L'employé essaya de se défendre, mais ces arguments sonnaient aussi faux que ceux d'un ado. Keith soupira, avant de faire de lui un exemple, et le congédia. Béni soit cette nation où l'on pouvait renvoyer et embaucher à tour de bras. Que l'ère des bourgeois ne se termine jamais ! Néanmoins, l'entrepreneur était tout de même une pensée sympathique pour son ex-employé. Cet homme avait une famille, des dettes, mais s'il ne faisait pas bien son travail, ce n'était pas à Keith de le payer inutilement. Il n'en était pas à son premier avertissement, comme on peut se laisser aller ainsi...
Retournant dans sa loge privée de son hippodrome, à quelques étages au-dessus d'où il se trouvait, avec une vue prenante sur la piste, Veriano se remit à travailler ensuite. Au bout de quelques heures assit là, il ouvrit une petite porte du meuble de son bureau pour en sortir une bouteille, mais déposé contre sa bouteille, une enveloppe. Percée d'une plume noire. Serait-ce...? Le jeune homme s'en empara et lu le contenu. Peu de mots. Mais suffisamment. La Dame corbeau repasserait le visiter. Keith attrapa le nœud qui attachait ses cheveux et le tira. Se servant de ce fin morceau de tissu, il attacha la plume à la devanture de sa fenêtre. Si elle repassait dans le coin, elle pourrait voir par là qu'il avait reçu le message, comme ça. Il retourna à son bureau et prit son verre.
Quelques jours plus tard, Keith était seul dans son hippodrome. Les gardes avaient reçu l'ordre de ne surveiller que les entrées, les sorties et les écuries. Pas l'enceinte. L'endroit où il attendait son agent. Il était posté dans la cour, à ciel ouvert. La demi-lune parfois cachée par quelques nuages n'éclairait que peu l'endroit. Et à vrai dire, Keith semblait plus alerte sur ses deux oreilles et d'éventuels bruits d'ailes et de froissements d'air que sur ses yeux. Il avait beau bien se débrouiller dans l'obscurité, il n'en était pas pour autant nyctalope. Il attendit donc ainsi, guettant l'arrivée d'autrui.
Une fois une liste étayée obtenue, mes yeux jetèrent leur dévolu sur toutes sortes de crasses que pouvaient amasser ces commerces. Certaines d'entre elles se dégagèrent peu à peu des autres, puis une seconde liste apparut.
Après avoir organisé le tout, j'envoyai un corbeau annoncé à Sir Veriano notre prochain rendez-vous. Une plume et un simple message annonçant l'heure et le lieu du rendez-vous. J'avais choisi son hippodrome comme lieu d'échange. Pourquoi ? J'avais une grande porte de sortie... Et puis, cela pouvait au moins le mettre en confiance.
La nuit du rendez-vous arrivée, c'est une nuée de corbeaux qui survola l'hippodrome. Après m'être assuré que les gardes ne nous embêteraient pas et avoir déposé plusieurs volatiles comme sentinelle sur la route, j'atterris en plein centre de l'hippodrome. La nuée de corbeaux forma peu à peu un corps, et j'en sortis. Mon client n'était pas bien loin, je le rejoignis en marchant d'un pas assuré.
"Jeux, argent, courses... Un lieu représentant parfaitement la cour et leurs objectifs, hm ? Et avec mon aide, vous voilà maintenant dopé." Ricanais-je.
"J'ignore si l'on peut dire que mon hippodrome représente la cour au vue de notre couple royal, mais il est certain qu'il exhibe mes intérêts."
Keith regarda la femme qui lui faisait face, le mois ne l'avait pas tant changé, mais par rapport à leur dernière rencontre, elle arrivait tout sourire, au lieu de partir contrariée. Cette différence était de bon augure et il espérait bien que cet état d'esprit perdurerait pour le bien de leur relation professionnelle. Mais l'un comme l'autre, il était préférable de ne pas traîner ici bien longtemps.
"Je vous entends rire de votre réussite ma chère, puis-je avoir les détails pour lesquels vous aurez une compensation bien suffisante ?"
