Le chant des oiseaux parvenaient jusqu'aux oreilles d'Erett qui ne se trouvait encore qu'à la lisière de la forêt. Les mains dans les poches, ses yeux vairons étaient fixés devant lui, et un soupire s'échappa de ses lèvres au bout de quelques instants passés à patienter ici, sans bouger. Le vent caressait ses cheveux, faisait danser les branches des arbres feuillus et verdoyants derrière lui. Pourquoi ne partait-il pas à l'aventure tout de suite ? Pourquoi ne mettait-il pas les pieds directement dans les bois ? Parce qu'il n'allait pas être seul pour cette nouvelle quête. Erhïn et Edhëan n'allaient pas être de la partie aujourd'hui, au plus grand malheur du maître des vents qui avait toujours du mal à s'adapter aux autres.
Lui qui n'était pas le plus sociable qui plus est, ne faisait que rendre les choses un peu plus compliquées. Qui allait être son partenaire ? Erett n'avait entendu qu'un nom : Nayru, mais il ne savait pas encore mettre une identité sur un visage et ainsi, il lui était impossible pour le moment de savoir qui était exactement cette femme. Quels étaient ses pouvoirs, aussi ? Il n'en savait rien. Dans tous les cas, elle était un peu en retard et le garçon à l'œil brûlé était impatient, un air légèrement agacé ancré sur son beau visage. « Je ne te connais même pas et tu es déjà à la traîne.. » murmura t-il en passant une main dans ses cheveux blanc et rouge. Encore quelques minutes, et Erett finirait par partir sans elle. Après tout, ils avaient un braconnier à capturer et nul doute que lui n'allait pas attendre sagement de se faire piéger.
La chasse au braconnier
« Intrigant », c’était la première impression que j’avais eu de cet homme, Erett. Bien qu’il n’était pas désagréable à observer, je pouvais sentir qu’il était agacé. Sûrement à cause de mon retard. En effet, nous avions été missionnés tous les deux pour capturer un bandit coupable de braconnage et de le ramener aux autorités compétentes. Mais le chemin était long et sûrement à cause de mes prières insuffisantes, j’ai manqué de chance. M’étant préparée en vitesse, j’usai de ma transformation en oiseau pour voler directement jusqu’au lieu de rendez-vous. Mais je fus poursuivie sans relâche par un prédateur des cieux. Sous ma forme animale, je change de place dans la chaine alimentaire et les autres animaux sont ma première faiblesse. L’animal qui m’avait pris pour cible était un grand-duc, un mangeur d’oiseaux ou de tout mammifère faisant la taille d’une main d’homme. Par chance, son premier piqué, silencieux, me manqua de près, mais me fit chuter lourdement sur le sol.
Revenue sous ma forme normale par prudence, je ne pouvais que mépriser cet oiseau qui, après m’avoir manquée et vue reprendre forme humaine, me tourna autour en restant à distance, surement surpris par ce qui venait de se passer. Ne souhaitant pas abattre une créature inutilement, je poursuivis mon chemin à pied. SI la Déesse avait jugé que j’aurais du partir plus tôt au lieu de compter sur mon pouvoir, qu’il en soit ainsi.
Une fois sur place, je pus enfin faire la connaissance de mon collègue Erett. Couverte de honte, je ne pouvais que tenter de me faire pardonner pour ce retard inexcusable. Son visage rempli d’impatience me rendait un peu sceptique quant à notre entente.
« Bonjour Erett, je suis Nayru, je te présente mes excuses vis-à-vis de mon retard. Nous pouvons commencer tout de suite la mission, je t’ai assez fait attendre. »
Cela ne faisait peut-être pas longtemps qu'il attendait sa partenaire, mais les minutes semblaient longues aux yeux d'Erett qui n'avait rien à faire pour le moment. L'adrénaline absente, la découverte aussi, le garçon finit par s'adosser contre un arbre, fermant les yeux quelques instants pour se concentrer sur les volatiles qu'il pouvait entendre. Depuis tout petit, le maître des vents avait toujours eu une admiration certaine pour ces êtres ailés plus ou moins grands et plus ou moins agressifs aussi. Ils étaient si beaux et surtout, Erett savait qu'ils étaient les animaux les plus libres. Libres d'aller là où ils voulaient. L'aventurier avait toujours espérer pouvoir ressentir ce que cela faisait d'être libre et aujourd'hui, il l'était, désormais éloigné de son père qui avait été le bourreau de sa fratrie.
