Elle soupirait en sortant un éventail qui ne pouvait cacher tout son agacement. Elle n'en voulait pas à ceux qui ne lui rapportaient aucune nouvelle mais plutôt à toute cette situation qui lui montaient un peu à la tête. Pourtant elle était aussi douce que d'habitude... elle en avait l'impression du moins. Peut-être que certains avaient remarqué ce petit rictus au coin de ses lèvres. Elle était excédée. Elle se décida après une réunion improductive de se retirer dans ses appartements en pleine journée. Elle sentait qu'elle allait commettre un impaire et s'énerver. Jamais elle ne ferait pareille chose insensée et vide de sens. Si encore il y avait un coupable, mais là... rien... Elle soupira avant de retirer ses vêtements pour se rendre à sa salle de toilettes. Un bain lui remettrait les idées en place. L'eau était tout juste tiédie, mais elle ne sentait pas la capacité d'attendre. Elle entra dans l'eau avec délice. Un sourire revint alors sur son visage.
A nouveau ses batteries revenaient peu à peu. Gérer ce vide était vraiment épuisant, sentir que cette situation n'évoluait pas. Enfin elle avait tout intérêt à rester elle même, montrer qu'elle n'était pas trop atteinte.Elle passa un gant paisiblement quand elle entendit... toquer à sa porte. Sur le coup, elle soupira en se disant en elle-même : mince, ils m'ont retrouvé rapidement. Comme une adolescente, elle avait fui vers ses appartements en cherchant la paix. Juste quelques moments de paix. Surtout que ce matin des personnes l'avaient sollicité, elle avait donné de son mieux, mais son mieux actuel était tout juste raisonnable. Elle recommanda à la personne à la porte d'attendre un instant le temps qu'elle enfile une tenue décente à une reine. Elle l'avait dit du bout des lèvres pour cacher son énervement. Normalement, elle n'avait rien de prévu. Une urgence ? Elle espérait juste que ce n'était pas une trop grande urgence. Elle sortit dans une robe toute simple qu'elle réservait pour ses sorties non officielles. Elle comptait ensuite se rendre aux jardins à vrai dire non à une entrevue.
Le domestique qui l'avait dérangé, était désolée mais elle était recherchée rapidement. Rapidement... rapidement... Tout devait être rapide en ce moment sauf les résultats de ces maudites recherches... La reine entendit parler du capitaine de la garde civile. Ce fut comme un effet de baguette magique. Ils devaient avoir une nouvelle piste. Le domestique ne lui en dit pas plus. Elle lui demanda de lui donner rendez vous à son anti-chambre, elle ne voulait pas ébruiter l'affaire... Pas avant qu'il y ait des certitudes. Apparemment le capitaine était déjà plus ou moins en chemin vers cette pièce, peut-être même qu'il y était déjà. Sur le coup, elle eut un léger pincement, elle n'aimait pas se sentir ainsi pressée, surtout en ce moment. Elle sécha rapidement ses cheveux et conserva cette robe ordinaire... Ce n'était pas une entrevue publique. C'était inopiné... Après un moment d'hésitation, elle se décida à enfiler une robe tout de même plus recherchée, mais rapide à revêtir. Juste milieu.Léger séchage des cheveux. Léger fardage du visage. Voilà ainsi elle restait une reine convenable sans trop de superflu. Elle avait hâte d'entendre des nouvelles. Elle se hâta pour se rendre à la pièce voisine et vit non pas une .. mais deux personnes.
" Mes salutations capitaine Al Rakija. A qui ai-je l'honneur...? "
Que faisait cette jeune femme ? Sur le coup, elle ne comprenait pas. S'agissait-il d'une entrevue publique ? Pourquoi se retrouver ici dans ce cas ? Qu'est ce que cette nouvelle venue qu'elle ne connaissait pas. Elle respira doucement en se disant que cette mauvaise salutation allait de paire avec son humeur du jour. Bien de trop distante et sèche.
" Je ne pensais pas vous voir accompagné, excusez moi Mademoiselle. Je n'ai été averti de cette entrevue que.. tardivement. Enchantée de vous rencontrer, je me présente Allys Renmyrth, reine de ce royaume"
Elle tentait de retrouver un semblant de caractère officiel..?. Elle se sentait un peu décontenancée.
Cela faisait maintenant plusieurs semaines que Yuduar avait tout préparé en l'attente de cette journée seule. Il ne devait laisser aucun détail au hasard et agir en totale indépendance. Pour une fois sa mauvaise réputation d'originale lui rendait service.
Quelques semaines auparavant, au fil de ses recherches concernant les rapports sur la Tour, il avait été contacté par une émissaire de la Guilde en la personne de la petite Hel D. Gher. L'aventurière possédait des informations clés sur cette apparition magique ainsi qu'un passé lourd en implication plus personnelles. Formant une alliance d'une journée, l'étrange duo s'engagea ainsi dans les archives royales par des moyens détournés afin de mener à bien de plus amples recherches. A défaut d'avoir mis la main sur de nouveaux éléments concernant la ruine magique qui avait animé le Royaume quelques mois plus tôt, ils découvrirent l'identité réelle de l'aventurière: une princesse aux prises avec immortalité saupoudrée d'amnésie. La fillette tenait à rendre officielle son affiliation découverte, le but d'une vie à ses yeux. Le tout afin de rassembler le reste de ses ouvrages et faire le point sur sa rocambolesque existence. Le Capitaine là-dedans? Il ne perdait pas de vue que découvrir de nouveaux éléments sur la vie de Hel pourrait possiblement ouvrir de nouvelle piste quant à la Tour en Ruine. Nouvelles pistes qui pourraient mener à une explication rationnelle de cette apparition et peut-même aiguiller les recherches quant au sort du Prince disparu. Tout ces éléments formaient ainsi un imbroglio de mystères bien difficile à démêler.
