La même journée se répétait depuis son retour à la capitale. Chaque jour, Leyo installait son stand avec quelques sculptures sur la place commerçante, sculptant patiemment de nouveau article en attendant l'arrivée d'un client. Contrairement à ce qu'il s'était imaginé, ses petites créations en forme d'animaux et de monstres se vendaient incroyablement bien. À tel point que Leyo venait bientôt à bout de ses derniers matériaux. Le bois commun n'était pas difficile à obtenir mais Leyo se refusait à ne travailler que des ressources communes. Il s'était habitué à vendre une sculpture précieuse parmi les autres, pouvant attirer l’œil d'un client connaisseur ou simplement d'une personne à qui sa création était destinée.

Alors qu'il réfléchissait à la meilleure façon de remplir ses stocks, Leyo en revenait à la méthode qu'il avait majoritairement utilisé jusque-là, partir à la recherche de matériaux lui-même. Acquiesçant de la tête dans le vide, il confirmait son choix et commençait à se demander quelle destination il allait choisir. Alors qu'il cogitait, un client s'approchait de lui avec une question.

"Excusez-moi... Je suis passé en début de semaine, avez-vous toujours le petit ourson en bois blanc ?"

Relevant rapidement son chapeau à l'aide de son index, Leyo jetait un coup d’œil au client qui venait de l'aborder. Un vague souvenir de ce client revenait à lui quand il le regardait. Il s'agissait d'une des premières personnes à s'être intéressé à son stand... Enfin, sa petite amie était une des premières, lui l'avait simplement convaincu de ne pas acheter la sculpture et de se tourner vers un bijou. Un léger et sournois sourire se dessinait sur le visage de Leyo quand il s'adressait à son interlocuteur.

"Nop, vendu."

Au vu de la réaction de la personne après sa réponse, il se doutait que ce dernier était là à la demande de la jeune femme. En y regardant de plus près, il semblait même regretté son choix, ce dernier n'était peut-être pas encore en couple. Il avait voulu faire bien en achetant un bijou de grande valeur et sa tentative s'était apparemment soldé par un échec.

Levant les yeux vers le ciel, Leyo remarquait qu'une bonne partie de la journée était passée. Plutôt que de s'attarder avec ce client, il se levait et tapotait les quelques copeaux de bois présent sur son pantalon. Il commençait ensuite le rangement de son stand, enrobant chaque invendu dans des peaux de bêtes prévu pour. Il les stockait ensuite soigneusement dans son sac avant de s'en aller, n'oubliant pas de souhaiter bon courage à son client tout en gardant son sourire léger et sournois aux lèvres.

Avant de rentrer chez lui, il s'arrêtait à la guilde des aventuriers. En repensant à la sculpture que le client lui avait demandée, Leyo se souvenait de sa provenance. Un bois fin et particulièrement solide qu'il avait récupéré au fond de la forêt. Il se souvenait aussi des bêtes qui trainaient dans les environs qui l'avaient coursés un bon moment avant de le laisser s'en aller. Une fois au guichet, il discutait rapidement des conditions avec la personne en charge. L'argent n'était pas un problème, il décidait sur une récompense quinze pourcents plus importants que d'ordinaire. La demande était simple, il n'avait pas besoin d'un guerrier ou d'un peloton destructeur. Il lui fallait simplement quelqu'un pour l'accompagner et le guider vers une destination ou il pouvait potentiellement trouver des matériaux qui l'intéressaient. Il fallait que l'aventurier n'ait pas de problème avec le fait de dormir dehors, après tout, il n'allait pas sur le bord de la forêt mais dans ses profondeurs. Il donnait une date de départ le lendemain en fin de matinée, si la guilde ne trouvait personne, la requête serait annulée. il repartait ensuite en direction de son foyer après avoir remercié son interlocuteur.

Une fois chez lui, il sortait une nouvelle fois soigneusement ses invendus et les rangeait avec les autres. Comme à son habitude, il les plaçait en valeur chez lui. Si personne ne les achetait dans la journée, il les gardait précieusement en attendant de leur trouver un propriétaire reconnaissant leur valeur. Il préparait ensuite ses plans pour sa prochaine aventure. Il faisait l'entretien de ses couteaux et regardait les possibles destinations pour trouver des matériaux. Il allait ensuite se coucher après avoir organisé ses affaires.

Le lendemain matin, il se réveillait doucement et commençait ses préparations. Il s'habillait comme à son habitude avec son costume noir et son chapeau Fedora. Il décidait de ne pas porter sa cape cette fois-ci, contrairement à d'habitude, il n'allait pas être seul et cacher son visage n'allait servir à rien s'il passait plusieurs jours avec un aventurier. Il cachait ses couteaux papillon et saisissait un petit sac contenant quelques provisions et quelques outils de base. Il n'oubliait pas de prendre quelques œufs durs juste cuits avant de partir pour lui servir de déjeuner. Il prenait ensuite la direction de la guilde tranquillement, profitant du chemin pour acheter deux bouteilles de rhum pour la route.

Une fois arrivée à la guilde, Leyo se rapprochait du guichet pour annoncer son arrivée. Son interlocuteur était différent de celui de la veille, mais celui-ci lui confirmait l'acceptation de sa requête par un aventurier. Leyo s'adossait ensuite à un mur, attendant de voir si sa requête avait vraiment été acceptée et quel type de personne cela allait être. Il saisissait un des œufs dur qu'il avait préparé et commencer à enlever la coquille en prenant soin de ne pas abimer le blanc. Une fois terminé, il avalait l’œuf d'un coup sans le mâcher. Il s'attelait ensuite à défaire la coquille du second pour terminer son petit déjeuner.

Alors qu'il s'attaquait à la coquille de son dernier oeuf dur, Leyo remarquait non loin de lui un duo semblant plus ou moins animé et plutôt tape-à-l’œil. L'une d'entre elles portait un masque et possédait des cheveux d'une couleur aussi rare qu'intrigante, la seconde portait des vêtements peu banale et ses cheveux étaient bicolores. S'il n'était pas à l'intérieur de la guilde, Leyo aurait pu facilement imaginer qu'il s'agissait d'acteurs ou de comédien d'une troupe itinérante.

