Sa mémoire affluait sous d'innombrables mots prononcés, d'images qui se répétaient en boucle quand elles n'étaient pas fixes, ou encore des odeurs agréables qui lui revenaient -ça, ce n'était pas vraiment utile, juste pour le confort du travail. Au final, tout n'était là que pour faciliter son travail et cela rapidement. Si la scierie était aux prises avec des pillards, il fallait intervenir vite pour leur éviter la peine de saccager l'endroit ou encore sauver les innocents dedans. Ces gens-là n'avaient rien demandés, et ils constitueraient certainement la main-d'oeuvre nécessaire à l'activité des lieux. Se plongeant encore plus dans ses réflexions, il fit appel à beaucoup de ses connaissances pour gérer la situation. La première fut évidemment Mysora, qui était son agent le plus loyal et certainement le plus efficace qu'il connaissait. Du moins, c'est ce que l'histoire lui avait appris. Sa névrose qui la poussait à ne jamais décevoir était parfait pour les plans de Keith. L'objectif de la Dame serait simple : éliminer les brigands superflus. Une fois qu'ils auraient quittés les lieux. Des gens comme cela étaient dangereux, et ils avaient une trop grande soif de liberté pour être contrôlé.
Le crime doit être contrôlé car on peut pas l'empêcher. Ceux qui ne respectent pas les limites seront donc éliminés.
Un frisson parcouru dans la foulée le corps du jeune homme. Quand était-il devenu si cynique, ou même planificateur ? Avant, il ne faisait ce genre de plans qu'à court terme, peut-être moyen. Dans le but de s'enrichir ou sa gloire personnelle. Dorénavant, c'est pour un plus grand bien. Sa situation était enviable, inutile d'être trop gourmand juste pour soi. C'était là l'arrogance de la royauté et d'autres Nobles narcissiques. Keith n'avait pas envie de leur ressembler. Son pouvoir et ses richesses devaient être partagées. Pas garder jalousement.
Le soir qui suivi sa rencontre avec la Dame Corbeau, il alla sur place. La scierie lui tendait les bras, et il était grand temps d'élargir son empire. Cette scierie marquerait le début de nombreuses constructions et rénovations. Et grâce au signal convenu avec sa nouvelle associée, une nuée de corbeau vint le retrouver à part. La conversation fut courte, et du métal scintilla à la faveur de la lune. Changeant d'une main à l'autre. La Dame devait les convaincre de quitter les lieux en échange d'un fort dédommagement financier.
Keith n'avait que peu d'hommes avec lui. Son garde du corps Laureline, quelques miliciens, et des chevaux. Ses agents de l'ombre placés à divers endroits autour de la bâtisse. Et après d'interminables minutes, un croassement lugubre retentit dans la nuit. Keith s'approcha avec ses hommes de la scierie et y entra, remarquant des gens ligotés, il les fit libérer, aidant lui-même au passage. Une fois chaque personne libre, il demanda à voir le gérant. Ce dernier était blessé, battu même. Des propos incohérents et menaçants lui furent apparemment adressé avant la fuite des brigands. Veriano se montra rassurant et offrit à l'homme de le faire raccompagner en ville pour qu'il soit soigné.
Au fil de la conversation, alors que Keith parlait avec l'homme, il fut glissé que si l'intégrité physique du gérant et de sa famille était ainsi menacées, se mettre au vert serait probablement une bonne idée...
"Et je pourrais prendre votre scierie à mon compte, vous permettant par la même de pouvoir partir sans difficulté. La capitale n'est plus très sûre, de nos jours, vous savez."
La conversation dura ainsi quelques temps, et deux jours plus tard, une lettre parvint au Maître Veriano, signe que l'homme vendrait son bien dans la précipitation. Sans doute que la dague qu'il découvrit planté dans le bois de son lit à son réveil l'avait incité à se décider...
Entre temps, Mysora était rentré, toute joyeuse d'avoir traqué des gens. Cela faisait longtemps que Keith ne lui avait pas demandé un tel travail, son sourire sadique étincelait autant que l'or qu'elle rapportait, repris aux griffes des bandits.
C'était la réouverture, une semaine après ce triste incident. Semaine pour permettre aux employés de la scierie de se ménager après ce qu'il venait de se passer. Où les armoiries Veriano ornaient la devanture de la bâtisse. Une nouvelle ère ! Et le sourire de Keith s'élargissait avec satisfaction en regardant l'endroit.
- Spoiler:
- Comme j'étais en solo, j'ai passé toutes les phases négociations. Converser avec moi-même... Meh. J'en suis pas encore à ce point !