Maudit parchemin !─ avec Carciphona
Cette mission des méduses n’a pas été une simple affaire, je suis ravi d’être sur le chemin du retour. Nous allons nous attarder encore un peu dans le village perché pour essayer de découvrir ce que cache la carte que nous avons pêché dans une trompette … Non non ceci n’est pas une blague, nous avons bel et bien pêché une trompette dans laquelle était cachée une carte du village, avec des inscriptions que nous n’avons pas pu entièrement décrypter à cause de l’eau qui a diffusé l’encre sur le papier.
Toujours est-il qu’après avoir pataugé dans les marécages nous voilà dans une partie un peu plus sombre de la forêt. L’écorce des arbres elle-même est plus ébène, les branches sont comme de longues griffes agrippant nos vêtements. Choco hennit avant de renâcler, un léger coup de talon de ma part l’encourage à continuer d’avancer. Bientôt nous sommes obligés de poser pied à terre, la végétation se densifie, la lumière du jour est de plus en plus filtrée par les feuillus.
- Es-tu sûre que nous sommes sur le bon chemin Carci ? Demandé-je incertain.
Ma dague sert bientôt de machette pour nous frayer un chemin, je suis à la limite de rebrousser la route lorsque j’entends mon acolyte siffler de surprise au détour d’un bosquet. Je m’avance encore un peu avant de comprendre la surprise de la jeune femme : devant nos yeux un imposant arbre creux, sur ses branches calcinées un corbeau nous observe avant de s’envoler au dessus de nos têtes en croassant, nous obligeant à nous baisser. L’air est chargé de l’odeur d’humus en putréfaction, je me couvre les narines avec mon chèche. L’humidité du lieu agrippe nos vêtements comme une deuxième peau, je frissonne.
En nous approchant de l’arbre noir, on peut apercevoir la profondeur de son creux, tel un passage sous terre il me semble y voir des escaliers. Prenant dans mes affaires, je nous fabrique une torche de fortune avec un vieux bout de tissu et de la graisse animal, et à l’aide de ma pierre de feu je l’enflamme. C’est bien un escalier qui se dessine au fond du creux, nous invitant à descendre dans les ténèbres de la forêt.
- Toujours partante pour découvrir le secret de cette carte ? lui demandé-je pas très convaincu moi-même.
Choco souffle en piétinant d’impatience, sous son sabot un craquement, il vient d’éclater un crâne. Je ne saurais dire s’il s’agit de celui d’un animal ou … On va dire que c’est celui d’un animal oui. Un souffle frais me fait frémir, il est enjoint d’un croassement, puis deux, puis trois … C’est flippant, heureusement que je ne suis pas trop superstitieux, mais mon petit doigt me dit de ne pas trop traîner dans le coin. Et en même temps, la curiosité de ces marches souterraines me pousse à explorer la nuit où elles mènent …code ─ croquelune
La mission fut un grand succès enfin du moins on a réussi à ramener les spécimens en vie et c’était le principal, bon nous, on a un peu souffert mais après s’être reposer une bonne nuit, nous voilà partis pour résoudre cette fameuse carte. Nous avons demandé quelques informations à certains anciens du Village Perché mais à chaque fois, ils étaient effrayés quand on leur présentait, peu voulaient nous renseigner mais au bout de quelques essais, une sorte de voyante nous explique l’histoire de cette carte et l’endroit où ça mène.
Une terrible histoire sordide, une femme qui a du se suicider pour rejoindre son amour perdu et depuis hante la forêt aux alentours. Malheureusement on va dire, nous approchons grandement de la date fatidique de sa mort et elle va vouloir se venger encore comme chaque année, tuez les personnes du village qu’il lui a pris son bien-aimé !
Nous suivons la route et les instructions de la carte mais le chemin devient de moins en moins praticable mais je ne perds pas espoir et continue mon avancée, j’avais peur et excitée à la fois pour cette nouvelle aventure, je n’ai jamais cru à ses histoires de malédiction ou autre, je voulais voir contrer cette sordide humeur en allant directement vers cet arbre.
- Mais oui, t’inquiètes, j’ai un don légendaire pour l’orientation.
C’est bien la seule qualité où je suis sûre de ne pas me tromper, je sais toujours retrouver mon chemin et me promener pendant des années en forêt à forger mon expérience actuelle.
