-Bien... Alors je résume. Vous, Aryette, et Lance... Vous, les jeunes recrues qui n'êtes rentré dans les ordres que depuis quelques mois... Vous, les inconscients et les affamés d'aventures... Vous vous êtes lancés dans une quête, destinée à des personnes expérimentées... Pensant réellement pouvoir y parvenir malgré vos faibles maîtrises ? Les pas de l'instructrice à la chevelure d'azure se firent pressants. Dévalant deux à deux les marches de la caserne, menant aux écuries personnelles des gardes. Talonnée de prêt, par un jeune homme dont le visage et les yeux, étaient bouffis par les larmes et les remords. Il savait, que lui et ses amis avaient fait une grave erreur en voulant s'accorder une quête... Ils pensaient réellement être prêts.. Le fait de devoir escorter un homme dans la forêt, leur semblait si facile et aisé... Qui aurait pu deviner que les choses allaient si mal tourner ? Il n'a rien pu faire, lorsque sous ses yeux, des brigands sont apparus, s'en prenant au marchand et sa marchandise, mais aussi à ses deux amis. Blessé, il put fuir, mais ne sait ce qu'il est advenu des autres. Aller de suite quémander de l'aide à son instructrice, lui semblait la meilleure solution, et cette dernière prit cet appel à l'aide très au sérieux. La sécurité de ses élèves était sa priorité, il était impératif qu'elle retrouve les deux autres, avant qu'il ne leur arrive malheur.
Parvenant dans les écuries, elle s’attela rapidement à préparer son étalon, ayant prit soins de caler son épée dans son dos. -Mais... Vous comptez y aller seule ? Ces hommes sont nombreux, ça serait totalement inconscient... Il ne put terminer sa phrase, qu'il se retrouva coupé dans son élan par un regard condescendant dans sa direction. Certes, cette remarque n'était pas des plus judicieuses, d'autant plus dans le contexte actuel de la situation... Lui ? Se permettant de donner un conseil à son instructrice ? Alors qu'il venait lui-même, de casser les pots ? -Désolé... Evangeline arrêta sa besogne, posant un bras sur son équidé et fixant la jeune recrue. Un léger sourire amusé se dessina sur ses lèvres, bien qu'il semblait plutôt pincé. -Ho... En voilà une parole censée. Comme quoi, il t'arrive parfois d'avoir des réflexions judicieuses. Moqueuse, elle pouvait l'être. Le jeune homme n'avait nulle leçon à lui donner, surtout après l'annonce de la situation dans laquelle il c'était mise. Il comprit de suite sa bêtise, et baissa la tête, perplexe et déconfit, tentant d'éviter le regard de son instructrice qui pouvait donner des frissons. -Tu as toutefois raison. Cependant... Si l'on venait à informer d'autres personnes de votre "prise de risque", cela pourrait vous couter cher. Des sanctions seront prises... Et bien que vous les méritez amplement, je compte me charger moi-même de votre sort. Evangeline, ayant toujours été proche de ses élèves, ne voulait pas les voir en mauvaise posture. Ces jeunes avaient du potentiel, bien qu'ils ne démontrent parfois une folie et une arrogance qui les poussent à prendre des risques insensés... Elle ne voulut pour autant, que la hiérarchie soit au courant, et les accables ainsi, pouvant de même les congédier de la garde. Elle les protégeait, probablement un peu trop... Cela lui coûtera sûrement un jour, peut-être bien ce jour même. Inconsciente, elle ne l'était pas pour autant.
Se retournant de nouveau vers son étalon, ses mains s’attelèrent de nouveau à préparer la selle. Serrant la sangle du mieux possible, et posant les rênes et les brides pour terminer sa préparation. Son visage se fit plus serein, et dicta de manière posée. -Trouve moi le garde Landel. C'est un garde royal, débrouille toi pour mettre la main dessus, et demande lui de me rejoindre. C'est la moindre des choses que tu puisses faire Casian, était sûrement l'une des rares personnes envers laquelle elle accorde une confiance aveugle. Si elle ne voulait que l'histoire s'ébruite, il ferait sûrement son possible pour l'aider à se faire. Pour autant, Evangeline ne savait s'il allait pouvoir lui venir en aide... Un garde royal, a beaucoup de besognes, d'autant plus pour sa majesté la Reine. Elle comprendrait s'il ne pouvait la rejoindre, mais au moins elle aura tenté de l'inviter à la rejoindre. Qui plus est, l'instructrice ne se voyait prévenir d'autres personnes, au risque de l'intégrité des jeunes recrues qu'elle allait devoir sauver. Son visage se tourna une dernière fois vers le jeune, toujours le regard baissé vers le sol. La main de la jeune femme vint à se poser docilement sur l'épaule de se dernier, l'incitant à relever le regard. Ses yeux étaient attendris, son sourire sincère -Ne t'inquiète pas, je vais les ramener sains et sauf. La tête du jeune garçon hocha de manière positive, il ne pouvait que lui faire confiance et lui accorder la vie de ses camarades. Coupable... Oui, il se sentait coupable de faire courir à tous un tel risque. Et son instructrice allait se jeter à son tour dans la gueule du loup, pour réparer leur erreur... Allait-elle seulement y parvenir ?
Evangeline monta d'un bond sur son destrier, et claqua les rênes pour commencer sa folle course vers la forêt. La jeune recrue resta un moment à la voir s'éloigner, puis commença à courir vers le quartier des gardes. Il connaissait de vue le garde de la reine, et le chercha, se demandant comment il allait pouvoir lui amener les choses. Il avait honte d'avoir à dire qu'il avait lancé Mademoiselle Desreves dans un piège pour en sortir ses camarades, mais elle comptait sur lui pour faire passer son message, et il ne pouvait la décevoir... Du moins, pas plus qu'elle ne pouvait l'être.
Le garde royal n'arrivait pas à fermer l’œil, accablé par divers pensées qui parasitaient son esprit. Allongé dans son lit, il s'inquiétait pour sa reine qu'il voyait perde de jour en jour de son éclat. Ses cadets, dont il avait toujours l'amer impression de ne pas avoir correctement joué son rôle d’aîné. Son père, qui insistait encore pour que son aîné respecte sa qualité de noble en perpétuant leur nom par le mariage. Cela avait le don de l'agacer - peu importe le sujet abordé de toute façon, le conflit entre les deux hommes était inévitable. Mais il se demandait si, au fond, il ne cherchait pas simplement à fuir ses épousailles en repoussant l'échéance pour une raison subjective plutôt qu'à rompre avec ses responsabilités. A vrai dire, sa fiancée et lui évitaient d'en parler. Sans doute n'étaient-ils pas encore prêts à le faire.
Casian passa une main dans ses cheveux et poussa un long soupire. Inutile, le sommeil ne venait pas. Alors il se redressa et vint s’installer devant son bureau, pensant que l'écriture l'aiderait à apaiser son esprit. Se saisissant d'un parchemin qu'il sortit de son tiroir, il se saisit de sa plume puis commença à griffonner dessus, formant les lettres une à une avec une calligraphie des plus belles et surtout lisible. Il ne pouvait qu'être appliqué, compte tenu de l'exigence que lui imposait son père durant toute son enfance. Une sombre période, dont il préférait ne se souvenir que des meilleurs instants. Seulement, c'était presque comme s'il demandait l'impossible.
Cette lettre était destinée à un de ses amis les plus chers, avec qui Casian avait pris l'habitude de prendre pour confident, outre qu'à lui demander de ses nouvelles. Lui aussi était un homme occupé et c'était tout à son honneur. Pendant de longues minutes, le Landel laissait naturellement filer sa plume. Une fois terminé, il scella le tout avec de la cire et qu'il tamponna avec le blason de son fier lignage. Il se leva ensuite, attrapa sa fidèle épée positionnée dans un coin de sa chambre qu'il accrocha à sa ceinture et partit remettre son message à la personne en charge de distribuer le courrier. A son retour à la caserne, il avait dans l'idée de sortir prendre l'air. Marcher, pour évacuer le trop plein qu'il avait accumulé en ce moment. Mais ce fût sans compter ce jeune homme qui vint à sa rencontre. Essoufflé. Paniqué, sous le regard perplexe du garde. Celui-ci avouait entre deux bouffées qu'il le cherchait. Lui, précisément.
