- Et donc votre QG est là...
Il n’avait pas eu le temps de finir sa phrase qu’il était interrompu par cet homme qui l’avait recueillit en ce début de matinée... C’était quelqu’un qui avait réussit à déjouer sa capacité d’effacement : ça ne lui était jamais arrivé avant. Charles était impressioné, un peu inquiet, mais surtout intrigué. Dans quoi s’était-il embarqué ?
L’Inconnu lui indique alors un fauteuil où s’installer (Charles ne s’était pas installé sur un fauteuil depuis des années, c’était un luxe pour lui à présent - surtout que ce fauteuil était douillet) : ce que lui raconte l’inconnu ne correspondait pas à ce qu’il imaginait - pas le moins du monde. Alors qu’il s’attendait à une banale histoire d’orphelinat en voyant la façade du bâtiment, voilà qu’on lui parle de surnoms, de groupe qui veut résister au pouvoir en place et de révolution. Il aurait cru à une blague au début, mais l’inconnu - qu’il devait appeler Satyre - connaissait déjà beaucoup de choses sur lui.
La discussion pris plus de temps que prévu - faute à la curiosité de Charles et ses questions à répétitions. Mais Satyre était rassurant, et après tout, il pouvait fuir quand il le voulait, il était doué à ça. Ce-dernier prit alors la paroles.
- J’ai à faire. Les autres savent qu’un nouveau nous rejoint aujourd’hui. Libre à toi de rester ici ou d’aller dehors.
Il aimait bien laisser une complète liberté aux nouveaux, histoire de ne pas être envahissant. Ça les pousse à rester. Un court silence s’installe, durant lequel Satyre juge sa nouvelle recrue du regard.
- Comme tout le monde ici, tu obéiras à la règle du surnom.
Le Boss lui explique les différentes consignes liées à cette règle, et pourquoi elle existe : Charles du Lys était, maintenant, aux yeux de la Boussole, Kuri-Kuri.
Seulement quelques instants après, Satyre s’éclipsait, laissant Charles - Kuri-Kuri - seul dans l’orphelinat, ou plutôt le QG.
Seul pendant un long moment, Charles s’amuse a explorer les différents recoins de sa nouvelle « maison », essayant de trouver ses repères, mais très vite, des bruits de pas dans le couloir attirent son attention.
À pas de loup, il jette un coup d’œil par la serrure pour voir qui c’était. Il ne reconnaissait pas la personne, et, pris de panique, il reste figé là, au centre de la pièce.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu sais bien que la cave est interdit aux enfants.Et vu à quel point tu as l'air hagard c'est sûr que tu n'as rien à faire ici. Retourne avec les autres enfants de l'Orphelinat en haut.
Le boss l'avait prévenu de l'arrivée d'un nouveau dans la Boussole et hors de question qu'il croit que c'est un foutoir sans nom où les enfants peuvent aller et venir partout. Surtout que ses relations avec la plupart des autres membres sont un peu tendues. C'est l’occasion de bien s'entendre directement avec quelqu'un. Et qui sait ? Peut-être que lui aussi sera un aventurier et qu'ils deviendraient meilleurs amis ?
L'aventurier débutant se déplace le long de la pièce jusqu'au fauteuil où Charles était assis il y a quelques minutes de cela. A ses pieds, il dépose une épée qu'on peut aisément dire qu'elle est rouillée. Le genre "d'arme" qui ne vaut qu'une poignée de cristaux noirs. Le plus étonnant est qu'elle ne s'est pas encore fendue ou cassée.
- Aller ne reste pas là. Les adultes ont des choses très importantes à faire et tu es dans leurs pattes.
La fausse gentillesse initiale laisse très rapidement place à l'agacement.
Le jeune enfant est tellement pris de cours que tout d’abord, il se sent concerné par les propos de son interlocuteur.
- Je suis désolé je pars tout de suite...
Mais il ne bouge pas, il suit du regard le mouvement d’Akhlys, ses yeux se posent ensuite sur l’épée.
- C’est une vraie arme ? Comment ça se fait que tu en possède une ?
Son inquiétude s’est envolée, grâce à sa curiosité.
- Je.... Enfin... On m’a dit de rester ici et de visiter un peu les lieux... On m’a prévenu aussi que des gens allaient venir. Je suis là où je devrais être, enfin, je ne fais pas partis des enfants de l’orphelinat.
Tout d’abord perturbé, un peu stressé et ayant du mal à trouver ses mots, Charles reprend rapidement confiance en lui. Pourquoi lui parlait-il comme ça, en plus ?
- Et ne me parle pas comme ça, je ne suis plus un enfant !
Et revoilà un Charles insolent sur les bords, plein d’énergie.
- Ouais il vaut mieux pour toi. Du vent maintenant.
Mais ce n'est pas tous les jours que des personnes sont curieuses envers ta personne. Le jeune aventurier met ses deux mains en arrière sur sa nuque tout en fixant le plafond.
