Le temps du repos était révolu. Si après les événements de la tour, Queen avait espérée avoir du temps pour se remettre à la fois de ses émotions et de ses blessures, c'était une erreur. De plus personne n'était à ce jour apte à la remplacer, il lui était donc totalement impossible de prendre un véritablement temps de congé, seulement des jours par ci, par là, qu'elle avait réussit à grappiller en s'imposant d'autres jours de travail monstrueux pour avancer ou rattraper les dossiers qu'elle avait laissé en plant. Enfin... Tout ses espoirs avaient été réduit à néant lorsque la disparition du prince avait été rendu public. Cela avait d'ailleurs été, au début, un secret très bien gardé puisque même elle, qui était l'une des personnes les plus au fait des rumeurs et autre petits commérages, ne le savait pas. Bien entendu elle avait remarqué l'absence d'Aeron, mais jamais elle n'aurait pu deviner qu'il s'était tout bonnement et simplement volatilisé. Et avec lui ses chances de mettre le grappin dessus.

Pourquoi fallait-il toujours que Lucy s'emploie à lui mettre des battons dans les roues ? Sa tâche n'était-elle déjà pas suffisamment compliquée comme ça ? Gérer la trésorerie d'un royaume au complet sans un assistant capable n'était déjà pas une chose aisée mais il s'ajoutait en plus à cela les informations qu'elle devait collecter pour la matriarche des Milan et aussi le rendez-vous qu'elle avait eut avec le jeune Marc-Antoine qui occupait tout ses temps de réflexions. A ce rythme là, Queen Milan ne serait bientôt plus que l'ombre d'elle même. 

Ce soir, elle était en route pour les bureaux du roi. En temps normal, vu l'heure tardive, elle n'aurait sans doute pas osée s'y présenter comme ça. Mais elle était presque sûre que la nouvelle qu'elle détenait dans ses dossiers permettrait au roi d'être d'une humeur moins... Massacrante ? C'était une personne qu'elle ne connaissait pas, elle lui avait bien sûre déjà parlé, pour le travail et il avait possiblement eut le mérite de la faire rire franchement une ou deux fois mais c'était tout. Néanmoins la rumeur laissait entendre qu'il était en ce moment, un homme acariâtre et désagréable. Et un roi dans cet état d'esprit n'était clairement pas une bonne chose pour la trésorière, car aussi bon qu'était son travail, elle savait qu'il y avait toujours cette épée de Damoclès qui pendait lourdement au dessus de sa tête.

Comme tout bon Milan, elle avait aussi pensé que ce moment était parfait pour les attaquer à cœur, ils étaient affaiblit que ce soit par les recherches ou la simple absence de leur fils et héritier légitime. S'il avait fallut frapper, c'était maintenant, alors que le gros de leur troupes se trouvaient à des lieux de la capitale. Mais aussi surprenant que cela pouvait paraître, elle n'en avait rien fait, elle avait même fait retarder son nouveau voyage auprès de sa mère dans l'espoir qu'Aeron ne rentre avant ça. Pourquoi vous direz vous ? Parce que Queen n'était certes pas une personne honnête et encore moins agréable mais elle aimait se confronter à une chose dans la pleine force de ses capacités. Qui serait-elle si elle abattait ses cartes alors même que la couronne se mourrait ? Pas grand chose. Alors elle avait préféré attendre, prétextant une surcharge de travail pour faire patienter sa mère. Prétexte qui n'était pas totalement faux, au contraire. 

- Dites au roi que je dois lui parler urgemment. Dit Queen tout en se plantant devant le garde qui l'observa l'air dubitatif. - Si vous faites retarder l'arrivée des nouveaux devis pour la recherche du prince, je suis presque sûre que vous irez faire un séjour tout frais payés de l'autre côté de la frontière. Et je serais ravis de délivrer dès demain matin le budget pour. Grimaçant, le garde disparut derrière la porte avant de réapparaître pour la lui tenir ouverte. Lui offrant un sourire perfide, elle pénétra dans la pièce tout en ouvrant l'un des dossiers qui constituait sa gigantesque pile. 

- Majesté, j'ai de bonnes nouvelles pour vous. Bon pas celle que vous attendait avec impatience c'est certain mais je doute que vous soyez mécontent. Elle s'approcha un peu plus de la table et y déposa ses dossiers, gardant celui qu'elle avait toujours ouvert bien en main. - J'ai recalculé tout les budgets du royaume afin de pouvoir garantir des recherches de qualité pour votre fils. Après avoir réduit celui de certain ministère, débloqué les fonds d'urgences nous avons une coquette sommes. Néanmoins cela ne sera pas encore suffisant donc j'ai trouvée d'autres solutions. Elle referma le dossier en question et le présenta au roi, le lâchant la seconde suivante pour prendre celui qui suivait. - Si vous prélevez les impôts plus tôt cette année nous pourrons  largement doubler les effectifs et peut-être même envoyer quelques volontaires au delà de la frontière pour une durée d'une semaine, vivre compris. Votre peuple n'appréciera peut-être pas mais... Une nouvelle fois, elle ferma le dossier, le lui présenta et en ouvrit un troisième. - Après avoir discuté avec mon cher frère, votre ministre du commerce. Afin de calmer les quelques mauvaises réactions les Milan s'engagent à financer des vivres pour les saisons a venir afin que l'impôt prit en avance ne soit pas une charge pour les familles les plus en difficultés. 