— « Allons respire calmement. Là. »
Il le laissa reprendre son souffle, jusqu'à ce que l'adolescent ne finisse par se redresser pour délivrer son message.
— « ...Je t'écoute. Que se passe-t-il ? »
Et il conta tout ce qu'il s'était passé, ce pourquoi il était arrivé ici. Une inconscience de sa part et de certains de ses camarades qui avaient voulu jouer aux malinx en prenant des risques insensés. Casian était peut-être borgne, mais le bref regard réprobateur qu'il lui lançait de son seul œil visible suffisait à intimider. Puis le nom de Desrêves parvint à ses oreilles. Il perdit instantanément de sa contenance, pris par une vague d'inquiétude.
— « Mademoiselle Desrêves...? Où est-elle ? »
Demanda le grand blond, particulièrement concerné. Visiblement non loin d'ici d'après les dires du garçon. Il la savait capable de se débrouiller, quand bien même il ne pouvait pas s'empêcher de se faire du soucis à son sujet. Très vite, il reprit cette posture droite et chevalière qu'on lui connaissait.
— « Reste ici, et prévient de mon absence au cas où l'on ferait appel à moi de nouveau. Je m'en charge. »
L'homme ne lui laissa même pas le temps de répondre qu'il disparaissait déjà en direction de ses quartiers d'un pas certain à grandes enjambées pour prendre le nécessaire, à savoir de quoi se soigner et sa lance, abandonnant ainsi l'idée d’endosser son armure habituelle et son imposante cape pour de simples protections. Ayant pris tout ce qu'il fallait, Casian se dirigea vers l'écurie chercher son cheval, prépara la selle et tout ce sont il avait besoin avant de s'élancer au galop à la poursuite de l'institutrice. Son cœur battait à vive allure au rythme des sabots qui foulaient le sol poussiéreux tandis qu'il s'engouffrait dans la forêt.
Il ouvrait l’œil, guidé par sa capacité de prescience qui l'alertait d'un danger, espérant au plus profond de son être arriver avant que les choses ne dégénèrent. De loin, le garde royal finit par apercevoir la silhouette familière de la jeune femme. S'il pouvait se réjouir de l'avoir retrouvée, il était encore trop tôt pour affirmer qu'elle soit seine et sauve. Et le blond avait bien fait de ne pas tirer de conclusion trop hâtives : il remarqua des bandits au loin ayant entre leurs griffes des adolescents en bien mauvaise posture.
Arrivé à sa hauteur, la première chose qu'il fit fût de se préoccuper de son état et de celui de ses jeunes élèves.
— « Eva ! Tout vas bien ? »
Ce genre de situation ne devait en théorie pas leur donner trop de fil à retordre. En plus d'avoir été formés ensemble à l'académie militaire, ils étaient suffisamment préparés pour faire face à toutes éventualités. Mais on ne savait jamais ce qu'il pouvait se passer. Il valait mieux être prudent que pas assez, ce que ne semblait pas encore avoir intégré les jeunes recrues. Leurs aînés eux aussi s'étaient trouvés à leur place quelques années auparavant, et ça serait mentir que de dire qu'ils n'avaient jamais été imprudents.
La jeune femme tira doucement sur la bride pour ralentir sa monture. Rien ne servait à présent, d'arriver au pas de course. Il fallait être attentif aux moindres détails, visuels et audibles. Ce dernier allait être plus compliqué pour elle, mais ça devrait pouvoir se faire. Ses pupilles scrutèrent chaque mouvement suspect dans les feuillages, tandis que son étalon avançait tranquillement. Il fallait qu'elle suive le sentier, car c'est sur ce dernier qu'ils se sont faits attaquer. Plus profondément dans la forêt... Évidemment, des brigands ne prendraient pas le risque d'attaquer aux abords. Et elle ne se trompa pas, lorsque devant elle, sortit des sous-bois plusieurs hommes, pas plus d'une dizaine, dont certains tenaient en menace les jeunes à l'arrière, et celui qui devait être le marchand bafoué. Evangeline descendit de son destrier, et tenta de rester impassible. -Je me doutais bien que ce gamin allait m'emmener d'autres gardes... Je m'attendais à votre venue, mais je vous pensais plus nombreux ? Je suis déçu. -Je suis venue seule. Et je souhaite seulement ramener ces jeunes avec moi, pour le moment, vos histoires ne me regardent pas, je n'ai rien signé contre vous. Si vous les laissez partir, eux, et cet homme qui les accompagnait, je ne tiendrais nullement rigueur de cette histoire. La voici de retour, cette femme préférant pallier à ces situations quelque peu... Risquées... En tentant une méthode pacifiste. Elle a toujours préféré débuter ainsi, espérant éviter un combat inutile, et des blessés. Que les personnes face à elle soient ses amis, ou des ennemis lui voulant du mal, pour sa part, elle ne souhaite en faire à personne... Sauf si bien évidemment, on ne lui laisse le choix. En tous les cas, l'homme qui se trouvait au-devant des autres, semblait s'amuser de cette précision. Il n'était pas stupide, sachant très bien qu'une garde comme elle, serait tenue de faire un rapport sur eux. Un rire gras se déploya de sa gorge, laissant Evangeline perplexe et sur ses gardes. Il ne voulait coopérer ? Tant pis, il en sera ainsi. Il allait tout de même falloir opérer de manière à ce que les jeunes ne soient pas blessés. Cependant, ils allaient eux aussi devoir y mettre du leur. Car seule, Eva ne pourrait venir à bout de ces brigands.
L'homme commença à entamer une marche vers elle, un sourire narquois sur le visage. Evangeline se mit en position de défense, sortant son épée et la maintenant droit devant elle. Son principe a toujours été de ne jamais donner le premier coup, attendant donc que ce dernier montre un signe d’agressivité. Son brusque arrêt lui fit comprendre qu'une autre personne arrivait par derrière elle, détournant le regard, tout en restant attentive sur les brigands. -Tu es venue seule n'est ce pas ? Je me doutais que ta parole n'était que mensonge. Et dites moi, d'autres vont se joindre ainsi à notre petite réunion ? Evangeline ne semblait prêter attention à ses paroles, déportant son attention vers Casian.
La jeune femme lui répondit par un bref hochement de tête, indiquant que son état était pour le moment, au mieux. Son visage était égaillé par la venue de Casian, plus sereine par le fait de l'avoir à ses côtés. Ainsi, ils avaient tout deux bien plus de chance de venir à bout de cette situation. Bien qu'elle espérait, parvenir à régler cette affaire sans qu'un combat ne soit engagé. Et oui, bien qu'elle ce soit engagée dans la garde, Evangeline a toujours eu à cœur de gérer les conflits de prime abord de manière pacifique et non-violente. Ses lèvres s'entrouvrirent légèrement pour le remercier de sa présence, mais furent brièvement couper par l'homme qui était au-devant des autres. -Je ne vous dérange pas j'espère ? Combien d'autres personnes sont censés arrivées au juste ? Offensé et bafoué, son visage, c'était durcit. Avait-il réellement compté sur la parole de la garde ? Bien que pour autant, elle ne lui avait jamais précisé que d'autres pouvaient arriver par la suite... En l'état, actuel, oui, elle était seule, et ne lui avait donc mentit Le fait que Casian l'ait rejoint par la suite était encore imprévisible... Quoi que... Avouons-le... Était-ce réellement inespéré ? Au fond, Evangeline savait très bien qu'il viendrait lui prêter main forte. Car jusqu'à présent, elle a toujours pu compter sur lui, et n'éprouve aucun doute à son égard.
