« Hum... Il m'en reste effectivement une qui n'a pas un grand succès. Il s'agit d'une quête proposée par un petit groupe de commerçant ambulant, mais n'ayant que très peu de moyen, ils ne proposent pas une somme intéressant les aventuriers... » Les mains tendues vers le papier de l’hôtesse, Evangeline s'empara de la mission proposée par ces personnes. En effet, la récompense était moindre... Bien trop pour ce qu'elle demandait de réaliser. Il va de soit qu'ils n'avaient pas les moyens de gratifier aux mieux cette mission, par leur maigre ressource. Et pour cause, ces derniers devant passer par les chemins escarpés de la montagne pour leur travail, ils se retrouvaient confrontés à un groupe d'hommes... Que dis-je, de criminels... Leur barrant la route et dérobant leurs biens. D'après les écrits, cela pouvait se passer sans encombre, mais il n'était pas rare que la violence soit de rigueur, et que des innocents se retrouvent en bien mauvais état après cette rencontre infortune. Ils pillaient, s'attaquaient, brutalisaient tous ceux qui s'aventurent par quelques lieux de la montagne. L'on pouvait même déplorer, des disparitions inquiétantes... Ho, nous savons tous ce que cela veut dire bien hélas. Quelques pauvres personnages ont dû tenté de se défendre, et ne sont parvenus à tenir tête bien longtemps.« Contact les, dit leur que je m'occupe de leur quête, et que cela sera fait rapidement. » Les yeux ronds de l'hôtesse lui firent part de son interrogation envers cette décision. « Je sais... Mais comme tu l'as dis, cette quête n'intéresse pas. Mais il faut bien que quelqu'un fasse cesser ce manège avant que plus de personnes ne viennent à disparaître. » Son sourire se voulait rassurant et se montra sûr de sa décision. Elle n'était pas inconsciente, Evangeline était réellement quelqu'un de réfléchit. Mais c'était aussi une personne touchée par le besoin des autres, et la peine de ces derniers l'avait affecté. Alors certes, cette décision n'était pas la meilleure qu'elle ait pu prendre, mais elle décida de s'en aller seule pour se faire.
Repassant par chez elle pour y prendre quelques affaires, elle savait que le climat pouvait être très rude dans les hauteurs. Emportant une petite besace en bandoulière, et une cape assez longue et chaude pour protéger son corps du mordant du froid, et entreprit le chemin vers les montagnes et commença l’ascension de ses chemins. Sur la route, elle se posa mille questions sur la manière dont elle allait entreprendre les choses. D'après le parchemin, ils sont plusieurs, et toute résonance semblent impensable. Il faut l'avouer, ce n'est pas une personne habilitée dans un combat en solitaire, mais elle reste une personne déterminée et pleine de ressource. Son stratège et sa ruse l'aident parfois à avoir le dessus sur la force et le nombre... Bien que l'aide de ses coéquipiers lui a toujours été d'un grand secours.
Montagnes de doutes
De retour d’une énième chasse, le Tourmenteur n’a rien trouvé de mieux à faire que de retourner voir au tableau d’affichage quelle quête pouvait donc bien attirer son attention. Prendre du repos ? Avoir un peu de répit ? À quoi bon ? Ce n’est pas en allant dormir que Beowulf retrouvera le dragon qu’il recherche et qu’il rejoindra la Garde. Aussi, ces derniers temps Baal lui impose de sombres murmures concernant ses semblables. Des djinns, eux aussi enfermés dans diverses reliques, et répartis sur tout le globe. L’appel de la puissance se fait alléchant, la pierre de la curiosité est même jetée dans le lac de l’indifférence. L’entité sait comment donner envie, se faire entendre. Réceptif, son maître a en tête de retrouver d’autres esclaves démoniaques. Au moins, cela l’occupera le temps de tomber sur sa proie.