Alors qu'il avalait son œuf, Leyo observait la personne à la chevelure bicolore se rapprocher de lui après un bref échange avec sa partenaire. Observant brièvement la personne qui s'approchait, Leyo pouvait facilement comprendre qu'il s'agissait soit de son escorte, soit d'une personne mal intentionné. Une fois approché, cette personne s'adressait à lui d'une manière impolie mais plutôt intéressante. Avant même de se présenter, cette dernière lui proposait un petit verre de jus d'orange pour accompagner son encas. affichant un léger sourire, Leyo lui répondait simplement.

"Merci de l'offre mais je préfère un bon verre de lait le matin."

Leyo sortait un tissu de l'intérieur de sa veste pour s'essuyer les mains avant d'utiliser son index pour lever brièvement son chapeau, histoire d'observer son interlocutrice. Il ouvrait ses yeux un peu plus que d'habitude pour juger son interlocutrice, laissant la couleur dorée et brillante de ces derniers apparaitre. Celle-ci se présentait comme Carchiphona, la fameuse escorte que la guilde lui avait trouvée. À y regarder de plus près, cette dernière semblait du genre éclaireuse plus qu'escorte mais Leyo ne relevait pas le détail. Dans le pire des cas, il pouvait se défendre. La mission de l'aventurière était plus de le guider et de l'aider à chercher que de le protéger. Redressant une nouvelle fois les coins de ses lèvres pour former un sourire, Leyo lui répondait et se présentait lui aussi après un petit claquement de doigt.

"Enchanté Carciphona ! Je suis Leyo, sculpteur de profession et cuisinier à mes temps perdu."

L'aventurière semblait le juger elle aussi avant de reprendre la parole. Celle-ci lui demandait quel moyen de transport ils allaient utiliser pour atteindre leur destination. Toujours le sourire aux lèvres, Leyo fouillait un peu dans son sac avant de sortir une carte minimaliste des environs. Il pointait du doigt l'est de la capitale, la limite entre la forêt et la montagne et montrait la destination qu'il souhait visiter.

"En partant à l'est de la capitale et en traversant une grande partie de la forêt dans cette direction. La bordure entre la forêt et la montagne me semble une bonne zone de recherche. Nous avons deux options dans le cas présent, traverser la forêt en ligne droite ou contourner la végétation par le sud et remonter ensuite vers les montagnes. Bois, Os, Pierre, minéraux, du moment que je trouve quelques choses d'intéressant je n'ai aucun problème pour le choix du trajet... Même si traversé la forêt me semble bien plus amusante. J'ai suffisamment de ration pour quelques jours, ensuite un peu de chasse et de cueillette feront l'affaire. J'ai aussi quelques bouteilles de Rhum et un jeu de cartes !"

Rangeant rapidement sa carte, Leyo esquissait un grand sourire en faisant apparaitre d'un rapide et adroit jeu de main un paquet de cartes. Il fixait ensuite la jeune femme pendant qu'il rangeait ses cartes et s'adressait une nouvelle fois à elle en ouvrant cette fois-ci un peu plus ses yeux dorés dévoilant un regard perçant et sans émotions. Il abaissait son chapeau pour masquer son regard avant d'ouvrir la bouche.

"Je te fais confiance pour le choix de moyen de transport, je n'ai aucune préférence du moment que l'on arrive à bon port... Parlez-m'a donné soif, je t'offre un petit verre avant de partir ?"

Une fois ça phrase terminée, Leyo plaçait ses mains dans les poches en attendant la réponse de Carciphona.

En attendant la réponse de son interlocutrice, Leyo passait un rapide regard sur ce qui l'entourait. Même s'il ne voulait pas le reconnaitre, il était légèrement excité pour son retour à l'aventure. Lui qui avait décidé de ne plus se mêler à des aventuriers était rapidement revenue à la réalité. Il ne pouvait échapper à sa nature, même s'il n'était pas aventurier, voyager et découvrir de nouvelle chose aguichaient sa curiosité.

Revenant à l'instant présent, Leyo affichait encore une fois un léger sourire en écoutant les réponses de l'aventurière. Celle-ci semblait plus concernée par le repas et le divertissement que par l'escorte en elle-même. Leyo ne pouvait pas lui en vouloir, allez chercher quelques bouts de bois et deux trois cailloux n'étaient pas bien passionnants. À l'inverse, la longue et hasardeuse promenade qui précédait la découverte et la récupération des matériaux était le vrai divertissement. Carciphona venait aussi confirmer ses doutes sur l'Environnement. D'après elle, la période était clémente et apte au bivouaque. Cela venait rassurer Leyo sur son choix concernant la direction, cette partie de la forêt semblait similaire à celle du nord proche du village perché. La proposition du jeu de cartes était elle aussi étrangement bien passé. La suite de la discussion concernait le transport des matériaux, les trouvés trouver était une chose, les ramener une seconde. Dans la foulée, l'aventurière annonçait une arrivée le lendemain ce qui perturbait Leyo. La forêt était elle vraiment si rapide à franchir . Même si la carte n'était pas si précise, Leyo avait plus en tête plusieurs jours rien que pour l'aller et la même au retour. Ne s'attardant pas sur la question, il décidait de laisser le hasard faire les choses. Après tout, du moment qu'il trouvait quelques choses à ramener, il pouvait bien visiter une tout autre destination . Une fois dans la forêt, même s'il se perdait, il allait bien pouvoir trouver un peu de bois à rapporter. La compagnie de cette aventurière se promettait intéressante pour les jours à venir.

Carciphona acceptait ensuite sa proposition de boire un verre avant de partir. Cette dernière semblait déjà bien équipée quand Leyo remarqua l'aventurière sortir un verre en bambou. Sans se poser de questions, il sortait une des bouteilles de rhum de son sac et servait un généreux verre à son semblant d'escorte. Il sortait ensuite un verre en bois qu'il avait emporté pour le trajet et se servait lui aussi un petit verre. Profitant du moment pour gouter le liquide qu'il avait acheté sur le trajet, Leyo rangeait la bouteille en lui attribuant une note de soixante points. Bien que le goût était présent et qu'il s'agissait d'un rhum sollicité par les aventuriers, Leyo le désignait plus comme un rhum de cuisine et de voyage qu'un breuvage régulier.