C'est ainsi que naquit le plan d'un entrevue avec la Reine. Aidée de son pouvoir à même de détecter les mensonges, elle pourrait percevoir la véracité dans les propos de l'aventurière. Peut-être même l'aider à clarifier son étrange statut. Et ainsi faire appel aux ressources du Royaume pour ouvrir le dernier chapitre qui apportera toute la lumière sur cette histoire. Dans le fond, Yuduar n'était qu'un vaisseau de volontés qui le dépassait, son objectif personnel était bien plus terre à terre. Mais il était avant tout un homme du peuple et ne pouvait se détourner de cette mission qu'il avait embrassé malgré lui. Jouant de son statut il avait demandé audience auprès de la Reine tout en dissimulant Hel à la Capitale.
Puis ils se retrouvèrent avec l'aventurière pour de nouveau prétexter des recherches aux Archives Royales, déclarées dans les règles de l'art cette fois-ci. Sauf qu'une fois arrivé dans l'enceinte du Palais, le duo ne s'éternisa pas en direction des dites archives mais continua d'emprunter la longue allée de cyprès en direction du Palais lui-même. La mascarade était risquée et Yuduar avait connaissance du fait que jouer avec le temps libres des dirigeants du Royaume n'était pas une mince affaire. Il faisait confiance en Grimvor pour ce qui est de le tiré d'un mauvais pas si jamais sa situation de Capitaine venait à soudainement être re-évaluée.
Tout avait été finement calculé pour cette journée. Patientant dans une anti-chambre coquette, Hel et Yuduar étaient installés sur de confortables fauteuils aux brocards travaillés. Les petits pieds de l'aventurière touchait à grand peine le sol tandis que les jambes musclée du garde tressautait d'un stress machinale et presque palpable. Ils échangèrent un regard, le mouvement répétitif du Capitaine s'arrêta, il sourit. "Ai confiance" chuchotaient en silence ses iris dorées cernées d'un marron noisette.
Puis la porte s'ouvrit.
Alors que la Reine faisait son entrée, le Capitaine se leva avec respect pour saluer celle qui détenait les clés du Royaume. D'une malhabile révérence, très peu versé dans l'art de l'étiquette, Yuduar se releva avec le sourire aux lèvres et un air solaire sur le visage.
"Madame, mes excuses de faire irruption dans votre journée avec de tels imprévus." adressa le Garde en guise de salutation "Je me suis fait annoncer seul il est vrai, je ne tenais pas à faire part à la Commission de la présence de cette demoiselle et ce à raison." bien droit, le plus respectueux possible, Yuduar tentait tant bien que mal de rendre son langage le plus correct possible. Il marqua une pause de bienséance avant de continuer son exposé de la situation qui avait de quoi prendre la Reine de court "Voyez vous, l'entretien de la journée la concerne elle plus que moi; je me porte de fait garant de sa présence dans la demeure royale et resterait présent lors de l'entretien afin de veiller personnellement au bon déroulement de la discussion." ouvrant sa posture pour introduire Hel, il enchaina "Hel D. Gher, aventurière de profession. Obtenir un entretien avec vous lui aurait été presque impossible au vue de sa position et pourtant... Et bien... Je pense qu'elle à bien des choses importantes à vous conter et que j'ai déjà trop monopolisé la discussion."
Saluant sa sortie d'une nouvelle révérence, Yuduar se recula respectueusement de quelques pas tout en invitant l'aventurière à prendre les devants. Il aurait surement pus mieux présenter les choses mais tout ce barda de bonnes manières de la noblesse n'était clairement pas son fond de commerce. En espérant avoir limité la casse et ne pas avoir ait trop mauvaises impressions face à la Reine, le Capitaine resta en poste prêt de l'imposante porte-fenêtre qui trônait au centre de la pièce. Il ne restait qu'a espérer qu'ils ne se fassent pas chasser durant les trente prochaines secondes et que Hel réussissent à attirer la curiosité et la compassion de la dirigeante. La Reine était connue pour sa douceur, son ouverture d'esprit ainsi que pour sa beauté. Belle, elle l'était, au sein de sa mise pourtant simple pour une dame de son rang, elle brillait d'un éclat presque envoutant malgré tout. Restait à savoir si le reste des "on dit" allait s'avérer véritables ou non.
Mais malgré tout ça, l’heure était venue, malgré mon stress et l’impression que le temps passer lentement, beaucoup trop lentement à mon goût. Je me retrouvais en compagnie du capitaine devant la même grille que la dernière fois. Avec les bons papiers cette fois-ci. Tout était en ordre, je n’avais qu’à rester silencieuse et le suivre. Comme à mon habitude, j’étais vêtue de mes habits d’aventurière, nettoyé pour l’occasion. Je crois même n’avoir jamais été aussi propre. Du moins dans les souvenirs que j’avais. Sur mon dos, un petit sac, léger, contenant simplement les livres que je possédais et l’anneau trouvé dans celui du palais. J’avais eu le temps de lire, encore et encore les mêmes choses. Ma vie, mes anciens souvenirs, tout ce qui me concernais. Et maintenant, je devais l’exposer à quelqu’un que je ne connaissais pas mais qui pourrait être ma famille. Et ce quelqu’un était la personne la plus importante du royaume. La reine. Je frissonnais, je sentais al boule de stress monter peu à peu dans mon estomac.
