Leyo se tournait ensuite vers son petit jardin pour faire quelques exercices. Il se laissait aller dernièrement, comparé à la vie à l'extérieur, la vie à la capitale était bien trop calme. Il enfilait ses chaussures et saisissait ses couteaux papillon et se lançait dans une petite chorégraphie avec ces derniers. Après une petite demi-heure, Leyo s'arrêtait et se lançait dans quelques exercices basiques. Quelques pompes, flexions et séries d'abdominaux et une seconde demi-heure étaient passées. Il prenait ensuite la direction de la salle de bain pour nettoyer la sueur des exercices et de la nuit qu'il venait de passer.
Une fois dans son bain, Leyo penchait la tête en arrière et réfléchissait à la suite de la journée. Pendant l'entrainement de ce matin, il avait pu observer quelques malfonctionnements dans l'utilisation de ses couteaux et de ses lames cachées. Les couteaux émettaient des bruits de frottement annonçant une faiblesse dans les fixations. De leur côté, les lames cachées dans ses chaussures semblaient avoir du mal à se ranger. Il était temps pour un petit entretien, Leyo décidait de chercher quelques matériaux à la fin de la journée. Tant qu'à entretenir ses accessoires, un petit coup de neuf et de modification ne pouvait pas leur faire de mal.
Après avoir constaté l'état de ses armes, Leyo décidait de les laisser chez lui. Même si le risque était faible, une arme affaiblie pouvait mettre sa vie en jeu. Aujourd'hui, il allait faire confiance à son pouvoir. Les chaussures allaient elle aussi être normales, il serait dommage de blesser quelqu'un si la lame sortait d'elle-même. Leyo s'habillait rapidement et mettait sa veste de coter, il faisait encore chaud à ce moment. Une fois sa cravate enfilée et son chapeau à sa place, il se tournait vers son atelier pour récupérer ses dernières créations. Une fois prêt, il partait en direction de son stand pour lancer sa journée.
Leyo arrivait rapidement à destination et disposait les sculptures sur son comptoir et quelques-unes sur les étagères qui l'entouraient. Aujourd'hui, le thème de ses sculptures tournait surtout autour des fleurs et des oiseaux. Il saisissait un bout de bois et un outil et commençait à sculpter ce dernier. Il laissait les clients entrer et répondait à leur question s'ils en avaient. Leyo n'oubliait pas de noter certaines requêtes qui lui était faites en annonçant les dates de retrait de chacune d'entre elles. La période pleine était toujours un vrai test d'endurance mais la suite allait lui permettre de se reposer. Une fois la foule passée, il n'allait plus entrer que quelques rares clients pour la plupart ne voulant que jeter un œil. Leyo retournait à la création de sa sculpture, une fleur semblable à un tournesol était déjà visible, la tige n'étant pas encore sculptée.
Jorg n'avait jamais été matinal. La bouche grand ouverte, sans s'encombrer de politesses, l'homme bâillait et s'étirait avec cette flegme qui le caractérisait tant sous le regard de Liv - sa bien aimée râleuse - prête à commenter le moindre de ses faits et gestes. Il était à peine sept heures du matin et tout les membres de la Famille s'étaient déjà réunis autours de la grande table de la "Cruche sans fond", établissement médiocre et déserté dont la survie dépendait uniquement de ce petit groupe d'individus. Bien plus que des habitués, ces derniers semblaient désormais les maîtres des lieux. L'aubergiste lui même se considérait comme faisant partie intégrante de la bande et avait volontiers autorisé celle-ci à s'établir dans sa bâtisse ; en compensation, il se voyait attribué une partie des gains de la troupe et pouvait profiter de la convivialité qu'apportait leur présence. Des problèmes ? Il n'en avait que très peu : ces hommes et femmes étaient parmi les meilleurs dans leurs domaines respectifs et la discrétion était maître mot pour chacun d'entre eux. Ainsi, il n'avait jamais été confronté à des inconnus déboulant en criant vengeance ni même à la garde de la Capitale. Tout au plus devait-il parfois gérer les conflits internes, mais ces derniers étaient si rares que cela ne pesait guère dans la balance...
Aujourd'hui n'était pas un jour comme les autres à la Cruche sans fond. L'ancienne cadette de la Famille, Mysora, venait de faire son apparition quelques minutes plus tôt et tout ses camarades avaient été prévenus de sa présence. Après de longues accolades et un échange cordial avec Liv - les deux femmes possédaient le même caractère - elle s'était assise sur l'un des bancs et s'était vue rapidement rejoindre par ses frères et sœurs. Le benjamin avait même cru bon de prétendre à une place sur ses genoux mais la rouquine l'en avait rapidement chassé - il ne fallait pas exagérer ! Une fois son auditoire confortablement installé, elle avait alors conté les innombrables aventures dont elle était la macabre héroïne, faisant s'écarquiller les yeux des plus jeunes et remonter de vieux souvenirs aux plus anciens. Mais peu importe leur tranche d'âge, tous semblaient émerveillés par la vie de l'orpheline vagabonde qui s'était élevée au rang de noble. Elle leur était, qui plus est, restée fidèle malgré ce changement drastique et cela ne faisait qu'ajouter au respect que lui portait tout ces gens...
