Une oeuvre d'art
feat Ivara Streÿk
Pour sur qu'il n'aurait pas de supplément …
La capitale du Roi Grimvor, tout aussi immense que vivante ne me donnait pas plus de vertige que cela, de plus mes diverses destinations étaient déjà toutes tracés sachant que je ne voulais pas perdre de temps à devoir me préparer psychologiquement pour le retour. Je secouait de nouveau le cocher à porter chaque gros achat dans les quelques magasins, mon pouvoir m'aurez permis de le faire voir même le simple fait de l'aider mais cette jeune génération devait comprendre que les années à venir ne seront pas aussi simple. Matières premières, bécher, tube à essai et autres outils dans le coffre de la calèche nous pouvions enfin reprendre la route, au pas, le destrier bien plus compétent que son maître s'avançait dans le dédale des grandes rues et réfléchissant à ma liste soulignant d'un possible oubli mon regard se fixa sur une boutique ou plutôt sa devanture. De magnifiques statues de verre orné la boutique scintillant sous les rayons du soleil descendant peu à peu, je fis arrêter le cocher qui me secoua une nouvelle fois dans tout les sens grognant encore de sa maladresse.
La prochaine fois je me débrouillerais seul.
Je m'avançais vers la boutique qui semblait encore ouverte et donc encore en activité, je pouvais y voir de la fumée sortir de la haute cheminée pensant que l'artisan était en plein travail prenant ainsi le temps de contempler ses œuvres. Les détails était d'autant plus spectaculaire que je pouvais approcher mon regard et admirer chaque plis, chaque éléments de ces quelques créations qui aurait pu paraître pour vrai s'il n'était pas fait de ce verre noble. Enfin décidais je poussa lentement la porte d'une main l'autre toujours fermé placé dans mon dos, je me tenais droit afflué de mes plus beaux habits, bien que toujours bien habillé je devais en imposer devant tout ce bas monde.
Je vis une forme se mouver derrière le comptoir, je continuais de m'avançais me raclant la gorge pour tenter d'attirer l'attention de l'artisan.
« Excusez-moi. »
« halloween »
“RAS pour la journée. Laisse pas la bougie allumée la nuit, tu gâches la cire. Arrête d’oublier tes tenues sur la rambarde, tu fous du bordel partout”.
Ivara referme le carnet d’un geste sec. De petites dimensions, pas plus grand que la paume de la main de la jeune femme, il est le seul moyen de communication qu’elle possède avec celui qui partage son corps depuis six mois. Elle le remet soigneusement à sa place, sous une des latte du plancher de sa chambre et replace le tapis par-dessus. Elle prend soin de l'aplatir avec le plat de son pied, se rappelant les recommandations d’Inaros à ce sujet. En sa qualité de hors-la-loi, il était bien placé pour savoir dissimuler les choses à la perfection. Par ailleurs, ils avaient tous les deux décidé qu’il était dans leur intérêt commun de ne pas révéler cette double identité. Ils prenaient donc garde, tous deux, à ranger ce petit carnet où ils échangeaient quotidiennement leurs appréciations, leurs conseils, leurs demandes et/ ou leurs observations. Le seul petit bémol de ce fonctionnement, c’est que ces deux individus ne s’appréciaient pas tellement. Oui, ils étaient capables de réagir intelligemment pour le bien commun, mais si l’un pouvait réussir à faire comprendre à l’autre qu’il n’aimait pas cette situation, il ne se gênait pas !
C’est pour cela que la demoiselle haussa les épaules et se dirigea vers la bassine d’eau froide posée sur la commode pour se rafraîchir de la nuit passée. Le plus terrible, c’était d’ignorer tout de ce qu’elle avait fait pendant vingt-quatre heures. Assez souvent, il lui arrivait de se réveiller avec des contusions sur le corps ou des courbatures inexplicables. Ce matin-là, rien d’étrange ou de dangereux ne semblait avoir été commis par Inaros. La journée dans sa boutique allait pouvoir commencer.
Cette dernière était connue pour avoir sa gérante, Ivara, présente seulement quelques journées dans la semaine. L’explication officielle était simple : elle devait sans cesse se réapprovisionner en sable et se ressourcer pour exécuter ses “magnifiques”, “splendides”, “merveilleuses”, sculptures de verre. Inégalables dans tout le royaume, elle était la seule à proposer des oeuvres de ce genre et de cette qualité.
