Ouais, c’est calme, trop calme, surtout pour de la nature. Et vu le boucan qu’on a eu hier, j’peux pas dire que j’sois vachement en confiance. J’ai les poils de la nuque qui se hérissent et machinalement, je m’assure que mes armes sont suffisamment à porter pour me permettre de réagir. Couteaux, couteaux de lancer, et mon outillage magique. Ma bague d’invisibilité est toujours là, et opérationnelle. Et j’sais que mes lames sont toujours aiguisées, ce qui est un peu la base, dans mon métier.
« Ouais, j’avais griffé les arbres avec la direction approximative. Ça devrait être de cette direction qu’on est venu, que j’pointe. »
Bon, il s’avère que j’m’étais un peu planté, dans le noir, mais pas des masses. On perd un peu de temps à faire des tours et à fouiller les alentours, mais on retrouve assez vite le dernier marqueur, avec son fier foulard noir. Tout est toujours calme, par contre, comme si la forêt retenait son souffle, et j’me retrouve presque à retenir le mien, machinalement. Ou, plutôt, à prendre de petites inspirations discrètes. J’sens mon corps en état d’alarme, et j’espère que ça va pas durer, parce que c’est plutôt épuisant sur plusieurs heures.
M’rappelle quand j’étais sur la fenêtre d’un manoir, tout jeunot, et que j’pouvais pas bouger pendant que ça discutait à côté. Ça doit faire partie des heures les plus longues de ma vie, surtout avec la chute plusieurs étages plus bas qui m’attendait si jamais j’avais le malheur de craquer.
A partir du dernier marqueur, toutefois, on a la direction dans laquelle aller. Et avec la lumière du jour plutôt qu’une torche un peu moisie et les étoiles cachées par la canopée, on trouve sans trop difficulté celui qui suit. Et pour être honnête, on s’était bien planté de direction, mais genre méchamment. Faut dire, à devoir contourner les arbres, les buissons, les rochers, c’est vachement difficile de marcher tout droit dans une jungle aussi impénétrable.
Surtout quand on passe sans sourciller à côté de la sente qu’était faite pour, pour aller se perdre dans des zones merdiques.
Les heures s’enchaînent, et les marqueurs aussi. On devrait pas être loin du campement semi-permanent des chercheurs, si ?
Ain hocha la tête. Elle ne pouvait qu'approuver l'initiative de l'aventurier et cela la fit réfléchir sur elle même : entre ses provisions dévorées et se perdre dans la jungle. Elle avait encore beaucoup à apprendre. Mais elle retenait la leçon et ne se ferait pas avoir deux fois.
Ils retrouvèrent assez rapidement le foulard, grace au marquage de Vrenn mais autour d'eux, la forêt était toujours silencieuse. Pour une zone censée être dangereuse et verdoyante, il était curieux de ne pas entendre le bruit des oiseaux ou du feuillage. C'était inquiétant. Mais que pouvait-ils faire de plus ?
Une fois retourné au dernier foulard, ils n'eut pas de difficultée à retrouver le chemin. En plein jour il était beaucoup plus aisé de s'orienter. Les heures passèrent. Des heures de marches silencieuses. Entre la journée de la veille et la marche d'aujourd'hui, ils devaient bien commencer à s'approcher de l'objectif ?
Le soleil était déjà passé au dessus de leur tête et commençait de nouveau à redescendre dans Ain aperçu quelque chose. Elle s'arrêta et pointa du doigt un espace entre le feuillage.
Il y avait une petite clairière où un feu crépitait au centre. A cause de la végétation et des immenses arbres, ils n'avaient pas vu plus tôt le filet de fumée s'élever. Une chose était sure, le feu n'était pas d'origine naturelle : il était bien organisé avec des pierres autour pour éviter qu'il ne se répande. Et s'il était toujours allumé c'est qu'il avait été entretenu il n'y a pas si longtemps. Une présence humaine était donc à proximité. C'était certainement une bonne nouvelle, signe qu'ils approchaient du but !
