Je ne suis pourtant resté qu’une semaine à la capitale, mais chevauché librement sur mon cheval, me fais un bien fou. J’aurais pu envoyer un garde pour récupérer le restant de mes maigres affaires qui sont restées dans mon village au bord de la mer, mais j’ai préféré me déplacer moi-même, c'est une excuse comme une autre pour m'échapper de mon travail de Commandant de la Garde pendant quelques jours. J’arrive donc, après un long voyage aux abords de la côte Ouest du Royaume, au nord du Grand-Port.

Je vois la ferme de la famille Alliot avec leurs chiens qui aboient dès que je passe à proximité comme d’habitude, puis c’est la ferme des Baudon, avec leur vieux moulin qui grince mais qu’ils refusent de réparer car ils sont en guerre depuis cinq générations avec la famille des Bouilhac, dont les membres habitent de l’autre côté de la route, même si plus personne ne connait les raisons exactes de la brouille.

Toutes ces personnes que je croise, je les connais maintenant depuis plus d’une dizaine d’années, elles font parties de mon univers et j’en connais toutes les caractéristiques, c’est pourquoi je suis surpris de voir une jeune fille, voir même très jeune et des cheveux d’un roux éclatant en train de se balader près de sa demeure. Est-ce que d’autres personnes m’ont également retrouvés ? Si j’ai mis en place des pièges, c’est pour éviter que des assassins puissent s’en prendre à moi, suite à ma carrière en tant que maitre-espion.

Déjà que la Garde a réussis à me retrouver, c’est vrai aider par une réincarnation d’un de mes anciens officiers, il ne manquerait plus que ce hameau devienne un endroit à la mode ! En parlant de piège, elle est arrive beaucoup trop prêt d’un de mes mécanismes camouflées sous une clôture, je me m’approche donc pour la mettre en garde, soit c’est une simple coïncidence, et ce serait dommage qu’une innocente perde un bras, soit c’est une assassin et elle va le désamorcer sans problème.

Je reste à cheval, car si je dois combattre, je préfère conserver l’avantage de la hauteur. Pourtant plus je m’approche, plus je suis confus, car cette jeune femme est très jolie, fine avec un beau visage et une tenue pas du tout adaptée à la campagne ou au combat, je me demande vraiment ce qu’elle fait là, en plus elle ne semble pas m’avoir remarqué, je lui indique donc :

Vous êtes sur mes terres mademoiselle, vous avez deux secondes pour m’expliquer ce que vous faites là avant que je vous chasse.

Bon, j’ai essayé d’être le plus aimable possible, mais lorsque j’ai senti les mots sortirent de ma bouche, je savais que je n’allais pas réussir. Cette intrusion me rappelle trop celle de la semaine dernière qui a changé mon existence à jamais et en plus, je n’ai jamais été quelqu’un de très sociable. Au moins, je ne l’ai pas insulté, c’est déjà ça, je pense sérieusement que je m’améliore.
Dans tous les cas, je suis sérieux sur la menace que je viens de prononcer, si la personne en face de moi n’a pas d’explication plausible à me dire, elle devra partir, je ne fais pas la charité, et ne possède rien qui peut intéresser une citadine.