Naëry WIG

La Noblesse, quel ramassis d’hypocrites et de troufions. Non sérieux, entre ceux qui ont un balai dans le fion et ceux qui pètent plus haut que leur trou de balle … C’est une histoire en dessous de la ceinture tout ça. Dire que j’ai été élevé pour devenir comme eux. Yep m’sieur, yep m’dame, je parle comme un gueux alors que je suis fils de précepteur.
Qu’il était gentil le Reyan, qu’il était sérieux le Reyan, docile, obéissant, malléable … Qui est Reyan ? Ben c’est moi, votre humble serviteur. Vous ne voyez pas l’anagramme ? Reyan – Naëry, Naëry – Reyan, enchanté ! Je préfère mon nouveau prénom soit dit en passant …
Ah, pourquoi ai-je changé de prénom ? Sérieux, tu t’intéresse à mon histoire ? *soupir* Okay okay je vais te la faire brève.

Comme je disais, fils de précepteur, mon père m’a élevé comme il éduquait les autres gosses de riches. Durement, mais justement. J’vous jure j’étais un gamin super sage, je ne bronchais pas et je ne faisais pas de bêtises. Trop peur de me prendre une rouste tu crois ? Non, l’exigence. Exigence d’un père qui a déteint sur son fils. J’étais plus dur avec moi-même qu’avec n’importe qui. Je visais l’excellence ! Être le meilleur, c’est ce que voulais mon père, et je ne voulais pas le décevoir. Il avait de beaux et grands projets pour moi, surtout lorsque mon don s’est révélé. Il me voyait en lien direct avec le Roi et la Reine, t’imagine toi, quel prestige pour le nom de notre famille ! Ah oui d’ailleurs, à l’époque mon nom était Dewig. Reyan Dewig.

Bref revenons en à nos moutons. Ce qui a changé la donne ? La naissance de ma sœur. J’avais 5 ans, ma mère est morte en couche. Comme quoi t’as beau être de la Noblesse et riche, quand tu perds tout ton sang ben c’est pas les cristaux qui vont le remplacer. Toujours est-il que la mioche qui est née, elle, était en pleine forme. Me souviens encore de son premier braillement … On aurait dit une truie que l’on écorchait ! En vrai c’était juste le crie de détresse d’une enfant qui allait par la suite être mise à l’écart des autres …

Je sais pas si c’est la mort de sa femme qui a rendu mon père si aigri, mais déjà qu’il n’était pa très loquace, et bien là il ne parlait quasiment plus. Sauf pour donner des ordres et asséner le silence. Un silence dans lequel ma pauvre sœur se mua en grandissant. Pourquoi ? Lorsqu’elle apprit à parler, il s’avérait que Calia était bègue. Elle ne pouvait pas prononcer un mot sans en écorcher les syllabes. Cela eu le don de mettre notre père hors de lui. Comment un Maître de son envergure avait-il pu donner naissance à ça. Cette chaire chétive et dépourvue d’intérêt à ses yeux. Incapable de parler correctement. La base de toute une éducation …

A côté d’elle je devins le fils prodigue. Celui qui s’exprime bien, excellent dans tous les domaines. Calia se mua dans un mutisme à faire parler un mort tellement ce silence était lourd à porter. Père lui en voulait-il encore de la mort de sa chère épouse ?

Devant cette injustice j’ai pris ma sœur sous mon aile. Je lui donnais des cours de diction puisque mon paternel s’était détourné d’elle. Je pris la place de ce précepteur absent, autant que je le pus face à mes projets futurs qui approchaient à grand pas. Je me suis confronté à mon père pour la première fois à 13 ans, la situation avec Calia n’était plus envisageable. Une belle déculottée m’a muré moi aussi dans le même silence que ma sœur.

J’ai tout de même continué vers la voie qui m’était tracée. Plus je m’enfonçais dans les méandres de la Noblesse, plus je m’en dégoûtais. Conspiration, faux semblant, léchouilles et autres baves … Une bande de gentilshommes fallacieux. Et moi, je ne voulais pas de cette vie là, oh non.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est lors d’un recueillement auprès de Lucy que je pris ma décision. 17 balais et je haïssais cette populace riche … Okay je vois, t’es choqué car je me recueillais … Sache petit scélérat qu’il n’est pas rare que je prie la Déesse en son lieu de culte, elle m’a permis d’ouvrir les yeux et de choisir mon Destin. 3ème commandements : Tu ne vanteras pas ton titre ni ta fonction au sein du culte et auprès des citoyens du Royaume. J’ai tout naturellement mis fin à mon Titre et ma fonction destinée.

Comment ? En mourant tout simplement ! Voilà, fin de l’histoire, c’est un esprit qui te cause …

Bon je vais être plus claire pour que ton esprit, si étriqué soit-il, comprenne bien : cela faisait un moment que je discutais avec ma sœur de la situation, de mon dégoût pour cette Noblesse. Et nous avons, ensemble, concocté un petit plan. Son pouvoir s’est révélé fort utile. Oui, il s’avère qu’elle est fine manipulatrice. Et autant vous dire qu’avec le rejet qu’elle a vécu la rancœur l’a bien aidé à peaufiner ce don. Elle est devenue la Reine des illusions, tout en étant la plus douce des abeilles. Certains la pensent simplet, méfiez-vous de l’eau qui dort … Je peux vous assurer qu’aujourd'hui, elle est une vraie Noble comme je les vois.

Quoi je m’égare encore ? Et en plus tu m’engueules car j’avais dit que je la faisais brève et que ça traîne en longueur ? Goujat ! Puisque c’est ça : j’ai simulé ma mort avec l’aide de Calia. Voilà fin mot de l’histoire. Tout le monde n’y a vu que du feu et c’est ainsi que je suis devenu Naëry Wig. Homme au passé trouble, simulant une amnésie, hébergé par Lucy le temps de trouver ma place parmi les simples citoyens. Un autre monde qui, par bien des égards, peu ressembler à celui de la Haute. Mais cette fois je n’ai personne pour me dicter ma voie.

Après avoir enchaîné des petits boulots ci et là, j’ai eu vocation à devenir aventurier. Cette guilde au service des autres. Mon Don est précieux pour cette nouvelle vie.

Depuis que j’ai « disparu », ma sœur ne vit plus dans mon ombre. Elle s’est révélée, épanouie dans la bourgeoisie. Nous restons en contact elle et moi, et je la sens plus perfide de jour en jour. Il n’est pas dit que la Noblesse n’entende plus du tout parler de moi, qui sait, je pourrais y revenir de quelques manières que ce soit … Il me faudra éventuellement compter une première ennemie. Celle que j’ai choyé et protégé. Calia ma sœur, ne deviens pas comme ces esbroufeurs je t'en prie …