Elle n'avait pas sa robe cérémoniale, elle était vêtue un peu plus simplement. Comme elle n'était pas dans l'enceinte même, elle portait une tenue élégante sans être trop expansive. Une petite robe d'été juste comme une femme ordinaire lui faisait parfois du bien. Elle avait l'impression d'avoir moins de poids sur les épaules au sens propre comme au figuré. Sous son ombrelle, elle découvrait les fleurs les plus solides mais aussi les arbres les plus robustes en respirant l'air déjà chaud. Elle songeait également à cette nomination qui avait eu quelques jours auparavant. Cette femme avait l'air si heureuse d'occuper son titre de ministre. Elle avait l'impression d'avoir achevé son objectif, en quelque sorte comme elle... Allys avait toujours vu sa nomination pour un jour prochain, mais elle s'y était toujours préparée même si au début elle était convaincue de ne pas parvenir à être aussi sage que ses parents. Cela avait été si soudain. Elle aurait voulu se sentir prête bien avant.
Gérer ce sentiment de pression avec son chagrin n'avaient pas été des choses aisées. Pourquoi parvenait-elle si parfaitement à se remémorer ce jour funeste dès qu'une incertitude pointait son nez ? De plus cette femme arrivait dans un cadre bien plus chanceux que le sien. Elle se souvenait encore de la cérémonie... Elle avait apprécié Haru dès qu'elles avaient eu l'occasion d'échanger un peu : elle semblait vive d'esprit, tout à fait adaptée pour son poste. Si certains doutes étaient toujours présents dans la tête de la reine, celui-là n'en faisait pas partie. Si elle accordait sa confiance, elle ne le faisait pas sans raison et n'allait pas revenir là dessus sous aucun prétexte. Sa parole avait donc beaucoup de poids.
Son tour de jardin étant fini, elle se demanda où se trouvait cette femme. Elle ne la connaissait pas encore très bien dans ses habitudes, mais elle allait tenter de se rendre ... à son bureau. Peut-être était déjà en train de travailler...? Elle avait l'air sérieuse... Peut-être. La reine Renmyrth se mit en route pour lui rendre visite. Elle hésita sur ses vêtements, mais opta pour une visite sans trop de fard ou trop de manières. Elle voulait juste encore la féliciter à nouveau et savoir comment elle se sentait. Elle espérait conserver sa ligne de conduite et continuer à lui faire confiance. Cette petite visite allait pouvoir confirmer bien des choses. Elle passa devant la bibliothèque du château, s'arrêta un instant jusqu'à ce qu'elle entende un bruit. Curieuse, elle passa le pas de la porte pour voir quelle personne était en train de consulter un livre.... Elle était toujours motivée pour saluer une nouvelle personne, de toute façon elle n'avait aucune assurance de trouver sa ministre dans son bureau peut-être était-elle ici ? La bibliothèque n'était pas si éloignée après tout....
Ça fait quelques jours déjà que j’ai obtenu mon poste de Premier Ministre, je ne m’y attendais pas du tout loin de là, je savais que Dame Rothbaern était souffrante et en vu du lien qu’elle avait avec le Roi, sa nomination n’était pas étonnante pour ma part, un moyen d’investir un peu la famille de Grimvor dans les affaires du royaume et elle aidait plus ou moins son frère à s’impliquer mais pour d’obscures raisons, sa place devient vacante, il y avait quelques prétendants en lice pour le poste, certaines ministres ne souhaitaient pas prendre cette place, trop intéressés encore par leur ministère, même si moi aussi celui de la Culture était intéressant, la possibilité de devenir Premier Ministre n’était pas à rejeter surtout que je n’aurai pas souvent l’opportunité de postuler de nouveau.
Mais la Reine m’a choisi à mon plus grand plaisir, j’eu une pensée directe à ma chère cousine Queen Milan, la trésorière qui me voit comme une incompétente de première et je l’avais tout bonnement cloué ce jour-là, j’avais enfin atteint mon objectif, obtenir ce poste et indirectement j’ai fais plaisir à Mère mais je voulais ce poste pour moi, montrer ma valeur et n’étant pas le premier héritier mâle de la famille, je peux tout bonnement montrer qu’être une femme ne se résume pas à simplement se taire et se cacher derrière son mari.
Profitant d’un peu de calme dans mon bureau, je voulais vérifier quelques documents à la bibliothèque du palais, je voulais prendre quelques notes sur la chronologie des Rois et Reines d’Aryon, tout particulièrement sur la dynastie Renmyrth car il existait très peu de livres qui en parlait et je faisais une copie manuscrite de celui-ci pour l’entreposer dans ma bibliothèque propre. Je constate que l’archiviste de chaque époque avait un travail remarquable et depuis maintenant quelques années que la Reine Allys est au pouvoir, j’essaye de me prendre au jeu des quelques faits marquants de son règne mais il était encore trop tôt pour ça mais je ne doute pas sur les valeurs morales de celle-ci, elle marquera elle aussi son époque et elle aussi aura son propre titre comme certains de ses aïeux.
Un bruit se fit entendre derrière moi et tourne la tête pour savoir qui était l’heureux élu, peut-être encore un érudit qui emprunter quelques livres ou encore l’archiviste mais non, au lieu de ça, c’était la Reine en personne et par un réflexe inné, me voilà debout en un rien de temps effectuant une légère révérence.
- Ma Reine.
Me détendant aussitôt, je relève de nouveau mes yeux sur sa majesté, elle avait enfilé une tenue simple comme elle avait l’habitude certaines fois, peut-être était-elle en quête de compagnie, on sait tous que la disparition de son aîné la chagrine, elle qui pourrait tout faire pour ses enfants mais elle était impuissante et le Roi entreprends les recherches avec nos forces armées, c’est pour cela que je veux soulager au maximum son travail pour qu’elle se consacre à sa famille, elle n’avait pas à s’occuper de tout ça, Aeron était bien plus important que toute cette paperasse.
- Voulez-vous me tenir compagnie en cette si belle après-midi, ma Reine ? D’ailleurs je fais des recherches sur votre famille.
Bon ça n’avait rien à voir avec son petit salon dans ses quartiers propres ou autre bureau, il y avait ici que des grandes tables avec des chaises rudimentaires, peut-être pas le confort adéquat pour une reine mais ce n’était qu’une suggestion.
- Sauf si vous voulez aller ailleurs, je vous suis, mes recherches peuvent attendre.
C’était sincère, mes recherches avaient tout le temps de se faire, le livre n’allait pas finir brûler ou autre puis passer du temps avec des personnes étaient plus intéressants qu’avec des livres qui ne parlaient pas. Je restais alors debout attendant sagement la réponse d’Allys.
" Je viens du jardin, je me demandais l'endroit qui vous plairait. Nous pouvons nous promener dans le jardin. Si vous aimez les poires, il y a un poirier dans le fond du jardin... il est excellent. Autrement... qu'avez-vous appris ? Vous cherchiez à savoir quelque chose de précis?"
Elle se demandait bien ce qu'elle recherchait avec tant de volonté. Allys passa sa main sur le dos de certains livres en se rappelant toutes ces soirées où recroquevillée en boule sur un siège, elle dévorait les récits sans pitié. Elle s'assit un peu en se disant que quel que soit l'endroit où elles se rendraient, elle avait bien mérité une petite pause. Elle posa son ombrelle auprès d'elle, se mit droite sur une chaise et regardait son interlocutrice posément.
" Vous aimez fréquenter cet endroit, n'est ce pas...? Je vois que ma ministre est consciencieuse, je n'en attendais pas moins de vous."
Son choix leur apporterait sans doute bientôt d'excellents résultats.
" Comment vous sentez-vous à présent ? "
Typiquement, la reine avait remarqué que la jeune femme souhaitait l'aider, mais elle renvoyait la balle vers elle. Elle prenait son sens des responsabilité très à coeur même dans cette robe ordinaire, elle n'en demeurait pas moins responsable. Une légère lumière couchait sur les étagères une présence rassurante. Elle ne put s'empêcher ensuite de diriger son regard autour d'elles. Elle était fière de cette bibliothèque qui ne cessait de s'agrandir avec de nouveaux sujets de savoirs et de réflexions.
Comme toujours, la Reine m’accueille avec un de ses sourires qui la caractérise tant, même si on pourrait mettre en doute mon objectivité sur le coup, je la trouvais magnifique, elle avait ce petit quelque chose qui la rendait si belle et si ravissante mais le pire dans tout ça, c’est que nous avions le même âge sauf qu’elle avait déjà deux enfants, un mari qui lui est fidèle, le décalage était énorme entre nous deux mais peut-être que si ce n’était pas la princesse il y a une dizaine d’années, j’aurai été heureuse de la connaître autrement mais enfin, c’est notre Reine maintenant...
- Oh le jardin n’est pas mal effectivement, profitons de ce grand soleil, ce n’est pas un temps à rester enfermée entre les murs de la bibliothèque.
Je range alors mes notes, les différents livres que j’avais sorti pour observer Allys qui semblait aussi intéressée par les bouquins qui traînaient autour d’elle, je sais qu’elle aime la littérature, on disait qu’elle passait beaucoup de temps dans cette bibliothèque puis il faut avouer que personne nous dérange ici, c’est un véritable refuge, je peux fuir aisément mon travail cachée derrière ses étagères, personne ne me trouvera mise à part la Reine.
- Je recopiais les grandes archives sur la Dynastie des Renmyrth, je connaissais déjà l’ensemble des souverains mais je voulais en apprendre un peu plus sur leur entourage mais aussi les faits marquants de leur règne et c’est plutôt intéressant.
Je fus même plus que surprise d’apprendre d’avoir un aïeux qui avait épousé une Reine Renmyrth dans les années 480 et le plus drôle dans tout ceci, ce fut le règne où le commerce à le plus développé, on reconnaît là la patte des Du Lys, enfin cette période date d’il y a quelques siècles maintenant même si ma famille s’investit toujours autant dans les affaires du royaume à sa manière.
La Reine s’intéresse à moi maintenant, me posant des questions sur mon ressenti de ce nouveau poste mais aussi mes diverses activités. Depuis que je suis au gouvernement depuis maintenant quelques années, elle a toujours été bienveillante avec moi et même les autres d’ailleurs, c’était dans sa nature de se soucier de ses collaborateurs.
- Oui, les bibliothèques sont toute mon enfance, je ne fréquente celle du palais depuis quelques années seulement, j’ai beaucoup de retard sur tous ses ouvrages.
Je fis un grand geste montrant l’immensité des lieux, cette bibliothèque était un joyaux, il fallait la conserver coûte que coûte, c’était la mémoire de notre Histoire.
- Comment je me sens ? Très bien il faut dire, merci de vous en soucier.
Maintenant que j’avais rangé l’ensemble des livres, mes notes sous le bras, j’invite la Reine à me suivre pour rejoindre la partie de jardin qu’elle m’a parlé.
- Il me faudra certainement un temps d’adaptation pour ce nouveau poste mais rien n’est impossible puis il y a tellement à faire et je ferai tout vous aider pour que votre règne se passe paisiblement.
Pour l’instant, je ne pouvais rien faire pour la disparition du prince Aeron, le Roi se charge de ça avec une équipe de la Garde, la Reine s’occupait des affaires du royaume même si j’en doute qu’elle doit être dévastée d’apprendre la disparition d’un être si cher à ses yeux, moi-même, je ne sais pas comment je réagirais si Sekyung, ma pupille que je considère comme ma fille, disparaît du jour au lendemain, je remuerais terre et ciel pour la retrouver, j’enverrai Lancelot, mon garde du corps personnel, faire le nécessaire, je ferai ce qui était en mon pouvoir mais quand je vois le calme de Allys, je me demande comment elle pouvait rester ainsi.
Dévalant les couloirs immense du palais, nous approchons enfin d’une grande porte qui amènera vers la partie Sud-Ouest du jardin royal, les gardes ouvrent la porte devant le passage de leur Reine tout en la saluant.
- Oh quel temps magnifique, je ne m’étais pas rendu compte entre tous ses livres, je devrais en profiter plus souvent je pense, c’est le début de la saison chaude, les jardins vont prendre de nouvelles teintes.
Celui de ma demeure devenait de plus en plus beau de jour en jour mais ce n’était rien comparé à celui du Palais, ils ont toute une armée de jardiniers à leur disposition.
- Et vous ma Reine, comment sentez-vous ?
C’était la question piège, peut-être me répondra-t-elle mais j’ose espérer que maintenant que j’étais son bras droit, qu’on devienne plus “ intimes “ nous deux.
" Très bien, je pourrais me permettre de vous tester dans ce cas", fit-elle d'un petit air malin.
