J'avais senti le coup fourré dès que l'on m'avait remis le papier en mains propres : une convocation doublée d'un ordre de mission. L'objectif ? Protéger Queen Milan de détracteurs qui n'avaient cessé de chercher à s'en prendre à elle depuis désormais une bonne semaine. Apparemment ses gardes du corps ne lui suffisaient pas et elle faisait à présent appel à la Garde pour officier en l'absence de l'un de ses gorilles. Les détails m'échappaient, mais toujours est-il que j'avais écopé du fardeau et que je me tenais à présent devant la guillotine, serrant fort dans ma main l'anneau qui assurerait la descente de la lame.
Clong, clong, clong.
Les vibrations graves continuèrent à se répercuter sur la porte en fer finement moulée avant que des bruits de pas, à l'intérieur, me signalent la venue d'un quelconque domestique destiné à m'accueillir au sein du Purgatoire. Ce fut un visage sombre qui m'ouvrit, me détaillant de la tête aux pieds avant de vomir d'un ton mielleux un fiel qui ne m'était plus étranger.
« - Désolé mais nous n'avons pas d'argent, je n'ai pas de cigarette sur moi et la boutique de liqueur est à la prochaine intersection. »
Je réagis au quart de tour, voyant que déjà le panneau en acier se refermait sur mon nez, interrompant le geste frénétique du majordome avec ma botte. Son visage lugubre m'envoya alors une franche expression déconvenue à laquelle je n'hésitai pas à répondre en brandissant le papier tâché par l'humidité et les gouttes de pluie. Son mépris glissait sur moi comme les fins ruisseaux d'eau qui dévalaient les plaques mon armure, mais tandis que je m'exprimais je pus voir la compréhension maculer son regard et son tempérament changer du tout au tout.
« - Milan, c'est ici ? Je viens pour la mission que vous avez formulée auprès de la Garde, je suis la Lieutena-
- Ah, c'est donc vous ! Eh bien, il fallait le dire plus tôt... Entrez et, s'il-vous-plaît, faites attention avec vos souliers sales, vous ne seriez probablement pas en mesure de payer les frais d'entretien des tapis de Mademoiselle Milan. »
Je grommelai suite à la dernière remarque et choisis de ne pas tenir compte de la fatuité du bonhomme, empreignant comme je le voulais les sols avec mes chaussures pleine de boues, rappelant volontiers qu'il existait un monde au dehors d'ici. Tandis que j'évoluais à l'intérieur des lieux, j'observais d'un air détaché et morne les riches ornements et tapisseries qui décoraient les murs, les miroirs aux moulures dorées et les meubles en acajou finement taillés. Je comprenais aisément pourquoi des gens pouvaient vouloir la peau de la propriétaire de tous ces biens, omettant volontairement la réputation que celle-ci se coltinait déjà.
« - La maîtresse va vous recevoir, si vous voulez bien attendre dans le boudoir.
- Le quoi ?
- La petite pièce sur votre gauche, juste là. Attention au guéridon ! Voilà... »
Inutile de dire que je dérangeai, éléphante vêtue de mon armure dans cette boutique de porcelaine. Mais je parvins toutefois à me frayer un chemin jusqu'à un fauteuil trop confortable pour moi au point que je me sentis pratiquement fondre à l'intérieur dès lors que j'y étais assise.
J'attendais silencieusement, à l'affut des premières notes d'une mélodie insupportable qui viendrait ponctuer les minutes d'expectative, jouant des coudes dans un concours de regards avec le domestique. Et puis, dans un enfer de bruits de talons tonnant malgré l'amortissement des tapis et claquant à plusieurs reprises sur le bois du parquet, la voilà qui apparut.
Si l'on passait outre son caractère et sa notoriété d'entité malfaisante, la jeune Milan n'était pas désagréable à regarder. Aurait-elle été une citoyenne honnête que je l'aurais peut-être jalousée pour son physique avantageux. Mais la richesse et le mépris qu'elle inspirait ne m'évoquaient désormais qu'une rancune tenace, celle que je vouai aux nobles de son acabit, sans jamais avoir eu à faire à elle jusque là. Je me préparai à l'enfer qui m'attendait, celui de devoir veiller sur cette peste pendant toute la durée de ma mission et, pire encore, la protéger d'un danger qu'elle ne devait qu'à elle-même.
Je me levai cependant, n'oubliant pas mon devoir civique et, crissant des dents, tendis une main « amicale » dans l'espoir de saluer ma protégée.
« - Lieutenant Von Andrasil, j'ai été envoyée par la Garde Civile pour vous protéger. »
Après avoir remplit et terminé un énième dossier, elle reposa sa plume et s’étira longuement dans le fauteuil. Elle passa ensuite une main fatiguée sur son visage, repoussa le devis dont elle venait de s’occuper et en attrapa un autre qu’elle ouvrit machinalement devant elle. Reprenant sa plume, elle recommença à griffonner. En plus de tout le travail qui lui tombait dessus en ce moment en raison de l’expédition qui devait être menée à la cité enfouie ; quelqu’un avait décidé que sa vie avait été suffisamment longue et qu’il fallait l’écourter au plus vite. Ce n’était pas la première fois qu’elle avait à subir ce genre de chose, au contraire, elle y était habituée depuis de longues années. De trop longues années sans doute. Cependant, elle avait rarement eut à faire à une personne aussi tenace. Peu importait le nombre de fois où elles étaient déjouées, les attaques revenaient sans cesse. A croire que plutôt que de l’avoir par la force, ils cherchaient à l’avoir à l’usure. La jeune femme, de part son caractère beaucoup trop fier, n’en laissait rien paraître mais elle ne pouvait nier que cela avait l’effet escompter. Elle était épuisée autant physiquement que mentalement et en prime elle se surprenait à avoir des tendances paranoïaques. C’est pourquoi, contrainte et forcée, elle avait dû faire appel à la garde. Syn était sans aucun doute très compétent mais il ne pouvait décemment pas la surveiller jour et nuit, sans compter que leur rapports houleux n’aidaient pas. Tout ce qu’elle espérait maintenant c’est qu’ils envoient une personne compétente et rapidement.
TOC TOC
Queen releva brusquement la tête, son regard se posa immédiatement sur Alphonse, qui, sans qu’elle n’eut besoin d’ouvrir la bouche s’empressa d’aller voir qui ou quoi se cachait derrière la porte. De son côté, la jeune Milan rangea ses dossiers, nettoya sa plume et s’obligea à rester d’un calme olympien, tendant l’oreille. De la pièce où elle était, elle n’entendait presque rien si ce n’est deux voix prononçant des choses incompréhensible. Heureusement, elle connaissait bien son majordome et juste à son timbre elle comprit qu’il n’y avait là aucun danger. Se détendant alors partiellement, elle termina ce qu’elle était entrain de faire puis quitta la pièce.
