l’un comme l’autre… De repos. Oui. Ce n’était pas totalement faux mais pas vrai non plus. En vérité Alphonse était sur les nerfs parce qu’elle-même l’était et que par conséquent elle lui menait la vie dure. Queen avait envie de partager tout ce qui la tourmentait avec son frère aîné, il était même certainement le plus amène de la comprendre mais elle savait aussi qu’elle l’inquiéterait et ce n’était clairement pas le jour pour lui. Aussi, elle enchaîna rapidement avec un autre sujet, espérant passer à autres choses.

    - Tu ne pourrais pas employer quelques personnes pour faire ce genre de travail à ta place ? Tu es ministre. Tu n’as pas besoin de te promener avec la gueusaille même si je comprends bien que tu leur voue un culte que je ne comprends pas. Enfin je veux dire, si je genre de situation deviens récurrente, il te faudra des émissaires auquel cas tu finiras par t’écrouler de fatigue. Elle s’adossa doucement à sa chaise avant de croiser les jambes. - Tu es quelqu’un de bon et de sociable, j’en ai bien conscience mais tu ne peux pas porter ton rang de ministre ET celui d’entrepreneur de front. C’est impossible. Prends plus de collaborateurs. Si tu as besoin d’aide financièrement je suis sûre que je pourrais t’allouer un nouveau budget. Il me suffira de réduire quelques frais ci et là. Passant un doigt sur son menton, elle se mit à réfléchir à la meilleure stratégie financière et surtout quelles étaient les personnes dont elle pouvait modifier le budget. - Si je diminue le budget du ministère de la culture, personne n’y trouvera rien à redire. Ils sont inutiles dans quatre vingt dix pour cent des cas et en plus de ça, cela ferait enrager la vieille Du Lys… Plus qu’un vrai commentaire, c’était une réflexion qui à ses yeux commençait à sembler vraiment intéressante. Tendant la main elle se saisit de son verre et but avant de poursuivre. - Les gens connaissent ta sympathie, les rumeurs tournent, c’est pour cela qu’ils te tombent tous dessus en espérant remporter tes faveurs et un contrat juteux. À tort ou a raison, elle avait toujours vu Primus comme un exemple détestable de bonté. Toujours souriant, toujours aimable est jamais un mot plus haut que l’autre -ou en de rares occasions. Elle aimait cette facette de son frère mais elle n’aimait pas qu’il l’affiche avec d’autres qu’elle et même si elle avait parfaitement conscience que son comportement était loin, très loin même, d’être similaire avec ses clients qu’avec elle, elle ne pouvait s’empêcher de lui en faire constamment la remarque. - Désolée. Elle soupira longuement. - Je te critique beaucoup aujourd’hui. Sa main passa rapidement sur son visage et sa mine fatiguée laissa place à celle qu’elle arbore habituellement. Hautaine, mesquine et fière. L’instant de faiblesse était passé.  
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    Re: Regardez, c'est les Milan ! ~ [PV Queen]
    Mer 31 Juil 2019 - 13:14 #
    Alors qu’elle débitait ce qu’elle avait à dire, notamment sa bile caustique, sur la gueusaille que Primus souhaitait tant charmer pour mieux assoir ses grandes propositions et décisions, l’héritier de la famille Milan écoutait attentivement sa sœur. Un jour de repos, hein ? Voilà qui n’était pas banal. La grande Queen, travailleuse acharnée à sa propre montée de l’échelle sociale, prenait un jour de repos ? Parce que son majordome et elle avaient besoin de prendre du temps pour chacun ? Il y avait là matière à creuser, à discuter, mais Primus n’en dit rien sur l’instant. Il valait mieux l’écouter jusqu’au bout et revenir dessus lorsqu’elle se penserait à l’abri de questions sur le sujet : elle serait la plus vulnérable et n’essaierait alors pas de lui mentir ou de se défiler.

