Nouvelle journée de travail à L’Académie… Toujours plus épuisée à cause du bébé que je porte, je me sens déjà à bout de force en arrivant devant les portes de l’académie… A moins que cela ne soit la combinaison de la garde rapprochée d’Hel et la grossesse… Difficile de savoir ce qui est le plus fatiguant pour le coup. Laissant Geki dans la grande cours du bâtiment, je monte sans me presser, de toute façon, je ne peux pas faire mieux, vers les bureau. Aujourd’hui, on doit se voir avec Evangeline Desrêves et Lyana Gregorio pour finaliser l’exercice grandeur nature des apprentis gardes. Un sacré boulot d’organisation pour les mettre dans une opération en conditions réelles. Ils vont trimer comme de vrais Gardes pendant les prochains jours. La vie sera plus simple pour certains, plus compliquées pour les autres. Mais c’est une occasion en or pour eux, ils vont apprendre beaucoup au contact de Lyana et Evangeline lors de l’exercice. Entrant dans ce que l’on pourrait appeler le bureau des Instructeurs, je me dirige vers ma place pour m’affaler sur ma chaise.
Ces escaliers auront ma peau !
Cela commence vraiment à être compliqué d’assumer l’Académie et la Garde rapprochée… Je hausse la tête cherchant du regard le soleil par la fenêtre. Les apprentis devraient commencer à arriver dans une heure. Deux classes ont été convoquée pour cet exercice mais à des horaires différents pour qu’ils ne se croisent pas. Je soupire, Hel étant au palais pour les prochains jours, je n’ai pas à me préoccuper d’elle, juste de faire en sorte que tout se passe bien avec l’aide de mes collègues.
Se faisait-elle vieille, ou n'était-elle simplement pas faîte pour ça ? Elle se jura d'accepter et de tenir ce travail jusqu'au bout mais ces gamins allaient avoir sa peau. Lyana était elle aussi exaspérante à leur âge ? Elle en doutait fortement...et pourtant, à bien y réfléchir, elle avait même été pire. Elle n'était pas instructrice, mais avait toujours eu un bon feeling avec les recrues de la Garde encore en apprentissage. Mais jusque là elle avait toujours eu ce lien très amical, comme la grande sœur à qui on peut se confier et qui vous donne à voix basse les meilleurs moyens pour faire le mur une fois la nuit tombée. Aujourd'hui cependant, elle devait avoir une autre attitude. En temps que Garde sur le terrain depuis quelques années maintenant elle allait devoir faire partager son expérience. C'était une mission qu'elle trouva simple lorsqu'on lui en parla la première fois...mais lorsqu'elle se retrouva responsable de cette classe, elle voulut abandonner et retourner vivre dans sa grande forêt natale.
La classe en question était assez hétéroclite. On comptait bien entendu un petit groupe d'élèves très sérieux, qui se voyaient déjà carriéristes et finir au moins capitaine. Ceux là n'étaient pas bien méchants mais tout de même inquiets, bombardant Lyana de question au sujet de cette exercice grandeur nature. Il y avaient, en majorité, des élèves assez lambda, allant de ceux sûrs d'être au bon endroit, et d'autres se demandant encore si ils n'auraient pas mieux fait de suivre la voie de leurs parents. Cette majorité était la plus silencieuse, vivant simplement les choses tandis qu'elles se déroulaient. Arrivaient enfin les derniers, les turbulents, les petits malins...voir les petits emmerdeurs ! Lyana les trouvaient insupportables, il y avait d'abord le fils à papa, apparemment un ponte dans la Commission, le genre péteux et qui était certain d'avoir un poste facile à la sortie de l'académie. Le petit groupe qui se croyaient déjà garde et se la jouaient caïds. Et un dernier, le pire...qui n'avait simplement pas envie d'être là et pourrissaient la vie à tout le monde.
Lyana fit dans un premier temps leur connaissance à chacun et comprit à quel point l'exercice serait aussi difficile pour elle qu'il allait l'être pour eux. Quand elle leur beugla un ou deux ordres elle réalisa cependant que, malgré les disparités du groupe, tous avaient une attitude militaire assez correcte. Même la petite ordure de la classe finit par se tenir droite et silencieux. Les présentations faîtes, elle les laissa à leurs instructeurs habituels. De son coté elle avait d'abord un autre entretien.