Elle recherchait avant tout à divertir un esprit trop embarrassé. Parler ainsi aussi légèrement lui permettait de souffler. Un des livres glissa de la table où il était posé. Ce n'était pas le plus simple... Cette jeune femme avait réellement une grande capacité de compréhension et d'analyse. Elle disait avoir du retard, elle pouvait certainement l'aider à suivre davantage cette histoire.
" Vous savez si vous avez la moindre question, je peux vous répondre. Ce n'est pas vraiment un retard, vous avez simplement de nouvelles pistes à explorer. "
Elle voulait simplement qu'elle soit bien à son poste. Personne ne devrait être inquiété d'ignorer des faits, si importants soient-ils. Il est toujours possible d'y remédier et quoi de mieux qu'une personne de la royauté pour parler d'une longue dynastie.
" Il me semble en plus que votre famille a contribué à l'élaboration de ces mémoires, voyez il s'agit également un peu de votre histoire. Les personnes ne seraient rien sans une bonne plume pour raconter leurs faits."
Même la personne la plus méritante ne pouvait avoir une mémoire aussi gigantesque pour tout retenir, les livres eux conservaient jusqu'aux plus petits détails.
" Dans les années.... 400... 465... il me semble. "
La mémoire n'était pas le point fort de la reine. Si elle se souvenait de chaque personne lui ayant demandé de l'aide, l'histoire était sa bête noire. Si elle adorait se gorger des récits d'antan, les dates filaient entre ses doigts. Elle rougissait légèrement en riant doucement. Les livres une fois rangés, elles purent s'avancer vers le couloir. Allys hocha la tête simplement. Elle était bien satisfaite que haru se sente bien et cherche à s'approprier ce lieu. Son règne pour le moment n'avait plus rien de paisible. Elle n'allait toutefois pas aborder certains sujets sensibles, tout simplement parce qu'elle ne voulait pas entacher sa nouvelle nomination avec ses doutes, ses inquiétudes. Le plus important est de faire tout ce qui est en notre pouvoir, disait justement un des membres de cette dynastie. Elle se souvenait des mots bien plus que les dates, ils étaient comme l'essence de ceux qui nous ont précédé. Non pas qu'ils aient dit que des choses qui vaillent qu'on s'y arrête forcément, mais parce qu'ils sont une sorte de parole qui traverse le temps.
" Le plus important est de faire tout ce qui est en notre pouvoir... " récita t-elle doucement comme un murmure en faisant en sorte d'être entendue." comme vous dites rien n'est impossible. "
Les couloirs du palais avaient quelque chose de somptueux, pompeux sans doute un peu. Elle avait grandi entre ces murs, ils étaient devenus comme une sorte de cocon agréable d'où elle pouvait influencer un peu le monde. Elle observait les rayons de lumière se reflétant sur les dalles de pierre. Les gardes se trouvaient toujours prêts à défendre ce lieu, elle répondit à leurs salutations d'un hochement de tête.
" Vous en oubliez la lumière du soleil, mais vous savez si vous le souhaitez nous pouvons organiser des lectures en plein air.. Je l'ai souvent fait ici étant plus jeune. Personne ne vous en voudra de sortir des archives. Je ne sais pas si c'est bon de ne pas les aérer de temps en temps. Des personne veillent à leur conservation pour les générations futures, mais vous pouvez en profitez où vous voulez et quand vous le souhaitez. "
De belles roseraies s'affichaient à travers des chemins bien délimités. chaque fleur semblait avoir trouvé sa place, grandissait à son rythme... Elle mit une mèche de côté pour cacher un peu son visage. Elle le tourna ensuite vers Haru pour poursuivre la conversation après avoir respiré une bonne bouffée de cet air fleuri.
" Bien comment pourrait-il en être autrement ? Je suis bien entourée, voyez il n'y a pas une herbe qui dépasse... Je suis sûre que les jardiniers doivent y passer des heures."
Allys se mordit les lèvres en songeant à tout ce qu'elle rangeait dans son placard personnel ... Il y avait l'humeur du matin, de la journée puis du soir. En journée, elle s'accrochait à son rôle de reine, non pas à sa propre personne. Oui, il lui arrivait de mentir, mais contrairement à elle personne ne pouvait le sentir. Comme Haru était une personne importante, elle eut un moment d'hésitation... Moment où son pied glissa du petit pont qu'elles traversaient, elle manqua de tomber sur Haru, mais fit une pirouette plus ou moins élégante pour tenter de retrouver son équilibre. Le cours d'eau n'était pas bien épais, mais tout de même elle ne tenait pas à finir toute trempée ou à infliger cela à une personne. Elle battait des bras en tentant de ne pas glisser davantage... Elle allait tomber, c'était une évidence mais le ferait-elle seule ?
Je ne doute pas qu’elle aussi dans sa jeunesse, elle a dû apprendre toute l’histoire de sa famille, des précepteurs qui devaient certainement lui rabâcher telle ou telle chose, forcer les enfants à apprendre n’était jamais la bonne solution à mon humble avis mais bon, chacun ses méthodes et certains professeurs n’ont pas évolué avec leur temps et c’est pour ça que je me retrouvais quelques fois dans cette bibliothèque pour apprendre de moi-même car on m’a surtout appris la soif d’apprendre et ça n’avait pas de prix.
- Vous pouvez me tester, il n’y a pas de soucis puis comme vous le dites, une autre façon d’en apprendre plus surtout en s’amusant.
Un sourire chaleureux et sincère fait son apparition, j’adorais en connaître plus sur l’Histoire, sur les grands de notre royaume puis faut avouer que la présence de la Reine est rassurante et chaleureuse. Je me demande quel titre on pourrait lui donner ? Un mot qui représenterait parfaitement celle-ci c’est la “ Bienvaillante “, elle s’assure que tout le monde va bien que ce soit sa famille, son gouvernement ou autres collaborateurs, j’avais remarqué qu’elle essayait de se souvenir du maximum de noms du personnel du palais et prenait toujours un peu de temps avec nous pour discuter, c’était quelque chose de sincère et non forcé.
- Oui c’était dans les années 471 à 508 pour être exacte, la Reine Luna dit la Négociatrice était mariée avec Thorn Du Lys, un grand marchand en vogue à l’époque. Dans notre famille, l’histoire de leur rencontre est comme une légende qu’on s’amuse à inculper dès notre enfance. La Reine jeune, s’amusait souvent à aller dans le marché seule en cachette pour aller récuperer quelques gourmandises auprès des commerçants, tout le monde savait qui elle était et la laissait faire mais la jeune femme ne se rendait compte de rien mais elle se sentait libre puis elle allait tout le temps à l'échoppe de mon aïeux, il vendait des pâtisseries importées du Grand Port. Il lui donnait toujours la plus belle, la plus colorée et de jours en jours, c’était devenu un rituel entre les deux adolescents, le temps passe puis leur relation évolue pour finir alors par un mariage. C’est beau vous ne trouvez pas ?
Je me rends compte que j’ai certainement trop parlé et essaye de calmer mon ardeur dans mes longs monologues pour lui laisser la parole, elle me proposa même une solution à mon problème de luminosité.
- La saison chaude est clémente, ça serait une très bonne idée de les sortir un peu, je pourrai prendre quelques couleurs en même temps !
Je fis un rire discret, je ne connaissais plus le mot vacances depuis quelques années et le peu de temps libre que j’avais, je le passais soit avec Nyx Anger, la ministre de la Justice et accessoirement mon amante mais aussi ma pupille Sekyung qui fait des efforts incroyables depuis que je l’ai recueilli, les cours avec Miss Sayuri était une grande idée, il faudrait que j’envisage de faire des expéditions dans les autres villes aussi pour parler avec les différents Gouverneurs… je pouvais définitivement dire adieux à mon repos…
Nous voilà enfin dans le jardin, profitant de cet air si florale, tout est impeccable, peut-être un peu trop à mon goût, trop parfait et ça ne devient plus naturel mais les jardiniers ont tellement peur que quelque chose dépasse qu’ils préfèrent faire tout au carré pour être sûr du résultat, certes c’était joli mais ça manquait de spontanéité mais enfin. La Reine Allys prit quand même le temps à répondre à cette question personnelle, restant évasive au possible, elle ne me dira donc rien, un peu déçue, je ne le montrais pas, je pensais que le fait qu’elle me nomme comme son Premier Ministre, cela me permettrait d’être plus dans ses confidences, j’avais envie de l’aider mais hélas, elle voulait garder la tête haute, elle était une Reine après tout…
- Tant que le Royaume est prospère, tout va pour le mieux c’est certain.
Nous recevons aucune menace extérieure, nous connaissons presque rien sur la frontière au Nord du Royaume et rien ne semble arrivé par la mer, comme si nous étions les seuls au monde, tant que nos terres pour subvenir à tous nos besoin, c’était l’essentiel ! Un peuple heureux est un peuple docile comme on dit.
- C’est vrai je les vois officier dès l’aube pour que votre jardin soit resplendissant, en tout cas, ils mettent le coeur à l’ouvrage, c’est certain.
J’observe la Reine, elle semblait ailleurs, peut-être voulait-elle m’avouer quelque chose, un pensée, un ressenti mais ces quelques secondes où on avait l’impression que ce n’était pas une Reine mais une personne comme les autres avec ses propres problèmes, je la vois trébucher sur le petit pont qui était glissant certainement suite à le nettoyage un peu plus tôt. J’essaye de la rattraper pour éviter qu’elle ne finisse les fesses dans l’eau mais j’ai surestimé ma capacité à la retenir quand moi aussi je finis par glisser, à croire que quelqu’un a trouvé ça drôle de mettre du savon sur le bois.
- Attention !
C’était trop tard, mais j’arrive néanmoins à me tourner un peu pour éviter de l’écraser, nous tombions de moins d’un mètre de haut certes mais un bras placé et bonjour la catastrophe. Mais un réflexe vieux comme le monde et je place mes mains devant moi mais sur le coup, je ne pense pas aux répercussions quand je sentis quelque chose sur mes mains. Oh non, par Lucy, ne me dit pas que c’est pas vrai, pourvu que je ne touche pas une partie intime de son anatomie, je sais qu’elle est ravissante, mais c’est la Reine quoi ! Je ne peux pas la toucher ainsi mais quand j’ouvre tout doucement les yeux, les fesses ainsi que tout le dos dans l’eau, j’ai peur de comprendre ce que je touchais.
Bafouillant à moitié, je m’excuse d’avance.
- Ex-Excusez m-moi ma Reine, je voulais vous rattraper et….
J’enlève aussitôt ma main de ses hanches, j’observe alors mon chemise en soie blanche qui tout d’un coup devient beaucoup trop transparente, laissant apercevoir clairement ma lingerie plus que élégante, dire que j’avais prévu de voir Nyx ce soir, j’avais sorti le grand jeu. Je suis embarrassée, mes joues deviennent certainement un peu rouge et je n’ose pas regarder la Reine droit dans les yeux, elle pourrait être dans le même état que moi et me redresse aussitôt pour lui tendre une main pour l’aider à vous relever.
Essayant de regarder vraiment ailleurs alors que ma curiosité voudrait que mes yeux ne soient pas privé de beauté pareille, je garde mon sang-froid et fait tout pour ne pas regarder l’eau qui imprègne peu à peu ses vêtements.
- V-vous avez rien de casser ma Reine ?
"Voyons quand se prêtera l'occasion dans ce cas"
Elle comptait bien trouver le moment opportun pour lui faire un "justement que pensez-vous du Ministre de telle année. Pensez vous que telle idée venait de son fait ou a t-il simplement repris une idée d'un confrère ? Elle savait se montrer malicieuse, mieux un brin joueuse quand elle le voulait. Elle n'avait cependant pas prévu la vague qui déferla directement comme si Haru avait voulu la devancer. Elle l'écouta attentivement. Son récit était captivant, sa voix était sûre. Elle ne décrocha pas de son histoire, elle aurait bien voulu que ses cours parfois ennuyeux se passent ainsi.
" Vous voyez, vous savez m'en apprendre et d'une bien jolie manière" sourit elle.
Sur le coup, comme elle parlait de luminosité, Allys se mit à rire en se disant que elle non plus n'était pas à l'image de ce soleil dorée et fière. Elle mettait des bijoux pour avoir sa lumière, mais sa peau était bien pâle. Il faut dire que chaque jour comme celui-ci, elle sortait son ombrelle pour s'en protéger. Elle se décida à la refermer en plaisantant. Elles avaient ri de si bon coeur, qu'elle s'était laissée envahir à son tour. Voilà un moment qu'elle ne s'était pas détendue ainsi.
" Vous savez, il n'est jamais tard pour en profiter. Je crois que j'ai aussi bien des couleurs à prendre... Pourtant nous avons un si beau pays... n'avez-vous jamais songé à partir en voyage...?"
