Une belle journée s’annonçait aujourd'hui. Du soleil, une température agréable, un ciel dégagé, les oiseaux qui chantaient, la joie et le bonheur dans les rues de la grande capitale d'Aryon.
En cette si belle journée, Astrid était restée fidèle à lui même et…

-zZzZzZzZz…

était en train de dormir et de ronfler dans son lit, incapable de se réveiller à une heure raisonnable. Encore une fois à son habitude, elle avait passé la nuit précédente à boire dans les tavernes de la ville et à provoquer le chaos sur son passage, avant de revenir se coucher comme une fleur dans son lit douillet et confortable. C'était devenue une tradition pour la jeune femme de boire chaque soir quitte à détruire son foie qu'elle guérissait ensuite chez une personne ayant une magie de soin. Heureusement que c'était un monde de magie, autrement elle serait morte bien jeune à cause de son foie !
Qu'est-ce qu'elle avait fait exactement hier ? Rien d'inhabituel. Boire, draguer des minettes avec des blagues de merde, des farces, et fatalement, des bagarres. Un vrai bordel.
Parlant de bordel, sa chambre était un vrai bordel sans nom également. Pas seulement sa chambre, mais toute sa petite maison qu'elle avait louée. Ce n'était pas très grand mais elle appréciait l'endroit malgré tout. Une salle de bain, une cuisine, un chambre, et un salon qui lui servait aussi de bureau où elle accueillait les clients. Sur le sol, des bouteilles d'alcool, des papiers, des vêtements et même de la nourriture, tout cela prouvant à quel point la propreté était un mot d'ordre chez l'ex-commandant.
En ce moment, elle avait également un chat qui dormait à côté de son lit et dont elle s'occupait avec plus ou moins de soin. Ce n'était pas exactement SON chat mais celui d'Arban, et elle attendait encore que ce connard se pointe pour le récupérer. M'enfin, même s'il ne revenait pas pour le faire, elle garderait le chat, c'était pas plus mal.

« Toc toc toc ».
C'était le bruit de l'argent et d'un client potentiel qui réveilla Astrid qui sursauta de son lit et qui en tomba à la renverse, littéralement. Elle se cogna la tête sur le sol et cria : « AH PUTAIN CA FAIT MAL » ! Le chat lui même se réveilla en sursaut et regarda d'un air médusé la jeune femme qui se releva tant bien que mal avec une gueule de bois des enfers. Elle tituba tant bien que mal à travers sa chambre pour atteindre le salon et continua à hurler :

-J'ar...J'arrrive !

Une fois arrivée au salon, ce fut alors le parcours du combattant qui s'annonça : Elle glissa sur des feuilles, sur une part de pizza qui traînait par là, et faillit se fracasser la tête contre une bouteille en tombant par terre une nouvelle fois. Le tout dans un langage bien fleuri.
C'était décidé, elle allait devoir payer une femme de ménage pour ranger tout ce bordel.
Elle arriva enfin à la porte et l'ouvrit d'un coup. Grossière erreur, car elle mit ses bras devant son visage et s’exclama :

-AH MES YEUX, PUTAIN DE SOLEIL ! Qu'elle accentua d'un : Burp.

Elle cligna des yeux plusieurs fois pour s'habituer à la lueur du jour, et réussit à entrevoir une grande silhouette. Après quelques secondes elle reconnut Arban.

-Ah bah pas trop tôt gamin. Dit-elle en baissant les bras et en baillant d'une manière tout à fait non raffinée.

Les cheveux en bataille, les yeux injectés de sang, la bave coulant encore le long de son menton, une chemise et une simple culotte, il aurait fallu être fou pour se dire « Ah, c'est bien le commandant Edmond Delancy ! ».
Et pourtant, cette femme grossière et sans honte était bien...lui.

J’ai fait le chemin d’une traite de ma demeure jusqu’à la capitale, avec juste un sac de vêtement, de la nourriture, mon épée qui ne me quitte jamais et bien sûr l’unique chat qu’il me reste, Marquisette car Mistigri a été enlevé par cette damné résurrection ou réincarnation, je n’ai pas bien compris du commandant Delancy. D’ailleurs dans mes souvenirs, ce dernier était beaucoup plus calme et j’ai encore un peu de mal à croire qu’il s’agit de la même personne, même si les preuves sont évidentes.

Je suppose qu’il me faudra un peu de temps pour diriger cette nouvelle, enfin je devrais dire
beaucoup de temps, car j’ai passé tout le trajet entre ma maison et la capitale à y penser mais ce n’est toujours pas imprimé dans mon esprit. J’arrive enfin, après avoir demandé mon chemin à un nombre considérable de personne, devant la tanière de celle qui a osé kidnapper mon chat. J’espère pour elle qu’elle va bien, car sinon, pouvoir ou pas pouvoir, identité secrète ou non, la jeune femme va comprendre le sens du mot douleur.

Je frappe trois fois, assez fort pour que la porte en mauvais état tremble sous mes coups, j’entends des bruits comme si l’on déménageait des meubles, des injures et finalement, je vois la personne que j’attendais ouvrir la porte avant de se protéger les yeux et de me roter en pleine face. Finalement elle prend conscience de ma présence, ce qui ne l’empêche pas de bailler sans retenu et de m’appeler familièrement « gamin ».