Intérieurement, elle espérait que la garde ait mit à son service une personne capable. Pour une fois elle se fichait bien que cela soit un homme ou une femme, bien qu’elle eut une préférence certaine pour les hommes – plus facile à manipuler et souvent beaucoup plus distrayant. Soupirant ensuite à la fois de lassitude et de fatigue, elle traversa le couloir. Tournant sur la droite, elle pénétra dans la pièce.
Par réflexe son sourcil droit eut un soubresaut de désapprobation, encore plus lorsque ses iris opaline se posèrent sur l’entrée de sa maison qui ressemblait à s’y méprendre à une porcherie. Contractant les mâchoires elle déglutie avec difficulté. Qu’est ce que la garde lui avait refourgué cette fois encore ? Prenant sur elle, elle fit un pas en avant avant de loucher sur la main que le titan qui se tenait dans son salon lui tendait. Pour toute réponse elle fixa son visage, arquant une nouvelle fois son sourcil lorsqu’elle aperçu la balafre qui descendait le long de sa joue et elle remercia Lucy d’avoir préservé son doux visage jusque là. Contournant la nouvelle venue, elle afficha un air faussement chaleureux.
- Bien. Alphonse, va donc chercher une serviette pour le lieutenant et nettoie l’entrée tu veux. Son ton était parfaitement maîtrisé, cependant, il était évident aux yeux du majordome qu’il valait mieux qu’il s’exécute et vite. Se tournant ensuite vers la tige qui allait apparemment lui servir de garde, elle lui offrit un sourire radieux. - Bienvenue chez moi Lieutenant. Ne restez donc pas debout… Elle se pencha sur le côté et grimaça à l’instant même où elle aperçue la tâche humide sur le tissus. - Et gardez le même fauteuil vous serez aimable. La jeune femme ne put s’empêcher d’ajouter ce fauteuil à la liste des objets qu’elle devrait changer après avoir reçu une visite inopinée. Ne s’attardant pas plus longtemps, elle alla à son tour s’installer dans un siège qui se trouvait à distance de celui de son invitée et croisa les jambes. - Voulez vous boire quelques choses ? Thé, café, vin, liqueur… ? Elle lui laissa ensuite le temps de répondre et à Alphonse de lui tendre la serviette puis poursuivit. - Je suppose que vous avez été mise au courant de ce qui vous amène. Avez vous déjà une idée d’un plan d’action ? Besoin de plus d’information ? Tout en attendant, elle mit pianoter ses doigts de manière rythmée sur les accoudoirs. Il ne restait plus qu’à espérer qu’en plus d’une bouseuse, il ne lui ai pas envoyé une idiote.
« - Un verre d'eau suffira, j'aime à rester sobre durant le service. »
Je devinais, de toute façon, qu'il ne s'agissait que d'un moyen pour elle de me jauger dans mes choix. Ainsi je lui faisais clairement comprendre que je n'étais pas là pour rire et que je ne prenais pas mon métier à la légère. La mission avait beau s'avérer une véritable tannée en devenir, je comptais bien la remplir avec brio.
Tandis que la noblaillonne me demandait enfin comment je comptais agir, bien que je n'avais pas encore toutes les clés en main, je saisissais la serviette tendue par le majordome et m'en servais pour m'éponger le cou et le front.
« - Eh bien, avant tout si vous me faisiez faire le tour du propriétaire et me racontiez plus en détails qui sont ces gens et ce qu'ils vous veulent précisément ? Je supporte assez peu les discussions molletonnées autour d'un thé et de petits biscuits, mon intérêt n'est pas dans les friandises, Madame. »
J'insistai volontairement sur le « Madame », persuadée que d'une façon ou d'une autre mon interlocutrice le prendrait mal. Je n'avais aucune raison de mentir sur les rapports de force qui nous lieraient bientôt : je n'étais pas du genre à instiller des idées dans la tête des autres comme pouvait l'être mon interlocutrice et je le faisais savoir d'emblée. Tout aussi noble et éminence politique pouvait-elle être, j'allais être son rempart contre les attaques de celui ou celle qui lui voulait du mal.
Je me levai donc et, en attendant que la jeune femme saisisse bien que je n'avais pas l'intention de répondre à ses moindres désirs comme ses petits toutous, me dirigeai vers la fenêtre de laquelle je guettais l'animation dans la rue. Des enfants « jouaient » à se balancer des cailloux et offraient un spectacle impressionnant de bruits et d'images depuis l'extérieur.
« - Le plan d'action, vous le connaissez il me semble, sinon vous n'auriez pas fait appel à la Garde ? Il vous faut un gorille supplémentaire pour surveiller vos arrières et s'assurer que vous ne vous preniez pas un coup de couteau malencontreux en pleine rue ou même chez vous. Je serai donc votre ombre pendant toute la durée de la mission, que cela vous plaise ou non. »
Je me retournai, dévisageant le faciès juvénile de l'aristocrate. Son regard ne laissait pas transparaître beaucoup d'émotions et semblait même cacher des pensées secrètes, toutefois il n'était pas difficile pour un soldat de cerner l'angoisse sur le visage de ceux qui craignaient pour leur vie. J'y allais donc franchement, n'omettant pas une seule seconde la possibilité que j'étais en train de me tromper sur toute la ligne.
« - Il est évident que les tentatives infructueuses de votre détracteur vous ont mis les nerfs en pelote. Vous peinez à trouver le repos ? Vous commencez à voir l'ennemi partout ? Sachez au moins que vous n'aurez rien à craindre tant que je serai là. »
Sauf peut-être si, sous le coup de l'énervement, je finissais par la tuer moi-même, mais c'était évidemment une pensée qui devait être tue.
Ma tirade était à présent terminée et, toujours debout, j'attendais un mouvement de la part de mon hôte : même si elle n'était pas d'accord avec mes propos, elle demeurait toutefois tenue de me faire découvrir les lieux pour que je puisse évaluer des faillies et issues possibles par lesquels des assassins pourraient tenter d'entrer.
À ce moment là, je me berçai encore d'illusions en pensant que ma protégée était une petite chose fragile et gémissante.
- Si je savais qui sont ces gens, vous croyez bien que je n’aurais pas attendu votre venu pour m’occuper de ce cas. Elle lui lança un regard exaspéré. - La seule chose que je sais c’est qu’ils espèrent me voir plus morte que vivante. Je ne connais ni la raison, ni les instigateurs. Finalement elle abandonna le confort de son fauteuil et se mit debout. - Les raisons de vouloir me nuire sont nombreuses ne nous mentons pas. Ce n’est pas la première fois que j’ai à faire à ce genre de situation. Mais c’est aussi la première fois que la personne derrière ce complot est aussi tenace et c’est là tout le problème. Elle traversa le salon jusqu’à la porte et se retourna, avançant une main pour désigner l’endroit où elle se trouvait. - Vous êtes donc dans le salon. Du moins, celui que je réserve à mes invités. Je n’aime pas recevoir. Pas ici en tout cas. Alors qu’elle allait quitter la pièce, elle se retourna et lui adressa un regard qui ne laissait pas place à la discussion. - Mademoiselle Milan. De préférence. Faisant volte face elle pénétra dans le couloir.
