"Quand reviendras-tu ma chérie ? On veut passer du temps avec toi."
La voix de ta mère résonne dans ton esprit, une voix pleine de tristesse, légèrement imprégnée de reproches. Ces mots, ce sont les mots qu'elle t'a prononcé le jour où tu as à nouveau quitté la demeure familiale, désireuse de vaguer à tes désirs de liberté. Tu souhaitais juste t'éloigner un peu de la capitale et des villages, t'éloigner d'un maximum de personnes... Ne serait-ce que pour l'espace d'une journée. C'était ce qui te motivait le plus. C'était ton désir du moment. Mais ta mère a réussi à semer le doute dans ton esprit et à rendre ton escapade bien moins agréable qu'elle n'aurait dû l'être. Pas parce qu'elle voulait passer du temps avec toi, c'était même la preuve de son amour pour toi, mais parce que ce genre de chose sème le doute dans ton esprit. Quelle est la meilleure chose à faire ? Profiter de chaque moments de liberté qui t'est offert, ou profiter de ceux que tu aimes. Tu n'en sais rien. Tu n'arrives pas à choisir. Et puis, quelle option rendra les choses plus simples pour le futur ?
Écrasée par le poids de ces questionnements, tu pousses un profond soupire, la mine sombre. Doucement, tu ouvres les yeux. L'astre de feu, qui s'élève fièrement dans le ciel, a presque du mal à percer les denses feuillages des arbres. Depuis combien de temps es-tu ici au juste ? T'en sais rien mais tu n'arrives plus à rester tranquille, alors, tu descends de ta branche d'arbre. Tu atterris lourdement sur le sol, mais sans le moindre mal et commences à marcher pour retourner vers l'entrée de la forêt. C'est toujours plus sûr et surtout plus clair qu'ici.
Après quelques minutes, tu arrives enfin à une clairière. L'endroit est paisible et...il t'offre une magnifiques vision. Cette dernière te calme déjà un peu mais, pas suffisamment. Souvent, te promener en tant que lionne t'aide à te calmer davantage mais, tu n'as pas envie de te transformer. T'as pas envie de souffrir pendant plusieurs secondes, c'est simple à comprendre. Tu n'as qu'une autre solution pour te détendre ou oublier les paroles de ta mère : ton arc et tes flèches. Tes fidèles amis. En plus, le lieu se prête à merveille à ce genre de chose.
Face à un arbre, tu te mets en position, brandit ton arc, installe ta flèche. Tu te concentres, repère ta cible et...tu lâches la corde. La flèche s'envole dans un mouvement gracieux, vif et atterrit sur l'arbre, là où tu souhaitais qu'elle atterrisse. Tu recommences, à plusieurs reprises, reprends tes flèches et rebelote. Tu sens que tu te détends de plus en plus. Désormais, ce n'est plus ta mère qui occupe tes pensées mais bel et bien ton activité...Ainsi que...Cette présence non loin de toi que tu ressens depuis un petit moment.
Sourire aux lèvres, tu envois une dernière flèche avant de baisser ton arc, sans quitter l'arbre des yeux.
« Tu peux sortir de là. »
De là elle était parti relever ses trappes, puis faire sa méditation quotidienne en forêt. Encore actuellement suspendue à un peu plus d'un mètre du sol, elle profitait de sa bulle de noirceur pour ne penser à rien. Exercice fort difficile qu'elle réussissait souvent haut la main. Bien qu'aujourd'hui elle ne puisse s'empêcher de penser à ses appâts qu'elle n'avait pas retrouvés, et à cette chasse qui l'avait rendu bredouille. Elle l'était rarement. Son offrande n'avait pas satisfaite la déesse ? Elle avait pourtant l'impression de donner autant qu'elle le pouvait. Peut-être qu'elle ne priait pas assez. Pourtant, sur son temps de médiation quotidienne elle avait toujours un temps pour prier.
Sa lévitation est instable, elle sent sa méditation loin d'être suffisamment concentrée. Elle oscille au-dessus du sol, elle se concentre de plus belle pour stabiliser, une chute sur les fesses n'est jamais agréable. Toc. Ne penser à rien. Toc. Se concentrer sur l’intérieur. Toc.
Boum ! Elle se frotte les fesses. Toc. Elle avait rarement connu un échec pareil. Toc. Mais un bruit a percé et continue d'être présent. C'est inédit. Un oiseau ? Un pic-vert ? Cela semble venir de la clairière, cela l'intrigue. Peut-être un combat de celes ? Non, surement pas. Elle ne pourra pas se tenir debout avant quelques minutes, du coup elle décide de ramper jusqu'à avoir dans son champ de vision l'origine du bruit. Tapis dans la mousse, - sa robe va être magnifiquement propre- elle pousse quelques branches d'un buisson. TOC
Whooooooo. Elle se retient d'exclamer sa surprise, elle ne s'attendait pas à une telle vue. Une jeune fille avec des oreilles animales et une queue s'exerce magnifiquement au tir à l'arc. Elle en reste bouge bée. Elle aurait bien cru que ce pût être Aube, mais il lui semblait que certains détails ne correspondaient pas, principalement, au niveau du ventre. Elle était rarement aussi catégorique. Elle pourrait tout aussi bien s'annoncer plutôt que de regarder les yeux pétillants les flèches passer, mais elle préférait faire cela sur ses jambes. Encore une ou deux minutes et ... l’attitude de l’archère change, elle sourit. Décoche une flèche et baisser son arc. Mira regarde la cible, touchée, comme les autres. Elle est douée.
