Après avoir engloutit assez de fruits pour un repas complet, estomac de monstre oblige, l'une des grandes portes grince, laissée entre-ouverte suite à mon passage. Pas l'une de mes chéries, juste une servante avec une mine décomposée. On dirait qu'elle a vu un fantôme.
Un sourcil levé soulignant l'intrigante situation, je me lève et fais disparaître la protubérance à écailles. La femme me conduit dans l'aile de mon père en m'expliquant qu'ils étaient inquiets de ne pas l'avoir vu descendre pour manger, et que lorsqu'ils sont entrés dans sa chambre, ils l'ont trouvé comme ça. Comme quoi? L'agitation de la bonne femme ne fait que faire grossir la boule dans mon ventre, alors que je prie pour qu'il ne s'agisse pas de ce que je pense. Une étrange sensation que je n'ai pas ressentie depuis bien longtemps... En entrant dans sa chambre, je peux constater à mon tour le corps inanimé de mon père au sol. Malgré ses yeux ouverts, je ne veux pas y croire, et vais vérifier moi-même son pouls et sa respiration, plusieurs fois. Mon visage pâlit, mes mains se mettent à trembler. Je n'arrive pas à réaliser. C'est impossible. C'est trop brutal. Pour l'avoir vécue, je peux affirmer que la sensation du démembrement est bien moins douloureuse. Comment peut-il être mort? Ça n'a pas l'air naturel. Mais il n'a pas de blessure... A-t-il été empoisonné? Qui aurait pu faire ça? Comment? Sa fenêtre est bien fermée. C'est inconcevable... Un tel titan. Mon père. J'ai beau grandir, j'ai toujours pensé naïvement qu'il était immortel. Est-ce à cause de ses activités illégales? Mon cerveau n'est plus capable de réfléchir. Réunissant mes forces pour rester silencieuse, je n'arrive pas à retenir mes larmes. Des larmes que je pensais scellées à jamais depuis une décennie... Je me sens faible, impuissante. C'est arrivé, c'est terminé, et je n'en savais rien. Je cache mon visage dans ses habits de nuit, et un mélange de haine, de rage et de peine tourbillonne en moi, balayant les murs de mon palais intérieur comme on soufflerait une flamme. Ces murs que je pensais indestructibles. Sous le sentiment pesant d'être exposée soudainement à tous les dangers qui m'attendaient au tournant, mes écailles recouvrent tout mon corps sans que je n'en donne l'ordre. Les huit tentacules sont sortis d'eux-même, formant une cage protectrice autour de mon petit corps d'enfant en s'accrochant au corps de mon père. Voilà, la toute-puissante Arya Tolevira, changée en une véritable larve. Redevenue la petite fille faible et craintive du début de sa vie.
Une semaine s'est écoulée depuis le décès de mon père. J'ai réussi à me reprendre rapidement. Je ne pouvais supporter de paraître si faible devant mes flammes. Tout le château est à moi, à présent. J'ai fait un tour dans le bureau de mon père en feuilletant ses documents. Sans surprise, je n'ai pas trouvé grand chose d'intéressant. Il ne garde rien de compromettant. Sauf une chose. Un vieux papier, soigneusement caché à un endroit où personne n'aurait dû le trouver. Une simple page, racontant l'histoire d'un homme qui trahit ses collègues pour sauver sa propre femme. Qui élève seul l'un des jumeaux auxquels la femme venait de donner naissance. Une simple page qui m'annonce que j'étais depuis vingt ans dans l'ignorance d'avoir un frère jumeau, et une mère bien vivante. Et je ne peux m'empêcher de penser que c'est cette trahison qui a coûté la vie au géant Tolevira. Si cela gâche complètement la puissance inébranlable que je voyais en mon père, ça confirme aussi le fruit de nombreuses réflexions et leçons de vie: l'amour nuit.
Hélas, je ne peux pas connaître toute la vérité sur cette histoire. Je devrais peut-être tenter de trouver ma mère et mon frère... Mais comment? Où? Sont-ils seulement en vie à ce jour? J'ai besoin de connaître la vérité. Il y a bien une piste que je peux exploiter: cette page, elle contient également les noms de plusieurs membres du groupe de mon père. Je pourrais certainement leur tirer les vers du nez s'ils ont un semblant de culpabilité dans cette histoire. je ne peux pas me laisser guider par le besoin de vengeance, en revanche, j'ai bien l'intention de faire comprendre qu'on ne s'en prend pas librement aux Tolevira.