Mais alors qu'il sombrait dans ses pensées, une douce voix lui fit rouvrir les yeux, son regard se portant sur une longue chevelure bleue, et une silhouette fine. Il se redressa alors, le visage un peu sévère face à l'impatience. Nayru était belle. Très belle d'ailleurs, mais il n'irait certainement pas lui dire. Là, tout ce qu'il avait envie de lui demander, c'était les raisons de son retard. Hochant doucement la tête, Erett fit un pas vers elle et lui tendit la main. Il la dépassait un peu. « Ce n'est rien, du moment que nous arrivons à capturer notre cible. » dit-il d'un air sérieux, avant de se tourner vers la forêt immense qui se dévoilait devant eux. Elle était magnifique, pleine de vie et certainement pleine de monstres parmi ce beau monde, et il était temps d'y mettre les pieds. Ils avaient un braconnier à trouver, et le poing du maître du vent se serra. Il était temps de l'arrêter.
Lançant un regard à Nayru, il accompagna son pas et finit par pénétrer dans les bois, ses yeux vairons explorant les arbres, la richesse dont la nature pouvait regorger. Les chants rendaient les lieux paisibles, mais tout cela pouvait être trompeur et Erett n'en doutait pas un seul instant. Attentif, les sens du garçon étaient aux aguets mais la demoiselle à ses côtés attisaient sa curiosité. Lui qui ne parlait pas beaucoup aux premiers abords, essaya tout de même d'engager un peu la conversation tout en restant concentré autant qu'il le pouvait. « Je ne t'avais encore jamais croisé avant. Ou alors je n'ai pas fais attention mais.. T'es à la guilde depuis longtemps ? » demanda t-il en égarant ses belles prunelles sur la prêtresse à la chevelure azuré et aux yeux d'or. Il restait réservé pour le moment et cela s'entendait dans sa voix. Erett n'était pas le plus sociable, mais il était tout de même décidé à faire un effort pour sa coéquipière qu'il devrait protéger au cas où de tout danger mortel.
La chasse au braconnier
Notre mission pouvait donc enfin commencer. Il semblerait que mon collègue n’avait pas mentionné mon retard, préférant se concentrer sur la mission. Bien qu’il eût raison, je me sentais un peu coupable d’arriver en retard. Le meilleur moyen de corriger ce tir était de montrer ma volonté et mon efficacité en réussissant ce qu’on nous avait demandé.
Nous étions entrés dans la forêt. Je ressentais toujours une joie certaine en pénétrant ce lieu. Bien que la forêt s’étendît sur des centaines de kilomètres, j’avais toujours l’impression de retourner à la maison ou du moins m’en approcher. Le chant des oiseaux et autres bruits étaient comme une partie de moi. Mais il fallait rester sur ses gardes, les monstres étaient nombreux tout comme les animaux sauvages qui savaient se montrer redoutables. Malgré tout, Erett, mon collègue, décida de me parler. Après tout pourquoi pas, il fallait bien qu’on fasse connaissance pour travailler en équipe plus tard. En emboîtant le pas, je ne pouvais voir qu’une attention d’être motivé à faire le meilleur résultat possible dans le travail, ce qui me touchait beaucoup. C’est donc avec une grande bienveillance que je répondis à sa question.
« J’ai rejoint la guilde en l'année dernière. Je suis souvent engagée pour des missions là très longue durée, en vérité, je passe plus de temps sur les routes qu’à un point fixe. Ce qui pourrait expliquer pourquoi tu ne m’as pas vu. Et toi, tu mènes une vie d’aventurier depuis combien de temps ? »
Observant le sol, j’étais à la recherche de traces, d’indices, fouillant le sol et caressant les arbres pour voir des marques de passage, mais pour l’instant je n’avais pas grand-chose. On nous avait dit qu’un braconnier se cachait dans cette partie de la forêt, mais les recherches pouvaient se montrer longues et l’absence de traces montrait que notre cible était soit un homme prudent, soit-il ne sortait pas souvent et il fallait encore plus s’enfoncer dans ces bois.
Au bout de quinze minutes de marche, dans ma curiosité et dans mon désir de me rendre utile, je me suis dit qu’exploiter les capacités de mon beau camarade pouvait être intéressant.
« Dis-moi Erett, quel est ton pouvoir ? Peut-être qu’avec ta compétence nous pourrions peut-être trouver notre homme. Je peux pister des animaux mais une personne qui cherche à masquer ses traces est plus complexe pour moi.»
