Bizarrement cela dit, elle se sentait presque en pleine forme. Étrange. Ce n'était pas la seule chose bizarre maintenant qu'elle y pensait sérieusement. Elle avait failli se cogner la tête contre la porte de la salle de bain, et son dos lui faisait un peu mal.
Bah.
Elle ramassa ses vêtements et ses sous-vêtements à terre et tenta de les enfiler. Le problème, c'était que...sa culotte craqua quand elle voulut l'enfiler. Sa chemise était bien petite également. Et elle n'arrivait pas à mettre sa jupe non plus…
Depuis quand est-ce qu'elle avait les jambes aussi velues d'ailleurs ? Elle s’était rasée il n'y avait pas si longtemps que ça pourtant.
-Whoa, est-ce que j'ai dormi pendant 2 mois pour que les poils repoussent aussi vite, et pour que mes jambes regagnent en masse musculaire, et pour que ma voix sonne si grave et bizarre ? Merde alors. J'dois être malade. J'devrais peut-être continuer à dormir...
Suite à cette conclusion, Astrid se redirigea vers le lit, et découvrit une chose qu'elle ne pensait pas découvrir un jour dans son lit à coté d'elle. Une mémé de 80 ans. La peau toute fripée. Les cheveux plus blancs que blancs.
En réalisant les possibles événements qui se sont déroulés la veille, elle ne put s’empêcher d'ouvrir la bouche d'un air surpris et dégoutté, tel l'Autoportrait avec une scène de magie de Piete Boddingh van Laer et elle cria :
-OH MA DÉESSE !
Astrid préférait certes les femmes âgées, mais c'était un peu trop âgé là ! Rien qu'en y pensait...rien qu'en y pensant…
Elle se mit à quatre pattes pour vomir sur le sol.
- Oeuvre en question::
- Oh p’tain. T’m’explique c’que j’fou là l’vieux ?
C’était ça la vraie question. Oui, j’avais mal partout, je me souvenais de toute ma vie, pour la première fois, une longue vie bien remplis. Et surtout, je me souvenais enfin de qui j’étais précisément. Et pour quelqu’un de mon rang, me retrouver dans une chambre pareille n’était pas quelque chose d’acceptable. Maintenant, il fallait faire en sorte que les choses passent sous silence. Mais surtout que je comprenne comment j’avais fini là et ce qu’il m’avait fait pour que les douleurs soient si fortes, dans tout mon corps. Encore fallait-il qu’il termine de vomir et si ça se trouver, lui non plus ne se souvenait de rien. Et là, ça allait devenir problématique. Putain, dans quoi j’avais tapé cette nuit. En dehors du vieux.
- SBIM LA TETE DEGUEU:
-J'aimerais bien le savoir, mémé. Répondit Astrid avec un air de dégoût. Euh, t'as des tatouages marrant, la vieille….continua-t-elle en plissant les yeux, l'esprit un peu plus clair après avoir vomi un bon coup sur le sol. Attends, je les reconnais...Hel ? C'est toi Hel ?
Maintenant qu'elle regardait la mémé de plus prêt, il y avait effectivement une certaine ressemblance avec la gamine de 16 ans d’apparence pour qui elle avait travaillé auparavant.
-Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Pourquoi t'es toute vieille et toute fripée ? T'as enfin atteint la ménopause c'est ça ?
Dans sa tentative pour rigoler face à l'incompréhension et à la bizarrerie de la situation, elle se souvint des paroles de Hel :
-Euh, comment ça « le vieux… » ? Astrid ne saurait tolérer qu'on l'appelle le vieux, surtout venant de toi...
Comment ça « le » ? Comment ça « vieux » ? Elle s'était clairement pas regardée dans un miroir pour appeler Astrid la jeune et la canon « le vieux » ! Sauf si elle était au courant du secret de la jeune femme aux cheveux blancs, mais cette dernière ne se rappelait clairement pas avoir partagé son secret avec une vieille dame de 80 piges.
Une minute...Pourquoi elle sentait quelque chose de gros, long, collant et fortement désagréable entre ses jambes…. ?
Il lui fallut un simple regard pour pousser un petit cri aigu étrangement féminin à la vue de « la chose ». Tout de suite, il était retourné dans la salle de bain pour se regarder dans le miroir et poussa un autre cri, plus grave cette fois, et de surprise.
-QU'EST CE CE QUE C'EST QUE CE BORDEL ?! S'écria-il (elle?) en revenant dans la chambre, se couvrant le bas avec une serviette.
Il avait pris le miroir avec elle pour le montrer à Hel.
-Qu'est-ce qui nous est arrivé ?! Une malédiction ? J'pensais pas te revoir à pwal de si tôt ! Surtout pas dans ces circonstances ! Me dis pas qu'on a...sous cette forme….