Son lieu d’habitation se trouvait juste au-dessus, elle n’avait donc qu’à descendre l’escalier, raide, pour se retrouver derrière son comptoir. A partir de ce moment-là, elle commençait par vérifier ses comptes et son inventaire. Le soleil pointait à peine le bout de son nez. Lorsque l’agitation commençait à se faire ressentir dans les rues de la capitale, elle ouvrait sa porte et annonçait qu’elle était ouverte. Une foule de curieux de tous les âges venait alors se presser à l’intérieur pour admirer ses dernières créations.
Ivara devait l’avouer, elle jouait beaucoup de ses charmes et son sourire angélique pouvait certainement amadouer le plus crédule des hommes. Elle n’hésitait donc pas à se servir de cette technique pour ameuter encore plus de monde dans sa boutique.
La journée se déroula sans incident notable jusqu’à ce que les rayons du soleil commencent à décliner. C’est le moment que choisit un individu à l’allure très élégante pour y rentrer.
Voici ce qu’il vit en entrant : des sculptures de toutes les tailles disposées de façon harmonieuse dans une grande salle et, depuis l’entrée, un long tapis rouge qui était déroulé jusqu’à une estrade, sur le côté de la pièce. Devant cette estrade, plusieurs sièges y étaient disposés. L’un d’eux était beaucoup plus imposant, au centre. Peut-être qu’il découvrirait bientôt à quoi cela pouvait bien servir…
Ivara était occupée à compter les cristaux qu’elle venait d’amasser suite à sa dernière vente. Ses prix variaient en fonction de la difficulté de l’exécution et des dimensions de la sculpture. En entendant qu’on l’interpellait, elle leva la main pour faire signe à ce potentiel nouveau client de patienter quelques secondes. Elle se retourna ensuite, affichant un grand sourire. Ses longs cheveux blonds suivaient chacun de ses mouvements, puisqu’ils étaient, pour ce jour, détachés, tout comme les plis de sa longue robe turquoise. Elle s’approcha de l’homme qui venait d’entrer et en profita pour le détailler en un coup d’oeil. Il avait l’air très noble et dégageait une prestance qu’elle avait rarement vu chez quelqu’un. Sa posture, son maintien, tout respirait la noblesse dans son attitude. Capable de s’adapter face à n’importe quelle situation sociale, elle se redressa instinctivement pour se tenir droite et inclina légèrement sa tête pour saluer le visiteur.
«Monsieur, je vous souhaite la bienvenue dans ma boutique. En quoi puis-je vous aider ?»
Elle ignorait tout de la personne qui venait d’entrer, mais elle ne voulait certainement pas le perdre comme client. Et puis, qui sait, peut-être avait-il de l’influence dans ce monde ? Ses grands yeux le fixaient donc avec attention, attendant sa demande. S’il l’avait interpellée, c’est bien parce qu’il y avait demande, non ?
Une oeuvre d'art
feat Ivara Streÿk
Evidemment comme tout bon commerçant et artisan, elle m'accueillait à bras ouvert, toujours à observer chaque recoin de sa boutique je prie mon temps avant de lui répondre d'un ton plutôt calme et posé.
« Votre boutique est … attirante, je me dois d'avouer n'avoir jamais vu un travail aussi fin et précis. Bien qu'il apparaisse que votre boutique reste bien sommaire à l'égard de vos capacités, je viens quérir de vos talents et de me réaliser une véritable œuvre d'art ... »
Je donnais le ton tant ma demande devait être grandiose, il était plutôt normal de jouer de ces talents, fallait-il savoir dépasser ses propres limites et de sublimer le beau à son paroxysme. Je comptais bien pousser ce talent qui malgré la finesse semblait se restreindre au vue des différentes créations mise en avant dans la boutique, elle semblait stagner se contenter de peu de choses pour faire mouche au non-initié. Je n'étais pas férue d'art, n'y même un grand connaisseur concernant l'art du verre, mais je savais lier, agencer les éléments et savoir pousser leur utilisation jusqu'à leur limites. En tant que biologiste et véritable artiste de la science, mon travail et passion n'étais pas si différent que l'artiste qui se présentait face à moi.