Sa main se posa furtivement sur l'avant-bas de Casian, signe qu'elle prenait les choses en main pour l’instant. Avançant doucement vers l'homme en question, tenant toujours fermement son épée, mais gardant sa lame vers le bas pour démontrer une attitude plate et inoffensive. -Je reste sur ma première proposition. Laissez les partir, et nous nous en irons sans qu'aucun blessés ne soit à déplorer. Douce Evangeline... Surement trop naïve. Bons nombres de ses coéquipiers l'ont mise en garde quant à sa manière de procéder. Il n'y avait nul mal, à vouloir éviter un conflit, mais certaines fois l'on ne peut y échapper sans risque. Qui plus est, l'homme sembla s'amuser de cette parole, et fit un signe de main à ses complices à l'arrière. La moitié d'entre eux, entraîna les deux jeunes et le marchand avec eux dans la forêt. Hors de question de les laisser ainsi filer ! Evangeline tenta de s'élancer vers eux, mais fut stopper par une flèche s'immobilisant à ses pieds. Rapidement, son regard se tourna vers Casian. Il semblait que les hostilités furent lancées, et qu'il n'y avait nul manière d'échapper à un croisement de fer. Bien, ils allaient donc devoir s'occuper de ceux qu'ils leur barrent le chemin, afin de retrouver aisément les jeunes en difficultés.
Ce regard, Casian devait le connaître. Après ces années à avoir grandit ensemble, mais aussi ces entraînements menés l'un avec l'autre, ils se connaissaient mieux que personne. Evangeline s’apprêta à attenter une offensive envers l'homme qui semblait donner les ordres, mais la flèche ne venait pas de lui, ses complices qui étaient restés, le protégeant. Elle comptait sur lui pour protéger ses arrières, et semblait nullement en douter. D'un bond, elle jaillit vers le brigand, qui quant à lui tenait fermement une hache entre ses mains. Il y allait à présent, du plus rapide des deux. Evangeline n'avait pour le moment, seul but de le désarmer et de le mettre à terre.
Suite au lancé de dé, coup critique, elle désarme l’adversaire et le met à terre.
Bon sang. Ils étaient malheureusement plus nombreux qu'il ne l'aurait espéré, tous prêts à en découdre. Quoiqu'il en soit, un signe de la tête de la part d'Evangeline avait suffit à le rassurer. Un peu, du moins. Même entraînés, ils devaient prendre en compte plusieurs facteurs qui risquaient de faire pencher la balance à tout moment. Déjà, les brigands étaient plus nombreux. Il suffisait de diviser le groupe ou d'atteindre leur chef pour que leur formation parte en débandade. Stratégie simple, mais néanmoins efficace. Encore fallait-il savoir comment procéder. Casian réfléchissait à toute vitesse, tandis que le chef de la bande commençait déjà à s'impatienter face au duo.
— « Je ne vous dérange pas j'espère ? Combien d'autres personnes sont censés arrivées au juste ? »
Le blond fronça les sourcils. Le malfrat devait bien se douter que des gardes allaient arriver sur place et qu'il fallait être stupide pour se charger tout seul de libérer les otages, aussi capables qu'ils pouvaient l'être.
— « Ce qu'il faudra pour que vous les lâchiez. »
Ces mots sonnaient comme un avertissement. Il était de ceux qui préféraient jouer la carte de l'intimidation, en faisant comprendre que de se frotter à la garde était une très mauvaise idée sans pour autant user tout de suite de la manière forte. Mais Evangeline n'était pas de cet avis, préférant miser sur la médiation. Le bref contact qu'elle apposa sur son avant-bras le fit quelque peu sursauter mais il se détendit aussitôt lorsqu'il vit cet expression concentrée sur son visage. Sans même se parler, ils se comprenaient. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu'il la laissait s'avancer prudemment, sachant ce qu'il avait à faire. Se délestant de ses brides, le jeune homme descendit de son cheval, lance en main. Si elle était l'épée, il serait l'égide qui couvrirait ses arrières. L'inverse était tout aussi vrai d'ailleurs. Et d'aussi longtemps qu'il se souvenait, ils avaient toujours agit ainsi en parfaite symbiose, connaissant leur force et faiblesses respectifs. L'atmosphère était tendue. Son cœur s'agitait contre la poitrine, tant est si bien que ses battements raisonnaient dans ses oreilles, signe qu'une épée de Damoclès était prête à s'abattre sur eux à tout moment. Malgré tout, il demeurait confiant. Ils sauveront ces jeunes, quoiqu'il en coûte.
Les voir se faire emporter au loin ne laissa pas indifférent, quand bien même il tentait de ne pas être distrait, restant à l'affût du moindre mouvement suspect de la part des sous-fifres qui se tarirent comme des rats derrière leur chef. Une flèche tirée, et elle sonna le glas des hostilités. Evangeline s'élança sur leur principal ennemi qu'elle parvint, par l'effet de surprise, à le mettre à terre. Le blond profita alors de la confusion pour venir s'attaquer à l'archer qu'il avait dans son champ de vision. Rapide et calculateur, Casian bondit tel un lion sur son adversaire qu'il prit de court, si bien qu'il fût incapable de riposter. Ce dernier se retrouva désemparé face à la dextérité de cet homme qui, d'un coup bien envoyé dans la tête, se fit violemment envoyer au sol. Inconscient.
Le garde releva ensuite le nez, fixant de son œil perçant le malfrat qui détenait l'unes des recrues en otage, l'épée sous la gorge. Pointant la pointe de sa lance vers le ravisseur, il lui faisait comprendre qu'il avait tout à perdre en jouant aux plus malins.
— « Relâchez-les. Ou vous risquez de subir le même sort, si ce n'est pire. »
Lança-t-il sur un ton calme, posé, mais néanmoins froid et autoritaire. L'effet fût immédiat : le bandit ne semblait plus aussi confiant, et pourtant, il continuait à s'accrocher malgré que son chef fût mis hors d'état de nuire.
— « ...Vous ne me faites pas peur ! Venez les chercher si vous les voulez ! »
Tournant brièvement la tête vers sa fiancée, il vit au loin trois lâches détaler comme des lapins. Certains restèrent encore sur place. Soit ils étaient courageux, soit complètement stupides. Ou les deux.
- Lancé de dé:
- Coup critique. Casian parvient à toucher son adversaire et à le mettre au tapis.
D'un bond presque félin, Evangeline parvint à s'élancer contre le premier malfrat face à elle. Elle savait que son approche n'allait pas être sans risque, au vu de la protection de ce dernier. Malgré tout, elle fonça sans faire attention à ce qu'il se passait sur ses arrières, ayant une confiance aveugle envers la protection de Casian. Elle ne s'y trompa pas, ce dernier parvenant à maîtriser l'archer. De son coté, la garde réussie à désarmer sa cible, et le mettre à terre légèrement sonné. Le but n'était pas de lui faire trop de mal, cela devait aller ainsi. Du coin de l’œil, elle veilla sur Casian. Reprenant de manière inconsciente, la manie qu'elle avait de guetter à sa sécurité. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, il était toujours aussi fort, plus encore. Elle qui, silencieusement, c'était souvent inquiétée pour lui durant tout ce temps. Un détail lui sauta soudain au visage, voyant l'un de ses yeux voilés. Toutefois, le moment n'était pas venu pour se poser sur les détails. Détournant le regard, elle vit à son tour certains bandits détaler comme des lapins. Le marchand qui devait être escorté par les jeunes recrus, en profita pour se positionner près de Casian, pensant y trouver une plus grande sécurité. S'il pouvait se cacher entièrement derrière lui... Il le ferait.
