Une fois arrivé, il mit pied-à-terre, et toqua à la porte, cherchant à présent la présence d'une certaine Phore Maita. Une fois qu'il s'assura de l'identité de la personne qui habitait en ces lieux, il lui remit une lettre. L'homme resta planté devant elle et attendit patiemment qu'elle puisse lire la missive en toute quiétude.
Chère Madame,
Je me présente, Keith Veriano, le propriétaire de plusieurs ranchs et d'un hippodrome, à la capitale. J'ai de fait de nombreux animaux en ma compagnie, et leur bien-être me tient énormément à cœur. J'ai eu vent de vos compétences tout à fait incroyables en matière de guérison, et je souhaite ainsi vous proposer un poste de vétérinaire à la capitale, dans mon entreprise. Je vous offre un logis avec de l'espace pour vous et vos amis les bêtes, tous les frais de transports et de déménagement seront à ma charge.
Je vous prie de considérer cette demande avec beaucoup d'importance, car nous avons ici plusieurs animaux blessés, ou même fragiles, dont vos bienfaits leur permettront de retrouver leurs vies et d'échapper à la douleur. Ici, nous manquons cruellement de personnes de votre talent, et des prouesses telles que les vôtres sont fortement rares.
J'espère avoir bientôt de vos nouvelles, et le messager de cette lettre sera tout à fait à même de vous aider et de vous escorter si vous lui en faites la demande. Son carrosse est à votre disposition.
Soyez assurée de toute la considération que je porte à vos talents, et de la hâte que j’éprouve à l'idée de vous rencontrer en personne.
Bien à vous, Veriano.
Peu habitué à lire, je galérais sur certains mots, mais de ce que je comprenais, c’était encore un riche qui voulait que je l’aide. Un peu comme Sphérany. Je fronçais les sourcils en comprenant qu’il voulait que je déménage. Quitter la maison de ma mère était impensable. Encore moins avec le nombre de familiers qui comptaient sur moi. Tout ça me donnait mal au crâne. C’était la fin de journée et j’étais fatiguée. Mais y’avait des bestioles dans le besoin, je pouvais au moins faire le déplacement pour cette fois.
- Vas-y j’viens, partira d’main, pouvez dormir ici s’vous voulez.
Oui, le premier village était loin, et j’allais pas le laisser seul dehors. J’étais silencieuse, il ne prenait pas de place, se faisant discret, mais je n’aimais pas les humains. Et malheureusement, il en était un. En plus, il allait m’emmener en voir d’autres. Terrible chose que voilà. La nuit passa bien trop rapidement à mon goût, et c’est tôt le matin que je fermais ma maison, les familiers avaient leurs propres moyens de sortir. Ils seraient tranquilles.
Le trajet fut long, bien trop long, prenant la journée entière. J’avais pris mon matériel de base, sachant pertinemment que de toute façon, je pouvais me servir de mes pouvoirs pour soigner. Surtout que j’avais acquérie peu de temps auparavant un objet spécial me permettant d’utiliser mon énergie pour soigner les cibles. Ouvrant ainsi de nombreuses possibilités pour sauver des vies. Tout ça parce que j’avais sauvé la vie d’un trou du cul qui s’était frotté à plus fort que lui. Et c’est en fin de journée, en ayant mal aux fesses que nous arrivions à la capitale. Une ville bien trop grande. Avec un nombre de personnes se baladant partout tout simplement ahurissant. Mal à l’aise, je me fis toute petite dans mon coin, observant discrètement les rues. Bruyante, désagréable, tel était l’impression que j’avais en voyant la ville.
Il m’amena devant un immense bâtiment. Bien plus grand que ma maison, peut-être même aussi grand que le terrain autour de chez moi. J’ouvris de grands yeux en sortant du carrosse. Je me sentais petite, si petite. Un hippodrome. Je savais même pas ce que c’était. Certes. Tant pis. Traversant les couloirs, il m’emmena voir l’homme qui voulait me voir. Moi qui étais venu soigner les animaux. C’était raté.