    La suite, en revanche, il ne s’y attendait pas vraiment. Ce fut un enchaînement quasi ininterrompu de reproches et de critiques sur le comportement de Primus en public. Chaque phrase était comme un parpaing qui lui tombait sur le dos et le faisait s’affaisser un peu plus. D’un côté, il avait honte d’être réprimandé de la sorte par sa petite sœur ; de l’autre, il ne pouvait s’empêcher de jubiler qu’elle le dispute de la sorte. Une telle remontrance ne pouvait être que le signe d’un réel attachement, d’une inquiétude profonde vis-à-vis de sa personne. Elle voulait prendre soin de lui, et le montrait, à sa manière : brute et dénuée de toute fioriture. Ses conseils étaient loin d’être stupides, mais ils reflétaient aussi bien la façon dont elle le voyait : pur et innocent, totalement incapable de gérer ses affaires par lui-même. Il était certain qu’elle ne réalisait pas qu’il faisait déjà de gros efforts concernant la délégation. Vu le nombre de collaborateurs externes au ministère et aux entreprises qu’il avait, il était déjà très ouvert à ce genre de pratiques, bien que ceux-ci furent des collaborateurs cachés. Être le mécène de certaines personnes triées sur le volet pour pouvoir obtenir des informations sur les autres grâce à eux, ce n’était pas vraiment quelque chose que l’on criait sur tous les toits. Ajouter à cette charge celle de gérer des collaborateurs pour le Pristus, le ministère et l’entreprise de construction… Ce serait bien trop. Peut-être devrait-il laisser tomber ses postes autres que celui de ministre ? Après tout, ça allégerait sa charge de travail et ça éviterait un scandale de conflit d’intérêt si jamais il venait à faire passer une loi ou réforme qui avantagerait l’une ou l’autre de ses entreprises.

    Elle finit par dire deux choses qui l’intriguèrent. La première était qu’elle semblait ne pas porter dans son cœur leur cousine, Haru Du Lys. En soi, Queen ne portait pas grand monde dans son cœur. Mais la cousine Du Lys était Première Ministre, et avait encore de l’influence sur le ministère de la culture qu’elle avait quitté peu de temps auparavant. Autant dire que c’était une femme reconnue pour ses compétences et son travail acharné. Pourquoi diable sa sœur adorée ne supportait-elle pas une personne aussi douée, populaire et talentueuse ? La réponse était, évidemment, dans la question. Elle devait sûrement être jalouse. Dommage, une alliance à eux trois aurait pu faire des étincelles, surtout que Primus était déjà très proche de Haru… Et proche était même un mot assez faible pour décrire le genre de relation extra-professionnelle qu’ils avaient. Il décida de se garder de l’en informer.

    Ensuite vint la deuxième chose étonnante. Queen s’excusa. Primus était en train de boire, et il faillit s’étouffer en l’entendant proférer de telles paroles. Il toussa longuement, se tapant le torse vainement pour essayer de faire passer cette quinte de toux, et la fixa avec des yeux ronds. Elle s’était excusée ? Sincèrement ? Elle s’excusait de le critiquer. Les badauds de la taverne s’étaient tournés pour voir ce qui se passait dans ce coin sombre et poussiéreux, mais firent demi-tour aussitôt que Primus posa ses yeux sur eux. Ils étaient curieux mais pas au point de risquer d’avoir des ennuis avec de riches gens comme eux. Autant fourrer ses mains dans des orties puis dans un four en marche, ça serait moins risqué.
    Il prit une nouvelle gorgée, plus calmement cette fois, sans s’étouffer, et finit par prendre la parole :

    « Queen Milan qui s’excuse… Décidément, tu me gâtes ma chère sœur. Jamais je n’aurais imaginé que tu puisses me dire un jour une telle phrase, vois-tu. »

    Il se rassit plus confortablement, ce qui fit grincer légèrement le bois vieillot de sa chaise, puis croisa les bras sur son torse.

