Fidèle relativement assidue, je quitte le temple de Lucy après avoir longuement prié la déesse et écouter le sermons de Daniela. Même si la plupart des Soeurs ne m’adresse plus la parole suite à mon incarcération d’il y a plusieurs années, je continue de m’y rendre pour assister aux cérémonies et prier. Un peu aussi pour voir celles que je considère toujours comme ma famille malgré ce rejet. Même après tout ce temps, cela fait mal de voir leur regard plus ou moins peiné à ma vue. Peut-être devrais-je juste cesser de venir… Oublier celles qui m’ont élevée, avec qui j’ai grandis et était heureuse… Mais arriverais-je à oublier le regard de celle qui m’a traité comme sa fille lorsque la garde m’a emmenée ? J’en doute, après toutes ces années, je n’ai pas oubliée… Mes pas me ramène jusqu’à mon laboratoire plus par automatisme que par volontée. Le contact de ma main sur la porte déclenche l’ouverture du verrou puis de la porte sans qu’aucune action ne soit nécessaire.

Toujours aussi triste en revenant du temple, je laisse tomber ma cape sur une des tables de l’espace prévu pour accueillir les clients. Avec un soupire, je gagne l’espace bibliothèque et m’affale dans la poire après avoir récupérer un livre. Pas un livre de magie, une histoire banale d’amour entre une servante et un prince… Une histoire affligeante tellement elle est irréaliste mais qui passe bien dans ces moments où même mes recherches ne m’attirent pas.

   

Du calme et un livre à l’eau de rose où tout fini toujours bien, voilà ce qu’il me faut pour me sentir un peu mieux après chacune de mes visites au temple. Me sentir rejeté par celles qui ont constituée ma seule famille est douloureux mais l’idée de ne plus les voir même de loin me terrorise. Bien calée dans ma poire-fauteuil, je n’ai aucune envie de bouger ce matin pour faire quoi que ce soit. Avec un peu de chance, aucun client ne viendra et je serai vraiment tranquille.

Un long soupire m’échappe lorsque j’entend la porte s’ouvrir. En silence, je prie un moment espérant que la personne s’est juste trompée de boutique. D’un coup une voix s’élève prononçant clairement mon nom… Avec un juron silencieux, je quitte ma poire où j’était si bien pour m'appuyer sur la rambarde et regarder mon client. Essayant tout de même de me comporter en marchande heureuse de voir un client, j’affiche un sourire crispé sur mon visage.

Bonjour, bienvenue dans le laboratoire Gher. Que puis-je faire pour vous ?

Malgré tout curieuse, j’observe l’homme qui patiente en bas. Grand et musclé, il parait propre sur lui mais quelque chose me fait tiquer… Il n’a pourtant pas l’air plus dangereux que d’autres…

   

Dans ma tête, j’hésite un instant à carrément le renvoyer en annonçant que je ne suis pas disponible pour le moment, les justifications ne manquent pas… Les objets et autres runes à moitié tracées sur la paillasse de l’étage médian sont là pour en attester. Cela serait tout de même assez mal vu de faire ça, la clientèle n’est pas aussi fournie que l’on veut bien le croire… Un système permettant de chauffer l’eau dans une maison ne rapporte pas grand chose. Ce sont les commandes spéciales qui rapportent mais il n’y en a pas tous les jours. Suffisamment pour bien vivre quand même mais pas assez pour se permettre de jeter un client. Sa présentation me laisse circonspecte, pourquoi le gouverneur de la ville se pointerait ici alors qu’il a à peine signer les documents m’autorisant à installer mon laboratoire ici ?

Enchantée de faire votre rencontre messire T’hoi.

A vrai dire, je n’ai jamais cherché à connaître les nobles de la ville, ils savent très bien venir me voir quand ils ont besoin de quelque chose. Un peu plus avenante compte tenu qu’il a certainement les moyens de s’offrir des enchantements qui couteront un prix certain, je l’écoute continuer son petit discours. Ainsi, il est là pour parler boulot et même partenariat… Qui dit partenariat, dit longue durée. ça pourrait me permettre d’investir pour mes recherches.

