Maintenant plusieurs semaines que la Reine m’a appelé pour endosser le rôle de Premier Ministre que j’ai décidé d’entamer ma tournée des différentes villes sous mon nouveau statut, une sorte de visite de courtoisie surprise. Venir avec les tapis rouges n’étaient pas mon genre et je voulais voir comment se déroule la vie là-bas sans l’arrivée d’un représentant dans la capitale, non pas que cette ville m’inquiète mais on pouvait retenir le caractère fort indépendante de celle-ci, elle ne demandait jamais rien au royaume, mise à part peut-être un portail de téléportation mais nous avons un petit soucis technique encore pour l’installer mais nos équipes de magiciens sont sur le coup depuis quelques temps déjà puis le charme de prendre la navette pour rejoindre la ville sous-marine est tout de même quelque chose d’assez amusant.
J’avais prévenu quelques jours avant Lancelot pour qu’il m’accompagne à mon petit voyage, si je l’avais engagé c’était au moins pour qu’il m’accompagne dans mes représentations publiques et c’était la première qu’on faisait tous les deux. Le seul problème c’est que je n’avais pas pensé à comment faire la route jusqu’au Grand Port, j’ai toujours eu mon pass mais Lancelot n’en avait pas et il était trop tard pour en commander un donc il fallait qu’il part en avance pour qu’on se retrouve là-bas, je n’avais pas le temps de faire la route à dos de cheval et ça lui permettait de se promener en quelque sorte, il suffisait juste de se donner rendez-vous devant la navette.
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C’était le jour J, normalement Lancelot était sur place, on avait rendez-vous dans moins d’une heure, juste ce qu’il me faut pour faire le trajet pour rejoindre le portail puis nous retrouver ensuite devant la navette. J’avais enfilé une tenue assez simple, un pantalon en pince, une chemise en lin, une écharpe en soi bleue pour le vent marin, mon accolade de la Reine, un porte-document et me voilà prête quand j’attache mes cheveux en arrière. Je quitte ma demeure et retrouve le portail où je présente mon pass pour finir quelques secondes plus tard au Grand Port, on sentait déjà l’air marin, les rues animées, le doux son des cordages frappant les mâts, j’avais pris la carte de la ville pour m’orienter et trouve assez facilement le point de rendez-vous où un Lancelot frais comme un gardon m’attendait.
- Bonjour Monsieur Steelhearth, j’espère que vous avez passé un bon voyage.
Lui il avait fait le voyage à la traditionnelle alors que j’avais préféré l’autre solution, j’étais reposée et surtout je ne savais pas quoi m’attendre face à cette homme qui avait depuis maintenant quatre ans prit les rênes de la ville à la suite de son père.
- J’espère que vous n’avez pas le mal de mer, j’avoue que ça fait quelques années que je n’ai pas fait ça, ni même vu Sir T’hoi
Le voyage se passe sans accroc, je profite de la balade pour discuter un peu avec Lancelot, essayez de savoir ce qu’il passe un peu dans sa vie mais il est réservé mais au lieu de ça, nous parlons des nouveaux changements dans la Garde et ce qu’il en pensait de ce Yuduar. Le bateau finit par ralentir, nous approchons de la ville sous-marine, nous entrons dans la bulle pour s’amarrer au quai avec délicatesse.
- Bon allons affronter ce Gouverneur !
Et ce n’était pas une plaisanterie, nous entrons dans un territoire relativement autonome et j’espère ne pas être perçue comme une envahisseuse ou alors que je viens en amie. Nous apercevons le “ palais “ un peu plus haut, Lancelot à mes côtés, nous remontons la grande avenue pour atterrir devant le portail où deux gardes nous attendait.
- Bonjour, je souhaiterais m’entretenir avec Sir T’hoi, je viens de la part de la Reine Renmyrth, Haru Du Lys.
Un des gardes se met à rigoler, comme si la situation s’y prêtait, je ne voyais rien de drôle mais j’essayais de garder mon calme surtout si ils continuaient, je ne pourrai pas retenir Lancelot bien longtemps.
- Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle Messieurs, rire de votre Premier Ministre n’est pas quelque chose d’anodin.
Levant les yeux au ciel, je sens que cette histoire va mal finir.
- Pouvez vous prévenir le Gouverneur où je vais devoir le faire moi-même également ?
Il fit un signe à quelqu’un à l’intérieur qui rentre dans le bâtiment, on verra bien ce que ça donne mais je ne compte pas camper ainsi pendant plusieurs heures non plus…
"Madame le premier ministre, mon voyage a été aussi plaisant que le votre je l'espère. Pour ce qui est du mal de mer, j'avoue ne pas avoir souvent eu l'occasion de prendre la mer, mais les rares fois cela s'est bien passé, espérons que cela continue."
C'est vrai que je n'avais pas souvent l'occasion de prendre la mer à mon grand regret, j'appréciais tout particulièrement la sensation d'immensité de la belle bleu. Cela donne une grande leçon d'humilité, le fait de regarder droit devant soit et de dire que finalement Aryon n'est qu'une petite péninsule parmi tant d'autres dans ce vaste espace qu'est l'océan. Je me prenais à rêver d'aventure et de parcourir les mers à la recherche de ce qu'il y a au delà de cet océan des plus immenses. Mais je demeurais avant tout concentré sur ma mission, il n'y avait pas grand monde dans cette navette et j'ai pu discuté avec la première ministre qui me demandait ce que je pensais de ce cher Yuduar. Je ne le connaissais pas personnellement mais il avait l'air plutôt compétent à son poste. La seule chose que j'aurai à lui reprocher, et encore sans que cela ne me porte réellement peine, c'est qu'il y ait des rapprochements entre garde civile et garde royale. J'apprécie mes collègues de la civile, mais voilà, on ne mélange pas tout. Je suis très attaché pour ma part à cette séparation royale/civile et j'espère que cela perdurera malgré tout. J'ai été déçu de savoir qu'Owain avait refusé le poste, mais je pouvais comprendre qu'il refuse. C'est vrai, il devait protéger la princesse et je sais que c'est un devoir qui lui tient particulièrement à cœur, c'est pour ça que je soutenais à deux cent pour cent sa décision même si j'avoue que j'aurai bien aimé l'avoir lui à la tête de la royale. Mais bon, mon avis importe peu au finale.