Le pire moment, fut dans l’anti-chambre. Une petite pièce confortable mais bien trop luxueuse pour moi. Je croisais le regard du capitaine qui se voulait rassurant. Vite fait, lui aussi semblait stresser. Il jouer beaucoup la dessus, je le savais et je n’avais aucune envie de le décevoir. Fermant les yeux, je respirais profondément battant des pieds dans le vide. Il fallait que je m’occupe. Mais si la Reine arrivait, cela deviendrait un manque à la politesse. J’en étais certaine. Je ne savais même pas comment me conduire devant la royauté. La dernière fois que je les avais vues, c’était devant la tour. La fameuse tour source de tout ce bordel. Mais c’était de loin, et il n’y avait pas eu de geste précis à respecter. Juste des encouragements et l’engouement de l’aventure. Une aventure qui n’avait pas vraiment bien tourné.
Et la porte s’ouvrit sur une femme magnifiquement bien habillée. Par rapport à moi, on aurait pu la comparer à un joyau. Prestement, je me levais et tenter d’imiter le capitaine pour la saluer. Maladroitement, sans doute était-ce déjà raté à partir du moment où j’avais dû sauter du fauteuil pour me lever. Le terrible sort des petites personnes. Nerveusement, je grattais mes bras nu laissant à découvert mes nombreux tatouages. Le capitaine me présentait, j’avais répondu d’un hochement de tête à la salutation de la Reine, mais on ne m’avait pas demandé de parler. Non, je devais rester silencieuse. Et j’aurais aimé le rester encore un moment lorsque le capitaine annonça que c’était à moi de parler. Terrible moment. Je ne savais même pas par où commencer. Moi qui avait passé des heures et des heures à répéter cette scène dans ma tête. Je ne savais toujours pas comment faire. Lentement j’ouvris la bouche.
- Ce que je vais dire risque de paraître un peu bizarre, mais je jure sur Lucy de dire la vérité.
Je pris une grande inspiration, le capitaine m’avait déjà présenté, je parlais lentement pour éviter d’écorcher les mots. Oui, sinon elle ne comprendrait rien.
- Actuellement, j’ai 500 ans et je ne vieillis pas depuis à peu près l’âge de mes 16 ans.
Et c’est là que les choses devenaient compliquées à expliquer. Il fallait en venir à l’essentiel, à ce qui pouvait intéresser la Reine pour éviter qu’elle ne me jette dehors, voire pire.
- Malheureusement, le contre coup de tout ça, c’est que je ne me souviens de rien après cinq ans en arrière. Mais. Il se trouve que au fils du temps j’ai écrit des livres. Et qu’y’en a un qui se trouvait dans la Tour apparus au milieu de la forêt.
Ma langue avait fourché, j’avais repris ma bonne vieille habitude de couper les mots pour aller plus vite. Lucy savait que c’était difficile pour moi de faire ce genre d’effort, j’avais toujours parlé comme ça. Fouillant mon sac, je sortie les trois livres et l’anneau. De la main droite, je tenais le livre de la tour le tendant à la reine.
- Ce livre, est le livre que j’ai trouvé dans la tour, il explique, que j’y suis déjà entrée en l’an 640. Comme j’y suis rentrée cette année avec tout le monde.
Je fis une petite pause en reprenant ma respiration. La situation était particulièrement stressante et je ne savais pas si je devais continuer ou pas, si je donnais suffisamment de détail ou non. C’était compliqué pour moi d’expliquer ma situation.
Le capitaine la salua très étrangement, mais elle avait bien perçu l'attention et lui retourna l'attention en inclinant doucement la tête. Le capitaine avait dû sentir que dès le début la reine ne partait sur ses meilleurs jours ou peut-être voulait il trancher dans le vif du sujet. Il avait enchaîné de façon très rapide comme s'il était un coursier venu déposer là son annonce et filer. Tous les détails défilaient dans une joyeuse parade pour finir par dire qu'il voulait simplement introduire cette jeune femme. Très bien mais ne pouvait-il pas solliciter une entrevue moins pressante... La reine était un peu déçue, elle croyait vraiment que cela concernerait une personne qui lui était chère. En fin de compte, le résultat était le même. Elle allait écouter une autre situation, autre que celle qu'elle recherchait. La reine se força à ne pas se détourner de la conversation l'espace d'un instant. Aujourd'hui elle était décidément de bien méchante humeur. Elle eut simplement le regard mobile qui allait et venait entre cet homme de la garde et cette jeune inconnue. Elle finit par signifier son accord par un "Entendu" dit à travers un léger sourire incertain.
Lorsque son regard s'était posé sur la jeune femme, elle avait bien remarqué une sorte de tatouage sur son épaule. Elle l'avait gratté, sans doute par angoisse de ce moment. La reine croisa les bras devant elle en attendant ces fameux détails qui valaient qu'on l'appelle jusque dans sa salle de bains. Elle baissa la tête puis remit une de ses mèches derrière son oreille. Toute son attention leur était maintenant dédiée. Malgré tout elle avait de nouveau jeté un regard vers son capitaine toujours un peu rancunier, elle pouvait maintenant passer à autre chose. De toute façon, ce propos concernait son capitaine et non cette nouvelle venue. Elle aurait bien assez de temps pour juger cette intervention par la suite.
Elle ne savait pas quoi penser des personnes qui juraient... elle plissa un oeil. Sa perplexité devait se percevoir, quelle sorte d'information valait une telle présentation. Avait-elle commis une faute...? Elle semblait si mal à l'aise ... mais cela n'expliquait toujours pas sa présence. Ses mains se portèrent sur son menton attendant cette fameuse histoire. Progressivement sa froideur se teignait peu à peu dans une attitude plus chaleureuse, attentive. Elle n'était pas là pour l'effrayer. Vint ensuite cette nouvelle... 500 ans. Aucune réaction. Aucun mensonge. Très bien, c'était assez surprenant tout de même... Elle se demandait toujours où elle allait en venir. Sa bouche légèrement entrouverte montrer bien un certain étonnement. Rien à dire si elle vieillit, elle n'aurait pas cette chance. Tout de même ... comment cela se faisait-il ? Tout d'un coup, un mot la troubla dans cette perplexité tranquille... Cette tour, cette maudite tour. Alors elle comprit la raison de sa présence.
