Can I go home now ?─ avec Lin E. Gher
Aeron en vient à secouer sa tête légèrement, de droite à gauche comme pour se convaincre qu’il a bon d’être réticent. Après tous, ces nombreux jours passé lui on permit de comprendre comment s’activait la malédiction. Tant qu’il ne s’endormait pas ou perdait tout simplement ses esprits, le prince n’avait pas à s’inquiéter d’éventuelle disparition une fois encore. Si la longueur de la marche s’avérait plus présente que ce que Lin lui avait indiqué, s’il ressentait ce besoin présent de fermer les yeux, alors… Il n’aurait pas d’autre choix que de lui donner une confiance aveugle, une fois encore.
« Je ne m’inquiète pas vraiment pour l’instant. »
Du moins, tant qu’ils étaient capables dans un premier temps de retrouver la lumière du jour. L’extérieur qu’il avait réellement souhaité de ton son cœur pour une fois. Un soupir étouffé lorsqu’Aeron s’abaisse pour récupérer ses affaires. Il était prêt à reprendre la route, bien que la totalité de son corps lui criait le contraire, mais il ne pouvait pas se permettre d’écouter chacun de ses muscles à l’heure actuelle. Et tandis qu’il acquiesce d’un coup sec, le prince reprend le pas en première position. Son regard qui louche sur le sol, observant pour la première fois cette tracée de sable qui semblait indiquer le chemin à poursuivre. Au moins, il avait eu la chance de ne pas tomber sur une abrutie, ce genre de personne qui s’aventurait dans les tréfonds du royaume sans même avoir pensé à une solution de secours pour rentrer chez eux.
« Me renseigner et m’instruire. »
Le silence lui aurait été, en vérité, un peu plus préférable. La froideur allait être perçue sans le moindre doute par sa sauveuse. Parler de lui à une parfaite inconnue, aussi redevable pouvait-il être à la finalité de cette rencontre, ce n’était pas vraiment dans ses habitues. Lui qui restait généralement cloîtré au palais, dont ces seules discussions s’arrêtaient au futur du royaume et aux choses qu’il avait besoin de savoir pour enfin être digne du trône qui l’attendait. Encore un peu, il l’espérait.
« C’est la seule chose qui est vraiment nécessaire pour un héritier. »
Aeron était au point même d’indiquer qu’il avait cette habitude d’être continuellement occupé par ses petites affaires et ses désirs ardents de savoir, qu’il n’avait pas vraiment de temps, a proprement libre pour pouvoir s’aventurer dans de nouvelles choses. Mais il s’en moquait éperdument étant donné que c’était l’une des seules choses qui semblait vraiment l’intéresser au fond.
« Et vous, autre chose que de secourir des personnes dans les grottes ? »
Une manière cordiale de détourner un peu la discussion sur sa personne.code ─ croquelune
Moi qui espérait qu’il serait un peu plus ouvert à la discussion après avoir manger un morceau, c’est un échec… Certes il me répond mais clairement, cela l'ennui, j’en mettrai ma main à couper. Mais il va falloir qu’il s’y fasse, dans ses boyaux sombres et humides, je compte bien me changer les idées plutôt que de ruminer le fait que je n’ai toujours pas de pistes pouvant me conduire à ma mère. Le prince est donc aussi épris de connaissance théorique que la rumeur le dit… Je soupire, les connaissances, c’est bien mais est-ce suffisant pour être un roi compétant ? Il a l’air de le croire. Non pas que je pense que le prince Aeron ne sera pas un bon roi lorsque son temps viendra mais il aurait peut-être besoin de s’ouvrir à d’autres expériences… Comme savoir parler correctement à son peuple sans qu’il se sente rabaissé par exemple. Néanmoins, je garde mes pensées pour moi, je me fiche un peu de savoir qui est le roi ou la reine tant que je n’ai pas à interagir avec eux. Je garde un profond respect pour sa majesté grâce à qui j’ai échappée à l’exil mais la famille royale ne me préoccupe pas plus que ça. Détournant la conversation vers moi, je comprend qu’il n’a guère envie de parler de lui. Ce n’est pas un soucis, j’ai largement de quoi meubler et peut-être même l'intéresser.
Secourir les personnes perdues dans les grottes est un passe-temps tout à fait honorable mais ce n’est guère qu’une activité conditionnée à votre rencontre. Autrement, mes occupations sont mes recherches en magie d’enchantement et celle de ma mère tout simplement. Mon travail est ma passion, ça facilite les choses.
Malgré le fait que je soit déjà passée par là, je reste attentive histoire d’être certaine de ne pas passer à côté d’un bon ingrédient. Avec le rythme auquel il avance, je peux carrément me le permettre.
Je suis à la fois chercheuse en magie et enchanteresse. Le second permettant de financer le premier. Mon domaine de prédilection est l’étude du lien magique permettant la modification de la magie par un objet.
Lancée sur le sujet, je continue à lui parler de mes recherches citant ici et là des travaux de collègues enchanteurs. Et je finis par dériver vers une leçon d’enchantement complète comme je pourrais la donner à un apprenti.