Alors que les aventuriers s’approchent d’un camp où un feu crépite, un craquement brise le silence de la jungle. Cela ne ressemble pas à un morceau de bois qui craque dans les flammes. Non, cela ressemble plus à une branche qui se brise lorsque l’on pose le pied dessus. Le craquement est rapidement suivi par le bruissement du feuillage immobile.
En balayant du regard autour de vous, il n’y a que de la verdure, une verdure dense et désorganisée. Sauf peut-être là, à votre gauche… Une forme verdâtre, trop symétrique pour être normale dans le chaos de la jungle. Et cette couleur légèrement bleutée en bout de forme, cela n’est pas normal. Suivant la forme, votre regard remonte jusqu’à reconnaître la forme lupine qui se tient non-loin de vous. Cette couleur verte, cette gueule de loup géant, cela ne peut être qu’un Dafresk.
L’animal vous fixe de ses yeux sombre avant de montrer les dents. Peut-être est-ce à cause de lui que la jungle est si calme depuis votre réveil...
Que faites-vous ?
PROCHAINE APPARITION MDJ : Un jour, je serai là !
Mais y’a un bruit vachement plus proche qui attire notre attention à tous les deux, sur le côté. Et dans le calme actuel de la jungle, c’est difficile de pas l’entendre, avec nos souffles et le battement de mon cœur. Vues de l’esprit, ça, personne l’entend aussi fort que nous on en a l’impression. On s’tourne doucement pour regarder autour de nous, et il nous faut un certain temps pour repérer la teinte verte étrange.
J’crois que c’est l’éclat blanc des quenottes qui m’a alerté.
Le dafresk est un beau bestiau, il tient pas mal du chien, du loup, mais il est assez grand, probablement assez vieux, pour être aussi vert, pour que la symbiose avec la nature ait avancé à ce point. J’jette un regard à Ain, à côté de moi. J’suis sûr qu’elle le déboîte, et j’dois avoir mes chances aussi, encore que l’invisibilité sera pas forcément hyper utile s’il se base sur son ouïe et son odorat…
Nan, puis merde, on n’est pas là pour ça.
J’tapote l’épaule de mon coéquipier, et j’commence à reculer prudemment en direction du feu, en lui faisant face, sans geste brusque. Ça s’trouve, on a juste marché sur son territoire par accident, et il va nous laisser partir tranquillement. Puis sinon, ben, on le maravera, rien de personnel, hein…
Cependant, son espoir était de courte durée. Un bruit attira l'attention des deux aventuriers et peu après, ils aperçurent la bête : un dafresk. Grand et dangereux. Avant de penser à sa propre sécurité, Ain se demanda ce qu'était devenu la personne qui avait allumé ce feu. De ce qu'elle savait, le loup n'en était pas capable. Avait-il déjà mangé le pauvre explorateur ? Il était peu probable, il n'y avait pas de trace de luttes ou de sang sur place. Peut-être s'était-il déjà mit à l'abris en entendant ce prédateur arriver ? Ain espérait que se soit le cas, elle n'aimerait pas rentrer les mains vides dans une quête de sauvetage.
Elle fut tirée de ses pensées par un petite tapotement sur l'épaule de la part de son partenaire. Il commença à reculer en direction du feu, sans faire de gestes brusques pour ne pas l'énerver. Ain fit de même, la main sur le pommeau de son arme si elle devait le dégainer en vitesse.
Si ils pouvaient s'en sortir sans confrontation, tout irait pour le mieux. Affronter ce type de créature n'effrayait pas l'aventurière, mais si elle pouvait éviter elle le ferait. Si le Dafresk passait à l'attaque, ils seraient tous perdant. La jeune femme était assez confiante en ces capacités mais de là à claquer les doigts et s'en sortir indemne, elle n'en était pas certaine.