Keith réajusta son manteau, duquel un léger tintement de pièces se dégagea. Il avait promis une récompense égale à la somme déjà versé et sans nul doute qu'elle n'avait pas oublié ce passage de leur précédent échange. Le jeune homme se sentait plutôt enthousiaste à l'idée d'avoir une scierie dans les semaines à venir et son sourire se dessina à cette pensée.
Je chassai cette conversation d'un revers de la main, me focalisant maintenant sur notre affaire. J'organisais une dernière fois mes informations dans ma tête. Il faut dire qu'un mois de recherche apporte beaucoup, le tri est une passe non-négligeable et se montre souvent dur à réaliser. Après tout, un renseignement inutile un jour peut devenir une arme redoutable par la suite.
Le doux tintement des cristaux me tira de mes pensées. L'argent était là alors autant commencé.
"Nombreuses sont les scieries que j'ai visitées, mais l'une d'entre elles a retenu le plus mon attention. Elle a été désignée sous trois critères : la productivité, les revenus, et la proximité à la capitale. La scierie Clairval se trouve à l'est de la capitale, au bord d'un fleuve."
Vous n'imaginez pas à quel point cela a pu être fatiguant de dresser une liste des scieries productives. Une bonne partie du mois est bien passée à cela.
Je laissais un petit temps avant de continuer sur la manière d'obtenir cette scierie. C'était après tout ce qui devait le plus l'intéresser.
"Depuis quelque temps, un malheur s'est abattu sur le campement de bûcheron... Des brigands très bien informés ont pris en otage l'entièreté des familles des travailleurs. Aucun moyen pour ces travailleurs de se rebeller, d'informer la Guilde ou la Garde... Ces pauvres gens ont besoin d'un héros et d'un guide. Pourquoi pas vous ? Les otages sont retenus dans une grotte un peu plus au nord du campement. Il vous suffirait d'envoyer quelques-uns de vos hommes pour vous débarrasser des bandits, et le peuple vous mangera dans la main. Annoncez ensuite que cette équipe était d'abord présente pour négocier l'achat de la scierie. Le patron n'aura très certainement qu'une idée en tête : fuir avec sa famille dans un endroit sûr. Pour lui, vous serez doublement un sauveur... Et si cela ne fonctionne pas, jouez sur cette corde sensible, il pourrait vite revenir sur sa décision."
Imaginez le travail requis ici... J'ai dû passer sous rumeurs ou bruits de tavernes plusieurs renseignements pour que les brigands soient appâtés : rendement, mais aussi des informations sur cette grotte, sur les familles, mais surtout sur l'absence de garde. Ils ont vu une sacrée opportunité de se faire de l'argent avec ça. Tout leur avait été donné !
Je laissais un silence supplémentaire, le temps de laisser digérer le client pour passer aux avantages de cette scierie.
"Mais pourquoi ais-je donc retenue celle-ci, hm ? Tout d'abord, elle fait partie des meilleures que j'ai niveau productivité et rente. Ensuite, sa position est parfaite : à une soixantaine de kilomètres de la capitale, en plus d'avoir un fleuve comme moyen d'export. Et enfin, les doutes pesant sur votre entreprise seront parfaitement limitées. Qu'en dites vous ?"
Keith posa son coude dans sa main, et vint triturer son menton et ses méninges. Il restait silencieux. Longtemps. Tout ce qu'il venait d'entendre, il se rappelait tout ce qu'elle lui avait raconté pour savoir comment en tirer parti. Elle l'avait dit elle-même, mais sa solution nécessitait de chasser les brigands. Une mauvaise transaction, un faux pas, et la scierie sera connue comme les lieux d'une sanglante boucherie. De quoi rendre superstitieux les travailleurs et encourager les rumeurs. Négocier... Après tout, c'était son fort. Mais négocier une prise d'otages ou un contrat juteux, cela n'avait décidément rien à voir. Ne soyons pas plus présomptueux...