Can I go home now ?─ avec Lin E. Gher
Ses pas sont lents, terriblement lourds. Le prince avance sans même prendre la peine de vérifier si Lin est sur ses pas. La lumière de sa lampe lui suffit pour continuer sur sa lancée. Il lui était tout aussi possible que cette traînée de sable ne l’amène pas directement à la sortie de la grotte, du moins pas complètement. Un piège pouvait tout aussi bien s’y trouver, mais Aeron essayait de ne pas y penser une fois encore. Même si son esprit était embrumé et que ses pensées semblaient être bancales, il essayait d’y croire en bonne partie, même si cette croyance avait de certaines limites.
L’une de ses mains qui vient alors s’élever jusqu’à son visage, un geste simple qui lui rappelait ses moments au palais. L’index qui s’appuie sur la branche centrale de ses lunettes afin de les remonter en haut de son nez. Un soupir de soulagement lorsque la jeune femme commence à prendre la parole. Un monologue qui s’avéra des plus longs, mais au final, c’était ce que le prince avait souhaité, espérant qu’il n’aurait pas à parler de sa personne. Chaque avancée lui semblait sans fin, écoutant malgré tous les propos de la demoiselle, le sujet lui était novateur mais pour le moins surprenant. Aeron ne pouvait dire durant combien de temps le récit avait durée, les explications diverses parfois un peu trop technique pour ses maigres connaissances. Bien qu’il reconnût que les mots avaient été sans doute vulgarisés pour lui permettre de comprendre l’essence du projet.
« C’est assez intéressant. »
Et il le pensait vraiment. Aeron n’était pas certain d’avoir compris la totalité des explications que lui avait offert sa compagne de voyage. Mais le sujet était véritablement intéressant, d’autant plus que ce ne fût pas vraiment le genre de chose qu’il trouvait directement au palais. Ou du moins, dans les livres qu’il ciblait. Peut-être que si le prince arrivait à retourner au palais saint et sauf, et à être débarrassé de ce maudit sort, il s’intéresserait un peu plus à l’enchantement. Par pure occupation.
« Et vous travaillez à votre propre compte ? »
Il se gratte l’arrière du crâne du bout des ongles.
« Je veux aussi dire par là que, se rendre seule dans des endroits potentiellement dangereux pour amener à bien vos recherches. Ça semble assez… »
Compliqué ? Étrange ? Aeron ne savait pas vraiment quel mot utiliser pour définir son impression sur la chosecode ─ croquelune
Faire un monologue complet sur mes activités puis un petit cours d’enchantement a au moins le bienfait de meubler le silence pesant qui aurait pu s’installer sans cela. Je ne suis pas sûre qu’il ait tout compris, par manque de connaissances basiques nécessaires ou juste à cause de son état de quasi-zombie mais ce n’est pas grave, m’écouter l’a maintenu alerte et concentré. Tout ce qu’il faut pour qu’il continue d’avancer. Je souris à son commentaire, si j’ai réussi à susciter son intérêt, c’est que mon monologue était suffisamment intéressant. Peut-être qu’une fois en meilleure santé, il fera le chemin pour en savoir plus, peut-être pas, l’avenir le dira.
En effet, l’enchantement est une aventure sans fin. Exigeante, mais passionnante.
Sa question suivante me fait hausser un sourcil. Son intérêt est flatteur et me fait quand même plaisir malgré la froideur dont il fait preuve par moment. Sa manie de se gratter l’arrière de la tête me fait sourire, à croire que cela le gêne de parler ainsi à une simple citoyenne. A moins que parler à une femme ne lui soit pas aisé. Un petit rire m’échappe en entendant son commentaire, c’est donc cela, la faible femme qu’il faut protéger du danger…
Oui, je travaille à mon compte. Cela laisse plus de liberté pour mes recherches. Quant à ma présence dans ces grottes, cela m’arrive de temps en temps quand la Guilde est incapable de me fournir les ingrédients de qualité que je recherche. Généralement, je ne récolte que les plantes par moi-même. Cela fait du bien de sortir du labo pour prendre le grand air.
Inutile de lui préciser mon pouvoir, cela ne ferait certainement que l’inquiéter. Et inquiéter un inconnu, c’est s’exposer au danger. Tout en discutant, je remarque une entaille sur la paroi. C’est une marque que j’ai faite moi-même, comme une seconde sécurité au cas où mon trait de sable s’interrompt pour une raison X ou Y. Le temps est passé vite, c’est ma marque de une heure. Encore une heure de marche à mon rythme, un peu moins de deux heures au rythme du “prince”.
On approche de la surface, en un effort et on sera à la lumière. Enfin, j’espère que la nuit sera pas tombée d’ici là…
Quelque chose me dit qu’une nuit de sommeil n’est pas au programme de mon compagnon de fortune. Vu ses réactions jusqu’à maintenant, il a l’air pressé de rejoindre la forteresse et certainement la Capitale à l’aide des portails. Je me demande ce qui pourrait bien justifier un tel entrain. Peut-être la barrière annulant les pouvoirs qui protège le palais. Je me demande si cela aura un effet sur la magie de téléportation qui l’affecte… À moins qu’il compte sur les enchanteurs royaux.