Se concentrant de nouveau sur l'homme non loin de Casian, menaçant la jeune fille de la garde. Evangeline comprit, que cet homme n'agissait à présent que par la peur. La peur de se voir mettre à terre comme ses deux comparses.... La peur de se voir arrêter... Finalement, il était aussi lâche que les autres. Cette prise d'otage de la part d'une personne si fragile, émotionnellement, n'était pas à prendre à la légère. De nouveau, elle allait devoir accorder toute sa confiance à Casian, car elle allait intenter une tactique apprise lors de ce genre de situation. S'avançant vers lui, elle perçut le rapprochement de sa lame sur le cou de la jeune fille qui se crispa, mais retenait ses larmes. Evangeline posa son épée à terre, évitant un mouvement brusque, qui pourrait entraîner une alerte chez le bandit et blesser... Si ce n'est tuer, la jeune fille. -Nous avons seulement mis vos coéquipiers hors d'état de nuire. Il serait injuste qu'une jeune personne perde la vie pour cela. Si le sang doit couler, ce ne sera pas par nos mains... Sauf si vous blessé ces jeunes, sachez que l'on répliquera... Et ce, de manière plus sanglante que la vôtre. Nous sommes entraînés et à même de tous vous combattre, comme vous avez pus le constater. Alors, je vous déconseille d'intenter le premier pas vers un chemin qui sera sans retour. C'est ma dernière sommation. Ses paroles sonnées justes, et son visage ne montrait aucune faille à ses propos. Bien évidemment, en tant que garde, même si le voyou blessé la recrue, même la tuant... Ils ont pour devoir de ne pas en faire de même, dans la mesure du possible. Mais ça, il ne devrait pas le savoir.
En tous les cas, les mots d'Evangeline semblaient trouver une résonance dans la tête de ce dernier. Percevant la main de l'agresseur trembler doucement. La garde avança pas à pas vers lui, toujours désarmée. D'un geste vif, l'homme envoya la jeune fille dans les bras d'Eva, et pointa son arme vers les deux femmes. Il n'avait nullement un comportement qui indique une attaque, mais plutôt une mise en garde de ne plus s'approcher. Evangeline le comprit, prenant simplement sa jeune élève par les épaules et se retournant pour rejoindre Casian. Son regard était posé dans celui qui lui était promis, pour être informée si nécessaire d'une attaque furtive dans son dos. Docile, l'homme ne semblait pas vouloir attaquer, mais simplement s'en aller sans demander son dû. Chose que l'un de ses "amis" ne semblait apprécier, le voyant alors comme un véritable lâche. Leur chef était à terre, et comptait bien lui venir en aide. -Espèce d'abruti si on les laisse partir, on est foutu ! À son tour, il lâcha le deuxième jeune qui ne tarda pas à prendre son envol pour aller du côté de Casian. Evangeline avait elle aussi eut le temps de reprendre son arme et d'emmener la demoiselle auprès du petit groupe de garde.
Seuls deux brigands semblaient leur tenir tête à présent, peu nombreux mais près à en découdre. L'un s'avança d'un côté et l'autre à l'arrière. Evangeline se posa dos à Casian afin d'avoir l'un à l'œil, et lui pouvait surveiller les mouvements de l'autre, assurant ainsi la protection mutuelle de leurs arrières. Elle recula de quelques pas, jusqu'à ce que leurs dos soient collés l'un contre l'autre. -Je suis heureuse de te revoir. Un souffle léger, un chuchotement à peine audible sauf pour celui qui se tenait dos contre elle. Il ne pouvait voir son sourire, mais le son de sa voix laisse le percevoir. Sa main vint doucement frôler la sienne, geste intentionnel ou non ? C'est à vous d'en décider.
Son autre main tenait fermement son arme, il était temps d'en finir avec cette histoire. Sa main libre revient vers l'avant, lançant d'une rapidité imperceptible un portail à ses côtés et aux côtés de celui qui lui faisait face. Bondissant à l'intérieur, elle lui fit alors la surprise de son rapprochement soudain. Sous l'effet de la surprise, il tenta une défense avant de se voir démuni de son arme.
- Pour le lancé de dé:
- coup critique : Eva désarme l'homme et parvint à le mettre à terre
réussi : Elle le désarme
presque : Elle échoue au premier coup, et évite justesse un coup d'épée qui ne fait que lui écorcher la joue, ripostant rapidement pour parvenir à le désarmer.
échec : Il l'esquive, elle ne parvint pas à le toucher et lui parvint à la désarmer.
échec critique : Elle est victime d'un déséquilibre à cause de son léger handicap, perdant son arme et se voit prise entre les mains du malfrat qui menace de lui trancher la gorge si Casian ne dépose pas son arme au sol.
RESULTAT > PRESQUE
Petite précision, Eva étant passée par l'un de ses portails à donc maintenant les cheveux tirant vers le vert comme sur la signature.
Ils n'avaient qu'une priorité : que le marchand et les élèves rentrent sains et saufs. Le blond avait une confiance aveugle en Evangeline, en ses compétences auxquelles il avait eu maintes et maintes fois l'occasion de se mesurer. Cela serait néanmoins une grossière erreur de sous-estimer leurs ennemis, même s'il s'agissait de simples bandits. La difficulté résidait non pas de savoir se débrouiller face un nombre plus élevés d'adversaires, mais par le fait d'être capable de visualiser à la fois leurs actions et d'avoir un œil sur les deux gardes à en devenir. Rajoutez à cela son pouvoir de prescience qui l'alertait d'un danger imminent par des signaux, se manifestant par une sensation de malaise. Au fil des années, le protecteur de la reine s'y était accommodé et parvenait à être suffisamment concentré pour ne pas être trop distrait.
Voyant qu'ils étaient en mauvaise posture, l'un des assaillants, par la peur, commençait à trembler tout en resserrant l'emprise qu'il avait sur sa jeune otage. Le regard turquoise de Casian croisa brièvement celui de sa promise et sans même un mot, compris ce qu'elle s'apprêtait à faire. Ce dernier acquiesça puis empoigna davantage la lance qu'il avait entre les mains, prêt à assumer au mieux les arrières des personnes ici présentes. Evangeline s'avança lentement vers le bandit, confiante et élégante à la fois. Il avait toujours trouvé qu'elle dégageait une force de caractère, un charisme qui poussait les gens à la regarder, à l'écouter et à se faire entendre. Petits déjà, elle parvenait à le convaincre de la suivre dans ses folles aventures. Et même s'il subissait ensuite les conséquences de sa désobéissance, il admettait encore aujourd'hui s'être beaucoup amusé à ses côtés. Le jeune homme n'avait pas pas été surpris lorsqu'elle lui avait annoncé s'être engagée dans la voie de l'enseignement, pensant immédiatement qu'elle était faite pour être instructrice. Souvent, il se ressassait ce passif qu'ils avaient en commun avec une certaine nostalgie de cette époque où ils étaient encore des adolescents un peu naïfs. Enfin... L'heure n'était pas à la rêverie. Casian observait sa partenaire déposer les armes et s'avancer prudemment vers le malfrat, alors qu'elle tentait de faire dans la médiation. Elle parvint dans le calme des choses à faire libérer l'une de ses élèves qui vint se réfugier derrière le grand blond. La sentant trembler dans son dos, il essaya de la rassurer à sa manière.
— « Reste bien derrière-moi. Ne t'inquiètes pas, nous allons nous en sortir. Tous ensemble. »
Il prit un instant pour se retourner et lui adresser un sourire bienveillant avant de porter de nouveau son attention sur sa cible, animé par une détermination accrue d'en finir. Ils ne semblaient visiblement pas tous de cet avis. Les bandits restants souhaitaient encore en découdre, peu convaincus par ce dont les gardes royaux étaient réellement capables. L'autre libéra le dernier otage à son plus grand soulagement. A présent, il ne restait plus qu'à s'occuper de mettre un terme à tout cela. Il n'en restait plus que deux. En formation défensive, les deux gardes se retrouvèrent dos à dos. Tous ses sens étaient en éveil, prêt à agir dès qu'il en aurait l'occasion. C'est là que sa fiancée lui chuchota à l'oreille :
— « Je suis heureuse de te revoir. »
A ces mots, sa main vint frôler la sienne. Quelque peu dérouté par ce geste soudain, il n'avait pas pour autant sursauté. Au contraire. Il se détendit instantanément et en l'espace d'une seconde, cette sensation désagréable causée par son pouvoir fit place à un sentiment plus chaleureux. Bien qu'il ignorait le sens réel de ce geste ou même si c'était intentionnel, il vint portant fébrilement serrer sa main. C'était bref, furtif bien sûr, mais suffisant pour montrer qu'elle était en mesure de compter sur lui. Toujours.