Un servant m'appelle, me sortant de mes pensées. Il y aurait un jeune homme inconnu aux portes du château. Oui, maintenant c'est à moi de m'occuper des gens dont mon père s'occupait. Je dois gérer le château. Je dois me montrer adulte. Terminant de m'habiller pour ne pas me présenter pratiquement nue aux invités, je mets mes habits habituels. Large pantalon noir, bottes, manteau sombre ceinturé, gants, cape et chapeau. Je rejoins ensuite les portes d'entrée de la bâtisse qui est maintenant mienne. Lorsqu'elles s'ouvrent, je peux voir les deux gardes et un jeune homme inconnu, comme décrit par le servant. Il doit avoir mon âge et me dépasse de quelques centimètres. Il n'a pas l'allure d'un noble ou d'un bourge. En fait, il a l'air de dormir sous les ponts. Je lui tend ma main droite gantée, armée de mon sourire impassible, en plantant mon regard écarlate dans ses iris olive.
C'est à la fois douloureux et glorifiant de me présenter ainsi. Il va falloir m'y faire. Ce troubadour me rend curieuse, j'espère qu'il n'est pas là pour m'ennuyer...
N'ayant pas de monture il a dû faire le voyage à pied. Ce qui fait qu'à présent il n'y a plus seulement sa chemise qui est trouée. Il devra trouver un bon cordonnier au village perché avant de se remettre en route ou alors trouver une caravane en direction de la capitale ce qui n'est pas trop compliqué vu comment ce royaume est centralisé autour de ses majestés.
Rien que penser ainsi à des nobles qui ont tout pouvoir lui donner envie de cracher par terre. Mais vu que sa mère n'a pas eu le temps de lui inculquer une bonne éducation c'est ce qu'il fit donc. L'herbe porte désormais son empreinte dans la grande forêt. Ce n'est pas la première fois qu'il se rend au château des Tolevira. La première fois a été il y a une semaine de cela, pour voir son prétendu père. Un homme gros et ingrats. Ce qui avait renforcé sa conviction que les nobles ne devraient plus être à leur place mais des gens du peuple.
En se rapprochant du palais il pu contempler une nouvelle fois les deux grandes tours qu'on peut voir à plusieurs lieues de marches. Maintenant et à présent c'est sûr. Il était bien chez les Tolevira. Il n'a qu'une seule idée en tête : trouver des explications sur la mort de sa mère et surtout punir son père de l'avoir abandonné lui et sa mère. Avant même d'entrer dans le palais celui-ci semble s'agiter. Ce qui est assez étonnant sachant que beaucoup de personne, de troubadour tout du moins de ce que raconte ses amis aventuriers, s'arrêtent espérant une bonne chambre en l'échange de plusieurs chants.
Mais il n'est pas l'heure de divaguer. Il est étrangement accueilli par une jeune femme au lieu de son vieil homme le père. Une jeune femme aux habits noirs ou sombre avec un long manteau. Il hausse un sourcil presque moqueur en la voyant habillée ainsi. L'expression du visage ne s'arrête pas là parce que son autre sourcil se lève à l'entende du nom de l'interlocutrice. Fille d'à peu près de son âge, regard étrange comme lui. Aucun nul doute c'est sûrement sa sœur ou alors sa demi-soeur que son père a probablement eu avec une des servantes du château.
- Enchanté, je suis Akhlys Redcandle, un simple aventurier. Je suis à la recherche du propriétaire de ce château et de l'ex-gouverneur du village perché.
Si son sale père n'a pas jugé bon de révéler son identité à sa sœur ce n'est pas à lui de le faire. En plus, connaissant les histoires des sales nobles ils voudraient l'assassiner pour que jamais un roturier puisse poser problème. Il faut jouer, comme d'habitude avec tout le monde dans ce monde à la hiérarchie pourrie, la prudence. Celui-ci commence à taper du pied comme s'il était pressé en regardant de temps en temps l'horizon. Comme s'il ne pouvait supporter le regard de l'enfant qui est née du bon côté de la famille. La sœur qui n'a jamais dû se battre pour une miche de pain. La sœur qui a toujours tout eu et lui jamais rien.