Leyo observait l'aventurière prendre la direction de la sortie, Carciphona semblait déterminer à partir rapidement. Ne s'inquiétant pas, Leyo la suivait tranquillement en répondant à sa question concernant son expérience avec les aventuriers.

"J'ai vécu plusieurs années avec des aventuriers mais il s'agit bien de la première fois que j'utilise ce service. D'ordinaire, je voyage en solitaire. Cette fois, j'ai surtout fait appel au service de la guilde pour compenser mon manque de connaissances sur cette partie de la forêt. J'ai beaucoup trainé dans la partie nord de celle-ci mais jamais dans la partie sud-est. J'ai une monture à mon domicile, il suffit juste de passer la prendre. Elle est un peu jeune mais suffisamment endurante pour le trajet. Pour le transport des matériaux, il n'y a pas à s'inquiéter, il ne s'agira pas d'une masse importante impossible à transporter sans chariot."

Leyo passait la porte de la guilde tout en replaçant son chapeau correctement, il ne restait plus qu'à partir à l'aventure en compagnie de son escorte. Il se tournait une dernière fois en direction de l'aventurière avant de prendre la route.

"Et vous ma chère, êtes-vous aventurière depuis longtemps ? Vous n'avez pas de problème avec les légumes ? il ne faudrait pas que la cuisine vous déplaise."

Leyo esquissait un sourire enfantin en prenant un peu d'avance sur l'aventurière.

La réaction de son escorte concernant l'alcool flottait dans l'esprit de Leyo. Elle semblait avoir apprécié le rhum et semblait s'inquiéter de manquer de boisson pour l'expédition. Comme il allait passer à la maison, Leyo se demandait s'il ne devait pas sortir une ou deux bouteilles de plus pour le voyage. Une escorte ivre était toujours plus intéressante et utile qu'une escorte déprimée et manquante de motivation. Tant qu'à récupérer la jeune jument, prendre une ou deux bouteilles de plus n'allait pas faire de mal. Carciphona parlait ensuite de la rentabilité de cette aventure. En y réfléchissant un peu, ce genre de voyage était plus pour se changer les idées et se dégourdir que par pure rentabilité. Même s'il arrivait qu'il touche le jackpot en tombant sur des ressources rares ou exotiques, Leyo allait dans tous les cas vendre ses sculptures au même prix qu'une sculpture réalisée à base de matériaux communs.

"Ce n'est pas toujours rentable mais il s'agit plus d'un acte de passion que d'un métier. Et puis cela me permet de travailler des matériaux rarement disponibles et de créer quelques challenges dans mon activité."

Quand le sujet des préférences concernant les légumes fit aborder, Leyo remarqua une réaction amusante de la part de son escorte. La taquiner sur cet aspect pouvait être amusant, Leyo notait dans le coin de sa mémoire la réaction de Carciphona. Le ton utilisé par cette dernière venait particulièrement titiller son sadisme intérieur, une petite poêlée de légume après une promesse de grillade était vite arrivée. L'aventurière venait ensuite insinuer qu'elle pouvait faire quelques efforts concernant son alimentation.  Elle répondait à la suite de sa déclaration concernant sa carrière. Une dizaine d'années à parcourir le royaume en tant qu'aventurière ? Comme elle venait l'annoncée, elle n'en portait pas les marques. Qu'il s'agisse de ses parents ou de ses anciens collègues, les aventuriers avec lesquels il était proche montraient tous des traces et des souvenirs de leur aventure. La guilde avait soit engagé le meilleur guide possible pour cette expédition, soit le pire. Leyo réfléchissait à la situation avant de hausser les épaules. Dans le pire des cas, il pouvait toujours courir pour sauver sa vie.

Alors qu'il réfléchissait à quelques moyens de tester l'aventurière, celle-ci venait lui rappeler sa présence en lui demandant ou il habitait et s'il pouvait lui montrer quelques-unes de ses sculptures. Elle précisait même le type de sculpture qui pouvait l'intéresser. Croisant les bras et penchant la tête sur la gauche pour aider sa réflexion, Leyo lui répondait calmement.

"J'habite à quelques minutes d'ici, dans cette direction."

Leyo pointait du doigt la direction de son foyer. il répondait ensuite concernant les sculptures.

"Je n'ai pas de problème à dévoiler mes sculptures, tu peux même en récupérer une si elle te plaît. De mémoire, il y'a deux ou trois hirondelle dans les oiseaux que j'ai sculptés."

Quelques rue plus loin, Leyo voyait l'entrée de sa maison. Il s'approchait de la porte et la déverrouillait avant de se tourner vers l'aventurière.

"Les oiseaux sont dans la pièce de droite, les hirondelles doivent être sur l'étagère du haut."

Il entrait ensuite chez lui et guidait son interlocutrice dans la pièce de stockage des sculptures à plumes. L'entrée de sa maison était simple et débordait de matériaux. Bois et métal commun débordaient de leur rangement. Rien de bien précieux mais la quantité était présent. à l'inverse de son entrée, la pièce où étaient rangées les sculptures à plumes était parfaitement organisé et regorgeait de ses créations. Bois, Pierre, Métaux et gemmes, les sculptures réalisés étaient stockées de manière à les mettre en valeur. Leyo pointait du doigt une étagère où trois hirondelles se tenaient fièrement. La première était en verre représentait la bête les ailes déployées pour les mettre en valeur. La seconde était en bois noir et représentait une hirondelle posée sur une branche fixant l'horizon majestueusement. La dernière était plus simple et montrait deux hirondelles se reposant l'une contre l'autre. Cette dernière sculpture était elle aussi en bois mais celui ci était plus sombre que la précédente.

"Tu peux te servir si elle te plaise, elles ne sont pas vraiment en valeur stocké ici. J'ai quelques bouteilles de vin à récupérer et ma jument à sceller et on peut prendre la route."

Leyo attendait ensuite que Carciphona lui répondre et agisse avant de continuer.