- Vous ne devriez pas avoir de mal à vous repérer dans la maison. Elle n’est pas très grande. En tout est pour tout nous possédons trois chambres, deux salles de bains, un bureau, un dressing et une cuisine. Même pour quelqu’un comme vous, ça ne devrait pas être un labyrinthe. Et par comme vous elle entendait « pauvre » mais elle savait que les gens de cette classe n’aimaient pas se faire appeler ainsi, alors pour une fois elle fit l’effort de se taire. - Par ailleurs, votre plan d’action ne me semble pas très élaboré. J’ai peut-être demandé un gorille, mais un gorille avec un cerveau. Je ne compte pas attendre patiemment qu’ils décident une nouvelle fois d’essayer de me mettre en pièce. L’idée serait plutôt de savoir ce qui se trame avant qu’ils n’aient de nouveau le temps d’agir. Ca me semblait pourtant évident. Elle soupira et tourna à droite, dans un autre corridor qui menait aux chambres.
La maison de la jeune Milan était tout à son contraire. Sa demeure se rapprochait plus de la villa que du manoir des Milan aux abords du village perché. Une maison sans extravagance et qui, même si elle était très joliment décorée, ne l’était pas autant que ce que l’ont aurait pu s’attendre de la part d’une personne portant son nom. Au début, elle avait eut un mal fous à se faire à la petitesse de cet endroit mais avec le temps elle avait convenue que la taille était parfaite pour elle et elle y avait fait son nid. La maison entière était décorée de manière épurée dans des teintes noires et blanches. Dans les couloirs se tenaient quelques œuvres de grandes valeurs, quelques fleurs provenant tout droit de son jardin qu’Alphonse s’obstinait à entretenir chaque jour. Bientôt elles arrivèrent au bout du couloir après avoir dépassé deux autres portes.
- Bien commençons par la pièce que j’aime le moins présenter. Ma chambre. Vous êtes invité à ne surtout pas y entrer que j’y sois ou pas. Elle poussa la porte de bois, offrant la vue sur une pièce assez grande pour contenir un lit gigantesque et à l’air terriblement confortable, un bureau où trônait un monticule ahurissant de papiers en tout genre ainsi qu’un portait d’elle et Primus alors qu’ils étaient encore enfant. Pénétrant dans la pièce, elle invita à contre cœur et sans s’en cacher, la garde à y entrer. - Voici donc ma chambre. Elle n’a que deux fenêtres qui donnent toutes deux sur le jardin. Comme je vous l’ai dis, je n’aime pas que l’on y pénètre. Il y a des dossiers concernant la couronne qui se doivent de rester confidentiels. Je suis sûre que vous comprenez. De même que le reste de la maison, la chambre était dans des tons noirs et blancs, sauf le sol qui lui était recouvert d’une sorte de moquette lit de vin, accordée a l’édredon. La poussant presque dehors, elle referma rapidement la porte et remonta le couloir s’arrêtant devant une seconde porte.
- La chambre d’Alphonse. Queen ouvrit. C’était une chambre d’une simplicité extrême, qui ne comportait pour ainsi dire aucune décoration hormis ce que la propriétaire avait elle-même installée. Même le lit semblait sur le point de s’effondrer et une seule fenêtre faisait office de point de lumière. - Alphonse n’est pas très matérialiste. Je lui ai dis mille fois de changer l’encadrure de son lit. Il refuse. Enfin… Cela doit sans doutes être encore un délire de prolétaire que je ne comprend pas. Elle soupira et agita la main tout en levant les yeux au ciel avant de refermer. Traversant le couloir dans sa largeur elle se tint devant la dernière porte qu’elle ouvrit sans attendre. - Ici notre chambre d’amis qui vous sera prêtée si vous devez séjourner plus longtemps que prévu. Ma première idée était de vous faire séjourner à l’auberge au bout de la rue mais ce cher Alphonse à tenu à ce que vous puissiez vivre sur place. Ne m’en déplaise, il sait être convaincant en cas de besoin. Il savait être barbant aurait été plus exact.
C’était une pièce du même acabit que celle d’Alphonse bien qu’elle soit beaucoup plus chaleureuse. Le lit beaucoup plus grand et en parfait état semblait parfaitement douillé, un peu plus à droite on pouvait y trouver un bureau ainsi qu’un nécessaire d’écriture et enfin juste à côté de la porte se trouvait une armoire où une armure se ferait difficilement une place. Munie d’une seule fenêtre donnant sur le jardin, ce n’était certainement pas la pièce la plus lumineuse de la maison mais pas la pire c’était certain.
- Vous pourrez vous installer dans vos quartiers dès lors que nous aurons terminé. Une nouvelle fois elle les fit sortir puis se dirigea vers la cuisine qu’elle présenta rapidement. Rien de bien fou, une cuisine d’une taille tout à fait respectable et parfaitement bien équipée pour l’époque. Au passage Queen commanda à Alphonse un verre d’eau et un café à leur porter plus tard lorsqu’elles seraient de nouveau revenue dans le salon. Elles passèrent ensuite au dressing de la jeune qui était presque aussi grand que le chambre du majordome. Dedans ce trouvait tout ce qu’une femme un tant soit peu coquette pouvait espérer trouver que cela soit des chaussures, des pantalons, des robes, des bijoux ou encore des sacs. Bref une vraie caverne d’Alibaba que Queen affectionnait tout particulièrement. Une fois les salles de bains et autres petites pièces futiles passées en revu, la propriétaire des lieux invita la lieutenante à rejoindre le salon où les attendaient déjà l’eau fraîche et le café fumant. Sans faire de cérémonie elle s’assit et attrapa la tasse qu’elle porta à ses lèvres.
- Comme je vous l’avez dit, c’est une petite maison. Elle posa sa tasse ensuite. - Néanmoins… J’ai comme la sensation que vous me pensez beaucoup plus faible que je ne le suis. Elle plissa les yeux, une lueur d’amusement passa dans son regard. - Je suis peut-être noble et sans doute une petite princesse sans couronne. Mais je n’aime pas que l’on me marche sur les pieds. Retenez bien ça. Et ces paroles visait aussi bien la lieutenante et sa pseudo psychanalyse que ceux qui essayait t’attenter à sa vie. Croisant les jambes, elle laissa enfin le loisir à la jeune femme d’en placer une. Autres choses ?
« - Bien sûr, je ne vous marcherai pas sur les pieds, sauf si vous m'empêchez de mener ma mission à bien. Mission qui est de vous protéger car, sauf preuve du contraire, vous n'êtes pas encore assez forte pour le faire toute seule, petite princesse sans couronne. »
À mon tour de sourire, sardoniquement. Oh je m'en serais voulu d'être aussi détestable normalement, mais Queen Milan était vraiment fidèle au portrait que l'on dépeignait d'elle : en l’occurrence, une aristocrate si imbue d'elle-même qu'elle refusait de reconnaître le danger qui la rongeait.