Laissant la classe derrière elle, classe qui serait convoqué plus tard pour le début de l'exercice, elle se dirigea vers le bureau des instructeurs. Elle n'y était jamais allée depuis sa sortie de l'Académie et sa prise de fonction. Elle se souvenait, avec nostalgie mais aussi quelques regrets, de ses passages dans ses bureaux. Elle n'avait pas été une élève facile et posa plus d'un problème. Elle n'avait jamais été une recrue difficile, mais comme on le lui répété souvent, elle n'avait pas l'attitude ni le tempérament nécessaire à la garde. Elle commit de nombreux écarts et fut souvent convoquée. Mais c'est avec fierté qu'elle s'avançait vers ce même bureau. Après tout, n'avait-elle pas donnée tort à ses instructeurs ? N'était-elle pas une Garde aujourd'hui.
Elle toqua cependant à la porte de cette grande salle, comme si elle était encore une élève demandant la permission d'entrer avant de secouer la tête et de se ressaisir. Lyana entra alors, parce qu'après tout, elle en avait le droit. D'un coup d’œil dans la salle et elle remarqua que la personne qu'elle devait rencontrer s trouvait déjà là.
Aube Grassim était l'Instructrice ayant mis en place tout cet exercice et se démènerait pour le porter à bout...malgré sa condition physique évidente. Lyana la connaissait un tout petit peu. Elles avaient le même âge mais n'avaient pas fait leur classe ensemble. Elles s'étaient simplement croisées ça et là durant leurs années à l'Académie et s'étaient quasiment perdues de vue après leur entrée dans la Garde. Cependant Lyana ne pouvait pas oublier cette jeune femme très jolie aux cheveux blancs et aux attraits physiques d'un renard. Elle s'avança et lui sourit chaleureusement.
- Les Instructeurs sont vraiment des êtres sans cœur pour te laisser diriger cette opération dans ton état.
Lyana plaisantait bien entendu mais elle ne pouvait s'empêcher, au fond d'elle, de s'inquiéter pour sa camarade de travail.
- Tu vas bien j'espère, n'hésites pas à t'appuyer sur moi pendant l'exercice...et il y a Eva aussi.
Eva n'était pas encore là. Ah Eva, sa plus vieille amie dans la Capitale. Mais ce n'était pas le moment de s'amuser avec elle, toutes deux étaient là pour travailler. Et tout comme Eva, Lyana n'était pas du genre à plaisanter quand il s'agissait du travail.
La nuit ne fut pas des plus longues, ni des plus reposantes. Mais ce jour fut préparé, et l'instructrice avait pris le temps de se poser quelques jours avant, pour pouvoir être prête pour le grand jour. En effet, cet entraînement n'allait pas être anodin, ni des plus simples pour ces jeunes élèves. Des jeunes recrues, aspirant à devenir garde à l'avenir. Et si bons nombres avaient le potentiel pour, d'autres, avaient besoin d'un peu plus d'entraînement et de dévouement. Être garde, est un rêve pour beaucoup... Mais ils ne se rendent pas compte de tout ce que cela peut impliquer. Certes, être l'une des figures d'autorité d'Aryon apporte une grande fierté... Cependant, l'autorité ne s'acquiert pas, juste par désir ou par rêve. Evangeline a vu beaucoup de jeunes décider d’arrêter leur apprentissage, espérant certainement faire des tâches plus aisées. C'était ainsi, il fallait les confronter à la dure réalité des choses pour ne pas les bercer dans une illusion. C'est parfois cruel, mais à l'avenir, ils vont se retrouver confrontés à des situations, des personnes, des créatures qui ne les épargneront pas. Il en allait de leur sécurité et de leur survie... Les ménager ne servirait qu'à les faire courir à leur perte.
Evangeline prit soin d'apporter le nécessaire avec elle, se parant de ses vêtements habituels, mais n'oubliant pas ses protections. Ses avants bras, ses demies-jambes, son corset renforcé... Même si elle était bien plus entraînée que ses élèves, certains avaient parfois des gestes maladroits et non contrôlés. Ceci n'allait être qu'un entraînement, elle leur avait déjà appris à porter des coups dans le but de ne pas blesser leur cible, mais seulement les neutraliser... Ceci-dit, beaucoup font preuve d'étourderie et de balourdise. Raison de plus, pour que cet entraînement leur soit bénéfique.