Can I go home now ?─ avec Lin E. Gher
« Je vois. »
Et effectivement, il voyait. Tout cela lui semblait d’ailleurs assez logique lorsqu’il y réfléchissait un peu. Dans ses habitudes de prince, lorsqu’Aeron désirait quelque chose, il n’avait qu’à l’évoquer pour que quelqu’un exécute sa demain. Il était rare que la royauté passe directement par la guilde, hors événements un peu plus compliqué qui nécessiterait plus de main d’œuvre que celle des gardes du royaume. Mais l’avantage de faire appel à autrui minimisait les risques, notamment, car grands nombres des aventuriers possédaient un pouvoir qui leur facilitait la vie dans ce genre de recherche. Chose qui n’était pas obligatoirement présente chez une personne qui aurait choisit une toute autre voie que le succès des missions. Mais le prince ne fit aucune remarque sur la chose, principalement, car son propre pouvoir étant tenu secret du peuple, il n’avait pas spécialement envie de discuter sur la chose.
« Oh. »
Un léger son qui s’échappe d’entre ses lèvres, le prince qui ne pouvait refréner cette bonne nouvelle. Il n’avait fait que suivre cette tracée de sable pendant que Lin parlotait, mais jamais il n’aurait imaginé qu’ils avaient autant avancé. Ses sombres pensées, c’était en un instant évaporé, une longue inspiration qui s’était suivit d’une expiration toute aussi longue. Une brise d’oxygène pour alimenter son cerveau, se remettre les idées en place.
« De là, ça devrait être une journée, c’est ça ? »
Le prince qui essayait de se projeter vers la forteresse. Lui qui espérait que même si la nuit était tombée dehors, que l’enchanteresse n’aurait pas besoin de s’arrêter pour une bonne nuit de sommeil. Une nuit blanche était possible pour tout être, bien que la durée de leur voyage serait sans doute un peu ralenti pour ce geste. Mais si la jeune femme n’avait pas non plus dormi la nuit précédente, cela pouvait s’avérer un peu plus problématique. Pourtant, Aeron n’osa pas évoquer la chose, préférant être face à l’extérieur et aux éléments pour pouvoir… Essayer de contourner le problème dont il était victime depuis tant de journées.
« Avec mon temps de marche où la vôtre ? »
Parce qu’il avait bien conscience qu’il ralentissait la marche malgré lui. L’envie irrationnelle de se mordiller les ongles.code ─ croquelune
La nouvelle est bien accueillie par Aeron, mon monologue aura duré un bon moment finalement et l'aura suffisamment occupé pour qu'il ne voit pas le temps passer. Moi aussi au demeurant. Son interrogation sur la durée de notre voyage jusqu'à la Forteresse me fait réfléchir. En temps normal, je dirais qu'on pourrait l'atteindre en une petite journée de marche à travers la montagne. De mon point de chute initial, la route est plutôt correcte mais de l'entrée de cette grotte, je doute que l'on trouve une jolie route toute tracée pour ses pieds… Est-ce que faire le détour par l'auberge ne serait pas une bonne idée ? On pourrait certainement lui trouver une paire de bottes et un bon repas chaud au contraire de ce que je peux lui offrir.
C'est cela, une petite journée.
Une petite s'il pouvait accélérer le pas, ce dont je doute. Dans son dos, je sourit en constatant qu'il est lucide concernant son état physique. Dans son état normal, cela doit être intéressant d'échanger avec lui, il semble assez intelligent pour comprendre la technicité de la magie d'enchantement.
Malheureusement, à mon rythme. Surement un peu plus d'une journée au vôtre. En parlant de cela, j'ai une proposition à vous faire, cela risque de rallonger un peu le trajet mais il sera sûrement plus agréable… On pourrait faire un détour par l'auberge où je dors en ce moment, on aura la possibilité de manger un repas chaud et vous trouver des bottes. Et le chemin sera moins escarpé.
Peut-être qu'il acceptera de prendre un peu de repos aussi. Il en aurait bien besoin…
Notre marche continue silencieuse, trop calmement à mon goût. Mon esprit divague vers le travail qui m'attend à mon retour et sur les recherches à faire sur le dôme de la ville. Un gros travail passionnant qui va longuement m'occuper dans les semaines à venir. Décidant de rompre le silence pour essayer de chasser les théories loufoques de mon esprit, je me décide à questionner à nouveau le "prince" sur sa vie.
Est-ce que les rumeurs sont vrais ? Celles concernant votre liaison avec votre servante de chambre.
Ne pas me préoccuper de la famille royale est une chose, écouter les ragots, une autre. Et prêcher le faux pour connaître la vérité, une bonne vieille tactique.