Nous approchons devant ce tronc d’arbre à l’aura malfaisante et nous marchons sur des sortes d’ossements, ils sont sérieux les mecs ? Un sanctuaire ? c’est dégeu puis on ne dirait pas des restes de charognards non… c’était encore plus flippant, on avait l’impression qu’ils sont morts sur place, foudroyés même !
- Oui je suis partante et nous allons même rentrés dedans !
Je dis à K’awill de me suivre de près, je mets ma lampe magique à mon front et l’active aussitôt et j’entame la descente dans le tronc, elles étaient glissantes, l’humidité était présente, nous entendons des bruits étranges, comme des sortes de hurlements lointains à moins que ce soit le vent, je ne savais pas trop mais nous marchons tout doucement pour atteindre un palier avec de la pierre froide, certaines dalles étaient bancales et ça me rappelle étrangement une scène à la Tour en Ruines quand lorsque je pose le pied, un sombre bruit de cliquetis et un rire machiavélique se fait ressentir...
- Oups...
Maudit parchemin !─ avec Carciphona
Après avoir attaché Choco d’un nœud des plus léger pour qu’il puise s’échapper en cas de danger, je suis Carci dans l’antre de la mort. Ma torche ne sert plus à rien, l’orbe lumineux de ma coéquipière est bien plus efficace, et moins dangereux. Ce serait dommage d’enflammer l’intérieur des caveaux … Quoi que … Ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée. Je ne crois pas aux légendes urbaines, pourtant en voyant ce lieu des plus sombres je ne peux m’empêcher de repenser à l’histoire de cette femme veuve réclamant vengeance année après année … C’est absurde.
Je suis la femme de près, bien que sa lumière soit assez forte j’ai l’impression que l’obscurité tant d’avaler cette clarté pas après pas. Je sens K’awill proche de nous, son pas est lourd tout comme l’ambiance du lieu. Nous atteignons un palier, un cliquetis et des rires machiavéliques plus tard, je lance un regard à Carci qui me tourne le dos. Une horde de chauve-souris nous oblige à faire un pas en arrière, deuxième cliquetis lorsque la brune soulève sa jambe, la pierre sous nos pieds se met à vibrer, bruyamment. Seul la loutre a le temps de s’écarter lorsque la dalle s’effondre sous notre poids, nous chutons de quelques mètres, amortis par une sorte de filet … Étrange. Je reste collé dessus et utilise ma force pour décoller ma main.
- J’avais pas besoin d’épilation … grogné-je.
J’observe les alentours tout en décochant ma dague pour couper la toile gluante … Toile, c’est bien le mot. Mon regard se stoppe alors sur des mandibules qui cliquettent un peut plus loin. Pas assez à mon goût ! Quatre pairs d’yeux rouges s’avance légèrement, suivi d’un énorme corps velus et de longues pattes tout aussi poilus …
- As-tu peur des araignées Carci? demandé-je urgemment. Là tu peux !
Je coupe la toile autour de mes membres précipitamment, enjoignant la brune à faire de même. L’arachnide doit bien mesurer un demi-mètre et je n’ai absolument pas envie de savoir si son venin est venimeux ou non. Mon corps s’affaisse lorsque je coupe le dernier file qui me retient trop proche de l’insecte qui émet maintenant des sons gutturaux, je peux presque apercevoir la bave coulant de ses maxillaires.
Cette fois je tombe dans une espèce de vase puante, la nausée monte à ma gorge. Le plouf caractéristique d’un corps tombant à côté de moi m’indique que Carciphona vient de me rejoindre. L’araignée pousse un cri de mécontentement, je tourne vivement la tête, l’entrée d’un tunnel est à notre gauche. Je pousse la jeune femme dans cette direction, utilisant ma pierre à feu pour enflammer la toile pendouillant au dessus de nous, espérant de tout coeur que la bête n’a pas l’intention de nous suivre. Le feu devrait l’en dissuader.