J’arrive messire, installez-vous à votre guise.

A voir ce qu’il me propose mais cela pourrait être bien pour chacun des partis si sa proposition est équitable. Je range à regret mon livre à l’eau de rose et descend rapidement d’un étage. Je récupère rapidement plusieurs choses : calepin, plume, encrier, pour prendre des notes, et mon sachet de bille de bois au cas où. Je descend au niveau “clientèle” et m'installe sur un tabouret. Suffisamment près du gouverneur pour qu’il n’en prenne pas ombrage mais suffisamment éloignée pour être hors d’atteinte de ses mains.

Tout d’abord, je tiens à vous informer que je n’opère sur aucune armes que ce soit, épée, lance, arc, etc… Pour tout enchantement sur des objets pouvant servir d’armes, je demande une certification métier tel que boucher, tailleur… Et pour finir, l’ensemble des enchantements que je réalise sont consignés dans un registre que je remet régulièrement à la garde.

Des contraintes que certains jugent inacceptables autant parmi mes clients que parmi mes homologues enchanteurs. Mais compte tenu de mon passé, cela me permet d’exercer l’esprit tranquille sans craindre les visites impromptus de Caïn.

Cela vous convient-il ? Je ne doute pas que vous compreniez pourquoi j’impose ses contraintes, la magie permet beaucoup de choses… Je vous écoute, qu’avez-vous à me proposer monsieur le gouverneur ?

De bonnes, commes des mauvaises ! Je n’aimerai pas apprendre qu’une personne a utilisée mon travail pour tuer/violer/voler ou quoi que ce soit d’autre de criminel. La pointe de ma plume au-dessus du papier, j’attend patiemment qu’il m’expose l’objet de son partenariat.
   

Un petit sourire m’échappe lorsqu’il accepte sans discuter les conditions dans lesquelles je travaille. Bien trop souvent, les clients essayent de négocier ces points sans essayer de comprendre pourquoi je fais ces choix. Enchanter des armes pourrait sérieusement augmenter mes commandes mais aussi le risque d’une personne utilise cette arme à mauvais escient. Déjà, je travaille avec les artisans malgré le risque de vol de leurs outils de travail… Je trouve ce risque plutôt limité et ils me rendent bien les petits services que je leur facture rarement. Qu’est-ce que l’enchantement de quelques ciseaux à bois quand l’ébéniste m’offre régulièrement des tabourets parce que j’ai détruits les précédents dans une explosion ?

Parfait, je vous écoute alors, qu’avez-vous à me proposer pour venir en personne dans mon humble laboratoire ?

La description de son projet me semble tout à fait louable. Que ce soit les potions de soins ou un guérisseur avec un réel pouvoir, cela coûte extrêmement cher. Vouloir rendre accessible à tous le monde semble une volonté fort altruiste de sa part même si cela va être compliqué même avec la magie d’enchantement. Je prend le temps de réfléchir aux risques induits si je m’associe à cela. D’un côté, il s’agit d’une cause noble rattaché au gouverneur de la ville, qui lui même est certainement soutenu par le roi et la reine. Cela ne devrait donc pas être une source de problème… Sauf s’il voulait se retourner contre en usant de ces potions de soins à bas coût… De l’autre, il n’y aura pas que des innocents qui pourrait en profiter. Rien que d’imaginer à quoi des brigands pourraient utiliser des potions de soins, je frissonne. Interrompant mes réflexions, Morgan choisit d’évoquer les conditions et la rémunération pour ce travail à long terme. Ces points ne me semble pas illogique voir même à mon avantage.