En vérité, elle n'en avait absolument pas discuté avec son frère mais elle ne douta pas un seul instant qu'il accepte sa proposition, si il fallait qu'elle le prenne par les sentiments, elle le ferait aussi mais lui comme elle savait que rentrer dans les bonnes grâce de la couronne, valait sans aucun doute tout l'or du monde. 

- Bien sur nous laisserons le royaume s'assainir avant de vous demander un quelconque remboursement, dès que je verrais que les comptes sont a nouveau dans le vert je vous le ferez savoir. Alors, majesté, qu'en dites vous ? Pour la première fois depuis qu'elle était entrée, elle posa son regard sur le roi et s'inclina légèrement. Dans sa fougue elle avait complètement oubliée ses bonnes manières et aux vues de la tête que tirait encore le roi, elle n'était pas sûre que cela passe pour cette fois. Enfin, elle espérait surtout que les nouvelles qu'elle lui apportait le réjouisse un minimum.   

Ah. Ah d’accord. Furent les premières pensées de Queen quand le roi l’interrompit. Arquant un sourcil sans le lâcher du regard. Elle s’était attendu à beaucoup de réaction suite à son discours et son manque de politesse mais ça certainement pas. Au contraire, le roi semblait soudainement d’une humeur plutôt très, voire trop bonne. Elle lui lança donc une œillade méfiante avant de s’asseoir sous sa demande. Elle ne savait pas ce qui était entrain de se passer sous cette tignasse rouquine mais elle savait une chose, cela n’était absolument pas normal et elle ne put s’empêcher de contracter la mâchoire à l’évocation de son surnom. Elle avait dit déjà maintes fois à Primus de ne pas l’appeler ainsi et pourtant c’était maintenant le roi qui se permettait ce genre de familiarité, l’avait-il entendu de la bouche de son frère lui même où c’était-il simplement fait un petit plaisir personnel ? Dans tous les cas elle n’appréciait que moyennement, déjà lorsque cela venait de son aîné alors venant de Grimvor Renmyrth… Enfin, ce n’était pas comme si elle pouvait y faire grand-chose. C’était là aussi, certainement, l’un des avantages à être roi. La possibilité d’utiliser n’importe quel nom qui vous passait par la tête, sans que jamais personne ne trouve à y redire. Soit. Elle s’en accommoderait.

Interrompant le cours de ses pensées, deux mains puissantes vinrent se loger dans le creux de sa nuque. A l’instar de sa mâchoire quelques secondes avant ce fut le corps complet de la jeune femme qui se tendit comme un arc. Le roi avait définitivement pété les plombs. Elle aurait volontiers ouvert la bouche pour dire quelques choses mais les mains qui s’affairaient sur sa peau et les paroles intarissable du rouquin l’en empêchèrent. Alors elle se contenta de grimacer sous la pression beaucoup trop violente qu’il employait.

Plus il poursuivait et plus elle le cataloguait comme fou. Et comme si cela ne suffisait pas ses massages se transformèrent bien vite en petites tapes désagréable qui auraient sans aucun doute fait trembler sa voix si elle avait eut le malheur de vouloir parler. Pour éviter ce genre de désagrément elle garda donc le silence et se contenta de lui lancer un regard éberlué. Alors comme ça le roi lui même louait son physique. C’était un compliment qu’elle n’oublierait pas de sitôt. D’ailleurs, comme l’avait fait remarquer Grimvor. Si la reine n’était pas là, tout serait diamétralement différent. Oh oui. Dans son genre et pour son âge, le roi était un homme parfaitement désirable et si Allys Renmyrth n’avait pas fait partie de la concurrence, Queen n’aurait sans doute pas hésité à faire de l’homme l’un de ses nombreux favoris, d’autant que son ancienne position était beaucoup plus facile à approcher que celle de roi consort. Enfin, la question n’était plus là à présent et même si elle avait pu avoir une once de chance, elle n’aurait jamais tentée quoi que ce soit, aucun homme ne vaut le courroux d’une reine.

Pour ce qui était de profiter de la vie, Queen n’était pas en reste. Certes elle se perdait dans son travail corps et âme mais lorsqu’elle parvenait à obtenir quelques moments de répits elle n’hésiter pas à relâcher la pression en se perdant dans les bras d’un quelconque amant.  

La question qui suivit lui coupa l’herbe sous le pied. Et le roi put aisément le remarquer puisqu’elle se mit à tousser, tapotant sa poitrine alors qu’elle avait avalée sa propre salive de travers. Ce qu’elle pensait du royaume ? Trop de gueux. Mais elle ne pouvait absolument pas se permettre de répondre ce genre de chose. Diantre ! Que pouvait donc bien lui vouloir ce maudit roi ! Elle n’était venu dans son bureau que dans l’unique espoir de gagner ses faveurs mais il semblait que ce dernier avait une tout autre affaire en tête. Toujours dos à lui, elle ne put réprimer un frisson lorsque le souffle fortement alcoolisé du roi vint chatouiller à la fois son oreille et ses narines. Que pouvait-elle répondre à ça ?

Bien vite, le roi retourna a sa place en face d’elle. Bien que son visage soit quelques peu déconfit, sa majesté n’avait sûrement pas eut le temps de s’en apercevoir puisque Queen avait revêtit l’un de ses nombreux masques de neutralité et de calme apparent.