Une fois la curiosité de l'assemblé satisfaite, elle fut enjointe de s'écarter par Liv et Jorg afin que ces derniers puissent discuter sans s'inquiéter d'être entendus.
« Quand on a vécu avec quelqu'un comme toi, on peut supporter n'importe qui sans problème. » rétorqua Liv, haussant les sourcils.
« Il a au moins pour lui de ne pas sentir des pieds, contrairement à certains... » enchaîna Mysora, provoquant un léger rictus chez sa professeure.
« Doucement les filles. Il est encore trop tôt pour vous acharner sur moi ! » se contenta de répondre l'homme, son sourire habituel sur le visage. « Mysora, tu as... ? »
« J'ai. »
Sans nulles autres précisions, elle sortit spontanément plusieurs petites bourses de ses besaces et les déposa dans le creux de la main de son père adoptif. Celui-ci la remercia d'un geste de la tête, puis il vînt entourer les épaules de la demoiselle à l'aide de son bras, collant sa joue à celle de sa jadis petite protégée. Bien que frileuse de ce genre d'attention, elle se laissa faire sans mot dire. Lui étant toujours redevable, il n'était pas question de lui refuser ce genre de commodités...
« Quelques objets sur mesure, à vrai dire. Tu connais quelqu'un ? » demanda-t-elle, intéressée.
« L'un des meilleurs, si ce n'est LE meilleur. »
Mysora n'arriva sur la place commerciale qu'en début d'après-midi, ayant préféré partager son déjeuner en compagnie de ses confrères plutôt que seule. Les cheveux camouflés sous sa cape, elle n'avait cependant pas jugé nécessaire de dissimuler le restant de son visage. Il aurait été très malchanceux qu'elle croise ici quelqu'un qui la connaisse suffisamment pour la reconnaître, et "malchanceux" ne faisait de toute manière pas partie de son vocabulaire... Sereine, elle pouvait profiter d'une tenue confortable sans se soucier le moins du monde des conséquences d'une telle prise de liberté.
Elle repéra assez vite le stand que lui avait indiqué Jorg quelques heures auparavant : celui d'un vendeur de sculptures très appliqué dans son domaine et plus qu'approprié pour réaliser la commande de la demoiselle. La voleuse s'approcha afin de contempler les diverses œuvres de l'artiste qu'elle examina dans le détail pour en juger la qualité. Plutôt convaincue, elle décida de s'adresser au vendeur avec toute le manque de politesse dont elle était capable.
Finissant rapidement son déjeuner improvisé, Leyo se tournait vers un autre morceau de bois qu'il avait apporté avec lui. Ayant déjà sculpté une fleur dans la matinée, il se tournait vers les volatiles. En regardant les quelques sculptures qu'il avait ramenées, Leyo décidait de réaliser un hibou. À l'inverse du tournesol qui pointait vers le soleil, le hibou était un animal nocturne. Le bois était lui aussi foncé par rapport à celui utilisé dans la matinée comme s'il s'agissait d'un signe. Utilisant une nouvelle fois son couteau, Leyo s'amusait à le faire tourner dans sa main pendant qu'il réfléchissait. Au vu de la taille du morceau de bois, s'il voulait réaliser un hibou les ailes déployées, ce dernier allait être trop petit pour être vendu. De plus, le marquage du bois ne s'y prêtait pas. Leyo se décidait sur un hibou endormi comme modèle pour sa sculpture. Une fois décidé, il commençait à donner une forme générale au morceau de bois.
Alors qu'il se concentrait sur sa sculpture, l'attention de Leyo se tournait sur un client qui venait d'arriver sur son stand. La cape qui venait cacher l'apparence de ce dernier ne passait pas inaperçu en pleine journée. Même si des personnes louches passaient régulièrement à son stand, Leyo ne reconnaissait pas celle-ci. Après quelque temps à examiner ses articles, la cliente venait s'adresser à lui, manquant de la politesse habituelle des clients de la place. En l'absence d'autres clients, Leyo n'avait pas à se forcer à être poli. Le manque de politesse ne le gênait pas du moment qu'il n'y avait pas d'attaque. Il posait le morceau de bois sur le comptoir et faisait tourner le couteau deux trois fois avant de la ranger à sa ceinture en se levant. Il retirait les quelques copeaux présents sur ses vêtements avant de s'approcher de sa seule cliente en replaçant correctement son chapeau sur sa tête. Il pointait ensuite sa cravate avec son index avant de répondre à la seule cliente présente.
"Bravo, c'est bien une cravate ! De quoi la jeune femme suspecte a-t-elle besoin ? À en juger par la cape, tu ne dois pas être là pour une sculpture n'est ce pas ."
Il remontait ensuite son index jusqu'à son chapeau pour le lever légèrement et lui permettre d'observer de plus près la jeune femme. Il pointait ensuite en direction du comptoir.