Notre discussion a duré un certain temps car à peine avait on fini de traiter de ce sujet que nous étions dors et déjà arrivé. Je prenais mon sac sans fond et je suivais la Dame Du Lys, j'étais son escorte, donc je demeurais un pas derrière elle et légèrement sur le côté pour avoir une vision périphérique de tous les potentiels dangers. Je ne connais pas suffisamment la ville aquatique pour y être parfaitement à l'aise avec sa topographie, mais j'étais tout de même suffisamment vigilant pour ne laisser personne s'approcher à moins d'un mètre de la première ministre. Elle s'adresse aux gardes qui ne semblent pas la croire du tout au début. Quel manque de discernement, les gens du coins sont ils tous suffisamment arriérés pour ne pas reconnaître la première ministre ? De toute façon nous passerons, alors pourquoi s'embêtent ils à ne pas nous croire ? Autant gagner du temps tous les quatre non ? Alors que l'un d'eux nous toisaient, il décida tout de même d'aller présenter la requête de la première ministre à son supérieur. Et bien enfin pas trop tôt. L'autre garde gardait une main sur la garde de son épée. Il affichait un sourire dominateur, comme s'il pensait que cela allait m’impressionner ? J'aurai le temps de le désarmer et de l'empaler avec sa propre épée avant qu'il ne daigne comprendre ce qui lui arrive. Mais pas d'esclandre, nous sommes en mission "diplomatique" donc je ne ferais usage de la force que si j'y suis obligé. Je demeurais impassible derrière la ministre, les bras devant moi se rejoignant au niveau des mains et le menton relevé. Je demeurais attentif, et espérer que le garde ne tenterait rien d'idiot.
Je marchais tranquillement dans les couloirs lorsqu’un garde m’interpella. J’étais attendue à l’entrée, par une femme et un homme disant venir de la part de la reine. Je fronçais les sourcils, n’attendant personne, cela me surprenais que l’on vienne me voir à l’improviste. En général, les gens avaient au moins la jugeote de prendre un rendez-vous, ou au moins de me prévenir qu’ils passeraient dans la journée si l’horaire était compliqué. Cette fois, je n’avais aucune information. Silencieusement, je suivis le garde sortant du bâtiment. Le trajet jusqu’à l’entrée était cours mais j’eus parfaitement le temps de comprendre qui était venus me voir. La jeune femme était, si ma mémoire ne me jouait pas des tours, l’ancienne ministre de la Culture. Quelque temps auparavant, j’avais reçu une lettre m’apprenant qu’elle avait été promue au rang de Premier ministre mais je ne m’attendais pas à une visite de sa part, loin de là. A côté d’elle, un homme aux cheveux blanc était présent, sur lui, je n’avais aucune information mais, à sa posture et au regard attentif qu’il diriger vers le garde s’occupant de l’entrée, il devait être le garde du corps de la jeune femme. Je fronçais les sourcils, l’ambiance était tendue, comme si les deux hommes en face-à-face s’apprêter à se sauter dessus pour s’entre tuer. Chacun se jaugeant. Ma voix claqua.
- Liam ! Va prendre ta pause et laisse ton tour de garde à Jordan.
Le garde sursauta et obéit sans discuter. Il savait qu’il risquer gros à aller contre mes ordres et, Jordan était un peu plus intelligent que lui. Même beaucoup plus. Il faudrait que je fasse en sorte de remédier à cela assez rapidement si je voulais éviter des confrontations inutiles. Un sourire s’afficha alors que je franchissais les derniers mètres me séparant de ces visiteurs intempestifs qui ruinaient ma journée parfaite.
- Veuillez l’excuser il est nouveau ici et cherche à bien se faire voir.
J’inclinais très légèrement la tête en signe de respect avant de la redresser en regardant la jeune femme. Elle avait tout pour se démarquer, montrant bien qu’elle était venue en représentant la reine, et tout ceci pour une obscure raison que je n’allais sans doute pas tarder à découvrir.
- Que me vos l’honneur de votre visite Mlle Du Lys ?
Une silhouette aux cheveux rouges finit par arriver, je me rappelle de l’avoir déjà croisé au loin lors d’un banquet organisé quand j’étais plus jeune, qui se souviendrait pas de cette couleur de cheveux caractéristique comme celle de Lancelot d’ailleurs. Il était grand, bel homme, irréprochable sur sa tenue qui toute noire vêtue, un peu trop noire même à mon goût mais le raffinement de cet homme va jusqu’aux boucles d’oreilles qu’il aborde fièrement. Il avait du style je l’avoue, ça change de l’ancien gouverneur qui a laissé définitivement sa place à son fils, il y a quelques années.
Il était sûr que le village aquatique n’avait rien à se reprocher, ils payaient leur impôt, faisait le nécessaire pour prospérer, avait une économie indépendante et fonctionnelle, rien à reprocher sur le papier mais je préfère voir de mes propres yeux si le gouverneur en face de moi ne faisait pas n’importe quoi dans sa ville sous-marine.
- Il n’y a pas de soucis Sir T’hoi, il faut bien que jeunesse se fasse non ?
Je ponctuais la fin de ma phrase par un sourire discret, montrons patte blanche, je n’étais pas là pour dire que ce garde a failli se faire embrocher par mon garde.
- Je viens ici pour faire connaissance, je crois que nous n’avons jamais parlé en tête à tête puis je pourrai récupérer vos doléances si vous en avez, rien de bien méchant en soit.
La grille s’ouvre, je vais enfin pouvoir rentrer dans la domaine de ce gouverneur. J’essayais de comparer les différentes têtes d’affiches de notre royaume. Il y avait ce Garan Tonco, ancien guerrier qui a pris la tête du village perché à la suite de son père, même sa fille ne se montre pas tendre en lui arrachant une de ses mains mais rien n’a entaché sa relation avec sa fille. Puis nous avons aussi ce Aragon D’Arphéos, il y a encore quelques mois, le roi avait négocié les fiancialles avec le fils mais il semble que la princesse ne voit que par son garde personnel, ce Moorhell, est-ce que ce Newt va prendre la succession de son papa adoré ? Je n’en savais rien mais c’était ce Morgan le plus inquiétant, il était totalement isolé dans sa bulle, on ne peut rien faire contre lui et même si il décide à faire quelque chose, nos forces armées risquent d’en pâtir fortement même si pour l’instant tout va bien mais je préfère être prévenante, la Reine a toute confiance en lui.
- La légende disait vraie, votre ville est d’une beauté sans pareille mais je suis toujours aussi intriguée par le fonctionnement de votre dôme, comme par exemple votre apport par rapport au soleil, il y a beaucoup de magie inconnue ici et on trouve très peu de livres qui parlent du fonctionnement de votre communauté, j’ai retourné toute la bibliothèque royal pour ça.