— « Comme on bon vieux temps, n'est-ce pas ? »
Le Landel lança un coup d’œil complice à Evangeline. Un sourire félin orna ses lèvres puis, tandis qu'elle usait de sa capacité unique pour prendre son opposant qu'elle parvint d'ailleurs à maîtriser sans trop d'effort par l'effet de surprise, il siffla pour appeler son cheval avant de se retourner vers les deux disciples de la jeune femme.
— « Prenez mon cheval et rentrez - »
Il n'eût même pas le temps de terminer de donner ses instructions que le dissident fonça vers le blond prêt à en découdre.
— « Allez-y, MAINTENANT ! »
S'écria leur aîné qui, dans un maniement de la lance aussi impeccable qu'impressionnant, blessa méchamment sa cible à son flanc droit. Pas au point de le tuer puisque là n'était pas son but, mais bien de le mettre hors d'état de nuire. Le hurlement que Casian lui arracha semblait indiquer que c'était en tout cas réussi. Se tordant de douleur, l'homme saignait à vue d’œil. Il entendait des bruits de sabots s'éloigner. Les voilà parti. Au moins, c'était un soucis en moins à se préoccuper.
Soulagé, le protecteur de la reine soupira. Ensuite, il s'en approcha, sans pour autant trop s'éloigner du marchant qu'ils avaient encore sous leur protection. Son doux visage se voila d'un air sombre, intimidant. Là était le but : il voulait lui faire comprendre que leurs petites magouilles étaient terminées. Echec, et mat.
— « Partez. Loin d'ici. Ou peut-être n'en avez-vous pas eu assez ? Ma clémence a des limites, alors je vous conseillerais de prendre mes menaces au pied de la lettre. Je ne le répéterai pas deux fois. »
Lança-t-il, d'une voix froide et ferme. Le loup blanc sortait de sa tanière, et il valait mieux ne pas se le mettre sur le dos, car il s'avérait être un adversaire particulière redoutable. Et surtout sans pitié s'il le fallait.
— « Et quoi...? Vous allez nous jeter en prison, nous tuer...? Vous vaudriez pas mieux que nous dans ce cas... »
Casian demeura silencieux. Même s'il le voulait, il ne lui donnerait pas ce plaisir. Mais ils jugèrent bon de les épargner. Leur rôle principal était d'assurer la sécurité des habitants et de la couronne, non pas de faire du zèle. Les otages étaient libérés, et c'était tout ce qui importait. L'autre encore debout chercha son partenaire plié en deux qu'il aida à se relever, sous l’œil attentif du garde royal.
— « Tss...Si on se fait pas buter là, le patron le fera à votre place de toute façon. »
Le blond arqua un sourcil. Ah. Alors l'autre n'était pas leur chef finalement. Enfin peu importe. Amochés, ils ne perdirent pas de temps à quitter les lieux. Il les observa s'éloigner dans une démarche nonchalante puis poussa un soupire, se retournant vers le marchant et sa plus fidèle alliée. Celui-ci insista lourdement pour généreusement récompenser ses sauveurs. Mais était-ce si nécessaire ? Ne valait-il pas mieux continuer à l'escorter plutôt ? En tout cas c'était ce qu'il suggéra, scrutant de son seuil œil viable les hommes encore inconscients faces contre terre.
— « Qu'en pensez-vous ? »
- Lancé de dé:
- Réussi Casian touche sa cible et la blesse. La douleur l'immobilise.
Cette sensation. Cette chaleur qui s'éveille dans sa poitrine lorsque la main de Casian vint serrer la sienne. Bien que ces gestes l'un envers l'autre, semblent fluides et naturels, ils lui provoquent toujours une certaine sensibilité. Elle appréciait, le savoir ainsi à ses cotés, et de savoir qu'elle pouvait compter sur lui. Cela ne dura qu'un bref instant, mais c'était tout de même agréable. Doucement, sa tête vint se poser contre le dos de Casian, gardant dans son visuel celui qui lui faisait face. Il fallait toutefois ne pas perdre de vue l'objectif, maitriser ces voyous. Sans plus attendre, elle s'élança contre son adversaire, le coupant lui même dans son élan.
Manqué. Il était bien plus rapide que ce qu'Evangeline crut percevoir, manquant son premier coup envers lui. Heureusement, elle parvint à se retourner à temps et parer le coup d'épée qui lui était destiné. Un deuxième coup vint rapidement en sa direction, ayant la justesse de se reculer. La lame froide et sanglante de son adversaire embrassa la joue de la garde, qui sentit un mince filet de sang couler sur sa peau nacrée. Un léger cri de peur se fit entendre derrière elle, sûrement par la jeune fille qui eut peur de voir son instructrice imbue de sa tête. Ne se laissant toutefois pas déstabiliser, surtout pour si peu, Evangeline parvint par ruse et habilitée à déstabiliser le briguant et le désarmer pour de bon. Puis, d'un coup, le mit à terre pour le neutraliser. Voilà une bonne chose de faite. Casian eut alors, la bonne conscience de faire partir les plus jeunes de cet endroit. Ainsi, ils n'auraient plus besoin de se préoccuper de leur sécurité, c'était une bonne chose. Qui plus est, sonnés comme ils devaient l'être, il valait mieux qu'ils ne tardent pas à rentrer. Evangeline croisa leur regard, et acquiesça pour les presser d'accepter. Il allait de soi, qu'ils reprendront cela ensemble, une fois qu'elle rentrerait à son tour... Ou du moins dans les jours à venir. Ces jeunes n'allaient pas se tirer si facilement de leur bêtise. Casian eut à son tour, aucun mal à neutraliser son adversaire. C'était évident, ces voyous ne faisaient nullement le poids face aux deux gardes des mieux entraînés. Même si leur nombre était pourtant supérieur, certains ont eu l'intelligente -si l'on peut dire- de comprendre que se mesurer à eux était vain.
Evangeline resta aux arrières de Casian, préférant le laisser se montrer sous ses airs de grand Loup Blanc. Chacun des deux avait ça méthode pour faire face aux autres, mais malgré la différence, elles étaient complémentaires, et c'est ce qu'il faisait leur force. Elle savait qu'il avait ce don, d'impressionner les autres de part sa carrure et sa prestance. Son visage grave et intimidant, avait coupé l'envie à plus d'un de se frotter à lui. Il valait mieux pour eux, d'accepter la proposition du garde royal, car sa patience semblait s'être réduite. En réalité, il en était de même pour Evangeline... Bien qu'elle est toujours eue à cœur la conciliation et d'agir de manière pacifique, courber l'échine à chaque attaque envers elle avait toutefois une limite. D'autant plus, si Casian se trouve lui aussi confronter dans un duel. La jeune femme s'en est toujours voulue, sans toutefois l'avouer de vive voix, de ne pas avoir toujours été là pour lui venir en aide. Cette sensation de l'avoir abandonné lorsqu'il en avait besoin... Lorsque ce dernier avait perdu l'usage de son œil. Elle avait elle aussi, développée une faiblesse suite à une mauvaise manœuvre lors d'une mission, mais cela n'était nullement comparable.