Mes pas son ralentis par le liquide vaseux dans lequel nous marchons, il m’arrive jusque mi-cuisse et le chèche sur mon nez n’empêche aucunement l’odeur de me tordre l’estomac. A moins que ça ne soit la peur qui commence à s’insinuer en moi … Je ne suis pas rassuré, du tout. Je ne sais pas où nous marchons, nous sommes sous terre et voilà que de troublants murmures se font entendre le long des parois. Un souffle froid me fait frissonner, mais pourquoi nous sommes nous aventurer là dedans ?! Pourquoi ?!
Des craquements se rapprochent … Je me retourne, je ne vois rien, Carci marche un pas devant moi quand soudain une masse blanche jaillit sur sa droite, je me jette sur elle et la plaque sur la paroi opposée. Le silence revient d’un coup, pesant, derrière moi un squelette est en puzzle flottant sur la vase … Sûrement a-t-il glissé du mur … Ce qui m’inquiète, c’est que cette fois il est clairement identifiable … C’est le squelette d’un humain.
- Bon okay faut qu’on sorte d’ici tout de suite ! Rebroussons chemin ! On trouvera le moyen de grimper et … et de se débarrasser de ce monstre là …
Cette fois ma boule au ventre est clairement identifiable, la peur. Ne pas céder à la panique, ne pas céder à la …
Alors que je tente une marche arrière une robe ensanglantée lévite vers nous … Mais que … ?! Puis un rire, strident, machiavélique, me glace le sang ! Je lance ma dague retour vers le vêtement, mon arme la traverse sans l’entailler outre mesure avant de revenir dans ma main.
- Qu’est-ce que c’est que ce délire … laissé-je échapper avant de m’enfoncer à nouveau dans le sombre tunnel, fuyant l’ectoplasme se rapprochant toujours plus lentement de nous.
- Carci ! Dis-moi que tout ça est juste un cauchemar?!code ─ croquelune
Ceci était un cauchemar, je n’avais pas de mot qui pouvait exprimer ce qu’il passait autour de nous, nous étions couvert de vase puante, nous étions pourchassés par cette araignée géante enfin si ça ressemblait en tout cas mais le coup du squelette qui flotte à côté de nous, c’était peut-être le truc de trop, la panique monte aussitôt, j’étais prête de à m’échapper d’ici mais je ne pouvais pas laisser Naëry tout seul dans ce calvaire, je ne pouvais pas le laisser mourir dévorer par la bête, c’était hors de mes cordes alors que je vois K’awill se mettre devant moi, me protégeant quoi qu’il arrive de l’assaillant qui se cache au loin…
Mais encore une fois, nous n’étions pas au bout de nos peines, une chose remplie de sang vole au-dessus de nous, je reçois des projections sur moi, c’était un calvaire...
- C’est qui le gogol qui a accepté de rentrer dans cet arbre ! NAERY pourquoi tu as repêché cette foutue carte.
Le pauvre, je vais bientôt lui rejeter toute la faute mais j’étais aussi contente que lui de faire cette petite escapade surtout si il y a un trésor à la clé mais là tout de suite, je regrette quand les bruits étranges se font entendres, des cliquetis, des pas traînants, j’avais une frousse bleue surtout quand Naë part encore plus dans le tunnel.
- Attends moi toi !
J’hurle comme pas possible, je ne savais pas que je pouvais faire autant mais un autre bruit sourd se fait entendre, une grille qui s’ouvre, le sol qui tremble, on dirait qu’on vient de lâcher une bête sur nous, de puissants rugissements, ne me dites pas que c’est encore un monstre de fer comme j’ai affronté sur une plaine avec Hex, ne me dites pas que c’est ça !
- K’awill, cours !
Je finis par courir de toutes mes forces, le sol était collant, je finis par rattraper mon camarade et prends la tête de l’expédition où plutôt de la fuite, on se prends des toiles d’araigné dans la figure mais le bruit qui nous pourchasse s’approche de plus en plus, tout comme les squelettes retrouvés sur le sol, des fois la femme en blanc survole encore au-dessus de nous, je reçois son sang en plein d’oeil, j’essaye de l’essuyer avec ma manche quand je tombe de nouveau dans un trou pour me retrouver un étage plus bas dans une pièce avec de l’eau. Naëry me retrouve aussitôt tout comme ma monture, une trappe se ferme, on se retrouve piégé et on attends la masse passer au-dessus de nous, une sorte de locquet vient de s’ouvrir ou ça y ressemble et l’eau commence à monter.