Aucune archive ne montre de traces sur la submersion de la ville, ni son apport en énergie, ni le renouvellement de l’air, nos plus grands sages sont toujours restés sans voix face à ce miracle, peut-être un miracle de Lucy ou autre divinité aquatique.
- Ah oui, j’ai oublié, je vous présente Monsieur Steelhearth de la garde royale, il m’accompagnera tout le long de la journée.
M’arrêtant sur la route, je présente alors mon garde.
- Ne vous inquiétez pas, il restera discret et on peut parler presque de tout devant lui, il n’y aucun soucis sur ce point.
Même si on pouvait parler de sujets plus personnels ou intimes, je trouvais plus respectueux de lui épargner cela, les secrets d’états, ce n’était pas un soucis de les tenir au chaud mais savoir autre chose qui pourrait me concerner personnellement c’était une autre, comment je pourrai le regarder dans les yeux ensuite !
- Alors qu’est-ce que vous me faites visiter avant ? Je suis curieuse de savoir comment vous aménager cela après votre père.
Heureusement, le rookie a été expédié par le gouverneur arrivant tout juste à ce moment là. Parfait, la tension est redescendue d'un cran. Il y a des choses que les politiciens ne se rendent pas réellement compte mais qu'en tant que membre de la garde je remarque dors et déjà. Déjà, il parle à ses soldats en les appelant par leurs prénoms, choses rares car beaucoup n'ont pas la délicatesse de se rappeler du nom de chaque garde. En plus, il évoque même un possible remplaçant, quelqu'un qui serait disponible pour le remplacer. Cela veut donc dire qu'il connait bien les tours de gardes de chacun des membres de son "personnel". C'est intéressant je dois le reconnaître, je pense que le gouverneur doit être quelqu'un de très proche de son peuple. Alors que j'avais rencontré beaucoup de noble au palais qui "sifflait" presque les garde, j'étais ravie de voir que les choses se passaient autrement ici. A moins que ce ne soit qu'une mise en scène pour plaire à la ministre, je ne saurais dire exactement. Je demeurais droit, légèrement reculé par rapport à Haru, c'était elle le centre de l'attention, moi mon rôle était d’œuvrer dans l'ombre à ce qu'elle ne manque de rien et pour cela je me devais de me faire discret.
J'écoutais religieusement les paroles de la ministre, bien que nous ayons discuté légèrement de la situation sur le bateau, je n'étais pas au courant des tenants et des aboutissants de cette excursion. La seule chose que j'avais à savoir au final, c'était que je devais protéger Haru, le reste c'est un jeu d'échecs entre politique qui ne m'intéresse pas du tout. Puis vint le moment où elle me présenta. J'accompagnais sa présentation en posant ma main droite au niveau du plexus et m'inclinant légèrement. Haru devait avoir l'habitude pour remarquer que mon inclinaison dépendait de ma façon de voir la personne et là c'était plutôt une inclinaison "neutre". Je n'ai pas réellement d'avis sur la question du gouverneur, je saluais uniquement ce dernier de façon protocolaire.
"C'est un honneur de vous rencontrer Sir T'hoi."
Ni plus, ni moins, c'était également une façon pour moi de prévenir ce dernier que je n'étais pas là en politique mais bel et bien en garde effacé. Je me redressais suite à ces mots et repris ma surveillance. Je ne pense pas que nous risquions grand chose honnêtement en ces lieux, mais j'ai appris à tout de même garder un petit côté méfiant de tout, cela ne mange pas de pain et ça évite les ennuis.
- Effectivement c’est la première fois que nous avons l’occasion de parler en tête-à-tête, mais vous êtes toujours la bienvenue dans ce lieu reculé du royaume.
Je souris alors qu’elle complimenter la ville. Cela faisait plaisir, avec tous les efforts que je fournissais afin de l’entretenir ainsi que pour l’améliorer, il n’y avait rien de mieux que de constater que le fruit du travail faisait son petit effet.
- Malheureusement, le dôme reste un secret que nous n’avons pas encore percé, une équipe est en train de l’étudier afin de pouvoir le reproduire en cas de problème, mais sans aucun résultat pour le moment.
Puis elle me présenta son garde. Je pris bien soin de noter son nom dans un coin de ma mémoire, pour faire quelques recherches une fois que les deux seraient partis. Elle avait confiance en lui, et il me salua. Un salut protocolaire auquel je répondis de la même façon. Calquant mon inclinaison sur la sienne.
- Tout l’honneur est pour moi.
Oui, si l’on prenait ma façon de faire, pour obtenir un poste comme le sien il fallait possède un certain niveau. Que ce soit de la confiance ou les capacités de la personne il ne pouvait pas être un débutant. Il allait rester discret.
- Vous faire visiter… Je vous avoue que ma maison en soit n’as aucun intérêt même si c’est là que la plupart des décisions se prennent. Je peux vous proposer d’aller voir les serres et le laboratoire d’alchimie qui prennent en charge une grande partie des projets de la ville. En chemin vous pourrez ainsi voir le fameux marché aux coraux ainsi que l’état actuel de la ville.
Oui, au fur et à mesure nous mettions de l’argent afin de rénover la ville, de faire en sorte que chacun habite dans un lieu acceptable. Un toit, un lit, être au chaud et au sec et avec de quoi manger. Déjà, c’était le minimum. Mais le chemin que j’avais choisi n’était pas là pour rien. Équivalent à la place commerçante de la capitale en terme d’utilisation par les citadins, c’était un lieu vivant et agréable où passer. Puis, comme dans toute ville, il y avait des rues moins agréables. J’avais donc fait en sorte de choisir un chemin qui pourrait plaire à mes invitées surprise. Je n’avais pas honte du reste de la ville, loin de là. Mais les travaux étaient en cour et je ne pouvais pas non plus tout faire en même temps. Et malheureusement, même parmi les citadins, certains n’avaient simplement pas envie de changer.
Lancelot restait toujours autant professionnel, il jouait son rôle à la perfection, juste le nécessaire pour montrer qu’il était tout à fait apte à mettre hors d’état de nuire une personne qui s'approchait un peu trop près de nous, il était à une distance raisonnable, capable d’entendre la conversation et percevoir les moindres paroles douteuses de mon interlocuteur mais Morgan était quelqu’un de bienveillant pour sa ville, j’en étais sûre, on pouvait le voir sur la beauté des lieux.