Ses recherches peuvent se faire au sein de tous les milieux où âme puisse vivre. La seule condition étant que les hommes doivent s’en trouver éloignés. Pas évident dans ce monde où la magie prévaut. La chevelure d’améthyste jette son dévolu sur une affiche affirmant qu’un dragon terrifiant a été vu il y a quelques semaines en train de s’abreuvoir au bord d’un énorme lac. Au moment de confirmer la prise de la besogne auprès de l’hôtesse, celle-ci fuit le regard de cet homme qui la connait depuis bien une dizaine d’années déjà. L’air de ce dernier interroge, les lèvres de son interlocutrice répondent.
▬ Evangeline ?
Il avait ouï dire qu’elle avait rejoint la guilde. Pour le passé, certains savaient, d’autres non.
▬ Quoi de plus normal pour une aventurière que de s’enticher d’une quête ?
Un peu d’amertume dans la voix, la retenue est tout de même de mise. L’hôtesse et son hésitation à répondre mettent le doute à l’impétueux. Il s’impatiente.
▬ Je n’ai pas la journée femme, répond moi.
L’explication suit peu après. Un léger silence s’impose dans le hall, les individus zieutent mais ne parlent pas. Ils redoutent. Des petits craquements dans l’air se font entendre, les cheveux du colérique deviennent azurés et des écailles apparaissent doucement sur son corps. Puis, au moment où l’hôtesse tente de défendre sa position - celle qui a laissé partir la douce et fragile seule en mission -, un bruit sourd se fait entendre et du grand homme, il ne reste que l’affiche qu’il avait récupéré. Cette dernière se réduisant petit à petit en cendres se propageant sur les quelques flamiches engendrées par l’aventurier sur le sol.
Sans peine, il rattrapa la blonde sur son chemin et se permit un violent atterrissage qui ne peut découler que de sa personne à quelques mètres de la responsable de bien des maux. Une fois le nuage de poussières éparpillé, ses yeux percent et accusent.
▬ Je ne me souviens pas avoir côtoyé une idiote pareille. Que crois-tu faire ?
Tout va bien dans le meilleur des mondes ? Rien n’est moins sûr.
Krr Krr. Quelques crépitements se firent entendre dans les hauteurs. Au vu du ciel, certes quelque peut voilé du fait de cette zone montagneuse, rien ne semblait laisser croire à un orage apparent. Non, il s'agissait d'autre chose au-devant de la jeune femme. Cette dernière eut un petit rictus amusé sur le coin de la lèvre, elle connaissait bien ce son et ce qu'il annonçait. Aucune raison de le redouter.... Quoi que. Peut-être ne devrait-elle pas y songer si tôt. Un bruit sourd, un nuage de poussière englobant le bienfaiteur de tout ce chamboulement. La main de la belle se balada devant son visage pour chasser cette incommodité, désagréable au souffle. Le Tourmenteur apparut enfin à quelques pas seulement de la demoiselle, stoppant sa marche une fois confrontée à ce dernier. Si un regard pouvait agir en conséquence, Evangeline se serait retrouvée transpercée sur place. Son visage reste toutefois impassible, préférant ne pas montrer son désarroi qui s'installait petit à petit. « Bonjour Beowulf. » Un sourire, d'apparence franc et sincère, chaleureux à la venue de ce dernier. « Je ne te demande pas la raison de ta venue... » Bien que... Cela puisse tout de même lui apporter un certain étonnement qu'il puisse encore être alarmé sur sa situation.
Son regard se détourna un instant, trahissant un certain gêne. Il n'avait pas réellement tord, ce n'était pas très réfléchie de sa part d'entreprendre une telle quête en solitaire. Mais, ce n'était pas la seule raison de sa perplexité. Elle savait qu'un jour, elle devrait accuser ses propres actions du passé, et s'en retrouver confrontée. L'évitement n'est pas toujours possible, bien que pour le moment, la situation ne semble pas tourner en défaveur. Ses pupilles croisèrent de nouveaux celles de son ancien amant, enflammées par une certaine colère. « Pour m'avoir côtoyé, tu sais que je suis déterminée dans ce que j'entreprends. » Son sourire revint faire surface, elle se voulait apaisante et sûre d'elle. « Des personnes souffrent de cette situation qui n'a durée que trop longtemps. Pour répondre à ta question, je comptais les retrouver, pourquoi pas leur tirer les oreilles et leur demander d’arrêter ce qu'ils feront sans contraintes. » L'ironie. Une autre manière d'échapper à une situation, qu'elle savait ne pas contrôler. Cependant, elle savait que l'homme au cheveu d'azur n'était pas à la plaisanterie, surtout sous cette forme qu'elle ne connaissait que trop sérieusement.