Tiens, donc Haru avait tout l'air d'être une lève tôt. Allys sourit en songeant à cette habitude de princesse qu'elle voulait conserver de se lever tard... Pour dormir ? Non, elle lisait, peignait ce qu'elle voyait à sa fenêtre pour se réveiller le plus doucement possible. Il arrivait même qu'elle mette un siège vers sa fenêtre pour laisser la tiédeur du soleil progressivement la réveiller. La douce sensation de l'enfance éloignée de toute responsabilité. Dès que l'adolescence avait pointé le bout de son nez, elle devait se lever tôt comme un oisillon tombé du nid mais devait ressembler à un phénix dans son apogée. Elle ne l'avait jamais vécu comme une corvée, mais le changement avait été dur à encaisser.
" Bien matinale à ce que je vois.. si vous désirez venir prendre votre déjeuner avec moi, vous pouvez. J'ai une fâcheuse tendance à être un peu gourmande le matin.. la table est remplie et pourrait faire plaisir à une autre personne sans problème."
Des croissants, des pains au chocolat.... c'était la base. La table du petit déjeuner c'était une autre danse. Comme elle avait été éduqué à se réveiller tôt, elle voulait se faire plaisir dès son lever. De beaux habits... un peu de sucre et la journée pouvait commencer simplement. En ce moment, ses petits déjeuners étaient moins copieux, elle ne parvenait pas à être aussi enjouée. Elle se contentait de beaux habits et de manger rapidement. C'était souvent le cas quand quelque chose lui prenait la tête... comme actuellement.
" Comme nous allons être amenées à nous fréquenter, autant mieux nous connaître" ajouta -elle.
Le jardin était toujours resplendissant, il était nettoyé, entretenu si souvent. Il faut croire que le sol avait été savonné avec un peu trop de foi pour entraîner ainsi deux personnes. Haru avait tendu la main, elle l'avait même attrapée, mais rien ne put contredire cette chute. Allys tenta de rattraper aussi Haru voyant qu'elle chutait avec elle. Et dire que tout cela était arrivé parce qu'elle songeait à autre chose. Elle sentit le contact rapide d'une épaule et chercha à la protéger de la chute en se recroquevillant pour protéger sa tête. Dans tous ses gestes, elle cherchait à protéger son entourage. Haru étendit ses bras voyant qu'elle n'avait pas réussi à la rattraper.
De son côté la reine ne bougeait plus. Son visage était dissimulé par ses cheveux. Elle tressaillit un peu sous un rire sourd qui l'animait avant de se redresser davantage. Ses cheveux étaient en vrac, le bel oiseau venait de prendre un sacré coup dans l'aile, mais elle n'était pas la seule dans ce cas. Son rire ne fut plus sourd mais bien plus sonore. Son rire donnait l'impression qu'elle manquait d'air. L'expression mourir de rire chez elle n'était pas un euphémisme. Elle était en plein fou rire. Elles avaient l'air bien toutes les deux... Alyss se tâta... Elle repensait à cette invitation pour mieux se connaître et à cette façon tellement délicate de se mettre à nues. Haru portait de bien jolis sous-vêtements. Elle se reprit doucement tout en s'asseyant. De son côté, ses vêtements légers ne payaient pas de mine non plus, ils en devenaient aussi un peu transparents. Franchement, ce n'était mais alors vraiment pas digne de son rang
" Très jolie...
Elle devait chercher à plaire avec ce genre de lingerie, elle n'aurait pas dû regarder, mais c'était difficile dans la position qu'elle avait. Comme la gêne était présente autant la dédramatiser et en rire ensemble que d'en avoir honte. Au moins elles étaient seules dans les jardins. Personne de trop près pour les voir, l'honneur était... à peu près sauf.. Juste à peu près... La reine ramena ses jambes vers elle pour cacher sa lingerie et qu'elles puissent se regarder dans les yeux sans rougir.
" Autant rester un peu assise le temps de sécher, vous ne croyez pas ? ' rit-elle. Haru était motivée pour vite retrouver la face et lui tendait la main en respectant sa pudeur de son mieux. Elle mit sa main dans la sienne et accepta de se redresser à ses côtés. En se redressant, elle sentit sa cheville gauche lui envoyait comme une décharge, elle plia un peu de douleur. Dans sa toupie pour ne pas tomber, elle avait dû infliger à sa cheville un travail bien de trop important. Elle se redressa en serrant un peu les dents.
" Rien de bien méchant ... et vous ? Je suis désolée... je n'ai pas fait suffisamment attention. Je suis soulagée que vous n'ayez rien...."
A présent, elle se retenait d'évoquer la vie sentimentale d'Haru... De lui poser des questions indiscrètes, au point où elles en étaient, elle aurait pu... Pour le moment, elle souhaitait juste s'asseoir. Elle avisa un banc quelques mètres plus loin... elle commença à marcher avec le plus de dignité possible. Elle n'avait même pas remarqué que sa couronne gisait dans la rivière... Elle attendait juste que Haru la rejoigne et que ce banc l'accueille ; c'était tout ce qu'elle souhaitait.
- Voyager, si j’aimerai bien mais je crois que j’ai quelques missions diplomatiques a effectué dans les prochaines semaines, on va dire que je vais allier travail et plaisir.
Parler de ce genre de choses à ma “ patronne “ est plutôt marrant en soit, je viens de lui dire clairement que je compte bien m’amuser pendant mes heures de travail mais elle connaît mon sérieux, ce n’était qu’une boutade et je pense que j’aurai vraiment pas assez de temps pour tout faire, je dois prévenir Lancelot pour qu’il m’accompagne, je dois le faire détacher quelques jours à mon service et c’est toujours un calvaire avec ses supérieurs mais enfin, c’est le prix à payer pour avoir ses services.
- Ca pourrait-être une bonne idée de prendre ce fameux repas en votre compagnie mais parler travail dès les premières bouchées matinales n’est certainement pas la meilleure façon de se réveiller à mon goût !
Je me vois mal lui parler de parler d’affaires d’état entre deux tartines bien fraîches puis on m’a toujours que les cuisinières du Palais avaient un talent certains pour les patisseries mais j’avoue que j’ai pris particulièrement goût de celle de Sekyung et Louise, ne pas les voir de bon matin c’est comme enlever le thé qui me permet de me réveiller tout en douceur mais si prendre du temps avec la Reine me permettrait de mieux la connaître, je devrais essayer.
- Oui, il est vrai que nous serons amenées à nous rencontrer plus souvent, autant faire des rendez-vous moins conventionnels et plus agréable, je me tarde de partager un petit-déjeuner avec vous alors.
C’était sincère, avoir le privilège de passer des moments “ intimes “ avec la Reine n’était que pur bonheur en soit, je voyais ici encore, l’accessibilité de notre souveraine et toujours aussi prévenante.
- Puis je pourrai toujours vous raconter d’autres histoires de vos aïeux, j’avoue aimer l’Histoire mais les petites anecdotes autour me plaisent tout autant.
Il doit en exister des tonnes autour de la famille royale, les archivistes ont toujours noté les faits marquants, les faits politiques mais l’histoire des personnes et tout aussi importante, c’est comme ça qu’on perçoit la personnalité de chacun, peut-être je devrais suggérer de faire écrire les mémoires de notre Reine par un écrivain, ça pourrait faire un bon hommage à celle-ci pour les générations futures mais nous n’étions pas à ce stade, vivons le présent comme ce moment où nous finissons toutes les deux à l’eau.
Il faut dire que voir notre Reine autrement que dans son calme olympien ainsi que dans sa magnifique coiffure me fait tout drôle. Peut-être la mettons tous sur un piédestal, elle devait toujours être aussi parfaite mais la voir les cheveux ainsi puis ce rire qui pouvait faire peur plus d’un, je me demandais si elle ne s’était pas pris un coup dans le ventre, avait-elle mal, je ne voulais qu’il lui arrive quelque chose et mon instinct se réveille aussitôt, il ne fallait pas que je la laisse comme ça mais quand j’entends sa remarque, je deviens certainement aussi rouge qu’une tomate.
J'espérais qu’il n’y avait personne dans les horizons, déjà je n’ai pas envie que des rumeurs comme l’autre fois se fassent entendre, mon amour pour les femmes ne semblent plus un secret pour tout le monde au palais et même si avec Nyx, on essaye de garder notre relation un peu secrète, je me vois mal justifier mon attroupement devant notre Reine mais surtout qu’elle aussi ça devenait un peu visible mais je fais en sorte de ne pas regarder, qu’est-ce que penserait le roi si je reluque sa femme qui est notre Reine… La jalousie peut-être nous faire des choses tellement inattendues…
Mais je voulais détendre l’atmosphère et malgré tout, nous étions des femmes toutes les deux. Je prends contenance, j’étais Haru Du Lys, je gardais toujours la face non ?
- Merci, ça vient de la boutique de la place, vers l’allée Est, Amelia’s Secret.
Comme ça elle était au courant où elle pouvait en trouver si elle le souhaitait. Elle accepte alors ma main pour se redresser mais je vois aussitôt qu’elle a mal quelque part, comme son pied qui ne semble pas correctement à plat. Comment je vais expliquer ça moi, on va me tirer les oreilles, la Reine s’est blessée à mes côtés, quelle ministre je fais…
- Oui je vais bien, l’habitude de tomber quand je pratiquais le polocrosse, que c’est haut un cheval… mais c’est surtout vous, vous allez bien ? Rien de casser ?
Je vois qu’elle désigne du regard ce banc un peu plus loin, je l’amène tout doucement au banc et observe la tête de notre souveraine, même si elle a fait en sorte de garder de toujours garder sa démarche royale, je vois qu’elle a mal et surtout quelque chose manque, mais je ne sais pas quoi encore. Je restais peut-être quelques secondes dans le flou, debout qu’elle était assisse mais j’essayais de comprendre la chose qui manquait, sa tenue était trempée, un peu trop transparente même mais le soleil tape assez fort pour rendre la superbe de la Reine en quelques minutes, bon mise à part sa tête, sa coiffure est désastreuse mais elle devient plus naturelle, plus de chignon ou barrettes à tout va ni même la couronne qui tient toujours ses cheveux de manière rigide.
- Ah votre couronne !
C’était ça qui manquait, je me tourne et en quelques enjambées, je retourne au bassin récupérer ce bien précieux, j’avais qu’une envie, la mettre sur la tête pour voir la sensation que ça faisait, être elle quelques secondes, est-ce qu’aussitôt on devient aussi calme et sereine qu’elle ? Est-ce que je sens aussitôt toutes ses responsabilités sur les épaules, peut-être c’était un poids, dès qu’elle la portait, elle devait être dans son personnage, je l’ai toujours connu ainsi mais elle me semble sincère, peut-être dans ses quartiers, elle se relâche enfin mais je ne pose pas cette couronne sur la tête, j’en n’étais pas digne d’un mais surtout c’était inconcevable de la faire. Je m’efforce de regarder si elle n’a rien, si les joyaux sont toujours dedans, j’enlève les quelques brindilles pour retourner la voir.
Posant le genou à terre, je lui tend sa couronne nettoyée, comme si c’était un honneur de lui donner, comme un chevalier recevant ses honneurs par son souverain.
- Voulez-vous la remettre de suite ou attendre que vos cheveux sèchent un peu ?
Voulant dédramatisée la situation, j’affiche un sourire sincère.
- Vous n’inquiétez pas, vous êtes toujours aussi jolie ma Reine, ça me change de vous voir sans votre couronne aussi et les cheveux détachés ainsi.
Bon ce n’était pas de la drague, faut qu’elle le voit comme cela, c’était un aveux sincère et dès fois je me permets de dire tout ce que je pense bon j’ai peut-être oublié que c’était Allys Renmyrth en face de moi mais en vue de notre situation, elle a vu mes sous-vêtements, je fais en sorte de faire abstraction des siens mais intérieurement je me demandais, si elle ne remettait pas cette couronne tout de suite, peut-être nous serions deux femmes de bonne famille en train de discuter simplement mais c’était certainement un doux rêve de ma part...
" Vous redoutez les conversations du matin ? Voyons elles peuvent être très développées" plaisanta-t-elle de bon coeur. Jamais elle ne prendrait mal qu'on lui refuse une invitation au contraire elle préférait toujours l’honnêteté à une stupide servilité sans âme. Avoir des citoyens qui ne voyaient en elle qu'un moyen de se faire bien voir ne l'intéressaient pas. La loyauté ne se gagnait pas sur des titres ronflants mais sur la confiance bâtie et entretenue. Elle la vit changer d'avis et en fut amuser. Elle devait se tâter.
" Vous savez, je vous ai proposé en matinée parce que je sais que ma journée n'a pas encore commencé, mais nous pouvons convenir d'un dîner. Il faudra juste me fournir... une liste correctement organisée, datée et signée de vos plats préférés. C'est très important pour notre future collaboration." plaisanta elle sur un ton sérieux. Elle inspira doucement en tentant de savourer au mieux ce moment.