L'aventurière semblait avoir remarqué son changement dans la manière avec laquelle il s'adressait à elle. Au vu du caractère décalé de son interlocutrice et de la façon qu'elle utilisait pour s'exprimer, Leyo avait décidé de la tutoyer. Sa raison était simple, il n'allait pas s'embêter à parler poliment pendant plusieurs jours. Quand il s'agissait de clients, Leyo n'avait pas de soucis à parler poliment et vouvoyer mais cela lui imposait de faire attention et de ne pas lâcher une remarque désobligeante au milieu d'un dialogue. S'il tutoyait, il était plus simple pour lui de s'exprimer et de jauger la température dans la conversation.

Leyo cachait sa bouche avec sa main gauche quand il entendait la réponse de Carciphona. La manière de s'exprimer de cette dernière était étrangement honnête et sincère pour une aventurière. Il devait faire un effort pour ne pas afficher un grand sourire enfantin sur son visage, la meilleure solution était de le cacher. Alors que l'aventurière jetait un oeil aux sculptures, celle-ci venait lui donner un avis positif sur son travail. Une nouvelle fois, Leyo cachait son sourire. Il ne répondait pas à la question concernant ses réserves pour éviter de dévoiler l'expression dessinée sur son visage.

Elle se rapprochait ensuite des hirondelles sur l'étagère, prenant le temps de les observer sous le regard attentif de Leyo. Même s'il l'avait laissé entrer, un mauvais pas l'aurait rapidement mené vers la sortie. Après tout, même s'il s'agissait de sculpture, il s'agissait des siennes. Voir une personne endommager son travail était hors de question. Après quelques secondes d'observations, l'aventurière prenait de nouveau la parole. Passant la sculpture en verre, elle s'attardait sur celle représentant une hirondelle fièrement perchée sur sa branche. Elle rajoutait qu'elle souhaitait la récupérer après la mission pour éviter de l'abimer. Leyo ne voyait pas d'inconvénient, après tout, avant ou après n'allait pas changer grand-chose.

"Pas de soucis, elle ne va pas s'envoler !"

L'aventurière se tournait une nouvelle fois et le fixait directement du regard pour lui prouver qu'elle ne mentait pas sur son compliment. Leyo donna un effort considérable pour ne pas exploser de rire. Il acquiesçait simplement de la tête pour affirmer qu'il comprenait bien son intention. Il observait ensuite la jeune femme défroissée sa tenue en retournant dans la première pièce. Elle annonçait dans la foulée qu'il était temps de partir. Elle rajoutait aussi que s'ils arrivaient plus tôt, ils allaient pouvoir profiter d'un plus grand temps de repos et surtout de temps pour boire. Alors qu'elle quittait son foyer, Leyo se tournait vers la cuisine et rajoutait deux bouteilles de vin dans son sac. Il prenait aussi un petit bout de bois dans l'entrée avant de sortir pour passer le temps sur le trajet. Il allait passer un bon moment en selle, il allait avoir le temps de sculpter une petite statuette sur le chemin.

Bien qu'un peu surpris en apercevant la monture de l'aventurière, Leyo se tournait rapidement vers sa jument prenant un peu de temps pour la seller et lui donner une ou deux carottes à manger. Il accrochait son sac à l’arrière de la selle avant de monter sur la bête. Suite à l'indication de Carciphona, Leyo la suivait en direction de la sortie Est de la ville. Une fois sortie, Leyo fixait l'horizon avant de sortir le bout de bois qu'il avait pris auparavant. Saisissant un petit couteau de sculpture à sa ceinture, il commençait à travailler le bois pour lui donner la forme d'un petit chevalier en armure. Il n'oubliait pas de relever de temps en temps la tête pour s'assurer que l'aventurière était toujours là.

Un peu plus tard, son interlocutrice venait reprendre la parole pour indiquer que la suite de la route allait être praticable une bonne partie de la journée mais allait se compliquer par la suite. Rigolant tout en répondant, Leyo contait bien laisser la suite entre les mains de l'aventurière tant qu'il n'y avait pas de danger.

"hahaha pas de soucis, je te fais confiance chère experte !"

Rangeant sa sculpture en cours et ses outils, Leyo saisir son chapeau et le retirer le temps de secouer la tête. Surement à cause du mouvement du cheval, il s'était retrouvé avec quelques copeaux dans les cheveux. Il remettait ensuite son chapeau en place avant de regarder les alentours. Un autre objectif de ce voyage était de trouver de nouvelles idées pour ses sculptures. Maintenant qu'ils étaient suffisamment éloignés de la capitale, il pouvait commencer à porter son attention sur ce qui l'entourait. il rapprochait sa monture de Carciphona avant de s'adresser à nouveau à elle.

"En tant qu'aventurière tu dois avoir une idée de la faune et la flore sur le chemin n'est ce pas . Je me demandais s'il y'avait des espèces différentes dans cette partie de la forêt."

Leyo s'étirait ensuite rapidement avant de reprendre une position correcte sur la selle.

Leyo terminait de s'étirer et reprenait une position propre sur la selle. Même s'il avait beaucoup voyagé, il n'avait que peu de fois expérimenté de longs trajets à dos de monture. La plupart du temps, il s'arrêtait régulièrement pour papillonner et passer la journée sans vrai objectif. Dans la partie nord de la forêt, rentré avec sa monture était assez rare. En dehors de quelques chemins, il passait la plupart du temps à se promener hors-piste pour se déplacer.

Pour en revenir à la conversation, Leyo croisait les bras et se concentrait sur la réponse de l'aventurière. Elle parlait tout d'abord d'une créature nommée Cerberus, un gros chien repoussant que Leyo ne préférait pas croiser. Les fuir ou les combattre n'étaient pas le plus compliqué mais ses vêtements et son mentales en prendraient un grand coup. Comme beaucoup de canidés, l'haleine repoussante et les morsures étaient au rendez-vous. En y repensant, ces monstres étaient plus repoussants et absurdes qu'intéressants. Carciphona continuait en prévenant que leur taux d'apparition avait récemment diminué. Une bonne nouvelle pour le voyage qui suivait.