- Peut-être c’est un mystère que doit donc jamais percer mais il est vrai qu’on ne sait pas ce qui pourrait bien arriver à la moindre fissure sur cette protection magique, peut-être voir des méthodes plus conventionnelles pour de telles réparations même si je vois mal une rustine en peau de bête faire l’office pour ce genre de problème.
Ca serait même totalement ridicule de voir cette pièce de couleur sur le dôme, puis la pression de l’eau est si importante qu’elle ne résisterait pas longtemps, j'imagine combien la puissance de celui-ci doit être important mais cette sphère permet de disperser les forces, je m’étais renseignée sur ce genre d’architecture sur des bâtiments terrestres, on voit bien qu’une voûte peut tenir debout et retenir tout un amas de pierre avec plusieurs arches, celui-ci fait peut-être la même chose mais avec un brin de magie en plus mais je n’étais pas une bâtisseuse loin de là, juste curieuse de l’architecture de tel ou tel bâtiment.
– J’ai entendu que votre marché est florissant c’est vrai, vous êtes les seuls à vendre pareille beauté mais on m’a dit qu’il existe une sorte de braconnage enfin de marché noir en métropole sur tous ses coraux, nous essayons de faire notre maximum mais j’avoue que je serai déçue de voir les environs perdent leurs éclats pour de la surpêche.
Ce n’était pas une menace loin de là, peut-être il en avait entendu parler, peut-être il faisait déjà des investigations pour trouver ses braconniers sous-marins, nous avons peu de pouvoirs sur la juridiction des autres grandes villes, les Gouverneurs avaient pas mal de pouvoirs, la Reine avait toute confiance en eux mais la confiance est une chose, le bénéfice de l’argent une autre.
– Mais ne parlons pas de choses qui fâchent, je serai ravie de voir ce marché, je profiterai pour acheter quelques souvenirs.
Je me vois déjà offrir un magnifique collier pour Nyx, ça serait le premier cadeau que je lui fais mais je pense qu’elle ne sera pas insensible à ce genre d’attention, enfin je l’espère en tout cas qu’elle ne prends pas pour une déclaration d’amour trop explicite mais une jolie pierre autour de son cou pour souligner la ligne de ses clavicules me donnera envie de jouer avec ce futur collier des milliers de fois, tout comme je compte offrir un petit bracelet pour Sekyung, je verrai ce qu’il propose et celui qui me tapera à l’oeil, peut-être en forme de fleurs, ça serait une bonne idée.
- Je vous suis alors Sir T’Hoi.
Morgan devant, il nous montre les rénovations de sa ville avec entrain, je doute qu’il a pris le chemin touristique de sa visite, personne ne montrerait les mauvais côtés de son territoire surtout si je viens en tant que représentante de la Reine, il veut peut-être m’en mettre plein les yeux mais derrière la beauté, se cache toujours une part de misère, nous aussi à la Capitale nous avons ce genre de choses, des ruelles malfamées, des gangs de brigands qui torturent des jeunes filles lorsqu’ils sont saouls, mais c’était humain ce genre de choses et faire une ville parfaite n’était guère possible à moins de transformer tout le monde en mouton.
– En tout cas, je vois que vous avez engagé une campagne de rénovation de bâtiments, si vous avez besoin d’ouvriers qualifiés pour vous aider dans votre démarche, je pourrai en parler à la Reine, si vous le souhaitez bien sûr.
Ne pas forcer la main aux Gouverneurs, beaucoup prônent leur indépendance, ils ne veulent pas forcément que la Couronne se mêle de leur histoire, c’est leur ville, ils payent les impôts demandés qui vaut comme assurance et assistance pour eux si nécessaire mais c’est difficile de venir ici en tant qu’ami dans ce genre de situation.
– Sir T’Hoi avez-vous des grands projets de prévu pour votre ville dans les prochaines années ? Je suis bien curieuse de savoir qu’est-ce que vous allez apporter à la ville sous votre règne.
Oui, je parlais là de Lin, une jeune chercheuse qui après une profonde examination de son dossier semblait plutôt fiable et motivée. La motivation était la chose la plus importante, mais il fallait maintenant voir si elle trouverait quelque chose, et si non, combien de temps elle tiendrait sur le projet. Et ça, c’était une autre histoire. Elle continuait de parler, mentionnant ce fameux groupe de contrebande qui sévissait sur les coraux et je répondis.
- La garde s’en occupe, mais nous préférons de loin qu’il ne s’occupe que des coraux au lieu de se rabattre sur des objets plus dangereux. C’est un cas délicat. Mais nous en parlerons un peu plus tard si vous voulez oui.
Je souris en l’écoutant parler de souvenir, oui le marché serait parfait pour ça si elle souhaitait en acheter un. Du travail artisanal, pas toujours de haute qualité mais essayant au moins d’être original. C’est ce que j’appréciais dans le marché présent ici. Tout en avançant, je lui présentais les avancées que nous avions fait au fil des années. Mon père avait bien travaillé mais, trop négligé la population à mon goût, et je comptais bien remédier à cela. La première ministre me proposa aussi de la main d’œuvre pour aider à la rénovation tout en me demandant les projets que j’avais pour la ville. Mon sourire s’agrandit, des projets, j’en avais énormément et je répondis.
- Je vous remercie de votre offre, mais toute la rénovation fait partie d’un projet encore plus grand, suivez-moi je vais vous expliquer.
Je dévier du chemin pour emprunter une ruelle. Il fallut plusieurs minutes au fils des croisements pour arriver devant un orphelinat. Un lieu à l’apparence assez pauvre mais qui lui était entièrement rénové. Un des premiers sur lesquels j’avais demandé d’effectuer des travaux. Et à cette heure, on pouvait voir les plus grands des enfants en train de travailler.
- Tout le projet de rénovations nous permet aussi de former les enfants. Des professionnels prennent leurs temps pour apprendre aux enfants un métier avec lequel ils pourront vivre plus tard, du moins pour ceux qui le souhaitent. Et tout cela grâce à une aide de la ville qui prend en charge une partie des frais.
Nous étions suffisamment loin du bâtiment pour ne déranger personne et éviter d’être remarqués. Je pointais du doigt un des enfants.
- Lui par exemple a été pris en train de voler à l’étalage, j’espère que grâce à cette méthode, il ne se retrouvera pas à nouveau au poste de garde.
Je me tournais vers la première ministre en continuant de parler.