Pourtant je reste calme, et appliquant la maxime que j’ai moi-même appris à mes troupes : « on ne négocie pas avec un preneur d’otage », je la pousse gentiment à l’intérieur et je ferme la porte. Je m’attendais à tout, comme des pièges mortels, ou des gardes armés jusqu’aux dents, mais je reste quelques secondes sans bouger quand je suis confronté à la pire vision qu’il m’ait été donné de voir depuis des décennies, une maison dont le ménage n’a pas été fait depuis des années. Malgré moi, je laisse échapper un :

C’est du propre !

Et je m’oblige à affronter l’insupportable pour retrouver Mistigri et je la retrouve bientôt car la pauvrette c’est mise à miauler en m’entendant. Je la prends délicatement entre mes mains et je commence à la caresser pour le calmer, mais elle continu à crier de plus belle, et je comprends alors, que personne n’a dû la nourrir la pauvre ! Heureusement, j’ai du lait dans mon sac et j’en verse un peu dans un bol que j’avais également amené. J’hésite un moment à sortir Marquisette, car j’ai peur qu’elle attrape des maladies ici, puis je me dis que de toute façon, je leur ferai un traitement complet antiparasite à la maison, et je sors donc cette dernière, pour qu’elle puisse manger également.

Une fois ceci fait, je me retourne vers mon hôte involontaire pour lui dire :

Je ne sais pas comment je dois vous appeler, vous n’êtes plus commandant mais une simple civile d’après les gens que j’ai croisé en venant ici. De plus, même si vous partagez les mêmes souvenirs qu’Edmond, vous avez votre propre personnalité, je pense donc vous appelez par votre nouveau nom Astrid, comme vous me l’avez autorisé quand vous êtes venue chez moi.

Ça me semble en effet approprié, j’ai toujours un peu socialement du mal et je préfère vouvoyer les personnes, mais je vais appelez mon interlocutrice par son prénom. Je continu ensuite notre discussion :

Astrid, quand vous êtes venu me voir, vous m’avez indiqué qu’il était mal de menacer une simple civile, mais je pense que je vais passer outre vos conseils et vous indiquez sérieusement que si vous prenez encore une fois un de mes compagnons sans vous occuper correctement de lui, je ne serais pas aussi gentil, ancien commandant ou pas.

En finissant cette phrase je dégaine mon épée, mais ce n’est pas pour me battre, mais juste pour libérer une place sur une chaise en l’utilisant comme une perche par enlever de loin toute la nourriture non identifiable qui l'encombre, puis je rengaine mon arme et je m’assois. Une fois ceci fait, je change de sujet en lui disant :

Fergys est donc mort, c’est une des rares personnes pour qui j’éprouvais du respect et même si nous nous étions souvent en désaccord, je le respectais en tant que commandant et en tant qu’homme. Jamais je n’aurais pensé qu’il serait mort assassiné par un membre de sa propre famille, j’accepte donc votre proposition de boire un verre en son honneur.

C’est en effet une des raisons qui m’a poussé à revenir ici, et j’espère juste qu’elle aura des verres propres, quoique ce qui est bien avec l’alcool, c’est que ça désinfecte tout.

La tête encore dans le cul, Astrid laissa passer le grand gaillard dans son antre qui était le reflet de la personnalité actuelle de la jeune femme : bordélique. Nul doute que l'image qu'offrait la petite maison était un choc pour un homme ordonné comme Arban qui n'hésita pas à s'exprimer sur la propreté incontesté et incontestable du lieu. À côté, la jeune femme se contenta de hausser les épaules :

-Toi t'as une maison propre, bien rangée et austère, et moi j'ai une maison bordélique, un peu sale, mais...euh...sympa et festive, heh. Ça reflète bien nos personnalités respectives, tu ne trouves pas ?

Tout en baillant une nouvelle fois, la jeune femme aux cheveux blancs prit une jupe qui traînait par terre pour la mettre pendant qu'Arban allait chercher sa chatte qui était de toute évidence bien heureuse de revoir son maître. Il était même venu équipé, avec un bol et du lait. Wow. C'était bien la première fois qu'elle aurait pensé que quelqu'un se baladerait avec ça pour son animal de compagnie.
Les volets ouverts, laissant entrer la lumière du soleil et la brise fraiche de la journée, Arban s'adressa à une Astrid qui se nettoya la bave qui coulait le long de son menton avec la manche de sa chemise pour ensuite se mettre un doigt dans le nez pour se décrotter.

-Aye, appelle-moi Astrid petit. Et sache qu'en 20 ans, les personnes changent et n'ont plus la même personnalité. Toi même, t'as bien changé depuis le temps, heh. 'fin cela dit, une réincarnation, c'est un peu plus radical comme changement. Surtout quand on considère ça comme une retraite qu'on a jamais eu l'occasion d'avoir, haha. Ça ou la sénilité...fais gaffe quand t'auras 80 piges comme moi, eh. Et je te raconterai les détails.

Petit, gamin..Astrid avait mine de rien 83 ans et avait vu grandir le petit Arban de ses 12 ans jusqu'à ses 28 ans. Tous comme les parents qui voyaient en leurs progénitures de 60 ans encore des petits enfants, Astrid faisait de même malgré l'étrangeté de la situation avec son apparence actuelle.
Arban continua ensuite sur un ton que l'ex-commandant n'apprécia pas particulièrement mais qui était toutefois compréhensible. Il pensait qu'avec ce bordel ambiant la chatte avait été maltraitée. La citoyenne balaya la menace du commandant actuel d'un revers de la main dans le vent et s'approcha de Mistigri pour la caresser. Ce à quoi la chatte ronronna avec affection. Au début, elle ne faisait clairement pas confiance à Astrid, mais avec le temps et de la nourriture, elle s'était un peu plus ouverte.