Prenant la direction de la salle des instructeurs, elle croisa en chemin quelque jeunes qui semblaient appréhender la journée. Un léger sourire au coin des lèvres de la jeune femme, plutôt heureuse de voir qu'ils se sentaient si impliqués. Arrivant enfin à destination, Evangeline y retrouva sa collègue, mais aussi son amie à qui elle avait demandé de les aider pour cette tâche.- Bonjour, j'espère que vous vous sentez en forme pour cette journée. Accordant un petit clin d'oeil complice à Lyana, elle s'approcha par la suite de Aube, qui au vu de son état, n'allait pas pouvoir tenir son rôle bien longtemps. - J'espère que tu as prévu une monture, ça serait peut-être plus confortable pour toi de te déplacer ainsi. Evangeline savait très bien, que Aube n'était nullement le genre de personne à demander à ce que l'on s'inquiète pour elle et de son état. Si elle était encore dans ses fonctions, c'est qu'elle était tout à fait capable de les assumer. Cela n’empêchant toutefois pas, de lui assurer un petit confort.
- Bien, une fois mon groupe arrivé, je prendrais les devant avec eux. Restez toutefois attentive et faites attention, certains sont encore maladroits et foncent tête baissée. Il ne faut pas oublier que c'est un exercice, les fortes têtes ont tendance à ne pas contrôler leur coup. Il y avait toujours dans un groupe, des personnes qui veulent faire mieux que tout le monde. Qui pense savoir tout faire, et gérer convenablement la situation. Même si c'est ce que l'on attends d'eux, il ne fallait toutefois pas qu'ils en perdent l’enjeu prioritaire.
Pour passer le temps, je reprend les dossiers attenant à l’exercice. Beaucoup de paperasse administrative pour obtenir les autorisations de la Commission et des garnisons locales. Il ne faudrait pas qu’un régiment de Garde tombe sur notre unité de “brigand” en herbe, cela ferait un sacré désordre. Bien que je ne doute pas que cela fasse du bien à certaine forte tête. Mais la Capitaine Dorago s’est montrée plutôt compréhensive et même intéressée par cet exercice. Normalement, la sécurité de nos apprentis gardes ne devraient pas poser de problème, elle a reçu le parcours de notre convoi et devrait avoir fait le nécessaire. Je jette un dernier coup d’oeil à la carte pour être sûre de bien avoir le trajet en tête. Même si je n’aurai presque qu’à me laisser porter, je préfère rester sur mes gardes, mon arme magique à ma hanche en est la preuve. La présence de Geki, une autre preuve de ma préparation. Je redresse la tête lorsque l’on tape à la porte. Surement un apprentis, il n’y a qu’eux pour toquer. Prête à autoriser l’entrée, la porte s’ouvre sur Lyana. Pas vraiment une amie, au mieux une vieille connaissance de l’Académie dont je garde tout de même de bon souvenirs. Elle a gentiment acceptée de participer à cet exercice avec Evangeline et moi. Enfin, plus avec moi vu que c’est son groupe qui va m’escorter. Je souris en retour à l’archère.
C’est moi qui ait proposé ça. Ce n’est pas si terrible, juste beaucoup de papier à griffonner, c’est là une vraie torture.
Pour appuyer mon propos, je soulève le tas non-négligeable de papier.
Il ne faut pas vous inquiétez. Je vais vous regarder faire et glander dans mon coin. C’est plus une promenade de santé pour moi.
En effet, je ne risque pas grand chose à jouer à la noble. Si nos apprentis font leur boulot correctement, je ne bougerai même pas le petit-doigt. S’ils ne sont pas à la hauteur, et bien, j’ai une Chiraki bien trop protectrice pour remettre en place un individu maladroit. Proposant à Lyana de s’installer pour attendre l’arrivée d’Evangeline pour le briefing d’avant mission, je commence à placarder la carte au mur. Cette dernière ne tarde pas à arriver et semble visiblement de bonne humeur. Une humeur contagieuse car je ris à sa remarque concernant une monture.
Je me suis arrangée, il devrait arriver un peu après le départ de ton unité.
Je garde la surprise de mon moyen de locomotion, c’est important pour nos brigands en herbe et m’amuse beaucoup de faire la surprise à ma collègue. Je quitte ma chaise pour venir m’asseoir sur le bureau devant les jeunes femmes. La mise en garde d’Evangeline me fait tiquer, c’est important qu’ils apprennent à retenir leur coups si l’on ne veut pas que cela tourne à la bagarre généralisée. D’autant plus que l’on frappe rarement pour tuer une fois en poste.