- Cela fait partis des nombreux projets que j’ai actuellement, tout comme l’agrandissement et la diversification des serres afin de cultiver des plantes permettant de soigner la population. Même si je doute que le résultat soit parfait, l’objectif est d’augmenter le niveau de vie général de la ville en développant le commerce et la facilité d’accessibilité des ressources venant de la surface.
Ou mon objectif était là, difficile à réaliser dans une ville au fond de l’eau. Mais je ne comptais pas m’arrêter à un si petit détail, j’étais celui qui avait le plus de pouvoir dans la ville. Enfin dans ceux qui y habitaient. C’était donc à moi d’organiser tout ça correctement pour que cela fonctionne, et pour le moment, les projets avancés doucement. Ce qui était mieux que rien.
Suivant le jeune gouverneur dans un détour de petites ruelles, je prends l’ampleur des différents travaux qu’il a entreprit dans sa ville, il n’a pas lésiné sur les moyens et choisir la solution des travaux d’intérêt généraux pour la réhabilitation des personnes est une bonne solution, le taux de recrudescence est faible puis ça fait de la manoeuvre peu chère également mais je ne pense pas qu’il a choisi cette solution pour le deuxième point mais plutôt former comme il dit sa population à d’autres métiers tout comme d’autres personnes qui le désirent, il avait une bonne gestion sur le moyen et long terme, je fus plus qu'à épater et un petit sourire s’affiche sur mon visage au fur et à mesure de la discussion.
- Je vois que vous avez réfléchi à tout, peut-être devrions-nous faire de même à la Capitale et sur le reste du Royaume mais c’est bien difficile d’appliquer telle mesure partout, vous maitrisez bien votre communauté, d’ailleurs combien vous êtes sur la ville ?
Je ne me rappelle plus de l’avoir lu sur un quelconque dossier et Morgan doit être certainement au courant de toutes ses informations à moins qu’il a du personnel à votre service.
- Je me demandais aussi, comment fonctionne votre administration, à chaque fois que je voulais communiquer avec la ville aquatique, j’ai que vous comme référent, avez-vous des gens qui vous supplie ou vous gérez tout tout seul même si je pense que ça fait une charge de travail incroyable !
Et ça je pouvais lui confirmer, mon bureau ne désemplit jamais et je cherche toujours le candidat idéal pour m’aider mais j’ai tout de même une très bonne secrétaire à mon service, il me manque juste un très bon assistant pour m’aider sur certains dossiers pour ainsi enfin souffler un peu. On poursuit dans les différents ruelles, il faisait un travail remarquable c’était indéniable, il reprenait très bien le flambeau de son père surtout avec tous ses enfants et les désireux.
- Votre père doit être fier de vous, vous faites du très bon travail, enfin pour ma part, je suis admirative.
Jetant un oeil derrière moi, Lancelot était toujours là silencieux, certainement à l’affût du moindre geste suspect mais je ne me faisais pas de soucis avec le Gouverneur à mes côtés, il avait l’air de quelqu’un de bon, en tout cas avec ces citoyens mais demander ses intentions vis à vis de la Couronne c’était toujours aussi difficile d’aborder sans être perçu comme une menace.
- J’avoue avoir rencontrer ainsi quelques personnes qui faisaient des recherches sur diverses plantes au sein du Royaume pour leurs travaux, une certaine Aribeth Dune ainsi qu’une Lin Gher, toutes deux ont à coeur d’aider la population à leur manière, peut-être les avez vu aussi dans les alentours, tout le monde le sait qu’avec le climat que vous avez ici, c’est propice à diverses plantes médicinales qui font la réputation de votre ville.
Je m’amuse alors à regarder le bâtiment en rénovation, plusieurs adolescents bataillent avec un bastaing pour installer l'échafaudage, ils font un travail d’équipe remarquable et leur effort seront récompensés plus tard, travailler pour leur ville, l’embellir peut rendre fier n’importe qui surtout quand c’est visible par tous, beaucoup de bâtisseurs ont ça dans leur sang, la fierté du travail accompli.
Prenant un ton plus léger, j’essaye d’aborder un autre sujet.
- Enfin, si nous évitons de parler choses si sérieuses tous les deux, je crois que tous les deux savont qu’on doit toujours faire nos preuves auprès de nos collaborateurs et citoyens mais il ne vous arrive pas de vouloir souffler un peu ? J’avoue que vous êtes tranquille par ici, pas comme au Palais où commérages et autres sont une activité plaisante pour certains. Je vous envie presque d’être aussi loin de tout ce ramdam.
Mes propos étaient sincères mais ma vie était à la Capitale, j’avais ma famille, mes proches et ma demeure, pour rien au monde je voudrais quitter ça à moins de déménager tout ça ailleurs mais au fond, on s’y habitue peu à peu à la vie du Palais, il faut juste savoir compartimenter vie privée et vie professionnelle.
- Bref tout ça pour dire, avez-vous des hobbies à part gérer votre ville ? Je doute que vous fassiez que ça comme vous devez certainement partager la vie avec quelqu’un non ?
Je détourne le regard pour voir une jeune femme qui s’amusait à regarder amoureusement un garçon qui travaillait à côté, je me demandais ce que je ferais si Sekyung ramène un garçon à la maison mais bon il faudrait qu’elle sort déjà.
- Vous n’êtes pas obligé de répondre bien entendu, je suis juste un peu curieuse à votre égard, bien entendu, je répondrais à vos questions si vous le souhaitez.
Il fallait bien que ça soit gagnant-gagnant pour les deux parties...
Oui, nous n’étions pas très nombreux pas rapport à la capitale, mais, les problèmes étaient différents. Pour nous, il fallait pouvoir nourrir tout le monde et surtout, avoir la place de loger tout le monde sans avoir l’impression de dormir les uns et sur les autres. Et clairement, pour le moment, ce n’était pas possible.
- C’est une charge de travail considérable. Mais heureusement, j’ai quelques personnes de confiance auquel j’ai confié la gestion administrative des plus gros projets. Il ne me reste plus qu’à passer derrière pour les choses importantes.
J’ignorais délibérément la remarque sur mon père, celui n’avait plus rien fait d’intéressant depuis bien des années, se contentant du minimum et me laissant faire le reste. Peut-être était-il fier de moi, je n’en savais rien, de toute façon, il ne montrer que rarement ce qu’il ressentait, et attendait systématiquement que je ne sois plus là pour ça. Elle mentionna ensuite deux autres personnes, des personnes que je connaissais bien. Je souris, ainsi, Aribeth allait bien, cela faisait un moment que je ne l’avais pas vue dans la ville aquatique. Depuis qu’elle avait décidé d’aller chercher de nouvelles plantes. Lin aussi je la connaissais, il y a peu, j’avais signé un contrat avec elle pour qu’elle travaille sur deux projet différent.