"J'en dis que tout cela me semble très alléchant. Avez-vous donc des documents concernant la scierie Clairval ? Je voudrais y jeter moi-même un oeil. Et j'aurais d'autres questions." Son sourire regagna timidement ses lèvres. Apparaissant avec grande lenteur au fil de ses mots. "Avez-vous la capacité de contacter ces brigands ? Et quelconques talents en matière de falsification de documents ? Naturellement, cela ne faisait pas parti de notre accord de base et j'augmenterais votre rémunération en conséquence. Si tout ce que vous m'avez dit est vrai, j'ai d'autant plus envie de faire appel à vos services à l'avenir."
Les mains de l'héritier Veriano vinrent se reposer le long de son corps, attendant les réponses de la Dame. Falsifier les documents m'est tout à fait possible, mais sans les atteindre, ce serait impossible. Et avoir quelqu'un pour le faire à sa place dans les nuits les plus noires serait un avantage non négligeable. Il pourrait extorquer de coquettes sommes d'argents, mentir sur les revenus et le plus important : cacher la majeure partie de ses activités. Keith ne doutait pas qu'un jour, lui aussi serait la proie d'espions et de voleurs. D'où l'importance de se préparer. Un réseau d'espionnage complet, ainsi que de faux documents destinés à mentir aux voleurs... Voilà de quoi couvrir ses arrières.
"Je n'ai pas pour habitude de donner des documents écrits. Néanmoins, pour faire preuve de bonne foi... Je peux faire entorse à mon règlement. J'aimerais cependant que vous réécriviez les notes qui vous intéressent si vous souhaitez en garder. Vous me rendrez ainsi les originales. Marché conclu ?"
Après avoir obtenu son accord, je sortis un carnet d'entre ma poitrine, arrachais quelques pages et les lui tendis. Je l'observais avec attention manipuler les feuilles, guettant des gestes suspects. Une fois les feuilles en ma possession, je les rangeai à nouveau puis continuai.
"Pour ce qui est de contacter les truands, cela est dans mes cordes, oui. Je peux vous servir d'entremetteur. Enfin, en ce qui concerne la contrefaçon, je n'en suis pas à ma première fois. Peu nombreux sont les personnes capables de décerner mon travail du vrai."
Je le regardais satisfaite, n'attendant plus que de recevoir mes cristaux si durement acquis. Cristaux qui, je l'espère, signe un long partenariat avec la famille Veriano. La paie et les avantages que m'apportent ces affaires sont des plus appâtant.
"Si vous avez fini... Parlons maintenant récompense."
"Je n'aurais pas besoin de plus voir ces documents, je vous remercie."
Grâce à son pouvoir, Keith pourrait revoir la scène plus tard et tout réécrire proprement pour lui. La Dame continua de répondre à ses questions, et il l'écouta comme si son avenir était en jeu. Ce qui était le cas, quelque part. Elle se vantait de fournir un excellent travail de faussaire. Il devrait en juger par lui-même par la suite, mais c'était toujours ça de prit. Malmener ses adversaires par la désinformation serait un excellent moyen de défense.
"Je vous demanderais alors d'interagir avec eux. J'aurais besoin de gros bras pour les sales besognes, et j'aimerais leur proposer un accord mutuellement bénéfique. Je vous transmettrai bientôt une missive, des instructions et une bourse à cette fin. Et en parlant de bourse, il est en effet l'heure pour vous d'être rémunérée."
La sachant sur le qui-vive, il ne fit pas de gestes brusques, et sorti de la poche de son manteau une bourse, semblable à celle de la dernière fois. Puis, il en sorti une autre, plus petite, mais dont les cristaux dépassaient du cuir. Il tendit les deux petits sacoches à la Dame Corbeau, attendant qu'elle fasse le pas de les prendre.
"J'apprécie votre travail, et j'aimerais continuer cette collaboration, comme convenu. Voici un petit supplément comme gage de bonne volonté et pour vous faire parvenir ma satisfaction. J'aimerais également avoir un moyen sûr de vous contacter directement et de disposer d'un signal, connu seulement de nous deux."
Les bourses ne tardèrent pas à faire leur entrée. Je les recevais et en inspectais le contenu, satisfaite du montant. Si les primes se trouvaient aussi juteuses, j'avais décidément bien fait d'accepter cette affaire avec les Veriano.