- Veuillez m’excuser… Dans la hâte, j’en ai oublié mes bonnes manières. Ca ne se reproduira plus soyez en sur. Dit-elle d’un ton terriblement polie mais avec une pointe d’amusement. Si elle avait bien compris quelques choses avec le roi c’est qu’être trop sérieux quand le moment ne s’y prêtait pas avait tendance à le frustrer plus qu’autre chose. Aussi, elle essayait toujours de faire dans la demi mesure avec lui. - Ne vous inquiétez pas majesté, je n’étais pas stressée. Plutôt impatiente je dirais. J’ai travaillé sur ce plan économique pendant de nombreuses heures et je suis plutôt fière de mon travail, c’est là la seule vérité. Et elle sourit. Un sourire bien entendu fade et faux. Mais ainsi fonctionnait Queen.

- Je crains malheureusement de vous décevoir si je vous dis que personne ne m’attend chez moi si ce n’est Alphonse, mon majordome. Après tout c’était là la stricte vérité puisque c’était bien souvent elle qui rejoignait ses amants, elle évitait soigneusement de laisser quiconque d’autre qu’une personne de confiance entrer dans sa villa. De plus elle n’était pas sûre que dire au roi qu’elle avait plusieurs amant soit véritablement bon pour son image, encore moins si elle espérait faire bonne figure auprès du prince à son retour. Et surtout, surtout, elle se retrouverait dans une posture plus que délicate si il venait à apprendre que le garde personnel de sa petite fille chérie figurait en tête de liste. - Vos compliments me touchent, majesté.Minauda-t-elle tout en inclinant poliment la tête, poursuivant ensuite. - Mais je pense que la reine n’aimerait pas vous entendre de dire des choses pareil. Il ne manquait plus qu’elle se mette la reine à dos.

- Pour ce qui est de mon avis sur le royaume. Il n’y a rien de spécial à dire. C’est un royaume prospère où il fait bon vivre. Tout n’est pas toujours rose, surtout en ce moment j’en ai bien conscience mais dans sa globalité je pense que vous pouvez en être fier. Elle se tut ensuite, puis croisa les jambes avant de déposer l’un de ses coudes sur l’accoudoir, se préparant à poursuivre. - Pour ce qui est de mon roi… Elle devait réfléchir. Éloges ou vérité. Les deux pouvaient fonctionner mais seulement un la tirerait sans doute d’affaire. Depuis le début de la conversation, elle prenait sur elle afin de ne pas laisser sa nature prendre le dessus mais elle devait bien avouer que c’était là une prouesse compliquée. - Vous êtes un homme juste et bon. Commença-t-elle. Et c’était vrai. Malheureusement aux yeux de Queen, la bonté était une faiblesse, tout comme l’amour. Amour que le roi et la reine se portaient entre eux et à leur progéniture. Preuve en était, ils faisaient des proies facile, tout comme le montrait la disparition d’Aeron et le désespoir qui se lisait sur le visage du roi malgré tout l’alcool qu’il pouvait ingérer. - Vous êtes parfois désinvolte mais cela plaît à la plus part de vos sujets. Sans compter que votre peuple vous adore. C’est tout ce qui est nécessaire à un roi pour régner en paix. Non ?

Sans attendre de réponses, elle se leva de sa chaise et saisit la bouteille, la tournant vers elle pour lire les inscriptions.

- Majesté, je pense que vous avez suffisamment bu pour aujourd’hui, vous ne croyez pas ? Enfin, je peux aussi ajouter que vous avez de bon goût en matière de vin cela dit ! Puis elle rit tout en ne relâchant pas la bouteille, posant son regard limpide dans les yeux mordoré où elle se reflétait.

Ce que le roi ignorait sûrement c’est que Queen était depuis bien longtemps maintenant dotée d’un self-contrôle non négligeable. Cela faisait des années qu’elle enchaînait un nombre incalculable de masque afin de s’adapter à son interlocuteur et le roi ne faisait pas exception. Plus encore, lorsqu’elle se trouvait en sa compagnie ou celle de sa femme. La jeune femme mettait un point d’honneur à faire de ses masques une seconde peau. Pourtant ce soir, elle avait un mal fou. Le comportement du rouquin ne la laissait pas indifférente et elle ne savait pas vraiment par quel bout le prendre mais fort heureusement, elle était une femme maline et prudente. De plus elle savait qu’elle n’avait pas à  faire à un crétin de bas étages  - quoi qu’elle ait pu en douter quelques fois -. Alors comme tout bon sujet, elle sourit et lui adressa un signe polie de la tête lorsqu’il l’a félicita pour ses prouesses à la trésorerie. En soit cela n’était pas franchement nécessaire, elle avait parfaitement conscience de son travail exemplaire. Mais les compliments étaient toujours bon à prendre, alors elle ne cracha pas dessus et les accepta bien volontiers.

Les commentaires qui vinrent ensuite la laissèrent… Perplexe. Toujours installée à sa place, elle lui avait lancé un regard surpris et amusé. Il devait vraiment être saoul vu que c’était lui même qui avait sous entendu qu’avec quelques années de moins il ne se serait pas fait prier. Cependant la jeune femme n’était pas assez sotte pour envoyer un roi sur les roses, ce qui la chagrina d’ailleurs quelques peut. S’il n’avait pas été lui ou qu’elle n’avait pas était elle, c’est sans douceur qu’elle aurait partagé avec lui le fond de sa pensée. Et connaissant l’animal, il aurait sûrement surenchéri avec un rire tonitruant à vous en décrocher un tympan. Non, il valait mieux qu’elle se taise pour cette fois. Quoi qu’à l’occasion, elle se ferait peut-être le plaisir de le lui glisser. Mais avant ça il avait récupéré la bouteille qu’elle lui avait piqué un peu plus tôt auparavant.