J’avais envie de me transformer en oiseau pour survoler la forêt, mais celle-ci était tellement dense que vu du ciel on pouvait ne pas apercevoir grand-chose. Sans oublier le fait de mentionner que nous n'étions pas toujours seuls en foret.
Généralement, il n'était pas coutume pour Erett de s'intéresser tout de suite aux autres, de poser des questions et de poser son regard plus longtemps que quelques secondes sur quiconque n'avait pas attiré son attention. Mais là, c'était différent. Nayru était sa partenaire désormais, et s'il voulait faire bon ménage avec elle, il fallait installer une certaine entente, faire de son mieux pour permettre d'avoir une équipe prête à coopérer. Sa grande sœur le lui avait bien fait comprendre quand il était plus jeune et le garçon aux yeux vairons n'avait ainsi mis aucun conseil de côté. Hochant doucement la tête, Erett comprit qu'en tant qu'Aventurière, son train de vie était aussi mouvementé que le sien. Ils n'avaient pas beaucoup de temps pour se reposer sur leurs terres natales ou leurs lieux d'habitation. Chaque jour, c'était de nouveaux paysages qui s'offraient à eux, avec pour chaque quête, des objectifs multiples. Eole aimait cette vie la, pleine d'adrénaline. Combien de temps avait-il abandonné sa vie de voleur à ses heures perdues pour explorer les terres du Royaume d'Aryon ? « Hm, je vois. J'ai un an d'expérience de plus dans le métier, alors. Ce n'est pas de tout repos, n'est-ce-pas ? » dit-il d'une voix calme, son regard perçant se fixant de nouveau face à lui. La forêt se dessinait à perte de vue, et le danger, sans doute, devenait plus grand à chaque avancée.
Où pouvait bien se trouver le braconnier dans ces bois verdoyants ? Inspectant son environnement avec minutie, il se mura dans le silence pendant un moment, ne regardant plus sa partenaire mis à part du coin de l'œil afin d'être sûr qu'elle était toujours à ses côtés. Il fallait faire attention à tout. Au moindre bruit. A la moindre odeur, mais la douce voix de la prêtresse retentit de nouveau, extirpant un peu Erett de cette concentration qui le rendait sourd face à toute conversation avec quiconque. Son pouvoir pour détecter leur homme ? Ce n'était pas une mauvaise idée, mais ses capacités n'étaient pas en mesure de l'aider, à moins qu'il ne ramène quelques odeurs vers lui, ce qui n'aiderait pas vraiment avec la diversité de la forêt. Il secoua alors doucement la tête de gauche à droite, ses yeux s'abaissant vers sa main droite dont les doigts étaient recroquevillés sur la paume. « Je maîtrise les vents, quels qu'ils soient, mais je doute que cela puisse nous aider. En revanche, si ton pouvoir à toi nous permet de repérer ce foutu braconnier, je t'é.. » dit-il sans pouvoir terminer sa phrase que son regard se posa sur une lueur bleutée, belle et qui semblait si pure.
Elle flottait à seulement quelques centimètres du sol. Qu'est ce que c'était ? Plissant légèrement les yeux, il fit un pas en avant et tira doucement la manche de sa partenaire pour attirer son attention sur la créature qui se dévoilait à une distance respectable d'eux. « C'est un Feu Follet, et je crois qu'ils sont indirectement liés à la charogne. Suivons-le. » dit-il en marchant prudemment, ses yeux vairons veillant sur Nayru, sur la creature et sur cet environnement hostile qui les encerclait.
La chasse au braconnier
La première discussion que j’avais eue avec Erett se passait bien malgré ma première impression un peu étrange de cet individu. Il m’avait semblé être un homme calme et réfléchi, digne de confiance. Son expérience d’aventurier montrait bien que ce n’était pas la première fois qu’il pratiquait ce genre d’exercice.
Son pouvoir était de maîtriser le vent. Un élément de la Nature aussi agréable qu’incontrôlable. Il pouvait être donc un ennemi redoutable pour notre braconnier. J’ignorais le degré de maîtrise de son pouvoir mais j’avais pensé à utiliser le vent pour mieux flairer une piste sous ma forme bestiale de loup. Quand nous fumes interrompus par l’apparition soudaine d’un feu follet. Ces créatures étaient des incarnations de la Nature selon moi. Ils absorbaient les déchets et les cadavres, les transformant en énergie. Mais ils étaient assez frêles et s’éloignaient des humains et autres êtres vivants. Comme l’a suggéré mon collègue, si il apparaissait de manière aussi rapprochée, c’était que la charogne était dans le coin en quantité suffisante pour l’intéresser. Je m’exclama avec joie et innocence
« Loué soit la Déesse, un signe vient d’apparaître ! Profitons de cette occasion. Tu me demandais la nature de mon pouvoir Erett ? Observe. »
Ainsi j’activa mon pouvoir devant mon camarade. En joignant les mains et en priant Lucy, je m’illuminais d’une lueur bleutée, proche du blanc, jusqu’à que les traits de mon corps deviennent indescriptibles, tel une ombre mais composée de lumière. Une fois sous la forme d’une silhouette humaine toute blanchâtre, je fis appel à l’âme de ce Loup que je chassa des années auparavant et je pus juste après en revêtir la forme. J’étais devenue une louve blanche des montagnes, assez grande, ma tête et mon museau étaient légèrement en dessous des hanches de Erett pour donner une idée de taille.