Nous étions revenues dans le salon au terme de notre petit état des lieux et je m’avérais satisfaite de ma prospection plus que de l'impeccabilité des poussières jaugée par la propriétaire. Je grossissais certes le trait, mais la situation me mettait dans un énervement tel que je ne parvenais à être raisonnable. Bon, j'étais aussi une tête de mule et peu importe si la jeune femme faisait les choses bien ou mal, je m'évertuais à considérer aveuglément qu'elle avait tort lorsque moi j'avais raison.
Elle m'observait dans l'attente de quelque chose et je me surpris à faire de même. Là, lasses, nous nous regardions à présent en chiens de faïence alors que nous devrions normalement être alliées. La nuit tombait toutefois et c'était là que mon service atteignait son apex.
« - Il n'a jamais figuré dans l'ordre de mission la quelconque nécessité d'enquêter sur ceux qui vous veulent du mal. Au contraire, m'écarter de vous serait probablement la meilleure opportunité pour ces gars là de vous tomber dessus ; j'ai bien peur que vous deviez accepter ma présence et ma simple condition de garde du corps, Madame Queen. N'ayez crainte, vous êtes entre de bonnes mains. »
Je fronçais les sourcils toutefois, voyant son air désapprobateur, clairement cohérent étant donné le ton que j'employais même si je me considérais évidemment dans mon bon droit. Un instant, je me surpris même à penser qu'il serait plus évident pour moi d’assommer ma protégée pour justement ne pas l’avoir dans mes pattes au moment où ses assaillants chercheraient à mettre la main sur elle. J'étais dure... car mine de rien la pauvrette était restée amiable.
Cependant, « grand dieu, ce que je pouvais détester ce genre de nobles », soupirai-je intérieurement.
« - Puisque nous en avons fini, je vais rejoindre mes quartiers, comme vous les appelez si bien, le temps de me délester de quelques affaires. Je vous interdis évidemment de quitter la maison entre temps. »
Oui, il existait en vérité assez peu de différence entre une protégée et une prisonnière, du moins quand j'étais la personne chargée de protéger ; j'avais déjà reçu plusieurs protestations à ce sujet mais, à chaque fois, cela avait porté ses fruits et la victime s'en était tirée sans encombre. Ici ne faisait pas défaut.
Je me levai donc, sans même attendre la réponse de mon hôte, et gagnai le couloir, poursuivant dans le prolongement qui menait à la troisième chambre. Celle-ci offrait un confort déjà bien moins rustique que celui de la Caserne et je m'en accommodais bien, même s'il était nullement prévu d'y dormir : une chaise à côté de la porte de Milan ferait largement l'affaire. Je m'emparai à ce propos d'un siège en bois que je plaçai dans le couloir, en prévision du moment où je devrais le transporter pour veiller, puis me délestai de certaines pièces de mon armure qui me ralentissaient plus qu'autre chose. Simplement vêtue de mon plastron et de mes brassières, je quittai enfin mes appartements pour retrouver la porte de la chambre de mon hôte, désormais fermée, signe qu'elle avait fini par retrouver ses occupations.
J'hésitai un instant à toquer et demander à ma protégée de laisser la porte entrouverte, mais me rétractai finalement dans un unique geste de sympathie qui échappa même à ma compréhension.
Postée contre la mur, le siège légèrement basculé en arrière, j'attendais donc patiemment, guettant le moindre bruit suspect dans la maison endormie, car bientôt le majordome ne tarda pas à rejoindre sa modeste chambre, non sans me gratifier d'un regard lugubre au passage. Rien ne se passa toutefois et au bout de plusieurs heures, quand l'heure s'avéra assez tardive, mes paupières ne purent résister à l'appel du sommeil... Quand soudain un bruit de verre brisé tonna à l'intérieur de la chambre de la Trésorière, provoquant derechef un hoquet de surprise chez la blondinette que je perçus tout aussi bien.
En deux temps trois mouvements, j'étais dans la pièce assaillie par deux hommes vêtus de noir.
La nuit était tombée depuis un bon moment maintenant… La Milan a trop confiance, elle n’a même pas renforcée la sécurité de sa demeure. L’arrivée d’une Garde n’a pas échappé à notre espion qui surveille en permanence les allées et venues de la pimbêche. Les lumières de la maison se sont presques toutes éteintes maintenant. Il est temps pour nous d’entrer en scène pour le grand final, un mise à mort en grande pompe !
L’escalade de la maison se fait en silence, les assassins sont nombreux. Personne ne néglige la Milan, après tout, elle a survécu jusqu’à aujourd’hui… Le plan est on ne peut plus simple. Ils entrent, ils l’égorgent et ils mettent le feu à la baraque. Simple comme bonjour. Divisé en plusieurs groupes, les assassins descendent en rappel jusqu’aux divers fenêtres entrant à grand fracas par tous les accès de la demeure en même temps.
Dans la chambre d’Alphonse :
Deux assassins entrent en brisant la vitre. Armés de dague affutés comme des rasoirs, les deux assassins se précipitent vers l’homme pour faire taire la menace.
Que fait Alphonse ?
Dans la chambre de Queen :
Deux assassins entrent en brisant la vitre après avoir jeté un truc produisant une épaisse fumée. La fumée commence à se répandre rapidement dans la chambre. Armé d’une longue dague, le premier assassin masqué se précipite vers la Milan. Alors que le second homme s'apprêtait à lancer une bola vers Queen pour l’immobiliser, il se ravise et la lance sur la Garde qui vient de faire son entrée.
Que faites-vous ?
PROCHAINE APPARITION MDJ : Après une réponse de chacune
Les secondes, les minutes et les heures défilèrent sans qu’elle ne soit capable de les compter. Non, la seule chose qu’elle comptait à une heure pareille, c’était le nombre de dossiers qu’il lui restait à rattraper. « Plus que sept... » Pensa-t-elle en jetant un regard à la plus petite pile sur sa droite. Elle en voyait enfin le bout. Mais son lit lui, ne verrait pas un bout de son nez. Il en allait ainsi depuis qu’elle travaillait également pour cette incapable de ministre, ses temps de sommeil qui n’étaient déjà pas bien grands s’étaient vu amputer un peu plus. Peu importait, elle apprenait chaque jour et elle n’allait certainement pas s’en plaindre. Reposant sa plume, elle prit un petit instant pour se tortiller sur sa chaise, s’étirant tantôt à droite, tantôt à gauche ; faisant craquer chacun de ses os endoloris.
Malheureusement, comme toujours, Lucy avait un humour douteux quand il s’agissait de la jeune Milan. Parfois elle se surprenait à penser qu’elle était l’une des farces les plus réussit de sa déesse. Il devait y avoir un peu de ça après tout, personne n’échappait autant de fois à la mort. Mais Lucy avait véritablement un humour particulier. Comme pour lui donner raison, la vitre qui donnait sur les jardins se brisa en une myriade de petits éclats qui reflétèrent aux quatre coins de la pièce. En réponse le visage de l’héritière se liquéfia. Encore ? Déjà ? Toutes ces questions explosèrent dans son esprit alors qu’elle quittait prestement son siège pendant que la pièce se remplissait de fumée, bouchant sa vue, encombrant ses bronches. Sans attendre elle posa un vêtement sur son nez.