C’est un projet fort noble que vous me présentez, messire T’hoi. Je suppose que vous avez déjà certainement réfléchis à tout cela mais ne pensez-vous pas qu’un accès à des potions à bas coût ait un impact significatif sur la criminalité locale ? Quand on sait que les gens pourront se soigner facilement, la violence arrive beaucoup plus vite…

Commercialement parlant, ce ne serait pas un mal pour mon commerce. On viendrait me demander plus souvent des enchantements de sécurité mais éthiquement parlant, je trouve cela moyen de ma part…

Sans parler de cela, il m’est difficile immédiatement de vous dire en détail si les points bloquants vos travaux pourront être résolus par l’enchantement. Il me faudrait discuter plus en détail avec les personnes en charge du projet.

Avec la magie, le béhémoth se cache dans les détails… Revenant sur l’objectif de résultat qu’il a évoqué, je tiens à le mettre en garde concernant l’avancée des travaux. Que cela soit une magie runique ou une magie d’imprégnation, cela demande du temps et des ressources.

Il est possible que cela demande un temps considérable pour mettre au point le bon enchantement.

Pesant le pour et le contre, je réfléchis principalement à la réaction de Caïn quand je l’informerai de ma participation à ce projet lors de mon prochain point avec lui. Je ne sais pas quelle image il a du gouverneur, cela pourrait grandement influencer son avis. Ayant pris assez peu de note, je pose mon calepin et ma plume sur la table avant de passer ma main dans mes cheveux au prise entre deux feux. La curiosité de la chercheuse et la raison de l’enchanteresse un brin paranoïaque que je suis… Optant pour réponse mitigée et plus sécuritaire, je répond à sa proposition.

Sur le principe, la proposition me semble intéressante, je suis donc partante pour vous apporter mon aide. Néanmoins, j’aimerai aborder certains points avec vous.

Aussi gentille suis-je, je ne suis aucunement idiote, si le projet dérape dans un sens qui ne me semble plus correct, je veux pouvoir me retirer. Egalement, je veux clarifier la situation pour l'après-projet concernant la propriétés des enchantements.

Ma participation est soumise à la condition que le projet reste dans l’optique de rendre accessible des soins aux populations peu aisées. Quant aux enchantements finaux, je réclame la propriétés de recherche, moi seule garde la connaissance des méthodes, runes etc… et réalise les réparations et fabrications ultérieur.

Un point qui peut sembler contraignant mais certainement le meilleur moyen pour empêcher une prolifération dangereuse de ce nouveau mode de fabrication des potions de soins.
   

Tout au long de l’exposé de mes conditions, le gouverneur reste plus ou moins constant dans son expression. Difficile de dire si mes conditions posent problèmes ou non pour lui. Nous avons certainement tous deux une certaine marge de négociation. Je ne transigerai juste pas sur mon droit à quitter le projet si je constate que ces potions sont détournées de l’usage initialement prévu. Sans se départir de son sourire, il commence à répondre à mes interrogations et conditions avec beaucoup de sérénité. L’évaluation des risques induit par une prolifération de potions de soin semble avoir bien été réalisée et le pour et le contre bien pesé. La criminalité ne semble pas plus inquiété que cela comptant sur l’efficacité de la Garde pour maintenir la paix.

Bien entendu, la priorité va toujours dans le sens du bien général. SI vous m’assurez que tout le monde a évalué ces risques, je ne vois pas de raison de refuser de participer.

Silencieuse, je me concentre pour écouter la réponse qu’il compte apporter à mes conditions mais il embraye sur mon commentaire sur la durée du projet. Un projet certainement long mais pour lequel il va devoir rendre des comptes régulièrement au Roi et à la Reine. Ecrire un rapport de temps en temps n’est pas une trop grosse contrainte, ce n’est juste pas la partie la plus passionnante qui soit. Je me contente de simplement hocher la tête en signe d’acceptation alors qu’il se décide enfin à aborder les sujets qui fâches. Je n'avais que peu de doute concernant ma première condition qui est acceptée sans vraiment en discuter. La seconde est, comme prévue, problématique. Volontairement, j’ai mis la barre haute sachant très bien qu’il n’y avait presque aucune chance que cela passe. Mais maintenant, la négociation est ouverte et visiblement, mon interlocuteur semble ouvert à un avantage certains pour moi. En apparence calme, la tempête gronde dans ma tête en évaluant les possibilités qui s’offrent à moi. Même si je n’ai l’exclusivité, je connais suffisamment mes concurrents pour savoir à partir de quel degré de complexité, ils lâcheront l’affaire. Il me suffira de juste créer des enchantements les plus complexes possible.