Le loup s'approcha d'eux doucement, montrant les crocs. La respiration de l'aventurière s'accelera et ses pensées se mélèrent : devait-elle prendre les devant et passer à l'attaque ou rester sur la défensive espérant que l'animal s'en aille ? Elle jeta un coup d'oeil à son voisin qui ne fit pas mine de vouloir attaquer, alors elle prit sur elle et crispa sa main sur son arme, encore rangée dans son fourreau.
A force de reculer, Ain se heurta aux pierres du feu, elle n'avait pas senti la chaleur dans son dos mais maintenant elle savait que le foyer était a proximité. Etant à moitié végétaux, les Dafresk ne devaient pas apprécier le feu, Ain se glissa derrière le brasier, invitant par des gestes lents, Vrenn à faire de même, pour qu'il se retrouve entre eux et la bête. Effectivement, ce dernier semblait hésiter à se jeter dans les flammes et commença à tourner autour doucement, les deux aventuriers contournèrent le feu et ainsi commença un jeu du chat de la souris.
Est-ce que le Dafresk va passer à l'attaque ou va se lasser et les laisser tranquille. Ain espérer que la seconde solution était la bonne.
La présence du feu a l’air de calmer le dafresk direct, n’empêche. Faut dire, pour un loup qui se mix avec un arbre ou un buisson, ça paraît pas déconnant d’avoir peur des flammes, entre le côté végétal, et le côté animal qu’en est effrayé aussi. Ça m’donne presqu’envie de sortir ma pierre à feu, mais j’crois que ce sera pas tout à fait assez gros pour l’intimider. Nan, ce qu’il faudrait…
En gardant un œil sur la bête, qui continue de nous tourner autour, j’me baisse pour attraper un des tisons qu’est dans le feu de camp. J’l’attrape fermement pour assurer ma prise, puis j’le balance droit sur le dafresk. Vu comme il est proche de nous, il arrive pas tout à fait à esquiver, et au lieu que ça lui tombe droit sur le museau, partie enflammée devant, ça ne touche que son flanc avant de tomber au sol.
Il pousse un jappement, ou un hurlement, ou un grondement, ou les trois en même temps. J’saurais pas trop dire, là comme ça. J’parle pas le dafresk, après tout. Mais y’a pas besoin de ça pour se rendre compte qu’il a pas vraiment passé un bon moment. Nous non plus, depuis qu’on l’a croisé. Allez, casse-toi, t’as sûrement mieux à foutre que t’emmerder deux fiers aventuriers parfaitement aptes à te découper en rondelles.
J’attrape un autre bout de bois enflammé, et j’avance d’un pas vers lui, en agitant le feu sous ses yeux. Dans un dernier aboiement de défiance, il retourne se mettre à couvert des arbres, de la jungle de merde, et retrouver sa meute s’il en a une, ou sa famille, ou son véritable terrain de chasse qu’est pas celui des humains qui font des feux de camp au milieu des clairières.
« Bon, ça, c’est fait, que j’conclus. C’était mieux de pas faire un combat frontal, on sait jamais ce qui aurait pu se passer. »
Et j’me bats que quand j’suis sûr de gagner.
En tout cas, j’regarde autour, et j’constate que les traces humaines sont encore bien présentes. Y’a une tasse renversée à côté d’une pierre plate, un sac de couchage dans lequel le dafresk a dû chercher à manger, un genre de foulard par terre… Ça casse un peu la thèse de la personne qui se fait buter par un dafresk. J’en viendrais presque à croire que le gars est juste parti pisser un coup ou chercher de l’eau, et que le loup en a profité pour fouiller ce qu’il y avait, à la recherche de quelque chose à grailler.
D’ailleurs, sur ces entrefaites, on entend du bruit dans les buissons, devant nous, comme si quelque chose s’y déplaçait. Quand on distingue la forme de femme, j’rengaine pas mon couteau, j’reste méfiant. Rien nous dit que c’est un gentil, ou la personne qu’on cherche, après tout.