"Pour de la commande personnalisée, il y a deux options. Soit le prix est un peu plus élevé, soit tu procures les matériaux. Si tu ne peux pas le dire à voix haute, il y a de quoi écrire sur le comptoir."
Leyo plaçait ensuite ses mains dans ses poches en attendant la réponse de son interlocutrice. Il en profitait pour jeter un rapide coup d'oeil à l'extérieur, au cas où un second client arriverait à ce moment. Comme souvent à cette heure là, cela ne semblait pas être le cas. Les clients étaient occupés par les stands de nourriture.
Le marchand lui donna la réplique avec une égale politesse. Il notifia ensuite le manque de discrétion de la demoiselle, la qualifiant de suspecte avant de tenter de déduire la raison de sa venue. Elle sourit. Le jeune - apparemment - homme avait un peu de répondant, une très bonne nouvelle pour la jolie rousse ! Si elle devait attendre la confection de sa commande, il serait appréciable que le pauvre bougre désigné pour la supporter soit capable de résister et, si possible, répondre habilement à ses piques. Malgré le peu d'interaction entre eux, il n'était pas improbable qu'il puisse se montrer à la hauteur de ses attentes...
S'approchant un peu plus du comptoir, elle déplaça quelque unes des statuettes présentes sur celui-ci avant de s'y asseoir, son regard venant se perdre parmi les nombreux bric-à-brac que proposait le commerçant. Tout en jouant avec l'une de ses œuvres qu'elle avait gardé en main, elle se laissa impressionner par le travail de l'artiste. Beauté et soucis du détail semblaient êtres au rendez-vous même dans ses confections les plus minimalistes ; Jørg ne s'était pas trompé en lui indiquant cette adresse !
Elle se mit alors à observer les différents stands présents à proximité. Lorsque son regard croisait par hasard celui d'un autre individu, elle s'amusait à faire plier celui-ci en insistant longuement sans baisser les yeux, contraignant son "adversaire" à le faire à sa place. Ses jambes se mirent rapidement à battre dans le vide telle une enfant, les mains posées légèrement en retrait sur le comptoir, et il ne fallut pas attendre bien longtemps avant qu'un sifflotement se fasse entendre. La patience ne faisait évidemment pas partie de ses qualités...
Elle leva les pieds puis, s'appuyant sur ses fesses, pivota de 180° pour pouvoir faire face à son interlocuteur. Elle plaça ses jambes de part et d'autre des statuettes, s'assurant de n'en abîmer aucune, puis continua à remuer inlassablement. Il était difficile de la tenir en place !
Alors qu'il réfléchissait, la cliente venait ensuite déplacer quelques-unes de ses affaires pour poser son derrière sur le comptoir. Leyo ne réagissait pas, il préférait avoir une jeune femme assise sur son comptoir qu'un couteau planter dans celui-ci. Alors que la jeune femme semblait observer ce qui l'entourait, Leyo posait sa main sur son menton pour s'aider à réfléchir. Le dé n'allait pas lui poser de problèmes mais la pièce pouvait être un petit défi. Il allait d'abord devoir faire un moule pour ensuite venir faire venir le métal et lui donner forme. Il ne restait qu'ensuite à fignoler la pièce mais la taille de celle-ci allait lui demander quelques efforts. Alors qu'il réfléchissait dans le silence, la curieuse et suspecte cliente venait lui apporter plus de détails. Du bois résistant pour le dé et un équilibre parfait et un métal qui ne se déforme pas pour la pièce ? de la qualité mais rapidement ? Des exigences particulières mais pleine de sens.
Alors qu'il réfléchissait, la cliente venait une nouvelle fois lui poser une question ou deux accompagnés de quelques attaques discrètes... ou pas. Après s'être tourné dans sa direction, elle lui demandait de retirer son chapeau pour qu'elle puisse l'observer. Leyo ne pouvait que pouffer un petit rire en entendant son interlocutrice. Une langue tranchante et arrogante qui ne lui déplaisait pas. Discuter avec ce genre de personne était bien plus intéressant que de tenter la communication avec d'autres trop réservé ou malhonnête qui pensait un peu trop fort en essayant de le cacher.
Reprenant sa place dans son siège, Leyo croisait les bras et penchait la tête sur le côté avant de répondre.
"Concernant le prix, il ne sera pas bien élevé. Le prix des matériaux et quelques crystaux feront l'affaire. Pour le dé, aucun souci ! j'ai même de quoi le faire sur place si une couleur un peu claire ne te dérange pas."
Leyo sortait un morceau de bois qu'il avait apporté pour sculpter. Bien qu'un peu clair à la limite du gris et du blanc, ce bois était résistant et demandait des outils plus tranchants pour être travaillé. Il déposait le morceau sur le comptoir avant reprendre la parole.
"Il me faut juste la taille de ce que tu souhaites. Je peux même en faire plusieurs si tu le désires."
Il saisissait ensuite la plume et l'encre poser sur le comptoir ainsi que de quoi écrire avant de reprendre. Il commençait à gribouiller en continuant ses explications.