" ... Et que dit-il exactement ? Pardonnez-moi mais évoquer ce lieu... m'ôte toute patience ces derniers temps. Vous pensez avoir vécu au moment où cette tour existait... ? Vous prétendez y être entrée...? Vous avez un témoignage....?
La reine se rengorgea, elle était si accrochée à la conversation que maintenant elle cherchait à la précipiter. Elle y voyait un moyen de voir un peu de lumière derrière tout ce voile impénétrable de mystère. Certaines angoisses revenaient doucement la bercer, mais elle demeurait impatiente et solide comme un roc. La jeune femme lui sortit de nombreux objets dont trois livres et un anneau...
" Puis-je y jeter un oeil...?"
Aucun mensonge dans ses paroles. Elle n'y croyait pas, elle se mettait à bloquer sur ce témoignage pourtant qu'elle savait sincère. Elle voulait cependant cette preuve comme si elle avait besoin de ces objets avant d'avancer davantage. Elle cherchait comme elle aurait pu éviter son don. Il y avait bien sûr les omissions qu'elle ne pouvait déceler... mais elle ne voyait pas comment elle pourrait mentir de cette façon. En venant jusqu'à elle, elle devait avoir suffisamment d'assurance dans ses propos. La reine avait quitté son regard encourageant pour un bien plus sévère, elle était concentrée. Elle se refusait d'avaler n'importe quelle ineptie. Il lui fallait du solide. Si elle s'était rendue dans cette tour, elle devait savoir ... des détails.
" Vous êtes donc ressortie de cet endroit. Je comprends la raison de votre présence ici. D'ailleurs, vous ne vous êtes pas présentée Mademoiselle...? Comment se fait il que vous êtiez dans cette tour ? Vous êtiez un soldat ?
Quand on perd un fils du jour au lendemain, on est prêt à tout accepter... Non pas vraiment. Elle n'arrive toujours pas à se rendre compte de ce qu'elle apprenait. Ses yeux étaient grands ouverts comme si trop de lumière les avait percuté de plein fouet. Elle nageait dans un pur délire temporel, mais elle devait y croire pour de nombreuses raisons évidentes. Elle sautait littéralement dans le vide d'une théorie complètement folle.
- Actuellement, je m’appelle Hel D. Gher, je suis aventurière à la guilde depuis quarante ans en tant qu’éclaireuse. Je suis allé dans la tour lors de l’appel royal, en même temps que tout le monde, dans laquelle j’ai trouvé ce livre qui semble m’appartenir, et des notes provenant d’une date encore plus éloignée que j’ai confié au capitaine pour qu’elles soient utilisées dans l’enquête sur la tour.
Je repris ma respiration avant d’ajouter.
- A l’époque de ce livre, en l’an 640, j’étais Hel D Ghrace, garde à plein temps, à un chemin entre l’espionne et l’éclaireuse. J’étais celle qui devait obtenir les informations sur un lieu juste avant le débarquement du reste des troupes. Je suis allé dans la tour lors de l’appel royal, en même temps que tout le monde, dans laquelle j’ai trouvé ce livre qui semble m’appartenir, et des notes provenant d’une date encore plus éloignée que j’ai confié au capitaine pour qu’elles soient utilisées dans l’enquête sur la tour.
C’était quelque chose que je n’avais pas révélé au capitaine, oui, j’avais appartenu à la garde, il y a longtemps. Mais je doutais que cela ait une véritable importance. De ce que disait mon livre, mon rôle était d’être discrète, et de ne pas être connue de tous. Il était donc même possible qu’il soit difficile de me retrouver dans des archives sous ce nom-là. Maintenant, il fallait que j’explique la suite.
- Mais ce livre n’explique pas ce qu’il s’est passé dans la tour. Il explique ma vie avant la tour, et donne la localisation imprécise du suivant. Celui qui explique ce qu’il s’est passé à l’intérieur à l’époque. Et c’est en cherchant ce livre que nous somme tombé sur quelque chose qui nécessitait une entrevue avec vous.
Je lui tendis le livre que nous avions trouvé dans les archives.
- J’pense qu’il s'rait intéressant que vous lisiez la première page.
Ma langue avait fourché, je ne savais même pas si ma façon de parler avant était la bonne ou non. Si je manquais de respect ou pas. Je faisais déjà beaucoup d’effort pour ne pas couper mes mots. Mais faire de jolies phrases n’était pas dans mes habitudes. Sauf pour me moquer des gens. Et encore, ça ne durait pas bien longtemps. C’était difficile à faire et pas forcément très utile. Rendant les choses plus compliquées et moins intéressantes.
C'était étrange d'entendre une histoire aussi lointaine et avoir dans le même temps une personne pouvant témoigner. Son ton semblait être cependant celle d'une conteuse, cette histoire avait été découverte et ne semblait pas encore lui appartenir véritablement. S'il n'était pas rare d'avoir été dans une guilde, elle poursuivit son attention sur ce récit sorti de plusieurs siècles. Elle préférait ne pas intercéder, tout simplement parce qu'elle ne voulait pas rater un seul des détails. Même si son pouvoir ne se manifestait pas, elle aurait voulu pouvoir en douter. Cette information qu'elle avait tant attendu se manifestait comme une sorte de révélation. Elle n'était pas encore au bout de ses surprises. Ce livre dont elle souhaitait vivement avoir connaissance arriva entre ses mains gantées. La couverture semblait de vieille facture tout en semblant avoir été préservée du temps. La page semblait être comme une sorte de passeport, une sorte de profession de foi pour attester d'une identité et quelle identité !