- Naëry !!! Je ne veux pas mourir, trouve moi une solution enfin plutôt trouve une solution, je ne veux pas te laisser ici tout seul…
Mon item me permettait de ramener K’awill et moi mais pas une autre personne, il fallait que je l’aide à chercher une solution et commence mon entreprise de trouver une trappe ou autre...
Maudit parchemin !─ avec Carciphona
Une nouvelle chute nous entraîne toujours plus profondément sous la terre, je n’aime pas ça du tout. La cavité où nous tombons n’est pas très grande, à peine de quoi faire quelques pas sur les côtés à trois, et quatre voire cinq têtes de plus que moi en hauteur. Je me sens étriqué, il ne faut vraiment pas être claustrophobe. Au moins nous échappons à la horde de terreur qui nous pourchassait quelques minutes plus tôt mais malheureusement, nous ne sommes pas au bout de nos peines. La pièce se met à s’emplir d’eau, qu’est ce que c’est que cette blague encore ?! Je n’ai pas peur de l’eau mais finir ma vie noyer ne me botte pas du tout mais alors PAS DU TOUT ! Carci panique, je me tourne vivement vers elle et attrape sa tête entre mes mains.
- Stop ! Asséné-je. Tu ne vas pas mourir Carciphona ! On va se sortir de là ! Je ne te laisserai pas mourir crois moi !
Moi aussi je crie, non pour couvrir le bruit de l’eau qui nous arrive maintenant aux mollets, mais bien parce que la peur me saisit les entrailles. Je suis près à creuser les parois avec les dents s’il le faut pour nous sortir de là ! Il faut que je me calme, allez Naë, trouve une solution, respire un bon coup, oublie l’eau qui monte à grande vitesse, ignore les murmures qui se font de plus en plus entendre. Cette fois les mots deviennent compréhensibles. Vengeance, mort, tuer, tuer, tuer… se répètent comme la litanie d’un condamné.
L’eau provient de grilles au sol, impossible à colmater, le courant est trop fort pour l’arrêter de couler. Je lève la tête sur la grille du dessus, une idée me vient.
- K’awill vient là mon grand!
Je grimpe à moitié sur son dos et attache ma corde enchantée aux barreaux de notre prison. Je fais un nœud solide que je bloque grâce à ma dague. J’attache l’autre bout très serré sur la selle de l’animal, la corde est tendue et je demande à K’awill de se blottir comme il peut dans un coin de la pièce. Avec sa force, la grille se tord, puis en faisant bouger la monture le long des parois, on entend le fer grincer, crisser, geindre avant de céder ! Nous ne mourons pas noyer !
- Sors Carci! lui ordonné-je. Je détache la corde et la range à la volée.
La loutre nous aide avant de nous suivre, nous sommes de nouveau dans le long tunnel, et cette fois un silence de mort nous accueil. Sincèrement je ne sais pas ce qui est le plus flippant entre ce silence pesant qui nous laisse le temps de nous demander à quoi nous allons être manger et les murmures menaçant. Ces derniers finissent pas reprendre lorsqu’un bruit de lame se fait entendre, comme si quelqu’un affûtait son arme.
Jack, Jack l’éventreur vient vous ouvrir les entrailles ... suivi d’un rire de fou. Bon okay, quitte à choisir je crois que je préfère le silence écrasant.
J’en ai marre de fuir, maintenant je veux sortir, et de suite ! Au lieu de partir à l’opposé du bruit de fer venant dans notre direction je m’y dirige, sortant mes propres lames, près à en découdre avec le psychopathe en question. Témérité ou pure folie de ma part, je ne raisonne plus assez pour pouvoir répondre à cette question.
Jack, Jack l’éventreur vient vous ouvrir les entrailles ...
- Et bien qu’il vienne! hurlé-je à bout de nerfs !
Un long bruit de gong résonne dans les sous sols, à moitié assourdissant. Je porte mes mains à mes oreilles, armes toujours dans celles-ci. Après les dernières vibrations le silence revient. Cette fois plus aucune rumeur, plus aucune menace. Juste le bruit de l’eau qui s’égoutte de nos vêtements, le souffle court s’échappant de nos bouches, le bruit de mon cœur qui bat la chamade à mes oreilles. Nous restons là quelques minutes à attendre la suite, seul l’obscurité répond à notre crainte. Je suis comme anesthésié, mon cerveau ne répond plus à la peur, ni au courage, plus à rien. Mon seul objectif est de nous sortir de là.