Reprenant un air plus consciencieux, Evangeline s'obstina. Marchant en direction de Beowulf, ses pas la firent dévier sur le côté pour entreprendre de continuer sa route, se retrouvant dos à lui. « Si ton but et de me faire changer d'avis, tu perds ton temps, mais si tu veux te joindre à moi libre à toi. » Cette proposition, elle risque de le regretter amèrement à l'avenir. Elle se doute. Pourtant, elle l’espérait au fond... Ses fantômes du passé ne lui ont jamais été désagréables. Evangeline n'avait pour le moment, pas désiré cette confrontation. L'on ne peut toutefois cacher un certain ravissement de le revoir, bien que ce dernier semble plus fermé sur cette rencontre.
Montagnes de doutes
Bonjour ? Mais encore ? Décidément, elle allait toutes les empiler et les collectionner à ce train-là. La suite ? Elle n’est pas plus glorieuse. Il l’écoute et se contente de maintenir son regard clairement désapprobateur, tout en se retenant de faire preuve de vacuité en ce qui concerne ses noirs sentiments. Déterminée ? Foutaises.
▬ Aussi déterminée qu’expéditive, tu n’en n’est pas à ton premier coup d’essai.
Toujours dans la reproche, forcément. Puis, vient son éternel discours de la sainte mère Evangeline. Toujours aider, toujours donner, toujours ceci ou cela. Sur le moment présent, cela l’agace alors que c’est l’un des traits de sa personnalité qui l’avait toujours mis à nu - sans mauvais jeu de mot. Le chasseur de dragons n’a tout simplement jamais digéré la façon dont a disparu la douce et cela empiète sans doute sur sa façon d’entrevoir ses dires mais aussi ses actes.
L’impertinente a pris sa décision, et à l’évidence, elle ne semble pas décidée à affronter ses devoirs. Elle poursuit tout simplement sa route, de la même manière qu’il y a quelques années de cela. Seule, déterminée, souriante. C’est dans le même état d’esprit que tout s’était produit ? Vraiment vraiment vraiment… Pourquoi ? À l’entendre, ses lubies naïves seraient plus importantes que ce qu’il y a à traiter. Chaque chose en son temps, pour certaines du moins. Beowulf accompagne alors les pas de la blonde, s’exprimant d’un tranchant qui lui est propre sur le moment.
▬ Si j’avais voulu te faire changer d’avis, nous ne serions déjà plus ici.
Son poing se resserre.
▬ Tu as toujours eu besoin d’aide, faible Eva.
L’ancienne habitude est remontée, à l’appeler par un diminutif. Il ne le remarque même pas. De toutes façons, c’est un mensonge. Peut-être a t-elle besoin d’aide, peut-être pas. Ce n’est pas le plus important. C’est juste qu’au fond de lui, malgré la colère, il ne peut juste pas risquer de la voir disparaître à nouveau (définitivement ou non). Son impatience joue sur ce coup, sa curiosité aussi. Le pas assuré et l’air sévère qu’on lui connaît, le foudroyant prend à nouveau la parole.
▬ Ce sera la bonne occasion pour toi de répondre de tes actes. À moins que le mutisme et la lâcheté ne soient devenus de nouvelles qualités dont tu puisses te targuer. Evangeline Redfort.
Le ton n’est pas prêt de changer. Les bandits serviront de défouloir donc à la bonne heure.