Dans la pièce voisine un bruit similaire à celui qui venait de se faire entendre éclata. Alphonse aussi avait des problèmes. A l’instar de son employeuse, il n’avait jamais été un gros dormeur. Aussi lorsque les hommes pénétrèrent dans sa chambre, dans son lieu. La colère lui monta immédiatement au nez. Ils s’en prenaient à Queen et en plus à lui ? Il n’était pas homme à tenir tête à la Milan, mais il était homme à défendre ce qui lui était cher. Et Alphonse tenait autant à sa maison qu’à celle qui y vivait. D’ailleurs ces deux là feraient mieux d’être préparés, être éduqué par la matriarche des Milan avait des bons côtés et cette dernière avait veillée à ce que le majordome de sa favorite soit en mesure de la défendre correctement. Sans leur laisser le temps de réagir, le blond fonça sur eux tête baissée comptant sur sa maîtrise des vents et son expérience pour retourner l’arme de l’un des hommes contre lui, la lui voler et s’en servir à son tour contre le dernier. Il ne restait plus qu’à croiser les doigts pour que son plan fonctionne.
- Comptez vous attendre qu’ils en aient terminés avec nous ? S’égosilla la blonde dans le nuage de fumée à l’attention de la porte qui venait de s’ouvrir sur la lieutenante. Du moins elle l’espérait. Si cette idiote s’était déjà faites assassiner, la garde pouvait être sûre qu’elle entendrait parler d’elle et bien plus que cela même. Cependant la garde devait encore être en vie, puisque la deuxième silhouette qu’elle apercevait à travers le rideau de fumée se désintéressa d’elle en un claquement de doigt. Bien. Il ne lui en restait plus qu’un. Un de trop certes mais toujours un de moins qu’au début. Le plus gros point négatif était l’arme qu’il tenait entre ses doigts. Queen avait par le passé apprit à se défaire d’un étranglement, mais elle n’était pas une as lorsqu’il s’agissait de désarmer et surtout elle n’avait pas envie de rayer son sublime visage. Qu’à cela ne tienne, un visage magnifique mais mort n’était pas beaucoup plus rayonnant. Sa main droite se mit à s’agiter avec une certaine hystérie, ses doigts tournoyaient à une vitesse folle et bientôt une boule visqueuse de la taille d’une balle de tennis vint se former. La jeune femme lança de toutes ses forces en visant ce qui lui semblait être la tête de son agresseur. Elle recula, profitant de la diversion réussit ou pas pour mettre de la distance entre eux. La seconde suivante elle était un genou à terre, la main gauche posée au sol. En un rien de temps sa sève commença a s’échapper courant sur le sol en direction de l’homme alors que sa main droite c’était remise à s’agiter comme la première fois.
Si ils la prenaient entièrement pour une incapable, ils allaient voir de quel bois elle se chauffait. Cette fois était celle de trop, il fallait que tout cela cesse et vite. Elle refusait de rester une proie un jour de plus.
Il fallut peu de temps avant que je ne repère celle-ci, reculant dans ma direction sous la pression des deux hommes qui avançaient depuis la fenêtre par laquelle ils avaient fait irruption. En m’apercevant, la noblaillonne ne put se retenir de m'invectiver alors que je me préparai déjà à rejoindre la mêlée et enfin faire ce pour quoi j'avais été missionnée : repousser ces satanés assassins.
Hache en main, je sautai sur le premier venu tandis que la jeune Milan occupait l'autre fripouille grâce à un stratagème qui m'échappait.
« - Mais qu'est-ce que vous faites encore ici ? Sortez ! »
Peut-être la blondinette ne m'entendit-elle pas, toujours est-il qu'au lieu de prendre ses jambes à son cou elle décida de tenir tête à l'un des assaillants. À ce stade là de bêtise, je ne pouvais donc rien faire pour elle.
Le brouillard régnait toujours et la grenade fumigène, rejointe par un second spécimen, continuait à bouillonner. La fumée pesante m'empêchait de voir distinctement l'ennemi qui me faisait face, toutefois je distinguai assez clairement sa silhouette. Enfin, c'est ce que je croyais.
Venant de nulle part, un coup d'épée manqua soudainement de me prendre au dépourvu et de salement m'amocher la caboche. Du coin de l’œil, je pouvais encore voir la silhouette se dissiper dans le grisâtre alors que mon adversaire se trouvait à l'opposé. S'agissait-il de la brume ou bien d'un quelconque pouvoir ?
Alors que je retrouvais mon équilibre après avoir dû pratiquement m'écrouler pour éviter cette première attaque, l'inconnu m'assaillit à nouveau, marquant mon genou du fil de son épée.
« - Inutile de résister : je suis invincible dans le brouillard, » ricana l'énergumène, persuadé que son avantage était immuable. Mais c'était faux : il venait bêtement de me dévoiler sa carte maîtresse.
« - Alors ça veut dire que s'il n'y a plus de brouillard, je pourrai te faire regretter d'avoir croisé mon chemin ? »
Aussitôt, dans ma main, un orbe de lumière commença à se former. La sphère était très brillante, assez pour augmenter la visibilité autour de moi et gêner la vue de quiconque se trouvait en face, à l'image du rayon lumineux d'un phare tout proche. Tant que je ne la lâchai pas, je pouvais continuer à éclairer devant moi et ajuster la luminosité et sa taille.
« - Tu n'es pas le seul à avoir des pouvoirs, » clamai-je tout en balayant le vide d'un coup de labrys. Une fois, deux fois. La silhouette avait disparu mais je pouvais entendre des bruits de pas autour de moi : il essayait de me prendre à revers. Sans façon.
Prévoyant un coup d'estoc porté dans mon dos, puisque l'homme ne pouvait qu'être là, je jetai ma hache vers l'avant et profitai de l'élan pour me retourner avec la lame à l'horizontale. Celle-ci rencontra un instant une résistance un peu molle avant de se courber à la fin de sa trajectoire, tâchée de sang. Je venais d'atteindre l'assassin au niveau du torse, à présent barré par une profonde entaille sanguinolente qui ne lui laissait aucune chance de s'en sortir. Bien que tenant toujours debout, le pauvre gaillard était déjà pratiquement mort.
Quelques secondes plus tard, le corps s'effondra dans une mare de sang. Je m'en désintéressai aussitôt pour m'inquiéter de l'état de ma protégée que je ralliai en vitesse. Celle-ci aussi semblait pourtant avoir la situation bien en main, étant parvenue à immobiliser le second attaquant au prix d'un duel tout aussi intense que le mien.
Elle pouvait être détestable, je ne pouvais lui retirer une certaine utilité au combat, finalement. Toutefois nous étions encore loin d'en avoir fini...