"A moins que vous n'ayez des pierres de communication pour nos échanges, je peux tout simplement vous proposer d'envoyer vos messages "Au chat noir", une charmante auberge de la capitale. J'y passe régulièrement pour y récupérer mon courrier."
Le tenant est un homme de parole. Je sais qu'il ne risque pas de me trahir... Et puis, il n'a aucune raison de le faire. Il sait très bien que sur le long terme notre accord paiera plus que n'importe quelle prime qu'il pourrait bien recevoir pour donner la lettre à un autre. Il faut dire qu'à chacun de mes passages, le bougre a le droit de recevoir un joli paiement.
"Et si vous avez trop peur que le message soit divulgué. Nous pouvons nous mettre d'accord sur un code. Placez seulement une plume noire dans la missive, accompagnée d'une date, et nous nous rencontrerons ici même à la date convenue après la tombée de la nuit."
J'attendais un instant avant de reprendre.
"Je n'oublie pas non plus notre précédent accord. Si je dois vous contacter, car quelqu'un veut vous faire espionner par exemple alors je déposerai une plume et une date sur votre bureau ou à votre fenêtre. Cela vous convient-il ?"
"Très bien, nous passerons pour cette auberge pour communiquer. Et vous pouvez toujours laisser une date et une plume à mon office de l'hippodrome. J'ai l'intention d'user de vos talents à plusieurs reprises, alors cela pourrait être bénéfique si jamais une personne qui ne devait rien lire de tout cela tombait dessus. Au pire un espion, au mieux un employé."
Keith sembla réfléchir ensuite. Elle remettait leur précédent accord sur le tapis. Évidemment, ce n'était pas négociable cela. Il hocha de la tête quand elle en fit mention. Mais il pensait. La Dame Corbeau serait plus à l'aise que lui pour connaître les petits établissements qui pourraient le servir de couverture. C'était son univers après tout. Par commodité, il s'était dit que des tavernes offraient suffisamment de diversité pour permettre aux hors-la-loi de se reposer, mais il y avait peut-être mieux ?
"Bien sûr, cet autre accord ne change pas. J'aurais une question d'ailleurs. Avez-vous des petits établissements en tête, tavernes, maison close, maison de jeux ou autres dont le commerce bas de l'aile ? Je ne suis pas à mon coup d'essais dans l'embauche de personnes de votre trempe, chère Madame. Et votre bien-être me préoccupe autant que celui du reste du peuple. Puis-je savoir si certains commerces de votre connaissance pourraient être rachetés pour en avoir la tutelle ? Chacun de ces commerces seraient autant d'havre de paix pour les gens comme vous."
Revenant à la question, je me creusais la tête pour trouver une réponse convenable. Plusieurs lieux me venaient en tête quant à leur qualité en tant que planque. J'ai bien fait mes devoirs et me suis renseigné sur les tenants. Surtout que le quartier ne m'est pas inconnu, j'ai donc eu du temps pour m'instruire. Cependant, l'information quant à leurs intentions de vendre me manque.
"Dois-je comprendre qu'en échange de ces informations, vous me donneriez accès à ce réseau ?"
Avant de discuter réponse, voyons ce que j'y gagne. J'attendais confirmation d'un marché avant de reprendre en inscrivant des informations sur une page de mon carnet.
"Nombre de ces commerces est affilié à des organisations criminelles. Soyez donc prudent lors des négociations, il n'est pas rare de se débarrasser de l'acheteur après avoir reçu l'argent. Ensuite, parlons concret. J'écris en ce moment même une liste de lieux étant de bons candidats pour servir de planques. Les critères sont simples : plusieurs sorties, dont certaines permettant de sortir inaperçu du quartier, voir même de la capitale dans les meilleurs cas. Le lieu doit être assez discret pour que l'on ne pose pas de question sur la soudaine richesse de l'un ou de l'autre. Et enfin, le lieu n'est pas tenu - d'après mes dernières recherches - par une quelconque organisation. J'ajoute que la plupart des tenants ne sont pas faciles à vivre, étant souvent d'anciens criminels. Certains sont plus têtus qu'une mule."