Pour son plus grand plaisir il reprit enfin son sérieux et poursuivit sur sa réponse concernant le peuple et la royauté.  Queen de son côté ne l’écoutait que vaguement, son regard le suivait sans jamais le perdre de vue et elle se demandait ce qui pouvait bien l’agiter à ce point. Il semblait ne pas tenir en place et c’est ce qui inquiétait le plus la demoiselle. Du moins jusqu’au moment où l’atmosphère changea du tout au tout. La trésorière n’avait pas mit longtemps à s’en rendre compte. Tout semblait être devenue plus sombre, plus tendu. Alors elle se rassit. Son regard azurite fixait encore et toujours le roi, elle cherchait à capter chacunes des mimiques qu’il pouvait avoir, saisir les tenants et les aboutissants qui allaient suivre. Ce ne fut pas compliqué de comprendre que cela ne lui plairait sans doute pas. Son regard à lui en disait long ; d’habitude pétillant il était maintenant enflammé. Mais pas des flammes chaudes et chaleureuses comme la blonde en avait l’habitude. Non plutôt comme un feu de givre, glacial et qui aurait pu la terrifier si seulement c’était la le premier qu’elle croisait de sa vie.

Malheureusement pour le roi, la femme qui lui faisait face était rodée à ce genre d’échange. Alors elle ne se démonta pas un seul instant, son visage rieur avait également laissé place au sérieux et elle l’écouta sagement. - Je vous écoute. L’incita-t-elle à poursuivre lorsqu’il souligna le besoin de lui donner son avis. Elle aurait sans doute put en être honorée. N’importe qui l’aurait été dans son cas. N’importe qui qui n’ait pas une trahison à cacher. A cette pensée, son palpitant loupa un battement et son sourcil tressaillit. De manière infime et presque imperceptible. Mais ce fut le cas. Son masque si bien érigé venait de se fendre, légèrement certes mais il était fendu. Alors, encore une fois dans un silence religieux, elle l’écouta, chacun de ses muscles se tendant chaque seconde un peu plus. La jeune Milan inspira et expira calmement, ça allait être son tour de jouer dans quelques secondes. Le roi face à elle était calmement entrain de poser ses pièces unes à unes et elle se préparait doucement à en faire de même. Ce qui allait se jouer ce soir serait sans doute le plus grand rapport de force et d’esprit qu’elle aurait à affronter de toute sa vie.

Quand Grimvor se tut, elle ne chercha pas à prendre la parole tout de suite et elle ne chercha pas à échapper à son regard. Au contraire, elle le soutenait avec une fierté indéfectible. Gesticulant dans son siège, elle s’installa plus confortablement avant de croiser les jambes, posant les bras sur chaque accoudoir du fauteuil alors que ses mains pendant vers l’intérieur de ce dernier.

- Depuis quand les loups ont des conseillés ? Ironisa-t-elle avant de reprendre son sérieux. C’était maintenant à elle de jouer, son regard s’affûta et son sourire s’étira, vu de l’extérieur elle pouvait tout à fait être comparée à un félin en train de guetter sa proie. - Bien. Trêve de plaisanterie. Dans un premier temps je me demanderais si cette louve est véritablement une menace. Ensuite j’essaierais sans doute d’en apprendre plus à son sujet. Etait-elle véritablement la fautive ou n’était-elle qu’un pantin qui n’a pas le choix. Majesté pardonnez-moi, mais contrairement à vous, tout le monde n’a pas la possibilité de  faire ce que bon lui semble. Elle lui sourit alors sans jamais perdre cet air joueur qui venait étirer ses traits puis se pencha légèrement vers lui. - Sire, cette louve était-elle un danger… Ou un atout ? Là est toute la question. Malheureusement je crois comprendre que l’alpha ne connaît pas cette louve. Il ne sait même rien d’elle en fait. Et je crois que c’est cela qui lui fait peur. Je me trompe ? A son tour elle se leva de son siège et fit courir ses doigts sur le bureau sans jamais le lâcher des yeux. - Peut-être que cette louve fournit un travail d’une qualité exemplaire, sinon elle n’occuperait pas un tel poste. Et peut-être que cela ne lui suffit pas. De la façon dont vous m’en parlez… Cette louve à l’air diablement ambitieuse. Et nous le savons vous comme moi, il n’y a que les ambitieux qui réussisse vraiment dans la vie. Ceux qui se contente du minimum d’effort ne percent jamais.

Comme pour lui montrer qu’elle ne le craignait pas, elle contourna le bureau et se planta devant lui. Pas trop proche, elle ne voulait pas que cela puisse une nouvelle fois être mal interprété. Queen savait qu’il parlait d’elle, aucune autre personne ne pouvait avoir un parcours aussi similaire au sien. De plus, si il avait été question d’une autre personne elle se serait contentée d’un « je la ferais disparaître » mais il s’agissait d’elle et elle tenait un tant soit peut a la vie. - Alors, majesté ? Que comptez vous faire de cette louve qui semble vous causer tant de soucis ? Quitte à affronter un roi, autant le faire avec toute la fierté qu’elle possédait.  