Utilisant mes sens aiguisés, la transformation me faisait toujours un choc. D’un coup, de multiples odeurs venaient à moi à m’en étouffer, j’entendais tout d’une manière différente et plus précise. En tant que canidé, je pouvais même sentir certains instincts venir à moi. Mon premier réflexe fut de humer l’odeur de Erett pour ne pas l’oublier, avant de suivre le feu follet et de mettre mon museau au sol pour avancer et traquer une odeur. Comme l’avait suggéré Erett, le feu follet suivait la charogne. Lançant un regard à Erett, je sautillait légèrement pour lui faire signe de me suivre, tout en pistant la légère odeur nauséabonde que je venais de détecter. Nous avancions lentement mais sûrement. Seule la Déesse savait vers où cela pouvait nous mener.
La magie que possédait Eole n'était pas la plus utile dans tous les domaines. Le vent lui apportait beaucoup de possibilités -non sans lui consommer pas mal d'énergie selon ce qu'il faisait-, mais dans le cas présent, le garçon à la chevelure blanche et rouge ne pouvait pas repérer leur cible, sauf s'il rapportait toutes les odeurs à lui mais il lui serait impossible de les identifier. Il n'était pas un chien après tout, il n'était pas doté d'un flair aiguisé, mais il semblait que sa coéquipière pouvait remédier à cela et alors que l'aventurier venait de repérer le Feu Follet, la douce voix de Nayru résonna jusqu'à lui, son attention se tournant vers elle une nouvelle fois. Il fronça les sourcils peu à peu, lorsque, au fur et à mesure, la jolie demoiselle aux longs cheveux bleus se transformait en un loup d'une bonne taille. Alors, c'était ça son pouvoir ? « Intéressant. » murmura t-il avant de faire un pas en arrière lorsqu'elle commença à le renifler. « Hé, doucement... » dit-il en grognant un peu, n'aimant pas particulièrement qu'elle vienne coller son museau contre lui comme ça, d'un coup, alors qu'ils se connaissaient à peine. Elle faisait certainement ça pour une bonne raison, mais Erett était borné et restait tout de même peu ouvert à ce genre de façon de faire.
Néanmoins, l'aventurier se détendit un peu plus lorsque Nayru tourna la tête pour suivre la créature bleutée, et à ses côtés, il se mit en route, les sens aux aguets pour être prêt à agir dans le cas où une attaque surgirait de n'importe quel côté. Son cœur battait un peu plus vite dans sa poitrine. L'adrénaline parcourait ses veines, et une odeur de plus en plus forte se fit rapidement sortir, faisant grimacer de dégoût le maître des vents qui porta son avant-bras vers son nez pour tenter de diminuer cette senteur nauséabonde. « Il ne doit pas être bien loin. » dit-il à travers sa manche, ses yeux vairons scrutant l'environnement devant lui avant qu'il n'aperçoive une petite maisonnette en plein milieu d'une petite clairière. De là où il était, il pouvait apercevoir des points noirs plus ou moins gros, signe que d'innombrables mouches devaient se regrouper ici pour savourer un festin en décomposition. La mâchoire d'Erett se serra, et alors que le Feu follet venait tout juste de disparaître, le bruit d'une porte qui se ferme précipitamment retentit, et une silhouette se mit à courir à l'opposé, tentant certainement de les fuir. Grognant, le maître des vents parut rassembler les courants d'air situés autour de l'ennemi pour, d'un coup, le ramener vers eux. « Tu ne repartiras pas ! » s'écria t-il, la mine sévère, espérant que Nayru puisse tenter elle aussi quelque chose pour l'empêcher de repartir. Mais la tâche allait peut-être être plus compliqué, car leur ennemi avait certainement lui aussi un pouvoir. Mais lequel ?