-Déjà, tu peux me tutoyer, même si t'as toujours eu du mal à l'époque. Ensuite, je me suis bien occupée de ta chatte parce que c'est pas la première fois que je m'occupe d'animaux de compagnie, pas besoin de t'inquiéter. J'ai encore le sac de croquette dans le coin si tu veux en vérifier la qualité, et j'ai changé la litière chaque jour. La seule chose qu'on pourrait me reprocher, c'est que je suis pas souvent à la maison pour lui fournir l'amour nécessaire j'imagine. Elle a besoin d'être caressée souvent j'ai l'impression. Une vieille habitude qu'elle a dû prendre avec toi ? Bah, de toute façon, ça l'habituera vu que tu reprends du service et que tu ne pourras plus être chez toi 24 heures sur 24.

Elle s'arrêta pour taper un bon coup dans le dos de son ancien élève et ricana :

-Menacer une civile pour tes chattes, tu y tiens vraiment beaucoup haha ! Sache que si tu veux me les confier pour que j'en prenne soin pendant que tu taf, j'suis ton homme ! Euh, ta femme ! 'fin, avec rémunération eh. Et si jamais le jour vient où tu juges que j'ai pas pris soin de tes chattes...Tu m'as jamais battu et ça risque pas ! Parce que je prendrai la fuite !

Et elle ricana en mettant sa main devant la bouche, légèrement moqueuse. Toutefois, elle arrêta très vite de ricaner avec sa migraine et des remontés qui lui donna envie de vomir.
Le garde faisant attention à son environnement, prit place sur une chaise du salon et commença à parler de feu Fergys. Sauf qu'il se mit à déblatérer des conneries et soudain, dans toute la maison, un rire fou se fit entendre :

-BWAHAHAHAHAHAHAHAHA !

Malgré sa migraine, Astrid ne put s'arrêter de rire et dû même se tenir le ventre. Au bout d'un moment, elle s'écroula même sur le sol pour rouler de droite à gauche en riant comme une damnée. Après une bonne minute de ce manège, la citoyenne finit par se relever les larmes aux yeux, en se tenant la tête dans les deux mains à cause de la douleur lancinante. Elle sentait tout l'alcool d'hier remonter le long de sa gorge mais ravala le début de vomi.

-Oh putain, elle est bien bonne celle-là. T'es con ou quoi ? T'as mal compris ce que Yuduar a dit ? T'as vraiment vécu dans une grotte c'dingue. Pfiou. Oulala, merci pour le fou rire en tout cas. Fergys ? Tué par un membre de sa famille ? Tu peux pas être plus loin de la vérité. Il est mort à cause de l'âge et de la maladie, une mort tout ce qui a de plus normale.

Ce qui fit rire Astrid, ce n'était pas seulement de savoir que Arban avait pensé que Fergys avait été assassiné, mais également le fait qu'il avait dû se dire qu'il retrouverait l'assassin pour le faire payer et qu'il s'était tourmenté et déprimé pour rien.

-La personne qui est morte tuée par un membre de sa famille c'était un jeune capitaine qui n'est du coup pas resté capitaine très longtemps, haha. Les De l'Epée, tu sais, la famille réputée de par leur grand-père, Conrad de l'Epée.

Conrad fut à une époque aussi connu que Edmond après tout. Même si en vrai, Edmond et la famille Delancy étaient sûrement plus célèbres, beaux, et plus doués, heh.

-Mais bon ! Ça ne va pas nous empêcher de boire en leur honneur, même si ça doit faire la 5ème fois ou 6ème fois pour ma part.

Sur ces mots, Astrid était partie aller chercher deux verres dans une armoire. Les verres étaient propres, s'expliquant par le fait qu'elle n'utilisait rarement ceux-ci, préférant d'habitude boire directement à la bouteille.
Elle y versa du rhum de bonne qualité qu'elle avait acheté dans une taverne réputée et tendit un verre à Arban avant d'aller s’asseoir en face du garde. Boire du rhum au réveil alors qu'elle avait encore la gueule de bois, ce n'était pas vraiment conseillé, mais elle ne prenait jamais les conseils au sérieux.
Elle leva son verre et déclara :

-A la santé de ce bon vieux Fergys, un petit enfoiré que j'ai formé aussi, qui est devenu un garde excellent et un collègue apprécié, et qui est malheureusement mort bien trop tôt, bien trop jeune ! Cul sec ou t'es une chiffe molle !

Astrid, après que je lui ai parler de l’ancien commandant eu une réaction à laquelle je ne m’attendais pas et part dans un grand éclat de rire, et quand elle m’explique ce qu’il s’est passé, j’eus alors une réaction étrange, je me mis à sourire, ce qui ne m’était pas arrivé depuis très longtemps, de soulagement je présume, mais aussi devant ma propre bêtise.

Ce sourire ne dura pas longtemps, car un homme a été bien été tué par son frère, mais pendant une minute, je me suis moqué de moi-même et c’est déjà pas mal. Je connaissais les De L’Epée, une ancienne et vénérable lignée et c’est dommage pour eux que les membres de leur famille finissent de cette façon.