L’arrivée des assassins dans la maison déclenche les hostilités dans plusieurs pièces de la demeure. D’un côté, Alphonse le majordome et deux assassins, de l’autre, Queen et Elina contre deux assassins.
Dans la chambre de Queen, le combat est intense. Usant de son pouvoir, Queen essaye de faire diversion puis d’immobiliser son adversaire. Celui-ci échappe de justesse à la sève gluante de Queen en disparaissant dans la fumée opaque. Si Queen perd de vue l’assassin, ce dernier n’oublie pas où se trouve sa cible. Lançant un couteau à l’aveugle, il essaye de mettre fin à la vie de la femme. Par chance, le couteau se fiche dans le sol à quelques millimètre du visage de Queen découpant une longue mèche de cheveux au passage.
Au prise avec une ennemi presque invisible, Elina parvient à atteindre gravement son assaillant. Se sachant condamné alors que son sang dégouline par terre, l’homme disparaît à nouveau dans le brouillard. Des bruits ne tardent pas à vous parvenir du couloir, certainement les renforts entrés par d'autres fenêtres de la maison. Englouti par la fumée, l'assaillant opte pour une attaque moins frontale. D'un coup, de nombreux tétrapodes aux pointes effilées s'étalent au sol rapidement suivi d'une dague visant le cœur de la Garde.
Dans la chambre d’Alphonse :
Malgré l’utilisation de son pouvoir de vent, l’assassin ne lâche pas son arme continuant de menacer le majordome. Faisant face à deux contre l’homme, ils avancent lentement vers lui prêt à lui tailler un nouveau costume. Sûr de leur victoire, les assassins s’amusent à taquiner le majordome en feintant des attaques.
Que faites-vous ?
PROCHAINE APPARITION MDJ : Après une réponse de chacune
- Faible. Siffla la blonde alors que son assaillant venait de se cacher dans le nuage de fumée. Abandonnant sa sève, elle eut tout juste le temps de se relever avant qu’une dague ne vienne effleurer sa tempe tranchant au passage une mèche blonde qui tomba mollement sur le sol sous les yeux médusée de sa propriétaire. - Il a une bonne vue le bougre… Grommela-t-elle les dents serrées. Si ça n’avait tenu qu’à elle, elle se serait lamentée d’une telle perte. S’en prendre à ses cheveux était presque aussi pire que de s’en prendre à elle. Cependant elle tenait un tant soit peu à la vie, elle passa donc outre. La question était maintenant de réussir a repérer leurs ennemis sans que eux ne la repère et ça c’était une tout autre affaire. La voyait-il encore ? Ou avait-il croisé la route de la garde ? Elle n’en savait rien.
Brusquement, un nouveau bruit. D’autres ? Sans doute. Queen faisait preuve d’un sang froid qui la surprenait elle-même. Elle aurait vendu père et mère pour se trouver ailleurs. Elle les aurait vendu deux fois d’ailleurs. Après tout si elle était venu à la capitale ce n’était pas par l’opération de sainte Lucy. Non, c’était bien leur faute à eux. Si elle devait mourir, la jeune femme espérait bien qu’ils auraient sa mort sur la conscience. Si son père se rappelait son existence. Une bouffée de colère monta dans tout son être. Ce n’était pas sa faute.
Queen visualisa sa chambre. Si ses calculs étaient bon, Elina était toujours proche de l’entrée. Elle prit alors grand soin de ne pas viser cette zone, pas qu’elle s’inquiète de sa santé mais sa force et ses talents lui seraient encore utile. Paume ouverte vers le ciel elle se concentra pour activer le fly swatter. Trop long, beaucoup trop long à son goût mais quand il lui sembla en place elle déploya une myriade de très fins fils de sève se fossilisant rapidement après s'être échappés de sa peau. A droite, à gauche, devant, derrière. Ils fusaient ci et là sans distinction de cible, se plantant dans tout ce qu’ils pouvaient pénétrer. Cette méthode ne serait pas létale elle le savait mais si l’un de ses fils venaient à se planter dans un membre, un œil ou même une chemise, elle le saurait et surtout la douleur pouvait aisément éveiller une position. Il était maintenant temps de voir si sa technique improvisée allait se révéler utile. Elle se concentra sur chacun des filament d’ambre qui s’échappaient de ses mains. Si l’un d’eux venaient à se briser ou même osciller, elle ne le louperait pas.
« - Bien tenté, » lançai-je à l'ennemi tapi, peu après avoir placé la lame de mon labrys en bouclier devant moi et entendu le couteau ricocher contre son centre.
Je ne m'étais pas encore trop écartée de la porte et je pouvais entendre les bruits de pas se précipiter dans notre direction. D'autres sons m'enseignaient la difficulté dans laquelle était le majordome, dans la pièce d'à côté, et je priai pour qu'il soit suffisamment capable de tenir tête aux envahisseurs pour qu'un groupe plus large ne fasse pas irruption dans la chambre de la noble.
Soudain, de fins filaments traversèrent l'air ambiant, réfractant la lumière de mon orbe et venant se ficher dans les parois les plus proches ; l'attaque, quelle qu'elle soit, était clairement contrôlée puisqu'elle évita soigneusement la zone sur laquelle la porte débouchait, celle dans laquelle je me tenais alors. Je compris que c'était le fait de la noblaillonne et libérai mon orbe, éclatant, au centre de la pièce pour percer de lumière les nappes de fumée. L'air restait chargé, mais on y voyait plus clair et je distinguais à présent sa silhouette comme celle de l'assassin à l'origine du lancer, raide mort ; c'était ainsi que l'assassin que j'avais tailladé à la hache précédemment avait rendu son dernier souffle, donc.
Les pas s'intensifièrent dans mon dos et m'obligèrent à faire volte face, malgré le combat qui continuait de rugir à l'intérieur de la pièce entre le second assaillant et ma protégée. Je hasardai, de dos, vers la blonde :
« - Vous semblez avoir la situation en main, je vais retenir l'ennemi qui vient du hall d'entrée. »
Saisissant des deux mains le manche de ma hache, je me tenais fin prête à agir et à me battre contre le premier homme qui surgirait de l'ombre dans le couloir pour passer le seuil de la pièce illuminée.
Dans la chambre de Queen :
En danger, Queen use de son pouvoir pour générer de longs et fins fils de sève solidifiée. Tissant sa toile à l’aveuglette, un fil se loge dans le pourpoint en cuir de son assaillant sans lui causer de dommage. Mais sa position est révélée. Ne s’étant pas rendu compte de la présence du fil, l’assassin contourne la noble passant près du bureau en brisant plusieurs fils de sève. Alors qu’il s’apprête à lancer un nouveau couteau sans vérifier la position de la noble, l’orbe d’Elina éclaire mollement la pièce à travers la fumée. Voyant sa position éventée, L’assassin se jette en direction de Queen préférant essayer une attaque frontale que de prendre le risque que la noble essaye de nouveau de le piéger.