Allys connaissait l'histoire de ses aieux mais Haru avait une manière bien à elle de lui narrer ces épisodes. Elle s'appropriait ses lectures au lieu de les restituer bêtement. Elle les rendait plus vivantes que jamais. Cette manière faisait honneur tous ceux qui l'avaient précédée sur le trône.
La chute l'avait ensuite bien réveillée d'autant qu'elle avait senti une main bien posée non loin d'elle, une main qui n'était pas celle de son époux. Malgré tout elle avait réussi ... à éloigner de son esprit cette image, ou pas... Elle ne savait pas trop l'avenir le dirait sûrement. Elle rirait sans doute à nouveau peut-être au souvenir de ce visage gêné, de sa propre gêne et de sa tristesse qui avait dû s'avouer vaincu pour un temps. Elle lui répondit presque naturellement où elle avait acheté sa lingerie, c'était amusant. Elle avait le même comportement, elle essayait de faire comme si elles échangeaient boutiques autour d'un petit thé. Elle ignorait à quel point leurs ensembles étaient transparents.
"Ah oui... il faudra que vous me montriez votre connaissance des boutique, cela peut être intéressant" fit Allys pour la taquiner encore. " Je m'avance peut-être mais je vous soupçonne en couple. Est-ce que je me trompe...? "
Des petits ragots voilà de quoi bien alourdir la conversation, mais c'était si tentant. Allys se disait que cela participait à cette mise à nue qu'elles avaient presque faite. Pour se connaître intimement, c'était plutôt bien parti. Alyss avait toujours en tête de se trouver un endroit plus agréable. Elle se trainait un peu, mais essayait de poser au maximum son pied au sol. Elle ne voulait inquiéter personne : une cheville foulée cela pouvait arriver tous les jours. Pourtant lorsqu'elle arriva doucement pour l'épauler, elle lui adressa un regard presque accusateur pendant quelques instants. Elle voulait avancer seule.. mais se rendit vite compte de sa stupidité. La fierté faisait parfois prendre des routes bien étranges.
L'expression qu'elle lui rendit ensuite fut celle d'une certaine gratitude. Elle était maintenant assise, mais Haru était toujours debout, elle la fixait étrangement. Alys avait elle une grenouille perchée sur le sommet de sa tête ? La reine passa en vue ses cheveux pour vérifier que rien de bizarre ne s'était inséré dedans. Elle observa même son vêtement pour vérifier qu'il n'y avait pas de déchirure. Tout d'un coup, Haru trouva cette petite chose qui lui manquait : sa couronne. Parfait, elle avait tout vérifié sauf cette petite chose. Elle se mit à rougir en songeant tout de même à cette image qu'elle se donnait en cet instant. L'émotion de gêne avait été mise à rude éprouve en peu de temps.
"Hum... merci beaucoup"
Comme Haru revenait sur ses pas, Alyss l'attendit pour progresser à son rythme sans chercher à trop la devancer. Elle allait en plus chercher quelque chose qui lui appartenait, c'était la moindre des choses... Le regard de sa ministre s'était enfin posé sur cet objet d'élégance et de richesse, elle l'observait sous toutes les coutures. Elle avait même pris soin de la nettoyer. La reine remit ses cheveux en forme en oubliant la coiffure un peu sophistiquée qu'elle s'était faite. Ses cheveux lui tombaient à présent simplement dans le dos.
" Je ne suis pas pressée... vous pouvez l'essayer pendant ce temps... Je n'en vous tiendrai pas rigueur, avouez que vous y avez pensé. " rit Alyss en respirant doucement en profitant du banc.
Je ne pus que retenir un sourire léger lorsqu’elle me confie que pour dîner avec elle, il me faudra me plier à quelques exigences que j’accepterai avec plaisir, ça serait un magnifique moment de partage puis il faut que je teste par moi-même si les cuisinières sont plus douées que ma Louise mais bon j’aimais particulièrement la manière de faire de notre Reine, on pouvait parler autant de choses sérieuses comme les affaires du royaume et assimilé mais aussi de dessous osés.
Sur le coup, je me voyais mal accompagnée la Reine dans les dédales des ruelles commerçantes dans la Capitale pour avoir à ce genre de boutique, d’abord car si je vois les achats qu’elle fait, je ne vais pas arrêter de m’imaginer comment ça pourrait bien lui aller et je ne crois pas que le peuple doit savoir ce qu’elle peut bien mettre sous ses jolis robes, j’imagine déjà la réaction du Roi sur cette petite escapade, il serait peut-être capable de privatiser la dite boutique pour avoir l’esprit tranquille mais la question qui vient juste après m’étonna aussitôt que mes sourcils se lèvent pour montrer ma surprise.
Qu’est-ce que je pouvais bien répondre à cette question ? En couple, je ne le savais pas moi-même, on se fréquente ça c’était sûr mais ensuite ? Je lui avais promis en quelque sorte l’exclusivité à mon plus étonnement d’ailleurs alors qu’à ce moment-là nous n’étions rien l’une pour l’autre, j’étais venue lui demander en quelque sorte un service entre collègues, qu’elle m’aide à boucler l’affaire du tortionnaire de Sekyung et je voulais être sûre que celui-ci paye pour ses crimes et qui de mieux que la Ministre de la Justice elle-même pour avoir le meilleur dossier possible.
Bon la suite, je ne l’ai pas forcément contrôlé… il se trouve que c’est une très jolie femme, elle avait du caractère, j’aimais particulièrement ça, elle me savait libre également et une chose en amène une autre, nous rentrons dans un jeu de séduction pour savoir qui l’une ou l’autre allait craquer la première, pour ma part je dirais match nul mais elle dira toujours que c’est elle qui a résisté le plus longtemps mais enfin peut-on dire que nous sommes en couple, nous n’avons aucun mot doux, ni la fameuse phrase magique, ni officialiser quoi que ce soit d’ailleurs, certes c’est la seule qui est venue chez moi, la seule que j’ai présenté à Sekyung mais ensuite ça veut rien dire mais je sais je ne peux pas mentir à la Reine, tout le monde connaît son pouvoir, nombreux ont essayé de trouver le subterfuge pour lui mentir mais c’était sans espoir, il fallait juste trouver les bons mots mais je ne voulais pas forcément jouer à ce jeu là aujourd’hui.
- Non vous ne trompez pas ma Reine, je fréquente bien quelqu’un.
Puis pour répondre à sa question précédente, je choisis une réponse légère comme le veut le ton de notre discussion.
- Mais pas besoin de voir quelqu’un pour porter de belles choses sur soi mais j’avoue que ça aide particulièrement de faire plaisir à d’autres que soi-même.
Bon je ne vais rajouter que c’est l’ensemble préféré de Nyx que je porte là, il y a une frontière entre parler de choses à la légère et des détails plus personnels, c’était encore ma Reine en face de moi, il faut garder un certain professionnalisme en quelque sorte. L’aidant à rejoindre le banc salvateur, je fis abstraction de ce regard qui se voulait presque tueur, elle voulait se débrouiller je sais mais je ne vais la laisser traîner la jambe pour atteindre ce banc puis ça ne me dérangeait pas loin de là, c’était la première fois que j’étais aussi près d’elle et je pouvais même sentir la douce odeur de ses parfums mais allez regarde ailleurs Haru, ne t’imagine pas n’importe quoi dans cette situation.
- Mais de rien ma Reine, toujours un plaisir de vous aider.
Dis-je avec un grand sourire, c’était pour la taquiner, je sais qu’elle voulait le faire seule mais un peu d’aide n’a jamais été de refus. Après être revenu avec sa couronne et lui donner un semblant d’éclats, j’observe Allys, les cheveux simplement détachés, non pas qu’on dirait une autre femme mais presque, elle ressemble donc à ça quand elle est avec ses proches, je ne dirais pas une femme comme les autres, ça s’est sûr mais une autre femme tout de même mais je ne pus m’empêcher de rire avec elle sur sa proposition de porter la couronne.
- Vous savez lire dans les pensées maintenant ? Je ne savais pas que vous possédiez pareille faculté.
Peut-être que l’expression de mon visage était telle qu’elle l’a facilement deviné certainement, c’est le rêve de beaucoup d’enfants d’un jour porter une couronne comme celle-ci, enfin cette couronne ne te permets pas que des privilèges mais aussi beaucoup de devoirs et beaucoup l’oublient…
- C’est vrai que j’ai toujours voulu essayer de la porter un jour mais je sais que la porter faut accepter tout le reste avec, j’avoue que j’aime ma vie paisible. Tout le monde ne sait pas ce qu’il se passe derrière les murs du Palais, c’est pour ça que nous les ministres nous sommes pour vous aider, pour essayer de vous faciliter la vie en quelque sorte, c’est la moindre des choses.
M’amusant à le regarder encore un peu, je me redresse et m’approche un peu plus d’elle, peut-être ce que je voulais le plus c’était plutôt lui remettre sur la tête, je trouvais ça plus sensuel sur le coup, plus intime ou juste encore une lubie de ma part, certains auraient pu aussi de l’essayer de la lancer voir comment elle vole mais ce n’était pas un boomerang, enfin du moins pas à ma connaissance.
Tout doucement, j’approche la couronne de sa tête pour lui poser délicatement, faisant attention à la position de ses oreilles, à force de la voir tous les jours avec depuis des années, je sais parfaitement quel angle il faut la mettre et regarde mon chef d’oeuvre avec joie en posant alors mes mains sur mes hanches.
- Ah là c’est bien mieux comme ça, elle a retrouvé sa place !
Ne voulant pas rester debout trop longtemps, je m’assois à ses côtés, ça évitera qu’elle me regarde de cet angle de vue, puis assises de la sorte, on se croirait presque égales.
- Connaissez vous l’histoire de la Reine Lyss, dit la Reine Fantôme ?
C’était dans les années 600, cette femme était fille unique, pas de frère et soeur pour la seconder, rien comme le cas de notre Reine actuelle, elle était l’unique héritière donc obliger de régner après ses parents, elle ne voulait pas et a fait en sorte de le comprendre. Elle ne s’occupait d’aucune affaire du royaume, celui-ci à dépérit, à l’époque il y avait quelques conseillers royaux à ses côtés mais sans grand pouvoir et quand ses parents sont morts, ce fut le chaos, les conseillers ne savaient plus quoi faire, beaucoup prônait limite le coup d’Etat mais les conseillers font face et travaille dans l’ombre pour faire tourner le royaume, avec l’accord de l’époux qui faisait en sorte de temporiser avec sa femme, une loi fut promulguée, les ministres sont créées.
- C’est grâce à elle que j’ai un poste que j’ai actuellement en quelque sorte, tout le monde connaît l’histoire funeste mais mettre toute la pression d’un royaume sur le couple royal, c’était inhumain à mon sens, faire ça des années alors qu’un ministre ça se change, on peut lui donner un mandat d’une dizaine d’années et puis en prendre un autre avec des idées fraîches comme dans mon cas où je remplace Dame Rothbaern, je sais qu’elle était liée à la famille de votre mari mais je ferai toujours tout ce qu’il faut pour aider et j’espère que vous avez confiance en moi comme j’ai confiance en vous.
Bon il manque plus que le feu d’artifice, la musique douce et on aurait presque cru à déclaration d’amour mais je tourne aussitôt la tête.
- Je crois que je me suis encore emballée non, je fais toujours ça, je dis que des choses sérieuses et si on ne m’arrête pas, je continue jusqu’à plus soif, ma fille en fait souvent les frais d’ailleurs
J’avais pris l’habitude de dire que Sekyung était ma fille, car sur le papier certes c’était ma pupille car elle avait plus de seize quand je l’ai trouvé, je ne pouvais pas l’adopter en soit donc c’était le seul moyen d’avoir un lien toutes les deux et surtout la protéger des autres, ma mère en fut folle mais je ferais tout pour cette petite et je n’arrive toujours pas à comprendre comment elle peut rester aussi calme avec la disparition de son fils Aeron.
- Bon sinon changeons de sujet, j’ai cru comprendre que ma vie sentimentale vous intéresse non ?
Je tourne de nouveau la tête dans sa direction, je crois qu’elle avait envie de parler de banalité et quoi mieux que l’amour pour ça non ?
" Donc... pourrais-je pousser le vice plus loin... et en savoir plus ? " Elle n'était pas contre une petite histoire et se ferait même une joie de parler de Grimvor au besoin. Il était l'une des personnes qui la faisait tenir en ce bas monde, elle espérait bien y inclure d'autres personnes. Se forger une place dans son cercle restreint pouvait être délicat, mais jamais elle ne tournerait le dos sauf erreur majeure à une personne ayant eu cette patience. Vu sa position, elle avait appris la méfiance même si Haru lui semblait habiter des meilleurs sentiments. Des petites images flottèrent dans son esprit : ses mimiques, sa gêne et sa faculté de beaucoup parler. Elle était l'une des personnes pour qui Allys peut se prendre d'affection : atypique et altruiste. Elle avait eu à peine le temps de lui parler qu'elle enchaînait de suite en disant que cela faisait du bien de faire plaisir à une autre personne que soi. Allys se mit à sourire en hésitant à dire :
" Je ne crois pas qu'il sera indifférent..."