De petits yeux apparaissent dans la noirceur du tunnel et se rapproche rapidement, mes muscles sont crispés, je suis près à attaquer lorsque je reconnais un rat qui nous passe entre les jambes.
- Suivons le, maintenant! ordonné-je à la brune. Il va nous montrer la sortie!
Il nous fait rebrousser chemin et prend un petit embranchement que nous n’avions pas vu dans notre fuite, nous sommes obligés de nous pencher, K’awill quant à lui progresse en rampant. Je sens une légère pente ascendante sous nos pieds, l’espoir me reprend, nous allons sortir ! Espoir bien vite broyé par un nouveau rire démoniaque, ooh non … Pas encore !
- Carci, accélère le pas, soufflé-je à la jeune femme devant moi.
Quand est-ce que ce cauchemar se termine ? La boule revient de plus belle au creux de mon ventre, les battements de mon cœur s’emballent, il FAUT sortir !code ─ croquelune
Mais j’hurle car moi je peux m’échapper mais pas toi mais je ne peux pas te le dire, je ne peux pas t’abandonner, c’est pour ça que je panique, je vais être impuissante face à tout cela, je ne veux pas te perdre poto mais tu ne peux pas le comprendre, tu ne connais pas le pouvoir ce mon bracelet, celui qui me permet de téléporter n’importe quand jusqu’à la Guilde et ceux quelque soit les conditions, ça tu ne peux pas le savoir Naëry…
- Je sais je ne vais pas mourir mais….
Je préfère me taire, il n’a rien à dire et il faut qu’on se dépêche à résoudre ce problème et fissa mais mon camarade a trouvé la solution, il s’aide de K’Awill pour casser la grille au plafond pour ensuite se hisser pour atteindre le point le plus haut, a peine sur le sol, je reste allonger, profiter de ses bouffés d’air, oubliant la situation, oubliant que j’ai froid ainsi que les voix qu’on peut entendre au loin, nous ne sommes pas seuls, c’est sûr. Je me redresse aussitôt et entends le bruit d’une lame, une personne qui marmonne des propos incohérents, il semble seul et j’attrape moi aussi mes dagues, prête à en découdre, le brun fait de même et part devant, il veut affronter directement le danger, il n’en a assez d’être inactif tout comme moi mais le froid ne m’aide pas, il faut que je me ressaisisse.
Puis ce bruit… puis plus rien, je ne n’y comprends que dalle, je ne sais pas ce qu’il se passe, vais-je mourir un couteau planté dans le dos, une énorme bestiole va-t-elle débarquer ? Mais non, un rat passe entre nos jambes et on décide de le suivre, toute la compagnie se met en route, courant le plus vite possible dans la limite de mes forces surtout, nous courons pendant une éternité, enfin c’est l’impression que ça me donne mais je suis sûre nous n’avons fait qu’une vingtaine de mètres mais j’ai l’impression de voir de la lumière, comme une sortie, ma force me revient aussitôt, je cours de plus belle quand tout d’un coup, je fus arrêté net.
- Mais qu’est-ce qui se passe encore !
Puis là… je sens, la toile qui se colle partout à moi, K’awill a réussi à s’arrêter avant mais Naëry et moi nous sommes pièges, ma loutre ne sait plus quoi faire et on entends le brut de milliers de pas à moins que ce soit plusieurs araignées géantes qui approchent,
- K’awill cache toi !!!
Maudit parchemin !─ avec Carciphona
Au fur et à mesure que nous avançons dans le tunnel les parois s’écartent, nous permettant petit à petit de nous redresser et d’accélérer le pas jusqu‘à courir. Nos souffles s’intensifient, la hâte nous fait oublier la prudence. K’Awill sur les talons, il assure nos arrières, malheureusement nous ne voyons pas la toile dans laquelle nous nous empêtrons. La pauvre loutre s’arrête à temps et tourne devant nous avant que Carci lui ordonne de se cacher. A contre cœur elle s’éloigne tandis que des bruits de pas se rapprochent.