Sa gorge se serra un peu abruptement, si rapidement qu'elle faillit en lâcher le livre. Elle n'avait lu pourtant que quelques lignes qui tournaient en boucle dans sa tête à présent : " je vais d’abord me présenter. Je m’appelle Hel Diane Renmyrth, Sœur de Luna Renmyrth, j’ai actuellement 38 ans et si j’écris ce livre, c’est parce que je dois me rappeler de certaines choses." La reine Allys l'agrippa plus fermement et s'emmura dans un silence religieux que le culte de Lucy aurait pu lui envier tant il était profond. Sa main se porta vers la base de son cou, elle reprit de la consistance en toussant un peu tout en souriant à son entourage. Elle n'était pas décontenancée. Le pire était à venir... Cette aventurière lui avait parlé d'une présence secrète, elle en mesurait à présent toute l'ampleur. Elle était de la famille royale et cherchait un remède à cette amnésie sans doute... Lors de sa description, elle jeta un rapide regard au dessus du livre comme vérifier chaque fait. Elle ne souhaitait pas mettre trop mal à l'aise cette aventurière enfin... elle était même peut-être davantage... Tout cela était troublant... Elle avait de lui demander ce tatouage que le livre évoquait comme une preuve finale... Pourtant rien dans ses paroles ne sonnait comme un mensonge. Hormis cette surprise qui l'avait secoué, rien ne sonnait faux.
" ... Ainsi tu serai un membre de la famille royale" termina t-elle d'un ton détaché.
Elle n'osait croire que cette jeune femme faisait partie de la famille royale. C'était sans doute beaucoup d'informations en peu de temps. Si elle avait marqué son étonnement, elle ne voulait pas s'en appesantir davantage. Elle semblait également savoir des choses au sujet de ce tatouage que la famille royale avait. Allys attendait à présent beaucoup de ce qui suivrait, elle voulait savoir son ressentis sur cette révélation, ce qu'elle comptait faire notamment. La reine ne tenait pas à accaparer la discussion. Ce qu'elle voulait connaître c'était cette jeune femme qui avait un passé si mystérieux.
" Tu n'as donc toi même plus de souvenir de cette époque. " commenta-t-elle pour bien montrer qu'elle avait saisi. Elle voulait également réellement sentir si son pouvoir réagissait. Après tout vu son émotion, elle n'avait peut-être pas bien senti son pouvoir. Elle en doutait, mais après tout... imaginons. Elle voulait se donner le temps de bien comprendre les faits pour mieux apprécier les conséquences.
" Qu'as tu en tête à présent...? "
- J’ai aucun souvenir qui date de plus de cinq ans. Ce que je cherche à présent. C’la vérité. Je ne comprends pas cette histoire de tatouage. La bague qui était présente dans ce livre fonctionne avec moi mais ne semble pas fonctionner avec le capitaine.
Je repris ma respiration, c’était dur et je ne savais même plus où regarder. En soit ce que je voulais n’était pas bien compliqué. Sans véritables enjeux. Enfin pour moi. Niveau politique, je ne savais pas ce que ça donnait.
- J’veux juste savoir qui j’suis et trouver les autres livres que j’ai écrits… Savoir qui je suis, et ici, j’comprends pas tout, mais c’livre donne des indices précis et ça semble être le premier. Sauf que j’sais pas ce que c’est cette histoire de tatouage invisible.
Je me grattais la tête, j’étais en train de mélanger mes idées. Je pris un instant pour évacuer mon stress. Une bonne bière, voilà ce qu’il me fallait. Une bonne Lumineers bière bien fraîche. Peu à peu, ma façon de parler revenez au naturel, sous le stress, je n’arrivais même plus à me forcer à parler correctement. Au final, j’avais répondu à la question qu’elle m’avait posée, un peu maladroitement, en allant un peu dans tous les sens. Mais j’avais réussi à dire ce que je voulais dire. À peu près.
D'un point de vue humain, elle comprenait la démarche de cette jeune femme qui cherchait une quête tout à fait louable : son identité. Qui ne l'aurait pas fait à sa place ?
D'un point de vue politique, elle devait disposer d'une surveillance, ça crevait les yeux. Elle ignorait tout également de sa capacité à se défendre. Elle était une aventurière d'accord, une ancienne garde d'accord, mais elle n'avait aucune preuve. Elle avait envie de la mettre sous garde rapprochée, quitte à prendre de son propre effectif. Beaucoup de gardes patrouillaient pour retrouver son fils, il était donc difficile de lui attribuer du personnel facilement. Elle ne pouvait pas non plus lui dire de rester au palais le temps que tout se tasse. Un e intuition lui disait qu'ici mise à part quelques pages poussiéreuses, elle ne trouverait rien. Si en plus elle avait déjà fouillé les archives, elle risquait d'en avoir fait hélas un peu le tour. Non, il lui fallait chercher à travers le royaume. Elle l'écouta d'une oreille attentive en ayant ce visage de réflexion, distant propre aux grandes décisions.
"Je comprends tout à fait que cette quête vous occupe. Avez-vous essayé l'anneau ? Savez-vous vous en servir ? ... Et j'aurais également une autre question.. savez-vous vous défendre ?"
Jamais elle ne laisserait une personne potentiellement de la famille royale sans surveillance, même si peu de personnes étaient au courant. Certains murs avaient des oreilles, certaines personnes pouvaient être mal avisées, pire on pouvait s'en prendre à elle et la reine ne permettrait pas cela. Cela relevait de sa protection en tant que membre d'une même famille.