Pendant que je réfléchis à cette tragédie, digne d’anciens récits héroïque, je reçoit du rhum, dans un verre, qui après vérification, est bien propre, la jeune femme remontant ainsi dans mon estime. Après une célébration funèbre un peu bizarre, je bois cul sec mon verre. Le rhum a un goût agréable et descend bien, je regarde l’étiquette pour pouvoir en commander à la capitale. Puis finalement je prends la parole :

Merci pour le verre, le commandant Fergys était un brave et je suis soulagé qu’il soit mort de sa belle mort, il le méritait, bien plus que la plupart d’entre nous.

En prononçant cette phrase, d’anciens souvenirs de ma période en tant que maitre-espion essayent de revenir à la surface, comme des chiens avides de chair fraiche, mais j’arrive à force de volonté à les remettre sous clés. Je peux donc continuer à parler, et je me même met à la tutoyer, je suppose que le soulagement d’avoir récupérer mon chat, le toast en l’honneur de l’ancien commandant et l’alcool m’adoucit quelque peu :

J’ai bien compris le principe de la réincarnation, mais pourquoi tu n’as pas postulé pour entrer chez les gardes ? Avec tes connaissances, tu serais montée très vite dans la hiérarchie, de plus, d’après ce que j’ai pu voir, ton pouvoir est très utile en combat. A la place tu es devenu aventurière, j’avoue ne pas comprendre.

En effet, pour moi préférer une vie faite d’incertitude et de danger à une vie rangé et qui permet de vivre dans un certain confort matériel est impensable. J’enchaine ensuite sur sa proposition de garder mes animaux de compagnie :

Ne le prends pas mal, mais si un jour tu veux que je te confie mes chats, tu devras rendre cet endroit moins dangereux, tu as déjà pensé à prendre une femme de ménage ?

Quand je fini de poser ma question, je me demande si mon interlocutrice aura assez d’argent pour se la payer, car toute sa fortune doit passer en alcool, en plus, elle va surement demander une prime de risque, en tout cas, c’est ce que je ferais. Puis je reviens sérieux, car un sujet, pourtant sensible, n’a pas été abordé :

Et le roi et la reine, comment se portent-ils ? Et pourquoi ont-ils accepté la dernière volonté du défunt commandant ?

C’est en effet primordial pour moi, d’être accepté par leurs altesses, je dois maintenant m’assurer de leurs sécurités et il faut que je sois en bons termes avec eux. Mais je demande aussi pourquoi ils n’ont pas préféré placé quelqu’un à eux, car même si les arguments du capitaine qui m’a retrouvé étaient convaincants sur les personnes qualifié à même de me remplacer, il existe bien d’autres nobles à même de briguer le poste. C’est en partie ce qui m’a fais revenir, j’ai tout sacrifié pour garder la lignée royale en vie, je ne vais pas les lâcher maintenant qu’ils ont besoin de moi.

Boire de l'alcool – cul sec qui plus est - au réveil avec une gueule de bois ça la foutait mal, et l’estomac d'Astrid le fit bien comprendre lorsqu'elle lâcha un rot légèrement acidulé. Elle devrait vite aller prendre un remède pour sa migraine et son estomac, sinon elle ne pourrait rien faire de la journée de productif...Heureusement qu'elle avait des contacts, depuis le temps.
À la question d'Arban concernant les choix de la citoyenne, cette dernière se contenta d'hausser les épaules une nouvelle fois et se balança sur sa chaise avec une nonchalance qui la caractérisait bien. Elle leva également les sourcils en entendant le commandant penser qu'elle était aventurière. Il avait légèrement perdu son sens de l'observation le bougre s'il pensait qu'elle était aventurière, heh.

-Oulalala. D'où t'as cru que j'étais aventurière ? Je te croyais plus perspicace que ça ! Je ne suis qu'une humble et médiocre citoyenne du royaume, et je suis travailleuse indépendante. C'est à dire que j'accepte les petites requêtes du bon peuple pour gagner mon pain, genre travailler dans une taverne, jouer la détective, trouver des chiens perdus, trouver des infos et même...garder des animaux de compagnie contre une certaine somme, eh.

Chaque jour avait son lot d'aventure, et elle était très contente de vivre comme ça malgré le fait qu'elle ne pouvait pas toujours payer son loyer. En même temps, vu tous les cristaux qui partaient en alcool ou en connerie du genre…
Astrid continua avec son sourire narquois :

-Et ouais j'aurais pu revenir à la garde. Je serais devenu lieutenant, capitaine, puis commandant rapidement, comme dans ma première vie. Ça aurait été une promenade dans le parc, les doigts d'une main dans le nez et les doigts de l'autre main dans le cul, mais ça m'aurait quand même pris quelques années juste pour avoir l'âge quoi. Elle poussa un petit soupir. Mais non, j'en ai marre de la garde, et je veux pas risquer ma vie actuelle pour ça. Je veux pas risquer ma vie du tout en fait, d'où le fait que je ne sois pas aventurière non plus. J'ai bien mérité ma petite retraite après 48 ans de bons et loyaux services, après avoir sacrifié ma vie familiale, et surtout après avoir sacrifié ma vie.

Son regard se voila un instant en pensant à sa famille et à son sacrifice, mais elle se reprit rapidement en souriant de plus belle. Elle continua sur un ton dramatique en secouant la tête de droite à gauche.