Quoi qu'il en soit, les bandits ne demandèrent pas leur reste, et filèrent sans ne plus chercher à croiser le regard de Casian. Certains se trouvant encore à terre, se relevèrent à leur tour, et prirent leur camarade avec eux. Les gardes, leur laissé, une chance de s'en aller, autant la saisir. Toutefois, si Evangeline se trouvait à entendre une nouvelle fois parler d'eux, elle n'hésiterait pas à revenir et mettre un terme à tout cela pour de bon. Aujourd'hui, la tâche de les arrêter ne lui était nullement destinée. Son but était de sauver les jeunes, c'était fait. Quoi qu'il en soit, la proposition de Casian était ce qui semblait le plus correct pour Evangeline. - Nous ne sommes pas si loin que ça du seuil de la forêt. Nous pouvons continuer à vous y escorter, maintenant que nous sommes ici, autant aller jusqu'au bout. Ses pupilles se tournèrent vers Casian, lui échangeant un petit regard complice. Car cela allait aussi leur permettre, de passer plus de temps ensemble... Du temps, qu'ils n'avaient pu grandement s'accorder ces derniers jours... Ces dernières semaines. Bien trop longtemps en réalité.
Evangeline alla chercher son destrier, qui était resté bien sagement à attendre que sa propriétaire revienne vers lui. Prenant les rênes, elle le garda à marcher à ses côtés, se mettant de l'autre de Casian. Un silence se fit le temps que les gardes et le marchand ne parviennent à l'extrémité de la forêt, ce dernier insista de nouveau pour les gratifier de leur aide, mais il n'en était pas nécessaire. N'oublions pas, qu'ils n'étaient pas venus pour cela dans un premier temps. Et assurer sa sécurité jusqu'au bout, en était de leur devoir.
Il ne restait à présent, aux deux gardes à retraverser la forêt pour retourner à la caserne. Si le silence était de mise tout à l'heure, Evangeline comptait bien profiter de ce moment en tête-à-tête pour renouer avec Casian. Heureuse, bien trop heureuse de le revoir. S'approchant doucement de lui tout en marchant à ses côtés, leurs bras se frôlèrent presque de cette proximité, comme si leurs corps se cherchaient. Son visage se redressa vers lui, scrutant celui du garde royal. Le revoir, lui apportait une sensation... Étrange, mais bienfaisante. - J'aimerais te remercier de ton aide. Ça fait un petit moment que je ne suis pas retournée sur le terrain et... Ça me paraissait évident d'y retourner avec mon plus fidèle coéquipier. Du moins, de ce que l'on pouvait être avant.
Un sifflement interrompit. Une flèche d'un important calibre, visant tout droit la tête de Casian. - Attention ! La réaction qui s'en suit, se fit sans la moindre réflexion. Evangeline se déporta aussi rapidement que possible pour pousser Casian et lui éviter un coup qui aurait pu lui être fatal. La rapidité de l'action, et le choc de l’instant présent, fit que les deux gardes se trouvèrent à rouler à terre. Evangeline sentit le corps lourd de Casian sur le sien durant ce court instant, mais à ce même moment, un second sifflement si fit entendre dans leur direction. Ses paupières se fermèrent, par peur, par appréhension de voir ce qui allait se passer... mais aussi par réflexe. Légèrement sonnée par leur chute provoquée au sol, elle se redressa péniblement. Un râle la fit de suite réagir de nouveau, et sa vue s'horrifia. Casian, au sol à ses cotés, blessé par l'une des flèches qui était venue se logée dans son épaule. - Casian ! Son regard s'horrifia à cette vue, ses mains se mirent à trembler, son souffle se couper. Se trouvant paralysée par la vue de le voir ainsi.
Tout est bien qui finit bien. Enfin presque. Casian se rappelait des mots de l'adolescent venu recueillir son aide. Lui et ses camarades étaient parti pour accomplir une mission d'escorte, seuls. Renvoyés à la caserne, les deux gardes s'étaient indirectement portés garants de la terminer pour eux. Mais il ignorait jusqu’où les jeunes recrues s'étaient rendues. Enfin peu importe. Au moins, Evangeline semblait être d'accord avec son collègue.
— « Nous ne sommes pas si loin que ça du seuil de la forêt. Nous pouvons continuer à vous y escorter, maintenant que nous sommes ici, autant aller jusqu'au bout. »
Le blond acquiesça, esquissant un sourire tandis que ses yeux azurs croisaient ceux de l'institutrice. S'ils étaient sûrs ? Questionnait le marchand. Assurément. Ils pourraient ainsi rentrer au bercail, rassurés de savoir tout le monde en sécurité. Une fois prêts à partir, le groupe s'engouffra dans la forêt. Casian était forcé de marcher, étant donné qu'il n'avait plus son cheval. Cela ne le dérangeait guère, quoiqu'il soupçonnait très fortement sa promise d'avoir volontairement mis de côté l'idée de monter sur le sien pour ne pas qu'il se sente lésé. Ou alors, de pouvoir être un peu plus réactive s'ils venaient encore à se faire attaquer. Dans tous les cas, elle pouvait compter sur lui pour la couvrir. Le précédent affrontement témoignait une fois de plus de leurs prouesses au combat, mais également dans cette confiance aveugle l'un envers l'autre dans laquelle ils se confortaient. D'ailleurs, il remarqua avec amusement son changement d'apparence. Ses cheveux et ses yeux avaient pris cette teinte verte pâle qu'elle arborait lorsqu'elle usait de son pouvoir. Habitué depuis le temps qu'ils se fréquentaient, cela ne l'avait pas surpris. Il ne pouvait toutefois pas s'empêcher de se dire à quel point elle était éblouissante. Radieuse. Il s'attardait sur son profil, encadré par ses cheveux qui tombaient joyeusement en cascade sur ses épaules. Les rayons du soleil, filtrés par les grands arbres forestiers, venaient délicatement mettre en valeur ses traits délicats. Il y avait chez Evangeline un contraste certain entre leur douceur et la femme guerrière qu'elle pouvait être, lui donnant ainsi cette beauté singulière qui la caractérisait. Elle était le genre de femme à plaire, et l'idée même avait de quoi contrarier Casian pour une raison personnelle. De la jalousie ? Peut-être était-il tout simplement possessif à son égard. Il n'en savait trop rien à vrai dire. Elle avait toujours réussi à éveiller son intérêt, ce dernier ayant quelque peu changé de nature au fil des années. Il ne la voyait plus forcément comme au premier jour. Cela n'avait rien d'anormal, dans la mesure où ils n'étaient plus des enfants depuis déjà un bon moment. C'était assez amusant de se dire qu'elle l'intimidait un peu au départ, et que le petit garçon timide avait évolué en un jeune homme accompli respecté par ses paires. Devenir le protecteur officiel de la reine n'était pas donné à tout le monde. Cela témoignait d'une grande confiance que la couronne lui avait accordée mais l'accabler aussi d'une responsabilité encore plus importante que n'importe quel autre garde du même grade. Il avait, de ce fait, encore moins de temps à consacrer à sa fiancée.
Réitérant sa proposition de récompense, le marchand le sortit de sa rêverie. Ce à quoi les deux gardes refusèrent gentiment de nouveau. On pouvait dire que l'homme était sacrément reconnaissant et c'était tout à son honneur, pensa le blond. C'était satisfaits, que leurs chemins se séparèrent une fois arrivés au bout de cette forêt, laissant les deux jeunes gens l'occasion d'être un peu seuls. Casian appréciait cette proximité qu'ils avaient en marchant côte à côte. Il se sentait bien. Apaisé, au point d’en avoir même oublié ce que cela faisait de ne pas être harassé par un sixième sens un peu trop persistant. Rares étaient les occasions où ils pouvaient tous les deux, et il ne manquait pas de penser à sa coéquipière dans ses moments de solitude. A sourire bêtement, en repensant à ce passé qu’ils avaient en commun. Leur enfance, à l’académie. Il payerait cher pour revivre ces précieux instants.
Alors qu’Evangeline se rapprochait, son épaule effleurait son bras. Placée à sa gauche, il voyait ses lèvres s’étirer alors qu’elle levait le nez vers lui.