" Puis-je voir de plus près votre tatouage à l'épaule...? Il n'est pas possible que vous circuliez sans protection. Il vous faut conserver une certaine discrétion, bien sûr, mais vous devriez avoir une à deux bonnes recrues pour vous épauler. .. C'est le moins que je puisse faire. Et au sujet de cette tour avez-vous eu d'autres souvenirs lorsque vous y êtes entrée ? "
Quitte à savoir autant ne pas se priver, même des images pouvaient leur donnaient des indices. Même la piste la plus infime serait bénéfique au point où ils étaient. La reine s'assied tranquillement en désignant des sièges pour ses invités. Il n'était pas question de rester tout leur temps debout. La question du futur se posait bien évidemment. La jeune femme ne semblait pas avoir pris sa question dans toute sa largeur. La reine Allys voulait savoir comment elle pouvait contribuer à cette recherche... comment la considérer également. C'était vraiment épineux. Personne en se pose normalement,t la question d'inclure un ancêtre dans sa vie de tous les jours. C'était assez inhabituel même dans un royaume où la magie existait dans chaque être.
" Autrement pour votre escorte, vous pouvez compter sur quelques personnes de ma garde personnelle. Je pense qu'il est nécessaire que vous ayez des personnes ayant suffisamment d'expérience pour assurer votre sécurité. Avez-vous d'autres pistes sur d'autres lieux pouvant vous aider dans votre recherche ? Vous pouvez vous asseoir.. et excusez si je vous brusque là n'était pas mon intention. Votre nouvelle m'a juste assez surprise."
- Je l’ai essayé très rapidement, il semble pouvoir augmenter ma force physique. Oui, je sais me défendre et je cours aussi très vite si jamais y’a besoin.
Je souris légèrement, oui fuir était pour moi un moyen de défense comme un autre. En tant qu’éclaireuse, mon travail n’était pas forcément de me battre mais plutôt d’analyser le terrain pour les autres membres de l’équipe. Et pour ça il fallait savoir courir pour fuir en cas de problèmes. C’était une chose importante, surtout lorsque l’on avait la stature et la force d’une gamine. Puis elle voulait voir mon tatouage sur l’épaule que j’avais gratté. Un tatouage parmi tant d’autre qui n’avait pour moi aucune signification. Enfin si, chacun de ces tatouages étaient utiles mais, je n’en connaissais pas forcément la signification. Je lui montrais donc le tatouage. De simples lettres « Forteresse ». Je n’avais pas encore cherché pour celui-ci, préférant ceux pour lesquels j’avais déjà des indices et un intérêt particulier. Le palais, celui de la tour ou encore celui qu’Astrid avait trouvée pour moi chez ses parents. Suivant les directives, je m’assis, mes pieds ne touchant toujours pas le sol.
Elle continuait de parler, expliquant que je ne pouvais pas circuler sans protection. Qu’il me fallait quelqu’un pour me protéger et peut-être quelqu’un de sa garde personnelle. Je frémis. Elle semblait accepter ce que je lui avais révélé. Mais, je ne pensais pas avoir besoin de quelqu’un. Non, loin de là, cela faisait au minimum cinq ans que je vivais dans la rue sans problème. Ou presque. Hésitante, je répondis d’abord à la question sur les indices.
- O-oui, j’ai des indices…
Je montrais mes nombreux tatouages tout en parlant.
- Chacun des tatouages que j’ai sur mon corps désigne le lieu où j’ai posé un livre. Fin, à l’époque, p’tête que certains y sont plus. Mais y’en a qui ont survécu. C’lui qui raconte la tour est en bas de mon dos. Mais j’sais pas ce qu’il représente.
Je pris une grande inspiration.
- Mais j’veux pas déranger et avoir un garde, ça fait minimum cinq ans que j’vie dans la rue, j’ai jamais vraiment eu d’problème.
Je savais que le capitaine ne pouvait pas confirmer ça. J’avais dû tuer quelqu’un pour me défendre lors de notre rencontre, et j’avais failli finir en prison à cause de ça. Mais c’était simplement à cause de mon statut d’aventurière. N’importe qui aurait pu être visé en dehors de moi, n’importe qui aurait pu se faire avoir. Et ça c’était fini tragiquement pour une personne et avec un bon coup à la tête pour moi. Et une grosse frayeur. Ce qui ne m’empêcher pas de dormir dehors la plupart du temps, surtout pendant la saison chaude. Je souris timidement pour appuyer mes propos. Oui, je ne pensais pas avoir besoin d’un garde du corps. Surtout quelqu’un que je ne connaissais pas.
" Comme si vous aviez un plan ou plutôt étiez un plan... Pouvez vous nous communiquer la localisation de ces livres. Nous pouvons nous soutenir pour les trouver. "
Un frisson plutôt important la parut sans qu'elle la moins du monde troublée. Elle ne savait pas trop si elle avait causé des troubles ou si on lui avait causé des troubles mais dans les deux cas, il lui fallait une escorte.
" D'ailleurs... je ne l'ai pas demandé mais comment vous vous êtes vous retrouver ? Vous n'étiez pas en danger, je l'espère. De toute façon, dans tous les cas, je souhaite que vous ayez au moins une personne à vous protéger. C'est une décision sans appel en plus vous aurez peut-être besoin de son appui durant votre aventure... Je ne peux pas vous laisser repartir en vous sachant à la rue qui plus est... Si vous êtes de famille royale, vous pouvez loger ici. Ce serait inconvenant que je vous laisse partir sans escorte... Je n'ose imaginer en plus les conditions pénibles que vous avez traversées....Sincèrement acceptez mon aide, je vous en prie"
Elle aurait eu envie d'insister en disant qu'elle l'ordonnait. Sur le coup, elle soupira en songeant que n'importe qui de sensé aurait accepté.
" Quelle autre solution me proposez-vous pour garantir votre sécurité...? Je ne peux vous laisser repartir sans une garantie. Cinq années ne signifient pas que vous êtes invulnérable.... en plus nous aurons certainement besoin de vous"
- J’veux bien mais j’sais pas à quoi correspondent les tatouages.