-Tu t'en rends compte ? Je touche même pas de pension putain ! C'est une vraie honte ! On ne prend vraiment plus soin des vétérans dans ce royaume, haha. Fais gaffe à ça quand tu prendras la tienne de retraite, si tu meurs pas avant. Les commandants ont la mauvaise habitude de mourir avant la dite retraite, heh.

Elle rajouta cette dernière phrase avec un petit clin d’œil. Elle en était le premier exemple, Fergys en était le second, et les anciens commandants également.

Se disant qu'un deuxième verre serait probablement une trèèèèèèèèès mauvaise idée, Astrid se chercha un verre d'eau et le bu goulûment. Pfiou, ça faisait du bien. L'eau, source de vie ! L'alcool, source de fun ! Il fallait savoir balancer les deux.

-Le roi et la reine ? Répéta Astrid étonnée par la question. Ils vont bien. Ils ont sacrément grandi et pour être franche, c'est un bon couple royal. Le peuple les aime bien. Allys est une reine sage et réfléchie, Grim' est encore un peu tête brûlé et irresponsable, mais ça s'est un peu arrangé depuis qu'il est marié. Tu devrais tenter de te trouver une nana aussi, ça change un homme. Et pour ta deuxième question…

Elle resta silencieuse un moment. Selon elle, ça aurait été en effet plus facile de demander à un garde ayant 40 ans ou plus potable de devenir commandant. Il y en avait. Mais quand on voyait l'âge actuel des capitaines, on se disait que les gardes ayant 40 ans ou plus qui n'étaient pas devenus capitaines, n'étaient pas devenus capitaines pour une bonne raison. Aussi, elle s'approcha d'Arban et lui tapota l'épaule :

-Pourquoi ils n'auraient pas accepté la dernière requête de Fergys ? Ils savaient que c'était un homme dont les décisions étaient justifiées pour le bien du royaume, et sa dernière décision c'était que tu deviennes le prochain commandant. Même si pour être honnête, il aurait pu me désigner également, mais le problème de l'âge se pose et je ne pense pas le royaume prêt à ce que Edmond Delancy soit de retour dans le corps d'une nana de 23 ans, heh. De toute façon, j'aurais refusé, dernière volonté ou pas. Fergys avait probablement en tête que je sois derrière toi pour t'aider et te conseiller, si jamais t'en as besoin.

Cela ne l'étonnerait pas que ce bâtard ait pensé à ça, parce que c'est ce qu'elle aurait aussi fait à sa place. Fergys connaissait Astrid trop bien, et savait que cette dernière ne refuserait pas d'aider un ancien camarade et élève.

-Bref, ma porte t'es toujours ouverte. Ton prof qui faisait 2 mètres de haut, avec des muscles saillants et des cicatrices est désormais une jeune femme de 23 ans qui se retrouve parfois en prison pour des petites bagarres ou pour avoir dérangé un quartier en gueulant en étant totalement ivre, haha. Mais bon, je reste ta prof, donc ça me dérange pas de t'aider à devenir un bon commandant, heh.

Elle ricana à l'absurdité de la situation selon un point de vue extérieur ne connaissant pas le passé des deux personnes présentes dans cette petite maison. Cela dit, Astrid restait une travailleuse indépendante, aussi elle rejoignit son pouce et son index pour faire un cercle :

-Contre rémunération, que ce soit en cristaux ou en alcool bien sûr, heh.

Astrid n’est donc pas une aventurière ? Pourtant dans sa façon de vivre, je l’imaginais mal avoir des contacts avec des clients, les écouter patiemment, s’excuser en cas de retards, bref toutes ces petites choses qui fait que tu n’es qu’un petit rouage dans cette cité. Mais je réussis à comprendre son changement de vie, car elle veut prendre sa retraite, comme moi-même je l’ai fait et d’ailleurs je me souviens maintenant qu’aucun des commandants a pu prendre des congés bien mérité après une vie de labeur, j’étais le premier et je lui dis :

Moi j’étais partit en vacances pendant plus de dix ans, on peut donc dire que j’ai été le seul à me mettre au vert quelques années. De plus, je ne compte pas mourir, j'ai quatre ans à tenir, c'est le projet, après je repartirai chez moi.

La discussion glisse ensuite sur le couple royal, qui d’après la jeune femme sont des bons dirigeants, même si j’ai encore du mal à accepter que Grimvor RENMYRTH, ce simple garde, qui certes avait du potentiel, occupe maintenant le poste le plus important du Royaume, il faudra bien un jour que j’ai une conversation avec lui, mais je ne suis pas pressé, car je sens que je vais avoir du mal à garder mon calme, s’il commence par me donner des ordres. Je me fais effectivement vieux, ayant du mal à accepter des contraintes dictées par d’autre.

Arrive comme un cheveu sur la soupe, cette histoire de me marier, idée saugrenue, qui voudrais d’une relique du passé comme moi ? Mais je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur mon sort que la jeune femme enchaine sur les raisons de mon arrivé ici, d’après elle, les deux souverains ont acceptés par simple politesse envers l’ancien commandant. J’en doute fortement car après des années à avoir vu le dessous de la cour en tant que maitre espion, je savais que certains avaient assez d’influence pour prétendre à ce poste.

Pourtant je n’insiste pas, car je pourrais poser directement la question aux personnes concernées, et j’écoute la conclusion de mon hôte, qui même si elle est toujours sarcastique, me fais quand même quelque chose. Je remplis donc mon verre encore une fois avant de le vider d’un trait, et je me lève, puis prends la main de la jeune fille et qui il y a quelques années était la personne la plus proche de devenir un ami et je lui dis :

Je te remercie pour ton aide. Si à mon tour je peux t’aider, je le ferais.