Il était donc de son intérêt à sortir de sa zone de confort pour espérer ne serait-ce qu'esquisser un sourire de satisfaction, car au delà de l'art, je voyais les possibilités. Quelques secondes de blanc alors que j'assimilais chaque styles, chaque poses qui se présentait à moi puis je posais mon regard dans le sien alors que je m'avançais vers elle.
« Mais avant toute chose, dite m'en plus sur votre travail, comment procédez-vous, qu'elles sont vos objectifs personnels qu'en vous réalisez vos créations ? Que recherchez-vous au delà du simple fait de réaliser une commande ? Pourquoi le verre, bien qu'une si grande quantité me fait dire que votre pouvoir est un grand acteur dans tout cela. Je vous pouvoir m'imprégner de vos façons de faire pour que notre … entente, soit le plus efficace et le plus productif possible. »
De bien drôle de questions, mais nécessaire ne serait-ce que pour ma simple curiosité gourmande ou peut-être était-ce le simple fait d'en oublier que je me mentais à moi-même et que je voulais en savoir bien plus sur elle que sur son propre art.
« halloween »
Plus les secondes avançaient et plus Ivara était certaine de faire face à une personnalité illustre du royaume. Elle en aurait mis sa main à couper. Ce n’était pas les cristaux qu’il pourrait lui rapporter pour une vente qui intéressaient la jeune femme, c’était un dessein enfoui qu’il était impossible de deviner en la regardant. Comment son sourire angélique aurait-il pu trahir autre chose que l’amabilité outrancière d’une commerçante ? Elle avait instinctivement adopté une posture plus digne, afin de montrer à son interlocuteur qu’elle n’était pas une artisan parmi les autres. Ivara comptait également sur ses sculptures pour taper dans l’oeil des plus fortunés. Semblable à nul autre verre, les derniers rayons du soleil venaient approuver ce fait en se reflétant et en scintillant dans ses créations, toutes plus épurées et lisses les unes que les autres.
Le ton de l’homme était très calme, nul doute qu’il savait ce qu’il désirait. En l’entendant vanter les qualités de ce qu’elle exposait, elle inclina la tête vers lui, afin de le remercier silencieusement. Elle attendait avec impatience la suite de son discours. Mais le léger froncement de ses sourcils vint durcir son regard en comprenant qu’il désirait une “véritable” oeuvre d’art. Ah ! Quelle définition avait-il d’une oeuvre d’art ? Elle ne tarderait sans doute pas à le découvrir. Toujours est-il que cela lui mis davantage la puce à l’oreille. S’il voulait quelque chose d’aussi grandiose, c’est qu’il était grandiose.
« Mes talents sont entièrement à votre disposition pour vous satisfaire, Monsieur. »
Peut-être avait-il finalement vu juste. Peut-être avait-il bien compris qu’elle n’exploitait pas encore les capacités de son pouvoir à son paroxysme. Elle en était bien loin. Mais tout le monde repartait toujours satisfait de son achat. Un exemplaire original que l’on gardait chez soi pour immortaliser un moment de son existence, pour représenter un symbole particulier ou tout simplement pour ajouter une touche de décoration dans un espace. Il n’y avait pas meilleur moyen de se faire remarquer et de se faire de la publicité, elle le savait. Alors, si elle pouvait s’en faire encore plus haut… Elle était prête à tout et ce n’était pas ses questions, ni son regard, qui allaient l’arrêter.
« Si vous voulez bien me suivre. Je préfère toujours que mes clients soient bien installés pour cerner au mieux leurs désirs et leurs envies. »
Tout en parlant, elle avait gracieusement fait demi-tour pour le guider jusqu’au grand fauteuil, au pied duquel s’arrêtait le tapis rouge. Elle lui désigna l’assise et, toujours avec un sourire, lui indiqua de s’asseoir.
Alors qu’il s'exécutait, elle se dirigea vers son comptoir, veillant à ce que le balancement de ses hanches soit clairement visible.