- Oui, je travaille actuellement avec Mlle Lin Gher justement au niveau des potions de soin et du dôme, en espérant qu’elle parvienne à avancer sur ces projets.
Je ne mentionnais pas Aribeth, tenant la parole que j’avais fait. Faire en sorte que personne ne sache ce qu’elle faisait, que son nom ne soit mentionné nulle part. De toute façon, je n’avais pas l’utilité de révéler ma collaboration avec elle, cela n’avait que peu d’importance dans les projets même si, elle se rendait très utile à sa façon. Puis le ton de la conversation ce fit plus léger, comme si la première ministre était convaincue de ce que j’avais montré. Parfait. Mais pour ce qui était de l’envie de souffler, je n’y avais jamais réellement réfléchis. Tout ce que je faisais ou presque était lié à mon travail et comme elle le disait, je n’étais pas obligé de répondre. Même si c’était mieux de le faire. Je repris le chemin, retournant vers le marché de la ville.
- A vrai dire, je passe le plus clair de mon temps à travailler. J’essaye de prendre le temps de faire du sport ou de lire de temps en temps mais je ne peux pas me permettre de prendre systématiquement un moment pour ça.
Je souris tout en marchant.
- Mais j’ai un garde du corps très consciencieux pour me rappeler ce genre de chose ou pour m’obliger à m’entraîner.
C’est sur la fin de ma phrase que nous étions arrivés sur le marché. Il y avait du monde, moins qu’à la capitale de ce que j’en savais, ici, il était encore possible de se déplacer sans rentrer dans les gens. Une chose agréable, surtout pour quelqu’un comme moi, et encore plus pour les gardes du corps qui pouvait ainsi surveiller correctement les alentours.
- Et vous, vous prenez du temps pour faire autre chose que votre travail ?
Je rajoutais tranquillement.
- D’ailleurs, si vous voulez visiter un peu le marcher, profiter en, je le connais assez bien, je régulièrement le temps pour vérifier que tout ce passe bien.
Donc il connaît également Lin, elle avait réussi il y a quelques semaines à venir m’approcher jusqu’à mon bureau au sujet d’une demande de laissez-passer pour les archives mais ce n’était pas la seule raison de sa venue, elle voulait que j’aide à retrouver sa famille, elle n’avait plus aucune solution et peu de gens savent comment fonctionne réellement l’administration dans le royaume, je lui avais donc appris les différents registres possibles où elle pourrait trouver ce genre d’informations mais je comprends qu’elle était surtout venu ici pour le travail et si elle peut trouver une solution pour le dôme, ça serait une chose formidable pour la ville mais aussi le royaume car on pourrait développer ce genre de protections ailleurs.
- Je vois, cette enchanteresse est une femme intéressante en tout cas, très douée en négociation d’ailleurs !
Un petit sourire s’affiche sur mon visage, je me rappelle encore la manière dont elle m’a fait soi-disant du rentre-dedans, enfin pour ma part ça l’était, je n’étais pas habituée à cela de la part d’une citoyenne venant dans mon bureau sachant parfaitement mon statut, d’habitude beaucoup respectait mon rang mais elle… elle a fait tout tombé en quelques minutes mais bon je ne pouvais pas rester de marbres à tant d’émotions de sa part.
- Les gardes du corps, heureusement qu’ils sont là pour nous rappeler à l’ordre mais Monsieur Steelhearth ne m’embête pas tant que ça, j’ai déjà une mère assez envahissante pour me dire de travailler encore plus mais que voulez-vous, on ne choisit pas notre famille.
Il n’a pas pas bronché pour son père et il n’a rien dit pour le soi-disant partenaire, peut-être préférait-il les hommes, j’avoue qu’il est tout à fait charmant, il pourrait plaire à n’importe qui, je m’imagine même avec Lerin Castalion, il ferait la même tous les deux, ils sont tout aussi raffinés mais arrêtons de rêvasser de choses pareilles.
- Oh oui, je fais autre chose sinon je deviendrais folle !
Me dirigeant vers une étale qui vendait divers jouets en bois mais aussi d’autres gadgets dont je ne comprenais pas l’utilité, j’essayais de trouver des yeux un souvenir intéressant pour Sekyung.
- J’ai ma famille déjà, rentrer le soir et pouvoir m’occuper un peu de ma fille me prends beaucoup de temps.
Je vois alors un petit objet en bois en forme de dragon du cerisier, ma protégée s’est pris d’affection de ces petits bêtes et je m’amuse à toujours lui ramener un petit quelque chose les représentant.
- Mais sinon tout comme vous, de la lecture mais je rajouterai tout de même la sieste et m’occuper de mon jardin qui fait une taille gigantesque, je ne sais pas ce qu’il m’a pris d’acheter aussi grand ce jour-là.
Un problème existentiel je sais, il y a pire comme aléas de la vie mais je ne vais pas me plaindre non plus, ça laisse plus d’espace à mes deux jardiniers de faire ce qu’ils veulent puis ça me laisse de l’espace de respirer, j’étais tranquille chez moi, personne pour m’importuner, le rêve quoi comme le topless dans le jardin mais ça c’était mon petit secret.
- Mais bon, j’essaye de voir des gens autre que mon cadre professionnel, je pense que c’est ça qui est le plus relaxant et qu’on m’arrête de m'appeler Madame à tout bout de champs mais je me demande comment la Reine peut supporter ça, se faire appeler par son titre tout le temps.
Approchant le doigt sur un autre dragon de cerisier en bois mais de taille d’un chat, je m’amuse alors à caresser le dessus de la tête quand l’objet s’anime et me mord le doigt avec ses fausses dents en bois. Prise par surprise, je me recule vivement sans faire attention à ce qu’il se passe derrière moi et je sens que je pousse quelqu’un dans mon dos et que je m’apprête à tomber en arrière en emportant peut-être bien la personne avec moi mais le seul truc que je vois, c’est le regard effrayé de l’artisan qui fait des objets pour enfants magiques… je crois que je suis en train de renverser le Gouverneur en personne …
- C’est pourtant simple à régler comme problème. Il vous suffit de laisser la liberté à certaines personnes de ne pas utiliser votre titre. C’est le cas de mon garde du corps qui n’utilise le mien que lors des entretiens important.