Elle n'avait pas porté plus d'attention que cela pas plus que lui imposait la situation, mais elle voulait surtout la taquiner. Son sourire se faisait même un peu plus fragile. Elle aurait été bien plus bavarde dans d'autres circonstances. Elle aurait pu aller jusqu'à lui demander si elle l'avait trouvé à son goût, elle se le réservait pour une autre fois. Ce souvenir allait rester dans sa mémoire pour la faire sourire. Si elle était étourdie pour certaines choses sans importance... elle se rappelait de ce genre de détails.
Si une certaine aigreur l'avait animée... elle s'en sentait un peu honteuse. Elle ne sentait rien d'autres que de bonnes intentions. Elle était une personne de valeur, cela se sentait. Un plaisir de l'aider...
" ... Vos mots sont sincères" murmura t-elle doucement.
Elle l'écoutait avec une attention de plus en plus croissante. Allys baissa les yeux quand elle évoqua le fait de lire dans sa tête. Mon dieu, elle ne voudrait jamais avoir pareil don. Son talent lui était devenu indispensable, presque rassurant peut-être qu'il en aurait été de même avec celui-ci. Finalement, tout don n'est néfaste que lorsqu'il est vu comme tel.
" Faites attention.. vu notre proximité, j'ai eu le temps de tout analyser" plaisanta t-elle doucement en redressant légèrement la tête. Le jardin offrait une atmosphère rassurante. Même si elle sentait ses habits mouillés toujours malgré les différentes offensives des rayons du soleil. Ce serait sans doute une question de minutes avant de retrouver un peu de normalité. Haru revenait avec sa couronne, bientôt cet objet retrouverait sa place.
Contrairement à sa propriétaire actuelle, elle semblait toujours scintillante et brillante, enfin bien plus depuis qu'elle avait été nettoyée tout de même. Elle s'inclina doucement quand sa ministre lui mit avec précautions. Elle avait l'impression de revivre son couronnement. Soudain une émotion lui revint en boomrang. Le contexte actuel était très propice à une humeur instable. Elle le gérait d'ailleurs plutôt de façon très correcte. Elle espérait tout du moins, mais elle parvenait à plaisanter... Son couronnement était bien loin d'être aussi plaisant. Elle aurait tellement aimé qu'il soit fait dans une atmosphère de fête. C'était un de ses souhaits. Elle aurait bien souhaité fêter ses dix années de règne mais.. l'occasion ne s'est pas présentée ou plutôt elle ne se l'était pas laissée... Le travail, toujours le travail... Elle sourit à nouveau pour balayer cette humeur rêveuse et mélancolique peu appropriée.
" Ce couronnement était parfait. Doit-on informer les habitants de ce double couronnement ? ... Vous avez une belle analyse du poids de cette couronne.... Il m'a effrayé étant plus jeune... donc je ne saurai qu'attester vos dires. Et vous l'avez mis... parfaitement droite... "
Elle avait vu son hésitation, ses yeux qui cherchaient un centre invisible sur sa tête, ce goût de l'excellence. Ensuite, elle partit à lui raconter une histoire. La reine cligna des yeux puis secoua la tête en étant enchantée d'avoir un nouveau récit. Elle allait lui demander de réaliser des livres pour son compte. Cette idée brûlait en son coeur. Elle aurait pu l'écouter toute une journée sans ressentir le moindre ennui. Il y avait longtemps un barde venait la divertir au début de son règne lorsque les temps étaient bien plus rudes. Elle se souvenait des noms qu'elle évoquaient, mais ils lui semblaient venir de très loin comme le récit d'un monde étranger. Elle oubliait peu à peu ses obligations en se détachant de ce royaume qu'elle chérissait tant. C'était si agréable d'être juste ici posées sur ce banc. Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas ressenti une si grande envie de goûter l'instant, elle se demandait quelle histoire allait lui être servie. Que ce soit funeste ou bien comique, elle serait ici à toutes les écouter. Pour sa part, elle ne se jugeait pas assez bonne ménestrel ou historienne pour se risquer sur une telle pente. Autant laisser ce plaisir à ceux qui maîtrisaient cet art... Tout comme elle.
" Vous avez une fille... un amant... et d'autres belles histoires. C'est bien plus d'un repas qu'il nous faudra par la suite pour tout évoquer" fit elle d'un ton un peu complice comme une confidence, mieux une promesse.
Je ne peux que contenir ma gêne quand elle parle tout d’un coup de proximité et d’analyse, je sais que c’est une plaisanterie de sa part mais je me dis que si c’était vrai, qu’elle peut en plus de détecter la moindre parole suspecte, elle pouvait déceler ce que je ne dis pas ? Puis j’ai surtout qu’elle n'interprète mal mes intentions, il manquerait plus qu’une rumeur comme quoi je drague ouvertement la Reine sorte et ma carrière est totalement fichue, tout comme ma vie… je me vois déjà le Roi m’exiler à l’autre bout du monde pour avoir oser pareil affront !
- Je vais m’éloigner un peu alors, ça sera mieux pour moi alors !
Je fis mine de m’éloigner mais mon assise était restée la même, un semblant de mouvement d’épaules pour la forme, elle pouvait m’analyser, je ne crois pas que j’avais quelque chose à cacher au fond, juste les tracas quotidiens d’une femme on pourra dire.
Une fois la couronne enfin sur sa tête, je retrouve alors la splendeur de notre chère Reine, du moins j’avais en face de moi la Reine et non la femme Allys, comme quand un militaire enfile son uniforme, elle doit certainement éprouver cette sensation elle aussi sauf qu’elle était la plus gradée du Royaume, moi je n’avais qu’une petite épingle sur ma veste mais elle restait peu visible, on m’identifiait surtout par ma tête et encore tout le monde ne connaît pas mon visage en dehors du Palais ce qui était relativement agréable dans les rues.
- Un double couronnement ? Ca me rappelle l’histoire de la Reine Aurélia qui a montré qu’elle était légitime du trône et à fermer le clapet à tous ses détracteurs en affrontant elle-même son ennemi qui depuis plus personne l'embêtait mais si je commence à parler de cette histoire, j’en ai pour des heures !
Enfin lui dire que depuis toute petite, Aurélia savait qu’elle deviendrait la Reine du royaume mais elle ne voulait pas de tout ça, elle voulait appartenir à la Garde, elle s’entraînait en cachette avec un certain noble, Arold Castalion qui lui aussi faisait tout pour ne pas à avoir la charge de son héritage, il voulait lui aussi céder son titre de noblesse pour rejoindre la Garde avec Aurélia mais personne ne voulait donner des cours à la princesse et lui par son éducation pouvait en disposer, alors tous les matins à l’aube, ils se donnaient rendez-vous dans le jardin pour apprendre à la princesse à se battre. Aurélia n’était pas une princesse comme les autres, sa longue chevelure rouge lui donnait un air féroce, elle n’avait pas le comportement d’une princesse loin de là, tout le monde disait que c’était un garçon manqué mais ses parents faisaient tout pour lui apprendre les manières de son rang mais c’était peine perdu, elle voulait obtenir ce qu’elle voulait, à savoir être soldat et Arold l’aidait pour cela, elle était plus qu’heureuse que ce garçon l’aide dans son rêve et que lui aussi la retrouve à la garde. Ils avaient déjà imaginé travailler ensemble et partir en mission tous les deux sous l’étendard de la couronne qu’elle laisserait à son frère. Mais la mort prématurée change la donne, sa mère meurt limite de chagrin et la voilà Reine à ses vingt ans, elle ne voulait pas et son frère était trop jeune. Le peuple voit alors la possibilité de mettre fin au règne de sa famille et un mouvement se créer pour la destituer mais en vain. Aurélia proposa alors un marché avec cet homme, si il arrive à la battre, elle cédait sa place, celui-ci vit une chance de pouvoir prendre le pouvoir mais avec Arold a ses côtés, elle triompha à la loyale, elle gagne alors contre cet homme infâme mais aussi le cœur de son peuple qui lui demande de rester au pouvoir. Elle finit alors par accepter et se rends compte que protéger le royaume depuis son trône est tout aussi important que de se battre à l’épée. Arold décida de donner alors son cœur et son épée pour sa reine pour accomplir alors leur rêve, à savoir protéger le royaume…Certes c’est une jolie histoire mais je voulais éviter de parler de complot avec elle car si la disparition du prince Aëron était un moyen de briser la hiérarchie actuelle et si la suivante était Athéas, rien d’y penser, j’en frissonne…
Passant la main derrière ma nuque, je souris à son compliment pour le positionnement de sa couronne.
- Oh pour votre couronne, à force de la voir sur votre tête, je sais à peu près comment elle se met puis vous faites régulièrement la même coiffure qui doit certainement vous aider à mieux la porter.
Allez vas-y montre lui que tu l’a reluqué pendant que tu y es, vas-y perds des points avec elle mais bon elle était charmante notre Reine et on avait à peu près notre âge, plus jeune je me voyais bien avec une princesse comme elle mais elle préférait les troubadours comme le garde Grimvor à l’époque.
Taquine, je voulais la prendre à son propre jeu au sujet des repas. Tournant un peu la tête dans sa direction, affichant un grand sourire sans pour autant montrer mes dents.
- Mais je croyais que nous devions aussi aller en ville pour faire des emplettes ainsi que plusieurs repas, vous allez regretter votre choix à force de m’entendre vous savez !
Louise, mon intendante a beaucoup souffert de cela quand je rentrais de ma journée de travail au Palais quand j’étais encore que conseillère, j’avais besoin d’évacuer et de parler de mes recherches aux archives alors on avait pris l’habitude de s’assoir autour d’un thé et je lui raconte mes découvertes, je pense que maintenant elle doit connaître toute l’histoire du Royaume et vu que ma mémoire ne me joue jamais des tours, j’ai maintenant une bonne connaissance général du fonctionnement de notre monarchie.
Prenant une voix plus sérieuse, je préférais être honnête sur un autre point de ma vie, peut-être que je n’aimais pas lui mentir par peur ou préférant être honnête avec elle, je n’avais pas encore déterminé mon choix.
- Puis pour être exacte oui j’ai une fille mais plutôt une amante
Je voulais rajouter une petite pointe d’humour à ma remarque.
- Donc votre cher mari ne risque rien avec moi, même si il est très charmant mais je crois que je préfère vivre avec une femme pour ma part à défaut d’avoir essayer plusieurs prétendants !
Peut-être c’était une manière de contrarier Mère au plus haut point mais j’ai réellement essayé d’être avec des hommes mais ça ne collait jamais mise à part dans l’intimité et ce n’était pas ce que je recherchais dans une relation.
- D’ailleurs si je peux me permettre je peux vous poser une question qui ne concerne pas la Reine mais vous Allys ?
Attendant son accord et j’espère qu’elle est un peu joueuse, ça nous permettra de connaître un peu plus la femme qui se cache derrière.
- Vous avez vu que j’adorais les histoires qui se cachent derrière nos dirigeants, je trouve admirable celle de la Reine Aurélia et je m’en demandais, pourquoi avoir choisi Grimvor, un garde ?
Les parents essayaient toujours de refiler leur progéniture à d’autres nobles mais sur ce coup, c’était bien différent !
" Et si je m'essayais de la restituer....? Il me semble qu'il s'agissait d'une reine qui a voulu être soldat. Et que.. elle a fini par se résoudre pour son peuple à monter sur le trône... Je crois me rappeler qu'elle avait un amant parmi le corps d'armée."
Son résumé ne faisait pas le poids sans doute face à la mémoire pointilleuse de sa chère ministre. Elle rougit légèrement en se souvenant de ses cours d'histoire. Elle ne retenait très souvent que l'essentiel. La magie des histoires anciennes résidait pourtant dans ces minuscules détails plein de sens. Elle enviait presque la connaissance quasiment encyclopédique d'Haru. Progressivement dans son regard s'allumait de plus en plus cette lueur de respect et d'admiration. Haru semblait se mettre à son aise près d'elle, elle en était satisfaite. Elles allaient être amenées à construire de grandes choses. Haru manifestait déjà même un certain talent pour l'observation.
" Vous observez beaucoup votre reine. Je fais en général la même coiffure, comme une sorte d'habitude qui a la vie dure, vous voyez. Par moments, je cherche les changements... j'aime varier les vêtements en fonction de mes humeurs".