Queen n’avait cessée de sourire. Elle s’amusait, elle s’amusait vraiment. Cela devait bien faire des années qu’elle n’avait pas eut une telle personne en face d’elle. Un personne capable de parer chacune de ses attaques et de lui tendre des pièges qu’elle s’évertuait de désamorcer un à un avec un plaisir coupable. Plus encore la situation faisait monter l’adrénaline dans chaque parcelles de son corps. Elle n’était pas sotte et avait bien conscience que l’instance dans laquelle elle se trouvait été sans doute bien plus inconfortable pour elle que pour le roi. Parce qu’elle, c’était sa vie et sa carrière qu’elle mettait en jeu mais c’était aussi cela qui rendait cet échange aussi excitant.

Les regards que lui lançait Grimvor en disaient long mais ne faisait pour autant pas défaillir la jeune femme. Au contraire, plus que tout, voir la noirceur s’installer dans son regard rendait la chose encore plus intrigante, intéressante. A mesure qu’elle titillait son adversaire elle découvrait des parties de son caractère qu’elle pourrait ou non utiliser contre lui. C’était ainsi et dans ce but qu’elle avait été élevée. Chaque regard, chaque froncement de sourcil, chaque parole, elle le notait, l’intégrait et cherchait un moyen de s’en servir. Queen était tel un virus qui s’infiltrait par chacune des failles qui lui était donné de voir et qui se complaisait dans l’infection de cette brèche. Avec le temps elle avait finit par devenir maître dans cet art, ainsi que dans celui de la manipulation que cela soit des personnes ou des mots. Ce soir, pour la première fois depuis longtemps quelqu’un en allait être témoin elle en était convaincu et elle devrait prouver qu’elle avait retenue à la perfection les leçons que mère lui avait donné. A la moindre erreur, au moindre faux pas, tout pouvait basculer en sa défaveur. Sauf que pour l’instant, tout marchait à la perfection.

Alors qu’elle attendait une quelconques réponses, le rouquin s’approcha d’un premier tableau auquel elle lança un vague regard. Un roi, des ministres, une belle brochette d’autres incompétent dont elle n’avait pas envie de se souvenir les prénoms. Bien qu’elle les eut connus sur le bout des doigts, évidemment. Puis il prit enfin la parole. A sa grande déception ce ne fut rien de plus que ce qu’elle avait déjà dis et ce qu’elle savait déjà. Ce qui l’agaça un peu plus par ailleurs, ce fut son air désinvolte. Bien sur qu’il était juge, il était roi après tout et son autorité dépassait de loin celle de tous les juges de la capitale et du royaume même. La seule voix qui pourrait s’élever plus haut que la sienne, était celle de la reine Allys. Qui fort heureusement pour la jeune trésorière ne se trouvait pas ici. Quoi que cela aurait pu rendre cet échange encore plus intéressant mais elle ne se voyait pas affronter deux têtes couronnées. Encore moins lorsqu’il aurait fallut qu’en plus de cela elle calcule chacune de ses tournures de phrase. Non définitivement, Grimvor était une très bonne mise en jambe à lui tout seul.

Sans avoir bougé d’un millimètre ni perdu du regard son vis-à-vis elle l’écouta de nouveau. Et il commit sa première erreur. C’était bien souvent la même que tout les autres. Ils ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez. Alors que la jeune femme, elle, aimait voir plus loin, s’immiscer dans les recoins les plus sombres en passant par les idées les plus tordu. Ce n’était pas pour rien qu’elle était devenu une bonne manipulatrice mais bien parce qu’elle s’était attaché à connaître les fonctionnements de tout un chacun. Évidemment toutes les personnes étaient unique à leur façon mais par une manière qu’il était difficile d’expliquer certain raisonnement étaient presque toujours identique. Même Queen ne faisait pas exception. Un sourire carnassier cette fois étira le coin de ses lèvres. Ses yeux plus vifs que jamais trépignaient silencieusement d’impatience alors que ses longs cils venaient les voiler l’espace d’un instant.

Le deuxième tableau. Cette fois la jeune Milan n’eut aucun mal a se rappeler du prénom des gens présent. Elle aurait été bien sotte de ne pas y reconnaître sa propre reine. Mais cette peinture lui avait toujours donné la nausée. Qu’elle famille était donc soudée de la sorte ? Aucune. Un véritable dégueulis de mensonge et d’hypocrisie. Voilà tout ce qui était représenté sous ses yeux. Elle ne s’y attarda donc pas plus longtemps et prêta l’oreille.

Au moins le rouquin avait le mérite d’avoir compris comment fonctionnait Queen. Plus que n’importe qui elle était portée par une ambition démesurée mais qui malheureusement n’avait jamais été la sienne. Son conditionnement complet ne faisait qu’écho à celui de sa mère. C’était elle qui avait créer le monstre de vilenie qu’était devenue sa fille aînée et cette dernière n’avait même jamais eut l’idée de se demander ce qu’aurait pu être sa vie si sa mère n’avait pas été la matriarche des Milan. En vérité si, cela lui était arrivée. A une époque où elle était en pleine rébellion comme tous les adolescents et où ses pensées était occupé par autre chose que les complots et la politique. A cette période elle avait même eut l’audace de penser qu’une autre vie aurait été possible pour elle. Une vie où l’amour et la confiance étaient les moteurs principaux. Quelques années plus tard, elle avait pu comprendre que tout ceci n’était qu’un mensonge et que c’est bien sa mère qui avait raison. La confiance n’est qu’un terme que l’on utilise afin de mieux piéger son prochain et l’amour qu’une corde de plus à ajouter à son arc.