"Pour la pièce, il faudra un peu plus de temps je n'ai pas d'outils nécessaires au travail du métal ici. Je dois retourner à mon atelier pour pouvoir commencer. Pour le minois du roi et de la reine... laisse-moi terminer mon gribouillis et dit moi si celui-ci te convient."
Il continuait ensuite de dessiner sur son support pendant qu'il poursuivait la discussion. Dessiner n'était pas son domaine mais Leyo était devenue très efficient dans ce domaine a force de dessiner des croquis et autres pour lui servir de base pour ses créations. Même s'il ne pouvait pas rivaliser avec un véritable artiste pour la confection d'un tableau, pour croquis à la plume, il était confiant de ne pas faire pire qu'un professionnel.
"Je dois avoir les matériaux suffisants chez moi mais le prix sera un peu plus élevé. Bon sinon... Le chapeau n'est pas ridicule, il est élégant et raffiné. Proposant une véritable protection à ma fibre capillaire et contre les rayons de soleil."
Il terminait le croquis quelques secondes après et se levait pour poursuivre le dialogue. Il saisissait ensuite son chapeau pour le déposait sur le comptoir, révélant ses cheveux verts et ses yeux dorés à sa cliente. Il souriait légèrement avant de prendre le croquis et de le tendre à cette dernière. Le dessin des deux faces d'une pièce avec les visages de la royauté de profile ainsi que quelques gribouillages concernant les dimensions étaient sur le papier.
"Si tu as des demandes en particulières, c'est le moment. Une fois moulé, la pièce ne pourra pas être beaucoup retravaillé. Tout au plus, je pourrais sculpter quelques détails supplémentaires si la matière le permet. Comme ta commande varie de mon travail habituel, je peux faire un effort et terminer la création des deux aujourd'hui. Il faut juste que je retourne à mon atelier pour m'atteler au travail... Ah si d'ailleurs, je suis Leyo et non l'homme à la cravate, miss capuche suspecte."
Assise, les jambes battant l'air à la manière d'un métronome, la râleuse se contenta d'observer de loin le morceau de bois que le commerçant lui présentait. Elle valida d'un simple geste de la tête. Peu lui importait réellement la couleur et l'aspect de celui-ci tant que l'objet conçu correspondait à ses attentes en pratique... Qu'on s'y entende : l'équilibre ou non d'un dé ne changeait absolument rien à l'issue de son pouvoir ; toutefois, certains usages qu'elle prévoyait d'en faire, étrangers au hasard, nécessitaient qu'on puisse en vérifier la parfaite intégrité. La voleuse n'aurait donc aucun scrupule à refuser une œuvre qui ne lui assurait pas cette contrainte...
Leyo vînt déposer le bloc à coté de la demoiselle, certainement pour qu'elle puisse en vérifier la qualité. Mysora le prit dans ses mains et passa l'une de ses paumes sur sa surface, légèrement surprise par l'inattendue douceur de ce dernier lorsqu'elle s'attendait, à la place, à ressentir une certaine rugosité. Elle le reposa, visiblement satisfaite.
Ses yeux se posèrent alors sur le dessin que le garçon réalisait. "Remarquable" pensa-t-elle, impressionnée par la mémoire dont pouvaient faire preuve les artistes de sa trempe. Elle passa toutefois le compliment à la trappe : il n'était pas question de se donner des airs de gentille fille !
Après lui avoir prédit un prix élevé, l'individu - toujours en plein travail - se risqua finalement à répondre aux attaques de la donzelle. Il défendit d'abord son couvre-chef, provoquant un rire sincère chez la noble. Elle effaça rapidement la furtive expression de joie qui venait d'apparaître sur son visage tandis que l'homme terminait son œuvre. Il l'abandonna un instant lorsqu'il se leva, saisissant son tableau afin de le présenter à sa cliente. Le sculpteur avait le visage totalement découvert, laissant apparaître des cheveux d'une couleur pour le moins atypique ; ses iris n'avaient d'ailleurs rien à leur envier et Mysora se surprit à s'y perdre l'espace d'un instant ! "Quel étrange personnage" se fit-elle remarquer, dénuée de tout esprit autocritique... Elle secoua furtivement la tête et écarquilla les yeux, parvenant enfin à se concentrer sur l'essentiel.
Retourner à l'atelier ? Utilisait-il un faux prétexte ou bien avait-il trouvé une opportunité en or de se débarrasser de sa présence gênante sans le moindre scrupule ? N'envisageant même pas la possibilité qu'il puisse réellement avoir besoin de retourner chez lui, elle se releva d'un bond et vînt tapoter à plusieurs reprises son torse du bout de l'index après s'être approché de lui.
Le sketch terminé, elle croisa les bras sous sa poitrine et défia l'artisan du regard. Il y avait fort à parier qu'il ne comprendrait rien à cet enchaînement de propos qualifiables, grossièrement parlant, de "véritable pétage de câble". En vérité, il ne s'agissait là que d'un caprice Mysoresque : il était inconcevable pour elle de montrer le moindre signe d'intérêt pour cet individu et son art... Aussi n'avait-elle pas trouvé de meilleur moyen détourné pour fausser compagnie à sa solitude et "apprécier" la présence d'un homme qui, à en croire par son calme et son répondant, était parfaitement capable de la supporter !