Can I go home now ?─ avec Lin E. Gher
Et ce qu’il craignait tomba. Une journée complète de marche pouvait être assez compliqué et longue, d’autant plus que le prince ignorait s’ils leur étaient possibles de tomber sur des… être insouhaité. Rien n’était exacte lorsque l’on prévoyait un itinéraire. Alors, une légère grimace se dessina sur le visage d’Aeron, le problème était bien plus grand qu’il ne l’avait imaginé. Plus encore lorsque Lin lui proposa de faire un détour, une marche supplémentaire certes. Sans doute bénéfique et qu’il aurait accepté en tant normal, oui, si sa disparition n’était pas dictée par son propre sommeil. Le repos était essentiel s’ils souhaitaient retourner à la forteresse de manière entière, mais malheureusement le prince ne pouvait accepter un tel détour. Plus encore, un détour qui existait pour la simple raison de se reposer. Un court instant, des pensées à l’idée que le sommeil réussirait à le gagner si jamais il acceptait de se rendre à l’auberge. Une noirceur qui aurait suffit à le faire s’effondrer s’il n’avait pas secoué la tête de manière animée. Ses pas qui finalement s’arrêtent, cette grimace qui disparaît de ses traits lorsqu’Aeron se retourne face à l’enchanteresse.
« Non pas de détour. »
Une attitude qui était très rapidement redevenue froide, mais le prince avait besoin d’être très clair à ce sujet. Il abaissa ensuite son regard pour observer ses pieds nus, noircis par la grotte. Un faciès alimenté par le dégoût qu’Aeron n’arriva pas à dissimuler. Un prince sans chaussure n’était pas vraiment présentable ni réel, mais en vérité, ses bottes, il les possédait. Aeron les avait rangées dans son sac, malgré toute attente lorsque sa blessure si violente l’avait obligé à utiliser cette chose qu’il détestait par-dessus tout. Un léger raclement de gorge qui fit écho au travers des murs de pierres.
« On doit suivre le chemin directement à la sortie. »
Le repas chaud pouvait tout autant être problématique bien que très souhaité, son estomac s’était raffermi avec le temps, alors manger de façon complète avait des chances de lui poser problème. Bien qu’Aeron estimait que son pouvoir pouvait tout autant l’aider sur ce coup, mais il ne préférait pas y compter trop souvent. Espérant juste retourner très rapidement à ses habitudes si les enchanteurs du palais ou la barrière pourrait lui donner un instant de quiétude. Alors c’était un refus du luxe qu’on lui proposait, un refus qui malgré tout, lui offrait un petit pincement au cœur.
De là, le prince acquiesça ses propres propos pour affirmer qu’ils n’avaient pas d’autre choix. Bien qu’il ne voulait pas révéler plus en détails les problèmes qui l’incommodaient, Aeron espérait que Lin puisse accepter son choix. Ainsi, il s’était retourné pour reprendre sa route lorsque son centre de gravité disparu face à ces inepties de rumeurs. Manquant de tomber, le prince se rattrapa d’une main sur le mur.
« Hein ? »
Il n’avait jamais entendu de telle rumeur sur sa personne, d’autant plus que celle-ci n’était en rien logique -du moins, en son sens. Le simple fait que de tels mots puissent exister sans même que cela lui soit arrivé aux oreilles le rendait hors de lui. Aeron n’était pas le genre de personne qui batifolait, au contraire de bien d’autres gens, alors il n’arrivait même pas à comprendre l’essence de cette histoire.
« D’où viennent de telle rumeurs ? Il est évident que ce sont de totales balivernes. »
Non vraiment, tout cela était impensable.code ─ croquelune
Pas de détour par l'auberge possible aux yeux du "prince". Cela me contrarie un peu parce que cela veut dire que l'on va manger froid et sec alors qu'on est hors de cette grotte. J'aurai préféré que l'on passe prendre un peu de repos autant pour lui que pour moi. Surtout qu'avec la fatigue, son ton froid et désagréable risque de vraiment compliquer les choses.
Fort bien, mais il va falloir vous défaire de ce ton hautain et insultant.
Cela vaudrait mieux pour lui s'il ne veut pas être abandonné en plein milieu de la montagne par une femme en colère. Et il aura de la chance si je l'abandonne juste. Je suis déjà bien gentille de l'accompagner alors qu'il m'a parlé si mal dès le départ. Je suis peut-être gentille mais ma patience a des limites.
Après m'être enfermée dans un mutisme long et pesant, j'interroge le prince sur une fausse rumeur lui prêtant une relation secrète avec sa servante. Il manque de tomber surpris par mes propos, me faisant sourire. Je ris même lorsqu'il se dément ardemment le fait qu'il n'a aucune relation avec cette jeune femme. Cela est amusant de le voir essayer de comprendre d'où vient une telle rumeur.
Continuez d'avancer, on peut parler en marchant. La lampe s'arrêtera à un moment et on sera dans le noir...
J'accompagne mes mots d'un geste lui désignant ma lampe. Reprenant la marche, je commence à parler.
Mon cher prince, le peuple vous voit trop peu. Votre peuple voit un jeune homme en âge de se marier qui ne semble s'intéresser qu'aux livres. Pardonnez-les de s'imaginer des choses. Au moins, celle-ci ne vous prête qu'une relation avec une jeune femme.
J'étouffe un petit rire.