En se rendant compte peu à peu qu'il y avait la possibilité que Astrid ait cassé la croûte de la vieille Hel avec ce qu'il (elle) avait entre les jambes, ce dernier ouvrit la bouche de dégoût, encore une fois, et poussa un cri d'horreur à fendre le cœur des plus valeureux, tel « le bâillement » de Franz Xaver Messerschmidt.
-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!
- image:
- Hein ? Astrid, d’puis quand t’es un mec ?
Il revint dans la chambre en me tendant un miroir. J’ouvris la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. J’étais vieille, vieille et je me souvenais de tout. Comme si ma malédiction c’était arrêter. Sauf que là, j’étais avec un vieux qui semblait s’appeler Astrid. Et a priori, ça semblait l’horrifier autant que moi. Il hurla.
- J’sais pas mec, j’peux même pas m’lever. J’me souviens d’rien. T’passer la nuit à taper trop fort ou quoi ?
Je grimaçais. Rien n’était normal dans ce qui se passer ici. Encore moins que ma vie habituelle. Trop de choses avaient changé d’un seul coup et mon esprit rejeté tout en bloc. Comme si j’étais dans un autres mondes, refusant d’accepter ce que je voyais. La peau toute fripé et tombante. Un corps vieillit qui n’avait pas changé en 500 ans pour d’un seul coup prendre cette forme. J’étais pas prête. Je grommelais.
- J’suis sur qu’j’suis bourré, qu’j’ai trop bu. J’vais r’dormir moi.
Et tel la sculpture du king charles, je me rallongeais en fermant les yeux. Ouais, tout ça, c’était un cauchemar. Un truc qui exister pas. Un truc que j’oublierais à mon réveil.
- SUPER CHIEN:
Terrible, dégueulasse, ignoble, pourquoi Lucy lui avait joué un tel tour !
-C'est une longue histoire, le fait que je sois un mec. Toi par contre, j'ai pas besoin de demander pourquoi t'es vieille et pourquoi t'as les seins fripés qui ressemblent à des prunes séchées et qui pendouillent. Un peu comme mes coui…
Il s'arrêta au milieu de sa phrase, se tenant la tête à cause de la migraine qui devenait insupportable. Qu'est ce qu'il avait fait hier ? À part boire ? Il n'en gardait aucun souvenir. Il (elle) avait croisé Hel, voulait parler affaire, puis le trou noir. Et apparemment, Hel n'en gardait pas grand souvenir non plus. Et apparement, elle ne pouvait pas se lever. Pourquoi ?
Edmond avait son idée, mais non. Il refusait de s'imaginer la scène.
De toute façon, mieux valait oublier et ignorer tout ce qu'il s'était passé dans cette chambre.
-J'ai ptetre tapé trop fort dans la mémé oui, j'ai mal aux hanches étrangement...Non, mieux vaut ne pas y penser. Oublie ça Astrid, oublie ça. Purifie ton âme de tout ce qu'il s'est passé ici. Ô Lucy, efface ma mémoire de ces 24 dernières heures, par pitié. Fais en sorte que je ne retrouve pas la mémoire de ce qu'il s'est passé hier au moins. Oh putain de merde. PUTAIN DE MERDE ! Cria-t-il finalement en déposant le miroir à terre.
Avec de la chance, tout ça n'était qu'un mauvais cauchemar, et Astrid dormait encore. Il tenta de se pincer la joue, mais la douleur était présente.
-Un rêve sûrement réaliste, hahaha. Je vais faire comme toi et me recoucher aussi. Trop mal à la tête pour trop réfléchir. J'suis sûr que tout ira mieux quand on se réveillera, ouais...Tout ira mieux…
Perdu, désorienté. Soudainement fatigué, bien trop fatigué autant physiquement que mentalement, Edmond se fit une place dans le lit en poussant la mémé, et tel St. Cecilia de Stefano Maderno, il enfouit son vissage dans l'oreiller pour tenter de s'étouffer dans son sommeil avec l'espoir de ne jamais se réveiller.
- Image:
Ouvrant doucement les yeux, je me redressais doucement et tel le trompe œil de Père Borrell, je jetais un œil sur la personne à côté de moi. Grimaçant, je vis le vieux. Encore là, toujours là même. Je regardais mes mains fripé, dégueulasse. Je m’en serais passé, franchement, ça me soûler au plus haut point. Lâchant un juron, je décidais de me lever pour aller dans la salle de bain. Et la je me vis dans le miroir. Touchant mon visage avec ma main, je lâchais un juron-
- Sa mère d’cerberus d’où j’suis d’venu comme ça d’un coup putain.