Elle était partie pour une journée ordinaire sans rien d'autre que l'envie de profiter. Elle aurait bien remercié cent fois pour ces moments d'innocence. Cette histoire la plongeait dans des choses plus simples, plus terre à terre sans doute. Elle s'était amusée à souligner ce souci d'observation qu'elle avait pour elle, elle se savait très regardée, très observée.
" Tout à l'heure, vous n'avez pas dû reconnaître ma coiffure et même ici... Je suis bien contente qu'il n'y ait pas de miroir" souligna t-elle en balançant doucement sa jambe droite. Elle prenait de bonnes bouffées d'air en profitant de chaque seconde avec la naïveté d'un oiseau sorti d'une cage. Elle prenait ce temps si précieux à découvrir une personne d'exception. Haru avait attisé la curiosité de la reine en parlant de sa fille. Bien déterminée à en savoir plus, elle était même partie pour les inviter, ce à quoi Haru lui répondit qu'elle ne savait pas à quoi elle s'exposait.
"... Je peux vous le dire avec cette certitude, jamais je ne regretterai votre compagnie... "
Allys fronça un peu les sourcils sans trop comprendre sa remarque. Comment sa fille pouvait être son amante ? Elel se mit à rire un peu doucement en disant simplement :
" Votre histoire n'a pas l'air aisé à suivre, si je puis me permettre... Une fille ... une amante ? "
Par la suite, leurs échanges ne firent que devenir plus légers. Elles étaient comme deux camarades discutant de l'air du temps et de leurs vies distinctes. Haru en arriva à blaguer sur l'idée qu'elle n'avait pas à s'en faire sur Grimvor. Allys prit faussement son air le plus ferme et le plus sévère qu'elle réservait pour ses jours de mauvaises humeurs ou quand elle devait prendre de l'ascendance sur une situation.
" Madame Du Lys, de tels propos sont-ils appropriés dans cette circonstance ? " trancha t-elle d'un ton parfaitement sec avant de changer comme un caméléon de ton les mains sur les hanches " Il ne manquerait plus que vous ayez des ides comme cela. " Le ton ferme était devenu un ton plus taquin. Sa capacité à prendre sur elle faisait qu'elle était bien adaptée à son rôle. Bien entendu, elle avait ses limites : il suffisait qu'elle se sente trop impliquée pour avoir plus difficultés. Haru avait compris son fonctionnement. La meilleure façon d'atteindre la femme derrière la reine était de jouer cette complicité qu'elle pouvait accorder à des personnes triées sur le volet.
" Vous savez ... à 15 ans de nombreux prétendants ont vu une occasion d'accéder au trône. Aucun ne prenait vraiment le temps, ils avaient peur de perdre leur tour... des faveurs ou je ne sais trop exactement. Mon don s'est emballé durant cette période. Je ne voulais plus fréquenter la noblesse, je l'aurais bien fui. Bien entendu vu mon rang je ne pouvais éternellement la fuire, je ne devais pas non plus donner cette impression ! J'ai joué un rôle de princesse.. juste un rôle. C'était ce que l'on attendait de moi, mais aussi ce que je pouvais offrir sans trop.. pâtir de mon don disons. J'avais besoin d'un homme différent... qui verrait autre chose qu'une princesse.... qui ne serait pas comme tous ceux que j'avais vu... J'avais une espèce de lassitude sans doute... et là il est arrivé. Il représentait tout ce que j'aimais... "
Plus elle parlait, plus son regard devenait profondément ancré dans une indéfectible tendresse. Elle pouvait exprimer ses voeux encore et encore. Elle était folle de lui comme la lune suivait le soleil, comme la nuit le jour. Elle avait l'impression qu'il était la face qu'elle ne pourrait pas être, une sorte de moitié qui la complétait pleinement.
" Il est tout ce que je ne suis pas et en même temps je me retrouve beaucoup lui. Vous pouvez appeler cela un coup de foudre ou un coup du sort, mais à mes yeux il est bien plus noble que tous ceux que j'ai pu croiser. "
Tant de mots pouvaient le résumer, mais celui qui lui paraissait le mieux coller était celui-ci : noble. Il était noble de coeur : un esprit taquin, aventurier, tendre... Sa tête ne s'était pas détournée de Haru, mais elle n'était clairement plus présente. Elle venait d'invoquer le sujet qu'elle était le plus fier d'aborder. C'était une histoire dont elle pouvait narrer chaque détail, juste dans l'espoir de la vivre à nouveau.
" Vous voyez la seule histoire que je peux raconter dans ses détails... est celle des personnes que j'aime. Je ferai une bien piètre archiviste, même si j'affectionne cette pièce. "
Allys y avait passé tellement de temps à lire et à relire les histoires. Elle se souvenait notamment de ce cousin il y a deux cents ans qui s'était mis en tête d'établir l'élevage de chevaux le plus impressionnant possible. Il avait donné la parade la plus impressionnante que le royaume ait connu. Les histoires faisaient voyager, rêver ou bien elles venaient en bonnes conseillères éclairer de bonnes idées. L'heure n'était pas à la fête, mais la reine avait toujours mis un point d'honneur à une conservation optimale de chaque récit ancien.
" Pourrais-je vous demander une faveur en tant que reine...? "
Son regard se plongea à nouveau dans ses yeux, elle était plus sérieuse que jamais.
"Après cette journée, il y a quelque chose que je risque de faire... sans m'en rendre compte. Autant vous inclure au mieux, lors des sorties comme celle-ci.. oubliez mon titre... après tout si nous allons en ville, autant nous fondre un peu." Elle marqua un temps d'arrêt avec un ton cérémonial, puis tendit la main vers elle " Si vous m'appellez Alyss... ce serait un réel plaisir... "
Peut-être je la mettais mal à l’aise à étaler mon savoir ainsi, j’avoue que je m’étais laissée emporter sur certains points, j’étais férue d’Histoire que ce soit les officielles, les faits d’armes et tout ça mais le reste aussi, c’était les anecdotes qui me plaisaient le plus, celles qu’on apprenait dans les journaux intimes et autres petits papiers, j’ai eu la chance d’avoir accès à tous ses documents et m’amuse encore à en trouver d’autres pour ensuite les recopier dans mes notes. Avoir pour une fois une spectatrice qui semblait plus qu'intéressé surtout c’était ses aïeux et j’avoue que j’ai retenu surtout les histoires des Reines car ce qui est bien avec la Dynastie Renmyrth, ce n’est pas le premier héritier mâle qui remporte le trône mais le premier né tout court, c’est pour cela que des femmes ont pris du pouvoir, le roi consort n’avait pas forcément leur mot à dire, selon la conjointe, elle laissait plus ou moins du pouvoir à son époux. Ce que je peux voir, la Reine Allys laissait pas de mal de choses à Grimvor, ils régnaient en couple finalement, peut-être chacun plus sa partie, il est vrai que c’est un ancien garde donc les décisions militaires ça le connaît mieux mais moi ce qui me fait rire, c’est imaginé ce bon vieux Grimvor, le petit bleu qui devient alors le chef de tous ses gradés qui devaient certainement lui mettre la misère, une belle revanche de la vie même si il n’était pas comme ça, il s’en fichait à vrai dire, il faisait sa vie et aimait sa famille.
- Oui elle avait un amant, on dirait un peu votre histoire, vous ne prenez pas des cours avec un maître d’armes ces derniers jours tout de même !
Je disais ça sur le ton de la plaisanterie, je n’avais pas connaissances ses habits et je ne la vois pas du tout avec une épée mais peut-être qu’elle savait se défendre. C’est comme moi, plus jeune ou je prenais mon nom “ d’aventurière “ Haru Kimura, je partais en mission avec la Guilde pour aller dans divers sanctuaires ou autres temples, personne à l’époque que c’était une Du Lys derrière ce nom, j’ai connu un peu le terrain mais c’était terriblement effrayant et mise à part lancer quelques haches et me servir un peu de mon épée légère, je n’avais pas l’âme de combattante, non j’avais tiré le trait sur ça et préfère me consacrer aux bouquins, moins dangereux sauf se couper le doigt avec une page ou pire encore, faire tomber le vieux grimoire sur le pied, le petit doigt pied même !
- Les habitudes… c’est quelque chose de rassurant non, si on ne les chamboules pas, ça veut dire que tout va bien non ? La seule chose qu’on maîtrise mais si je comprends bien, si vous êtes habillés en rouge, je dois faire attention, vous êtes de mauvaise humeur c’est ça ?!
Ca serait tellement amusant de voir pareils comportements, si je vois telle ou telle robe, je devrais fuir mais la garde robe de la dirigeante n’était pas ainsi, toujours des tenues qui allaient parfaitement à son rang, d’ailleurs je me demande si elle a des tenues de type aventurier, la voir en pantalon, ça serait un miracle et une coiffure banale, personne ne la reconnaîtrait, une idée à retenir pour plus tard !
- J’avoue, oui je vous observe mais je crois que tout le monde le fait, chacun se soucie de vous, peut-être plus pour la plupart de bien se faire voir, d’autres pour votre personne, à vous de voir dans quelle catégorie vous me mettez, je vous laisse choisir.
Je commençais à sentir les rayons chauds sur ma peau, mon tissu perdait en transparence à mon plus soulagement et par défaut celui de la Reine rapidement pour voir qu’elle aussi, ses dessous disparaissaient tout doucement. En temps normal, je dirais que c’est bien dommage mais je ne peux avoir tel comportement face à Allys, ce n’est pas possible, Mère m’enterre vivante sur le champs si je fais pareil affront.
La brune prends maintenant ses aises, s’amusant avec ses jambes, je souris intérieurement de voir cette âme un peu “ d’enfant “ chez celle-ci, elle avait besoin de souffler et quand elle me dit que j’étais de bonne compagnie, je bombais mentalement le torse pour le compliment puis se mise à rire sur l’histoire de fille et amante. Je ne comprends pas tout de suite quand je repasse en boucle la phrase que je viens de dire tout haut et devient aussitôt rouge, non je n’ai pas fait ça, je ne viens pas de dire que ma fille est mon amante. Reculant limite en faisant un bond sur le banc, je lève les mains pour lui montrer mon embarras.
- oh non non non, je me suis mal exprimée mais non je n’ai aucune relation avec ma fille, vous vous trompez ! Même si ce n’est pas ma fille de sang, j’ai juste un lien administratif avec elle, un contrat moral, elle n’est pas mon amante ! Par Lucy, non !
J’essaye de me calmer comme je le pouvais, est-ce qu’elle a vu que Sekyung m’avait fait des avances en quelque sorte, par jalousie envers Nyx, elle m’a dit qu’elle pouvait faire ce qu’elle me faisait pour qu’elle me rende heureuse à son tour puis pour montrer ce qu’elle parlait, elle m’avait embrassé la commissure des lèvres, je ne me rappelle pas d’avoir menti quelque part mais mon amante c’était bien Nyx ! Non je me fais des films là !
- Non ce que je voulais dire, Sekyung est ma pupille et mon amante une autre femme de mon âge !
Mais je vois que la Reine me taquinait peut-être ou avait pris ma phrase comme telle mais j’espère que la situation était réglée maintenant, je ne veux pas qu’elle pense que je pratique ce genre de chose non plus, j’étais limite deux fois plus âgée qu’elle donc NON !
On part alors en discussion sur Grimvor, beaucoup de gens connaissent le caractère du Roi, un homme bon, aimant et accessible par tous, je ne l’avais pas eu l'occasion de lui parler mais un jour, je prendrais mon courage à deux mains et irait le voir à l’hippodrome les dimanches, il lui arrivait d’être sans sa famille. Mais la boutade sur le Roi n’a pas eu l’effet escompté quand je vois qu’elle me fait les gros yeux, je panique intérieurement, baissant les épaules, c’est bon, j’ai le droit à l’exil maintenant mais elle ne tient pas le rôle longtemps et mon visage reprends une teinte normale.
- Vous m’avez fait peur vous savez ! Mais non, jamais je ne m’amuserai jamais à faire chose pareille puis on m’a toujours appris qu’on n’embête pas les couples mariés.
Les histoires de coeur, infidélité et j’en pense, je préfère rester seule que d’avoir à affronter ça, c’est pour ça que choisir la Ministre de la Justice Nyx Anger était la bonne solution, on ne se prenait pas la tête, voir même pas du tout, une relation entre adultes consentantes.
Puis on dérive sur sa relation avec Grimvor, ce soldat qui a fait chavirer le coeur de notre Reine, il voulait la femme qui était derrière ce masque de Princesse, c’était tout à son honneur et personne ne pourra contredire cet amour sincère entre les deux.
- Quand on est passionnée, c’est facile de raconter une histoire. C’est votre propre histoire que vous venez d'énoncer, pas celles de vos aïeux qu’on a du vous rabâcher, il suffit de choisir un sujet intéressant. L’amour est toujours passionnant alors que le Roi qui a battu quatre kerberus alpha, ça ne concerne que les gros bras mais pas vous et si vous voulez, je pourrai vous en raconter d’autres sur vos ancêtres, j’en connais des sympathiques si vous le souhaitez.
Me tournant un peu plus vers elle, penchant un peu la tête je ne voyais plus la Reine en face de moi mais une femme noble qui avait des doutes mais aussi une femme forte.
- Puis noble, ça ne veut rien dire, beaucoup l’ont de naissances, née avec une cuillère en argent, traitant les autres de moins que rien, j’en connais pas mal, je dois les cotoyer pour le travail mais tant que certains seront éduqués de la sorte, rien ne changera. Je suis née avec une cuillère en argent mais je fais en sorte d’aider comme je le peux, oui peut-être je devrais dilapider ma fortune pour montrer mon engagement mais ce n’est pas une solution, je préfère aider à ma manière. J’ai pris Sekyung comme ma pupille, aider une femme à retrouver sa famille, donner des moyens à enchanteresse, des coups de pouces que je peux me permettre comme donner du travail à des personnes qui le méritent, je préfère ça dans l’ombre qu’une grande cérémonie publique enfin je m’égare encore non ?
Reprenans mon souffle, je continue encore un petit peu.
- Tout ça pour dire que votre histoire était parfaite et choisir la personne avait qui on veut partager la vie est essentielle, ma Mère essaye toujours de me caser avec des nobles pour leur bien-être de leur affaire, vous, vous avez choisi l’amour et j’espère que votre fille trouvera son prince charmant elle aussi, faut mettre fin à ses mariages arrangés à mon goût mais là encore c’est un autre sujet...
Je passe mon temps à m’égarer mais la Reine capture mon regard, comme si elle voulait me demander quelque chose et je m’arrête de parler pour l’écouter avec attention.
- Oui je vous écoute.
Je ne comprends pas tout de suite mais quand je colle tous les morceaux, je m’en rends compte que je viens de gagner drôlement plein de points avec la Reine même si ce n’était pas une compétition mais je m’en rends compte que d’être sincère fonctionne et même si je ne penserais pas qu’un jour, je puisse être proche de la Reine, je suis plus émue que je le pensais. Certes sur mon visage, on ne voyait pas le feu d’artifice qui se passait dans ma tête mais peut-être les yeux brillants et heureux.
Mais je n’ai jamais été formé pour faire pareille chose, là tout de suite dire Allys, ça va m’écorcher la langue, jamais je penserai dire au Roi “ Hey salut mon vieux Grimou ! “ alors la Reine, je vais faire comment ?
- Bien sûr Allys, ça sera un plaisir pour moi aussi.
Quoi, quoi, mon coeur a décidé de réfléchir à ma place quand mes mots sortent tout seul par magie, traite…
- Appelez moi alors Haru si vous le souhaitez, ça sera notre petit secret alors .
Dis-je avec un petit clin d’oeil mais intérieurement je tremblais un peu, je n’avais pas l’habitude de cette situation je ne m’étais pas préparé à ça mais finalement ce n’était pas terrible que ça et je pourrai en prendre goût quand j’entendis le bruit des cloches.
- Je crois que le devoir nous appelle malheureusement...
Soufflant discrètement, j’aurai préféré continuer ces conversations mais toutes les bonnes choses avaient une fin...
" Quand j'étais adolescente, j'ai pris des cours. Plus pour me défendre, mais j'avoue avec le temps passé... j'ai dû oublier bien des coups. De votre côté, Madame Du Lys avez-vous eu une éducation tournée vers le militaire ? "
Sachant qu'elle adorait le rouge et le bleu, elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire. Elle serait dans ce cas toujours en colère.
" Vous n'imaginez pas les jours de colère que j'enchaîne, c'est si épuisant" plaisanta t-elle.
Elle essayait tant bien que mal que sa fatigue ne se détecte pas, pour le coup ce serait un vrai signe de faiblesse. Sa cheville allait être soignée rapidement, elle s'en faisait le serment. La reine ne tenait pas avoir une démarche qui laisse deviner un manque de grâce. Comme elles étaient assises, la question ne se posait pas, mais elle allait se poser dès qu'elle poserait le pied au sol. Elle n'allait certainement pas parler de la présence de sa ministre. Elle aurait voulu se rendre au jardin, aurait eu la tête en l'air et aurait glissé. Elle appréciait les réponses de sa ministre si dévouée à sa tâche, même si elle n'avait pas bien saisi quand elle avait évoqué cette fille amante... Comme elles parlaient depuis un moment déjà, sa ministre était sans doute fatiguée.
" Je crois que je vous absorbe depuis un moment déjà, j'espère ne pas vous avoir trop retenue. Vous devez être bien fatiguée... Quel âge a votre pupille ? "
Elle était bien satisfaite de pouvoir plaisanter ou même échanger posément avec une personne sans qu'elle essaye sans cesse de la flatter. Haru l'avait complimenté, mais ne l'avait jamais fait à mauvais escient. Elle avait même bien cerné que la reine aimait redécouvrir ces vieux récits en sa compagnie. Sa ministre avait été autrefois ministre de la Culture, elle était la plus à même de maîtriser toutes les interactions du royaume. Le royaume serait en bonne main. Même ses valeurs semblaient ne pas avoir de faille, elle venait de lui donner une belle description des écueils de la noblesse.
" A cette noblesse, je préfère la noblesse de coeur. Elle est bien plus fiable et ne s'arrête pas à n acte de naissance. Ce que vous décrivez est un constat amer que j'ai pu également constater. L'argent peut conduire parfois à des relations, mais sont-elles pour autant si importantes que cela.. Je l'ignore c'est parfois surtout le hasard et la valeur des personnes qui fondent les meilleures alliances. "
La reine s'était remise droite comme si le fait d'évoquer ce point de vue sur la société la faisait revenir dans son rôle. Elle hochait de temps à autre la tête en trouvant le côté bavard d'Haru vraiment très plaisant. Elle ne s’ennuyait pas le moins du monde.
" Oui ma fille n'a pas encore trouvé la personne pouvant lui apporter tout ce bonheur que je lui souhaite. Vous savez, je me dis que vous auriez bien des livres à écrire si vous vous lanciez".
Haru avait l'air d'avoir autant d'histoires à raconter que de nuages dans le ciel. C'était rassurant, elle saurait apporter le répondant face à des demandes diverses ; elle avait pour appui ces histoires d'antan ainsi que toutes ses connaissances.
" C'est entendu Haru, je pense que ce sera une bonne chose pour nos futurs échanges. Je ne veux pas que vous ayez des réticences à venir trouver... Plus que tout en ces heures plutôt douloureuses, j'ai besoin d'un bras droit présent à mes côtés tel que vous."
Les cloches vinrent tinter comme pour marquer cette promesse par leurs tonalités graves et officielles. Ces clins d'yeux et ces plaisanteries resteraient dans sa mémoire, à présent il lui fallait regagner ses obligations. Flâner ne pouvait pas être éternel, voilà bien deux bonnes heures qu'elles étaient dans ce parc....
" Pouvez-vous Haru m'aider à regagner le château?... Discrètement" sourit elle en lui faisant comprendre qu'elle essayait de garder la face. " Si je n'avais pas été aussi maladroite, nous ne serons pas dans cette situation. Je crois en plus que nous sommes sèches, ce n'est pas une mauvaise chose."
- Ma Mère a tout fait pour que sa progéniture brille dans la société et les Du Lys, c’est par les affaires, la politique et comme elle le dit “ tu embaucheras un sous-fifre pour te défendre “
Cette dernière phrase voulait tout dire, Mère ne ferait rien qui pourrait ternir cette belle réputation qu’elle essaye de construire des belles années, son âme de Milan est bien ancrée en elle, même si les Du Lys nous ne sommes pas mieux, j’ai qu’à le voir avec ma tante, une vraie rapiat elle aussi sur l’entreprise familiale avec son frère qui n’est d’autre que mon père, je vivais tout simplement dans un monde de requins et ça en devenait exaspérant…
Je ne peux retenir ensuite un rire discret au sujet de ses tenues, quand j’y pense, elle est souvent en bleu ou rouge, donc je compris alors aussitôt sa phrase sur ses enchaînements.
- Bon retenons alors le rose fluo pour les jours de colère !
Je ne me rappelle pas l’avoir vu porter une seule fois du rose fluo, peut-être un rose pâle discret mais une couleur si visible non je ne pense pas mais ça serait comique qu’un jour qu’elle vienne avec un accessoire de cette couleur pour me taquine.
- Sekyung a dix-sept ans, presque l’âge ingrat puis sans le vouloir, de mémoire elle a le même âge que votre fille du coup ! Ah oui aussi, je crois que nous avons qu’un an d’écart également, on pourrait presque croire au destin tiens.
Heureux hasard mais en y pensant, ça fait quelques mois que j’ai une “ fille “ et je me sens pas forcément prête, elle a eu Aeron jeune, comment elle a fait avec à peine la vingtaine, d’être déjà mère ? Ca doit être un don quand tu as l’instinct maternel que je n’avais certainement pas à l’époque, je préférais découvrir le monde à ma façon et surtout je n’avais personne pour partager ma vie ce qui était un élément important pour fonder une famille…
Enfin quand on voit la tête de ma famille, ces nobles qui prennent tout le monde de haut comme bien d’autres familles d’Aryon, je me dis que je ferais tout pour que les miens ne deviennent pas comme ça puis je constate que la Reine pense pareil mais elle, c’était un tout autre monde mais elle ressent de tout de même cette fracture que certains veulent faire contre la “ plèbe “. Allys se redressa comme si elle allait prononcer un discours important à ses sujets, m’expliquant alors sa vision de sa noblesse, j’applaudissais intérieurement, si la Reine pensait comme ça, peut-être ça changerait dans les années prochaines qui sait…
- Moi écrire des livres, je pourrai écrire des rapports et j’en passe mais les romancer c’est tout autre puis pour tout vous dire, je vais même vous dire un secret !
Je crois que je n’ai parlé à personne de ma relation avec Nyx, déjà je ne savais pas vraiment si on pouvait s’appeler couple même si ça si méprends mais dire que pour une fois, j’essaye de me ranger et voit comment notre entente peut évoluer, je fus plus que surprise d’apprendre que c’était la romancière de mes livres préférés, bon certes j’ai beaucoup lu ses livres de romances plus qu’osées mais elle faisait plein d’autres livres tout aussi intéressant. Baissant un peu la voix pour rentrer dans cette atmosphère de secret.
- Peut-être je ne suis pas une romancière mais je suis une grande fan de livres, ma bibliothèque est remplie, heureusement que j’ai encore plein de pièces de disponible dans ma demeure, il y a une auteure que j’aime particulièrement, elle fait divers livres, romance, policier et j’en passe, même pour déjouer ses fans, elle utilise un nom de plume puis sans le vouloir, je me suis retrouvée à boire un café avec elle un jour puis maintenant nous vivons quelque chose ensemble, je trouve notre histoire marrante, sortir avec son auteure préférée, il fallait le faire, vous ne trouvez pas ?
On dirait un récit digne d’un livre à l’eau de rose, moi j’aimais tout particulièrement cet hasard, à force de lire ses bouquins, on se fait une image de l’auteur puis la première fois que j’ai vu Nyx au travail en tant que Ministre de la Justice, c’était une toute autre femme mais dans l’intimité, j’ai enfin pu reconnaître la Lyn Regan que j’appréciais tant et je crois que c’était ça qui nous permettait de vivre de quelque chose de différent toutes les deux.
Les cloches mettent fin à notre conversation, c’était pourtant une si belle journée mais le travail avant tout, chacune on a des obligations et se la couler douce au soleil sur ce banc va devenir suspect mais souffler un peu était primordiale dans cette période si sombre pour la Régente.
- Vous m’avez choisi pour ça non ? Être votre bras droit, toujours être là pour vous, être de bons conseils, vous rassurez dans vos choix, vous aiguillez pour certains et surtout que votre règne soit le plus paisible ainsi, vos aïeux seront fiers de vous, de plus il faut donner un avenir à vos enfants non ?
En tout cas, c’était le serment que je m’étais fait à moi-même, être la meilleure première ministre pour elle et que personne n’ose l’embêter pour quoi que ce soit. Je me lève, montrant mon bras à ma Reine.
- Je crois que ce n’est pas interdit d’avoir une discussion entre femmes en se tenant le bras, c’est même une obligation de la Cour de donner le bras à une femme non, enfin c’est ce qu’on m’a toujours appris.
Bon j’ai oublié le détail que c’était un bon jeune homme noble qui le faisait mais on fera une exception cette fois-ci.