D'autres vous désignent comme préférant la gente masculine. D'autres encore disent que vous cachez votre amoureuse pour lui apprendre à être une bonne "reine". Bref, votre vie amoureuse est un vrai nid à rumeur pour votre peuple.
C'est amusant comme la vie d'un prince peut susciter une telle série de rumeur. Et surtout, c'est encore plus amusant de voir que le principal intéressé est complètement ignorant de tout cela. Pour le moment, la princesse n'est pas trop la cible de rumeurs mais elle est encore jeune.
Si je peux me permettre, si vous avez une amante, il faudrait officialiser tout ça aux yeux de votre peuple.
Et accessoirement me donner l'information en avant-première histoire de rire un bon coup.
Can I go home now ?─ avec Lin E. Gher
Un raclement de gorge, encore. Bien plus bruyant, bien plus problématique. Le prince qui malgré les efforts qu’il essaye de faire depuis cette rencontre dès plus opportune, ne peut s’empêcher d’être lui-même. Les événements pourtant, qui devrait l’inciter à se montrer un peu plus doux. Mais ce n’est pas dans ses habitudes, il reste lui Aeron. Prince bien que disparu. Prince froid et distant, dont les mots peuvent être compris comme problématique. Alors il tente de ravaler cette semi-fierté, d’oublier un instant celui qu’il est depuis tant d’années. Peut-être essayé de mesurer ses mots un peu plus qu’à l’habituel, après tout il lui était reconnaissant pour l’instant. Et le prince le sera bien plus encore lorsqu’ils arriveront à destination sans avoir fait le moindre détour. Parce qu’il espère, prends confiance en elle malgré toute attente. Alors il se secoue la tête, à croire que cela en deviendra une mauvaise habitude, dans l’espoir de se reprendre en main. Le sujet qui malgré tout le met hors de lui, pourquoi avait-elle seulement besoin d'évoquer des histoires puériles de liaisons qui n’étaient en rien réel ?
« Il me semble avoir une lampe dans mon sac aussi… J’ai oublié ce qu’on nous a donné pour la tour. »
Et c’était vrai. Lui qui pourtant, durant plusieurs jours avait fait l’inventaire de son sac pour voir ce qu’il possédait, pour voir ce qu’il avait afin d’imaginer des solutions diverses et variées pour remettre un bien dans la capitale. Pourtant, tout cela lui paraissait si lointain, incapable pour la première fois de sa vie de remettre un doigt sur ses souvenirs, sur ses connaissances. Alors il reprend sa marche, comme si plus rien n’avait d’importance que d’enfin pouvoir mettre un pied en dehors de ces grottes. Mais de toute évidence, Aeron venait de prendre conscience d’une chose, il était accompagné de la pire espèce. Ce genre de demoiselle frivole qui n’a pour intérêt que les pseudos histoires d’amourette de la royauté. Il en venait à être presque déçu, voyant la qualité de discussion qu’elle avait été capable de lui offrir un peu plus tôt. Muré dans un silence durant de longue minute, traînant son corps de pas lourd, le prince releva finalement la tête dans un soupir de lassitude.
« Et si je puis me permettre, quand bien même la réalité existe dans les rumeurs, ou non. Ne pensez-vous pas que cela est d’ordre strictement personnel et que je n’ai donc, aucun compte à rendre, à qui que ce soit, en officialisant les choses ? »
Parce que s'était vrai. Tant qu'il n'y avait aucun sens à une potentielle relation (si celle-ci existait bien), l'officialisation devait être un fait certain. Et pas quelque chose à lancer au peuple pour le petit plaisir de leur rumeur.
« Si rien n'est présenté au grand jour, c'est qu'il n'y a rien. C'est aussi simple que ça. »code ─ croquelune
Un instant, je crois avoir réussi à faire sortir de ses gonds ce prince bien trop calme et monotone mais non, il se mure juste dans le silence comme s’il préférait juste ignorer mes propos. Dommage qu’il rate une occasion de mieux connaître le peuple qu’il gouvernera un jour. Tout le monde connaît les frasques du Roi Grimvor qui n’hésite pas à descendre dans une taverne pour boire un coup avec son peuple. Tout le monde sait que la Reine Allys est bienveillante et douce avec son peuple. La populace les apprécie et a une bonne image du couple royale. Mais le prince héritier, ce n’est pas aussi simple… Ils ne le voient pas assez, il n’a pas une image qui plaît aux gens les rares fois où il est visible. Il est alors normal que des rumeurs pas forcément flatteuses circulent sur lui. Je suppose que la rumeur d’une aventure avec sa servante vient bêtement du fait qu’elle aurait pris sa défense en public une fois. Il n’en faut pas plus pour enflammer l’imagination. Au bout d’un moment qui me semblait interminable, il se décide enfin à ouvrir la bouche après un soupir lassé. Je l’écoute réclamer le droit à une intimité que tout à chacun à le droit d’avoir. Invisible pour lui, je me permet un sourire sournois.
C’est vous le prince, je ne peux pas vous interdire de vous exprimer alors que je vous fait part de ce que votre peuple pense de vous.