« Que désirez-vous boire ? J’ai de tout. Vous me semblez voyager depuis longtemps, non ? »
Cette information, elle la tirait de la calèche et du cocher qui attendaient patiemment à quelques mètres de l’entrée. Elle commença à préparer un plateau sur lequel elle disposa plusieurs gâteaux secs.
« Vos questions sont pertinentes. Je vous remercie de me les poser, c’est très rare qu’un client me demande autant de précisions. En général, ce sont eux qui sont au centre des questions. Peut-être que pour entamer cette entente, vous pourriez utiliser mon nom, Streÿk. »
Bien que derrière son comptoir, l’espace était suffisamment réduit pour qu’elle puisse le fixer avec attention, poursuivant son monologue, avec l’habile fermeté du commerce. Elle veillait à satisfaire sa curiosité sans trop en révéler.
« Je ne pense pas que l’art soit une question d’objectifs personnels, Monsieur. Pour moi, il émane naturellement de mes talents, liés à mon pouvoir, je vous l’accorde. Je peux sculpter tout ce que vous désirez, sous vos yeux. Vous désirez quelque chose de grandiose ? C’est donc moi qui vais avoir besoin de plus de précisions sur vous. »
Une oeuvre d'art
feat Ivara Streÿk
Sans y prendre attention le bout de mon oreille bougea à la demande de l'artiste qui me proposait un verre, je n'étais pas contre, fallait-il qu'elle eu du goût pour ce qui est du breuvage mais boire dans un verre spécialement créé par ses soins donnerait plus de cachet à son art à la fois majestueux et pratique, iconique et utilisable. Cependant les gâteaux étaient déjà l'un des points négatifs à mon encontre, je n'étais pas venu prendre le goûter …
« Surprenez-moi, telle doit-être votre karma. »
Fallait-il qu'elle me compare à tout ces autres clients ? Allons dont j'avais plus d'ambitions que tout ces futurs victimes de bas étage. Je tiquais à ses paroles, mais resta toujours aussi calme le regard posé sur le cocher se grattant le fond des narines … C'était répugnant …
Elle poursuivit un long monologue qui souligna nombre de points importants pour mon projet, bien qu'au final ce n'était pas ce genre d'arguments que j'attendais mais plutôt une étude de sa propre personne, ce qu'elle pouvait ressortir de son être dans ses créations. A contrario, elle alla droit au but ce qui n'était finalement pas plus mal, la nuit commençait à tomber le retour allait se faire sous une nuit noire en compagnie d'un porc comme cocher et d'une route quasi impraticable … Il valait mieux être efficace.
« Il est primordial de jauger et d'être curieux du processus créatif et éviter de s'attarder uniquement sur l'envie de posséder, mais sur l'envie du pourquoi et du comment … Pour faire simple, le résultat n'en sera que plus majestueux à mesure que je pourrais apprécier ou non votre personne, Madame Steÿk. »
Son hypothèse était donc la bonne, une opportunité par son pouvoir qu'elle put travailler, appréhender et utiliser à sa plus juste et efficace manière. Un autre point de caractère qui me plaisait, il m'en fallait en savoir plus … après à tenter une nouvelle malice et ainsi éveiller la machinerie créative.
« J'habite et je travail au sein de la ville aquatique, mon travail me prend énormément de temps et d'énergie à en oublier mes objectifs personnels. Je veux, de par cette création, une manière de me rappeler le grandiose, la puissance … voir si on peut se le permettre … de royauté ! Mais aussi une touche de douceur dans ce monde de brut épaisse et de sans-cervelle. Cela vous inspires t-il ? »
Un petit sourire se dessinait sur mes lèvres alors que je regardais l'artiste en pleine réflexion, terminant de préparer ses breuvages. Je n'étais pas un client facile et cela m'en amusait beaucoup, il va s'en dire que je n'allais pas me priver de se plaisir à titiller son imagination quitte au final à être encore plus surpris que si j'étais un de ses vulgaires 'clients'.