J’ai beau y mettre toute ma force, je n’arrive pas à me défaire de la toile, je ne peux même pas attraper ma dague ou ma pierre de feu. J’aperçois la brune dans le même état que moi, le visage crispé par l’effort ou la peur je ne saurais le dire.
Les pas se font de plus en plus bruyants, soudain, un être blafard se présente devant nous, le regard rouge, un sourire machiavélique aux lèvres. Son rire est roque, presque emprunt de bestialité. Deux longues canines pointues descende sur son menton. Il nous fait une révérence avant de nous fixer avec avidité.
- Que vos cous ont l’air appétissant, siffle-t-il. Je manque à tous mes devoirs, chers déjeuners, je me présente, Comte Dracula, roi de la terreur, maître de la nuit !
Il fait une révérence avant de se jeter au cou de Carci, s’arrêtant à quelques centimètre de sa peau qu’il hume bruyamment.
- Dégage de là crevard! hurlé-je, me débattant de toutes mes forces, mais rien y fait, je reste collé à cette toile. Je sens quelques cheveux s’arracher sous mes brusques convulsions.
Il tourne lentement sa tête vers moi, toujours se sourire arrogant aux lèvres. Un autre individu arrive, il est répugnant. On dirait que son corps est fait avec des morceaux de cadavres cousus les uns aux autres grossièrement. Dracula s’éloigne pour se mettre à côté du monstre.
- Mon ami Frankenstein se fera un plaisir de vous broyer les os, rit-il.
La bête grogne avant de rugir d’une voix gutturale.
- Et voici la sorcière de Blair, continue le Conte lorsqu’une hideuse bonne femme arrive en ricanant.
- Et maintenant Ça ! Dit-il lorsqu’un clown maléfique fait son apparition, me glaçant les os.
Et ainsi de suite, il continue les présentations au fur et à mesure que les fous plus horribles les uns que les autres arrivent, augmentant la pression psychologique. L’abattement me prit, il ne fallait pas céder, mais là tout de suite je réalise que nos chances de nous en sortir sont réduites quasiment à néant. J’ai espoir que K’Awill nous sauve, mais comment ? Carci devait lui intimer de fuir, qu’en sais-je. Carciphona … Je suis tellement désolé, je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit, pourquoi ai-je démanteler cette trompette ?! Vous imaginez vous, on va crever là dans les mains d’affreux psychopathes à cause d’une trompette !
Freddy au visage brûlé sous son chapeau, Chucky l’ignoble nain qui ressemble à une poupée loupée, Jason avec son masque blanc et sa machette, le retour du cadavre fantomatique … Ils nous encerclent bientôt, avançant lentement vers nous jouant avec leurs armes, les yeux plein de haine. Je prie Lucy, je tend mes doigts vers Carci pour tenter de la toucher, lui dire que je suis là dans ce dernier moment. C’est fini, nous allons mourir là. Je donnerais tout pour sauver la femme à mes côtés, ne pas l’avoir impliqué là dedans.
Le gong sonne, tous s’arrêtent d’un coup, se redressant de toute leur hauteur, et dans un parfaite ensemble, leurs voix graves, stridentes, railleuses s’unissent.
- Des bonbons ou un sort ?!
Que … ? Je suis en apnée, je ne comprends rien. Mon souffle revient, haletant, court. Ils se mettent tous à rire, mais pas de ces rires de fous, non. Des rires joyeux, des rires … humains. Je suis complètement perdus, ils se regardent les uns les autres, leurs têtes son épouvantables et pourtant ils ont perdu de leurs malveillances, au contraire, dans leurs yeux, de la gaieté … Le gong est-il magique ? Contrôle-t-il ces êtres ?
Je lance un regard à ma coéquipière, les yeux plein d’incompréhension …code ─ croquelune
Nous sommes coincés dans cette toile, je vois K’awill partir, il ne sait plus quoi faire le petit, il sait qu’il nous abandonne, je pourrai me délivrer toute seule si je demande à ma loutre d’activer le bracelet de retour mais ma raison me dit de rester, je suis totalement débile sur le coup… pourquoi j’ai fais ça ? Laisser mourir seul Naëry, ce n’était pas possible, impossible de faire une chose pareille mais j’avais enchanté cet objet pour cette raison m’en sortir à chaque fois mais quand je n’étais pas seule… on fait ça comment ? Je me retiens d’hurler encore, mourir à côté d’un ami, c’est classe, j’aurai plus besoin de penser à Sue et je vais retrouver Eva dans le pays de Lucy.