La journée était bien avancée, quand on vint toquer à sa porte. Un employé qui lui disait qu'un cocher était revenu de sa mission. Celui pour ramener une certaine Maita. Keith était encore occupé avec ses papiers malgré la journée qui venait de s'écouler. Certaines questions restaient en suspens, et il devait vite trouver une solution. Des bénéfices étaient en jeu ! Mais en regardant sa feuille, il n'y pensait plus, il devait bien se dire qu'une pause lui serait profitable. Il déposa sa plume dans l'encrier, et se frotta le visage un peu. Veriano s'étira et demanda à son employé de faire entrer son invitée.
Lorsque celle-ci franchit le pas de la porte, il se leva et fit quelques pas dans sa direction.
"Madame Phore, soyez la bienvenue ! Je suis ravi de vous voir ici, merci d'avoir répondu à mon invitation. Je me présente en personne, Keith Veriano." Il fit une pause, visiblement un peu gêné. "Navré de me montrer si cavalier et hâtif, mais pendant que nous parlons, pourriez-vous m'accompagner aux écuries ? Nous avons une jument qui souffre d'une mauvaise chute, et si vous aviez la capacité de la guérir au plus vite pour son bien, je vous en serais d'autant plus reconnaissant."
Keith fit signe à la Dame de l'accompagner si elle le voulait bien. Quelques étages plus bas, le pauvre canasson avait trébuché lors d'un entraînement avec son précepteur, Ou quelque chose comme ça, je n'étais pas là, et depuis, le cheval souffrait. Les vétérinaires n'étaient pas toujours fins connaisseurs, et les pouvoirs de soin se faisaient rares en ces jours. Les compétences de Maita seraient grandement appréciées.
En plus il utilisé des mots compliqués. Cavalier, pourquoi il me parler de ceux qui monter à cheval ? Mais en tout cas, il semblait pressé. J’hochais la tête silencieusement. Oui, si y’avait un cheval à soigner, je pouvais le faire. Même après une journée de merde comme ça, dans un endroit bien trop grand à mon goût. Je le suivis donc dans les étages.
- S’pour juste un ch’val qu’vous m’avez fait v’nir? Y’a personne dans c’te ville qui pouvait l’faire ?
Oui, franchement, une journée complète de route, pour une mauvaise chute. Fin j’avais d’autres truc à faire que ça. Moi aussi j’avais des bestioles chez moi. Et quand elle se blesser, en générale c’était pas à cause d’une petite chute à la noix. Une patte cassé c’était rien.
"Je dois vous avouer que j'ignore quel est le degré de gravité de cet incident, mais mes employés n'arrivent à rien. Ce qui explique que j'ai dû faire appel à vos services pour le bien-être de nos animaux." Il poussait des portes et descendait des escaliers, se rapprochant de l'arrière du bâtiment. "Un ami m'a fait l'éloge de vos talents, de votre capacité à soigner autrui et votre penchant à préférer les animaux. C'est pourquoi je voulais aussi vous proposer de rester ici pour vous occuper de toutes les braves bêtes qui vivent dans nos ranchs et étendues. Quelqu'un comme vous améliorerait grandement leur vie, j'en suis sûr."
Le jeune entrepreneur essayait d'adapter son dialogue à l'érudition de la jeune Maita. Elle ne lui avait pas fait forte impression en parlant la première fois, et il espérait que cela ne traduisait pas un esprit attardé, mais juste une mauvaise prononciation. Enfin, tout le monde n'avait pas eu la chance d'avoir reçu une éducation, ou d'être à l'aise avec. Sans doute que Maita en faisait partie.
Ils arrivèrent bien vite devant la jument blessée, et Keith fit place à la jeune femme qui l'accompagnait. La bête était au sol, dans un état second, des bandages tâchés de sang enserrés sa patte avant droite.
"Voilà Eternelle, notre cher animal qui a besoin de vos services."