Tu n’en n’es pas à ton premier coup d’essai. Première touche, en pleins dedans et d'une visée bien précise. La jeune femme ne broncha toutefois pas à cette remarque qu'elle n'avait que trop comprise, il ne lui fallait pas un dessin pour sentir la rancune et l'amertume dans le son de sa voix. Ce ne sera pourtant pas la consonance la plus désagréable qu'il y aura... Son visage resta ferme et digne, ses pupilles ciblant celle du ténébreux sans démontrer la moindre faille. Ses pas l'emmenèrent à se retrouver dos à lui, relâchant doucement les traits de son visage qui était à présent hors de la vue de ce dernier. Mordillant légèrement l'intérieur de sa joue... Bien sur qu'elle ressentait de la culpabilité et de la gêne par rapport aux faits passés, mais jamais elle ne pourrait le lui faire comprendre. Tu as toujours eu besoin d’aide, faible Eva. Deuxième coup porté, tout aussi précis que le premier. Il n'est pas sans dire que dans leur passé, Evangeline a souvent été protégée et défendue par Beowulf, signe en effet, d'une certaine faiblesse. Pourtant, elle avait acquis bien des aptitudes depuis ce temps-là, ce n'était plus la gamine qu'il avait côtoyé. Et cela, il devrait le savoir mieux que personne. C'est en grande partie grâce à lui qu'elle y est parvenue. À moins qu'il ne parle de la faiblesse de ses actes, dont le dernier qu'elle lui aura infligé. « Je n'ai pas besoin de ton aide si ce n'est que par simple pitié Beowulf. Je sais et je comprends ta rancœur envers moi, tu n'as aucun devoir envers ma personne. » Il devait... Ou du moins il devrait la détester à ce jour, alors si être à ses côtés et si peut supportable pour lui, autant qu'il garde une certaine distance.
Néanmoins ces dernières paroles furent des plus claires, il sera profiteur de ce moment passé ensemble pour tirer de conclusions. Chose qui pourtant, est évidente... Evangeline a toujours su qu'elle devrait un jour y répondre, bien plus encore, depuis qu'elle a rejoint la guilde, dont il faisait partit. D'une certaine mesure, elle avait cherché la confrontation. Elle y sera arrivée, bien qu'un peu tardivement. Or, les explications qu'elle aurait voulu lui apporter non jamais trouvées de manière d'être dites... Remuant dans son esprit mille et une façon de les débiter, depuis bien des années. « Soit honnête, qu'importe ce que je pourrais te dire à ce moment, tu n'écouteras rien. Ta colère est bien trop présente. Tu peux autant me détester que me mépriser, si cela peut te soulager. Je ne cherche pas à te fuir, sinon j'aurais quitté le royaume depuis bien longtemps. D'une certaine manière, j'ai moi aussi besoin de cette confrontation, mais pas pour me justifier ou trouver un pardon. Je te le dois simplement. » S'il savait à quel point le ton employé envers elle pouvait lui être contrariant et douloureux. Ho bien sûr, elle ne pouvait que s'y attendre... Mais ne pensait pas que cela puisse autant l'atteindre. Il était loin, le temps où ils étaient compères et complices dans leur union. Il est encore plus lointain, les sourires et les gentilles échangés...
Le cœur de la jeune femme se serra, lui faisant mal dans la poitrine. Culpabilité, tristesse, amertume... Beaucoup de choses firent surface bien qu'elle ne faisait rien paraître physiquement. Seul son sourire, c'était éteins, touché par les propos de l'ancien compagnon. Au fond, c'était une idylle qu'elle n'avait jamais eu la force d'enterrer, probablement de ce fait qu'elle ne soit pas parvenue à en trouver une autre. Ce moment passé ensemble allait peut-être les aider à tourner une page, continuer à l'écrire ou simplement la consumer sous un feu ardent. Cependant, la patiente de la jeune femme avait aussi une certaine limite, les propos tenus et la posture prise par Beowulf face à elle, parviendraient à un certain moment à lui faire perdre son impassibilité. Elle fit l'effort, car après tout, il avait de quoi être en colère, mais le ton employé n'était que trop compressant. « Beowulf, j'aurais voulu ne pas avoir à prendre cette décision. » Un peu faible comme début d'explications. Beaucoup trop même.