Je lui refilais la liste. Une petite dizaine de noms y était inscrit avec leurs localisations et leur principale fonction. Tavernes et bordels se battaient la majorité des places, tandis qu'une maison de jeux assez discrète et un receleur camouflé en antiquaire offraient aussi refuges à de nombreux agents des ombres.
"Si notre collaboration se prolonge, vous y auriez accès. Soyons clairs, je n'ai pas pour but de tout garder comme un enfant gâté. Je veux m'assurer que tout le réseau souterrain de notre Royaume soit propice à l'épanouissement de ses sympathisants. Les gens tels que vous qui sont déclarés comme hors-la-loi, méritent tout autant que les autres d'avoir un système qui les accueillent. Un endroit où vous sentir chez vous et en sécurité. La Royauté ne voit pas tout le potentiel que vous représentez pour une civilisation et vous exile à vue. C'est une erreur de discernement que je ne me vois pas commettre. Donc pour vous répondre encore une fois, oui, c'est un réseau dont vous pourrez vous servir vos pour vos affaires personnelles une fois qu'il sera mis en place."
Keith écouta les informations que lui donnait son mercenaire corvidé et attrapa la liste. Il l'étudia rapidement en relisant à voix basse chaque info, et il repassa la feuille à la Dame. Ne pas garder de preuves matérielles semblait lui tenir à cœur, donc mémoriser la liste serait suffisant.
"Je vous remercie pour cela. Je sais que les personnes qui vivent aux limites de la loi ne seront pas toutes favorables à mes projets, voire même essayeront de me faire disparaître, mais on ne se refait pas. Quant à vous, si vous êtes toujours disposée à m'aider, vous aurez de quoi profiter d'une retraite fortunée. Qu'en dites-vous ?"
Je hochais de la tête satisfaite, un léger sourire sur mes lèvres. Les informations que je lui avais données avaient l'air de lui plaire. Je rangeais alors le morceau de papier sur moi et inclinais ma tête.
L'homme parlait souvent de ses projets, et ma curiosité ne pouvait s'empêcher de me pousser à me demander ce que ce noble pouvait-il viser, bien que j'avais quelques idées. En général, c'est la soif de pouvoir qui pousse à ce genre de plan... Reste à savoir si mon employeur était un homme que l'on pouvait juger simplement.
L'appel de la fortune m'éveilla et j'inclinais ma tête en sa direction, une main sur le cœur.
"Bien sûr. Tant que l'argent est là, je satisferais vos envies du mieux que je le peux."
Je laissais un petit instant de silence avant de continuer.
"Si vous en avez fini, permettez moi de me retirer. J'espère refaire affaire avec vous le plus tôt possible. J'attendrais vos messages en ce qui concerne la scierie et les bandits. Bonne soirée, Sir."
Un dernier geste de tête, j'attendais de terminer les échanges de politesse avant de me retirer dans la pénombre puis de disparaître dans le ciel en une nuée de corbeaux.
"Vous aurez bien assez d'argent. Je vous recontacterais dès que vos services me seront judicieux. Passez une excellente nuit, ma chère."
Puis, il la regarda disparaître. Il devait avouer ne pas tout cerner de la Dame. Et c'était bien normal, ils ne s'étaient vus que deux fois et très peu de temps en prime. Elle voulait sûrement une retraite confortable, pensait l'entrepreneur. Son corps de métier ne lui permettrait pas d'attendre un âge vénérable, et elle devrait sûrement engranger une fortune avant que son corps ne puisse plus supporter son genre d'activité. Cela me surprendrait qu'elle devienne fleuriste à sa retraite. Et il était le genre d'homme qui pouvait favoriser les projets que la Dame nourrirait. Sa loyauté était encore à prouver, mais sans doute que l'amadouer avec des sommes rondelettes suffirait pour débuter. La suite attendrait.
Keith frissonna, seul dans la nuit, et s'en retourna à son carrosse. Là, un garde et un cocher l'attendirent. Le garde eut ordre de faire reprendre à chacun leurs activités de rondes habituelles, et le cocher de ramener son employeur à sa demeure.