Bien qu'étonner à plusieurs reprises par le ton et les insinuations de la jeune femme, Leyo ne se laissait pas décontenancer. Il gardait son calme et souriait même par moments par l'aspect unique de la conversation. Bien qu'il est eu des clients exceptionnels et d'autres très particuliers, il s'agissait bien de la première fois qu'il rencontrait ce type de customer.
La cliente semblant satisfaite du croquis, Leyo le récupérait et le posait sur le comptoir avec les autres commandes en cours. La liste n'était pas bien longue comme le nombre de clients ses derniers temps. Bien que les demandes et les ventes rapportaient amplement assez d'argent, Leyo n'avait pas de quoi occuper la plupart de son temps. Au final, ses stockages commençaient à déborder aux vues du nombre de sculpture chez lui. Il ne restait que quelques pièces où il pouvait encore vraiment vivre et même celles-ci contenaient des sculptures. Il était bientôt le moment pour l'artisan d'acheter plus grand ou il risquait de se retrouver enterrer sous ses propres œuvres.
Pendant la discussion, le moment où il parlait de rentrer à son atelier pour pouvoir travailler, Leyo se faisait rattraper par sa cliente qui semblait avoir du temps devant elle. Le ton qu'elle utilisait n'était ni insultant ni grossier, il était juste difficile à décrire pour Leyo. Des personnes étranges, il en avait vu ! Mais la jeune femme semblait simplement capricieuse et farfelue. Elle ne suivait pas un paterne logique mais partait dans tous les sens sans suivre le courant. À la grande surprise de l'artisan, la cliente lançait elle-même un petit monologue où elle le questionnait et répondait à sa place pendant quelques phrases avant de lui tourner le dos. Elle répondait dans la foulée sur la description que Leyo avait fait d'elle en la décrivant comme suspecte avec sa capuche. Leyo restait de marbre devant son interlocutrice, il n'allait pas se faire déstabiliser ni entrer dans le jeu de la jeune femme. De plus, il y trouvait même un intérêt à poursuivre la discussion ! Sa journée n'était pas bien passionnante et un peu d'animation ne faisait pas de mal. Ce genre de client loufoque était ce qui lui plaisait le plus depuis qu'il avait commencé à vendre lui-même ses créations. Quelques années auparavant, quand il était au sommet de sa gloire, Leyo ne rencontrait que quelques clients riches et barbants qui l'avaient au final poussé à s'isoler quelque temps pour se ressourcer.
À la suite, la cliente venait lui pondre... non, lui imposer un petit caprice en lui ordonnant de l'autoriser à l'accompagner à son atelier. Sur l'instant, le sourcil de Leyo tremblait légèrement mais il se ressaisissait vite et fixait directement la jeune femme qui le défiait du regard. L'artisan n'était pas pour la confrontation mais il n'avait rien contre le fait de montrer qu'il n'hésitait pas si l'on lui imposait. Fixer quelqu'un droit dans les yeux n'avait rien de compliquer pour Leyo, il y voyait même un petit jeu. Même s'il n'avait pas tout suivi à la suite des événements, il se rendait bien compte que de laisser la cliente en plan n'allait pas vraiment améliorer les choses. L'emmener à l'atelier n'était pas une mauvaise alternative, il n'avait de toute façon pas d'autre client à ce moment et surement peu de plus dans le courant de l'après-midi. Il ne pouvait s'empêcher de comparer l'humeur de son interlocutrice avec les personnes avec qui il partageait un verre de temps en temps dans un bar de la capitale. Capricieux, farfelu, décalé et sans tact. Il s'agissait du même type de discussion sans les odeurs d'alcool et les quelques ronflements des personnes ne tenant pas les spiritueux. Dans tous les cas, cela ne le dérangeait pas plus que ça. Cette situation créait aussi un certain intéressement de la part du sculpteur envers sa cliente.
Une fois celle-ci présentée, Leyo faisait un petit tour sur lui-même et faisait une petite révérence avant de s'adresser à la dénommée Faye.
"Et une visite de l'atelier pour la jeune femme parfaitement normale !"
Il se redressait ensuite rapidement et se tournait vers la première étagère et commençait à saisir les sculptures et à les remballer pour fermer boutique. Sans se tourner vers la jeune femme, il travaillait rapidement par habitude. Il n'y avait pas grand-chose à ranger dans tous les cas et il allait finir rapidement. Il saisissait ensuite son sac et ses quelques affaires, replaçait son chapeau correctement sur sa tête et se rapprochait de la jeune femme.
Leyo tapait doucement sur l'épaule de sa cliente pour lui indiquer le départ et pointait la direction.
"Allez, c'est par là. Il va falloir marcher quelques minutes, tu n'as pas une histoire pour la route... Et pense bien à ta capuche, il va peut-être pleuvoir, on ne sait jamais !"