Comme d’habitude, je ne parle pas en l’air ou bien pour faire bonne impression, je pense vraiment ce que je dis. Et je lui pose d’ailleurs une question, de manière tout à fais sérieuse :

Et toi comment vas-tu ?

C’est tout bête, mais nous avons parlé essentiellement de moi, mais jamais l’ancien commandant ne m’a dit qu’il étais heureux de sa situation.

4 ans. C'est vrai qu'il y avait cette histoire. Et dire que potentiellement, ce serait ce gamin de Yuduar qui deviendrait potentiellement le prochain commandant. Où allait le monde ! Mais avec de la chance, Arban ferait en sorte de faire du petiot un commandant respectable. Et puis, dans 4 ans, Astrid serait encore là pour jouer le mentor si nécessaire, eh.

-Aye, si j'ai besoin d'aide, je t’appellerai. Même si je sais pas si t'as vraiment envie qu'une rumeur circule comme quoi le commandant de 50 piges fait la cour à une jeunette de 20 piges ! Haha ! Ça risquerait de décevoir les femmes plus âgées qui tomberaient sous ton charme de vieux loup solitaire.

Toujours le mot pour rire et détendre l’atmosphère, avec son attitude nonchalante et  je m'en foutiste qui contrastait tant d'Edmond Delancy qui n'aurait jamais fait ce genre de commentaire.
Mais bon, que Arban lui disait qu'elle pourrait compter sur lui en cas de besoin, ça lui réchauffait le cœur, surtout qu'elle savait qu'il était le genre de personne à tenir sa parole. Comme la plupart des gardes en fait, maintenant qu'elle n'était plus garde elle-même.

-Sinon, tu viendrais m'aider si genre ma demande c'est « J'ai besoin d'un compagnon de beuverie ce soir, viens m'aider Arban ! » ? Eh.

Boire, et se rappeler du bon vieux temps où tout était plus simple. Lui, simple garde, pas encore maître-espion, et elle, Edmond Delancy, vieux commandant à la peau et au cœur de pierre. Ils avaient tant de choses à se raconter,  23 ans de choses qu'ils ne pourraient pas tout se raconter en une simple journée.
Elle aurait aimé faire une réunion entre vieux, elle, Arban, Fergys. Malheureusement, ce dernier était mort un peu tôt...

-Oh moi ? Si on oublie ma gueule de bois, ma tête qui joue du tambour, et mes nausées à cause de ma cuite d'hier, je vais...bien. Depuis que je ne suis plus commandant, ma vie est plus simple et je n'ai plus de responsabilités. La paperasse, le fait que chaque mouvement fait et décision prise soit scruté et jugé par le reste de la population, le poids des vies humaines sur tes épaules, mais surtout la paperasse à remplir chaque jour...D'ailleurs, conseil numéro un, trouve toi de bons secrétaires et embauche des gens capable de faire la paperasse efficacement et rapidement pour alléger ton travail. Pfiou...J'suis bien contente de m'être réincarnée en simple fille de paysan loin de la capitale, entourée d'une famille aimante bien qu'un peu pauvre.

Quand elle repensait à cette sombre époque, la vie de commandant était bien un enfer loin de tout repos. Elle avait encore des sueurs froides rien qu'en repensant aux journées à être assis devant un bureau. À côté, sa retraite était un vrai paradis.

-Autant dire que ma vie actuelle me va infiniment mieux. J'ai plus de liberté, je suis une inconnue, sauf dans les tavernes où je me suis faite ma petite réputation de buveuse imbattable. Je m'amuse chaque jour et j’accepte le taf que je veux. Le seul problème c'est l'argent, mais je m'en sors.

La vie d'une citoyenne lambda, vivant au jour le jour, entre autre.

-J'ai même le projet de partir du royaume un de ces jours, une fois que j'aurai les sous. Pour visiter les autres pays et peuples et tout.

Un projet fou, que certains jugeaient inutile puisque le royaume était en paix et qu'on y trouvait tout ce dont on avait besoin. Mais en 83 ans, Astrid avait fait le royaume en large et en travers. Elle avait besoin de neuf, et d'avoir un rêve.

-Si tu veux, dans 4 ans, tu pourras me rejoindre dans ma folle entreprise. Proposa-t-elle avec un grand sourire et un clin d’œil. Je te garantie du fun et de l'amusement, eh.

A nouveau elle me sort cette histoire comme quoi je devrais trouver une femme, là c’est pour éviter les rumeurs quand je viendrai la voir. Je pense que ça ne doit pas être très facile pour lui, enfin je veux dire elle, et qu’il doit avoir quelques problèmes sur ce niveau-là, d’ailleurs je me risque à lui demander :

Et ton ancienne famille, est-ce qu’ils savent, pour ta… réincarnation ?

Je ne sais pas comment je réagirai à ce sujet, est-ce que j’irai les voir pour m’expliquer ? Avec mes souvenirs intacts, je pourrai les persuader que je suis bien celui que je prétends être, mais après ? Est-ce que je demanderai à reprendre ma place comme si de rien n’était ? Avec le recul, je pense que je les laisserai tranquille, tout en gardant un œil sur eux pour intervenir si un danger les menace.