Des choses étranges arrivent vers nous, on dirait presque des hommes, s’annonçant chacun leurs tours, d’où ils sortent leurs prénoms ceux-là ? Sérieux, “ bonjour, je m’appelle Bob, je vais vous manger “ mais je m’en fiche comment tu m’appelles, ne fait pas mourir d’une crise cardiaque, je veux une mort rapide et surtout pour nous deux, je ne veux pas qu’il souffre lui aussi, finalement je ne ferais plus aucune chasse aux trésors, plus jamais !
- Faites vite bande de …. Trucs !
Même pas je trouve quelque chose à dire mais la troupe s'agrandit, il y avait un village sous cet arbre ou quoi ? Le village des horreurs ? Puis maintenant en face de nous, ils hurlent un cri de joie. Ca veut dire quoi ça ? c’est quoi cette blague, ils rigolent tous.
- Hein ?!
Voilà ma seule réaction dans la situation, K’awill revient avec un enfant sur le dos, il était heureux comme tout, puis les masques tombent au fur et à mesure, je reconnais quelques personnes du village perché et la vieille dame qui m’avait raconté l’histoire de la carte s’approche de nous et prends une lame certainement enchantée pour couper la toile et me voilà en train de basculer en avant, j’arrive à me rattaper pour éviter de m’éclater le nez sur le sol, j’avais encore quelques réflexes malgré que mes jambes tremblent encore.
- C’était un test de courage, une vengeance, c’est ça ?
La vieille dame et le reste de la troupe se met à rigoler, je crois qu’ils ne rendent pas compte de l’enfer qu’on a vécu. Je me tourne et me dirige aussitôt vers Naëry, le seul que je pouvais encore croire.
- Tu vas bien ?
Je l’espérais de tout coeur et K’awill vient nous retrouver, le jeune garçon encore sur le dos, il me met sa truffe contre la joue, je lui fais tout de même une caresse mais je jette un regard noir à l’enfant qu’il continuait de rire de tout coeur. La vieille dame nous retrouve, les mains dans le dos, souriante.
- Nous n’en voulez pas, c’est une vieille tradition familiale, faire peur à des aventuriers de passage quand ils retrouvent une de nos cartes, des centaines se sont fait avoir, je me rappelle encore du grand Hellsen Alnilnam, à hurler comme pas possible mais le secret perdure d’année en année, j’espère que vous ferez de même.
Je lance un regard noir à la dame, on s’est fait avoir comme des bleus, ça aurait été presque drôle, j’ai failli abandonner Naëry à son sort, il aurait vu que j’aurai pu l’abandonner sans vergogne, je ne l’ai pas fait mais j’ai y pensé mais pourquoi avec lui… Je n’en sais rien..
- J’espère que vous allez nous offrir le repas et une nuit à l’auberge douillette pour nous remettre de nos émotions...
Maudit parchemin !─ avec Carciphona
Une tradition de famille ?! Tout ceci n’est qu’une vaste blague ?! Je devrais être soulagé, au lieu de cela, une sourde colère monte en moi. Mes muscles se crispent, je me mords l’intérieur de la joue pour ne pas agresser verbalement les pauvres fous.
Carci semble aussi désappointée, elle me récupère tout en s’inquiétant de mon état. Les muscles de ma mâchoire m’empêchent de lui réponde par les mots, je me contente de lui faire un signe de tête tout en observant l’assemblée d’un regard mauvais. Je ne sais pas comment fait la femme à mes côtés pour rester calme, je n’ai qu’une envie, leur sauter à la gorge à ces salopiauds !
Les éclats de rire de l’enfant sur K’awill me font redescendre un peu. Il ne comprend pas bien, pour lui ce n’est qu’une farce. Sa risette innocente me rappelle à la détente. Je reste muet jusqu’à ce que nous sortions de cet attrape coui**on.
La vieille dame vient me prendre délicatement par le bras pour marcher à mes côtés, je me retiens de la repousser. Je sais ma réaction excessive, la fatigue, la peur, la puanteur dans laquelle je suis ne m’invite pas à l’amabilité.