Cela me semble des conditions acceptables, nous discuterons des modalités détaillées lorsque le projet aura aboutit et rédigerons un document officiel. Puisque l’exclusivité n’est point possible, j’aimerai réaliser un publication auprès de mes collègues de ces travaux, chacun sera ainsi libre de faire une proposition sur un même pied d’égalité. Qu’en pensez-vous ?

Et au passage, je récupérerai une somme rondelette pour chaque achat de cette publication. Comme disait mon maître, si on ne peut pas sauvegarder son travail, autant le publier et en tirer profit en le diffusant avant qu’on nous le vole.

Je suis tout à fait d’accord avec vous, la contrainte n’apporte rien de bon mais le travail en bonne entente n’exclut pas le contrôle.

Et je compte bien tenir à l’oeil ce projet et son usage. Même s’il a l’appui de la famille royale, je ne me ferais pas avoir une deuxième fois...

   

Une négociation n’est rien d’autre qu’une guerre d’usure entre deux parties. Celui qui tient sans faire d’erreur remporte la victoire lorsque le second tombe de fatigue. En l'occurrence, chacun de nous avance ses pions en espérant que l’autre fera une bourde. Mon sourire trahit ma satisfaction lorsqu’il me laisse une porte grande ouverte. S’il ne souhaite pas voir le matériel se répandre, il n’y a qu’une seule et unique solution, l’exclusivité de fabrication. Ne serait-ce que pour faire établir un devis auprès d’un enchanteur, celui-ci aura besoin du matériel. N’importe quel clampin venu pourra reproduire tout ça de mémoire ensuite. Autant, j’ai une bonne estime de certains de mes homologues, autant d’autres ne méritent rien d’autre que le bûcher… Les voleurs comme certains n’ont aucun scrupule à voler les créations des autres pour se les approprier… Ce n’est pas pour rien que mon laboratoire est une véritable forteresse enchantée.

Nous sommes donc sur la même longueur d’onde Messire T’hoi. Croyez-moi, en ouvrant le marché à plusieurs enchanteur, le matériel sera rapidement reproduit et vendu au plus offrant.

Autant jouer franc-jeu avec lui, cela me desservira peut-être mais au moins, il sera prévenu.

Les enchanteurs ne sont pas épargné par le fléau des escrocs. Je pourrais vous citer une liste longue comme le bras rien que pour la capitale. Et je suis certaine de ne pas tous les connaître… J’en ai moi-même fait les frais il y a quelques années, maintenant, j’ai appris à protéger mes créations.  Mais soit, puisque vous êtes prés à mettre suffisamment d’argent pour que je garde tout cela bien au chaud dans mon laboratoire, cela me convient.

Cela tombe bien, je voulais agrandir un peu mon espace de travail. Il va juste falloir que je réévalue mes tarifs rien que pour lui. Je me demande jusqu’où je peux augmenter avant qu’il ne tique. Si le matériel disparaît ou est copié, ce ne sera pas de mon fait, je met un point d’honneur à garantir l’intégrité de mon travail et sa traçabilité.

Avant de parler plus en détail de la rémunération, il me faudrait plus de détail sur le projet, les points où mon travail sera nécessaire… Je vous offre quelque chose Messire ? Thé, café ? Quelque chose de plus fort peut-être ?