Son intention s'évada sur un autre élément présent sur le sol. Se penchant, elle détailla des traces de roues, sûrement d'une calèche et au vu de la profondeur, bien remplie. Il se pourrait qu'un marchand ait entrepris cette route peu de temps avant eux. Bien. Si Evangeline avait déjà constaté sa présence, il ne ferait nul doute que des bandits expérimentés en ont fait de même. Ils ne devraient donc pas à avoir à fouiller la montagne de fond en comble.
Montagnes de doutes
Le retour de la jeune femme ne se fait pas attendre. De la pitié ? C’est effectivement ce que celui qui ne craint pas la foudre souhaite faire véhiculer comme message. Or il n’en n’est rien. Quoi donc alors ? Le déni parle aussi de ce côté-là. Impossible d’oublier pareille personne et de renier la nature de ce qui la reliait à lui jusqu’au moment fatidique. Le tranchant pour montrer la déception. Le tranchant pour causer du mal. Du mal comme on le lui a fait subir.
▬ Tu as beau être devenue celle que tu es aujourd’hui…
Un soupir, légèrement gêné. L’ayant côtoyé, elle sait qu’il l’est lorsqu’il marque une petite pause au cours d’un raisonnement. Lui, qui a pour habitude d’être autoritaire et qui n’accepte aucune remise en question lors d’une discussion.
▬ Tu finis toujours par te mettre dans de beaux draps. Et puis, la guilde ne peut se permettre de perdre bêtement un élément.
Un baratin. Pourquoi ça ? De deux choses l’une : il a toujours été surprotecteur avec ses proches, ceux pour qui il éprouvait de l’affection et ce n’est un secret pour personne : tout ce qu’il veut est abattre le lézard ailé pour enfin entrer dans la Garde. À voir quel régiment. Cela serait un sacré hasard qu’il se retrouve dans le même que celui de l’ex fiancé de son interlocutrice. Un sacré hasard, oui.
▬ Être honnête ? Faire le chien battu après avoir jouer au loup, quelle ironie. Je ne t’ai pas demandé ton avis, je désire une chose légitime : des explications.
Il s’agit là de la moindre des choses selon lui. Remarquez que notre gaillard se permet toujours d’être dans l’estocade verbale, par-ci par-là. La dernière phrase laisse évidemment Beowulf sur sa faim. Pour lui, on a toujours le choix. Du moins, quand une personne fait partie des puissants, elle l’a toujours.
C’est une blague ? C’était trop difficile de parler de la chose ? D’échanger ? De chercher à régler un problème, si problème il y a ? Comme le font les-
Sa phrase se coupe mais la fin est évidente, parlant de couples. Aucun secret, la confidence et la confiance.
▬ Bref, poursuis.
Tourmenteur qu’il est, après avoir observé les traces au sol et le peu qu’il sait de l’affaire en cours, le voilà qu’il lève son sabre pointé vers les cieux. La matière instable se dégage du métal pur et vient rencontrer rapidement les cieux. Et après avoir donné couleurs à ces derniers, elle retombe - dispatchée en nombreux morceaux - au loin, sur la région dans laquelle ils se trouvent. Le but derrière la manœuvre ? Détecter toute trace de matériau conducteur en bon nombre. Des haches, des épées ou bien le fer des roues servant aux fausses diligences (ces dernières servant bien souvent à tromper voyageurs et marchands). À sa connaissance, il n’y a aucun patelin dans le coin. Donc les deux endroits sur lesquels est tombée la foudre marque bien quelque chose. Du bon ou du mauvais, à nos deux tourtereaux de le découvrir.
▬ Et je te prie d’être plus claire dans tes paroles. Vraiment-plus-claire.
L’impatience est clairement à ressentir. Baal ne facilite pas la discussion de par son hideuse influence, laissant alors au fil de la discussion faire apparaître écailles sur le corps de Beowulf ainsi qu’une queue. Quelle fumisterie, le serviteur du chasseur de dragon en avait l’apparence et la lui donne (vaguement) durant ces moments. Comme quoi, ce monde est rempli de coïncidences. Quoi qu’il en soit, le doux mais terrible n’a pas envie de rayer la forêt de la carte, c’est pourquoi il a émit sa requête d’une manière un peu moins… Beowulfienne si je puis dire.