- Mon brave, je sais que nous vous en avons fait baver, j’ai rarement vu jeune homme aussi courageux. Certains y ont laissé leur camarade vous savez ?
Et voilà qu’elle me passe de la crème l’autre vieille. Je ne suis absolu pas d’humeur, et la rancœur que je gardais jusque là enfouie finit par s’échapper.
- Ne vous fatiguez pas en minauderie. Votre « tradition » n’est qu’humiliation et bassesse. Ça ne vous dégoûte pas de vous en prendre à l’ego de pauvres types qui n’ont rien demandé ? Je me demande quel prétentieux s’en est pris à votre village pour susciter une telle vengeance année après année.
Ma voix est froide et sèche, je ne regarde même pas la bonne femme qui, au contact de son bras qui se détache de moi, devient fébrile au fur et à mesure que mon venin s’échappe.
- Comment peut-on rire de la terreur des gens ?! finis-je par éclater en me retournant vers les comédiens. Vous êtes pire que les monstres dans lesquels vous vous êtes masqués!
Tous se taisent, certains ricanent, d’autres froncent des sourcils. Carci se plante alors devant moi, ses mains se posent sur mes joues, m’obligeant à la regarder dans les yeux. Je me tais, mes mâchoires se resserrent pour ravaler ma dignité, ou plutôt devrais-je dire, mon indignité. La peur que j’avais ressenti vient d’exploser par l’acidité de mes paroles. Je leur en veux d’avoir pu m’atteindre comme ça. J’ai eu peur pour elle, j’ai eu peur pour moi. Ils viennent de nous faire vivre une torture mentale, parfois c’est pire que des blessures physiques. Et comme je l’ai dit à la vieille, mon ego en a pris un coup. Et tout le monde sait qu’un ego blessé est la pire des meurtrissures, il me faudra ravaler ma fierté pour en rire, et ce n’est pas tout de suite que ça va arriver.
- Je suis désolé, faut qu’on se repose … prononcé-je dans un murmure à la brune.
Je la vois repartir vers la femme âgée, toujours en tenue de vieille sorcière. Je ne sais ce qu’elle leur raconte mais son interlocutrice acquiesce et retrouve de son sourire ridé. Malgré le mauvais tour que l’on venait de nous jouer et ses propres ressentiments, Carci joue le rôle de tampon, elle fait la médiatrice pour apaiser les esprits.
N’empêche, les paroles de la femme me trotte en tête, « certains y ont laissé leur camarade ... » Carciphona aussi aurait pu m’y laisser. Je suis sûr qu’avec l’aide de sa loutre elle aurait pu s’échapper plus vite, je me rends compte que j’ai dû être un boulet pour elle. Et elle est là, encore, comme tout le long de notre mauvaise expérience.
Cette fois les villageois ne se moquent pas de nous en nous offrant une nuit dans un gîte luxueux. Nous avons chacun notre chambre, mais après cette mésaventure, je n’ai pas envie d’être seul. Le temps de rentrer la pression est redescendue, j’apostrophe ma coéquipière.
- Il est temps de te laver, tu sens le hareng pas frais! j’esquisse enfin mon premier sourire.
Je lui fais un clin d’œil avant de continuer :
- Merci d’être restée, tu sais, là bas …
Les effusions sentimentales c’est pas trop mon truc, mais de temps en temps, ça fait pas de mal. Je lui ébouriffe les cheveux plein de boue et de toile, ça lui donne une allure de cacatoès. Je disparais aussitôt dans ma suite pour retrouver un peu de ma superbe.
Nous nous retrouvons ensuite pour dîner dans la salle commune, les blagueurs nous ont préparé un somptueux banquet que nous partageons tous ensemble. Bien que je leur en veux encore, je me laisse porter par la bonne humeur ambiante, peut-être l’alcool y est pour quelque chose. Après la terreur vécue la chaleur humaine me fait le plus grand bien. Ils nous font goûter une mixture à base de citrouilles nommée « Halloween », quel drôle de nom. Cet Halloween est néanmoins excellent, et j’en reprends par deux fois.
Comme quoi, tout est bien qui fini bien.code ─ croquelune