On fera un rappel au briefing d’unité, s’ils ne sont pas capable de faire un peu attention après plusieurs années à l’Académie, ils seront bon pour des cours supplémentaires.
Et personne ne veut de cours supplémentaires. Celui qui les donne est une légende à l’Académie… Déjà quand j’était sur les bancs, il inspirait crainte et terreur. Avoir un cours supplémentaire avec lui, c’était l’assurance de souffrir pendant une bonne semaine après.
On fait un petit rappel de l’exercice ? On a rendez-vous à dix heures avec l’unité “Brigand” pour leur briefing. Départ en direction du sud de la Capitale dans la foulée pour qu’ils choisissent un lieu pour l’embuscade. Il est prévu trois heures d’avances, ça te semble suffisant Evangeline ?
Il y a de fortes chance que la bataille se passe de nuit mais cela n’en est que plus réaliste. Les brigands attaquent souvent à la faveur de l’obscurité, c’est donc un plus indéniable dans l’exercice.
Pour l’escorte, le regroupement est prévu à douze heure. J’espère qu’ils auront mangé avant sinon, tant pis pour eux… Le temps que Lyana fasse une revue des troupes, j’irai me préparer pour jouer à la noble. Départ à treize heure pétante au pas de course, direction Grand Port.
Les petits jeunes vont comprendre à quel point être Garde, ce n’est pas de la rigolade. Il n’est prévu de cheval que pour Lyana et Evangeline, les apprentis seront à pied. En arrivant sur le lieu de l’embuscade, ils seront certainement épuisé mais il faudra se battre. Et surtout se battre pour gagner.
Une fois par Lune, je dois amener une partie de mon bataillon pour aller faire un exercice par les instructeurs de la Caserne principale, deux instructrices qui prennent un malin plaisir à maltraiter les petits nouveaux pour leur bien. Je sais qu’il existe plusieurs scénarios possibles, qui va pour des situations en ville, campagne et autres, de quoi montrer l’importance de l’esprit de cohésion et de la chaîne de commandement. Je connaissais rarement le scénario dans ses détails, juste l’idée principale pour éviter de sonner l’alerte générale à la caserne royale pour rien et surtout éviter de faire évacuer la Reine. Généralement petit échauffement dans la salle d’Armes, rappel des règles du jeu par les instructeurs et on nous libère avec une promesse qu’ils nous arrivent quelque chose dans les prochains jours.
Cette fois-ci, c’était que des bleus, une nouvelle fournée qui m’arrive tout droit de l’internat, il fallait qu’ils fassent leur test en situation réelle, j’étais l’officier en charge cette Lune là donc après avoir convoqué mes troupes aux aurores et notre échauffement matinal, ils se mettent en formation et direction plein Nord pour rejoindre Grassim et Desrêves. Il y a un calme olympien dans les rangs, peut-être que leur aînés leur ont fait peur ou autres mais je sens une tension palpable mais je ne dis rien, je préfère leur garder la surprise, c’est tellement plus amusant.
Au bout d’une trentaine de minutes, nous voilà devant la grande porte et je me dirige directement dans la salle, entrant la première, j’annonce notre arrivée avec fierté.
- Bataillon du Myrmidon du Soltisce au rapport ! Lieutenant Alnilnam. Formation des rangs.
Toujours au pas de course, mes hommes se rangent comme il faut, se mettant aux gardes à vous aussitôt, je déclare qu’ils pouvaient adoptés une attitude plus confortable après le salut aux instructeurs mais ils gardent tout de même le silence. Je me tourne alors vers mes collègues, une main tendue pour les saluer chaleureusement, ça me change un peu mon quotidien ces exercices, je trouve ça même amusant et ça m’entraîne moi aussi à faire face à diverses situations.
- Instructeurs Grassim et Desrêves, bonjour à vous, j’espère que vous allez bien.
La garde royale semblait encore fonctionnelle malgré son état de grossesse avancé, la Commission lui a autorisé d’être instructrice provisoire au lieu de la mettre en repos, peut-être qu’elle ne le voulait pas mais au moins ça fait une aide supplémentaire pour Evangeline.
- Donc je vous présente nos jeunes recrues, je vous laisse le bon soin de vous occuper d’eux !
Je laisse ma place et me met en retrait pour voir la suite de la séance.
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