Il se pourrait que ce soit juste un contact de mon père. Dans ce cas, il risque d'avoir fait du chemin pour rien... Mais ce serait étonnant que mon père aie des affaires avec des personnes pouilleuses comme lui. Quel intérêt pourrait-il y avoir? Cet homme ne vient pas de tout près, sinon il serait déjà au courant de tout ça. Et s'il connaissait vraiment mon père, il l'aurait probablement appelé par son nom. J'aurais du mal à croire qu'il n'y aie aucun lien entre cette étrange rencontre et les évènements récents...
Il va falloir que je parle en privé à ce bonhomme. Où aller? D'habitude, quand je ramène des gens, on file tout droit vers la chambre ou la salle de bain. Enfin, la salle de bain, ça ne lui ferait pas de mal. Mais je suppose que le salon de mon père conviendra... Enfin, mon salon. Si je dois me montrer persuasive, je préfère ne pas le faire sous l'oeil des gardes. Je ne sais pas si je pourrai me retenir si j'apprends certaines choses...
Je l'invite donc à me suivre dans la cour, avant de pouvoir rentrer dans l'aile gauche du château. Le salon est une des premières portes. Un servant se chargera d'apporter de quoi boire et grignoter.
Avant qu'on entre dans le couloir, Rubis apparaît, s'approchant de nous par curiosité. Elle risque de croire que j'ai encore ramené un bout de viande pour ce soir. Oh, remarque, je la laisserais bien dans l'ignorance pour l'instant... Le nymphe à la crinière de feu, vêtue d'habits noirs ne couvrant que partiellement sa peau, se munit d'un sourire mielleux pour souhaiter la bienvenue au garçon. Ou pas...
Sa présence ne plaira sans doute pas à notre invité, puisqu'il paraît préférer une discussion totalement privée. De toute façon, je lui répéterai probablement tout...
- Donc j'imagine que tu es sa fille. L'héritière.
Il est vrai que la mort de son père semble étonnement bien l'arranger vu que toutes ses possessions lui reviennent de droit. Ainsi va le monde chez le noble : tout est basé sur la mort prématuré de son prochain. Une caste n'ayant plus le droit de régner.
- L'objet de ma visite est de l'ordre du plus grand secret. Moi non plus c'est, je pense, la première fois que nous nous rencontrons. Je viens de tout droit de la Capitale. Le seul endroit où tout semble se produire et le milieu de tous les possibles au Royaume d'Aryon. D'ailleurs sais-tu pourquoi on le surnomme le royaume d'Aryon ? Et toi ? Tu as toujours vécu au village perché ?
Au vu de son ton familier cela ne fais aucun doute qu'il n'a aucune appartenance à la classe noble ni à de petites noblesses que peuvent l'être les diplomates. Comme si son apparence et sa tenue n'étaient pas suffisantes pour déduire cela. Lorsqu'il a fini de parler, il regarde une nouvelle fois le château. Il n'était clairement pas habitué à toute cette richesse construite sur le dos des pauvres et ouvriers.
Oui, bien qu'il fasse chaud je viens de passer plusieurs jours à voyager jusqu'ici à pied. M'asseoir ne risque pas de me tuer.
Elle sait rester méfiante. Normal son père ne vient-il pas juste de se faire assassiner. En emboîtant le pas à la nouvelle propriétaire des lieux il ne peut s'empêcher de contempler la cour et son magnifique jardin. La beauté de ce lieu peut changer des ruelles crades de la Capitale où les gens sont parqués pour survivre. Comme si personne ne voulait les voir.
Mais son regard se perd sur une tout autre beauté : une jeune femme aux cheveux roux. Elle est vêtue de vêtements tout aussi sombre que la seigneur du château. Peut-être est-ce la les couleurs officiels des Tolevira ? Mais au vu de l'échange entre celle-ci et sa sœur ils sembleraient qu'ils aient un point commun : ils aiment tous les deux les femmes. Ça ne doit pas être pratique pour un mariage qui doit se conclure par un héritier.
Le jeune homme boit et mange ce qu'on lui sert. Lorsqu'on a vécu aussi longtemps dans la pauvreté on a appris à manger de tout et ne refuse donc rien de ce qu'on lui apporte. Une fois qu'ils sont tous les deux dans le salon, le jeune homme repousse son verre avant de commencer à parler.
- Je suis venu prévenir ton père que sa femme est morte. Mais il semblerait que j'arrive en retard.