Lorsqu’il décida enfin de lui faire à nouveau face, elle n’avait pas bougé d’un pouce et son regard n’avait ni perdu de sa vivacité, ni de son amusement. Au contraire, elle savait maintenant qu’il allait entrer dans le vif du sujet et ça ne manqua pas. Ce n’était pas exactement ce à quoi elle s’attendait mais elle s’en contenterait.

- Bien sur que cela importe. Trancha la blonde une fois qu’il eut daigné ce taire. - Pour les raison que vous avez évoqués. Était-il donc sot ? - Comment voulez vous faire confiance ou non à une personne sans même savoir qu’elles sont ses motivations ? Vous n’êtes certes pas juge mais comme vous le dites vous devez choisir ce qui est bon ou non pour votre royaume. De plus je crois comprendre que vous êtes la seule personne au courant de la trahison de cette louve ? Faisant mine de réfléchir elle passa un doigt sur ses lèvres avant de s’éloigner de lui, repassant de l’autre côté du bureau pour ensuite aller feuilleter ses dossiers machinalement. - Malheureusement je ne partage pas votre vision du jeu. Quelle tristesse de voir aussi peu loin vous ne croyez pas ? Même un fou peut mettre en échec un roi. La différence se trouve chez le joueur. Si le joueur est mauvais, son fou le sera tout autant. Alors que si il est doué, son fou sera sans doute l’un des adversaires les plus redoutable. Cela dit le joueur est tout aussi remplaçable me direz vous. Mais encore un fois, remplacez ce très bon joueur... Qui vous assurera que son successeur sera aussi talentueux ? Une fois qu’il ne sera plus et que tout partira a vau-l’eau parce que le suivant ne sait même pas jouer. Que ferez vous, majesté ?  Elle reposa alors le dossier qu’elle tenait dans la main et laissa ses doigts courir le long du bureau en bois brut. - Être remplaçable mais se rendre irremplaçable. Puis elle lui sourit simplement, triomphante.

La jeune femme soupira ensuite et croisa les bras sur sa poitrine.

- L’ambition existe pour chacun de nous. A un degrés plus ou moins élevé et certainement pour des raisons grandement différentes, je vous l’accorde. Et je ne crois pas un jour avoir caché cette facette de ma personnalité, sinon comment aurais-je obtenue un tel poste à un âge aussi jeune. Queen arqua un sourcil avec un air faussement perplexe puis à son tour elle se mit à arpenter la pièce, le nez en l’air afin d’observer les tableaux et autres décoration qui en ornait les murs.

- Allez savoir. Mais je pense que ce pion comme vous le dites si bien. N’aura aucun mal à aller jusqu’au bout de l’échiquier, si seulement vous trouvez le moyen de lui donner l’envie d’y aller. C’est maintenant à vous de lui montrer que vous êtes un bon joueur, je pense qu’il n’y a que cela qui vous permettra de vous offrir sa loyauté. Vous n’êtes pas d’accord, Majesté ?

La jeune trésorière lui rendit son sourire de la même façon que lui l’avait fait un peu plus tôt. Si le coup de son roi avait été ingénieux, elle était presque sûre que le sien le surpassait alors elle posa son regard sur lui et attendit impatiemment sa réaction. Échec.  

Un nerf pulsa avec force sous l’œil de Queen, le faisant légèrement tressauter. « Maudit roi » gémit son esprit alors qu’elle se faisait violence pour ne pas briser en deux le verre qu’elle tenait dans la main. Le masque déjà fissuré qu’elle portait, venait de se fendre encore un peu plus. Haru Du Lys, cette bonne à rien. Grimvor n’aurait pu trouver pire association. Haru était tout ce que Queen n’était pas. Douce, gentille, joviale. Le seul point commun qu’elles semblaient avoir était une arrière grand-mère Milan. Ce qui était déjà beaucoup trop au goût de la jeune femme. Elle exécrait Haru au moins tout autant que cette dernière la détestait. Et c’était sans aucun doute de bonne guerre. Néanmoins la jeune trésorière devait se rendre à l’évidence, le poste qui lui était proposé, était sans doute le meilleur de ce qu’elle pouvait tirer. Personne n’avait jamais eut accès à un poste aussi haut à un âge aussi jeune. Mais en l’instant, Queen aurait donné tout ce qu’elle avait pour être affilié à un autre ministère. Sauf que maintenant les pièces étaient avancées et elle ne pouvait plus reculer. Par un quelconque miracle les deux joueurs venaient de se mettre mutuellement en échec. Sa majesté parce qu’il avait réussit un coup d’une fourberie incroyable en l’associant à Haru et en lui assignant d’office un garde. Queen parce qu’elle avait obtenue exactement ce pour quoi elle était venu. Cependant même si elle se refuserait à l’avouer elle était perdante. Parce qu’elle n’avait pas le choix. Malgré elle, elle devait trahir sa famille et collaborer avec Haru au profit de la couronne et elle n’était pas assez sotte pour refuser. Si elle avait jusque là été d’une loyauté sans faille envers de mère, elle ne se sentait absolument pas prête à y laisser la vie. Encore moins pour un séjour au frais de l’autre côté de la frontière, tout frais payés. Serrant la mâchoire, elle prit enfin la parole.