    « J’envisageais de laisser ma place de président du Pristus pour en devenir membre d’honneur, comme Augustus, vois-tu. Et éventuellement, engager une personne capable de négocier correctement pour s’occuper des rendez-vous pour les maisons… Mais tu as raison, je n’ai pas assez d’énergie pour assurer toutes ces tâches tout seul. Et évite de t’attirer des soucis avec Haru, je te prie. Je ne voudrais pas ternir mes relations avec quelqu’un qui pourrait m’être autant utile, vois-tu. »

    Il se tut, suffisamment pour entendre percevoir que le brouhaha causé par la foule s’était enfin calmé, au dehors, et qu’ils pourraient sûrement fuir ce taudis d’ici peu. Non pas qu’il se sente spécialement mal à l’aise ici, bien que l’atmosphère et l’odeur ne lui plaisaient pas spécialement, mais il savait que sa sœur, elle, détestait ce lieu. Ce n’était pas difficile à deviner quand on savait que lui-même le trouvait passablement acceptable : Queen était bien moins indulgente concernant ces sujets. Il descendit d’une traite le restant de son verre, puis sortit une petite bourse de sa veste et déposa quelques cristaux sur la table pour le tavernier. Ensuite, il croisa les jambes l’une par-dessus l’autre, et fixa, un léger sourire aux lèvres, sa chère sœur.

    « Il faudrait que tu me dises par quel moyen je pourrais faire des dons au royaume, dans des buts bien spécifiques vois-tu. J’aimerais être bien vu par les gens, et financer des constructions qui leurs sont utiles pour m’aider sur le chemin que je veux emprunter. Le souci étant que si je donne de l’argent directement à l’état, il se peut qu’il soit redistribué sans que mon avis ne soit respecté, vois-tu. »

    Un soupir, léger, mais assez audible pour qu’elle comprenne qu’il savait déjà quelles réprimandes elle allait lui faire sur la plèbe. Il reprit immédiatement, sans lui laisser le temps de répondre :

    « La gueusaille dont tu parles avec tant de franchise, vois-tu, est la clé d’une énorme porte. Une porte extrêmement lourde, et qui ne s’ouvre que rarement. Mais si l’on dispose de la clé, alors il est bien plus facile d’en venir à bout, vois-tu. Mère t’aura sûrement dit de ne compter que sur toi-même, mais avec le soutien de la population, tout est soudainement possible. Un roi ne l’est que parce que son peuple l’a accepté, vois-tu. Si le peuple n’accepte pas son roi, il se rebelle. Et que vaudraient quelques milliers de gardes, aussi bien entraînés soient-ils, contre les millions qui composent notre pays, et qui gèrent les champs, les mines, les troupeaux, les moulins, les commerces… Le peuple est le ciment de la royauté, vois-tu. L’avoir de notre côté est une nécessité. »

    Il s’arrêta quelques instants, le temps de la laisser digérer ces paroles. Il était temps de lui montrer que son doux frère avait de bien plus grands projets pour eux deux. Puis, il attaqua : le moment était venu.

    « Donc tu es sur les nerfs et Alphonse aussi. Dis m’en plus, Queeny. »
    Queen MilanNoble
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    Re: Regardez, c'est les Milan ! ~ [PV Queen]
    Dim 4 Aoû 2019 - 14:30 #
    Queen se renfrogna. Même son propre frère arrivait à être surprit pour de simples excuses? Était-elle si monstrueuse que même lui se retrouvait prit de cour par une chose aussi futile ? Peut-être. Peut-être qu’elle ne s’excusait pas assez souvent. Dans tous les cas et avant qu’elle n’ait pu pousser sa réflexion plus loin, Primus poursuivit et elle se renfrogna de plus belle. Sur la table, ses mains vinrent se toucher et elle entrelaça ses doigts. Son frère envisageait de céder sa place de président et il ne lui avait pas semblé bon d’en parler avec elle bien avant ça, pire encore il lui demandait aussi de ne pas se brouiller avec la première ministre ce qui était malheureusement déjà le cas.