Certainement un thé ou un café, les gens comme lui ne boivent rien de bien fort devant le bas peuple comme moi. Je me lève sans vraiment attendre sa réponse, je ne vais pas bien loin de toute façon. Grimpant à l’étage supérieur, je me sers un verre de ma préparation fermentée maison. Un truc en apparence ignoble mais très bon pour la santé d’après l’herboriste de la Capitale qui me l’a fait découvrir. Petit plus, elle est légèrement effervescente donnant une petite sensation agréable sur la langue.

Je vous écoute Messire, qu’est-ce que vous attendez de moi précisément dans ce projet.

Quand bien même les implications puissent être détournées de leur but premier, le sujet est suffisamment passionnant pour me donner envie de travailler deçu.

   

Dommage que cette occasion de faire tomber mes concurrents de la Ville Aquatique ne tombe que maintenant. Cela m’aurait éviter de devoir jouer à un jeu malsain avec eux pour abattre à petit feu ces commerces peu reluisant. Sans aucun remord, je m’excuse auprès du Gouverneur de lui avoir pris du travail.

Je crains que cela soit inutile. Vous vous doutez bien que je n’ai pas laissé ces escrocs me voler mon travail impunément. Cela a juste prit un peu plus de temps que si vous aviez agi mais nous avons fait ménage dans notre ville parmi les enchanteurs.

Personne n’aime se faire spoiler le fruit de son labeur, il n’a pas été bien compliqué de rallier les quelques vrais enchanteurs de la ville pour faire tomber les arnaqueurs. Pas de violence, pas de menace, juste une certaine agressivité commerciale pour les affamer.

Va pour un café messire, je n’ai pas d'alcool ici. Je n’en boit d’ailleurs que lors de mes voyages à la Capitale, c’est trop dangereux de me trouver ici l’esprit embrumé par l’alcool.

Personne n’a envie que je fasse une grosse bourde avec de l’alcool à la place du sang… Il ne manquerait plus que je trace une rune foireuse sur une grosse pierre et qu’elle explose pour réduire une partie de la ville en gravats… Je préfère garder ce côté festif de la Capitale pour ça, lorsque je suis loin de mes outils. Préparant le café, j’écoute attentivement les informations sur le travail attendu dans le cadre de ce projet. Dans le vide, je hoche la tête machinalement. Cette problématique de pureté du jus, je l’ai déjà rencontrée pour mes propres recherches et même appliqué à la filtration de mes boissons fermentée. Cela ne devrait pas être vraiment compliqué, un simple enchantement d’agrégation et un second d’hydrophobie devrait suffire à purifier suffisament le jus de Rurd. Quant à diminuer les pertes, il faut voir comment ils font leur extraction pour envisager des évolutions magiques. Mais tout cela ne me semble pas si problématique pour le moment. Est-ce que ce n’est pas une escroquerie de le plumer pour si peu ? Redescendant, la tasse de café dans une main, ma chope de boisson fermentée dans l’autre, je réfléchit à la façon dont je vais lui facturer mes services. Je pose en douceur la tasse de café devant lui et reprend ma place, chope à la main.

Cela m’a l’air d’être un projet amusant. J’ai donc carte blanche pour développer le nécessaire pour répondre au besoin du projet ? Bien que tout cela me semble passionnant, vous vous en doutez, je dois également gagner ma vie. Le projet va me prendre du temps, potentiellement beaucoup de temps. Un temps où je ne vend pas ni n’avance dans mes recherches.

Puisqu’il n’a pas l’air de pouvoir me donner plus de détail sur mon intervention dans le projet, autant aborder le sujet le plus problématique : l’argent ! Et malheureusement pour lui, lorsque je travaille pour lui, je ne vends rien à mes clients donc il y a un manque à gagner certain qu’il va devoir combler plus un petit quelque chose pour que je garde précieusement les secrets de fabrication en sécurité mais à sa disposition.

Compte tenu de l’implication et de la charge de travail, une rémunération à l’heure me semble plus juste pour vous et moi. Que dite-vous de 1 cristal clair par heure ? J’avance les achats nécessaire et vous remboursez le prix exact sur présentation des documents d’achats.