Prête à accueillir les renforts, Elina se pose en dernier rempart à l’entrée de la chambre. Entourée de tétrapodes aux pointes acérées et dans la fumée, chaque pas constitue un risque d’être blessée par les pointes. Trois hommes font leur apparition dans l’encadrement de la porte. Incapable de passer tous en même temps, un premier assassin s’avance épée en avant. Comportement étrange, il ne cherche pas à blesser la garde mais vise sa hache. Au contact des armes métalliques, un éclair passe de l’une à l’autre.
Dans la chambre d’Alphonse :
Passant à l’attaque, le majordome désarme l’un de ses deux assaillants. Le second frappé par le pied du majordome recule d’un pas brandissant sa dague en direction de l’homme. Ainsi, l’homme ne semble pas être vraiment sans défense.
Le premier homme, désarmé, se jette sur la majordome et le ceinture à la taille. Il donne des coups de poings à l’aveugle là où il peut.
Que faites-vous ?
PROCHAINE APPARITION MDJ : Après une réponse de chacune
- Par Lucy ne pose pas tes mains souillées sur moi ! Siffla-t-elle les dents serrées tout en ne pensant aucunement aux conséquences, agissant uniquement d’instinct pour une fois.
Les mâchoire d’Alphonse se serrèrent alors qu’il venait enfin de réussir à désarmer l’un de ses assaillants. A peine le temps de se baisser pour ramasser l’arme que l’un pointe son couteau dans sa direction et l’autre le ceinture avec force tout en frappant à l’aveuglette, lui faisant manquer une respiration tant la prise lui semble forte. Malheureusement, le temps n’est pas franchement à la réflexion et comme sa patronne, le majordome décide d’agir rapidement et d’instinct. Fort heureusement pour lui, son entraînement a été bien plus pousser. Aussi, sans hésitation aucune il abattit son coude sur la nuque du premier homme et tenta ensuite de blesser la main de l’autre le plus profondément possible dans l’espoir de lui faire lâcher son arme. Dans un même temps, il vint activer son pouvoir. Un peu de vent ne pourrait sans doute pas faire de mal.
Ici, c'était ma hache qui venait d'être atteinte par un courant électrique au contact d'une des armes des envahisseurs. Une faiblesse certaine lorsque celui-ci avait manqué d'atteindre mon armure, uniquement car une partie du manche de mon labrys était en bois.
Je jurai tout en voyant des étincelles jaillir et usai de mon poing pour repousser l'assassin, lui collant ma main dans la figure en guise de réponse. Car ils étaient deux derrière, l'homme emporta avec lui un autre des sbires en retombant mollement sur le sol. Usant de ce temps précieux, je dardai un regard furtif en direction de la brume, là où était supposée se trouver ma protégée qui semblait plutôt bien s'en tirer.
Retrouvant la concentration de ce qui m'attendait, j'accueillis le troisième larron en usant du manche de ma hache comme d'un bouclier pour parer un coup d'épée puis l'éloignai d'un pas en lui collant mon pommeau dans le ventre, seulement pour balancer ma hache dans sa direction et sectionner ce qui passait à portée. Le geste achevé, le labrys termina derrière mon dos, porté uniquement par mon bras droit.
Dans la chambre de Queen :
Du côté d’Elina :
Repoussant d’un coup de poing bien sentie son opposant capable de la foudroyer, Elina écarte temporairement deux menaces immédiates. Le troisième assaillant s’élance vers elle épée levée pour affronter la hache de la Garde. Usant de son pouvoir d’acide, l’assassin crache sur Elina.
- Code:
Tu lanceras un dés oui/non pour savoir si le crachat t'atteint.
Si oui, tu es libre de choisir où le crachat te touche. Les effets sont sensations de brûlure si la peau est touchée. Si c’est un vêtement, le tissu (cuir ou autre) semble fondre en fumant.
Profitant que la Garde est occupée avec un assassin, le troisième homme (celui qui n’a pas reçu le coup de poing) longe le mur pour essayer d’atteindre Queen.
Du côté de Queen :
Alors que l’assassin se jette sur Queen, cette dernière bondit les mains en avant. Heureux de voir sa proie venir vers lui, l’assassin ne fait pas attention à la sève dégoulinant de ses mains. La sève de Queen s’étale sur le visage de l’homme surpris par sa soudaine incapacité à respirer. Usant de son couteau sans y voir, l’homme essaye de taillader le bras de la Milan sans y parvenir. Optant pour une stratégie moins “mortelle”, l’assassin donne un grand coup de pied dans son ventre pour la repousser elle et sa sève gluante. De sa main libre, l’homme essaye d’éliminer la sève qui recouvre son visage avant de jeter un regard haineux à Queen. Débarrassé tant bien que mal de la sève qui le gêné, l’homme reprend sa marche lente vers sa proie, la lame de son couteau brillant à la lueur de l’orbe d’Elina.
Dans la chambre d’Alphonse :
Ceinturé, le majordome fait appel à son entraînement martial passé. D’un coup de coude puissant sur la nuque de son assaillant, il oblige l’assassin à le libérer. Sonné par le coup porté sur sa nuque, il s’effondre sur le lit, incapable de tenir sur ses pieds à cet instant. Libre de ses mouvements, Alphonse se lance à l’assaut de son dernier adversaire pour un combat au couteau. La lame entaille légèrement le dos de sa main, cela n’est pas suffisant pour handicaper l’homme vêtu de noir mais cela a le mérite de clarifier les choses. Le majordome de la Milan n’est pas un homme que l’on tue sans risquer sa vie. Mis en garde, l’assassin recule d’un pas pour mettre un peu de distance entre les deux bretteurs. Menaçant de son couteau avec plusieurs feintes, l’assassin se fend d’un coup d’estoc en direction du coeur d’Alphonse tendant le bras au maximum pour se mettre le moins possible en danger.
Que faites-vous ?
PROCHAINE APPARITION MDJ : Après une réponse de chacune
La jeune femme ne put retenir un soupire de soulagement, ce n’était certes pas du grand luxe, mais elle venait tout de même de se construire un bouclier de fortune en un rien de temps. Plus qu’un bouclier elle venait également de s’offrir une fenêtre de tire. Alors que sa main gauche maintenait son pouvoir, prête à le rapiécer en cas de besoin, sa main droite, elle, commença à décrire des mouvements vif, jusqu’à ce que des tiges en pointes se dresse à la surface de la parois d’ambre. Ce n’était certes pas des pointes aussi solide que son mur, plutôt semblable à du verre mais cela suffirait amplement à blesser quiconque tenterais de pénétrer sa défense. Une fois qu’ils furent déployés, elle les retira et en fit sortir des nouvelles à des endroits et de longueur différentes, enchaînant un manège sans fin tant qu’elle apercevrait la silhouette de son rival.