— « J'aimerais te remercier de ton aide. Ça fait un petit moment que je ne suis pas retournée sur le terrain et... Ça me paraissait évident d'y retourner avec mon plus fidèle coéquipier. Du moins, de ce que l'on pouvait être avant. »
Il s’était retourné dans sa direction et la gratifia à son tour d’un sourire chaleureux dont il avait le seul secret.
— « Je t’en prie ce n’est rien, tu n’as pas à me remercier. Tu sais que je serai toujours-là pour toi. Qui plus est...Je constate que tu es tout aussi nostalgique que moi. J’ai l’impression que cela fait une éternité que nous avons quitté l’académie. »
Cela faisait presque dix ans déjà qu’il avait fini son parcours avec les honneurs. Il avait être de quoi être fier du parcours qu’il avait accompli. Ses efforts avaient fini par payer, et c’était tout mérité. S’il était un élève exemplaire, il ne manquait cependant pas une occasion de passer du bon temps. Ce dont il lui manquait cruellement, à présent qu’il servait personnellement la reine. C’était un choix. Personne ne lui avait mis le couteau sous la gorge, et sûrement pas son père. Les confrontations, les rires, les longues discussions...Au fond, tout cela lui manquait.
Casian poussa un soupir et leva la tête vers les ciel dégagé, aussi bleu et clair que son seul oeil apparent sous l’une de ses mèches blondes.
— « Ou… De pouvoir discuter comme nous le faisons actuellement. Je suis navré que nous n’ayons plus autant de temps à nous accorder qu’auparavant. »
Avoua-t-il, ses mots ponctués par une pointe de regret dans sa voix grave, douce et posée. Le garde royal s’apprêtait à continuer, quand il se figea tout à coup lorsqu’il sentit des palpitations dans tout son corps. Cette sensation, il ne la connaissait que trop bien. Un sifflement fit vriller ses oreilles, et avant même qu’il n'ait eu le temps de tourner la tête vers son angle mort, il se retrouva propulsé au sol par sa coéquipière, lâchant prise sur la lance qu'il tenait. D’abord sonné, une douleur aiguë vint le secouer, causé par une seconde flèche qui venait transpercer son épaule de part en part. Rien que par son gros calibre, elle n’avait rien d’une flèche normale. Le point touché n’était pas vital, mais la vive douleur qu’il ressentait n’en était pas moins équivalente à une entaille profonde faite au poignard. Le jeune homme tenta de se redresser sous les yeux épouvantés d’Evangeline, mais le voilà qu’il se mit à grimacer. Sa main s’avança fébrilement vers sa blessure. Appuyé sur l’un de ses avant-bras, ses doigts effleurèrent une pointe immaculée du sang qui tachait la partie supérieure de sa chemise comme pour vraiment réaliser ce qu’il venait de se produire. Une attaque vicieuse d’un ennemi, sûrement l’un de ces affreux bandits. Qui d’autre sinon ?
Il avait toujours ce mauvais pressentiment, ou peut-être était-ce mécanisme de survie dont les humains étaient tous dotés, de croire que le danger avait de grandes chances de roder encore dans les parages. Par réflexe, Casian ne pouvait pas s’empêcher de ne pas penser à la sécurité de sa fiancée au détriment de la sienne.
— « Ne t’inquiète pas pour moi Eva...Ne reste pas là, l’ennemi pourrait revenir. »
Disait-il entre deux souffles, les dents serrées, alors qu’il essayait de casser l’autre extrémité de la flèche afin de permettre plus facilement son extraction. En vain. Dans l’agitation, le cheval s’était éloigné, heureusement pas si loin des deux gardes. Les voilà dans de beaux draps et en prime, la frustration l'envahissait, bien plus que la honte dans cette impuissance qui le frappait malgré lui.
Evangeline vit son monde s'écrouler autour d'elle, ayant eu cette peur effroyable de voir son fiancé dépérir sous ses yeux. Fort heureusement, il ne semblait pas que les points vitaux eurent été touchés... Mais cela aurait pu.. Et de très près. Pétrifiée et horrifiée par la situation, elle revient toutefois rapidement à elle-même pour lui venir en aide. Dans un premier temps, il fallait qu'elle le sécurise pour être certaine qu'il n'y aurait plus aucun attaque à son encontre. Casian était vulnérable, il en était de son devoir de le protéger. Sans parler de devoir... Evangeline ne pourrait supporter de le perdre sous ses yeux... Non, cela lui serait impossible. Des collègues de la garde, elle en a vu se faire blesser ou bien pire... Néanmoins, Casian était une personne toute particulière à ses yeux et à son cœur, le perdre serait une blessure qui ne pourrait jamais se soigner. Elle refuse cette éventualité, qui était pour elle inenvisageable... Non, elle ne le permettrait pas.
Malgré le fait qu'il lui demande de partir, la garde semblait ne pas l'écouter sur ce point. Il en était hors de question ! Du moins, pas sans lui. Elle vint alors près de ce dernier, maintenant son arme et se posta au-devant de l'endroit d'où venait l'attaque, parant ainsi Casian de son corps. Il fallait qu'elle s'occupe de lui, mais avant cela, être certaine que leur assaillant soit déguerpi et qu'il ne puisse être de nouveau une menace pour le blessé. - Je reviens très vite. De toute évidence, il ne pouvait en faire autrement. L'idée de le laisser seul n'était pas sans déplaire, mais Evangeline avait visualisé l'endroit d'où venait la flèche, et comptait bien en découdre avec celui qui était l'auteur des maux de son bien-aimé. Cette pensée dans son esprit lui fit doucement secouer la tête... Elle voulait dire, son ami. Son ami.... Elle pense le qualifier ainsi, et pourtant... Le cœur n'est pas toujours en accord avec l'esprit. Bref, toujours est il que la jeune femme sait faire preuve de sang-froid, mais la, cette personne avait commise une grave erreur.
S’avançant prudemment, son regard parcourra les alentours, mais aucun signe d'une quelconque personne. Son pied heurta quelque chose de dur, et vit alors qu'il s'agissait d'un arc et de quelques flèches dispersées autour. Le lâche, ayant dû voir qu'il s'était manqué dans sa mise à mort, a prit la fuite bien rapidement. Evangeline aurait pourtant apprécié, lui faire amèrement regretter son geste... S'il pensait toutefois s'en tirer ainsi, elle ne comptait sûrement pas laisser la situation se passer. Mais pour le moment, il était urgent que Casian est des soins et soit mit en lieu sécurisé.
Revenant rapidement auprès de lui, elle lui assura de son regard, qu'ils n'avaient plus rien à craindre. Ils sont désormais seuls. Elle se posa à ses côtés, genoux à terre, examinant sa blessure. Ses dents se serrèrent, et son regard en disait long sur la culpabilité et la peur qu'elle pouvait ressentir. Sa main vint doucement effleurer la flèche plantée dans la chaire de Casian. Elle était solide et épaisse, il fallait de suite l'ôter pour éviter qu'elle ne fasse plus de dégât lorsqu'il devra bouger. - Il faut que je te l'enlève. Pardonne-moi, mais ça risque de te faire mal.... Si ça devient insupportable dit le moi. Elle se voulait assurée dans ses paroles, mais l'on pouvait sentir cette hésitation et cette inquiétude. Se penchant alors au-dessus de lui, cette proximité aurait pu ainsi la faire défaillir si l'on ne considère pas la situation actuelle. Elle attrapa l'extrémité de la flèche, maintenant l'autre partie de son autre main pour éviter que la vicieuse ne blesse plus Casian pendant qu'elle tente de briser l'embout. Elle força un moment, mais cette dernière était solide. Évidement, puisqu'elle était parvenue à transpercer sans aucun mal, ce garde qui est pourtant des plus solides. Il en aurait été pour Evangeline, elle lui serait passée à travers sans avoir à se stopper en elle. Elle aurait préféré être blessée à sa place, mais son gabarit n'aurait peut-être pas permis une fin si réjouissante.