Plutôt que de l’assassiner sur ma tarification, je prend le pari d’un projet de longue durée. Généralement, je ne facture que 50 cristaux gris pour le développement d’un enchantement de base. Pour des choses plus complexe, c’est le même prix mais soumis à réévaluation lié au temps nécessaire. A voir, je vais peut-être quand même tenter d’avoir une prime en cas de réussite pour chaque création réalisée.

   

Sans aucune surprise, je peux voir sur son visage que l’idée que je me suis occupée de faire fermer les boutiques des escrocs de la Ville Aquatique lui déplait. A vrai dire, nous n’avons réussi qu’à leur faire quitter la ville, ils sont juste aller s’installer ailleurs. Mais plus ils sont loin de nous, moins ils leur est possible de voler nos travaux, et c’est bien tout ce qui compte. A vrai dire, il peut penser ce qu’il veut, pour protéger ma vie actuelle, je sais mettre les moyens légaux nécessaire à la sauvegarde de mon monde. Je n’ai aucunement envie de retourner vers la Capitale pour pouvoir vivre de mon travail.

Je cache une grimace derrière ma choppe lorsqu’il recommence à parler en m’insultant de cupidité. Le prix est élevé, certes, mais le travail est tout aussi complexe et gourmand en temps et énergie. Pour de tels développements, le premier enchanteur venu n’est pas capable de mener à bien le travail, il faut une capacité certaine à développer de nouvelles magies. Ce genre de compétence ne court pas les rues, cela se paye donc un certain prix. Son ton trop fermé ne me plaît guère et je sens venir la contre-proposition inacceptable pour le niveau de compétence qu’il recherche. Reposant ma choppe, je le laisse continuer grimaçant de plus belle lorsqu’il me parle d’un unique cristal sombre par heure. Je prend bonne note de son commentaire sur la nécessité pour le projet des ingrédients et matériel qu’il me paiera. Ce n’est de toute façon pas dans mes habitudes de facturer des choses inutiles pour refaire mes stocks.

Avec tout le respect que je vous dois, je vous prie de ne pas m’insulter Messire, ma tarification n’est pas là pour m’enrichir mais pour faire vivre ce commerce tout en continuant mes recherches. Vous n’êtes pas sans savoir qu’un objet magique coûte un prix certain, surtout lorsqu’il s’agit d’un objet enchanté à façon. On ne vient pas dans ce laboratoire pour un prix, on vient pour la recherche qu’il y a derrière chaque enchantement.

S’il a le moindre doute sur mon intégrité financière, il a juste a aller voir son percepteur de l’impôt. Il verra bien que malgré ma facturation élevée, je ne fais presque aucun bénéfice. Juste de quoi vivre en paix.

Un cristal sombre par heure est une insulte à la qualité de mon travail, Messire. Ne comptez pas sur moi pour brader mes compétences aussi noble soit le but que vous poursuivez. Je pratique déjà une facturation légère et arrangeante, voir même du troc, à mes clients pour leur permettre de s’offrir mes services. Croyez-vous que tous ces livres ne coûte rien ? Bien au contraire, ils sont l’unique source de revenue de nombre de mes confrères et coûte chacun de nombreux cristaux gris. Jamais je n’ai répercuté le prix d’achat d’un de ces précieux manuscrits à mes clients lorsque je l’achetait pour le besoin d’un enchantement, cela n’est pas dans ma logique. De même que ce bâtiments qui commence à s’effriter, mes enchantements l’on longtemps protégée contre les outrages magiques de mon métier. Je dois sous peu penser à faire restaurer la structure complète. Tout cela coûte un prix certain que je ne compte pas répercuter sur ma tarification globale. Malgré ce que vous pourriez penser, un enchanteur ne vend pas tant d’objets magiques que cela. La plupart d’entre-nous n’en vend que deux ou trois par mois.

Je l’avoue, je suis passablement agacée. La journée n’a pas bien commencée et maintenant, on attend de moi que je brade mon travail. Je soupire avant de lui faire une contre-proposition même s’il n’a pas laissé entendre une éventuelle possibilité.