« Tu peux sortir de là. » Ha, grillée, elle est pas encore prête pour la chasse aux celes apparemment. C'était d'ailleurs un bon test. Elle devrait tenter ça plus souvent. Mais tout le monde n’apprécierait peut-être pas d'être espionné. Bah, ses raisons sont louables.
Elle prend son temps avant de tenter un mouvement, se ramasse, frotte machinalement ses guibolles avant de s'accroupir pour se lever, elles sont bien opérationnelles, elle a dû observer plus longtemps qu'elle ne le pensait. Elle pénètre dans la clairière un peu gênée d'être prise sur le fait. Mais tout excitée par la démonstration. Elle s'approche de la dame tout en gardant une certaine distance.
- Désolée, je voulais pas déranger. Heu, ça fait longtemps que vous savez que je suis là ?
Elle même savait pas vraiment combien de temps elle l'avait observé.
- Je m'excuse encore, je me nomme Mira Belle et j'étais envoûtée par votre habilité, j'ai toujours admiré les archers ... Mais le seul endroit où je suis moi-même capable de viser sont les pieds. Elle rigole d'elle même, avant de se rendre compte qu'elle parle beaucoup et de se taire.
Qu'on te regarde ? Bah, ça pouvait arriver et ça ne te dérangeait pas vraiment. Mais la plupart du temps, tu savais dès le début qu'on t'observait car on te prévenait. Car tu connaissais les personnes en question. Aucune raison de se cacher en résumé. Tu ne sais pas trop si cette fille t'a dérangé ou non. Elle, tu ne la connait pas. Et visiblement, elle cherchait à se faire petite. Ouais, tu ne sais vraiment pas mais au moins, ce n'est pas comme si elle s'était cachée dans le but de venir te trancher la gorge. Enfin, pas que tu saches ?
« Te fais pas de mouron va ! » dis-tu en regardant la jeune fille qui s'était rapprochée. « Non. Je n'avais prêté attention à ce qui m'entourait avant cet instant. »
Tu hausses les épaules. Ouais non, elle ne t'a pas dérangée. Tu ne t'attendais juste pas à croiser quelqu'un ici. Ni plus ni moins. Et elle t'a pas empêché de détendre avec ton arc et tes flèches alors, bon. Aucune raison pour toi de la mordre !
« Mira Belle hein ? »
Tu la regardes de haut en bas, sans la moindre gêne, vraiment aucune. Puis finalement, tu étires un sourire amical tout en te tournant entièrement vers elle.
« Merci. Je dois avouer qu'on ne me le dis pas souvent. Il faut dire que les lieus où l'on peut tirer librement à l'arc ne sont pas les plus fréquentés. » tu ris un peu avant de reprendre. « Mais par pitié, épargne moi les "vous". "Tu". "T-U"»
T'aimes pas trop t'attarder sur les politesses mais alors là, pas du tout. Les seules politesses que tu attends des autres concernent plutôt les petits "bonjour, merci" et "je te referme pas la porte à la figure". T'en demande pas beaucoup. Là, c'en est déjà trop pour toi qui n'est pas vraiment apte à faire le moindre effort.
« Ena Daithe. » dis-tu tout en regardant l'arbre sur lequel tu avais tiré avant de reposer ton regard sur la demoiselle. « Tu veux essayer ? Je t'apprends si ça te plaît tant que ça.»
En fait, si elle pouvait surprendre - ou presque - une humaine avec des oreilles pareilles, son estime d'elle-même - de ses capacités de chasse - ne pouvait alors que être plutôt bonne sur l'instant. Un sourire rayonnant avait donc prit place sur son visage. Non pas qu'elle veuille qu'un sourire se dessine ainsi spontanément, mais elle est plutôt transparente émotivement. Elle tente tout de même d'atténuer ce sourire, il serait malheureux que son interlocutrice pense qu'elle se moque d'elle. Elle s'est habituée à être déshabillé d'un regard, les gens le font souvent lorsqu'ils ouvrent la porte. Elle attend donc patiemment en acquiesçant que la demoiselle se présente si cela l'enchante.
- De rien. Je dois dire que hormis à l'arène je n'ai jamais vu personne s’entraîner si bien par-ici.
Elle sourit encore, elle sourit toujours. C'est toujours plus avenant à voir sur un visage. Du moins, c'est ce que sa mère lui avait toujours dit et pour le coup elle a plus que retenue cette leçon là.
Ena Daithe. Des oreilles. Des cheveux longs. Un arc. Des informations précieuses. Tout comme il faudrait retenir son timbre de voix et sa démarche. Enfin, si elle voulait une chance de la reconnaître plus tard. Bien que les physiques atypiques tels que le sien avait toujours beaucoup plus de chance.
Mira se rapproche avant de jeter un regard en arrière, elle a laissé son sac. Barf, là où il est personne ne le trouverait. Elle écarquille les yeux, regardant Ena en entendant la proposition. Sérieusement ? - elle a oublié son sac au tréfonds de son esprit - Elle peine un peu à retenir son excitation. Enfin la dernière fois qu'elle a tiré à l'arc remonte à ... enfin, c'est vieux quoi.
- Vraiment ! Tu voudrais bien m'enseigner ? Je serai une élève sérieuse. Enfin, je voudrais tuer personne ... Tu es sûre que tu n'as rien d'autre de prévu ?
Ses yeux papillonnent entre le professeur, l'arc et la cible. C'est son anniversaire en avance ! Et si elle était assez douée elle pourrait espérer avoir un celes un jour. Si elle y arrivait, elle couvrirait sa professeur de cuir pour le restant de sa vie. Ou presque.
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