Tout de même, il se décide à rétablir un semblant de vérité. Il n’y a pas d’amantes, pas de femme qu’il n’envisage comme compagne. C’est quand même sacrément compliqué de lui tirer les vers du nez. Un jour peut-être qu’il se rendra compte que j’essaye de l’aider à s’ouvrir au peuple plutôt que de le repousser par sa façon de parler et son intonation. En soit, tout le contraire de ce qu’il a fait jusqu’à maintenant. Peut-être qu’il a juste oublié qu’avant d’être un simple homme, il est le prince d’un royaume. Un royaume qui aime ses dirigeants…
J’ai grandie dans un temple de Lucy après avoir été abandonnée par ma mère. J’ai toujours su que je ne voulais pas devenir une Soeur du culte de Lucy, bien que je crois en elle. Malgré ça, je suivais les autres, m’habillant comme elles, vivant comme elles. Daniela m’a toujours dit que, même si je ne suis pas une Soeur, en vivant au Temple, je me devais de respecter les codes du Temple.
Vivre au Temple signifiait de veiller à ce que son image ne soit pas ternis par ma présence. J’ai pris des habitudes durant ma jeunesse qui me servent et guident toujours ma vie.
Can I go home now ?─ avec Lin E. Gher
L’espérance que le reste de la marche ne se concentrait pas sur ses histoires d’amours inexistantes. Le sujet ne l’intéressait en rien, quand bien même celui puisse être vrai. Le prince n’était pas le genre de personne à s’ouvrir à ce genre de relation, notamment, car il n’en voyait aucun intérêt à l’heure actuelle. Depuis des années, Aeron faisait son possible pour accroître ses connaisses et ses décisions afin d’être, un jour, il l’espérait, digne de pouvoir reprendre le trône après sa bien-aimée et respectable mère. Chose qu’il était, en son sens, encore très loin de pouvoir atteindre. Et cela n’avait rien à voir avec ces refus de discussions sur des histoires de cœur.
Quant à ce que pensait le peuple sur sa personne… Ce n’était pas vraiment un élément que le prince avait tenté de prendre en compte. Bien plus concentré sur des tâches bien plus nécessaire pour le bon fonctionnement d’un royaume. Du moins, c’était ainsi qu’il voyait les choses, inconscient que les pensées du peuple étaient bien plus importantes qu’il ne l’imaginait. Mais actuellement, seulement héritier et conseiller de ses parents, Aeron n’avait pas été victime de manière directe, de l’utilité du peuple.
Alors une fois encore, le prince était restés dans son silence. Pensif sur les faits, mais tentant surtout d’ignorer sa sauveuse. Espérant ainsi qu’elle changerait de sujet, face à l’inintérêt et non réception plus qu’imagé de l’aîné Renmyrth. Mais malgré tout, l’infime idée qu’il puisse discuter de ce sujet avec sa mère (le peuple, pas l’amourette) lui avait soudainement traversé l’esprit. Dans l’idée d’avoir un aperçu un peu plus global et humain, du rôle qu’il aura à endosser.
Et son choix de silence fut finalement juste. Lorsque Lin évoqua une toute autre histoire, qui cette fois-ci la concernait beaucoup plus. Aeron qui cependant, avait beaucoup de mal à comprendre pourquoi la jeune femme lui racontait tout cela. Non pas que ce côté un peu plus personnel le dérangeait, parce qu’il n’en avait rien à faire. Il ne connaissait pas assez le culte de Lucy -du moins, en détail pour en connaître les codes à suivre au sein d’un temple. C’est pour cela que le prince ne savait que dire face à tout, préférant continuer son avancée pour sortir de la grotte le plus rapidement possible.code ─ croquelune
Silencieux, je me demande s’il m’écoute ou tout simplement s’il m’ignore complétement… Pas simple à dire quand le visage de votre interlocuteur n’est pas visible. Cela ne m’amuse pas forcément de raconter ma vie à un inconnu mais s’il est vraiment le prince, je ne peux pas le laisser foncer droit dans le mur pour son futur couronnement.
Vous devez vous demander pourquoi je vous raconte ça, non ?
Peut-être qu’il voit déjà le lien entre cette histoire et sa situation de prince du royaume même si j’en doute. Il ne m’a pas semblé capable d’une telle projection depuis que l’on discute. Il est trop enfermé dans son mode de pensé de prince qui a tout eu et a qui l'on doit tout.
Vous vous rendriez dans un temple de Lucy où l’on vous dit qu’ils héberge des brigands ? Auriez-vous une confiance aveugle en un inconnu qui se présente comme un Frère de Lucy ? Auriez-vous suffisamment confiance en un prince dont vous ne savez rien pour dire qu’il sera un bon roi ?
Je vais peut-être un peu loin en faisant ces comparatifs mais cela reste valable. Le peuple ne lui accorderait pas sa confiance en l’état actuel des choses… Toutes ces rumeurs ne découlent que d’une chose, son capital sympathie proche du zéro. Mais bon, je vais peut-être laissé tomber l’idée de faire rentrer quelque chose dans sa caboche avant qu’il ne décide de me faire pendre dès qu’il sera rentré à la Capitale. Je me tais et continue de marcher constatant par la même occasion que la lumière de ma lampe semble diminuer, lentement, mais sûrement… Heureusement que nous sommes bientôt à la surface...