    Lui jetant un vague regard, qui la trahirait sans aucun doute, elle ne l’interrompit pas et laissa finalement le silence prendre le pas. Comment allait-elle lui annoncer que l’autre Du Lys faisait déjà partie de sa liste noire et que c’était sans doute une chose réciproque ? Elle ne savait pas, mais une chose était sûre, Haru était loin d’être toute blanche elle aussi. Elle avait insultée le travail de la jeune trésorière ouvertement et elle avait en prime tentée -lamentablement – de l’humilier sur son propre domaine de prédilection. La blonde n’était déjà pas d’une nature conciliante mais s’en prendre à elle était certainement l’un des plus gros outrages qui pouvait lui être fait, encore plus lorsque son adversaires tentait de la renverser de cette façon. Non, elle n’était pas prête de s’entendre avec la ministre des mouches et n’était pas non plus décidée à faire un quelconque effort dans ce sens. Que cela plaise à Primus ou pas. Mais plus encore, ce qui l’agaça, ce fut la manière qu’il avait de parler d’elle. Haru hein ? Même elle ne l’appelait pas par son prénom. Certes leur rang hiérarchique était différent, mais même pour des ministres il était chose rare que de se nommer simplement par le prénom et non par le titre ou le nom de famille. Son regard limpide se fit alors plus suspicieux que jamais et elle fronça les sourcils. Imitant son aîné lorsqu’il descendit son verre, elle le laissa mettre les cristaux sur la table. Après tout, elle avait encore bien du temps pour les lui rembourser et il savait tout comme elle, qu’elle n’y manquerait pas.  

    Faire des dons au royaume, qui soit redistribués sous le nom de Primus Milan. Queen avait déjà son idée, elle avait même déjà commencé à élaborer un plan. Pour qu’il réussisse il ne manquait qu’une seule chose ; l’aval de son frère et celui du roi. Après ça le blond serait sans aucun doute le plus populaire des nobles auprès des prolétaires mais aussi du roi. Le seul véritable soucis, était la taille de se plan qui, à grande ampleur leur coûterait certainement une petite fortune et un rein. Mais l’ambition de l’argentière n’avait quasiment aucune limite et son idée lui semblait tout bonnement et simplement la meilleure option. Mais dire qu’elle n’appréhendait pas la réaction de son vis-a-vis serait un terrible mensonge.

    Encore une fois, il détourna son attention et la sortie de ses pensées. L’air las elle posa son menton dans sa paume. Voilà qu’il repartait dans de longues et fatigantes explication sur « pourquoi les gueux sont bons pour nous ». Elle n’était pas sotte, elle en avait bien conscience mais elle préférait se dire que la plèbe était là pour lui permettre d’être riche. Ce qui dans le fond n’était pas complètement faux. S’ils n’étaient pas là, tous aussi incapable qu’ils étaient, elle non plus n’en serait pas là. Mais ce que Primus ne comprenait pas, c’est qu’au delà de leur reprocher leur rang et leur pauvreté évidente. C’était leur feignantise qui l’agaçait le plus. Elle les entendait régulièrement geindre au sujet de leur vie beaucoup trop compliqué, de leur sous à compter. Mais que faisaient-ils pour en gagner plus ? Rien. Se sacrifiaient-ils pour s’approcher un tant soit peu des l’idéaux qu’ils voulaient tous atteindre. La réponse était évidente. Non. Ils semblaient tous espérer qu’un miracle se produise et que cela leur tombe tout cuit dans la bouche. Cependant cela n’arriverait pas ou du moins à très peu d’entre eux. Alors qu’elle, Queen Milan, avait du donner de son corps et de son temps, pour en arriver là. Elle se demandait même parfois si elle n’y avait pas sacrifiée son âme. Mais elle y était arrivée et c’est là tout ce qui comptait à ses yeux. Les résultats. Alors eux, les autres, les ombres qui entachaient les rues de cette ville, ne pouvaient décemment pas se plaindre.  

    Croisant les bras sur sa poitrine, elle se recula. Elle était frustrée et ne s’en cachait pas. Même les paroles de Primus, cherchant à savoir ce qui n’allait pas dans sa vie actuellement ne la déridèrent pas.