Le sculpteur jetait un petit regard à Faye avant de commencer à marcher sans l'attendre. Le chemin n'était pas très long mais il fallait bien trouver quelques choses à faire pendant les quinze-vingts minutes de marche qui les attendaient. La jeune femme semblait douée avec ses paroles, elle avait peut-être une histoire ou n'importe quoi à raconter pour animer le trajet.
Leyo, malgré les propos déplacés de la demoiselle, se donna la peine de la saluer par une révérence. Il accepta - sous la contrainte - la visite de son atelier et, après avoir remballé la majorité de son stand, vint lui signaler qu'il se mettait en route. Elle sautilla, hystérique, oubliant même d'en répondre à la remarque sur sa capuche et pour cause : il n'avait pas essayé de la frapper ou tenté de s'enfuir en courant pour la semer ! C'était un grand jour.
« Alors attends, attends ! Je lui fait les gros yeux, il continue à me réciter la liste qu'il a visiblement du apprendre par cœur et avant qu'il entame son trentième tiret je le coupe. "Mais le Rurd, c'est pas une plante qui s'utilise en cuisine abruti !" que je lui dis. Enfin, pas tout à fait comme ça, j'ai du l'insulter d'incompétent et de soumis aussi. Mais ça c'est parce que sa femme l'a engueulé quand elle a vu qu'il discutait un peu trop avec moi... Le Georges il se met à gonfler comme une grosse patate et il me jette un regard de tueur. Que Lucy m'en soit témoin, je m'y connais ! Du coup je lui tapote la bidoche comme je l'ai fais tout à l'heure avec toi et je lui dis de pas prendre la mouche pour une simple remarque. Qu'il n'est pas le seul incapable aux environs à s'être fait une place grâce à on ne sait quel miracle... Etrangement il s'énerve encore plus et il commence à me dire que je n'y connais de toute façon rien en pâtisserie, qu'il a plus de vingt ans de carrière derrière lui, qu'il a mit énormément de temps à confectionner ma commande et sans doute que sa mère est la sœur de son père et blablabla, blabla, bla... » fit-elle en mimant une bouche à l'aide de sa main.
« JE gère un établissement de prestige, JE suis l'inventeur de plus d'une dizaine de recettes, JE m'occupe même de desservir le Palais en viennoiseries et autres gourmandises. Bref, le bonhomme perds totalement le contrôle. J'ai du le laisser parler une bonne quinzaine de minutes avant qu'il ne finisse par redescendre d'un ton. Il était rouge écarlate, il a du perdre un tiers de son poids dans l'opération et surtout il est a bout de souffle. J'en profite donc pour lui dire ce que j'en pense, à cette tête de gloutovor ! "Le rurd, ça s'utilise dans la confection de potions tête de nœud. Alors à moins que tu n'arrives à le transformer en un genre d'ingrédient parfait et à subtiliser aux odeurs de purin un parfum doux et alléchant, me fait pas croire que ça sent autre chose que la merde !". Il s'est vexé, mais quand il a voulu me dire de prendre la porte il s'est fait violemment mettre K.O par une quinte de toux et j'ai cru qu'il allait me faire un malaise. Je lui ai mis une petite claque, ou deux, ou trois je ne sais plus. Il m'a regardé à nouveau, tout penaud. Ca frappe fort, une rousse ! "Alors pour commencer, arrête d'utiliser les ingrédients soit disant miracles que t'as du glaner à la mamie desséchée d'à coté. Si tu as vraiment vingt ans derrière toi, cantonne toi à ce que tu sais faire et uniquement à ce que tu sais faire. Ensuite, et crois en mon expérience d'herboriste, rien ne vaudra des baies de divinams. C'est cher, mais c'est qualité." que je lui dis. Tu sais c'est quoi, une divinam ? » demande-t-elle à son interlocuteur, sans vraiment attendre de réponse.
« De toute façon, t'as pas l'air bien futé alors je vais t'expliquer ! Tout le monde connaît cette fleur. Elle forme des petites baies, c'est très acide. Je déteste ça. Pas à cause du goût, non, mais parce que tout ces mongo-aristo et citoyens naïfs pensent qu'elles auraient le "pouvoiiiiir" de leur offrir de la chance. Ha ! Comme si la déesse n'avait que ça à foutre d'aller enchanter des plantes vertes... Je t'en donnerai de la chance, moi ! Mais bon, ce qui est intéressant c'est que la plante elle même peut être utilisée de milles et unes façons. En maquillage pour ces satanées bourgeoises gazouillantes, en potion pour les charlatans sur le marché et, concernant le gros Georges, il peut ajouter ces baies à ses pâtisseries pour varier les plaisirs et créer de nouvelles recettes. Ça s'rait pas venu tout seul à l'esprit d'un consanguin, ça ! Ça fait de la divinam une plante vraiment très utile, c'est toujours bon d'en avoir chez soi. Et puis si tu es du genre à croire qu'on peut interagir sur la chance avec des fruits, je te mets au défi d'en ingurgiter autant que tu le voudras et de faire une partie de dés avec moi... Au pire, tu finiras avec quelques maux de ventre le lendemain. » sembla-t-elle finir, marquant une pause. Puis, alors qu'un silence venait de s'installer depuis quelques fractions de secondes, elle décida de reprendre la parole.