Je laisse mon ancien commandant me répondre avant d’aborder sa demande pour avoir un compagnon de beuverie et je peux lu dire en toute honnêteté :

Si tu n’as pas envie de boire seule, je serais présent, tu sais toujours comment entrer dans le bâtiment principal sans être repéré ? Je vais installé mon bureau au deuxième étage, tu es la bienvenue quand tu le souhaites.

Je l’écoute me parler de sa vie passé et actuelle, et je ne peux qu’être d’accord avec le côté administratif, c’est bien ce que je vais faire, trouver une assistante efficace qui fera toutes ces tâches fastidieuses à ma place. Elle a également le projet de partir à l’aventure en dehors du royaume, chez les barbares et autres monstres, même si elle a toutes les chances d’y rester, je ne peux qu’acquiescer à cette idée, car ça lui ressemble bien. Elle m’invite même à la rejoindre, promettant que ce sera « fun et amusant », tout ce que je déteste ! Je lui indique d'une voix un peu rêveuse :

Je me dois de refuser ta proposition, après ces quatre ans, je rentre dans la ferme, avec mes chats et je compte bien y passer la fin de mes jours, loin des problèmes et autres contrariétés, à bêcher et cultiver la terre et avoir comme seuls voisins quelques paysans, des vaches et des cochons.

Je réfléchis un moment, sur le fais de me resservir dans la bouteille d'alcool ou pas, mais je vais devoir aller à la caserne et ce serait mal vu, pour mon premier jour d’avoir une haleine empestant l’alcool. Je préfère suivre l’exemple d’Astrid et de me verser un verre d’eau, que je bois rapidement avant de poser ma dernière question :

Est-ce que tu as d’autres conseils à me donner avant que je me mette au travail ?

Le sourire d'Astrid s'était assombri un instant lorsque Arban parla de son ancienne famille.
Bien sûr, elle y avait pensé. Elle avait eu 23 ans pour peser le pour et le contre d'informer son ancienne famille ou non. Elle aurait pu revoir sa femme qu'elle aimait tant, ses enfants, renouer des liens, se faire pardonner d'avoir été un père lamentable…
Mais non. Pour eux, pour le peuple, Edmond Delancy était mort, et ils avaient déjà tous tourné la page. Elle n'allait pas revenir soudainement dans leur vie, surtout que ça ne ferait pas plaisir à tout le monde. Mais si jamais l'occasion venait à se présenter, elle aimerait nouer de nouveaux liens avec eux, en tant qu'Astrid Dalgaard. Même si, avec sa réputation actuelle d'alcolo et de bonne vivante, ils n'allaient pas vraiment être amis haha...

-Non, ils savent rieeeen du tout. Reprit la citoyenne en levant les mains. Et je compte bien sur toi pour taire ma réincarnation. D'ailleurs j'dois avoir des petits enfants dans la garde, j'espère que tu garderas un œil sur eux, eh.

Des petits-enfants alors qu'elle n'avait que 23 ans, vous vous en rendez compte ? Ce serait scandaleux ! Heureusement qu'elle avait 83 ans en réalité.

-Ah ? J'pensais plus t'inviter dans des tavernes plutôt que de t'rejoindre à ton bureau à vrai dire. Avoua Astrid avec un haussement de sourcil. Mais ouais, je m'en souviens. Je connais le coin comme ma poche t'inquiète pas pour ça, haha. Je passerai de temps en temps incognito avec une bonne bouteille. J'ai de bons fournisseurs.

Elle tapota le haut de la bouteille qu'ils venaient de boire et lui lança un clin d’œil. L'avantage de créer des liens un peu partout maintenant qu'elle était libre de faire ce qu'elle voulait.
Et, sans grande surprise pour Astrid, Arban refusa sa proposition de partir faire le tour du monde. Il allait tout simplement rentrer chez lui et vivre sa vie tranquillement. Ça lui ressemblait bien, et elle respectait son choix même si selon elle, c'était un peu une vie à se faire chier à en mourir.
Avec son grand sourire habituel, elle dit :

-Bah, t'as 4 ans pour encore y réfléchir. Si tu changes d'avis tu sais où me trouver. Et pour d'autres conseils euh… Il y'en avait trop à donner. Elle aurait pu écrire une trilogie sur quoi faire et ne pas faire, sur les meilleures méthodes pour être un commandant de renom. Mais le plus important, ça restait au final, après ses longues années d'expériences….un bon secrétaire, au risque de me répéter, eh. Bah, sinon, bien connaître chaque garde et jeter un coup d’œil à tous leurs dossiers pour voir si quelque chose capte ton attention. Connaître leur point fort, leur point faible, leur date d'anniversaire. Après tout, tu vas avoir leur vie entre tes mains, en plus de la vie des citoyens du royaume. Et mon dernier conseil…

Elle prit la bouteille d'alcool entamée et la donna à Arban.

-C'est de ne pas se tuer à la tâche. Littéralement. Eh. Tiens, cadeau pour ton retour à la garde. Et un rappel aussi de me contacter si tu veux d'autres conseils utiles. Du genre comment organiser les archives de la garde de manière efficace sans devoir passer 5 jours à trouver un putain de dossier, comment terminer 10 piles de paperasses en moins de 24 heures, comment trouver le temps ne serait-ce que d'avoir une pause chiotte ou une pause repas...Bref, bon courage haha !

Elle rigolait et exagérait, bien entendu !
Enfin, un peu.
Juste un peu.
Un peu.
… ?
Quel cauchemar ça avait été, d'être commandant maintenant qu'elle y repensait.