Pour Alphonse rien ne semblait simple non plus. Son esprit ne tenait pas en place. Il devait d’un côté tenter de se concentrer sur ses propre problème, tout en espérant pouvoir rejoindre la Milan au plus vite. Vu le grabuge qu’il y avait dehors, il était on ne peut plus soucieux. Néanmoins le dernier coup que lui envoya son adversaire le ramena vite sur terre, le temps n’était plus à l’égarement mais à l’action. Il parât le coup comme il le put, l’ayant vu presque trop tard et sans penser à ce qui pouvait bien arriver, il envoya un coup de pied circulaire alors que sa main armée avançait elle aussi en direction de l’homme. La meilleure défense était l’attaque et même si il devait mourir d’une façon aussi stupide, il ne comptait pas laisser celui là franchir la porte qui donnait sur le couloir à côté.
Ma hache à terre à présent, l'ennemi avait tout le loisir de m'asséner un coup d'épée, mais manqua de peu mon visage lorsqu'il l’abattit. Au lieu de cela, la lame ricocha sur l'une des plates de mon épaule, l'enfonçant assez pour m'occasionner une gêne désagréable. Je sautai toutefois sur l'occasion pour lui envoyer le manche de mon labrys dans le ventre. Essayer du moins.
Cet adversaire là temporairement repoussé, car retourné dans l'ombre du couloir, je reculai un instant tout en me passant la main dans les cheveux pour avoir plus de recul sur la scène. Derrière moi, la Trésorière continuait à se dépatouiller tant bien que mal avec l'un des premiers agresseurs. Malheureusement je ne pouvais intervenir et prendre le risque de nous laisser nous faire encercler ; par ailleurs, l'un des envahisseurs que j'avais repoussés précédemment était parvenu à se soustraire à ma vigilance, mais sa silhouette plaquée contre le mur m'apparaissait assez pour me permettre d'agir à présent.
Saisissant donc le poignard dans le fourreau ceinturant mon mollet et malgré la douleur de la brûlure sur mon poignet, j'effectuai un lancer soigné dans la direction du criminel.
Dans la chambre de Queen :
Du côté d’Elina :
Atteinte au poignet par le crachat acide d’un des assassins, Elina lâche sa hache. Elle reçoit un coup d’épée sur les plates de son armure au niveau de l’épée. Arrivant tout de même à repousser cet adversaire, Elina observe les alentours et constate que l’un de ses adversaires essaye de la contourner pour atteindre Queen. Le couteau lancé par Elina atteint sa cible mais certainement pas aussi bien qu’elle l’aurait voulu. La lame se plante dans l’épaule de l’homme qui pousse un hurlement de douleur. Mais la jeune femme n’a pas le temps de savourer son lancé que l’assassin à la salive acide revient à la charge. Son épée fend l’air en un coup verticale du haut vers le bas. Mais cette manoeuvre n’est qu’une diversion pour le troisième larron, celui capable de produire de l'électricité. Profitant qu’Elina est focalisé sur ses comparses, l’homme s’est glissé dans son dos. L'enserrant à la taille, l’homme libère son électricité.
- Code:
Elina, avant de poster, tu lanceras le dés à 6 faces suivant :
1-2 : Le choc électrique n’est pas bien virulant, tout juste une piqure d’insecte. L’assassin a dû trop utiliser d’énergie lors de son premier assaut.
3-4 : Le choc électrique te laisse une mauvaise impression de ne plus réussir à faire bouger tes jambes.
5 : L’électricité parcourt ton corps te paralysant complètement pour quelques secondes.
6 : L’électricité parcourt ton corps te paralysant complétement. Secoué dans tous les sens par la décharge, tes muscles ne te portent plus et tu tombes à terre.
Du côté de Queen :
Acculée dans un coin après reçue un coup de pied dans le ventre, la conseillère essaye de se protéger derrière un mur de sève aussi épais que possible. Usant de ses compétences magiques, elle met en place une défense variable sous la forme de pic acéré apparaissant et disparaissant aléatoirement. Echaudé par sa précédente mésaventure avec la sève de sa cible, l’assassin se tient un moment à distance du mur de sève évitant ainsi le piège mortel. Il reste quelques secondes à observer le manège des pointes de sève avant de ce décider à se saisir du bureau et le lancer contre la muraille de sève. Se cachant derrière le bois du meuble pour se protéger de Queen, il essaye de percer la muraille à coup d’épée à travers l’orifice de l’encrier.
Dans la chambre d’Alphonse :
Au prise avec l’assassin encore en état de se battre, Alphonse manque de se faire tuer en pensant un peu trop à sa maîtresse de maison. Se reprenant juste à temps, l’homme bloque juste à temps l’assaut pour éviter une grave blessure. Seule la pointe de la lame pénètre un peu la peau. Les mouvements d’Alphonse engendre une coupure au niveau du muscle pectoral gauche mais cela n’est pas une blessure mortelle, tout au plus une vilaine coupure. Au contraire de ce qu’inflige le majordome à son adversaire. Déstabilisé par la parade du Majordome et son coup de pied, l’assassin n’arrive pas à reculer à temps pour éviter la lame. Sans difficulté, l’acier tranche l’oesophage de l’assassin. Un horrible gargouillis de sang s’élève quelques instants avant de disparaître avec l’âme de l’assassin.
Pas encore remis des coups qui l’ont assommé, le second assassin essaye tout de même de quitter le lit sur lequel il est affalé pour essayer maladroitement de poignarder Alphonse dans le dos.
Que faites-vous ?
PROCHAINE APPARITION MDJ : Après une réponse de chacune
Victoire ! Le regard triomphant d’Alphonse ne laissait pas place au doute. Il avait gagné et il en était fier. Le majordome n’aimait pas donner la mort, cela ne fait pas partie de ses attributions premières et il fallait avouer qu’il était un être aimant. Malheureusement, il ne supportait pas que l’on s’en prenne aux siens et même s’il ne portait pas le nom des Milan, à ses yeux il faisait partie de leur famille. Et ces hommes s’en étaient prit à eux. Alors, il se détourna du futur cadavre sans cérémonie pour se retrouver face à un espèce de nigaud qui battait l’air de sa lame sans que cela ne l’impressionne un instant. Il eut même le temps de jeter un petit regard à la plaie qui cour sur son torse. Il en a vu des bien pires. Ce n’était pas agréable mais tant qu’il pouvait encore respirer, ce n’était pas un problème.
Ce sera lui qui paiera pour son ami. Esquivant sans trop de mal les coups à l’aveugle, il passa dans le dos de l’homme et le saisit par les cheveux, appuyant sa lame sur sa gorge en murmurant.
- Tu apprendras que l’on ne s’en prend pas à un Milan sans en payer le prix.
L'handicap était gênant, mais certainement pas mortel en l’occurrence. La surprise passée, je repoussai le cracheur, le déstabilisant assez pour porter un coup de hache contre son torse en espérant le mettre hors d'état de nuire. Hors du combat, il me laissait la possibilité d'asseoir ma concentration sur le second opposant que j'attrapai au niveau du cou, espérant qu'il ne lui restait plus de jus. Avant de lui coller brutalement mon poing dans la figure.
Si cela suffisait à l'étourdir, il fallait que je trouve un moyen de neutraliser le troisième homme, dont mon regard viendrait chercher la progression si je pouvais me débarrasser de ces deux là, déjà.