« Alors ça, c'était la première partie. En fait, l'histoire continue mais je dois d'abord introduire la femme de Georges, Gertrude. Et quand je dis introduire, je pourrais parler au sens propre car elle est aussi fine que son mari est idiot. Alors, tout commence quand (...)
(...) et là, elle retire sa bague de fiançailles et elle lui envoie direct dans l'œil ! Puis elle se barre en pleurs de la boutique tandis que l'autre patine pour essayer de la rattraper et se vautre lamentablement devant moi ! J'ai brisé leur couple en à peine une heure de débat, j'ai jamais fait aussi fort ! » se vanta-t-elle tout en éclatant de rire, attirant les regards de tout les individus autours d'eux. Elle essuya rapidement une larme coulant sur sa joue puis, se remettant de ses émotions, laissa au pauvre artiste un léger temps de répit. Il fut, une fois de plus, brisé un instant plus tard.
« Bon, parle moi de toi. Il paraît que dans les conversations civilisées il est coutume que l'on parle chacun son tour. Pas que tu aies quoi que ce soit à me dire qui puisse m'intéresser, mais j'aimerai expérimenter la chose. » lui dit-elle le plus sérieusement du monde.
Leyo poursuivait la marche et écoutait la suite de l'histoire. Alors que le sujet de Georges et son contexte se dessinaient, la jeune femme poursuivait sur une leçon concernant les divinams. Bien qu'intéressant, Leyo s'étonnait plus du tonique de la conversation et la capacité à parler sans s'arrêter. Un véritable rally de parole de la part de sa cliente venait frapper ses tympans et redonner un soupçon d'amusement pour le trajet. Marcher n'avait rien de drôle en soi-même mais être accompagné d'une conteuse de talent permettait à Leyo de profiter de cette petite randonnée.
Alors qu'il hésitait à prendre la parole à la fin du discours sur les fameux fruits, la jeune femme repartait de plus belle pour conclure l'histoire de Georges et de sa femme. Bien qu'il ne s'agissait pas du tout du sujet que le sculpteur pensait voir aborder, Leyo montrait un certain intérêt à cette histoire. Élevant la comparaison d'enfant capricieux à véritable tornade destructrice, Leyo rapprochait désormais ce dialogue à celui qu'il avait avec certain alcoolique à la langue bien pendue du coin.
Terminant par lui adresser sérieusement une question, la jeune femme venait de surprendre Leyo qui plissait encore les yeux au vu du grand nombre d'informations qui venait de se fracasser dans son oreille. Replaçant ses sacs sur son épaule, Leyo levait les yeux au ciel quelques instants avant de répondre.
"Tu es bien étrange comme créature, comme une tempête surprise qui se jette sur quelques vacanciers venant profiter du soleil. Enfin... Tu reste plutôt amusante, sauf pour Georges et les vacanciers. on ne t'a jamais proposé de devenir conteuse . Avec un tel débit de parole, tu devrais tenter ta chance dans la politique ou l'art du spectacle. Si tu évites le publique jeune et Innocent, tu devrais facilement te faire un nom ! Bref, parler de moi... J'ai une vie passionnante, je suis un petit sculpteur comme tu en trouve partout. Je profite de ma vie comme je l'entends. Parfois je m'occupe de client normal, aimable et sincère. D'autres fois je m'occupe de personne plus... spéciale."
Leyo continuait de marcher pour voir qu'il n'était plus très loin de chez lui. Il ne restait qu'un virage et quelques mètres et le trajet se terminait.
"Après, l'avantage c'est qu'on est presque arrivé ! Je te le dis, tu as un talent en tant que conteuse, je n'ai pas vu le temps passer."
Quelques pas plus tard, Leyo pointait la porte de sa maison avant de s'en approcher. Sortant la clef de sa poche, il déverrouillait la porte et rentrait tout en faisant signe à la jeune femme de le suivre. Comme d'habitude, l'entrée servait aussi de stockage pour les matières communes et il était facile d'observer de multiples étagères trier par type de ressource. La porte de droite donnait sur un stockage de sculpture et était verrouiller. La porte de gauche était elle aussi fermée, elle donnait accès à une pièce servant aussi de stockage mais pour un genre de sculpture différent que l'autre porte. Leyo passait à coté de l'escalier permettant de monter à l'étage et choisissait la dernière porte disponible, face à l'entrée. la porte donnait sur la pièce la plus grande de la maison. Elle servait d'atelier mais aussi de stockage pour les travaux en cours. Poussant la porte, Leyo déposait ses bagages à coté de l'entrée avant d'inviter l'origine de son retour chez lui.
"Par ici !"