Cela ne semble être que plus claire, l'homme de foudre ne comptait pas la laisser s'en tirer sans réelles explications. Pourtant, même si c'était son intention de base, Evangeline douta de la nécessité de remettre les choses sur le tapis et de manière lucide. Elle le laissa un instant débiter ses propos, évitant toutefois son regard qu'elle laissa vaguer sur la route. Prenant même le temps de trouver une certaine concentration sur l'affaire qui l'avait menée jusqu'ici. Beowulf a permis de délimiter une zone, mais ces dernières ne prenaient pas le chemin le plus passant de la montagne, démontrant qu'il fallait à présent emprunter des routes plus sinueuses et escarpées. Et effectivement, les traces semblèrent emprunter un montant anodin. Cette calèche aurait-elle tenté un raccourci près des falaises ? Elle allait faire une proie idéale, à être si déraisonnable, et ça pour gagner seulement quelques instant de marches.
La belle fit volte face, se retrouvant face de quelques centimètres à Beowulf, prenant un air grave, assuré, confrontant. Commençant à feindre l'agacement. « Oui, nous aurions pu en parler. Mais regarde, nous commençons à peine à le faire en ce moment même. Et des années après ça, vois comment tu es. Comment cela aurait été jadis ?» Si elle ne le connaissait pas d’antan, elle pourrait certainement craindre pour sa personne. Le changement du ténébreux se fit au fur et à mesure de leur avancée, laissant croire une certaine instabilité. Il ne faisait nul doute, même après ces années, que Baal avait encore une forte influence sur son hôte. Abusant, se nourrissant des états d'âme de Beowulf. Des émotions, qu'elle a elle-même engendré, fautive de ce fait. Si jadis elle avait les mots et les gestes pour le canaliser, il n'en serait plausiblement rien à ce jour. Du moins, Evangeline craint que toutes tentatives ne fassent qu'engendrer la chose. Pour l’instant, elle resta modérée. La tête légèrement relevée pour faire face à ce dernier, le regard appuyé, le ton soutenu, mais fébrile. « Comme tu l'as si finement relevé, je ne suis parfois pas apte à affronter une situation. Tu as peut-être raison, je dois être trop faible, ce n'est pas une raison pour en emporter d'autres avec moi dans la descente. Car dans toutes les mesures, tu en aurais souffert. » A quoi bon, mise à part le fait de lui infliger plus de mal. Du moins, c'est l'impression donnée au fil de la conversation. Pourquoi ne pas tout lui dire ? Par hantise d'être jugée, car elle le sera. Par honte aussi probablement, et ses regrets en travers. L'on ne sait ce qui serait advenue si elle avait tenu tête à son patriarche, si elle avait décidé de rester... Jamais il ne l'aurait toléré, homme de pouvoir et d'affluence, la main de sa fille mise à mal par un simple partisan, ne lui aurait été tolérable. Ses chantages et menaces n'auraient sûrement pas été vaines et sans suites.
Ses pupilles rétrogradant vers le bas, un soupir inaudible s’échappant de ses lèvres, Evangeline reprit sa route et reprit un calme apparent. « De toutes évidences, ton jugement est déjà fait. Je crains qu'aucune explication ne puisse apaiser ta colère, mais si une chose le peu... Saches que je suis désolée. Prends-le ou non, mais c'est sincère. » Elle ne fit même plus attention sur le fait qu'il la suive ou non. En réalité, elle aimerait qu'il prenne ses dernières paroles, et s'en aille. Encore une fois, elle prenait la fuite, allait-elle le pouvoir aussi longtemps ? La peur de la réaction et des remontrances de Beowulf, bien que justifiées, étaient présente. Mais elle découvre que le fait de se retrouver de nouveau face à lui, refaisait monter en surface des sentiments et une affection qu'elle pensait éteinte par le temps.
Suivant minutieusement les traces conduisant en amont de la montagne, avoisinant la falaise, son intention n'était plus fiable sur les alentours .