- Qu’est-ce qui vous fait croire que je ne suis pas bien entourée ? Réussit-elle à articuler, tout en se faisant violence pour ne pas lui cracher tout son venin au visage. Après tout, elle n’était pas totalement seule, il y avait Primus qui serait sans doute capable de payer cher afin de la sortir d’affaire ainsi que sa mère, du moins elle l’espérait. C’était indéniable que face au roux elle ne faisait pas le poids en matière d’entourage. Après tout ils étaient tout deux de rangs diamétralement opposés. Même si pour son âge, Queen avait facilement atteints les hautes sphères, elle n’était pas encore en mesure de se considérer comme l’égale d’un roi. Sa mauvaise foi pugnace l’empêchait de l’admettre mais elle le savait. C’était une jeune femme possédant mille et un défaut mais la bêtise n’en faisait heureusement pas partie.

- Assistante de la première ministre hein. Cela me semble être un bon choix. Elle se retint de l’insulter et poursuivit. - Néanmoins, êtes vous bien certains que cette chère Du Lys soit bien en accord a avec vos idées ? Si je puis me permettre je ne suis pas sûre qu’elle se fasse une joie de me voir associé a son ministère et encore moins à son nom. L’avantage qu’elle y voyait c’est que même si elle n’en avait pas envie et voyait presque cette promotion comme un fardeau, il en était sans aucun doute de même pour la première ministre et cela suffit à lui mettre du baume au cœur. Au moins elle ne serait pas la seule à subir la nouvelle lubie du roi. - J’apprécie que vous me laissiez poursuivre mon travail à la trésorerie. Et pour une fois, elle prononçait cette phrase sans aucun sous entendu ou mensonge. Si le roi avait voulu l’arracher à son lieu de travail, elle ne l’aurait sans doute pas apprécié.

-  Pour ce qui est du garde. J’ose espérer que vous ne comptez pas me mettre dans les pattes une de ces gigolos de service qui ne sont bons qu’à faire des rondes et parler des catins qu’ils ont rencontrés la nuit précédente. Lui demander de garder un sourire et une politesse indéfectible jusqu’au bout aurait sans doute été impossible, il fallait bien qu’elle choisisse un instant pour relâcher quelques peu cette pression qu’elle s’évertuait à canaliser. - Vous devriez savoir que je n’ai pas besoin de protection. Je m’en charge très bien toute seule et je n’ai aucunement besoin que l’on me rajoute un fardeau de plus. Déjà qu’elle devrait se coltiner Haru, si en plus on lui devait y ajouter un garde… Quoi qu’en y pensant, il pourrait tout aussi bien lui servir à la fois à se défouler et s’amuser. Enfin, si le roi ne revenait pas sur sa décision  - ce dont elle ne douta pas – il fallait qu’elle réfléchisse pour savoir à quelle sauce ce garde allait bien pouvoir être mangé. - Faites au moins l’effort d’en choisir un avec un physique et un caractère attrayant. Quitte à être inutile, autant qu’il soit divertissant. Râla-t-elle, résignée.

Finalement, après un long moment à fixer de le visage de son suzerain, elle abdiqua à contre cœur et leva son verre.

- Nous en avons un. Puis elle avala son verre d’une traite avant de se rendre compte qu’il lui faudrait sans doute plus d’une bouteille ce soir pour digérer toute cette conversation.  

Si elle avait compris le réel but de cette entrevue ? Elle faillit exploser de rire. Bien sur qu'elle l’avait compris. Elle avait mieux comprit que quiconque que ce foutu roi venait de l’empêcher de poursuivre sa tâche correctement et qu’il était bien décidé à la faire changer de voie. Et dire que c’était lui qui palabrait un peu plus tôt à grand coup de «  Personne n’est irremplaçable. Fou remplaçable, roi irremplaçable. Bla-bla-bla. ». Maintenant il voulait lui faire croire qu’elle avait éveillée en lui une envie protecto paternaliste ? Par pitié.  Enfin… S’il voulait croire à sa propre bêtises et lui offrir des postes de plus en plus prestigieux, que grand bien lui fasse, elle comptait bien en profiter pleinement. Mais il y avait néanmoins un point qu’il avait oublié. Un point des plus importants et des plus redoutables. Dont elle lui ferait part sans doute, quand l’envie lui en prendrait.

Le roi reprit enfin la parole et attira l’attention de la jeune trésorière. Alors comme ça cette maudite Du Lys était au courant de sa nouvelle affiliation et pire encore elle l’avait elle-même validée. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond dans la caboche venteuse de cette ministre ? C’était à rien n’y comprendre. Queen savait pertinemment que leur amour réciproque était complètement inexistant alors pourquoi ? En une fraction de seconde elle trouva la réponse. C’était une bien trop belle occasion pour qu’une personne comme Haru ne s’en saisisse pas. Elle voulait tout bonnement et simplement lui pourrir la vie et quoi de mieux que de devenir sa supérieur pour cela. Avant ça Queen n’était associée à personne et en l’absence du ministre de la finance, elle était son propre patron – même en sa présence d’ailleurs-. La première ministre ne pouvait donc rien contre elle, tant que Queen ne franchissait pas la ligne rouge. Or maintenant, il lui était tout à fait possible de lui faire vivre un enfer. Le seul avantage qu’elle y voyait, c’est que cette dernière ne pourrait sans doute pas l’évincer comme bon lui semblerait puisque cette promotion venait directement de la couronne et surtout parce que ce poste n’était que de la poudre aux yeux. Bien entendu elle effectuerait ses tâches sans rechigner mais si elle n’avait pas daigné trahir ses supérieurs, elle n’en serait certainement pas là. C’était comme punir un enfant avec un bonbon un peu trop acidulé.