Alors que je parlais, je la regarder se pencher vers un petit jouet en bois pour le toucher avec sa main. Un jouet magique qui lui mordit le doigt la faisant sursauter. Je ne pus m’empêcher de sourire un bref instant, jusqu’au moment où elle me percuta en reculant. Elle avait reculé comme une brute et me fit tomber au passage. Je m’écrasais sur le sol dans une grimace. Je m’étais décalé juste assez pour que la premier ministre s‘écrase à côté de moi et non sur moi. Je n’étais pas encore assez galant pour me faire écraser par quelqu’un que je ne connaissais pas. Surtout par quelqu’un qui ne parvenait pas à rester debout après une simple morsure d’un jouet en bois qui ne l’avait même pas blessée. D’un geste je calmais le commerçant.
- Ne vous inquiétez pas, personne n’est blessé.
Puis, je me tournais vers la femme au sol en tendant ma main pour l’aider à se relever.
- Et bien Mlle Du Lys, vous peinez à rester debout après une simple marque d’affection d’un jouet en bois ?
Je gardais un visage neutre, affichant simplement un léger sourire, décidément, les nobles qui rester au château ne parvenais pas à être sur le terrain sans provoquer des problèmes. C’est ce que je n’aimais pas à la capitale, et c’est pour cela que je restais à la ville aquatique la plupart du temps. Ici, il n’y avait personne ou presque pour me gêner et pour créer des problèmes inutiles comme celui-ci.
Comme si c’était simple de faire oublier les gens l’étiquette surtout en public, tout le monde veut bien se faire voir, traiter quelqu’un de manière trop personnel pour faire sensation que soit dans le bon ou mauvais terme
- Je vois, je vois...
J’étais sceptique, la solution beaucoup trop facile mais des fois, c’était la réponse qu’on s'attendait le moins qui fonctionne le mieux, peut-être j’essayerai mais mon éducation va en prendre un coup mais pourquoi pas tenter, je ne risque rien après tout comme ce jouet qui semblait si inoffensif et j’eus alors un mouvement de recul incontrôlé. Je sens déjà le regard effrayé du vendeur, pensant que j’ai “ cassé “ ce gentil gouverneur mais quand mes fesses trouvent le sol, je me retiens de me sortir quelconque obscénité pour signifier la douleur qui me traverse le long de mon popotin ministériel.
J’attrape alors cette main tendue, il reste quasi impassible, sa réaction m’étonnait mais il reste aussi sérieux, un léger sourire sur la face, il faisait toujours l’hôte parfait même si sa phrase pouvait être interprété plusieurs façons, j’essaye de ne pas y prêter attention.
- Merci bien Sir T’hoi, juste je ne m’y attendais pas à ce genre de …. farce.
Maintenant de nouveau sur mes deux jambes, j’enlève le surplus de poussière sur mon pantalon et reprends une attitude plus digne de mon rang.
- Puis je ne pense pas être la première à me faire avoir par ce genre d’objets tout de même non ?
Essayant de dédramatiser la situation et surtout me rassurer moi-même certainement, je regardes ce qu’il avait en stock et attrape un jouet en forme de dragon de cerisiers en échange d’une trentaine de cristaux noirs, Sekyung sera ravie de ce souvenir, manquait plus les coraux et j’aurai pris le nécessaire la parfaite touriste.
- Bon les coraux maintenant.
Passant devant plusieurs étales, je trouve enfin mon bonheur avec un marchand qui avait des exemplaires sculptés en forme de différentes fleurs le tout avec des nuances de violets et de bleus. Je m’amuse à prendre ceux qui sont mis sous “ serre “, un socle en bois, une petite cloche en verre, le tout tenant dans la main, ça faisait quelque chose de très mignon et je pourrai l’offrir à diverses personnes. Après lui avoir donner quelques cristaux gris pour payer ma grosse commande que je dépose dans ma besace.
- Bon il nous reste alors les serre à faire, j’ai entendu que du bien de celles-ci. J’avoue être plus familière sur les serres terrestres, quelles genres de plantes poussent-ils sous celles-ci d’ailleurs, j’avoue être un peu curieuse vous savez !
Alors encore ce petit tour puis voir rapidement les dossiers administratifs et je pourrai enfin rentrer moi ou peut-être profiter un peu de la ville avec Lancelot pourquoi pas car j’avais vraiment rien à tirer de ce Morgan …
- Non je pense que vous n’êtes effectivement pas la première mais c’est là que l’on voit la beauté de ces petits objets.
Elle en acheta un au passage. C’était apparemment l’heure des courses touristique. La pire, franchement. De nos jours, je ne pensais pas croiser quelqu’un venant me voir, pour voir les projets de la ville, et finir au milieu par faire ses courses comme si de rien était… Au moins, il n’y avait pas de pression politique, rien, elle était là pour voir et pour profiter, comme pour les vacances. Sauf qu’elle avait pris un guide touristique particulier pour ça. Discrètement je soupirais de soulagement lorsqu’elle annonça qu’il était temps d’aller voir les serres. Bientôt, ce serait fini et je pourrais retourner à mes activités.
- D’ici elles ne sont plus très loin. Mais on cultive de tout afin d’améliorer l’accessibilité à certaine plante un peu spécifique de la surface.
Je continuais donc à marcher vers les serres, il ne fallut pas bien longtemps, nous avions déjà traversé une bonne partie de la ville auparavant et dans le bon sens. Pour une fois. Arrivée devant les serres, protégées à l’entrée par des gardes, je pénétrais a l’intérieur en les saluant. Nul besoin d’identification, chacun d’eux me connaissait, et aucun d’eux ne poserait de question. C’est une fois à l’intérieur que le spectacle se fit. De nombreuses serres étaient présents, séparés les unes des autres, chacune d’entre elle abritant une plante différente.
- Voilà, nous avons ici une grande partie des plantes les plus connue à la surface et celle de la ville aquatique. Chaque serre est adaptée à une espèce de plante au niveau du climat et du terrain afin de respecter au mieux l’univers naturel de la flore correspondante.
Que ce soit la Ghla Siais, la Rhonphle ou encore plus récemment la Phume, presque tout était présent ici, tout comme certaines plantes plus basique utilisé pour la nourriture. C’était un lieu dont j’étais fier et qui avait demandé beaucoup de travail. Il y en avait encore certes mais, déjà, j’étais satisfaits de ce que nous avions produit, ces plantes étaient loin d’être facile à se procurer sans les serres, surtout ici à la ville aquatique, le lieu qu’une bonne partie des personnes de la surface oublié régulièrement.