L'aventurière citait ensuite une petite liste des bêtes moins dangereuses qu'ils pouvaient rencontrer en traversant la forêt. Bien que les loupains et les vermilis ne l'intéressait pas plus que ça, les ombres et les eredels pouvaient être de bons modèles. En faisant travailler un peu sa mémoire, Leyo se souvenait avoir entendu parler des eredels pour leur chant. Un type d'oiseau assez joli qui aimait chanter, un modèle parfait pour une boîte à musique. De l'autre côté, Leyo se souvenait d'une discussion entre deux enfants qui désignait les ombres comme des petits êtres venant les punir s'il désobéissait à leur parent. Surement une histoire inventée pour calmer et les rendre un peu plus sage. L'idée de sculpter quelques ombres pour effrayer ses enfants était forte dans la tête de Leyo. S'il pouvait les effrayés la prochaine fois que ces enfants passaient devant chez lui, il pouvait surement se sustenter d'une bonne crise de rire.

La suite de la conversation tournait autour de la flore et de l'endroit où ils allaient bivouaquer. Le lhant airne que la jeune femme décrivait pouvait être une bonne idée pour des sculptures en verre ainsi que les globlue. Elle parlait ensuite des Tourbiums, de grands arbres où ils allaient poser le camp. Un vieil arbre fournissant un abri pour la nuit pouvait être une bonne sculpture en y ajoutant un petit contexte. Un grand arbre protégeant différente espèce de la pluie, une scène que Leyo gravait dans un coin de sa mémoire.

Alors qu'il réfléchissait à quelques idées de sculptures, l'aventurière continuait en racontant brièvement qu'elle connaissait bien la route et qu'elle avait fait des rencontres mémorables sur celle-ci. Apparemment, elle passait régulièrement dans le coin. Leyo se demandait particulièrement ce qu'un saltimbanque était venu faire dans le coin. Elle terminait en lui demandant pourquoi il avait choisi sa profession. Une bonne question en soi-même mais difficile à répondre. Leyo posait son index sur son menton et regardait le ciel quelques secondes avant de répondre.

"Bien que la pâtisserie et la cuisine en général m'intéressent, j'ai plus souvent l'occasion d'utiliser un couteau en tant que sculpteur."

Leyo sortait un de ses couteaux papillon de nulle part avant de le faire tourner de manière agile et vive dans sa main. Il le rangeait ensuite aussi rapidement qu'il l'avait sorti.

"D'aussi loin que je m'en souvienne, ma mère insistait pour que j'apprenne à me servir d'un couteau pour pouvoir me défendre. Au début, il ne s'agissait que de répétition mais au fur et à mesure, j'ai commencé à m'en servir pour cuisiner puis pour sculpter. La sculpture me permet de me focaliser sur quelques choses. On peut appeler ça un hobby ou une passion... qui sait, je ne suis pas sur moi-même. Étant sculpteur, je suis amené à rencontrer beaucoup de gens et travailler beaucoup de matériaux différents, un nouveau challenge peut se présenter chaque jour. Le seul bémol étant certains clients inintéressant qui se présente de temps à autre, c'est comme demander à une cuillère de nous indiquer la direction d'un trésor."

Terminant son petit monologue, Leyo se tournait une nouvelle fois vers l'aventurière pour la questionner à son tour.

"Et toi ? Pourquoi es-tu devenue aventurière ? Ce métier est plutôt aléatoire et rempli d'incertitude."

Petit à petit, Leyo en venait à apprécier la compagnie de l'aventurière. Loin d'être difficile à aborder, cette dernière semblait même particulièrement ouverte. Il était facile de la comparer à un livre sans couverture si celle-ci ne mentait pas dans ses paroles. En tout cas, si celle-ci mentait, elle avait un don pour le mensonge. Leyo écoutait les réponses de Carciphona comme s'il écoutait la narration d'une courte histoire. Il se penchait un peu en avant et utilisait la tête de la selle pour s'accouder et reposer son poids en avant.

Bien que cacher par son chapeau, les yeux de Leyo montraient une certaine fierté quand l'aventurière venait indirectement flatter ses parents. Même si Leyo les avait perdus trop tôt, les enseignements de ses parents faisaient partie de son quotidien. Qu'il s'agisse de cuisine, de sculpture, de chasse, de cueillette ou encore dans ses habitudes, tout était dans le même sens que quand il était petit. Il cuisinait avec les techniques que sa mère lui avait enseignées, il sculptait grâce à la dextérité qu'il avait développer en s'entrainant avec elle. S'il devait chasser ou cueillir des plantes, il se remémorait les habitudes de son père pour ne pas détruire la faune et la flore et récupérer les meilleurs ingrédients. Sa cuisine était ordonné comme à l'époque du restaurant et ses outils entretenus comme quand il partait chasser avec son père.

Leyo observait ensuite l'action de l'aventurière une fois sa réplique terminée. Elle saisissait une dague et après l'avoir maintenue en équilibre quelques secondes, elle la lançait sur un tronc d'arbre. Jolie lancé ! Leyo applaudissait doucement la gesture de l'aventurière. Bien qu'il utilisait des couteaux, le lancer ne faisait pas partie de ses talents. Après tout, son pouvoir suffisait pour les attaques à distance et il ne voulait pas se retrouver sans armes en situation dangereuse. L'aventurière continuait en précisant que malgré son talent pour le lancer, elle ne semblait pas douée pour la cuisine. Leyo acquiesçait en affichant un léger sourire. Si maitriser la lame était signe de bonne cuisine, il aurait surement pu échapper à l'entrainement infernal de sa mère concernant la préparation des ingrédients. Elle ajoutait une autre réplique en lui annonçant que vivre en liberté et en faisant ce qui lui plaisait était une belle chose.

Carciphona continuait ensuite en lui racontant d'où elle venait. Une famille de paysans ? En dehors du langage plutôt familier et maladroit, rien en elle ne pouvait monter signe d'une origine paysanne. Leyo posait son index sur son menton en essayant d'imaginer la scène avant de laisser s'échapper un léger rire discrètement. Leyo qui était enfant unique avait un peu de mal à suivre quand celle-ci racontait la constitution de sa famille. Huit enfants ? s'occuper et nourrir tant de petits démons devaient être un sacré défi. Elle poursuivait sur une brève introduction de ce qu'elle avait vécu en tant qu'aventurière. Un récit semblable aux aventuriers que Leyo avait côtoyer.

