J’avais pris mon épée, une lame que j’avais réparée un nombre incalculable de fois, celle qui m’avait toujours accompagné, une relique de l’ancien temps. Peu décorée, elle avait un sens pratique et non pour frimer. Mais elle était simple, sans aucun attribut magique. Je boitais jusqu’à un coin du terrain avec des mannequins de bois. Tranquillement, je passais ma main sur la lame pour en enlever le tranchant, tassant juste un peu le métal. Un bon coup ferait toujours mal mais, au moins, je ne découperais pas ces pauvres mannequins qui n’avait rien demandé. Et je commençais à frapper encore et encore, enchaînant les coups. Mes cheveux voler derrière moi tandis que je tournais autour du mannequin. J’avais véritablement perdu en capacité, surtout pour les déplacements, mais ce n’était pas étonnant loin de là. Au bout d’une dizaine de minutes, je pris une pause, réajustant mon tee-shirt avec lequel je fis un nœud pour éviter qu’il ne me gêne. Le soleil avait fini de se lever et je me devais de reprendre, surtout si je voulais travailler encore après. La sueurs coulant dans mon dos, je m’étirais une dernière fois avant de reprendre mon épée.
La sueur des épées
Sur ce terrain d'entraînement, dans un coin et sans faire un bruit, médite Beowulf. Présent depuis quelques instants avant l’aube, il a complété son exercice physique journalier il y a quelques heures déjà. L’homme est paré du pouvoir foudroyant, quelques écailles ici et là, jouant entre colère et vide de soi afin de mieux contrôler ses excès de rage mais aussi limiter l’influence de Baal sur sa personne. Un duel mental au sommet au bout duquel, et pour la première fois de sa vie, le Tourmenteur ressort victorieux. Une défaite qui est ressenti par les compères de par le calme plat de la chevelure céruléenne. La Foudre clôt ce combat avec des paroles la liant un peu plus son maître.
▬ [Car tu as un cœur, tu haïs.
▬ Car tu as un cœur, tu as un côté sombre.
▬ Car tu as un cœur, tu te mets en colère.
▬ Car tu as un cœur, tu fais du mal aux autres.
▬ Car tu as un cœur... je désire être à ta place.]
Il s’avère que l’entité est dénuée de sentiments, ne se sentant pas réellement en vie, ne se sentant que comme un être inutile et inutilisé. Les mots lancent un avertissement chez l’aventurier mais appellent à sa raison par la même occasion. Si le Djinn désire prendre possession de son corps, c’est uniquement car il hurle sans le faire savoir qu’il en a besoin. L’hésitation de le laisser se sentir humain est présente mais l’acte de le faire ne sera point pour aujourd’hui. Un court silence suit comme réponse, puis, l’homme se lève - laissant alors disparaître en délicats éclats l’équipement magique pour ne laisser place qu’à son corps à moitié nu (comme tout bon guerrier qui se respecte).
Quelques bruits attirent son attention, il tourne alors la tête. Son regard tombe sur la silhouette de l’éclopée jouant au petit soldat. Malgré son handicap, elle n’a pas vraiment l’air d’avoir beaucoup de mal dans son entreprise. Non, c’est faux. C’est complètement une insulte à l’estocade que de voir cela. Beowulf accoste alors la jeune femme, souriant comme à son habitude (oui, quand il n’utilise pas son pouvoir quoi).
▬ Excusez-moi mais… - une main se pose sur son menton, il prend un air taquin - Je n’ai pas bien l’impression que vous savez comment marche cette… - il observe l’épée sans tranchant - chose.
Son autre main part doucement en arrière, dégageant quelques éclairs en direction de sa propre arme afin de l’appeler à lui. Cette dernière s'exécute sans peine et vient rejoindre la paume de celui à qui elle obéit avec vélocité, laissant alors s’échapper une vague onde de choc à son départ mais aussi à son arrivée.
▬ Si vous souhaitez apprendre, vous êtes au bon endroit.
Il ne se présente même pas et insinue qu’elle ne sait pas se battre. Ce sagouin propose tout de même ses services gratuitement. Et tout ça torse nu. Quel homme. MAIS QUEL HOMME.
- Oups, je crois que tu as encore beaucoup à apprendre avant de te permettre de donner des leçons aux autres.
J’étais ironique, mon sourire disparus et, boitant je passais à côté de lui, c’était l’heure que je retourne à la forge après tout. J’avais du travail, et je ne pouvais pas me permettre de dresser un enfant. Encore moins chez les aventuriers. Qu’il reste bête, au pire, il rejoindrait le cimetière comme beaucoup d’entre eux. Ce n’était pas mon problème. Je me tournais une dernière fois vers lui.
- Ha, et habille toi, tu vas attraper un rhume vue comme tu as l'air faible.
Un rire moqueur m'échappa doucement alors que je me dirigeais vers la sortie.