« halloween »
Il voulait être surpris ? Ivara allait sortir le grand jeu auprès de cet individu qui, il fallait bien l’avouer, attisé de plus en plus sa curiosité. Pendant un instant, elle sembla réfléchir à ce qu’elle allait bien pouvoir lui servir. Après des mois de service et de création, elle avait prévu à peu près toutes les boissons possibles et imaginables pour satisfaire chacun de ses clients. Ou bien devait-elle les appeler ces spectateurs ? Après tout, venait-il plus pour le spectacle artistique qu’elle offrait à la vue de tous ou pour acheter une pièce d’art ? Ah, l’art et son marché. Une bien grande question dont il n’était pas question qu’elle débatte seule. Et puis, l’homme ne voulait pas non plus discuter de cela. Il attendait autre chose. Confortablement installé sur le fauteuil prévu à cet effet, Ivara veillait à ce que son regard ne la lâche pas, quitte à être légèrement vulgaire dans ses démarches.
Après de longues hésitations, elle avait opté pour un alcool typique de la capitale. Si c’était un voyageur, peut-être ne connaissait-il pas cette spécialité ? La boisson était contenue dans un pichet de verre élégant, de sa création, et un seul verre était disposé sur ce plateau. Elle n’allait pas boire pendant son service, non.
Toutefois, Ivara nota un détail qu’elle ressortirait peut-être dans le futur. Cet homme avait bougé son oreille d’une bien curieuse façon. Les siennes, pointues, étaient astucieusement dissimulées derrière sa longue chevelure blonde.
Elle rapporta le plateau près de son hôte et lui servit un verre. Elle prenait son temps, écoutant avec attention chacune des paroles de son interlocuteur. La jeune femme ne put s’empêcher de hausser un de ses sourcils, par surprise, à la mention de la ville aquatique. Elle n’y avait jamais mis les pieds, mais le sable qu’elle devait se procurer pour son travail - et indirectement pour celui d’Inaros - se trouvait non loin. Peut-être irait-elle, un jour. Elle n’en savait trop rien et préférait ne pas y songer pour l’instant.
Ivara recula de quelques pas, penchant la tête sur le côté en glissant une de ses mains dans sa poche.
« Oh non. Mon mantra à moi, ce n’est pas la surprise. C’est de laisser l’oeuvre d’art s’exprimer pleinement par ses propres moyens, c’est là que réside toute sa beauté, sa magnificence, presque son idéal. »
Suite à cette réponse, elle s’empressa d’ajouter :
« Je vais commencer par vous montrer ce que je suis capable de faire, si vous le voulez bien, Monsieur qui… ? »
Son regard interrogateur terminait sa question. Elle voulait connaître son nom, savoir à quel personnage elle s’adressait depuis plusieurs minutes.
Avant d’entendre sa réponse, elle sortit de sa poche un petit sachet de sable qu’elle ouvrit avec précaution et qu’elle versa dans la paume de sa main. Elle allait créer une toute petite figure, pas grand-chose de compliqué. C’était une performance, une façon de montrer son talent et son pouvoir.
Fermement campée sur ses deux pieds, elle misait tout sur sa mise en scène. Le bras tendu, paume vers le ciel, elle montrait à son client le petit tas de sable en évidence. De son autre main, elle agita ses doigts au-dessus et fit semblant d’obliger les grains de sable à léviter et à les faire tournoyer sur eux-mêmes. Devant les yeux, peut-être ébahis, de l’étranger, les grains de sable se liquéfiaient peu à peu pour former une espèce de pâte transparente liquide. Elle s’amusa à lui donner plusieurs formes, mimant d’abord les vagues avec ses doigts, avant de passer au dauphin, à une anguille qui s’agitait sous ses yeux puis à une pieuvre. Des animaux communs, mais elle attendait de voir une expression passée sous les yeux de l’homme pour déterminer ce qu’il allait pleinement apprécier.
D’un seul coup, elle referma le poing de sa main libre et une pieuvre de verre retomba mollement dans le creux de sa main. Semblable à la pureté des autres sculptures présentes dans la pièce, elle avait été réalisée en l’espace de quelques minutes seulement.
« Vous m’avez dit venir de la ville aquatique ? Voulez-vous quelque chose qui lie à la fois votre lieu de vie et la puissance de notre royauté ? Ou de votre profession, suivant ce que vous faites ? Après tout, la douceur pourrait être symbolisée par l’eau. Mais la puissance et la grandeur aussi. L’eau, source de vie. Douce. Mais… Furieuse, incontrôlable et grandiose dans certains autres cas. »