Le reste ne m’intéressait que peu pour le moment. Il en savait beaucoup sur moi, et dire « un ami » était facile. Mais je ne savais pas qui il était et ça me dérangeais un peu plus de voir que quelqu’un que je n’avais jamais vu en savais déjà beaucoup sur moi. Améliorer la vie des bête ouais, pourquoi pas, mais j’avais les miennes aussi. Et je doutais qu’il ais un endroit aussi bien que ma propre maison pour ça. Et en plus, si je déménageais, ma sœur aurait des difficultés à me retrouver et la maison ne serait pas prête pour son retour. Oui, j’espérais toujours qu’elle revienne un jour me voir. Même si cela faisait longtemps, bien trop longtemps.
Silencieuse, je le suivis jusqu’aux écuries, m’arrêtant devant la jument. Il parlait d’elle comme un animal, la rangeant au milieu de tous les autres comme si de rien était. Eternelle était son nom, mais au vue de la blessure. Elle allait pas l’être bien longtemps. Sans dire un mot, je m’agenouillais près de la jument. Elle frémit lorsque ma main se posa sur elle. Lentement, je retirais les bandages. Presque rien n’avait été fait. Je soupirais en me parlant à moi même.
- J’te jure c’te taff d’merde.
Lentement, je fouillais mon sac pour en sortir une petite fiole. De quoi endormir la bête, un vieux mélange à base de plante qui éviterait que je me prenne un coup de sabot dans la gueule alors que je n’avais rien demandé. Je lui fis boire rapidement et attendit que ça fasse effet. Rapide, l’effet était rapide. Un produit efficace comme toujours. La blessure était grave je devais faire attention à ne pas trop utiliser l’énergie de l’animale. Lentement, je posais la main sur la patte.
Des os étaient brisés, la patte saignée doucement. Une petite hémorragie à soigner au passage. Lentement, j’activais mon pouvoir. Utilisant aussi ma propre énergie au passage. Un craquement retentit lorsque les os se remirent en place et lentement, la blessure ce referme. Retirant ma main, je fermais les yeux. Je sentais la fatigue arriver d’un seul coup. Mes épaules s’affaissèrent légèrement.
- V’là c’fait, faut la laisse pioncer. Pis s’reposer quelques temps.
Ouais, autant qu’elle profite d’un long moment de repos tranquille au lieu d’aller se défoncer pour rien.
"C'est notre vétérinaire attitré qui m'avait rapporté ces faits. Il est doué, mais hélas, ses compétences et son pouvoir ne lui permettent pas d'agir plus loin. C'est de lui que je tenais la rumeur sur vos incroyables capacité, Madame Phore."
Puis, devant la sublime jument, la jeune Maita prit place et accomplit son travail avec brio. En un rien de temps, c'était terminé. Elle semblait à peine fatiguée et préconisait du repos pour la brave bête, qui semblait dormir paisiblement. Un exploit qui ne manqua pas d'étonner Veriano, qui alla caresser la croupe de son animal, lui murmurant quelques mots réconfortants. C'était qu'il y tenait à ses chevaux, après tout. Mais cela étant fait, il reporta son attention sur la jeune femme.
"Quelle démonstration extraordinaire, Madame ! Je suis ravi ! Nous allons suivre vos conseils et laisser Éternelle se reposer." Keith sortit de la pièce avec la jeune demoiselle, et reprit. "Je sais que cela peut paraître abrupte, mais ici à la Capitale, nous aurions besoin de plus de gens de votre calibre. Vous avez un don formidable, et nul de mes employés ne peut se vanter d'avoir votre talent. Vous serez-t-il envisageable d'élire domicile ici et de travailler comme vétérinaire ? Je m'assurerais que vous ne manquiez de rien."
Ils étaient à l'extérieur de l'écurie, avec le soleil cognant tout l'hippodrome de plein fouet. Keith attendit la réponse de la jeune femme, mais quelque chose lui disait que ce ne serait pas forcément facile de la convaincre au vue de son caractère et de ses manières. Il devrait sûrement changer d'approche et faire attention à ses choix de mots.