Akhlys ne semble absolument pas désolé par la mort du paternel qui l'avait traité de tous les noms quelques semaines auparavant.
Sais-tu qui sont ses assassins ? Je doute que tu réussisses à t'en sortir seule sur ce coup-là, sœurette.
Dit-il presque ironiquement. En réalité, il n'a aucune idée de comment se comporter face à cette personne qu'il n'a jamais vu et lui a tout volé. Si son objectif a vraiment été d'assassiner son père et sa mère pour avoir tout pouvoir il serait vite fixé avec l'existence de quelqu'un pouvant menacer son héritage.
Il pense naïvement que j'ai besoin de lui. Mais, avec les informations qu'il vient de me donner, j'ai toutes les clés en main pour y arriver seule. Cependant, je ne vais pas jeter un pion à la poubelle... Si je peux tirer profit de lui, je vais le faire. Un détail me tracasse pourtant... Il se pourrait qu'il fasse partie de ce groupe que je vais chasser. S'ils apprennent que je sais trop de choses et même que je compte m'en prendre à eux, ça risque de barder pour moi. Agissons de manière intelligente. Je n'ai pas la possibilité de lui tirer les verres du nez, je ne vais pas le torturer s'il y a une chance qu'il soit innocent. Je ne suis même pas sensée connaître l'existence de mon frère, en fait. Je vais jouer la surprise. De toute façon, c'est certainement préférable de ne rien lui révéler même s'il est mon frère... Il risquerait de me mettre en danger.
Il serait malgré tout intéressant de savoir s'il s'agit bien de mon frère. Comment m'y prendre? Je vais voir sa réaction et la suite de l'échange. Un espion aurait probablement prévu de quoi se rattraper dans cette situation. Je pourrais tenter de trouver d'où il a eu ces informations...
Voilà. Une occasion de s'en sortir en or pour un espion... La seule personne qui aurait pu lui donner cette information en tant que frère, c'est notre mère.
Perdu dans ses pensées, il fait de nouveau attention à son interlocutrice.Son regard qui semblait lointain semble de nouveau devenir méfiant et acéré. Presque comme mauvais.
- Non, c'est la servante qui a aidé a accouchée qui est morte. Ma mère m'a tout raconté. Pourtant, j'ai vu notre père il y a seulement quelques semaines de cela. Après un échange très peu appréciable il m'a envoyé chier en disant qu'il avait honte de moi et de ma mère. Du coup, tu penses bien qu'il va vraiment me manquer.
Fit-il bien évidemment ironiquement. Il n'a jamais apprécié cette mascarade d'homme. C'est un chien tout au plus.
- Mais vu qu'il n'est plus de ce monde. Je souhaite uniquement connaitre les responsables. Je pensais à un simple crime de quartier mais vu que ça s'est passé simultanément il y a peu de chances que ce soit le cas, n'est-ce pas ?
Même un idiot pourrait être capable de le voir. Il semblerait que le meurtre soit un signal.
- Et qui sait si nous sommes les prochains ?
Le jeune aventurier semble attendre la suite des questions. D'un air étrangement intéressé, toute cette histoire était pour ainsi dire louche.
Il tient vraiment à connaître les responsables... Dois-je lui dire? Ce serait plus prudent de le laisser dans l'ignorance par précaution. Sa chute pourrait entraîner la mienne. Il y a bien une chose que je peux faire pour me mettre en sécurité, à ce stade...
Parfait. Voilà comment je vais utiliser ce pion... Il portera le chapeau si je suis vue. Pendant ce temps là, ils penseront que je préfère me tenir sage pour ne pas avoir de problèmes. Akhlys, mon frère... Tu vas me servir de bouclier. Je vais tâcher de contacter un espion compétent pour réunir des informations dont j'ai besoin... Puis j'exécuterai moi-même le travail. Dès que j'en aurai les outils.
Hum. Il me manque quelque chose. Il est venu voir mon père il y a peu... Il s'est fait renvoyer de manière très brusque, et quelques levés de soleil plus tard, un secret tenu depuis plus de vingt ans éclate. Ce serait ça? Le véritable coupable serait-il mon frère? Non pas qu'il aie assassiné de ses mains, mais provoqué par un manque de discrétion. Je dois clarifier ça...