    - Tu es entrain de me faire amèrement regretter ces excuses. Dit-elle tout en renâclant fortement en signe de mécontentement. - Tu comptais laisser ta place au Pristus sans même m’en toucher un mot ? Son regard se fit foudroyant, elle était clairement et ouvertement remontée contre lui. - Pour ce qui est d’Haru je crains malheureusement que tu n’arrives trop tard. Cette petite peste me hais au moins autant que je la hais et je puis t’assurer qu’elle me le rend très bien. Ta chère et précieuse petite Haru. Cracha-t-elle sans le lâcher des yeux un seul instant. Prenant une grande inspiration dans l’espoir de se calmer elle poursuivit sur un ton neutre qui se voulait contenue maladroitement. - Cette idiote de ministre sait que je ne suis pas toi et que tu n’es pas moi. Aussi mauvaise que peuvent-être nos relations, ce n’est pas à toi qu’elle en tiendra rigueur. Elle est beaucoup trop faible et gentille pour penser de cette façon. Dans le pire des cas elle viendra pleurer dans tes jupons que ta sœur est un vilain diable qui lui pourrit la vie et je n’ai aucun doute quant au fait que ce n’est pas la première fois. Tu sauras certainement gérer ça avec brio, comme toujours. Puis elle se tue, jetant un regard vers la porte d’entrée, se massant ensuite l’arête du nez.

    - Pour ce qui est des dons au royaume. J’ai eu récemment une idée qui pourrait t’intéresser.  Elle ne lui accorda pas l’ombre d’un regard et poursuivit à voix basse de façon à ce que seul lui puisse l’entendre. - Comme tu as du en tendre parler, le prince Aeron est actuellement porté disparu. La couronne va mal, sans son héritier, elle est un arbre sans racine. Elle se meurt. J’ai bien entendu penser à déraciner l’arbre mais je pense que ce n’est absolument pas le moment. Alors j’ai pensée à autre chose. Les comptes du royaume ne sont clairement pas au beau-fixe, nous avons de quoi payer des recherches mais pas dans une ampleur aussi grande que le voudrait la royauté. Alors j’ai pensée à un plan. Je pourrais proposer au roi de diminuer certains budget, le temps des recherches et de prélever l’impôt plus tôt. Mais cela posait un problème de taille. Le dernier impôt a été relevé il y a trop peu de temps, nombre de famille ne pourraient sans aucun doute pas passer l’hiver. Alors… Je me suis dis que nous pourrions financer une campagne de vivre en dédommagement. Seulement pour les familles ayant atteint un certain seuil de pauvreté. Et comme je serais celle qui s’occupe de gérer tout cela, le nom des Milan serait évidemment en tête d’affiche. Elle lui accorda enfin un regard, qui bien qu’encore colérique se voulait animé d’une autre émotion, toute différente. L’ambition. - Tu y gagnerais l’amour du peuple, j’y gagnerais le respect de la couronne. Nous pouvons l’un comme l’autre tirer notre épingle du jeu et bien entendu ma propre fortune sera mise à contribution. Enfin, ce n’est pour l’instant que les grandes lignes. Si ce plan t’intéresse, il faudra que nous nous y penchions sérieusement. Qu’en dis-tu ? Elle l’observa longuement puis haussa les épaules. - Cesse donc de me faire la morale sur la plèbe. Mère m’avait prévenue que tu dirais ce genre de choses. Aussi, si tu veux l’avoir de ton côté, fais donc mon cher frère mais ne me demande pas d’adhérer à ton fanatisme.

    Son regard changea ensuite, toujours hargneux certes mais beaucoup plus proche de l’enfant qu’elle avait été. Une enfant un peu paumée qui ne sait pas vraiment ce qu’elle doit dire ou faire. - Les événements de la tour ont laissés leurs marques. C’est tout. Marmonna-t-elle si bassement qu’elle ne fut pas sûre qu’il l’entende. Queen se leva ensuite, calmement et tendit la main à son frère tout en détournant les yeux. - Quittons cet endroit, je ne l’aime pas. Allons marcher.  
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    Re: Regardez, c'est les Milan ! ~ [PV Queen]
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