Revint ensuite le sujet un peu plus épineux. Le garde. Aucun garde ne lui conviendrait jamais parfaitement. Pour la simple et bonne raison que c’était un garde. Un garde était par définition un prolétaire en armure et rien qu’en pensant à cela un frisson de dégoût parcourus son échine. Elle devrait donc maintenant passer le plus clair de son temps en compagnie d’un pigeon mandaté par un autre pigeon. En voilà donc une situation saugrenue et bien inconfortable. Le temps que le roi parcours la distance qui le séparait de la porte, la jeune Milan en profita pour lui répondre.

- Vous devriez savoir, votre majesté, que je suis toujours en pleine possession de mes moyens. Pour ce qui est du reste… Seul le temps nous le diras. Elle s’apprêtait à fermer la bouche lorsque les paroles au sujet d’Haru lui revinrent. - Oh et Mademoiselle Du Lys et moi ne nous apprécions pas plus que ce que vous pensez. Sauf si pour vous espérer voir la chute de l’autre est une forme d’amour. Auquel cas je pense pouvoir dire que nous nous aimons d’un amour inconditionnel. Mais je ne pense pas que ce soit là votre vision des choses n’est-ce pas ? Elle tourna son regard azurite vers lui. - Ne vous embêtez pas à répondre. Je connais déjà la réponse. Puis après lui avoir lancé un regard des plus dédaigneux elle tourna enfin ses iris en direction de la porte où son nouveau gueux de garde devrait faire son entrée.

- Bien sûr que je saurais le mater. Marmonna-t-elle plus pour elle que pour le rouquin qui était déjà entrain d’ouvrir la porte.

Dès l’instant ou son regard se posa sur le nouveau venu un sourire mièvre s’afficha sur son visage. Pointant son doigt dans sa direction elle se mit finalement à fixer le roi.

- Je crois vous avoir dis… Au physique attrayant. Diantre ce que les hommes peuvent avoir de mauvais goût ! Elle passa sa main sur son front avec un air dramatique. - Vous n’auriez pas pu trouver un physique plus banal. Vous ne savez donc pas vous amuser ? Elle aurait bien voulu ajouter quelques paroles à l’attention du roi, comme lui dire expressément qu’il n’était qu’un bouffon affublé d’une couronne. Mais elle était presque convaincu que cela équivaudrait à s’offrir des vacances en montagne en moins d’une seconde. Finalement elle laissa ses bras retomber le long de son corps et reprit son air politiquement correct habituel.

En quelques enjambées elle franchit la distance qui l’a séparait de ce fameux Syn et l’observa avec un peu plus d’attention avant de prendre la parole.

- Premièrement. Ne m’appelez plus jamais « Madame » Queen ou Mademoiselle Milan conviendront parfaitement. Elle se retourna d’un quart de tour sur la droite et lui lança un regard de défi. - Ne comptez pas sur moi pour vous faciliter la tâche. Je compte bien vous fausser compagnie dès que j’en aurais l’occasion et vous poussez dans vos retranchements jusqu’à ce vous décidiez d’aller pleurer dans les jupons de la dame de votre choix. Mon pauvre Syn… Elle eut un sourire de charognard. - Vous ne savez pas dans quoi vous vous êtes engagé en acceptant cette offre. Sincèrement. Queen se détourna enfin de lui tout en lui lançant. - Toutefois… Bienvenue dans votre enfer personnel mon cher. Et elle s’en retourna aux côtés du roi, non sans lui lancer une myriade de regard assassin qui se suffisait a cent mots.  

Voilà maintenant qu’elle était considérée comme une enfant à qui l’on attribuait un percepteur. Un précepteur pauvre qui plus est. Incapable de s’en empêcher, Queen fronça les sourcils et adopta un air des plus boudeur. Ce qui ne sembla pas émoustiller aucun des deux hommes présent d’ailleurs.

Le roi continuait de déblatérer, indiquant à Queen ce qu’il attendait d’elle, comme si elle avait un jour faillit à son devoir. Elle était la meilleure, elle le savait et ce n’était certainement pas ce roi trop familier et à l’humour douteux qui pourrait remettre en cause cela. Enfin après tout, il devait bien en avoir conscience, auquel cas, il se serait contenté de la renvoyer et non de la soudoyer. Serrée dans l’étrainte puissante et affreusement gênante, elle ne put que grimacer sans oser s’en libérer. Mais quand enfin il l’a lâcha elle prit immédiatement la parole.

- Je fais toujours un travail de qualité et ce n’est pas prêt de changer. Quant à vous… Elle tourna son regard vers Syn. - Je vous conseille de suivre la cadence, je ne perdrais pas une seconde parce que n’êtes pas capable. Bonne soirée. Puis sans attendre un instant de plus, elle tourna les talons et quitta le bureau, pressée d’échapper à cet échange. Elle avait maintenant besoin de remettre ses idées en place et digérer tout ce qui venait de se passer.