Mes muscles se tendent, alors que je me concentre pour maintenir un air neutre, impassible. Je dois m'assurer qu'il réponde honnêtement en lui faisant croire que ça nous donnerait une piste. Que faire s'il s'avère qu'il a causé tout cela? Il n'est personne, qu'est-ce que ça ferait si je le tuais? Non. Je ne peux pas gaspiller un pion... Pas maintenant. S'il est encore en vie au terme de mes plans, il sera le dernier nom sur ma liste...
- Je ne sais pas comment ils ont tué notre père. Ma mère a été tuée d'une dague nette dans le coup. Ce n'est pas le symbole d'hommes courageux ou braves. Ils ne valent pas mieux que des fumiers, ces sales bouffes-merdes.
Le jeune homme prétendant être son frère semble s'énerver plus qu'il n'en faut. Soit c'est un très bon comédien soit ce qui est arrivé le touche vraiment. Ses poings se serrent sous l'impulsion de la colère et en entendant la réponse de sa sœur.
- Oui après tout ce n'est pas SI grave que ça. Il n'y a que ton père qui est mort. Les nobles adorent les mariages, la famille et faire des enfants. Au moins ça leur en fait plein de rechanges à cause de tous les assassinats. Je suis bien heureux que ce soit mère qui m'est pris et non père si c'était pour devenir comme toi : froide, impassible et incapable de pleurer la mort d'un proche.
Son esprit ressasse ses échecs en tant qu'aventurier, de ne pas être apprécié au sein de sa seconde famille et la mort récente de sa mère. La colère finit par l'emporter et il tape, à l'aide de ses deux poings, sur la table. Tout ce qu'il avait accumulé ces derniers jours étaient ressortis en un coup et avoir face à lui la seule personne qui était censé l'aider ne rien faire était sur la cerise sur le gâteau.
- Oui j'ai parlé à quel point notre père était un idiot et qu'une personne aussi exécrable devait mourir, ce qui semble s'être concrétisé. Pourquoi ? Pourquoi tout à coup tu as une idée ou tu sembles intéressée ?
Pourquoi semble t-elle changer aussi rapidement d'idée et d'opinion ? Méfiance.
Tout est parfait. Vu son caractère et son implication, lui faire porter le chapeau sera un jeu d'enfant... Je ferai les dépenses nécessaires et mettrai tout en place pour paraître des plus innocentes.
Je me relève et m'approche de la porte pour l'ouvrir et montrer la sortie à mon jumeau. Cet entretien n'a pas besoin d'être plus long: j'ai eu toutes les informations que je souhaitais, sans en révéler trop.
Toujours armé de mon insolent sourire impassible, je reste immobile en le regardant droit dans les yeux attendant qu'il déguerpisse. Je ne doute pas qu'il quittera les lieux avec plaisir.
- Même pas curieuse de savoir ce qu'elle faisait ? C'était une prostituée, une pute. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'elle a dû vivre seule avec un enfant abandonné par ce père noble et irresponsable. Qui sait, peut-être est-ce même comme ça qu'ils se sont rencontrés ? Qui sait ?! "Rien contre moi ?" "Voulait juste me chasser ?"
Répond t-il hagard, ne buvant aucunes des paroles de sa prétendue sœur. Il n'avait qu'une seule envie c'est de partir et de tout démolir. Mais il réussit étonnement à se contenir. Il sait qu'un geste brusque lui vaudra d'être transpercé de milles épées.
- En attendant, tu n'as aucune preuve pour justifier tes dires. Juste passer à autre chose ? Si ce que tu dis est vrai. Si tu commets une connerie ils vont aussi venir me voir comme ils ont tué maman à cause de ton père ? Et ton discours ne fonctionne pas sur moi. Seulement les gens qui tuent sont responsables de leurs actes. Je ne suis pas leur meurtrier.
Répond t-il comme une tête de mule.
- Tu as au moins raison pour une chose : il vaut mieux que je parte de ce stupide château. Adieu fausse sœur, espérons ne jamais nous recroiser.
Son regard se porte un instant sur l'extérieur et celui-ci peut voir que le soleil commence à se coucher. Il est trop tard pour commencer le chemin de retour en direction de la Capitale. Heureusement qu'il a toujours un peu d'argent avec lui. Il peut tenter sa chance à l'auberge. Son regard mauvais et implacable se pose sur Arya avant de tourner les talons pour sortir du salon.
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