La suite était moins drôle. Elle me demandait, si je comprenais bien, comment j’avais rencontré le capitaine. Et ça, c’était une histoire reloue. Une histoire avec un cadavre et un moment avec des menottes. Il fallait que je trouve très vite une solution pour ne pas avoir de garde du corps. Mais je ne savais pas du tout comment lui expliquer ça. De plus, j’étais certaine que me coller quelqu’un aux fesses lui permettrait aussi de me surveiller. Ce qui était normal, elle ne me connaissait pas, il fallait donc qu’elle puisse garder un œil sur moi le temps qu’elle vérifie tout. Je grimaçais en lui répondant.
- Retrouver ? Avec le cap’taine ? Il m’a aidé sur une embrouille et au final on ça c’est bien passé.
Oui, surtout ne pas trop en dire, je n’étais pas vraiment fier de ce qui s’était passé ce jour-là. Et surtout, j’avais eu peur, peur de mourir, peur de finir en prison jusqu’à la fin de ma vie et de tout oublier. Peur de beaucoup de choses. Lentement, j’inclinais la tête vers l’avant et continuais de parler.
- Je ferais comme vous le souhaitez Madame. Je ne peux rien vous prouver pour le moment je n’ai donc pas le choix.
Ça ne me plaisais pas spécialement certes, je ne savais même pas si j’utilisais là le bon honorifique pour m’adresser à elle. Mais, le pire était sa proposition de dormir au palais. Dans le luxe, moi qui n’étais habitué au mieux qu’aux auberges bon marché, entouré de personnes plus ou moins brutales dans leurs façons d’agir. Bien loin de ce que devais être les nobles et l’environnement du palais.
- Jusqu’à que je puisse vous prouver que je peux me débrouiller, j’ferais tout ce que vous voudrez.
Oui, de toute façon, en venant ici, j’étais prête à faire des sacrifices, je savais que ma vie aller changer un minimum. Même si là, cela venait de changer drastiquement. Elle m’avait cru, facilement. Bien plus facilement que je ne l’aurais pensée. Maintenant, il fallait que je fasse mes preuves.
La jeune femme ne semblait pas malgré tout avoir un mauvais fond. Si elle lui cachait cet aspect, c'était qu'elle redoutait l'opinion qu'elle pourrait avoir sur elle et les conséquences... Un vol sans doute. Sachant qu'elle vivait dans la rue, c'était plus que plausible. Des frissons la parcouraient toujours en lui piquant le bras. C'était un peu désagréable sans plus, mais elle devinait bien que vu sa position et vu ce qu'elle lui annonçait, elle était sur une réserve. Elles auraient bien assez de temps pour mieux se connaître, surtout si elle gardait un oeil sur elle. Un Madame tout de suite envoyé ne la dérangea pas plus que cela, surtout si elle était de la famille... Mais elle se demandait comment l'intégrer. Ce serait bien sûr à son rythme, si elle le souhaitait. Pour le moment, il y avait d'autres urgences. Elle ne semblait pas apprécier l'investissement qu'elle lui proposait. Soit elle ne se rendait pas compte du danger soit elle ne souhaitait pas la déranger soit.. elle voulait continuer de faire cavalière seule comme elle l'avait toujours fait.
" Je ne souhaite pas que vous prenez cette décision de façon négative. Comme une sorte de condamnation. Le palais pourra vous assurer tous les moyens de subsistance que vous recherchez. Je ne pourrais pas tolérer que vous soyez dans le besoin. "
Quelque chose alerta Allys comme une sorte d'avertissement. Elle se demandait également qu'est ec que pouvait avoir en tête cette jeune femme aux cheveux violets...
" En venant ici.. qu'est ce que vous attendiez de moi véritablement ? S'il s'agissait de m'informer, j'espère véritablement que vous continuerez de le faire. Tout ce qui concerne cette tour est au centre de toutes mes préoccupations et pour ce sujet je préfère être alertée aussi vite que possible. En ce qui concerne votre garde... je laisse le soin au capitaine de vous attribuer un garde qui correspondra à votre mission...."
Elle essayait de retourner à son rôle, à une situation tout à fait ordinaire comme pour se rassurer en se disant que toute la situation était sous contrôle. Pour sa part, elle sentait que la jeune femme n'en savait pas plus... qu'il était inutile d'insister.
" Si vous souhaitez vous joindre à certains de nos repas, faites le nous savoir, nous serions heureux d'échanger avec vous... de manière moins formelle. "
Comment inclure une personne disparue de sa propre famille? Personne ne vous donnait d'apprentissage pour cette discipline, la reine se sentait un peu ridicule. Un membre de la famille avait toujours la porte ouverte, mais que faire avec une personne n'ayant pas pris cette habitude ? Comme elle ne disposait pas de parure ou de vêtements, Allys lui suggéra d'un ton neutre.
" Notre couturier pourra également vous proposer des tenues pour vous rendre à nos repas... Si vous le souhaitez.."
La reine ne voyait pas comment faire autrement. Il fallait lui laisser le champ libre tout en l'incluant au maximum. Elle allait l'annoncer à son mari pour ne pas qu'il soit surpris qu'elle invite ainsi une jeune inconnue de façon si ouverte. Si elle était de la famille royale, elle avait habité ici c'était ridicule qu'elle ne s'y sente plus chez elle.
La reine allait très loin pour moi, m’invitant à partager leurs repas, et même, à m’offrir de nouveaux vêtements. Moi qui possédais presque rien par soucis pratique, c’était quelque chose d’énorme. Je ne savais même pas comment répondre à tout ça. Le plus simple était la première question.
- Je suis venue pour confirmer mon identité… Mais vous tenir au courant de tout ce que je trouve sur la tour ne me pose aucun problème.