Ainsi la famille de mon ancien commandant ne sait rien à propose de son ancienne réincarnation et ce dernier ne veut pas çà change. Elle m’indique qu’elle préfère que cela reste comme cela et je peux lui dire :

Je te promets que ton secret sera bien gardé. Pour tes petits-enfants, tu as ma parole que je ferais attention à eux. Si il se passe quoi que ce soit, je te préviendrais.

C’est d’ailleurs une des premières choses que je vais faire en rentrant, inspecter les dossiers de chaque garde afin de connaître leur visage, leur grade et comment ils s’appellent car il est important quand je serais amené à les croisés dans la caserne, de bien identifier chaque personne. La deuxième serait de suivre le conseil de mon interlocutrice et de prendre une bonne secrétaire. Lorsque Astrid m’indique à quel point son ancien travail était difficile, je ne peux m’empêcher moi aussi d’être inquiet devant les tâches administratives à accomplir, mais je l'ai déjà fais une fois, et je peux le refaire.

C’est pour cela que j’accepte avec reconnaissance sa bouteille, que je mets dans mon sac, puis je lui demande :

Je dois maintenant partir à la caserne me présenter, je pense que le capitaine Yuduar Al Rakija a dut les mettre au courant de cette situation pour le moins inhabituelle. Je te laisse mes deux chats, ainsi que mon sac, car il contient tout le nécessaire pour leur bien-être.

Je regarde une dernière fois les lieux qui sont pour le moins encombré, et devant l’ampleur des travaux qu’il y a réaliser, je ne peux m’empêcher de lui dire, tout en me levant de ma chaise :

Je reviendrais ce soir, inutile de m’accompagner à la porte je connais le chemin. Si j’étais toi, j’embaucherais une femme de ménage dès aujourd’hui, et je prendrai une douche, pas nécessairement dans cet ordre d’ailleurs.

Sur ces dernières paroles, je sors de la maison, content de sentir un peu d’air frais et je pars à grande enjambée vers la caserne que je vois au loin, vers ma destinée, espérant que les quatre années passeront vite et que je pourrais enfin rentrer chez moi, dans mon petit visage qu’on appelle Lausanne.

Qu'il était bon de pouvoir faire confiance et de pouvoir compter sur des camarades. Entendre Arban dire qu'il ferait attention aux petits gosses d'Asrid et qu'il la préviendrait était une bonne nouvelle. Elle imaginait qu'il viendrait également se plaindre si jamais il a un problème avec l'un d'eux d'ailleurs, heh.

Ce fut avec une surprise non dissimulée qu'Astrid haussa les sourcils lorsque le commandant actuel se décida à laisser ses deux chats ici, même si ce n'était que pour la journée. Après tout le spectacle qu'il avait fait et toute l'indignité dont il avait fait preuve, il allait laisser ses deux chats dans cet environnement loin d'être propre ? He beh. Astrid avait donc un talent insoupçonné pour convaincre les clients ! Elle devrait aiguiser ce talent, heh.

-Aye, tu peux compter sur moi. Répondit-elle avec son éternel sourire narquois. Lorsque tu reviendras ce soir, tes deux chats seront propres et en pleine forme. Enfin, on verra bien de mon emploi du temps. Et de si j'ai pas la flemme. Et de pleins d'autres facteurs, heh.  

Et, comme ça, Arban quitta la petite maison d'Astrid, la laissant seule avec deux chats qui, comme des chats, firent comme chez eux.
4 ans huh. C'était à la fois long et court. Même plutôt court, pour un vieillard qui avait déjà 83 ans. Mais une chose était sûre, c'est que ces 4 années seraient sûrement marrantes à suivre avec ce gamin à la tête de la garde, heh. Elle avait hâte de voir comment il allait se débrouiller.
Dans tous les cas, la relève était assurée, et Fergys pouvait reposer en paix.

J’arrive enfin devant le bâtiment de la caserne, qui a très peu changé en l’espace de quinze ans. Deux gardes sont en faction devant la porte mais me laisse entrer sans demander mon identité et je vois déjà là une première faute, mais je continu et arrive dans le hall d’entrée avec l’accueil au fond. Partout je vois des militaires qui discutent bruyamment et c’est une véritable cacophonie à l’intérieur, c’est donc une deuxième faute en l'espace de dix secondes.

Je me demande d’ailleurs si je vais continuer à les compter, car devant moi, la jeune femme censée m’accueillir, drague ouvertement un des beaux gardes royaux, resplendissant dans leurs nouveaux uniformes. J’attends donc, rongeant mon frein, que l’on daigne s’occuper de moi. Au bout de quelques minutes, l’hôtesse s’aperçoit de ma présence et sans même s’excuser, me fais signe d’avancer.

Je me présente donc :

Je suis Arban Höls, le capitaine Yuduar Al Rakija a dut laisser une lettre pour moi.

Je vois la jeune femme chercher un instant dans ces papiers qui sont de toute évidence mal rangés, et ressort une enveloppe froissé, portant le sceau royal et me la jette sur le comptoir.

J’essaye de rester calme, et j’ouvre l’enveloppe, il s’agit bien d’une lettre du Roi, me faisant commandant de la Garde, comprenant les forces civiles, les forces royales et le domaine du renseignement, autrement dit, les espions. J’ai là un papier qui me donne autorité sur toutes les personnes présente dans le bâtiment et j’indique donc avec un sourire mauvais.

Les choses vont changer ici.