Et en plus j’avais toujours mal partout, je ne voulais même pas penser à ce qui c’était passé cette nuit. Oui, juste trop d’alcool, et l’âge, on va dire que c’est ça.
- l'oeuvre moche:
-Putain. Dit-il en se frappant le visage avec sa main, avant de commencer avec une voix qui se voulait aiguë et féminine. Pas en face d'une mémé qui a volé mon innocence. Kyaaaaaaa.
Au moins, il était vieux, mais ne souffrait pas de dysfonction érectile donc...hourra ? Dans tous les cas, la colère laissait peu à peu place à l'incompréhension et à la confusion de la situation. Tout comme la sculpture d'Adriaen de Vries « Hercule terrassant un dragon », Edmond n'avait qu'une envie : terrasser, tabasser, étrangler, étriper, tuer, la personne qui l'avait mis lui et Hel dans cette pétrin absolument grotesque.
D'un coup d'un seul, le géant s'était relevé et, faute de vêtements adaptés à sa taille, utilisa le drap pour se faire un semblant de toge pour se couvrir et rester dans la limite de la décence.
Parce que se balader la bite à l'air, très peu pour lui.
-Wesh, je me posais la même question, la vieille. Je pensais pas te revoir à pwal de si tôt, et surtout pas dans cette situation. Ta peau est tellement fripée qu'on voit même plus tes tatouages, mort de rire.
Il était drôle et comique de voir un vieux bonhomme parler comme un jeune, et cela se remarquait au sourire narquois qui s'était installé sur le visage d'Edmond.
-C'est pas en restant ici qu'on va découvrir ce qu'il s'est passé. Je propose qu'on aille voir un doc. J'en connais un. Il pourra ptetre nous retourner à ce qu'on était avant. J'espère.
Il ne voyait pas comment un doc pourrait les aider, mais c'était mieux que rien. Il pourrait au pire aller voir le couple royal et demander de l'aide pour retrouver sa jeune apparence de femme canon et retourner à une vie normale et sans souci. Parce qu'en vrai, il avait assez peur qu'on lui redemande de devenir commandant maintenant qu'il était redevenu vieux.
-File t'habiller pour qu'on se casse visa. Et prends pas 20 plombes.
- image:
- Nah mais t’crois vr’ment qu’un p’tit méd’cin va trouver l’truc là ? On s’souvient même pas d’c’qui s’est passé….
Terminant de m’habiller, je me dirigeais vers la porte, ces putains de fringues étaient devenus trop grand pour moi et je dus faire des nœuds. D’où j’étais devenus encore plus petite. Sérieusement, comme si ça suffisait pas auparavant. J’avais perdu bien dix centimètre. J’ouvrit la porte.
- Bon aller, bouge toi l’vioque et met un truc mieux qu’le drap c’terrible là.
J’avais même pas envie de le regarder, je me sentais sale. Maintenant il fallait résoudre le problème avant que je ne déprime de la situation. Donc le résoudre rapidement.
-Boarf, c'est mieux que rien un médecin. Il pourra nous aider pour mes douleurs au dos aussi que je n'avais pas jusqu'à là. Et avec de la chance on se souviendra de quelque chose sur le chemin.
Il n'y croyait pas vraiment, mais il fallait bien garder un semblant d'espoir. Et qui sait, ça arriverait ptetre vraiment.
En voyant que les vêtements de Hel étaient trop grands pour elle, le vioque ne put s’empêcher de ricaner :
-Ahah, t'as rétréci, j'pensais pas ça possible, j'en peux plus. Déjà que t'étais pas bien grande, Lucy t'a vraiment pas fait de cadeau ! Et sinon j'ai rien à ma taille, donc je vais devoir me contenter des draps et d'attirer l’œil des jolis dames avec mes muscles à nus.
Il n'y avais pas à dire, les muscles d'Edmond étaient encore plus impressionnants que ceux de David par Gian Lorenzo Bernini, et il fit même des poses stupides pour les montrer en les contractant.
Cela dit, il ressentait quand même l'effet de l'âge et ne se sentait pas aussi vigoureux que lorsqu'il était Astrid.
Sans prévenir, il porta sans effort la petite vieille Hel dans ses bras et se dirigea à grand pas vers sa connaissance médecin.
-Si je te laissais marcher avec tes petites guiboles, ça prendrait plus longtemps que prévu, héhé.
La suite, on pouvait s'en douter. Le médecin n'avait pas de réponse, Edmond et Hel n'avaient pas réussi à se souvenir de ce qu'il s'était passé et étaient repartis chacun de leur côté. Puis le lendemain, tout était redevenu comme avant et elles firent comme si rien de tout ça ne s'était passé.
Un rêve? Une illusion? Un mauvais sort? Meh.
- hrp: