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Ne sois pas un chasseur si tu as l'âme d'une proie
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Le soleil se couchait d'ores et déjà en ce début de soirée, la luminosité se faisant de plus en plus rare. Foutu enchanteur ! Si elle ne l'avait pas cherché dans sa boutique pendant plusieurs minutes pour finalement le trouver endormi dans sa réserve, Krysta serait déjà rentrée au château Tolevira pour dormir. D'autant plus que ses conseils concernant ses tatouages qui la brûlaient depuis qu'il les avait rendu magiques étaient complètement insignifiants. Du temps, c'est tout ce qu'il fallait pour qu'ils s'habituent à la magie qui leur avait été insufflé. Tout ça pour ça, comme on dit.
Portant un léger sac brun remplie de quelques fruits dans sa main gauche, sa main droite reposait dans la poche de sa veste en cuire noire. Ses deux épées présentes dans son dos claquaient l'une contre l'autre à chacun de ses pas, ce qui pouvait énerver quiconque étant dans les parages. Heureusement, Krysta était complètement seule en cette fraîche soirée ; même si elle commençait à émettre certains doutes. En effet, elle avait cet horrible sentiment qu'elle était suivi depuis quelques minutes maintenant. Ses sens étaient en alerte et sa nature anxieuse avait pris le dessus sur le reste. Il fallait également dire que ce chemin sinueux qui coupait la forêt avait tout d'un film d'horreur où un monstre pouvait surgir de nul part à tout instant. Et bien qu'elle s'était déjà bien fait peur sur ce chemin, c'était bien le seul qui reliait le château au village perché.
L'aventurière soupirait, accélérant le pas alors qu'elle avait un mauvais pressentiment. Au fond d'elle, Krysta savait pertinemment qu'elle se faisait encore du soucis pour rien. Et quand bien même quelqu'un la suivait pour ce chemin du retour, elle pouvait très bien se défendre toute seule à présent. La jeune fille avait ses armes sur elle, et son nouvel enchantement fonctionnait à merveille pour ce genre de situation. Le mieux était encore de ne croiser personne, et c'était sans compter un bruit de branche cassée qui venait de se faire entendre derrière elle, dans la forêt de gauche. Tel un animal aux aguets, la voilà retourné vers le son qui venait de prouver ses craintes : quelqu'un la suivait bel et bien.
Trois silhouettes sortaient des sombres bois, qu'elle ne tardait pas à reconnaître. En effet, c'était les trois idiots du village qu'Arya avait accrochée à un arbre lors de leur dernière escapade en ville. Et visiblement, ils cherchaient à se venger. Deux jeunes hommes, une femme, du même âge que Krysta sinon un peu plus, armés de barres de fer. Rien d'insurmontable en soit, même s'ils étaient en surnombres. Ce qui était étrange, cependant, c'était que l'aventurière avait juré qu'elle se faisait poursuivre de l'autre côté de la forêt. Mais ce côté là semblait bien calme, pour le moment en tout cas.
- Tu nous as pas oublié, hein ? On va te faire ta fête. Tolevira ne va plus te reconnaître !
Krysta soupirait. Quelle bande d'idiots. Déjà la première fois, elle aurait juré pouvoir les prendre les trois en même temps tellement ils suintaient l'inexpérience. Cette fois cependant, ils semblaient bien plus sûrs d'eux, ce que Krysta ne semblait pas utile de juger. Elle mettait ses mains derrière son dos pour récupérer ses deux épées courtes. Espérons qu'elle ne soit pas trop rouillée !
- Venez, qu'on en finisse vit-.
A peine avait-elle eu le temps de finir sa phrase qu'une corde l'avait encerclée. Un véritable lasso lancé de derrière elle qui avait fait mouche, et qui la serrait de toute part. Elle retournait sa tête et constatait que les 3 idiots avaient trouvés un autre ami, visiblement adepte du lancer de corde. Voilà qui compliquait les choses. Krysta regardait à nouveau devant elle, uniquement pour constater que le trio fonçait sur elle tête baissée. Rien n'avait de sens, ce type sortait du même côté de la forêt alors que les bruits s'étaient faits plus insistants de l'autre côté de la forêt. Y'aurait-il une cinquième personne dans leur groupe encore cachée ? Elle essayait tant bien que mal de se défaire de la corde et était déjà parvenue à passer une de ses mains par dessus. Parviendra-t-elle à se défaire de l'étreinte à temps ? Il valait mieux pour elle, si ses craintes étaient avérées, le combat sera bien plus compliqué.
Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
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Ne sois pas chasseur si tu as l’âme d’une proie─ avec Krysta
Sur les routes pour trouver une foutue plante. Voilà à quoi j’en suis réduit. Oui je sais, cette mission je l’ai choisi, et alors j’ai le droit de râler quand même ? Ma dernière mésaventure m’a coûté tout mon équipement, quasi-neuf ! J’ai plus assez de sous pour m’en racheter alors … Obligé de prendre la première mission simple qui vient.
La vérité ? Ça me convient parfaitement. Partir pour le Nord du pays me requinquera. Et surtout, je suis seul, une promenade de santé tranquille en perspective. De la verdure à perte de vue et des fleurs à gogo.
Venons en au vif du sujet : ma mission est de récolter des baies Col au Rium en grande quantité pour permettre à un fabriquant de sucrerie d’en faire des bonbons. Mais pas n’importe quel bonbon, si j’ai bien compris, lorsque vous en mangerez un, votre peau changera de couleur, et quand je dis de couleur, je parle bien de vert vif, bleu, orange, indigo tout ça tout ça quoi. Tout votre corps y passera, tout sauf votre langue qui restera rose. Oui, le monde à l’envers, mais depuis quand Aryon tourne rond ?
Fort heureusement Alryck, le fabricant en question, m’a prêté une monture, car ces baies ne se trouvent que dans la Grande Forêt de notre pays. C’est ainsi que je traverse une partie du territoire pour retrouver le village perché. Malgré les pistes de mon employeur du moment, je préfère assurer mes arrières en me dirigeant proche de la civilisation, qui sait, les villageois pourraient m’indiquer un lieu spécifique où ces baies poussent. Cela m’éviterait de ratisser toutes l’étendue d’arbres.
Espoir qui est vain. Après des jours de voyage me voilà dans une petite auberge suspendue. Je viens de me prendre une journée de repos bien méritée après toute la traversée, qui s’est déroulée sans encombre aucun. Je me suis presque ennuyé d’ailleurs !
Bref, je viens de demander au propriétaire du lieu s’il connaissait un endroit où poussent les Col au Rium, il m’a dirigé vers l’herboriste du village, la meilleure du royaume soit disant. Déjà, je me suis gouré d’endroit. Je suis rentré dans une demeure et me suis fait jeté à coup de balais. J’avais la tête ailleurs, et l’indice qui devait me permettre de reconnaître la boutique m’a échappé … A moi ! C’est pour vous dire !
Toujours est-il que Magdelela, l’herboriste, m’a d’abord regardé avec de gros yeux. Puis a répété au moins mille fois « Col au Rium ? Col au Rium … Col au Rium … Col au … » je vous épargne les 997 autres fois Col au Rium. Et sachez que je n’exagère jamais *ahum*. La vieille bique a finit par me baragouiner une direction que je suis bêtement. Heureusement que j’ai une ébauche des baies pour les retrouver. Et je sais qu’elles sont parasitaires d’un type d’arbre particulièrement imposant. Le tourbium. Je trouve les tourbiums, sûrement trouverais-je mes baies.
En attendant me voilà en train d’errer comme une âme en peine dans les sous bois, sur un chemin sombre et sinueux. La nuit ne tarderait pas à pointer le bout de son nez, et moi à me cailler les roubignoles.
C’est alors que j’entends un cliquetis régulier de métal tapant l’un sur l’autre. Prudence étant mère de sûreté, je préfère m’éclipser et suivre se son sous couvert des végétaux.
Une frêle silhouette se dessine alors sous mes yeux, une femme aux rouges cheveux marche rapidement sur le chemin, une expression inquiète sur son jeune visage. Je n’ai pas à attendre bien longtemps pour comprendre pourquoi, trois individus sortent de de l’autre côté des fourrées pour lui barrer le chemin. Visiblement ils se connaissaient tous, mais pas de façon très amicale.
Je dégaine mon poignard prêt à intervenir et me stoppe à la dernière minute lorsque mon regard se pose sur une ombre derrière la fille. Un nouvel individu vient de faire son apparition en toute discrétion, je le vois alors lancer un lasso qui ne manque pas sa cible. La rousse rouge est immobilisée tandis que les têtes de c** se jettent sur elle. Sans perdre une minute je m’élance, poignard en main, sur la corde pour la trancher tout en attrapant de la terre afin de la jeter sur la joyeuse bande de lurons les aveuglant quelques secondes le temps de me retrouver à côté de la jouvencelle.
Effet de surprise réussi !
- Et bien quel courage ! Je suis impressionné ! Quatre contre une … Bravo!
Corde coupée, le type au lasso s’apprête à prendre son arc et ses flèches, les autres crétins grognent en crachant la terre que je viens de leur envoyer :
- Dégage de là si tu veux pas avoir mal ! Cette garce va payer pour ce qu’elle nous a fait !
Je ne sais strictement pas de quoi il parle l’autre face de putois, mais sa gueule ne me revient pas. Tout d’abord mettre hors d’état de nuire le tireur d’élite là, les trois autres ne semblent pas trop dégourdis mais il me faudra vite agir. Alors qu’ils attendent une réponse de ma part, je jette d’un geste sec mon arme sur lassoman avant de sprinter dans sa direction. Même si mon poignard loupe sa cible cela a créé une belle diversion qui me permet de me jeter littéralement sur mon adversaire, mon coude s’écrasant violemment dans son nez. Je sens un os se briser sous celui-ci, suivit d’un hurlement strident. La castafiore s’écroule au sol me laissant lui donner le second coup qui la rend inconsciente.
De l’autre côté j’entends les beuglement des trois lourdauds qui se remettent en action. Oups, j’espère que la gringalette va s’enfuir et pas s’en prendre plein la tête. Je me retourne précipitamment et je me retrouve surpris devant la scène qui se joue sous mes yeux … Frêle d’apparence mais dégourdie la gamine …code ─ croquelune
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Non, Krysta ne craignait pas tous les hommes. Ce qu'elle craignait plus que tout, c'est ceux qui lui voulaient du bien, car on ne peut jamais savoir ce qu'une personne a derrière la tête. Bien que toujours poussée par cet instinct depuis son enfance, l'aventurière était dans de beaux draps, et l'intervention bien qu'étrange de cet énième personne l'arrangeait bien. Alors, quand elle sentait l'étreinte de la corde diminuée, elle ne se faisait pas prier de dégainer ses deux épées courtes pour affronter les trois qui lui faisaient face.
Leurs regards étaient empli d'une haine dégoûtante, et leurs visages démoniaques s'approchaient de plus en plus de la flamme. Cette dernière se baissait instinctivement avant d'entrer en contact face au premier des trois hommes, l'envoyant valser derrière elle. Krysta échangeait un coup d'épée avec le 2è homme, qu'elle parvenait à dégager d'un coup de pied dans les côtes tandis qu'il criait de douleur. Ces trois personnes n'étaient en rien des aventuriers ou même des combattants, ils n'agissaient que par haine, par honte de la défaite qu'Arya leur avait infligée.
Mauvaise était l'idée de baisser sa garde. Alors qu'elle tentait de désarmer le dernier escargot, elle sentait que le premier homme, qui s'était relevé assez rapidement, lui assénait un coup dans le dos. Lâche. Elle eût à peine le temps de s'incliner vers la gauche, mais la lame avait fait mouche, lui esquintant le flanc droit de son abdomen. Une grimace plus tard, tous ses nombreux tatouages viraient au rouge, et à l'instant d'après, l'homme qui lui avait infligé la blessure s'écroulait au sol en criant de douleur, une main sur le côté droit de son abdomen, sans pour autant que Krysta ne l'avait touché.
L'aventurière ne semblait pas étonnée de ce qu'elle venait de faire, au contraire du dernier assaillant encore debout. La peur se lisait sur son visage tandis que Krysta sentait couler la mixture rouge le long de ses doigts qu'elle avait positionnée sur sa blessure. Prête à terminer rapidement cette bataille, elle n'eut aucun besoin d'asséner un énième coup, le plus lâche des combattants prenait la poudre d'escampette, laissant ses deux camarades au sol, pleurant de douleur.
La femme rouge se courbait, la lame ayant bien entaillée sa chair. Dans un sursaut de conscience, elle s'était rappelée du dernier homme qui était apparu, se retournant alors, le visage d'une gamine prête à combattre, encore et encore. A sa vue, ses muscles se décontractèrent, et elle baissait néanmoins ses armes, se rapprochant de lui.
- Merci pour ton aide, vraiment... Quel gentleman...
D'une démarche quelque peu vacillante, elle s'avait qu'elle ne pouvait le battre dans un combat à la loyal. Et ça, elle s'en moquait cruellement, c'était peut-être ce qui différenciait les aventuriers des gardes, entre autres choses. Car si les premiers assaillants étaient battu, cette homme qui avait surgit lui était totalement inconnu. Un regard froid, hautain, une cicatrice sur son bras qu'elle avait d'ores et déjà repérée. C'était un de ces humains qu'elle méprisait, n'accordant aucune confiance à ce type d'aventuriers louches. Alors, après une marche qui se voulait innocente vers lui, elle arrivait à son niveau. D'un mouvement vif, même si son bras droit était en retard sur le gauche probablement à cause de sa blessure (ou de son inexpérience, allez savoir), elle avait pointée ses lames au plus proche de Naëry, touchant presque ses vêtements s'il n'avait pas eu de mouvements défensifs.
- Qui es-tu ? Pourquoi m'as-tu suivi ? Qu'est ce qui m'empêche de te tuer maintenant ? Qu'est ce que tu veux ?
Sa lame de droite tremblait, elle résistait à une douleur qui la courbait du même côté. C'était peut-être pour ça qu'elle semblait pressée, à la limite de la panique dans ses paroles. Si elle n'avait pas encore plantée une de ses deux lames dans sa chair, c'était bien parce qu'il l'avait aidé, plus ou moins. Mais la méfiance naturelle de Krysta avait pris le dessus, et cet homme était un ennemi tant qu'il n'était pas clairement un allié. Il n'y avait pas d'entre deux, que du blanc ou du noir. Peut-être que la fuite aurait été plus judicieux dans ces moments-là, mais c'était probablement l'adrénaline du combat qui l'avait conduit à affronter le dernier des hommes. Si ce dernier avait une quelconque expérience dans le domaine du combat, il pourrait très certainement déceler des ouvertures pour contre attaquer, notamment sur le côté blessé de la jeune aventurière.
La peur que rien ne se passe comme prévu. La crainte que cet homme ne soit une énième personne voulant la blesser. Toujours sur la défensive, il lui était impossible de concevoir que cet homme l'avait juste aidé. C'était un ennemi, car c'était la nature humaine de vouloir faire du mal à autrui. Krysta l'avait appris à ses dépens.
Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
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Ne sois pas chasseur si tu as l’âme d’une proie─ avec Krysta
Un combat rondement mené, mon intervention s’est arrêté là. La gamine s’est chargée seule des trois autres loustiques au prix d’une blessure pas si anodine sur son flanc. Il s’est tout de même passé quelque chose que je n’ai pas compris. L’un des assaillants s’est tordu de douleur sans même avoir reçu le moindre coup, et ce après que les tatouages de la jeune femme se soient teintés de rouge. Coïncidence ? Je ne crois pas.
Elle vacille vers moi, me remerciant de mon aide, je fais un pas prêt à la réceptionner, elle ne semble pas en super forme. Ne jamais se fier aux apparences, je l’ai toujours appris au cours de ma vie. Et encore aujourd’hui j’en tire une leçon. Je suis accueilli par deux lames qui m’auraient esquinté le torse si je n’avais pas eu le réflexe de les écarter légèrement d’un coup de dague.
- Qui es-tu ? Pourquoi m'as-tu suivi ? Qu'est ce qui m'empêche de te tuer maintenant ? Qu'est ce que tu veux ?
De la défiance, c’est tout. J’aurais dû être un peu plus méfiant moi aussi, je me suis laissé avoir par le coup de la jouvencelle en détresse. Pourtant, dans ses yeux, c’est bien de la peur que je lis.
- Écoute gamine, je ne te veux rien car je ne te suivais pas. Ce que je fais ici sont mes affaires. Dire que je fais de la cueillette me semble peu crédible, et vu l’état tendu de la rouge je préfère ne pas m’étaler sur les détails.
- Je m’appelle Naëry, et ce qui t’empêche de me tuer et ben, c’est que t’as aucune raison de le faire. Bon, maintenant, si vraiment tu y tiens fais le vite. Je baisse ma dague, laissant la pointe de ses armes effleurer mon torse.
- Je te dis ça car tu ne tiendrais pas deux secondes contre moi, tu vois, j’ai juste à te donner un petit coup là, du plat de ma lame je frôle sa blessure, je sens ses épées s’enfoncer légèrement dans ma chaire, et perçant deux petits trous. En espérant qu’elle n’aille pas plus loin…
- Et je suis certain que j’aurais raison de toi juste avec ce geste. continue-je. Je baisse à nouveau mon arme que je finis par ranger dans ma ceinture d'un geste lent.
- La balle est dans ton camps, que décides-tu de faire?
J’attends, espérant n’être pas tombé sur une paranoïaque se débarrassant du premier innocent qu’elle croise. Les secondes passent, et je suis toujours en vie. Mes arguments auraient-ils fait mouche ? J’en profite pour relancer la conversation, chose plutôt rare venant de ma part.
- Et toi dis moi, pourquoi ne t’aurais-je pas aidé ? Tu t’appelles comment ? Et me permets-tu d’examiner ta blessure avant que tu ne tombes dans les pommes ? Regardes tu trembles gamine!
J’ai quelques notions de soin de premiers secours, mais là, c’est d’un guérisseur dont nous avons besoin.
- Sais-tu où on peut trouver un soigneur ?code ─ croquelune
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Il s'appelait Naëry. Et il parlait trop. Beaucoup trop. Et le pire, et c'est qui énervait la jeune aventurière présentement, c'était qu'il avait raison sur toute la ligne. Un regard froid qui ne montrait aucune empathie, un air des plus méprisant. Il avait cependant une certaine aura, une sorte de sentiment de supériorité qui se traduisait en une crainte pour la jeune fille. De la peur, oui, elle en avait, et ses yeux le montraient bel et bien. Elle ne parvenait de toute manière pas à le cacher face à un homme. Et celui-ci lui était bien supérieur, il n'y avait pas à en douter. Alors, quand il commençait à jacter, l'envie de lui transpercer l'abdomen lui était venu plusieurs fois, dans sa tête. Ce qui la retenait ? Le mince espoir qu'il n'était pas là pour lui faire du mal.
Honnêtement, Krysta était à deux doigts de baisser ses armes... Jusqu'à ce que sa propre lame parvienne jusqu'à se blessure encore fraîche. La simple température froide de l'acier qui s'approchait de sa plaie la faisait grimacer, si bien qu'elle perdait l'équilibre momentanément. Sa seule réponse eut été de lui enfoncer ses lames, encore un peu plus. Par là, elle voulait lui montrer qu'elle n'hésiterait pas. Elle le pouvait, et si elle le voulait, elle le ferait. Ah... Son blabla était enfin terminé !
- Krysta. Je ne sais pas, c'est étrange de vouloir aider quelqu'un sans raison.
Naëry avait déjà rangé ses armes... Il était absolument sans défense. N'avait-il pas peur de crever ? Est-ce qu'il voulait mettre fin à sa vie ?! Qui donc baisserait son arme face à une inconnue ? Surement pas Krysta... A moins qu'elle n'en puisse tout simplement plus. Le regard de l'aventurière était planté dans celui de l'homme, comme pour déceler une certaine honnêteté dans ces paroles. Ses mains tremblèrent. Soit elle le tuait, soit elle baissait ses armes pour être complètement sans défense. Eh merde.
Elle n'en pouvait tout simplement plus. La douleur était trop insistante, et ses bras tombaient le long de son corps. La blessure et le poids de ses armes tenues à bout de bras avaient eu raison d'elle. Elle se courbait et tenait sa blessure d'une main libre, ses armes avaient déjà regagnés leurs emplacements dans son dos. La mixture rouge passait à travers ses fins doigts blancs.
- Éloigne-toi !
Elle reculait de quelques pas en se retournant vis à vis de Naëry. Remontant son t-shirt, elle constatait l'état de sa blessure. Une plaie assez profonde tout de même. Merde.
- Non, pas de soigneur. Personne me touche. Je peux le faire moi même.
Elle sortait un maigre tissu blanc d'une de ses poches épongeant le sang qui parcourait sa blessure. La vérité, c'est qu'elle n'avait rien d'autre que ça. Pas de réelles bandages, pas de fil à coudre. Nada. Elle s'asseyait à même le sol, s'en fichant assez royalement de savoir qu'il était là.
- Et je te préviens, si tu m'attaques, je te rends coup pour coup. Je blague pas. Alors réfléchis-y à deux fois.
L'aventurière restait ainsi à terre, une main habillée d'un tissu qui recouvrait sa plaie, le regard pointé sur Naery. Elle ne savait pas d'où ce mec sortait. Mais elle allait l'avoir pour quelques temps sur les pattes, maintenant. A moins qu'il ne décide à lui faire du mal, finalement. Mais cette-fois ci, elle était prête. Prête à rendre coup pour coup, grâce à ces tatouages.
Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
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Ne sois pas chasseur si tu as l’âme d’une proie─ avec Krysta
Krysta … ce nom me parle, un vague souvenir tente de faire sa réminiscence en vain, il restera aux oubliettes. La gringalette trouve cela étrange d’aider quelqu’un que l’on ne connaît pas. Trop méfiante pour comprendre mon geste que je ne lui justifie pas pour autant. Le monde a oublié … oublié l’humanité, l’entraide, la solidarité. Enfin le monde … mes voyages m’ont appris que les plus démunis sont les plus généreux, les plus simples d’esprits les plus heureux. Par contre, prenez la bourgeoisie et la Noblesse, une belle bande de raclure, l’érudit quant à lui est un nid à spleen.
La jeune femme qui est en face de moi a peur, peur de celui qui vient de l’aider, peur de ce que je peux lui faire. Ouais, clairement elle a des soucis, soit c’est une fugitive, soit son passé n’est pas glorieux. Je la laisse se calmer, ou s’énerver devrais-je dire. Elle baisse les armes, pas par confiance non, mais je vois bien qu’elle n’a plus la force de les tenir levées. Le sang coule sur ses doigts, la blessure semble plus profonde que je ne pensais.
Krysta me somme de m’éloigner, je ne bouge pas d’un pouce, le visage toujours aussi impassible. Je la regarde froidement, attendant le moment où elle n’aurait plus de force. Elle ne veut pas de soigneur, pas d’aide. Elle sort un malheureux bout de tissu pour couvrir sa plaie, c’est ridicule, comme si ça allait arrêter l’hémorragie. Le blanc du pansement improvisé devient très vite rouge, je fais un signe de désapprobation de la tête, la regardant de toute ma hauteur.
Elle me menace, encore. Aussi faible soit-elle je me remémore la façon dont le dernier homme s’est retrouvé projeté en arrière, les mains se tenant le torse. Je la crois sans effort lorsqu’elle me dit qu’elle me rendra coup pour coup mes attaques, et je commence à comprendre ce qu’il s’est passé avec le scélérat. Les paroles de la jeune femme ne sont pas jetées en l’air, chaque mot à sa place dans sa phrase.
Je décide alors de partir, la laissant s’éponger tant bien que mal, seule. N’est-ce pas ce qu’elle veut ? Quoi ? Vous allez pas m’engueuler parce que je laisse une gamine quasi sans défense seule en bord de route, affaiblie et apeurée ? Non mais vous avez vu comment elle me cause ? Allez, calme toi lecteur, je pars juste prendre quelques plantes que j’ai repéré non loin de là pour faire une sorte d’onguent. A défaut d’avoir trouvé mes Cols au Rium, j’ai au moins localisé quelque chose d’utile pour aujourd’hui.
Je reviens quoi, cinq minutes plus tard. Je retrouve la blessée toujours au sol, la sueur commençant à perler son front. Okay, je ne lui laisse plus le choix. Je range mes feuilles dans ma petite sacoche, et arrivant par son angle mort, plus ou moins, je la saisie pour la porter dans mes bras malgré ses protestations. Coriace la gringalette, mais là, ça me lasse.
- Bon écoute maintenant tu la boucles et tu te laisses faire. La nuit tombe et c’est pas avec ton chiffon que tu vas survivre okay ? Y a un ruisseau pas loin, on va te soigner, okay ?! Et JE vais regarder ta plaie et TU vas me laisser t’aider sans broncher!
Je maintiens fermement ma prise, et au fur et à mesure que je marche je sens le poids de la fille s’alourdir dans mes bras. Je regarde son visage pâle pour m’assurer de son éveil, m’enfonçant dans la forêt un peu plus de minute en minute. Le bruit de l’eau m’indique que nous ne sommes plus très loin, encore quelques dizaines de mètres et je la dépose sur un lit de feuilles non loin de l’eau.
La nuit commence à tomber avec tout ça, ce qui ne va pas arranger nos affaires. Il faudrait faire un feu, mais avant je lui prends le bout de tissu des mains pour le rincer dans l’eau claire et fraîche du ruisseau avant de revenir à elle.
- Peux-tu me laisser faire s’il te plaît ? Ma voix se fit étonnamment douce, je la regarder droit dans les yeux, et cette fois mon regard se veut bienveillant. Mon seul but est de nettoyer sa plaie avant d’appliquer la pâte que je compte fabriquer avec le fruit de ma récolte quelques minutes plus tôt … Va-t-elle seulement me laisser faire ?code ─ croquelune
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Le jeune homme qui s'était à peine présenté s'éloignait dans la nature alors que la jeune aventurière ne s'en préoccupait déjà plus. Seulement voilà, au fur et à mesure que ce Naëry s'éloignait, elle sentait que la mixture rouge coulait le long de ces doigts, son petit chiffon blanc en avait déjà perdu sa couleur naturelle et n’imbibait plus rien. La douleur n'était pas un réel problème, et une simple grimace accompagnait son état de blessée. Non, le réel problème était cette peur grandissante qui commençait à prendre place en elle. Ici, au beau milieu de la nature, sur ce chemin qui reliait le village perché au château, elle était totalement vulnérable. A la merci de n'importe quelle personne mal intentionné, de n'importe quel fou furieux, de n'importe quel homme. Merde ! Elle ne pouvait rester ainsi, et son regard ciblait la silhouette qui s'éloignait, barbouillant quelques paroles totalement inaudibles.
Trop tard, car la silhouette de Naëry avait déjà complètement disparu. Il était si susceptible, sans déconner ?! Il était juste venu pour taper des inconnus et repartir ? Bon sang, à quoi ces Hommes peuvent-ils bien servir ?! Elle soupirait en regardant le ciel, avant qu'elle ne se lève pour commencer à marcher vers le château. Facile, hein. Krysta était forte, et courageuse, et... Pas grand chose de plus puisqu'au premier pas, c'était un véritable choc électrique qui l'a fit vaciller au sol, accompagné d'un début de vertige. Allongée au sol, elle regardait le ciel dont les dernières éclaircies disparaissaient, laissant place à la fraîche et calme nuit. Sa main rouge de sang se détachait de sa blessure avant d'atterrir au sol, s'appuyant sur une de ses lames pour se lever. Elle se rasseyait d'une manière plus convenable, essayant de trouver une solution à son problème qui commençait à être quelque peu embêtant.
Elle n'eut pas à réfléchir très longtemps, et heureusement, puisqu'une présence se faisait rapidement sentir depuis derrière elle. Un mouvement réflexe vers l'avant plus tard, la personne qui était apparu l'avait d'ores et déjà prise dans ses mains. A sa grande surprise, et peut-être à son grand soulagement, ce n'était personne d'autre que Naery, qui était revenu de son escapade.
- Ah bah ENFIN ! Tu comptais me laisser crever ici ?! Ça te faisait rire de me voir souffrir, hein ?!
Ses mains la portaient sans mal, et Krysta avait rapidement abandonner l'idée de se débattre. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayé les trente premières secondes, mais il semblerait que Naery avait une poigne bien plus forte que les forces qui ne lui restaient. Au bout de quelques pas, elle avait décidé de se laisser totalement porter, abandonnant tout espoir de se défaire de l'étreinte de l'aventurier. Elle s'attachait au t-shirt de l'homme, manquant de le déchirer plus d'une fois, signe que la douleur était de plus en plus forte (ou tout simplement car elle n'avait aucune confiance en l'étreinte de cet homme, et elle cherchait quelque chose pour s'accrocher).
Quelques gouttes du liquide rouge tombaient à même le sol, tandis que d'autres tombaient même sur les vêtements du pauvre aventurier, espérons qu'il ne tienne pas plus que ça à sa propreté. La main de Krysta ne tenait plus sa blessure mais elle tombait naturellement dans le vide, son visage avait trouvé le torse de Naery pour se reposer alors que ses yeux commençaient tout doucement à se fermer. Pourtant, ce n'était pas vraiment un bon moment pour s'endormir... Mais au moins, elle avait trouvé du calme, ce qui aidait probablement l'aventurier à marcher le long de cette forêt.
Krysta arrivait finalement au sol et elle reprenait peu à peu ses esprits, regardant autour d'elle. Naery semblait avoir lavé son bandage. Il revenait à elle, l'air soucieux. Krysta, elle, ne comprenait pas trop pourquoi il tenait tant à l'aider. Sa blessure était-elle si grave ? Elle ne la sentait même plus, tandis que sa vision commençait à se flouter. Elle le regardait de ses petits yeux tandis que la blessure continuait à couler son flot incessant de sang. D'abord hésitante, Krysta soulevait finalement doucement son t-shirt, juste ce qu'il fallait, pour permettre à Naery d'y jeter un coup d’œil.
Le petit bout de femme s'écroulait sur un de ses coudes, ayant décider de lui accorder sa confiance. Elle ne pouvait pas faire réellement autrement, de toute manière.
- Alors, je vais mourir, docteur ?
Sa voix avait clairement faibli et un petit rire étouffé venait accompagner ses propos. Un sourire qui avait disparu aussitôt, la femme n'était pas du tout à l'aise dans cette position de faiblesse. Sa blessure, quant à elle, n'était pas très belle à voir. Un trou de quelques centimètres de profondeurs, le tout très difficile à voir tant le sang s'était déjà étalé le long de son abdomen.
- Tu vas pas me laisser là, hein... ?
Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
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Ne sois pas chasseur si tu as l’âme d’une proie─ avec Krysta
Son visage pâle m’inquiète. En même temps elle perd pas mal de sang, et je ne tarde pas à regarder la blessure lorsqu’elle me la présente. Au vu de l’emplacement, je ne pense pas qu’un organe soit touché. Par contre il n’est pas improbable qu’une veine soit sectionnée.
- Alors, je vais mourir, docteur ? sous un ton de légèreté j’entends le son de la gravité.
- Quoi tu en as déjà assez de cette vie? C’est qu’une égratignure que tu as là, accroche toi vas. Nous savons tous les deux que cette « égratignure » peut coûter chère.
J’essuie encore la plaie avant de me rendre à l’évidence : pour stopper le saignement, il va falloir cautériser. Je me relève quand la voix affaiblie de Krysta trouble le silence qui s’installe.
- Tu vas pas me laisser là, hein... ? Je me fige, le sang abandonne mon visage, je me sens devenir livide.
« Tu ne vas pas me laisser là, hein ? » … Je revois le visage de Calia, implorant, apeuré, sa petite voix me suppliant de rester avec elle. Mon père avait obtenu un stage avec la garde pour moi. Il voulait que son fils connaisse l’art du combat, important pour devenir ministre de la défense. Bien que le pays était en paix, il nous fallait nous préparer à toutes éventualités. Et avec mon esprit stratège, mon père voyait un bel avenir pour son fils, conseiller le Roi et la Reine, rien que ça. Dorer notre nom à tout prix ! Les Wig, une famille qui marquera l’histoire ! …
Et je partis, laissant ma sœur seule avec cet être froid et dépourvu d’empathie qu’était devenu notre progéniteur. Calia fut dévastée par mon départ, je l’avais abandonné, elle n’avait plus personne pour la comprendre, plus personne pour la soutenir, personne pour la faire sourire.
A mon retour quelques semaines plus tard, c’est elle qui avait disparu, mon père était plus énervé par sa disparition qu’inquiet. « Tout pour se faire remarquer cette gamine ! » ne cessait-il pas de répéter … Elle qui c’était effacée toute sa vie !
Je l’avais cherché partout, et je l’avais retrouvé dans cet endroit calme où nous allions quelques fois pour être en paix. Je l’avais retrouvé presque morte, elle voulait se noyer, en finir avec cette vie morne, pleine de haine et de peine. Je l’avais sauvé, mais à quel prix … Après cet incident Calia n’était plus la même, elle venait de renaître de ses cendres tel le Phoenix. Je l’avais sauvé certes, mais son esprit réclamé maintenant vengeance sur l’inexistence qu’on lui avait imposé.
« Tu ne vas pas me laisser là, hein ? » … Je regarde Krysta plein de compassion, il est hors de question que je commette les mêmes erreurs de mon passé.
- Ne crois pas te débarrasser de moi comme ça, dis-je dans un souffle.
Je rince à nouveau le tissu avant de retourner auprès de la blessée. Je lui annonce mes intentions pour stopper le saignement.
- Je crains qu’il ne faille cautériser pour arrêter le sang de couler Krysta. Ça va être douloureux, mais le cataplasme ne pourra tenir et agir tant que nous n’arrêtons pas le liquide d’affluer de ta plaie.
Je ramasse du bois mort sec pour allumer un feu avec les moyens du bord. Je ne trouve pas de pierre satisfaisante pour produire les étincelles nécessaire au feu, il va me falloir utiliser la méthode par friction entre deux morceaux de bois. Vraiment il me faudrait obtenir des sous pour me ré-équiper ! Je me tourne vers la jeune femme, toujours aussi pâle.
- Tu n’aurais pas une pierre de feu par hasard?, avec un peu de chance cela m’évitera de galérer à créer la flamme rédemptrice !
Petit à petit les brindilles s’embrasent, puis les branches sèches. J'ajoute du bois plus gros pour obtenir un bel âtre. La chaleur émanant du feu naissant vient caresser ma peau, me faisant frissonner de son aura lénitif. Je mets ma dague dans les flammes qui lèchent la lame jusqu’à la faire rougir.
- Es-tu prête?
Je me tourne vers Krysta, attendant un signe de sa part pour agir.code ─ croquelune
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Une douleur qui baissait en intensité, un visage qui commençait à se flouter, des pensées qui devenaient de plus en plus imprécises... Krysta connaissait par cœur ces différents états d'âmes. Mais pourquoi Diable n'arrivait-elle pas à résister ? Dans le passé, pendant que son tortionnaire s'était amusé sur elle, Krysta parvenait à tenir des jours entiers avec un pieux dans la jambe, avec des aiguilles dans le bide, elle parvenait à rester éveiller après des centaines de coups d'épées, alors pourquoi une simple blessure la rendait dans cet état là ? L'habitude ? Ou bien, c'était ses pilules mystérieuses qu'il lui donnait chaque jour qui la maintenait éveillé ?... Quoi qu'il en était, cette blessure lui faisait un mal de chien, et il n'y avait pas de place pour réfléchir actuellement. Elle remarquait un petit moment de flottement chez Naery. Réfléchissait-il à un moyen de la soigner ? Était-il simplement ailleurs ? Pourquoi ne faisait-il rien ? Ce petit instant de solitude ne faisait que l'inquiéter d'avantage, tant elle ne pouvait rentrer dans sa tête pour vérifier ce à quoi il pensait.
Et ses prochains mots n'étaient guère plus rassurants. Cautériser... ? Non, non, non. C'était impossible. C'était probablement la pire blessure de toutes les tortures qu'elle avait subit. Alors, quand Naëry avait prononcé ces mots, son cœur s'était comme arrêté, et sa peau était devenu plus blanche que blanche. Ses yeux s'étaient écarquillés et la peur l'avait complètement envahit.
- N-Non... Non, non...
Pourtant, c'était ce qu'il fallait faire. Il était même probable qu'au fond d'elle, Krysta le savait très bien. L’hémorragie devait s'arrêter, auquel cas elle ne passerait pas la nuit, mais elle refusait de l'admettre. C'était tout simplement impossible. Son visage apeuré ne répondait même pas à ses prochaines paroles, et de toute manière, elle n'avait pas de pierre de feu. Et quand bien même elle en avait une, il était hors de question qu'elle le lui donne pour cautériser sa plaie. Seulement voilà, le Naëry, il avait l'air d'être bien déterminé dans ses faits et gestes, et le feu avait déjà pris en face d'elle. Les flammes se reflétaient dans les yeux de la jeune fille tandis que sa dague plongeait dans les gerbes enflammées.
- Es-tu prête ?
Prête... ? Quoi ? Non, non, elle ne l'était pas du tout ! Comment pouvait-elle être prête ? Ses mains tremblaient et elle tentait de reculer pour échapper à ce qu'elle voyait comme une torture. Ses muscles se tendaient après un petit moment de conscience, et elle s'accrochait à l'herbe au sol, prêt à l'arracher de toute part. Des perles de sueur tombaient le long de son front et de ses joues, son cœur battait à un rythme effréné. Pourvu qu'elle tombe inconsciente, et vite. Pourvu que son corps ne résiste pas.
Puis une pensée qui lui donnait une peur glaciale parvenait à son esprit. Son nouveau pouvoir. Ses tatouages. Ils allaient s'allumer. C'était un événement automatique lorsqu'elle était blessée, et dont elle n'avait jamais réussit à contenir. Tout simplement car les rares fois où elle l'avait utilisé, c'était lorsqu'elle était en danger. Sauf qu'ici... Naëry voulait la sauver et l'aider. Mais la douleur allait être incroyablement forte... Arriverait-elle à se retenir... ?
- J'y arriverais pas... Frappe moi...
Des paroles complètement dénuées de tout sens et qui ressemblaient presque à un délire. Mais c'est tout ce qu'elle était arrivé à articuler tant l'angoisse avait pris possession de son corps. Pouvait-il le faire ? L'assommer avant de cautériser ? Et dans le cas contraire, arriverait-elle à contenir un pouvoir dont elle n'avait jamais pensé qu'il serait utile de contenir ? En plus de cela, il y avait fort à parier que Naëry ne comprenne rien à la situation. Elle regardait la lame brûlante s'approcher de sa plaie avec terreur, son visage ne quittant pas des yeux l'arme de l'aventurier.
Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
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Ne sois pas chasseur si tu as l’âme d’une proie─ avec Krysta
Krysta blêmit de plus en plus, mais pas à cause de la blessure non, je peux lire la panique dans ses yeux.
« Non, non, non... »
Ma lame rougeoyante la terrifie, je repose alors l’arme au bord du feu.
- Krysta, je ne peux rien faire d’autre, et j’ai peur pour ta vie. Tu refuses de voir un guérisseur, je n’en suis pas un et mes connaissances sont limitées. Je sais juste que cautériser arrêtera l’hémorragie et évitera que ta balâfre ne s’infecte.
Elle me demande alors de l'assommer plutôt que d'être brûlée ... Je pars au ruisseau et lui ramène de l’eau dans une grande feuille, j’en perds en route mais ça fera l’affaire.
- Tiens bois.
Je repars, et cette fois je ramène un bout de bois que j’ai nettoyé dans l’eau fraîche. Le soleil se couche de plus en plus vite, le noir nous enveloppe petit à petit, le reflet des flammes du feu que j’ai créé danse sur nos peaux.
- Mords ça très fort. lui dis-je en lui présentant le bois. Ca va être douloureux, je te l’ai déjà dit. Mais ce sera rapide, je te le promets.
Ma main vient se poser sur sa joue, je tente de capter son regard dans le mien. J’aurais beau y aller vite, une seconde de brûlure lui paraîtra une éternité.
Sans crier gare j’attrape la dague dont la lame chauffait encore avant de l’appliquer sur le flanc de la jeune fille. De mon autre main je la maintiens de sorte qu’elle ne se débatte pas trop, c’est compliqué. Une odeur de grillé me parviens aux narines, je vois sa peau fondre sous le fer brûlant, je suis pris de sueur.
Krysta bouge, se débat avant que son corps ne capitule. Ses tatouages changent de couleur, ils deviennent rouge vif. Soudain, une énorme douleur me prends sur le flanc, j’ai l’impression que l’on m’immole. Je retire la lame de la peau de la jeune fille, la brûlure persiste mais ne s’intensifie plus. Je ne me sens pas bien, j’ai chaud, j’ai mal, je ne comprends pas ce qu’il se passe. Krysta perd connaissance, me ramenant à la réalité. J’oublie ma douleur et soulève son corps inerte, bien plus lourd que tout à l’heure. Je la pose au bord du ruisseau et m’applique à lui verser l’eau sur la brûlure pour arrêter le processus.
Au bout de longues minutes je finis par arrêter, je soulève mon propre haut pour y découvrir une brûlure à la même forme que celle de ma protégée … Mais que ... ? J'y verse de l’eau qui me soulage la peau, mon cerveau est en ébullition. Je commence à comprendre ce qu’il se passe, volontairement ou non Krysta venait d’user de son pouvoir de défense avant que la douleur n’emporte sa conscience.
Je retourne prêt du feu et y installe le corps frêle de la jeune fille. Son visage est toujours aussi blême, la sueur perle son front. Je l’essuie avant de préparer l’onguent cicatrisant. Je mets du temps, peu habitué à la tâche. La douleur me gêne, mais mouvements sont mal assurés.Je n’ai pas grand-chose à part ce que la nature met à disposition pour faire la pâte. J’utilise de larges pierres pour tout écraser, et une grande feuille d’arbre pour y déposer l’onguent.
Le travail finit, je soulève le tissu de Krysta pour recouvrir sa plaie de la mixture. De temps en temps elle gémit, je pose alors ma main sur son épaule en espérant que ce contact la rassure. Elle semble coincée dans un monde qui n’est pas le nôtre, celui des songes. Ce monde qui peut être le plus merveilleux comme le plus terrifiant.
J’applique à mon tour la pâte sur ma propre blessure, la fraîcheur de l’onguent apaise ma peau aussitôt. J’inspire profondément l’air frais de la nuit maintenant bien installée. Les grillons chantent doucement, me berçant de leur stridulation. Mon ventre gargouille, mais je n’ai pas le courage de partir en quête d’un repas, préférant garder un œil sur la fille.
« Qu’as-t-il bien pu t’arriver jeune fille ... » Je revois encore son visage terrifié, je m’en veux presque de lui avoir infligé tant de souffrance. Un mal pour un bien comme dirait l’autre.
Je lutte contre le sommeil jusqu’à ce que Krysta ouvre un œil quelques heures plus tard …code ─ croquelune
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Les rayons du soleil n'illuminaient plus le paysage depuis un certain temps, et le feu qu'avait allumé Naëry était la seule source de lumière. Une source maléfique dont le crépitement contrastait avec les quelques grillons qui avaient décidé de commencer leur petite mélodie. La lune montait haut dans le ciel, illuminant le visage de l'aventurier qui s'apprêtait à soigner Krysta, à sa manière. Le cœur de la jeune fille voulait sortir de sa poitrine, mais elle savait bien au fond d'elle que ce moment, certes difficile, était néanmoins obligatoire. Sans trop comprendre ce qu'il se passait, elle écoutait Naëry et bu quelques gorgées de l'eau qu'il le lui avait apporté.
Il s'éloignait ensuite, à nouveau, tout ça pour revenir avec un bout de bois. Oh, elle connaissait mieux que quiconque à quoi ce petit objet allait servir. Il s'en était servi à de maintes reprises, mais cette fois-ci, ce n'était pas pour une torture. Oh non, c'était simplement pour l'aider. Encore fallait-il que cette idée raisonne dans la petite tête brûlée de Krysta. Avant de positionner le bout de bois entre ses dents, elle attrapait une de ses manches avec entrain.
- Fais ça vite, je t'en prie... Et ne me laisse pas... S'il te plait...
Elle positionnait le bout de bois entre ses deux rangées de dents, avant de le regarder. Ses yeux apeurées étaient déjà humides tant elle redoutait le moment qui allait venir. Elle cherchait un quelconque soutien dans les yeux de cet aventurier qu'elle connaissait à peine, mais tout ce qu'elle trouvait était un homme qui devait faire son boulot, malheureusement. Elle hochait sa tête de haut en bas, mordant d'ores et déjà le bout de bois. Bien plus vite qu'elle ne l'aurait espéré, elle sentait la lame bouillante coller à sa plaie. Le contact avec l'objet coupant était presque glacial et la jeune fille ne réalisait pas tout de suite ce qui se passait.
La seconde d'après, son corps s'agitait face à la douleur qui lui foudroyait le corps. Aussitôt, cet événement lui faisait resurgir tout un tas de souvenirs qui étaient enfuis au plus profond de son esprit. Elle essayait de se débattre et de se libérer, mais Naëry arrivait très bien à la contenir. Son cri était étouffé par le bout de bois qui subissait la pression de sa mâchoire, mais les larmes coulaient le long de ses deux joues.
Enfin, c'était au tour de ses tatouages de prendre une couleur rouge, presque lumineux. Elle devait résister, pourtant, elle le savait très bien. Elle sentait au fond d'elle sa capacité à lui retourner sa blessure. L'aventurier le faisait un mal de chien, et jamais elle n'aurait pensé à devoir inhiber son pouvoir dans ces cas là. La douleur continuait, et ce qui devait être une seconde passait comme une heure. Interminable, le crépitement du feu ou le bruit des grillons n'étaient même plus audibles derrière le cri étouffé de la jeune fille. La douleur s'accentuait encore, la lame ne voulait pas quitter sa peau. Alors qu'elle était à bout et qu'elle se sentait tomber dans l'inconscience, elle ne pu retenir plus longtemps un pouvoir qu'elle n'avait jamais réussit à contenir jusque là. Ses tatouages regagnèrent leur couleur noir, tandis que la blessure que Naëry lui avait infligé malgré lui apparaissait sur sa propre peau. Une petite seconde plus tard, les yeux de Krysta se refermèrent, la plongeant dans un monde bien différent. Celui des rêves et des songes.
Sa sœur était devant elle. Souriante, ses yeux particuliers la regardaient au plus profond d'elle. Krysta était heureuse de la voir, soulagée de l'avoir enfin retrouvée. Dans leur maison d'enfance, Maeralya prenait soin d'elle et de sa blessure, alors qu'elle entendait le bruit distinctif de deux coqs qui chantaient de bon matin. Le tout dans une atmosphère des plus tranquille, sa vision s'assombrissait soudain, alors que du sang apparaissait sur le flanc droit de sa sœur, à l'endroit même ou Krysta avait reçu sa blessure. Elle s'éloignait d'une manière mystérieuse avant de disparaître dans un mur de la pièce. L'aventurière commençait à paniquer, alors qu'elle ouvrit les yeux, rejoignant le monde réel.
Le soleil du matin peinait à faire son apparition. Les herbes hautes qui l'entouraient étaient couverts d'une rosée matinale qui abaissait la température ambiante. Peinant à ouvrir les yeux, elle voulu se redresser mais une décharge électrique la retenait au sol. Elle redressait néanmoins sa tête, se rappelant peu à peu de sa blessure d'hier. La jeune fille constatait avec un certain soulagement mesuré que l'aventurier en avait pris soin, ayant appliqué de l'onguent sur la plaie. Elle se retournait ensuite, voulant chercher son interlocuteur du regard, espérant qu'il ne soit pas parti si vite.
- Naëry... ?
Elle redressait son buste malgré la douleur, grimaçant de plus belle. Elle se souvenait peu à peu qu'elle le lui avait infligé une blessure sans qu'il ne demande rien. Espérons que cette dernière ne soit pas trop grave...
Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
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Ne sois pas chasseur si tu as l’âme d’une proie─ avec Krysta
La nuit s’éternise, je m’endors quelques dizaines de minutes avant d’être réveillé par un instinct de protection. Le feu s’amenuise, je le réapprovisionne ne bois pour qu’il reprenne de sa superbe. Krysta dort toujours, les étoiles brillent dans le ciel qui commence à perdre de sa noirceur. Je décide d’aller me dégourdir les jambes, la lune éclairant assez les alentours pour me déplacer sans faux pas.
La douleur de la blessure m’oblige à me déplacer doucement, en évitant les grands gestes. Je l’ignore tant bien que mal,
Je m’éloigne un peu, restant alerte aux bruits qui résonnent à travers les arbres, avant de me laisser porter par la brise qui me mène devant un magnifiques tourbium. Son tronc est épais, et de nombreux tours sont visibles. Je m’amuse à les conter, à ce qu’il paraît ça donne l’âge de l’arbre. Huit tours, il aurait donc quatre-vingt ans si les dires sont vrais. Je passe ma main sur le bois, son écorce est douce sous ma paume. Je fais le tour, suivant la grosse racine extérieure. Je tombe alors sur une plante grimpante, une sorte de parasite au majestueux tourbium. Mais pas n’importe quel parasite ! Je remarque des grappes avec de nombreuses baies de toutes les couleurs. Je m’approche, en saisie une me déclenchant une douleur dans le flanc. Je l’avais allègrement oublié cette blessure là. Je goûte le fruit, pas fameux. Pourtant un large sourire se fend sur mon visage : il semblerait que je viens de trouver les baies Col au Rium ! Je vais pouvoir accomplir ma mission. Je ne suis vraiment pas mécontent de cette nouvelle, il me fallait retourner sur le camps récupérer le liquide que l’alchimiste m’avait donné. D’après ses dires, il me suffisait de pulvériser le spray sur les baies pour que celles-ci puissent se conserver le temps du trajet retour.
Je ne sais combien de temps ai-je vadrouillé mais à mon retour je retrouve Krysta redressée, le visage crispé.
- Alors belle au bois dormant on se réveille enfin? Je m’approche d’elle doucement.
- Comment te sens-tu?
Je touche son front, il est encore chaud, mais la sueur ne perle plus comme les heures précédentes. Le feu crépite à côté de nous, la fatigue tire nos traits de visages à tous les deux.
- Laissons l’onguent agir encore un peu, après il nous faudra repartir. Tu habites loin?
Je la laisse me répondre, observant ses moindre réactions, près à réagir à ses besoins. D’avoir pris soin d’elle alors qu’elle était des plus vulnérable a tissé un lien que je n’explique pas. La seule chose dont je suis certain c’est qu’elle rentrerait en vie chez elle, et je l’y accompagnerais.
- Krysta ? Pourquoi es-tu si méfiante ?
Au fond, je pense que c’est une bonne chose de ne pas faire confiance à la première personne que l’on croise. Il y a juste une différence entre se méfier et menacer quelqu’un, chose qu’elle avait faite dès notre rencontre. Moi qui me fiche du reste du monde je viens de me faire happer par la curiosité de connaître se petit brin de femme que je compter bien protéger encore quelque temps.code ─ croquelune
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Après quelques secondes, elle revoyait finalement celui qui l'avait sauvé d'une mort lente et douloureuse. Enfin, peut-être. Elle aurait toujours pu boire sa petite potion qu'elle avait acheté un jour avec ses maigres cristaux et ramper jusqu'au château Tolevira, mais même comme cela, difficile de savoir si elle s'en serait sorti. En tout cas, elle était sincèrement soulagée de revoir Naery, malgré que des interrogations sur ses réelles motivations persistaient. Elle mettait néanmoins tout cela entre de grandes parenthèses. C'était devenu assez secondaire. Il l'avait aidé, voir sauvé, et ça, on ne pouvait pas l'ignorer.
Elle rigolait tout doucement à son petit surnom, avant de soulever son t-shirt pour y révéler sa plaie. Ouais, c'était pas super beau à voir, mais l'onguent avait l'air d'avoir fait son effet. Evidemment, le plaie lui tirait la peau, mais rien d'insurmontable. Elle s'en sortirait sans aucun doute.
- Moui... Je suis pas médecin, mais je crois que ça va... ? Elle allait passer à autre chose, mais ses yeux rejoignèrent ceux de Naery. Merci... Merci beaucoup...
Krysta lui laissait toucher son front sans montrer aucun signe de réticence. Elle respirait profondément, se souvenant peu à peu de la soirée d'hier, comme un petit animal qui se réveillant d'une grande hibernation. La blessure, la cautérisation... Et puis, comme si elle réalisait quelque chose d'évident, elle sursautait presque en s'accrochant à sa manche.
- Eh ! Et toi ! Non, je suis désolé, je voulais pas te... Son regard cherchait une quelconque blessure. J'ai pas su l'arrêter...
Sincèrement embêtée, son regard déviait sur le sol. Visiblement, il allait assez bien, et tant mieux, mais elle allait sans aucun doute devoir faire un travail sur elle même pour éviter ce genre de cas à l'avenir. Lorsqu'elle avait reçu ce pouvoir, jamais elle n'aurait pensé devoir l'inhiber dans de telles conditions. Comme quoi, tout était possible.
Vint ensuite le moment où Naëry lui demandait où elle habitait. Ah... Oui. D'apparence, il était clair que Krysta n'avait rien d'une aventurière. C'était même le contraire, elle ne respirait pas vraiment la richesse. C'était une aventurière comme les autres, sauf qu'elle débutait et qu'elle n'avait pas encore vraiment de revenu. Alors, comme lui dire clairement qu'elle habitait dans le château d'une des plus grandes Nobles du coin... ? Boarf, elle n'était plus à cela près, finalement...
- J'habite... Ahem... Au château Tolevira... C'est pas si loin que ça...
Elle souriait nerveusement, il se posera surement des questions. En soit, elle n'avait rien à cacher, mais tout le monde ne pouvait pas être d'accord avec les principes d'Arya et de son château. Mais soit, ça lui donnait un lieu où dormir, une assiette pleine matin, midi, et soir, et un bon lit douillet. Et ça, personne ne pouvait lui offrir en ce moment.
Krysta tentait de se lever en s'appuyant sur l'épaule de son nouvel ami, -si on pouvait l'appeler ainsi ?-. Mais sa nouvelle question vint la stopper dans son geste, et elle se laissait tomber au sol, ne s'attendant pas à une telle question directe. Et puis, contrairement au château Tolevira, ça, c'était une question auquel elle ne voulait pas spécialement répondre. Naery lui avait certes sauvé la vie, c'était un véritable inconnu pour elle ! Alors, lui dévoiler tout son passé d'une traite... Gloups. Très peu pour elle. Elle répondait donc à son interrogation par... une autre interrogation.
- Et toi, pourquoi tu m'as sauvé ? T'aurais pu passer ton chemin. Déjà, t'aurais pu me laisser me débrouiller, contre les 3 pauvres types. Ensuite, t'aurais pu me laisser me démerder. Tu as eu deux occasions de m'aider, et tu as saisis les deux. Pourquoi ?
C'était un véritable défi, ayant probablement posé une question personnelle. S'il le lui répondait, il y avait fort à parier que Krysta en fasse de même. Mais cela lui demanderait de s'ouvrir un peu plus sur son passé, et ses agissements. Naery n'allait de toute manière probablement pas lui répondre. On ne s'ouvrait pas si facilement à des inconnus, hein... ?
Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
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Ne sois pas chasseur si tu as l’âme d’une proie─ avec Krysta
La jeune fille me remercie chaleureusement. Sa sincérité me touche, je souris imperceptiblement. Elle s’inquiète rapidement de la blessure qu’elle m’a infligé à son insu, je la rassure aussitôt.
- Ne t’inquiète pas, ce n’est qu’une égratignure … Et puis nous sommes liés par le lien de cette future cicatrice maintenant ! De vrais jumeaux!
Ma tentative de dédramatisation n’est pas un franc succès, le regard de Krysta reste cloué au sol de gêne. Ma question suivante ne semble pas la mettre des plus à l’aise, et elle finit par m’avouer habiter dans un château. Le grand luxe dis donc. Même après tant d’années d’aventures je n’ai pas amassé assez de Cristaux pour vivre dans cette opulence. Cette somptuosité dans laquelle je suis né, et que j’ai tout bonnement rejeté en quittant la Noblesse qui m’était attribuée. Je serais curieux de connaître son histoire, semblable ou non à la mienne. Mais pour l’heure une autre chose m’intéresse, et ce sujet semble tendre mon interlocutrice un peu plus. Décidément, je ne suis vraiment pas doué pour détendre l’atmosphère et mettre mon entourage à l’aise.
Elle répond à ma question par une autre question, enfin non, deux autres. Ce serait-elle sentie agressée ? Je lui réponds sans détour et de toute bonne foi.
- L’un des commandement de Lucy est « Aide les autres du mieux que tu peux ». C’est ce que j’ai fait. Pourquoi aurais-je laissé 3 badauds s’en prendre à toi dis-moi ?
Pour essayer de lui faire comprendre mon point de vu j’image la scène :
- Imagine tu vois un chaton se faire attaquer par trois gros molosses, le laisserais-tu se débrouiller ? La chose que tu ne sais pas, c’est que ce chaton a des pouvoirs et est capable de se défendre. Alors que ferais-tu?
Oui oui, je viens de la comparer à un chaton … J’espère qu’elle ne va pas sortir les griffes sinon je serais obligé de les lui couper.
- En tout cas je ne sais pas ce que tu leur as fait mais ils ne vont toujours pas te porter dans leur cœur. tenté-je de plaisanter.
Je prends une grande inspiration avant de poursuivre.
- Je suis désolé si j’ai pu te paraître indiscret, tu as tes raisons et je les respecte. Je ne voulais pas me montrer intrusif. Maintenant si Madame La Princesse veut bien se donner la peine de se lever, Sire Naëry ici présent va vous conduire à votre royal château!
Je lui laisse le choix de ne pas me raconter son passé, avant de lui offrir mon avant bras pour l’aider à se relever. Je ramasse ensuite nos affaires, étouffe le feu avant de repenser à mes baies. Je sais maintenant où en trouver, encore faudra-t-il me souvenir du chemin. Mais l’heure n’est pas à la cueillette.
Mon flanc me brûle mais la douleur est supportable, la bise de la nuit est fraîche sur mon visage, je reste près de Krysta pour l’aider à se mouvoir. Nous marchons doucement, les brindilles craquant sous nos pieds dans le silence de l’aube arrivant. Une légère humidité éveille ma peau, les premiers chants d’oiseaux se font entendre. Cet instant aurait pu être des plus plaisant s’il n’était pas mué par la douleur, la faim et la fatigue qui commencent tous trois à tirailler mes muscles. Je n’en laisse rien paraître, restant alerte autant que possible à l’environnement autour de nous.
Krysta nous guide, sa voix raisonne peu même dans le silence, elle est douce, calme, presque apaisante.code ─ croquelune
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Krysta finissait finalement par se détendre. Un léger sourire apparaissait, mélangé à un petit rire qui se voulait enfantin. Plus le temps passait, et moins Naery lui était perçu comme une menace. C'était probablement très débile de penser qu'il pourrait lui faire quoi que ce soit après lui avoir sauvé la vie. Mais bon, c'était Krysta, et elle était têtue, en plus d'être très méfiante. On ne changeait pas quelqu'un comme ça !
- Hm ! Je vais devoir t'infliger de nombreuses autres blessures si tu veux m'égaler dans ce domaine !
D'un sourire en coin, elle tentait elle-même de dédramatiser la situation pour apporter un peu de fraîcheur à la discussion. Par ces mots, elle faisait évidemment référence à ses nombreuses cicatrices dont les tatouages avaient la lourde tâche de les dissimuler. Son rire s'étouffait peu à peu alors que la contraction de ses abdominaux réveillait une douleur encore fraîche.
L'aventurière écoutait ses réponses avec une certaine attention. A sa surprise, il avait uniquement suivi une sorte de code morale. C'était probablement ce qui le poussait dans la vie de tout les jours. Une sorte de code de conduite qu'il respectait. A moins que ce ne soit uniquement celui de Lucy ? Elle continuait d'essayer de donner de sa bonne humeur.
- Alors... J'ai affaire à un croyant ? Un prêtre, peut-être ? Tu n'en as pourtant pas l'air. En faite, je n'aurais jamais parié que tu sois lié de près ou de loin à Lucy.
Simple prétexte ou réelle engouement pour la déesse de la chance ? Difficile à dire tant elle ne connaissait pas vraiment le garçon. Mais ce dont elle était sûre, c'est qu'il ne mentait pas dans ses paroles. S'il l'avait sauvé, ce n'était pas pour profiter d'elle, mais uniquement pour l'aider. Une personnalité assez rare pour être soulignée !
- Un... Chaton ? C'est comme ça que tu me vois ? J'ignorais que je ressemblais à un chaton ! C'est bien la première fois qu'on me le dit...
Elle avait pris cette petit comparaison à la rigolade, même si elle ne comprenait pas vraiment d'où elle venait. Pas d'inquiétudes à avoir cependant, ces griffes n'allaient pas être sorties pour si peu, et Naery allait avoir un peu de répit pour le moment. Attention, il ne fallait pas énerver ce chaton !
Krysta essayait ensuite de se lever avec l'aide de son nouvel ami, avant qu'il ne mette sur la table le sujet des 3 petits zigoto de toute à l'heure. Elle les avait presque oublié, à vrai dire.
- Je dois avoir peur ? J'ai maintenant un chevalier prêt à me défendre des vermines, non ?
La jeune femme continuait sur sa lancée et rigolait légèrement. C'était une petite boutade mais qui se voulait aussi un petit défi, sa réponse allait probablement être intéressante, s'il répondait, bien sûr.
- Par là. dit-elle en lui indiquant la direction à prendre.
S'aidant du bras de Naery pour se maintenir debout, elle commençait sa marche jusqu'au château. Elle appréciait le calme que leur offrait la nature en cette matinée, et elle en profitait même pour se taire et apprécier ce calme plat. Les bruit de pas contrastaient avec le bruit du réveil des oiseaux et des autres bêtes de la forêt. La bâtisse ne devait à présent plus être très loin. Assez inhabituelle pour être précisé, c'était Krysta qui brisait ce silence installé.
- Tu m'avais demandé pourquoi j'étais si méfiante, avant. Je pense que tu as le droit à une réponse... C'est la moindre des choses, pour quelqu'un qui m'a été d'une grande aide, non ?Elle souriait, mais cette fois, son sourire disparaissait plus rapidement. Je ne sais pas trop comment le dire, ni comment le mettre sur la table. Je veux surtout pas que tu me plaignes après avoir entendu ça. C'est du passé, et même si j'y pense tout les jours, même si j'en ai des séquelles, j'essaye de tourner la page. D'être comme toi.
Elle soupirait, laissant un petit blanc s'installer, avant de reprendre, ralentissant sa marche sans le faire exprès.
- A dix ans, je me suis fait capturé par un homme. Il m'a fait subir les pires horreurs avant que j'arrive à m'en échapper quatre ans plus tard. C'est mon pouvoir qui m'a sauvé, celui dont tu as vu un des aspects. J'essaye d'être moins méfiante, de m'ouvrir, depuis quelques temps, c'est pour ça que j'ai rejoins les aventuriers, aussi... Mais c'est compliqué. Je suis heureux d'avoir fait ta connaissance, Naery. Cela me réconforte dans l'idée qu'il n'y a pas que des pourritures, sur Terre, au final...
Voilà. C'était dit. Krysta avait tourné la tête, probablement pour éviter qu'il ne voit ses yeux humides et rougeâtres. C'était une des seuls personnes à le savoir, avec les hôtesses de la guilde qui l'avaient appris à ses dépends. C'est pourquoi elle n'eut aucune idée de la réaction qu'il allait avoir. Il était même fortement probable qu'il n'en ait pas. Elle n'en attendait aucune. Et surtout pas de compassion. Tout ce qu'elle voulait, c'est d'être une personne parmi tant d'autres. Tout simplement parce que, et elle l'avait appris, tout le monde avait vécu des choses. Parfois, des choses atroces. Tout le monde avait de quoi se plaindre et elle n'en avait pas le monopole. Naery lui même avait probablement vécu tristesse et évènement tragique. Elle voulait lui dire qu'il pourrait également s'ouvrir à elle. En parler, le soulager d'un certain poids, comme il lui avait proposé. Mais elle n'y parvenait pas. Krysta était encore bien trop égoïste pour pouvoir se soucier des autres, et de comprendre ce qu'était vraiment le terme "ami".
Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
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Ne sois pas chasseur si tu as l’âme d’une proie─ avec Krysta
Krysta se demande si je suis croyant, ma référence à Lucy semble l’intriguer.
- Je ne suis pas prêtre non, dis-je avec un sourire. Je crois en Lucy, je crois en les dogmes qu’elle nous dicte. Elle appelle à la tolérance, le respect, la modestie, l’entraide. Ce sont des valeurs qui me tiennent à cœur, mais la nature humaine nous dévie souvent de notre chemin, le Destin, les épreuves de la vie, qu’en sais-je, appelle cela comme tu veux. Alors je me rappelle Lucy pour revenir sur le bonne route et me rappeler mes convictions. Elle est un guide en quelque sorte, sans pour autant être la seule raison de ma conduite. T’es tu déjà rendue dans un lieu de culte ? C’est apaisant je trouve.
Ma rencontre avec le culte de Lucy a été la première pierre de mon émancipation à la Noblesse. « Tu ne vanteras pas ton titre ni ta fonction au sein du culte et auprès des citoyens du Royaume. » Les Citoyens, vague concept pour les Nobles que nous étions et qui sont encore aujourd’hui. Petit peuple auquel il ne faut pas se mélanger, comme si nous vivions dans deux mondes séparés. Pourtant ils ont tellement à nous apprendre. Nous avons tous à apprendre de chaque personne que nous rencontrons, et quoi de mieux que quitter ma condition pour rejoindre le reste de la civilisation ? Les rencontres que j’ai pu faire ont été enrichissantes, pas toujours positivement mais il faut de tout pour faire notre monde.
Elle s’amuse de ma comparaison avec un chaton, j’en rajoute une petite couche histoire d’alléger encore la situation.
- Oui, tu as le même regard qu’un chaton. Je la laisse interpréter ça comme elle le veut, un sourire en coin se dessine sur mes lèvres.
- Un chevalier servant, moi ? Je fais une révérence avant de poursuivre. Je serais sans nul doute le plus grossier et nonchalant des chevaliers, mais j’accepte le titre. Par contre il me faudra un cheval pour faire honneur à ce rôle, et vu que je te sers, il en revient à SA majesté de me fournir cette monture !
Appelez-moi John, John Snow, l’homme qui ne perd jamais le Nord. Je ris à ma bêtise avant de reprendre mon sérieux devant le calme qui s’offre à nous et les confidences de Krysta. Kidnapper à dix ans, j’ose à peine imaginer les tortures qu’elle a subit, bien que j’en ai pleinement conscience. Mes mâchoires se crispent à cette idée, je tourne alors la tête vers la jeune fille, mon regard cherchant le sien, l’obligeant à me regarder en face. Aucune pitié ne traverse mes yeux, aucune compassion, juste de la conviction.
- Ces événements, aussi terribles soient-ils, font de toi ce que tu es. Ils te construisent, ils ne s’effaceront jamais. Fais en une force. Et pour celui qui t’a fait ça, crois-moi, il ne s’en sortira pas comme ça. Un jour Lucy lui fera payer de quelque manière que ce soit.
Je suis persuadé de ce que j’avance, la vie rendra à son propriétaire ce qu’il est. Et quelque part, peut-être à cause de cette nouvelle âme de chevalier servant qui m’habite, j’espère que c’est sur mon chemin que justice sera rendue pour Krysta, et que cet homme connaîtra bien pire torture qu’elle a subit dans son enfance volée.
Pas besoin d’en rajouter davantage, nous continuons la route dans le calme jusqu’à arriver à destination. Une belle demeure me fait face, que dis-je, un petit château digne de sa seigneurie.
- Aurais-je l’honneur d’escorter une Dame de haut rang? finis-je par demander en accompagnant la demoiselle à l’entrée. Sa tenue est loin de témoigner d’un tel statue, mais les apparences sont souvent trompeuses, plus nombreux qu’on ne le croit sont ceux qui fuit leur Destin programmé à leur naissance, moi y compris ...
Vu la richesse du lieu il y a sûrement du monde pour prendre la relève et s’occuper de Krysta, je ferais mieux de m’éclipser, qui voudrait dans son château d’un manant comme moi. Pourtant je n’arrive pas à la laisser avant de m’assurer que tout ira bien pour elle.code ─ croquelune
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Lucy... Oh non, cela faisait bien longtemps qu'elle n'y croyait plus. En faite, il y avait fort à parier qu'elle n'a jamais vraiment cru que Lucy avait un quelconque impact dans la vie. N'ayant jamais parjurer son nom d'une quelconque manière comme sa mère le lui avait souvent répété, elle s'était finalement retrouvée dans une situation des plus cauchemardesques. La chance... Elle pourrait même en rire jaune, aujourd'hui. Krysta en était complètement dépourvu depuis sa naissance, et ce n'est pas aujourd'hui qu'elle changera d'avis. Pourtant, ce n'est pas pour cela qu'elle jugera ceux qui y croient, bien au contraire. Si cela marchait pour eux, grand bien leur fasse !
- Non, je n'ai jamais mis les pieds dans un de ces cultes. C'est une croyance qui m'échappe un peu, pour être honnête... Ou bien, Lucy m'a abandonné depuis ma naissance, et alors, je n'ai rien à lui dire...
Et pourtant, elle se cherchait. Krsyta avait croisé de nombreuses personnes qui suivaient une sorte de code morale. Peut-être qu'une telle chose lui serait très bénéfique... Mais surement pas Lucy.
Elle rigolait aux paroles de Naery. Le même regard qu'un chaton. Qu'est ce que cela voulait donc dire ? Etait-ce là une comparaison purement physique ? Car elle ne se trouvait pas vraiment de ressemblance avec un chaton, d'un naturel inoffensif. Elle se sentait un peu plus téméraire, voir instable. Elle était convaincu pouvoir faire du mal à celui qui lui chercherait des noises. Bwarf. Pas la peine de tergiverser dessus, ce n'était de toute manière pas le fort de Krysta ! Chaton, chien, ou chapardeur, quelle importance ?
- Pour quelqu'un de nonchalant, tu t'es quand même bien décidé à me soigner, hein ? Elle lui faisait un clin d'oeil. Une monture ? On verra ça en arrivant au château, je dois avoir ce qu'il te faut !
Krysta rigolait, comme si elle était propriétaire de ce maudit château. La vérité, c'est qu'elle n'en était qu'une simple locataire, et qu'elle n'avait aucun pouvoir de noblesse ou de quoi que ce soit. Bwark, la noblesse, ce n'était pas vraiment quelque chose qu'elle appréciait, même si vivre dans le luxe était quelque chose dont elle avait vite pris goût en vivant aux côtés d'Arya. Il valait mieux que Krysta soit clair avec Naëry... Ne sait-on jamais, des fois qu'il croit avoir sauvé une véritable princesse !
- Je suis sûr qu'Arya doit avoir ce qu'il faut au château, ou alors, elle aura l'argent pour t'en acheter un ! Ce n'est pas chère payer pour m'avoir sauvé.
Hm. C'est vrai, ça. Le château était dorénavant visible, surplombant le lac qui apparaissait au loin. Naëry aura probablement le cheval une autre fois, car Krysta avait d'ores et déjà tranché : Il ne la suivra pas jusqu'au château. Oh non. Elle refusait catégoriquement qu'Arya le voit, dans quel cas il deviendra littéralement un de ses sujets. Et vu le tempérament de Naëry, il était bien trop noble pour accepter une telle chose. Et vu qu'on ne refusait rien à Arya... Oh, non, il valait mieux pour lui qu'il reprenne malheureusement sa route. C'était assez cruel dit ainsi, mais c'était pourtant la meilleure chose à faire, l'aventurière en était persuadée.
Oh... Elle aurait bien aimé que son chevalier l'accompagne jusqu'à sa chambre, mais malheureusement, la contrainte était trop importante. Elle s'arrêtait non loin de l'entrée, espérant que la femme en question ne les ait pas déjà aperçu...
- Ecoute, Naëry... Je te suis vraiment extrêmement reconnaissant de m'avoir sauvé. Malheureusement, il est peut-être mieux pour toi que... Elle soupirait. Autant tout lui dire. Je ne suis pas ici car je suis une noble, tu l'as déjà remarqué. Si je vie ici, si je peux manger comme je le veux, si je peux avoir ce que je veux, c'est qu'il y a une contrepartie. Arya, la fille de la propriétaire... Elle cherche des gens. Pour dormir dans son château. Pour dormir avec elle. Enfin voilà quoi. Oui, c'est tordu. Oui, je sais, c'est idiot d'avoir accepté, et tu peux m'engueuler. Mais c'est mieux que la rue, d'accord ? C'est juste le temps d'avoir assez d'argent grâce aux aventuriers pour m'installer quelque part...
Etait-ce la vérité ? Même elle n'en savait plus rien. Elle appréciait vivre ici, c'était la vérité. Un château. Un putain de château. Qui aurait cru que Krysta vivrait un jour dans une telle demeure ? En tout cas, pas elle. Alors oui, la contrepartie était... étrange... Mais c'était mieux que de ne rien avoir. Ce n'était même pas si chère payer. Dans ce château, même si les servantes lui obéissaient au doigt et à l’œil, elle n'était rien. Une simple invité d'Arya, dans des allures de fausse princesse.
- Alors, il me semble bon que tu ne passes pas ces portes... Et que tu ne croises pas la Tolevira. Désolée...
Assez gêné par tant de révélations et surtout par sa décision qui pouvait surprendre, elle espérait sincèrement en pas avoir détruit une amitié naissante.
Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
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Ne sois pas chasseur si tu as l’âme d’une proie─ avec Krysta
Le château n’est donc pas à Krysta, mais à celle qui l’a recueilli contre d’obscurs services. Je fronce les sourcilles sans pour autant juger la jeune femme. Je m’inquiète seulement pour elle, encore une fois. La fatigue y est-elle pour quelque chose ? Ou me suis-je réellement attaché à elle en l’espace d’une nuit ?
Je sens sa gêne, et je décide de la rassurer aussitôt :
- Ne t’inquiète pas, je comprends … Enfin pas tout, mais l’important est que tu ailles bien et que tu ne fasses pas des choses dont tu n’as pas envie d’accord? Ce sous-entendu est lourd de sens.
Je réfléchis un petit instant avant de reprendre :
- Tu sais je loue un logis à la Capitale, je n’aime pas trop dormir à la Guilde. C’est tout petit, et il n’y a pas le confort que tu peux trouver ici, loin de là. Mais si jamais tu as besoin, tu peux y venir. Je suis souvent en vadrouille en plus, tu pourras être seule.
Je lui précise le lieu et le nom du propriétaire pour qu’elle sache où se rendre si jamais la proposition l’intéresse.
- Je donnerai ton nom, Krysta Chaton, à celui qui tient le lieu. finis-je avec un clin d’œil. Tu pourras y rester comme tu veux.
Je pose ma main sur son épaule en lui souriant.
- Prends soin de toi.
Je pars aussitôt, les aux revoir n’ont jamais été mon truc, et les adieux encore moins. Une idée me traverse alors l’esprit, je me retourne une dernière fois vers la demoiselle.
- Au fait, si tu as besoin de sous, il y a un appel de la Couronne pour la mine maudite, à ce qu’il paraît, depuis son retour leur fils n’est plus lui-même. Ça devrait rapporter gros, et si jamais l’aventure te tente, fais moi signe, que je prépare de quoi te soigner à l’avance.
Je lui souris une dernière fois avant de m’en retourner à la première de mes missions. La cueillette au Col-au-Rium. La vérité, je n’ai absolu pas envie de cueillir ces grappes de fruits, je serais bien restée avec la gamine pour veiller sur elle, mais sa décision est autre. Je n’ai pas pour habitude de faire dans le sentiment, mais cette Krysta m’a touché, et au fond j’espère la recroiser rapidement. Vivement que je rentre à la Capitale …code ─ croquelune
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