Mon prix plancher est à 10 cristaux sombre par heure assortie d’une prime de réussite pour chaque enchantement nécessaire de disons 2 cristaux claires. Même si vous êtes gouverneur de la ville, je ne peux pas laisser entendre que vous avez droit à un traitement de faveur de ma part. Je ne compte pas travailler uniquement sur ce projet, j’ai d’autres choses qui attendent mon attention.

Même avec cette tarification, je ne pourrais pas faire restaurer le laboratoire… Mais c’est le minimum que je peux me permettre pour son projet qui va me coûter aussi du temps et de l’argent à moins de lui facturer les éventuels livres qui pourraient être nécessaires. A un cristal sombre par heure, il est clair que cela est impossible pour moi de participer tout en continuant mes recherches personnelle. S’il veut des enchanteurs avec des frais fixe plus faibles, il devrait plutôt se tourner vers les enchanteurs royaux mais ils sont à la Capitale.


   

Impassible, c’est bien un noble habitué à cacher ses émotions… Même un caillou est plus expressif que lui. J’estime ma proposition juste par rapport au compétences qu’il recherche avec une petite marge de négociations s’il le souhaite vraiment mais pas trop auquel cas, il me sera impossible de vivre décemment tout en travaillant sur son projet. Si encore il m’avait laissé l’exclusivité ou écrire un ouvrage, j’aurai potentiellement pu accepter une somme plus faible compte tenu des potentielles futures rentrées d’argent. Mais pas dans ses conditions… J’essaye de rester le moins expressive possible lorsqu’il me fait sa contre-proposition. Proposition somme toute acceptable, un peu moins bien rémunéré à l’heure mais un cristal clair supplémentaire en cas d’avancées majeurs. Un bon compromis finalement… Prête à sceller notre accord, j’ouvre la bouche pour prendre la parole mais d’un geste de la main, il me stoppe dans mon élan pour continuer. Un autre projet… Ce n’était pas au programme ça. S’il paye au même tarif, on peut peut-être s’arranger, à voir.

La tarification que vous proposez me convient Messire T’hoi. Cependant avant d’accepter définitivement, j’aimerai connaître le but de ce fameux projet. J’évite de prendre des engagements à l’aveugle, vous comprenez certainement pourquoi.

Prendre un travail à l’aveugle, c’est la garantie d’avoir des problèmes pour une raison x ou y. Mauvaise explications du besoin, client malhonnête… Il a beau être gouverneur et donc bénéficier d’un bonus de confiance, la confiance n’exclut pas le contrôle. Son expression change enfin m’intriguant un peu quand il commence à évoquer le projet. Le Dôme, rien que ça ! C’est un projet de grande envergure ça et vachement plus intéressant que les potions de soins. Une magie ancienne et perdue à redécouvrir, le rêve pour une chercheuse comme moi. Intérieurement, je trépigne rien qu’à l’idée d’avoir la chance de découvrir cette magie antique. En cas de réussite, c’est la célébrité assurée pour moi et mes travaux. En cas d’échec, c’est une magie antique quoi, ça n’étonnerait personne… Mon excitation est telle que la rémunération m’importe peu pour le coup, le dôme ! Je vais pouvoir fouiller partout avec la bénédiction du gouverneur ! L’évocation de mon laboratoire me ramène sur terre. Il vient bien de me proposer de me construire un tout nouveau laboratoire de magie ? Contre une simple réduction somme toute très restrictive pour lui ? Prenant mon menton entre mes doigts, j’évalue les possibilités qui s’offrent à moi… C’est une proposition très avantageuse quand même. La construction d’un nouveau laboratoire me coûterait extrêmement cher, certainement bien plus que la réduction de 15% qu’il demande pour 3 années… En même temps, cela m’ennui de me mettre autant à la merci du noble. Finalement, l’envie de travailler sur le Dôme de la ville l’emporte sur mes réticences. Plus encore que la célébrité en cas de réussite, c’est la curiosité pure et dure qui prime. J’ai envie de savoir comment les anciens ont pu mettre en place une telle magie aussi longtemps avant notre ère. Le visage fermé, je tend une main au Noble.