Can I go home now ?─ avec Lin E. Gher
Le silence qu’il avait créé perdura durant un faible temps. Son choix, de se murer dans le silence n’avait semble-t-il pas échappé à sa compagne de voyage, celle-ci enchaînant ses propos sur ce qui pouvaient s’apparenter à des explications. Aeron avait un peu de difficulté à comprendre où elle souhaitait en venir, sans doute que le sujet lui était un peu trop pointu à l’état actuelle des choses, ou bien tout simplement parce que le rapprochement entre ses différents exemples semblait beaucoup trop écartées pour qu’il puisse arriver à un quelconque sens. Continuant sa marche, le prince perdit un peu de vitesse pour se gratter l’avant-bras droit. Ah ! Comme une lumière infuse, un esprit un peu plus lent qu’à l’habituel. Il fallait dire que le prince n’était pas le genre de personne qui aimait parler de lui, il n’était d’ailleurs pas vraiment le genre de personnalité qui parlait tout cours hormis pour jouer son rôle de conseiller auprès de ses parents. Autrement, enfermé dans ses recherches et nombreux livres les plus intéressants, il n’était pas vraiment là à s’enticher de la moindre discussion. À moins, bien évidemment, que celle-ci évoque un sujet particulier.
Aeron n’était jamais non plus très sorti, au contraire de sa cadette. Le palais lui suffisait, alors faible était les gens du peuple qui pouvait reconnaître avoir vue le prince, si ce n’était lors des quelques accompagnements de ses parents dans une autre grande ville du royaume. D’ailleurs, cette rencontre était pour ainsi dire, la plus grande qu’il avait connu dans sa vie. Hormis avec les quelques employés du palais, et encore, la discussion n’était jamais très animée si celle-ci existait réellement à base de mot logique et audible des deux parties. Ainsi, une remarque qui en tant normale ne l’aurait sans doute pas fait réfléchir. Mais le contexte et la situation n’étaient pas vraiment en lien avec l’ordinaire et le quotidien de sa vie d’autrefois.
C’est pour cela que, malgré son esprit embrumé n’ayant de toute manière que la marche pour l’accompagner, Aeron resta encré dans son silence. Les mots ou toutes autres réponses ne lui semblaient de toute manière pas nécessaire, du moins tant qu’il n’y avait pas réfléchi ne serait-ce que quelques instants. Mais la réflexion un peu plus poussée sur le sujet, ne lui fit pas prendre conscience qu’il était resté muet pendant près de deux heures. Plusieurs fois sur son avancée, le prince avait manqué de tomber à cause d’une pierre qu’il n’avait pas remarqué. Au fur et à mesure de leur pas, la lampe qui les accompagnait avait peu à peu perdu de sa luminosité au point même qu’ils n’avaient fini par se guider grâce à un très léger point lumineux qui n’était, vraiment pas utile dans cette noirceur.
À l’intérieur de son sac, Aeron possédait bien sa propre lampe qui lui avait été donné lors de la tour, cependant lorsqu’il avait tenté de la sortir pour remplacer celle de Lin, le prince s’était alors rendu compte qu’il n’avait pas pu recharger (ou bien, penser à recharger) son orbe par rapport à sa dernière utilisation. Mais finalement, non loin devant lui, comme un espoir lumineux. Très faible, mais qui n’était pas passé inaperçu, comme un léger faisceau de lumière bleuté qui entrait à l’intérieur de la grotte. Son envie d’y arriver au plus vite, convaincu qu’il s’agissait là de la sortie ne put être exhaussé, ses jambes étaient lourdes. Chacun de ses pas semblait lui être de plus en plus difficile, son corps entier ne désirait qu’une seule chose à l’unisson ; se reposer un peu.
Alors, malgré tout bien que le temps y fût un peu plus long, le prince arriva à atteindre cette lumière. Cette douce lumière qui entrait dans la grotte qui reflétait bien l’extérieur. Aeron était encore entre ces murs de pierre, mais face à lui se trouvait la sortie. Un courant d’air frais soudain qui lui glaça le sang, heureux d’y être enfin arrivé. Sa démarche bancale qui tentait toujours d’accélérer sans le moindre succès, Aeron fit finalement son premier pas en dehors de la grotte. Comme une bouffée d’air frais, bien qu’ils n’eussent même pas fait la moitié du chemin qui lui était réservé. L’espoir d’atteindre la forteresse même si pour cela, il leur faudrait encore une journée de marche. Une certaine adrénaline qui n’avait pas encore prit conscience que son corps ne supporterait pas autant d’exercice physique sans même tenter de se reposer véritablement, mais ça, il ne s’en rendrait pas compte de manière immédiate.
Ses jambes tremblantes de repos, le firent tomber sur une pierre afin qu’il n’ait pas à reposer sur la force de ses muscles. Ses mains qui passent sur son visage comme un rafraîchissement qui n’en était pas un.