Montagnes de doutes
La belle n’a pas complètement tort. L’anciennement passionné l’écoute en le fixant de haut, le regard faussement méprisant et méprisable. Mais comme toute bonne rixe verbale entre deux ancien amants tels qu’eux, Beowulf y trouvera toujours quelque chose à redire. Tout comme elle en fin de compte.
▬ Cela aurait toujours été mieux que de faire mariner la chose. Si tu désires te rassurer de cette manière, soit. Fais, complais-toi dans le déni.
Son discours sur sa faiblesse et sa “philanthropie” à toute épreuve ne laisse pas notre héros de marbre. Il affiche une légère grimace et un son mettant clairement en exergue une impatience mêlée à un désaccord. Ce qu’a oublié le jeune femme au moment où elle s’est mis en tête de sortir ce baratin à son ancienne moitié, c’est que le Tourmenteur aurait sans hésité tout donner afin de la sortir de son pétrin. Que cela paraisse irréaliste, irréalisable.
▬ Même les plus puissants ont besoin d’aide. Une personne seule n’arrivera jamais à quoi que ce soit. Encore une fois tu te justifies sans rien me dire. Et ce serait mentir que de te dire que tu n’es pas en train de m’agacer. Mais vraiment.
Son pouvoir réagit à ses états d’âmes, montrant bien l’instabilité contre laquelle il a cessé de lutter. Devenant alors peu à peu plus visible, plus bruyant et plus menaçant. À n’en pas douter qu’une autre personne qu’elle aurait pu clairement prendre ses jambes à son coup et prier pour sa vie afin d’espérer terminer cette discussion ou y mettre un terme. Mais elle… Voilà. On se comprend. Sa douceur pourra toujours lutter contre la sauvagerie de cet homme, de prime abord du moins. De prime abord, oui.
▬ Bon.
Son épée est pointée dans une direction aléatoire de la forêt et un faisceau électrique part violemment raser ce qu’il se trouve comme matière organique sur son passage. À la manière d’une déforestation, le spectacle est propre à lui-même.
▬ Quand…
Un autre coup est envoyée, déchirant quelques arbres supplémentaires au loin.
▬ ... arrêteras-tu…
Encore un autre, cette fois-ci perforant pierres et rochers.
▬ ... de fuir ?!
Une nouvelle fois, cette fois-ci venant paralyser l'entièreté d’un grand lac pour quelques minutes au moins. Les assauts ne manquent pas de lacérer le sol autour du duo en pleine scène de ménage. On peut dire qu’il y a de la tension dans l’air, oui.
▬ Écoutes moi bien. Je suis venu dans l’espoir d’une réponse franche. Dans l’espoir que tu serais la même qu’avant et que tu aurais tenu des propos dignes de celle qui tu étais.
L’arme est rangée mais ne cesse d’émettre de cet élément instable.
▬ Visiblement, je t’ai surestimé. Si c’est pour continuer à déblatérer des pauvres phrases comme ces cinq dernières minutes, fais moi donc le plaisir de te taire.
Déception. Mépris. Lui qui pensait avoir à faire à une femme, il ne se retrouve en fait que face à une enfant. Evangeline a peur, Evangeline est inaction.
▬ Je préfère encore le silence et la solitude à ta voix et ta compagnie.
Des mots durs qu’il ne pense pas mais continuer plus longtemps sur cette voie ne fera que remuer plus violemment le couteau dans la plaie. Il faut dire que Beowulf a été salement affecté par la disparition soudaine de celle qu’il aimait, se renfermant un peu plus sur lui-même et partageant par la même occasion certains desseins que lui chuchote Baal. La voir est déjà assez éprouvant comme cela. S’empêcher de lui faire du mal l’est tout autant.
Demander sans réellement recevoir. Désirer et fatalement désillusionner. Rêver sans jamais atteindre.
C’est dans un silence lourd que l’aventurier reprend la route à son tour - au sein des chemins sinueux -, ne se doutant même pas que tout ce remue-ménage a probablement alerté les personnes alentours, ces dernières pouvant être bonnes ou mauvaises. Dans tous les cas, il allait faire tout ce qui est en son pouvoir pour mener à bien cette quête.