DORAGO Métèria

Je suis née dans un petit village de pécheur au nord-ouest. Aînée d’une fratrie de six enfants, mon destin était tout tracé… Mariage avec un pêcheur du village vers seize ans, premier enfant vers les dix-sept ans… C’était sans compter mon caractère de gamine chiante et indépendante ! Mon pouvoir s’est manifesté durant ma septième année en même temps qu’une passion pour la natation en mer. Les harpons et tridents sont vite devenus mes amis les plus fidèles au fur et à mesure que je fuyais les enseignements de ma chère maman. C’est en discutant avec un garde civile venu de la Capitale pour une opération de routine que je me suis forgé un avenir bien à moi. A la Ville Aquatique, loin au sud de mon village, la Garde aurait une unité maritime reconnu pour être la crème de la crème. Des soldats formés au combat sur et dans l’eau ! Des gens passionnés par la mer comme la petite fille de onze ans que j’étais. Cela ne fut pas simple de convaincre mes parents de me laisser partir faire mes classes à l’Académie de la Garde. Ce n’était pas un “bon” parcours pour une femme à leurs yeux… Ils essayèrent de me priver de sortie en mer, de me contraindre à être une bonne fille comme ils le voulaient mais mon avenir, c’était celui que je m'étais choisi pas un autre. En désespoir de cause, ils me laissèrent partir priant pour que l’Académie ne me convienne pas et que je revienne rapidement.

Mes années à l’Académie furent dure et éreintante. Loin de la mer, j’excellais uniquement quand il s’agissait de sauter à l’eau pour des actions marines. Mais pour autant, jamais je ne me suis avouée vaincue. La mer et le travail manuel au village m’avait déjà taillé un corps robuste apte à subir les outrages de l’apprentissage de la Garde. Plus que jamais, mon choix était fait. J’allais devenir Garde et intégré la Brigaderie de la Ville Aquatique !

A la fin de mon cursus à l’Académie, mes parents voulaient que je revienne au village pour me marier et que je cesse mes “bêtises” pour respecter l’ordre naturel des choses. Autant dire qu’il a été hors de question de rentrer. Doué pour toutes les activités allant du bateau à la nage, on m’a naturellement affecté à une unité côtière, d’abord loin de mon objectif. Une petite unité sans grande prétention mais où la polyvalence était de mise. Mon service y a duré deux années avant que l’on juge que mes talents seraient mieux employés ailleurs. En l’occurrence, à l’unité navale du Grand Port. Pas encore mon objectif mais une belle nomination pour la roturière que j’étais. Quatre années ont défilées avant que je ne change encore d’affectation. Quatre années que je n’ai pas vu passer tellement elles étaient intenses et passionnantes. Mais cette fois, c’était la bonne ! La Brigaderie de la Ville Aquatique ! L’unité marine par excellence, objectif de la vie que je voulais. Malgré mes capacités personnelles, l’intégration dans cette unité ne fut pas de tout repos. J’ai eu l’impression de revenir sur les bancs de l’Académie pour apprendre à me battre non-plus sur l’eau mais sous l’eau !

Nommée Lieutenant de la Brigade Marine à 24 ans, mon objectif personnel avait évolué… Toujours plus forte dans l’eau, ma place était assurée mais j'aspirais à du changement… Sortir de ma zone de confort. Mais bon, les bestioles marines, c’était amusant quand même et elles étaient bonnes à manger aussi. Trois ans après être passé lieutenant, une proposition échoua dans ma case. Devenir Capitaine dans la Garde Civile dans un coin paumé du Royaume… Le grade en lui-même était attirant, le poste assez peu intéressant… Alors, j’ai refusé, préférant continuer à être simple lieutenant à la Ville Aquatique.

Une nouvelle promotion s’est échouée dans ma case il y a quelques mois. Capitaine de la Civile à la Capitale… Une occasion à ne pas rater cette fois pour la lieutenant en manque de nouveauté. Nouvelle vie, nouvelle obligations et une nouvelle lieutenant ! Elle est un peu bizarre par moment mais je l’aime bien. Il y a aussi le collègue Al Rakija, un joyeux luron celui-là, il faudra que je lui propose une petite course mêlant course à pied et nage, après deux-trois bières, il y a moyen de bien rigoler. A moins que je propose ça à l’intérimaire de la Garde Royale, il a l’air sympa lui aussi.