« On y est bientôt. »
Un murmure entre ses mains. Et finalement, les mots qui lui font prendre conscience.code ─ croquelune
Pas de réponses… Je crois qu’il ne me donnera plus de réponse à partir de maintenant… C’est d’un ennui ! Et qu’est-ce qu’ils ont ces nobles à bouder comme ça quand on leur pointe leurs faiblesses de façon tout à fait cordiale et respectueuse ? Cela ne m’amuse pas de perdre autant de temps à le ramener à la surface sans le pousser à aller plus vite. La lampe perd déjà de sa puissance, je n’ai aucunement envie de finir le trajet dans le noir complet. Je soupire et me terre également dans le silence préférant réfléchir à mes recherches plutôt que de perdre mon temps avec un prince inutile sur tous les plans en ce moment.
Lorsque ma lampe ne devient qu’un maigre halo de lumière, je peste en silence contre Aeron qui n’a pas pensé à recharger sa lampe magique. Difficile de faire plus inutile que lui pour le moment… Par chance, la lumière de la sortie s’offre à nous au moment où ma lampe s’éteind définitivement. J’accélérerait bien le pas mais mon compagnon n’en semble même pas capable, je suis presque sûre qu’il me suffirait d’un doigt pour le faire tomber lamentablement. Au lieu de ça, je me contente d’attendre patiemment derrière lui. Je ronge mon frein alors qu’être ainsi dans le noir me rappelle de bien trop mauvais souvenirs. Des souvenirs d’une cellule sombre et froide, de violences et de douleurs… Même la lueur de l’extérieur n’arrive pas à chasser ces souvenirs dérangeants. A chaque pas, je me sens comme attirer par les ténèbres et un poids augmenter sur mes épaules comme si la grotte essayait de me retenir. J’émerge de la grotte à la suite du “prince” blanche comme un linge et le coeur au bord des lèvres. Tandis qu’il se pose sur une pierre pour se reposer un peu, je m’éloigne pour masquer mon état. Hors de question de laisser un inconnu entrevoir mes faiblesses, c’est trop dangereux…
Je sèche les quelques larmes qui ont coulées le long de mes joues d’un revers de la main avant de me concentrer sur autre chose pour oublier cette mauvaise expérience. Au loin, le soleil est déjà en train de se coucher… Dans moins d’une heure, il fera nuit et seule la lune nous accordera sa maigre lueur. Je cherche un moment la lune du regard espérant qu’elle soit déjà visible pour vérifier si nous aurons un peu de lumière ou pas du tout. Incapable de la trouver, je frissonne. Nouvelle lune… On ne va quasiment pas avoir de lumière cette nuit… Je me tourne vers le “prince” qui me semble au bout de sa vie pour le coup. Faire le détour par l’auberge n’aurait pas été un mal, j’en suis certaine… Je doute qu’il arrive à tenir jusqu’à la forteresse sans un peu de repos mais il est têtu et refusera certainement encore ma proposition de détour. Ayant réussie à me recomposer une expression plus ou moins neutre, je revient vers lui en fouillant dans mon sac pour trouver un autre sachet de provisions. Ma fouille à l’aveugle ne me donne qu’un sachet contenant deux pommes. Mieux que rien pour combler un petit creux pour moi et apporter un peu de sucre à Aeron. Gardant une pomme pour moi, je lui lance la seconde.
Toujours contre l’idée d’un détour par une auberge ?
Je croque dans la chair de la pomme sans délicatesse avant de m’asseoir sur un caillou. A l’extérieur de la grotte, je me sens bien mieux, il va faire noire mais je suis dehors, libre de courir où je veux… Même si ma lampe emmagasine un peu de lumière pour le moment, elle n’éclairera pas bien longtemps… De ma main libre, je pointe une direction approximative.
La forteresse est par là. Durant la nuit, on devrait apercevoir les feux au loin. Et l’auberge est par là.
Je pointe le plein ouest pour montrer que le détour par l’auberge ne nous change pas non-plus énormément notre direction. Je dois bien avouer qu’un repas chaud et un bain chaud ne serait pas de refus. Une nuit de sommeil aussi bien entendu… Finissant ma pomme, je jette le trognon au loin entre les rochers où un petit animal pourra venir s’en régaler. Je me lève tout en exhortant Aeron à faire de même.
Aller, à moins que vous ayez dans l’idée de me faire un enfant ici et maintenant, on a encore de la route pour arriver à la Forteresse.
Un trait d’humour particulièrement amusant compte tenu de son état lamentable.
Le trajet vers la Forteresse est long. Le "prince" est d'un ennui mortel, on le dit cultivé et fort intéressé par toute formes de savoirs mais mes tentatives pour parler de mes recherches restent sans réponses vraiment intéressantes. Au beau milieu de la nuit, les grands feux du bastion montagnard du royaume apparaissent au loin... Nous n'atteignons Forteresse que le lendemain en fin de matinée. J'abandonne le jeune homme aux premiers gardes venus. J'ai remplie ma promesse de l'emmener jusqu'aux Gardes du royaume, je peux aller me reposer dans une auberge l'esprit tranquille et pourquoi pas aller me prélasser aux sources chaudes.