- Je vous suis alors.
Nous arrivons rapidement aux serres de la ville dont des gardes protègent férocement les grilles, il y a là très peu de cérémonie car elles s’ouvrent limite automatiquement quand Morgan se présente devant ses soldats, il avait une autorité certaine devant tous ses sujets. A la fois accessible et autoritaire, il avait trouvé le bon compromis pour se faire aimer par tous, ils aident les plus démunis, trouvent des solutions viables pour les réinsérer et montre aux yeux de tous, les efforts qu’il fait pour que le ville aquatique retrouve sa splendeur, la Reine va être contente d’apprendre que le jeune Gouverneur fait un travail exemplaire ici.
- Effectivement, vos serres sont magnifiques, j’avoue que l’influence du dôme magique doit y être pour quelque chose, on trouve une variété extraordinaires d’espèces ici, j’en connais qui seraient jaloux de cette faune.
Mais je me suis toujours demandée comment l’effet de serre fonctionne ici, les rayons du soleil ne frappent pas le verre, nous étions trop profond, j’ai essayé de lire quelques ouvrages d’enchanteurs qui ont essayé d’expliquer ce phénomène, la plupart était malheureusement unanime… c’était tout simplement magique comme si cette réponse allait me suffire, comme si la magie pouvait tout résoudre ! On n’a pas qu’à mettre un dôme sur le tout le royaume pendant qu’on y est mais là n’était pas le sujet, je ne vais pas débattre de ça puis j’ai cette fameuse enchanteresse qui peut-être pourra m’expliquer les tenants et aboutissants de cette chose.
- En tout cas, le point positif qu’il y a dans cette ville, c’est que vous n’êtes pas sujet à la pluie, d’ailleurs comment fonctionne l’irrigation ici ? Un désalinateur d’eau par échauffement de l’eau ou des enchanteurs ont trouvé un autre système car je n’imagine pas la quantité de feu magique nécessaire ainsi que la chaleur engendrée pour une telle entreprise.
Lancelot toujours sur mes talons, on continue la visite de certaines zones spécifiques, j’étais amusée de voir des Lys dans un coin, il avait une teinte particulière, sûrement dû aux reflets de l’eau sur le dôme mais rien ne vaudra celles de Sir Castalion, il envoutait toutes ses créations...D’ailleurs, il faudrait que je prenne le temps de le voir, il m’avait promis une séance de dégustation de thé l’autre fois.
Je continue alors de suivre Sir T’hoi, il jouait le parfait guide, je sentais que cette situation le pesait, je devais certainement lui faire perdre du temps pour une simple visite de courtoisie, j’avais trouvé que ça comme excuse pour voir enfin le visage de ce nouveau gouverneur et je pense que je vais être accueilli de la sorte par les autres également, il était rare que les ministres jusqu’à eux et je voulais changer cette vieille habitude, ils ne pouvaient pas faire tout ce qu’ils voulaient, ils devaient rendre des comptes et non qu’à moi, mais à d’autres également.
- Je crois que nous avons beaucoup de choses ici Sir T’hoi, j’ai bien noté tout votre travail pour votre ville et je m’en veux de vous faire perdre votre précieux temps, si vous voulez bien, je me permets de vous libérer.
Affichant un sourire sincère néanmoins, j’étais plus que ravie de m’éloigner de lui qui ne prenait pas la peine de discuter plus que travail ou autres, j’avais essayé de faire l’effort d’ouvrir la discussion à autre chose mais rien n’y fait, il était resté sur ses pensées et quitte à faire du tourisme, autant le faire avec Lancelot qui m’écoutera mais il est payé pour ça.
- Ne vous embêtez pas trop, déposez nous à l’entrée, Monsieur Steelhearth s’occupera de ma sécurité, je pense que je vais me faire une joie de déguster les spécialités locales.
Mettant la anse de ma besace sur mon épaule, je fis un signe à mon garde pour qu’il me suive.
- J’espère néanmoins que cette visite ne vous a pas été trop pénible, vous faites partie du premier de ma longue liste de personne à rencontrer, je me suis dis qu’un petit saut dans votre cité était un excellent choix, il y a certaines idées que je reprendrais bien pour la Capitale d’ailleurs.
La réinsertion, un sujet épineux mais je devrais en parler avec Nyx, la ministre de la Justice, peut-être elle pourra faire quelque chose de ça. Mais bon, je lui tendis alors la main pour un dernier salut avant de le libérer définitivement...
- Pour l’irrigation cela fait partie des choses inconnues offertes par le dôme. Il y a 4 entrées d’eau en bord de ville donnant sur des bassins et chaque entrée d’eau filtre le sel au passage pour nous fournir eau potable et de l’eau pour les plantes. C’est un vieux système dont nous ne comprenons pas le fonctionnement.
Oui malheureusement, il était impossible de le reproduire pour le moment, bloquant le surplus d’eau potable pour la ville ainsi qu’une partie des projets. Cela faisait partie des limites qui m’agaçaient particulièrement ici et dont je voulais trouver une solution. Une solution qui n’était pas prête d’arriver. Et enfin, elle se décida à arrêter la visite. Se permettant de me libérer. Le retour jusqu’à l’entrée fut rapide et celons sa volonté, j’allais la laisser là. Juste avant de prendre congé, je souris à nouveau.
- Ne vous inquiétez pas, cela me change de mes journées habituel et c’est toujours plaisant de voir que le gouvernement s’intéresse à ce qu’il se passe en dehors de la capitale.
Oui, c’était rare, très rare, en général c’était à moi de me déplacer et de fournir les efforts pour montrer ce que je faisais. Pour une fois, c’était l’inverse et apparemment, elle était satisfaite de ce que j’avais montré. Parfait. M’apprêtant à partir, je m’interrompis pour rajouter.
- Si vous voulez déguster les spécialités locales, il y a un très bon restaurant au bord du marché qui se nomme le corail joyeux. Les repas et l’alcool vendu las bas sont exceptionnels.
Tranquillement, après les mots d’usages, je pris congé pour retourner chez moi. Le restaurant que j’avais conseillé n’était absolument pas affilié à moi, non, c’était un restaurant tout à fait ordinaire, fréquenté par de nombreux voyageurs. Enfin nombreux, pour ce qu’il y en avait dans la ville aquatique. Mais c’était aussi un lieu que je fréquentais de temps en temps pour me changer les idées. Au vu du temps qu’avait pris la visite, la journée s’annoncer malheureusement plus chargé que prévue. Soupirant, je pressais le pas.