Peu après, Leyo décidait de s'étirer une nouvelle fois. Ses muscles n'étaient pas vraiment habitués à autant de routes à dos de monture. Il baillait doucement en masquant sa bouche avec sa main droite avant de se tourner vers son escorte. L'étrange monture de celle-ci semblait changer de nature à ce moment. Alors qu'elle était resté sage jusque-là, sa monture partait dans une course-poursuite avec une petite créature passant par là. En écoutant les cris de l'aventurière, Leyo se retenait de tout son être de ne pas exploser de rire. Ses côtes commençaient à lui être douloureuse et ses abdominaux tremblaient sous ses rires étouffés. Quelques secondes après, Carciphona terminait sa course dans un petit tas d'orties après un freinage brusque de sa monture. Leyo rapprochait doucement sa monture de la scène du crime tout en se retenant d'exploser. Le coup de grâce arrivait rapidement. Alors qu'il venait de réussir à calmer son fou rire, Leyo observait le visage recouvert d'une pâte  verte en relevant légèrement son chapeau. La limite était brisée, son rire échappait à son contrôle.

"Hahahahahahahaha... Tu...hahahahha. super le maquillage... hahahhaha. j'ai mal au côté. "

Leyo n'en pouvait plus, les larmes commençaient à couler sur ses joues sous l'emprise de la crise de rire qui lui tirait les joues. Il ne regrettait pas d'être partie accompagner à la recherche de matériaux, seul, il n'aurait jamais assisté à ce genre de scène.

"haha...hé hé. c'est une des raisons ... pour laquelle j'ai décidé d'une escorte... pfff hahahah. Tu veux peut être t'arrêter plus tot pour traiter tes bless...haha haha."

Leyo utilisait son chapeau pour ventiler son visage, rire autant lui avait donné chaud. Il s'adressait une nouvelle fois à l'aventurière une fois son fou rire terminé.

"Pfiou... Digne d'un spectacle ! Une soupe d'ortie pour le repas de ce soir, ça te tente ."

Toujours en train de ventiler son visage à l'aide de son chapeau, Leyo écoutait la réponse de l'aventurière en prenant soin de ne pas repartir dans l'euphorie. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas rigolé de bon coeur à ce point la réponse était toutefois à la limite de le renvoyer dans une crise de rire. Une menace à base d'ortie dans un premier temps venait chatouiller les glandes lacrymales de Leyo qui se retenait de pouffer. Un instant plus tard, Carciphona ajoutait une seconde menace concernant sa proposition de soupe d'orties. Le rire aux lèvres, Leyo haussait rapidement les épaules avant de se reconcentrer sur la conversation.

Montrant un signe de baisse d'humeur, l'aventurière venait lui annoncé qu'il restait deux heures au minimum avant d'atteindre le premier point de pause. Il allait aussi falloir continuer l'après-midi pour atteindre la seconde étape.  Rien de bien surprenant en prenant en compte la destination finale. Elle venait ajouter un petit commentaire sur le confort de la selle qu'il utilisait. Leyo restait souriant et lui adressait une réponse calme, essayant de ne pas repartir dans le fou rire précédent.

"Mon derrière se porte très bien. Je dois dire que le manque d'animation me fatiguait légèrement mais ta monture et toi êtes parfaitement venue à bout de mon ennui !"

Observant l'aventurière masquée de vert accélérer le pas de sa monture, Leyo venait lui aussi faire de même pour ne pas se faire distancer.

Après une courte période de calme et de silence dans la discussion, l'aventurière s'adressait une nouvelle fois à lui en lui demandant s'il avait tenté sa chance en tant que sculpteur royal. Avant qu'il ne réponde, elle posait une seconde question concernant cette fois-ci son avenir s'il n'était pas devenue sculpteur. Elle n'oubliait pas de laisser une petite remarque concernant son apparence en précisant qu'elle ne le voyait pas en tant que garde. Plaçant l'index sur son menton, Leyo levait légèrement la tête pour réfléchir. La première question n'était pas trop compliquée à répondre mais la seconde se montrait particulièrement difficile, il n'y avait juste jamais pensé auparavant. Une poignée de secondes plus tard, il ouvrait la bouche pour offrir sa réponse.

"Concernant le concours pour devenir sculpteur royal, je n'y vois pas particulièrement d'intérêt en dehors de se faire gonfler les chevilles. Ce genre de poste vient forcément avec des conditions délirantes et inintéressantes au possible. Perdre la notion de création personnelle est un gros problème. Même s'il m'arrive de travailler à la demande, je sculpte principalement pour moi. Être obligé de sculpter pour une autre personne à longueur de journée n'est pas mon truc. En plus, le royal de sculpteur royal signifie qu'il faut être en contact avec des gens importants assez souvent et bien se tenir. Inintéressant ! Même si le salaire est attractif, je n'ai pas besoin d'autant d'argent. Je préfère rester libre de mes choix et de mes fréquentations. Bref, je serais peut-être amené à changer d'avis dans le futur et à regretter mais je ne parierais pas dessus."

Terminant sa première réponse d'une traite, Leyo prenait quelques secondes pour reprendre son souffle avant de poursuivre sur la question suivante.

"Garde ne m'intéresse pas vraiment, comme je l'ai dit plus tot, je préfère la liberté... Aventurier aurait été fortement possible mais je n'ai pas vraiment d'attachement à cette profession. Mes parents en faisaient partie avant ma naissance mais je n'ai jamais été attiré par cette profession. J'ai rejoint un groupe d'aventuriers dans leur routine il y a quelques années même si je n'ai jamais rejoint la guilde. Je les aidais et ils m'assistaient dans ma recherche de matériaux pour mes sculptures..."

Se souvenant de ses anciens partenaires maintenant éteints et de la femme avec qui il pensait faire sa vie, Leyo expirait avant de poursuivre.

"L'histoire s'est mal terminé... je préfère me tenir à l'écart des regroupements d'aventurier depuis celle-ci. Un métier en lien avec la restauration aurait fortement été possible. J'ai grandi en aidant mes parents dans un restaurant et en chassant. Mon père chassait et ramassait des plantes sauvages et ma mère les cuisinaient pour les vendre aux clients. Enfin bref, tout ça remonte déjà à plusieurs années. Je profite de l'instant présent sous toutes ses formes. Et toi ? j'ai cru comprendre que la vie de paysan ne te plaisait pas mais tu aurais tout aussi bien pu y échapper en rejoignant la garde ou tout autre métier présent autour d'une grande ville. Au vu du talent de ta monture, rejoindre une troupe d'artiste aurait pu être intéressant."