« Qui va là ? »
Ça vaut toujours le coup de demander, après tout.
- Bon, ça, c’est fait, que j’conclus. C’était mieux de pas faire un combat frontal, on sait jamais ce qui aurait pu se passer.
La jeune femme hocha doucement la tête. Elle était d'accord avec lui, non seulement elle n'aimait pas prendre de vie inutilement mais en plus rien n'était dit que tout se serait déroulé comme il faut. Maintenant elle espérait juste que le Dafresk ne revienne pas avec des camarades... Ou qu'ils tombent sur une bête encore plus dangereuses et agressives, et beaucoup moins farouche. Il fallait se hâter.
Ain observa les alentours pendant que Vrenn inspecter le campement, un rapide coup d'oeil leur permit de deviner qu'un homme -ou femme- devait se trouver ici quelques temps auparavant et si c'était le bazar en revanche il n'y avait pas l'air d'avoir des traces de sang, au moins le malchanceux ne s'était pas fait croquer.
Plus loin, les buissons se mirent à bouger. Méfiante, Ain se mit en garde et la main sur son fourreau, était prête si jamais il s'agissait d'une bête.
- Qui va là ?
Le buisson cessa de remuer et doucement, les deux aventuriers virent une main -tout ce qu'il y a de plus humaine- sortir des buissons, la paume vers eux. Puis une deuxième et une tête qui bafouillait :
- N-non ! C'est m-moi !
Moi ? Voilà une information qui allait bien les aider pardi. Ain soupira et se redressa, toujours une main sur son épée elle s'approcha doucement vers l'homme mais sans se montrer agressive. L'homme avait des feuilles et de l'herbe dans les cheveux, sa tenue était pleine de boue et il sentait le chacal à des mètres.
- V-vous avez fait fuir le monstre ?
Ain hocha la tête et elle vit les muscle crispé du visage de l'homme se détendre et il soupira.
- S'il vous plait ! Ramenez moi chez moi ! Je... J'étais venu pour des recherches mais les monstres n'arrête pas de roder...
- On était venu pour cela. Nous sommes envoyés par la guilde.
Les yeux de l'homme s'illuminèrent et brillèrent d'espoir. A vu de nez, il n'était pas taillé pour survivre dans ce milieu sauvage alors pourquoi donc partir en expédition sur cette île inhabitée ? Ain soupira et se détendit. Ils avaient enfin trouvé leurs cibles... Enfin leurs. Un détail chiffonna l'aventurière.
- Vous êtes seul ? où sont les autres ?
On récupère enfin un humain, un membre de l’expédition, après tout le temps de merde passé sur cette île pourrie. Franchement, ça doit tellement être la sanction, d'être envoyé ici, au milieu de la jungle, avec pas grand-chose d’intéressant à bouffer, et un boulot de merde à faire. A moins qu’ils soient passionnés, et qu’on leur ait bien vendu le laïus sur l’avenir du royaume qu’est entre leurs mains, la magie, le progrès, et toutes ces conneries qu’on raconte pour recruter les jeunes aventuriers, les jeunes gardes, et les jeunes chercheurs en sorcellerie.
La mauvaise nouvelle, c’est qu’ils ont peur de monstres tout pourris, alors qu’il doit traîner des choses plus dangereuses dans le coin. Ils sont pas censés avoir un cortège de protecteurs, en plus ? Des gardes, ou une connerie du genre.
« Comment ça, est-ce qu’on est seul ? On est juste venu voir si vous aviez un problème. »
Il manque de fondre en larmes quand j’lui dis ça, ce sale con.
« Et mince, flûte, on est fichu, nous allons tous mourir… Vous étiez notre seul espoir ! »
Il gueule en s’agrippant à moi, ça va vite me gonfler. J’lui fous une baffe et j’l’assieds à côté du feu.