Il retirait ensuite son chapeau pour le déposer sur le porte manteau et se dirigeait vers le plan de travail. La pièce faisait environ une quinzaine de mètres de profondeur sur une trentaine de longueur. Face à la porte, une porte-fenêtre donnant sur le jardin et amenant un peu de lumière dans la pièce. En dehors du mur possédant la porte-fenêtre et le plan de travail, les autres murs étaient comblés d'étagère remplie d'outil et de travaux en cours. Pour la plupart, il s'agissait de masque, de boîtes à musique et de quelques matériaux un peu plus précieux que ceux de l'entrée.
"Bon... on va faire un peu de place avant de commencer à travailler."
Leyo secouait la main avant de pointer vers une étagère comportant plusieurs types de minerais.
"Sur l'étagère là, deuxième ligne, ces matériaux la conviennent à ta demande pour la pièce. Tu peux te référencer aux plaques pour voir la couleur et la texture du résultat une fois travailler. Sinon... les petits lingots d'alliages au-dessus peuvent aussi faire l'affaire. Certain son plus léger est un peu moins résistant, d'autres plus lourd ou plus résistant aux changements de température. Tu as juste à lire les étiquettes !"
Leyo en profitait pour jeter quelques morceaux de charbon dans son foyer pendant qu'il discutait. Il saisissait ensuite ses accessoires qu'il avait laissé ce matin avant de partir. Ses couteaux papillon, ses chaussures renforcés en acier avec la lame secrète toujours sortie. Il les déplaçait sur l'étagère surplombant le plan de travail avant de récupérer le morceau de bois pour les dés. Il sortait ensuite un second type de bois résistant à la chaleur pour fabriquer les moules pour les pièces.
"Je te laisse chercher, je vais commencer par faire les moules pour les pièces. Si tu as des questions, n'hésite pas. il y'a de quoi boire dans le placard au besoin."
Leyo déposait ensuite les dessins qu'il avait faits à son échoppe pour peaufiner les détails avant de commencer. Il sortait discrètement ses deux chaines sous le plan de travail au cas ou où jeune femme tenterait quelques choses de mal intentionné. Leyo avait beau apprécier le caractère de sa cliente, il venait à peine de la rencontrer. Si elle tentait quelques choses, son pouvoir allait gentiment prendre soin de l'entraver. Il prenait ensuite une paire de petite lunette ronde et la mettait sur son nez avant de poursuivre son travail.
"Ah si, ne touche pas à la boîte sur l'étagère de l'entrée."
Bien qu'elle n'avait rien de précieux, la boîte était un jouet que Leyo avait préparé pour effrayer les enfants du coin qui venait jouer dans les environs. Un petit traumatisme les calmait rapidement. Une tentative d'ouverture déclenchait un petit mécanisme qui faisait s'éjecter une tête de serpent vers le haut.
Étonnant ! Étrange, même. Faire les éloges d'une langue de vipère n'était pas chose commune, peut être même s'agissait-il de la première fois qu'elle rencontrait une personne pour qui ses paroles s'avéraient agréables... Á moins qu'il ne s'agisse d'ironie, mais elle n'en percevait ni la forme ni le fond et cela la prenait totalement au dépourvu ! Elle se contenta alors de lui répondre par un simple soupir, quoiqu'emplit de dédain, et décida de poursuivre silencieusement la marche en direction de son atelier.
Elle n'eut pas à endurer bien longtemps ce calme pesant puisque l'individu pointa rapidement une porte proche d'eux, lui indiquant qu'il s'agissait de leur arrêt. Il déverrouilla la porte puis entra, suivit de prêt par une cliente bien déterminée à trouver un nouveau sujet de critique. L'opportunité allait se présenter sous peu, à n'en rien douter...
Il l'invita à le rejoindre dans une pièce plus loin, bien plus grande que celles parcourues jusqu'à présent. Ses yeux scrutant le mobilier et chaque recoin de sa maison, Mysora mit du temps à parcourir les quelques mètres la séparant de Leyo et c'est à reculons qu'elle franchit la porte qui la séparait de son hôte.
Une fois à ses cotés, son regard vînt à nouveau explorer la pièce, prête à trouver quelque chose de croustillant qu'elle pourrait lui notifier avec toute la condescendance dont elle était capable. Elle n'en eu pas le temps, ses pupilles s'étant naturellement dirigées vers les accessoires que l'artisan venait de déplacer sans la moindre discrétion : des lames secrètes, couteaux - des outils de mise à mort, en somme... Cet homme s'avérait bien plus intéressant qu'il n'y paraissait au premier abord. Elle tâcherait de s'en souvenir en cas de besoin, peut être pourrait-il lui fournir quelques matériels de secours si elle venait à en avoir la nécessité, un jour prochain.
Toujours silencieuse, elle s'approcha finalement des plaques désignées quelques instants plus tôt. Les différents alliages et matériaux semblaient tous plus ou moins convenir à l'utilisation souhaité, mais l'argent attira particulièrement son regard. Elle se pencha pour mieux en observer la qualité avant que son doigt ne vienne en parcourir la surface.
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