Bien que d'ordinaire bavard, Leyo se rendait compte qu'il avait beaucoup parlé de lui aujourd'hui et cela ne semblait pas terminé. Ses conversations habituelles se focalisaient normalement sur son métier, la cuisine ou parfois quelques ragots, mais rarement sur sa vie privée. Il ne savait pas vraiment pourquoi mais décidait de ne pas trop y penser. Peut-être était-ce dû à son interlocutrice qui rendait le dialogue simple ou peut-être avait-il juste besoin de parler de ce sujet de temps en temps.

Quand l'aventurière venait lui répondre qu'elle aurait dû s'engager dans un cirque avec un ton de rigolade, Leyo esquissait un petit sourire et l'accompagnait d'un léger claquement de doigt avant de s'adresser à elle.

"Un avenir prometteur !"

Pendant qu'ils progressaient dans la forêt, Leyo sortait une nouvelle fois la petite sculpture qu'il avait commencée plus tôt. Tout en continuant à se concentrer sur la route, il réfléchissait au détail qu'il pouvait incorporer sur le petit chevalier. Il écoutait en même temps la réponse de Carciphona concernant la même question qui lui avait été posé. Cette dernière venait lui annoncer qu'elle ne pouvait pas être artiste, elle se justifiait en lui signalant que sa loutre était éduquée pour la traque. Drôle de façon de renier l'artiste en elle mais celle-ci montrait son lien important avec l'animal. Leyo esquivait de près une nouvelle crise de rire à la notion de loutre de traqueur qui lui rappelait le petit rodeo précédent les orties.

La suite tournait sur les différents emploies et le pourquoi l'aventurière ne les favorisait pas. L'artiste de rue lui paraissait un emploie instable et reposant sur la chance. La Garde de son coté comportait trop de restriction pour la jeune femme. Celle-ci semblait d'ailleurs bien renseignée sur la Garde au vu de sa description. Les lieutenants et capitaines de la garde semblaient être de vrai esclavagiste à en croire ses paroles. Leyo retenait qu'il devait se renseigner un peu à ce sujet au cas où il serait confronté à la fameuse garde. Bien que leur présence soit évidente, leur action l'était beaucoup moins. Il ne se rappelait même pas d'informations concernant leur tâche. Patrouiller était une chose, faire preuve de la sécurité en était une autre. Leyo se souvenait d'une bonne partie de client qui venait lui demander la création de certains outils peu conventionnels. Il ne s'intéressait pas à leur utilité mais refusait les outils servant au meurtre, cependant, il n'avait aucun problème à fournir des outils permettant de déverrouiller ou désamorcer. Il lui arrivait même de créer des coffres à doubles fonds si a paye accompagnait la demande. La plupart de ses clients de ce type ne se cachaient pas vraiment, il arrivait simplement sur la place commerçante en cachant vaguement leur visage. Leyo n'avait aucun remords sur ce point-là. Après tout, un forgeron qui vendait une dague n'était pas complice du meurtre ou elle avait utilisé. De plus que la vente d'armes n'était pas vraiment surveillée, elle restait aussi simple que l'achat de nourriture bien que plus chère.

Quand l'aventurière venait lui tirer la langue à la suite de sa réponse, Leyo hochait rapidement les épaules tout en souriant. Une petite taquinerie n'allait pas faire de mal et permettait de détendre l'atmosphère déjà bien détendue. Elle venait ensuite après un court laps de temps, remettre un peu de sérieux dans la discussion. Bien que simple, l'aventurière semblait vouloir le persuader qu'il ne servait à rien d'esquiver et qu'il devait confronter son passé. Même s'il ne s'isolait pas totalement, Leyo comptait avant tout sur lui-même et passait beaucoup de temps seul. Qu'il s'agisse de son atelier, de son stand ou encore de la majorité de ses voyages, le sculpteur préférait ne pas avoir de contrainte. La compagnie ne le dérangeait pas particulièrement quand il s'agissait de se distraire ou de passer le temps. Cependant, il est vrai qu'il ne faisait plus d'effort concernant ses activités. Il était bien mieux servi de par lui-même et surtout, il n'avait pas à bouleverser ses routines et ses habitudes. L'aventurière avait tout de même raison sur un point, il n'avançait pas quand il était seul. Depuis qu'il avait quitté la scène la première fois, Leyo se contentait de sa petite routine. Ses ambitions n'étaient plus aussi importantes qu'avant. Dans tous les cas, il n'allait pas pouvoir continuer comme ça longtemps. Il ne s'agissait que d'une histoire de temps avant que Rachel ou une autre personne découvre qu'il était revenue à la capitale. Rachel possédait un bon réseau d'information, son stand n'allait pas rester discret bien longtemps. De plus, beaucoup de ses œuvres s'étaient arraché parmi les acheteurs il y a quelques années, surtout ses boîtes à musique. Il était peut-être temps d'ouvrir un vrai magasin et d'embaucher quelques personnes pour progresser dans son activité. Quelques employés pouvaient lui permettre de passer plus de temps sur ses sculptures et d'obtenir plus facilement de bonnes ressources. Acheter un bon bâtiment avec un grand atelier n'était pas compliqué au vu de son budget mais recruter des personnes de confiance n'était pas aisées avec son caractère. Cela n'allait pas être facile s'il voulait éviter les mêmes erreurs qu'il y a quelques années. Leyo retournait à la réalité après un petit moment de réflexion, cela ne concernait que le futur, il devait se concentrer sur l'instant.

"Je pense savoir où tu veux en venir et j'adhère en partie à cette vision. Même si je préfère le terme prendre dû recule à la fuite, je me suis bel et bien éloigné des gens en général. De toute façon, je ne pourrais pas continuer bien longtemps, certaines personnes vont vite me retrouver."