Fort bien, j’accepte ces conditions. Reproduire le dôme ne sera pas chose aisée, on parle d’une magie antique oubliée. Cela risque de prendre du temps mais je suis confiante dans ma capacité à résoudre ce problème.

Une telle magie a forcément un épicentre, il faudra d’abord trouver la source de pouvoir. Mais ce n’est clairement pas le premier des objectifs compte tenu que le projet ne semble pas encore sur les rails. La création de potion de soin me servira d’échauffement avant d’attaquer le dôme.

A qui devrais-je m’adresser pour prendre connaissance des informations nécessaire à mes activités relative à la fabrication des potions de soins ?

Inutile de préciser que je compte bien mener à bien ce projet au plus vite pour pouvoir m'intéresser de plus près au dôme, objet de ma curiosité maintenant qu’il a évoqué la possibilité d’en percer les mystères.


   

Sitôt sa proposition accepté, le Gouverneur siffle son café d’une traite comme si, d’un coup, il avait un serwang à ses trousses. Je sauterais presque au plafond s’il ne fallait pas faire un minimum bonne figure devant le noble. Etudier le dôme de la Ville Aquatique ! Même dans mes rêves de grandeur les plus fous, je n’ai jamais envisagé cette possibilité… Il va falloir mettre tout le reste en suspens pour me consacrer à ça… Tout sauf la recherche de ma mère, ça c’est trop important pour mon bien-être pour que je le mette de côté. Je mémorise le nom de son collaborateur qui porte la responsabilité du projet des potions. Je hausse un sourcil à l’évocation de la possibilité de le déranger n’importe quand s’il y a du nouveau pour le dôme. Il ne sait pas à quoi il s’engage en donnant un tel droit à une chercheuse. Il est régulier que je ne dorme pas ou fasse une avancée substantielle en plein milieu de la nuit. Dommage pour lui, j’espère pour lui qu’il partagera l’excitation de la découverte sinon, c’est bien dommage de ne pas avoir mis de limite.

J’irai voir votre collaborateur en venant signer les contrats alors. Je viendrai certainement vous solliciter plus tard afin d’avoir des accès aux archives et des lieux de la ville pour mes recherches sur le dôme.

Le dôme existe de bien longtemps, au point que l’on ne trouve aucune trace des méthodes ayant permis sa fabrication. Mais, peut-être trouverais-je des indications dans de vieux plans ou textes afin de localiser le coeur névralgique de cette magie. Si cela reste vain, il n’y aura plus qu’à retourner la ville entièrement. Coupée dans mes réflexions, une nouvelle série de données importantes assaille mon esprit à l’évocation de mon futur laboratoire. J’ai déjà pas mal d’idées concernant ce que je souhaite mais le possibilité d’avoir un espace nettement plus grand me séduit aussi.

Je vous ferai parvenir cela rapidement. Déménager ne sera pas forcément un problème, je garderai certainement une boutique ici ouverte une ou deux journées par semaine. Cet endroit est bien positionné pour attirer les visiteurs et il y a ma maison juste derrière.

De l’espace, de la hauteur sous plafond au cas où, une véritable bibliothèque pour protéger mes livres d’éventuels dangers inhérent à mon activité, plein de petites choses qui traverse mon esprit en ce moment et qu’il va falloir vite coucher sur le papier avant de les oublier. Sirotant un peu de ma boisson, je me relève également pour accompagner mon nouveau client à la porte. Je crois qu’avec tout ça, on a tout les deux du pain sur la planche. Les détails se verront au fur et à mesure que notre collaboration avancera.

C’est un plaisir d’avoir pu discuter avec vous messire T’hoi. J'espère que cette collaboration est la première d’une longue liste.