L'adrénaline et le fait de vouloir débarrasser au plus vite son fiancé de ce mal, lui permit de trouver la force nécessaire pour la briser, mais se stoppa net juste après. Le mouvement un peu brutal, bien qu'elle tentait de son mieux d'agir avec douceur, n'avait pas du être agréable pour Casian. Il restait à présent à extraire le reste, et elle allait pouvoir l'aider à rentrer pour se voir prodiguer les soins nécessaires. Dans un second souffle, et soigneusement pour ne pas aggraver la chose, elle sortit la totalité de la flèche du corps de Casian. Il fallait à présent être rapide pour éviter que le sang ne coule trop avant qu'ils n'aient le temps de rejoindre la caserne.
Se séparant de sa veste, Evangeline la déchira de manière à tisser un lambeau assez grand qui pourrait servir de bandage le temps des soins. L'enroulant ainsi, autours de l'épaule et du bras de Casian, étant obligée de compresser assez fort pour stopper le liquide. Une fois chose faite, un léger soupir parvint à sortir des lèvres de la jeune femme, soulagée d'être parvenue à apporter les premiers soins. Mais il fallait que Casian soit rapidement vu par des personnes compétentes, elle s'en voudrait toute sa vie s'il allait adopter des séquelles irréversibles. Dans un élan de consolation et de rédemption, elle s'approcha un peu plus de lui pour nouer ses bras autours de son cou, et l'enlaça contre elle. - Je suis désolée. Elle pouvait ainsi sentir, le pou de Casian, mais aussi sa peau chaude au touchée, et familière. Un contact qu'elle aurait préféré dans une toute autre situation. Légèrement tremblante par la pression et la peur qu'elle venait d'avoir, elle se redressa sans oser croiser son regard. Extirper de ses pensées, par le renâclement de son cheval qui était retourné auprès de sa cavalière. - Je vais t'aider à monter dessus, se sera plus facile pour toi de rentrer ainsi. Evangeline se redressa doucement, se préparant à aider Casian à prendre ses aises sur l'animal. Le temps était encore compté.
Son épaule était comme paralysée. C'était la première fois qu'il voyait, ou même recevait un projectile d'une telle envergure. Il faut dire qu'ils vivaient dans un monde riche en magie et en armes de tout genre...
En somme, rien d'étonnant à ce que des bandits se retrouvent en possession d'objets insolites.
Casian finit par basculer en arrière pour se mettre en position assise. Evangeline ne l'avait quant à elle pas écouté. Dans le fond, il se doutait bien qu'elle refuserait de partir. Mais c'était plus fort que lui de penser avant tout à la sécurité de sa promise. Il avait un grand sens du sacrifice, peut-être un peu trop parfois. Toutes ces années à servir la garde ne l'avait pas aidé à penser autrement. A vrai dire, mourir n'était pas quelque chose qu'il craignait particulièrement. Le plus difficile, c'était la peine que sa mort causerait à ces êtres chers qu'il abandonnerait derrière lui. D'imaginer leurs visages torturés par le chagrin était, à ses yeux, le pire des châtiments possible.
Très vite, elle s'était postée devant le garde pour le protéger d'un éventuel autre danger. Reconnaissant, Casian esquissa un demi-sourire, rattrapé par un tiraillement insupportable de cette blessure qui le fit aussitôt grimacer.
— « Je reviens très vite. »
Il acquiesça en guise de réponse et ne bougea pas, attendant le retour de sa comparse de toujours. Le noble n'avait pas eu à patienter longtemps avant qu'elle ne revienne à ses côtés pour s'occuper de cette flèche parasite. L'ennemi s'était visiblement volatilisé. Il en était certain, puisque ses sens ne s'agitaient pas.
Au vu de la situation, cela risquait d'être d'autant plus problématique si l'objet de son mal n'était pas rapidement retirée. Il en avait conscience, tout comme Evangeline qui vient aussi à cette conclusion après l'avoir examiné.
— « Il faut que je te l'enlève. Pardonne-moi, mais ça risque de te faire mal.... Si ça devient insupportable dit le moi. »
Relevant la tête, leurs visages n'étaient plus que séparés par une courte distance. Dans une autre situation, il aurait probablement senti son cœur s'emballer face à cette rare proximité qu'ils partageaient, réveillé par ses sentiments d'adolescent qu'il avait jusqu'à maintenant gardés scellés sous silence.
— « Fais ce que tu as à faire...Je sais que tu feras de ton mieux. »
L'une de ses mains vint machinalement caresser l'avant-bras de la jeune femme dans une tentative de la rassurer. Puis il la retira et ferma les yeux, se préparant mentalement à supporter l'exercice pénible de l'extraction dans un ultime soupire pour se donner du courage. C'était avant tout un combat psychologique contre lui-même d'être capable de prendre sur soi, de résister. Le garde était quelqu'un de solide mentalement et de corpulence. Nul doute qu'il saurait traverser cette épreuve. Il sentit la flèche bouger dans sa chair pendant qu'Eva tentait de casser le bout, n'extirpant que des grimaces de son fiancé tandis qu'elle essayait de se concentrer sur sa propre respiration. Le pire fut quand elle se lança à retirer une bonne fois pour toute l'indésirable. D'un coup sec, il n'était plus. Néanmoins, elle avait en échange arraché un cri de douleur qui fit s'envoler les oiseaux perchés sur l'arbre derrière eux. La sensation était si horrible qu'on aurait dit qu'on venait plutôt de le désarticuler.
Consciente de ce que le blond venait de traverser, elle enroula ses bras autour du blessé après lui avoir fait un garrot avec ce qu'elle avait sous la main.
— « Je suis désolée. »
Surpris par ce geste si soudain, il se figea, bercé par sa chaleur et sa tendresse. Le doux parfum de sa chevelure soyeuse vint lui caresser les narines, l'apaiser, dans laquelle il avait enfouie son visage et fermer son œil afin d'apprécier ce bref moment de quiétude.
— « Non ne le soit pas... »
Souffla le garde, venant incliner sa tête pour lentement y déposer un baiser sur sa joue comme preuve de sa reconnaissance à son égard.
Même s'il voulait quelque part que ce contact dure plus longtemps, ils ne pouvaient pas rester. Casian avait besoin de soins. Et vite.
Sa lance récupérée, Evangeline l'aida à se remettre sur pieds et à rejoindre son cheval qui — louée soit Lucy — était revenu vers sa propriétaire. Le garde s'avançait en tenant son bras infirme, harassé par quelques vertiges auxquelles il s'efforçait de faire un maximum abstraction.
— « Je vais t'aider à monter dessus, se sera plus facile pour toi de rentrer ainsi. »
En guise de réponse, il lui offrit ce sourire si spécial qu'il n'adressait qu'à elle. Seulement à elle. Alors qu'il glissait son pied dans l'étrier en s'accrochant à la selle de sa main libre, il se stoppa dans son élan et se retourna, réalisant qu'il avait omis quelque chose qui lui paraissait important de dire.
— « Eva ? »
Casian demeura silencieux quelques instants, la fixant intensément de son regard azur. L'expression de son visage s'adoucit, tandis que ses lèvres s'entrouvrirent pour prononcer ces quelques mots de toute la sincérité dont il était capable.
— « Merci beaucoup. Merci, pour tout ce que tu as fait pour moi. »
Si elle n'avait pas été là, il serait sûrement mort à l'heure qu'il est. Mais ses remerciements valaient aussi pour toutes les fois où elle avait su effacer ses doutes, ses craintes. Et pour cela, il lui était éternellement reconnaissant de lui avoir permis de devenir un homme meilleur en l'aidant à tendre vers son idéal.
Le temps de lui rendre la pareille, les deux comparses devaient encore retourner à la caserne. Les pauvres recrues les attendaient certainement avec impatience et appréhension. Qu'ils n'aient craintes. Leurs aînés étaient sur le chemin du retour. Leur calvaire était bientôt terminé.