Leyo terminait son dialogue en posant ses yeux sur le début de sculpture qu'il avait dans les mains. Même s'il s'agissait d'une passion, il s'agissait aussi de ce qu'il l'empêchait vraiment de se cacher et lui avait fait rencontrer tant de personnes différentes. Bon ou mauvais, il en gardait de nombreux souvenirs. Certains étaient directs et aimaient ce qu'il faisait, d'autres n'y voyait que l'argent que pouvait ramener son art. Pour le meilleur et pour le pire, il n'allait pas s'arrêter de pratiquer la sculpture. Il s'agissait après tout de la seule chose qu'il ne pouvait pas perdre. Lui retirer sa passion revenait simplement à tuer qui il était vraiment.

Soupirant un grand coup, Leyo plaçait sa main sur son chapeau pour lui donner une position un peu plus basse et se tournait vers l'aventurière.

"Ce genre de sujet est plutôt difficile à aborder tu sais, ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé autant de moi."

Il tapait ensuite dans ses mains pour briser le sérieux que prenait la conversation avec un ton moqueur.

"On pourra toujours en parler une autre fois si l'occasion s'y prête... Tu ne voudrais pas me refaire un petit spectacle de rodeo . Il y a un joli buisson plein de ronce là-bas !"

Il pointait du doigt un buisson rempli de ronce et reprenait la parole dans la foulée.

"D'ailleurs, tu as une idée de ce que tu préfères manger ce soir . Il faut un peu de temps pour se procurer des ingrédients en plus de ce que j'ai sur moi."

Une nouvelle fois, la réponse de son escorte venait l'amuser. Les expressions de l'aventurière et son franc-parler étaient un bon changement contrairement au client qu'il avait l'habitude de côtoyer. Même s'il était quasiment tout le temps souriant, Leyo remarquait qu'il était de meilleure humeur aujourd'hui malgré les sujets délicats et difficiles abordés précédemment.

Alors qu'ils procédaient dans la forêt, l'aventurière venait annoncée l'approche de la première halte. Elle précisait que Leyo allait adorer l'endroit. Intrigué, Leyo rangeait ses outils et se concentrait sur la route. En dehors de la densité de la végétation, le sculpteur n'apercevait rien de bien particulier. Les oiseaux semblaient plus actifs dans les environs mais le son de l'eau venait indiquer qu'il y avait de quoi s'abreuver à proximité. Les animaux devaient être plus présents que dans les zones sans eau.

Toujours sur le chemin, Carciphona venait une nouvelle fois lui expliquer le trajet. Cette fois-ci, ils allaient suivre un chemin moins fréquenté comportant un peu plus de risques. Elle insistait sur le côté raisonnable de son choix s'ils restaient groupés. Un peu plus tard, Leyo suivait l'aventurière sur son chemin désigné. Il ne s'inquiétait pas sur le choix de cette dernière après avoir observé son assurance. Une fois l'annonce des derniers cinq cents mètres, Leyo reprenait position avant de lâcher un court soupire. Les branches invasives et les feuilles basses venaient faire obstacle à l'avancée vers leur destination. Leyo retirait son chapeau et le posait dans son sac pour le pas le perdre, il venait ensuite écraté au possible les branches qui entravaient son avance. Il n'oubliait pas de s'assurer que sa jument ne soit pas trop gênée. Doucement mais surement, il suivait l'aventurière jusqu'à destination.

Un érange lieu venait se dessiner devant les yeux de l'artisan. Un point d'eau accueillant ou d'étrange pierre semblant gravé se montrait. L'eau était particulièrement claire et l'obscurité descendante commençait à laisser s'apercevoir quelques lucioles. Il s'agissait sans aucun doute d'un joli lieu mais ce dernier ne semblait pas beaucoup fréquenté. En dehors des quelques installations que l'aventurière lui décrivait, il n'y avait presque aucune activité humaine.

Leyo replaçait son chapeau sur sa tête avant de continuer à suivre Carciphona jusqu'à ce que celle-ci annonce l'arrivée à son petit coin secret. Il descendait de sa monture et la laissait faire sa vie. Celle-ci était jeune mais restait particulièrement obéissante. Même si elle s'éloignait un petit peu, Leyo n'avait pas de soucis à se faire pour la retrouver. Il n'oubliait pas de retirer la scelle et de récupérer ses affaires avant de se tourner vers l'aventurière qui semblait particulièrement heureuse d'être ici.

"Merveilleux et surprenant ! Je ne pensais pas visiter un lieu comme celui-ci si proche d'une voie fréquenté. Ces pierres m'intriguent tout particulièrement. Les gravures ne semblent pas naturelles mais la technique ou les outils utilisés pour leur réalisation ne me dit absolument rien. Meh... ça me donne quelques idées de sculptures tout ça !"

Se tournant vers le foyer que l'aventurière avait fabriqué pour héberger le feu, Leyo se rapprochait tranquillement avant poser ses affaires au sol. Il desserrait sa cravate et prenait son chapeau en main avant de se tourner vers la forêt.

"Il y a l'air d'avoir pas mal de petit gibier dans le coin. Parfait, nous n'allons pas avoir à attendre longtemps."

Il pointait l'intérieur de son chapeau devant lui avant de faire apparaitre la première chaine de son pouvoir. En utilisant son chapeau, il cachait une partie du portail d'où venait son pouvoir. Une fois le serpent entièrement sortie, Leyo le laissait s'enrouler autour de son bras avant de lui donner une consigne simple.

"Une ou deux petites bêtes suffiront. Allez... va-y !"

Bien que semblant ne pas vouloir partir, la chaine verte à tête de serpent termine par prendre la direction de la forêt rapidement et silencieusement. Il ne restait plus qu'à attendre un petit peu pour avoir un peu de viande supplémentaire à cuisiner. Même s'il en avait amené avec lui, de la viande fraiche était toujours préférable à de la viande séchée et salée qu'il avait emporté en tant que ration. Il sortait ensuite quelques outils de cuisines et bouteilles d'épices de son sac avant de se tourner vers l'aventurière.

"On ne devrait pas avoir à attendre longtemps avant qu'elle revienne. Tu veux peut-être boire un peu en attendant le repas . N'hésite pas à te servir. En attendant, je vais rapidement copier les paternes des pierres là-bas dans mon carnet comme future référence."