- Je suis un aventurier. C'est mon boulot de protéger le peuple des monstres de l'extérieur. Le dernier espoir quand la garde n'y peut rien.
Dit-il en répondant d'un air détaché pour être mystérieux et cool face aux yeux d'un enfant. La réalité est qu'il enchaine depuis longtemps des quêtes plus pourries les unes que les autres et parfois même de simples livraisons. La vie d'aventurier n'est pas simple lorsqu'on ne peut pas trop s'éloigner de la Capitale pour s'occuper de sa mère.
- Qui t'as dis de rester ici et de visiter les lieux ? C'est un des gardes qui t'as fais venir ici ? Il te paye combien ?
Akhlys n'est clairement pas serein et Charles peut voir qu'il saisit rapidement son épée qui était à ses pieds.
- Tu ferais mieux de me dire tout ce que tu sais. Immédiatement.
Son ton se fait des plus menaçants. Son instinct protecteur de la famille et de ses proches a surgit en un coup comme une vague rapide d'adrénaline. Hors de question que les gardes s'occupent de leurs affaires et qu'ils soient tous exilés. Ce sont tous des pourris de toute façon.
- Calme toi ! Calme toi !
Charles recule de plusieurs pas, appeuré.
- C’est un homme qui m’a amené ici ce matin, il m’a recueillit dehors dans la rue.
Il ne veut pas dévoiler grand chose sur la Boussole et ce qu’on lui a dit. Et si c’était un test qu’on lui faisait passer ? Ou bien peut-être que son interlocuteur était un ennemi ? Charles était inquiet, il ne savait pas quoi en penser.
- Il m’a conseillé de rester ici et de visiter les lieux un peu, que c’était une sorte de nouvelle maison pour moi si je l’acceptais.
L’ex-Noble désigne le fauteuil où est assis Akhlys.
- On est venu là, et il m’a expliqué que c’était l’occasion pour moi de faire quelque chose de ma vie, autre que rester dans la rue. Et ce n’était pas un garde...
Il donne alors la description de Satyre, tout en faisant attention à rester évasif, de telle sorte que quelqu’un qui connaît Satyre le reconnaisse, mais quelqu’un qui ne l’a jamais vu ne saurait pas de qui il parle.
- Je vous jure que c’est la vérité. Posez votre épée, s’il vous plait, elle me rend nerveux.
Dit-il presque en criant mais tout en se retenant pour éviter d'alerter les enfants de l'étage du dessus de l'orphelinat. Il baisse légèrement son épée mais la garde toujours bien présente en main. Au cas où l'adolescent en face de lui fais un mouvement suspect.
- Un enfant des rues ? Une nouvelle maison ? Tu réussis juste à me convaincre que ta place est dans l'orphelinat à l'étage du dessus.
De toutes les personnes qu'il a vu de sa vie ça doit probablement être l'enfant le plus louche qu'il ait vu de sa vie. Mais sa description du Boss semble bel et bien correcte et il repose son épée dans son fourreau, pour l'instant. A présent, il va essayer de gagner du temps en espérant que d'autres gars de la Boussole se pointent. Il s'assoit lourdement sur l'un des fauteuils de fortune de la pièce.
- Du coup, comment tu t'appelles ?
Voilà un bon test pour ce jeune homme. Si Satyre ne lui a pas donné un surnom au moins il sait qu'il peut l'exécuter sur le champ. Son index droit tapote sur son vieux fourreau en cuir en attendant la réponse.
- Et, dis moi, que fais-tu et d'où viens-tu ? Que veux-tu faire plus tard de ta vie ?
Le jeune aventurier au regard mauvais regarde à présent calmement Charles. Mais ce changement soudain d'émotion n'est qu'un leurre. Celui-ci peut sentir qu'il bouillonne toujours de rage à l'intérieur de lui et que ce calme n'est qu'illusion.
Un lourd poids disparaissant de ses épaules, Charles se laisse tomber sur le fauteuil faisant face à Akhlys. L'espace d'une seconde, il hésite a donner son vrai prénom avant de se souvenir des consignes du Boss.
- Kuri-Kuri. C'est comme ça que je m'appelle. Et toi, psychopathe en herbe ?
Son ton était quelque part entre l'amusement et la provocation - il fallait s'y habituer avec Charles.
- Je viens de la rue. J'y ai grandit. Je connais pas mes parents ni ma famille.
Il mentait, mais il avait peur de trop en dire. Charles voulait rester discret pour ses débuts, il ne savait pas s'il pouvait faire confiance à cette nouvelle bande.
- Vous êtes tous tendus ici ? Faudrait te calmer bonhomme, je ne veux rien faire de mal ici.
Il se lève et commence à marcher dans la pièce, fouillant les recoins tout en parlant avec son psychopathe apprivoisé.
- Et sinon, on m'a dit que vous étiez un peu nombreux. Ils sont comment les autres ? Tu les aimes bien ? Tu me conseilles de m'approcher de qui et de rester loin de qui ?