- Puis à cette heure-ci, il suffit d’utiliser les couloirs que personne ne souhaite emprunter, donc tout ce qui mène pas à la cuisine ou grand hall sera déjà un bon début.
L’observant se lever avec la grâce d’une Reine, je positionne mon avant-bras près de mon buste, le coude décalé, elle pouvait s’appuyer sur mon avant-bras pour tout simplement passer son bras dans le mien, elle pouvait choisir pendant que je menais la danse pour rejoindre ses appartements privés en toute discrétion...
" Votre famille a toujours su se positionner en société, vous avez toujours eu une certaine place dans la vie du royaume. "
Haru avait une certaine conception de la beauté, Allys se massait le menton d'un air faussement songeur. Elle allait avoir une tenue marquante ainsi, elle pouvait même rajouter des petites paillettes et des dentelles et l'effet serait bluffant. Après un sourire énigmatique pour ce lointain projet, elle hocha la tête d'un air plus qu'entendu. Dans sa tête, elle savait ce qu'elle demanderait au couturier ... pour sa ministre, juste pour la taquiner. Après tout elle semblait aimer le bon goût vestimentaire et avait des idées innovantes. Elle ne voyait pas ce qui empêcherait de les suivre. L'idée du destin la fit sourire, elle se demandait quel était le tempérament de cette pupille.
" Vous croyez que nos filles s'entendraient ?" demanda t-elle par simple curiosité.
Haru n'avait pas en tête d'écrire des romans, c'était bien dommage. Allys en aurait bien lu et plus d'une fois. Elle imaginait déjà le titre " Balade dans les contrés d'Aryon et d'ailleurs" ou quelque chose comme ça... Enfin c'était sans doute beaucoup demander vu la masse de travail qu'elle allait avoir. Comme elle allait lui révéler un secret, elle se mit à hauteur de son visage pour que le secret glisse vers elle, qu'elle soit la seule auditrice. Elle attendait chaque détail, elle sentait que la chute allait faire plaisir à son âme d'amoureuse. Elle la trouva vraiment à son goût, plissa les yeux pour lui faire un sourire adorable. Elle était vraiment heureuse que sa rencontre se soit déroulée ainsi.
" Votre histoire est délicieuse, c'est peut-être même grâce à elle que vous êtes devenue aussi bonne conteuse. "
Sa première ministre finit par donner une fin de discours dignes des meilleurs après midi. Elle aurait pu rallier beaucoup de gens à sa cause, rien qu'en parlant. Il fallait juste que les gens sachent l'écouter jusqu'à la fin, pour la reine elle ne comprenait pas comment il pourrait en être autrement. Elle savait captiver.
" Bien entendu, je m'emploierai toujours à cette fin. "
La reine eut comme un petit air malicieux. Elle n'avait pas entendu pareille loi sur deux femmes se soutenant ainsi. D'autre part vu son rang, c'était la famille royale principalement qui pouvait se tenir ainsi auprès d'elle. Il y avait tellement de lois pour se maintenir en bonne société, mais forte heureusement elle n'était pas en tenue officielle, donc pas officiellement en fonction. Ce raccourci était bien facile, mais il la satisfaisait complètement.
" Bien mon cher, raccompagnez moi dans ce cas dans mes appartements, je vous prie." fit elle d'un petit ton péremptoire bien pompeux. Elle prit son bras comme elle lui proposait et suivit son idée. "Effectivement, c'est une très bonne idée, vous ne savez pas combien de fois j'ai cherché à rentrer le plus discrètement possible... Je vous remercie encore pour ces moments où... nous avons pu... nous mettre presque à nues si j'ose dire" murmura t-elle en lui faisant un clin d'oeil. Ce moment resterait le plus gênant, mais aussi le plus drôle de cette entrevue.
- Votre fille est connue pour être une petite farceuse non enfin dans le sens à toujours se promener un peu partout faisant tourner en bourrique son garde personnel si je me souviens bien non ?
Je la regarde amusée, beaucoup ont déjà Athéas mettre la misère à ses parents pour divers caprices les surprenants les uns que les autres, comme son esprit aventurier à toujours partir en cachette comme sa fascination pour un certain dragon d’un fils d’un gouverneur. Mais cette petite était adorable, elle se savait princesse mais elle ne voulait pas être que ça, elle voulait elle aussi profiter de la vie mais des fois elle en oublie les dangers à l’extérieur mais je sais que le Garde Moorhell la surveille bien.
- On va dire que Sekyung a eu une enfance très difficile et à encore du mal avec les rapports humains. Même si elles ont le même âge, elle a vécu tellement de choses dans sa vie qu’elle peut être considéré comme une adulte sur certains, elle n’a connu aucune enfance. C’est comme si depuis que je l’ai recueilli, je l’ai fait sortir de sa grotte et essaye peu à peu à comprendre la logique des liens sociales.
Je vois mal ma pupille avec une tornade comme la princesse mais ça serait une bonne chose de voir des personnes de son âge mais quand je la vois, je ne sais pas quelle âge lui donner moi-même. Elle n’a connu que la servitude, on a abusé d’elle à des maintes reprise et la seule fois qu’elle est sortie hors de ma demeure, elle a rencontré son bureau, elle n’est pas près de remettre les pieds hors du domaine.
- Mais je pense que son bien, ça serait enrichissant qu’elle rencontre votre fille, peut-être à un de nos repas que vous avez prévu pour nous deux.
Bon il fallait aussi que j’en parle à Sekyung avant mais je ferai en sorte que cette fois-ci, rien ne puisse lui arriver, on prendra la calèche si nécessaire et Lancelot assura la sécurité de l’itinéraire.
- Je crois que j’étais une bonne conteuse avant ça mais j’avoue qu’avec elle, c’est encore plus passionnant !
Surtout sur le point charnel mais je ne préfère pas préciser que je ne connaissais tout son répertoire de nouvelles érotiques et m’amusait à jouer beaucoup de scènes de son bouquin, j’ai une “ malheureusement “ une bonne mémoire pour ce genre de choses au plaisir de Nyx.
Prenant mon bras, je retiens de sourire à ce moment, tel un gentilhomme je lui fais traverser le jardin pour éviter d’être vu par autrui. Un rictus fière se dessine au coin de mon visage, sa petite référence d’être mise à nue me fait rire, j’avais aperçu la lingerie fine de la Reine et j’avoue que j’ai fais mon maximum pour ne pas baver sur sa silhouette mais je crois que j’ai réussi. Mais Allys joue la taquinerie alors je rentre moi aussi dans son jeu quand nous pénétrons dans un couloir qui nous mènera à un escalier discret qui nous fera arriver dans son étage.
- Attention ma chère, je pourrai presque croire à une invitation en me suggérant de vous ramener dans vos appartements et non devant.
Tournant la tête, je lui fis un petit clin d’oeil suite à ma boutade car j’adorerai jouer avec les mots, c’était devenu un sport surtout dans le monde de requins dont je suis sensée travailler, le moindre mot est analysé comme la tournure de votre phrase. Continuant ma route, je grimpe les escaliers, la Reine toujours à mon bras.
- J’avoue que c’était une belle journée en votre compagnie Allys, j’espère renouveler ça puis vous savez où me trouver et resterait toujours disponible que ce soit pour parler à la Ministre ou la femme que je suis.
Je me voulais sincère, je voulais être présente autant pour le travail que pour sa vie personnelle, être une confidente si elle le souhaite, enfin tout ce qu’elle voudra finalement…
- Je crois que notre balade se finit ici, j’aurai bien aimé faire plus de détour mais dois-je faire un médecin à votre chevet avant tout ?
" Elle saura sans doute apprendre petit à petit. Ce n'est pas évident de rattraper un temps que l'on vous a arraché. "
Sa ministre semblait réellement avoir des responsabilités assez conséquentes, ce n'était pas rien de soutenir une personne dans ce cas de figure. Allys lui témoigna un regard doux et encourageant. Malgré tout, elle avait un entourage aimant. D'ailleurs, il faudra qu'elle s'intéresse à ces livres. Allys ne demandait qu'une chose : mieux connaître cette ministre. Elle avait comme le pressentiment que leur entente ne pouvait leur apporter que des bonnes choses à l'une comme à l'autre. Elle espérait lui donner autant qu'elle saurait lui prodiguer. "Un monarque n'est rien s'il ne sait pas bien s'entourer" Manuel d'éthique page 42 chapitre 12... Un livre bien ennuyeux. Elle avait dû le lire sans cesse pour réfléchir à des pensées pleines de sens lui disait son précepteur. Toutes n'étaient pas à retenir... loin de là, mais il serait heureux de savoir qu'elle était capable de citer certaines avec les mots exacts. Progresser à travers le jardin n'était pas une mince affaire, mais l'appui de sa ministre faisait toute la différence... ou presque. Allys sentait un étirement toujours présent pour lui rappeler que son mal ne pouvait pas être ôté en une pensée agréable. même si elle souriait, plaisantait, elle arrivait néanmoins toujours à sourire.
" Non, nous allons nous arrêter devant. Ce sera parfait pour cette journée ... surprenante... édifiante... je ne sais pas comment la qualifier, mais j'ai appris plusieurs choses, dont une belle adresse et.. une envie de me remettre à la lecture de beaux récits. Vous m'avez trop inspiré Haru, c'est entièrement de votre faute. Il va falloir que je me trouve du temps... " soupira t-elle en jouant la comédie d'une femme trop surmenée par ses affaires. depuis le temps, elle avait appris à s'octroyer du temps pour elle comme aujourd'hui, il ne fallait pas exagérer. L'ascension de l'escalier était plus rude, elle prenait beaucoup plus appui sur son épaule en cherchant à ne pas peser trop de son poids tout en limitant cette douleur électrique qui montait le long de sa jambe. Une fois en haut, elle soupira d'aise. Le mauvais moment était enfin passé. C'était dans ce genre de moment qu'elle se maudissait d'avoir une bâtisse si grande.
" Restons telle que nous étions Haru au jardin, deux confidentes cherchant à rendre ce royaume plus prospère.... Sinon pour la venue d'un médecin, je ne serai pas contre effectivement. Je ne pourrais pas louer indéfiniment votre aide pour monter ces marches... La discrétion était parfaite sinon"
La reine Allys tendit la main vers Haru en signe de salutation, mais également pour terminer cette formidable journée. Elle n'allait pas refuser une crème sur sa cheville ou un soin pouvant redonner un air moins chancelant à sa démarche.
- Il faut donc libérer votre emploi du temps, je vais convoquer votre secrétaire dès mon retour au bureau pour régler ce petit problème alors Allys.
Laissant la Reine s’appuyer sur moi lors de la montée des marches, je continue alors de la taquiner pour ses derniers instants.
- Puis je suis plus que ravie d’avoir remis votre goût de la lecture à jour, on pourra se partager quelques livres si vous le souhaitez tout comme la balade qui nous mènera à cette fameuse adresse.
Réfléchissant à quelconques moyens pour parvenir à filer en douce sur la place commerçante, j’eu le réflexe de tenir mon menton avec ma main.
- Pour le shopping, c’est à organiser mais je trouverais bien un capitaine qui me laissera quelques hommes pour notre vadrouille en toute discrétion.
Encore quelques marches et reprends tout doucement mon souffle, ce n’était pas une chose aisée de monter tout ça à deux et surtout essayer de garder une position digne et professionnelle à côté d’elle, ça serait vraiment dommage que je me retrouver de nouveau parterre après avoir encore trébucher.
- Mais oui, c’était une bonne journée, ça nous change à toutes les deux de notre routine habituelle, j’avoue que ça fait particulièrement du bien.
Maintenant devant ses appartements, je relâche mon emprise sur son bras pour la laisser devant la porte, c’était nos derniers moments, derniers instants, on pourrait presque croire que c’était la scène où deux amoureux se quittent pour retourner chacun dans son coin de royaume.
- Restons comme ça alors Allys
Je fis une petite pause avant de continuer avec une voix faussement plus sérieuses.
- Mais pas trop longtemps tout de même, nous avons un royaume à faire tourner !
Levant le doigt en l’air comme si j’attendais une certaine illumination, je prends alors la main de la Reine et effectue la courbette d’usage dû à son rang rajoutant un élan de grâce pour la forme.
- La discrétion a toujours été le mot d’ordres d’ici, c’est comme ça qu’on survie entre ses murs.
Me redressant, plaçant mon avant-bras sur mon ventre, baissant légèrement la tête, je dis de voir plus forte, reprenant mon ton solennel de tous les jours avec elle.
- Ma Reine, je vous souhaite une très bonne journée et m’occupe de notre dossier.
De nouveau droite, un petit clin d’oeil qui se voulait peut-être un trop familier, je lui dis beaucoup plus.
- Merci encore pour cette journée et soignez moi bien cette cheville Allys.
Je me retourne et fit un signe de tête avant de me diriger vers la partie médicale du Palais.