Oui en soit je n’avais aucun problème à partager ce que je trouvais, surtout si le sujet était important pour elle. Elle avait la bonté de m’offrir autant de choses, des choses que je ne pensais jamais avoir. Je souris légèrement en ajoutant.
- S’vous pensez que je suis bien cette personne, j’accepte avec plaisir tout c’que vous proposez.
Oui, je ne voulais pas imposer mon identité, je n’avais pas les moyens moi-même de la confirmer, j’étais donc obligée de lui faire confiance. Mais, si elle pensait que c’était bon, j’étais tout à fait disposée à être avec ma famille. Même si 500 ans d’histoire nous séparer. Pour moi, c’était une occasion en or de retrouver mes origines. Un minimum. Néanmoins, j’avais une question importante.
- Par contre, je suis sensé rentrer comment dans le palais pour ça ?
Oui, personne ne me connaissait, et si je sortais pour chercher mes livres, il n’y avait aucune raison qu’on me laisse entrer à nouveau. Surtout que si possible, je préférais ne pas crier sous tous les toits que j’appartenais potentiellement à la famille royale. Ça me paraissait un attrape à emmerde et si je pouvais éviter, je le ferais avec plaisir.
" C'est assez fou, mais il se passe des événements que je n'aurais pas cru possibles. Je pense que d'une certaine façon, cela ouvre le champ des possibles, disons le. En plus, vous ne venez pas sans preuve, je sais que votre démarche est sincère. Alors oui, je vais vous croire sans remettre en question. "
En plus, son récit pouvait se tenir par rapport à l'histoire de la famille. C'était très déstabilisant, mais tant de choses peinaient à trouver des explications... Au pire des cas si son identité n'était pas avérée, ce qu'elle doutait fortement, elle était liée à la tour. Elle préférait se tromper en ayant ouvert sa porte qu'en la maintenant fermer et manquer au respect de la famille. Il ne fallait pas s'en cacher , elle allait mettre un moment à totalement l'intégrer. Dans sa tête, c'était possible, elle avait de toute manière une place.
" C'est une bonne question. Dévoiler votre appartenance ne serait pas une bonne idée. Je vais vous fournir un papier faisant foi de mon engagement pour vos recherches. Vous n'aurez qu'à le montrer et vous pourrez vous rendre là où vous souhaitez."
La reine se redressa pour se rendre à son bureau et y faire le dit document. Elle ne tenait pas à ce qu'elle rencontre le moindre heurt. Ce serait un sacré cadeau empoisonné de pouvoir lui donner accès et qu'elle rencontre des obstacles. Après quelques minutes, elle y apposa sa signature ainsi qu'un cachet de cire montrant que le document avait été bien signé de sa main. De tels documents pourraient nuire à la surveillance du palais et sa sécurité, aussi elle faisait bien attention de toujours conserver ce cachet toujours dans cette pièce. Elle se redressa et lui remit le papier en souriant.
" Si vous rencontrez le moindre souci, dites bien que ce papier a été signé de mes mains. Le document le stipule, mais il n'est là que pour appuyer vos paroles. Je fais confiance au capitaine pour également informer les gardes que j'ai communiqué un laissez passer pour les recherches sur la tour. Vous ne serez normalement pas inquiétée sur vos passages. Ai-je répondu à toutes vos sollicitations ? Je vous fais confiance pour la suite... "
Elle était prête à répéter qu'elle comptait bien l'inviter à partager un repas... Si elle avait quelques souvenirs, elle aimerait bien la connaître plus, du moins essayer de la connaître.
" Cette entrevue était tout à fait justifiée, je vous remercie capitaine d'avoir permis cette rencontre. J'aurais à discuter avec vous capitaine sur l'avancement des recherches, nous prendrons une date. J'aimerais savoir quels secteurs ont été passé en revue... notamment. Je vous remercie, je vais devoir prendre congé sauf si vous avez une information à me communiquer.
Quelques minutes plus tard, elle me donne le document, équipé d’une signature et d’un cachet de cire attestant sa véracité. Délicatement, je le roulais pour le glisser à l’intérieur de mes vêtements, dans une poche où il ne risquait pas de tomber. La fameuse poche secrète.
- Oui, vous avez répondu à bien plus que mes sollicitations. Je vous remercie.
Je m’inclinais maladroitement devant elle alors qu’elle s’adressait au capitaine. J’étais heureuse pour lui, il n’y aurais pas de conséquence néfaste pour cette entrevue maladroite. Tout était réussi. Il répondit.
- Merci ma Reine, de votre compréhension par rapport à la situation. Je sais que je n'ai pas fait les choses dans les règles de l'art mais je reste à votre disposition au cas où, si vous voulez me contacter pour de plus amples informations à ce sujet. Je m'arrangerais aussi avec la Commission pour trouver un garde qui sera apte d'accompagner Hel dans ses recherches et qui garantira que tout se passe pour le mieux
Il fit une petite révérence maladroite. Je sais que je n'ai pas fait les choses dans les règles de l'art mais je reste à votre disposition au cas où, si vous voulez me contacter pour de plus amples informations à ce sujet. Maintenant, ce serait à moi de revenir à peu près naturellement pour la suite. Découvrir la famille et peut-être même s’intégrer. Mais pour ce soir, j’allais boire et dormir dans une auberge. Oui boire. Je fis une révérence maladroite avant de sortir de la pièce en compagnie du capitaine. La porte se referma, le retour fut rapide. Une fois en dehors du palais je lâchais.
- Merci b’coup cap’tain. J’vous invite à boire c’soir ?
Oui, la suite était déjà prévue pour moi, et comme je m’y attendais, il accepta. Lui aussi semblait content de ce qui venait de se passer. La suite, se ferait devant une bonne pinte de Lumineers. Voir même de l’alcool fort. Il fallait fêter ça. Sans pour autant tout raconter autour de moi.
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