« Qu’est-ce qu’il se passe ?
- Les monstres sont de plus en plus présents. Les recherches avaient pourtant bien avancé, mais il y a un regain d’activité, on ne sait pas pourquoi. Ils attaquent régulièrement notre campement de fortune ! Au début, nous arrivions facilement à les repousser, mais petit à petit, les blessures se sont accumulées ! »
- Ben, du coup, vous avez pas envoyé un message ?
- On en a envoyé deux ! Nous n’avons jamais eu de réponse…
- Ben c’est nous, la réponse.
- Nous allons tous mourir… »
Oh ben sympa, la confiance. On fait chauffer un peu d’eau, et j’lui sers un thé brûlant.
« Deux secondes, j’vais discuter avec ma collègue, vous permettez ?
- Hgrmezug.
- Ouais, c’est ça. Faites gaffe, c’est chaud. »
J’traîne Ain à l’écart, pour pas qu’il puisse nous entendre.
« Hé, j’ai pas signé pour ça, moi. Si y’a des monstres suffisamment hargneux pour foutre la pâté à un escadron de recherche du Ministère de la Magie et leur escorte, j’suis pas forcément le gars le plus adapté pour résoudre le problème. Faut envoyer des exterminateurs, pas des examinateurs, tu saisis ? Du coup, on fait quoi ? On jette un œil, ou on se barre pour chercher les secours ? Tu le sens comment, toi ? Vu que c’est toi qu’es les muscles de notre duo, de ce que j’ai compris. »
Avec un peu de bol, elle sera pas motivée non plus, et on se barrera comme des sales. Ça fera pas joli sur le rapport, mais ça m’empêchera pas de dormir.
Un peu en arrière, Ain écouta la discussion tout en étant pensive. L'île n'était pas encore totalement explorée -voir même pas du tout- et il n'était pas étonnant ni surprenant d'y voir des créatures comme ils avaient rencontré plus tôt. Et s'il y avait des dafresk, il y avait certainement des bêtes encore plus féroces. Alors pourquoi avoir envoyé un groupe de scientifiques pataud avec une escorte bidon ? Une exploration sur l'île de Labyrinthia, cela se prépare et on envois pas des gens incapable de se défendre. Même si avant cette quête, Ain n'y avait jamais mit les pieds, elle savait tout de même cela... Mais qu'importe, maintenant c'était une histoire passée.
Vrenn revient vers elle pour lui demander :
- Tu le sens comment, toi ? Vu que c’est toi qu’es les muscles de notre duo, de ce que j’ai compris.
Ain hocha les épaules et regarda l'homme qui, buvant sa tasse de thé, tremblotait et épiait le moindre mouvement de feuille, visiblement pas très à l'aise.
- On a pas été missionné pour. Le plus sage serait de ramener cet homme et ce qu'il reste de son équipe sur le continent. La guilde proposera certainement une autre mission pour voir ce qu'il en est mais ça ne nous concerne pas.
Elle se moquait un peu de ce qu'il arrivait sur l'île. Sa mission était de retrouver et ramener sain et sauf le groupe de chercheur. Pas d'enquêter sur les agissements de la faune et la flore ni même de préparer une expédition d'extermination. Qui plus est, si elle était la seule force de frappe, il valait mieux de ne pas rester trop longtemps sur place, en étant que deux elle pourrait aisément se défendre ou fuir -Vrenn en était certainement capable- mais avec un groupe de blessé sur les bras, il ne fallait pas prendre de risques.
Elle se retourna alors vers l'homme effrayé et lui demanda :
- Où est le reste de ton équipe ?
Il secoua la tête.
- Je ne sais pas... avec tout ça on s'est séparé dans tous les sens... Mais ce n'est pas la première fois, ils ne doivent pas être très loin et on se retrouve ici quand le danger est passé... Enfin, avant qu'il revienne.
Ain avisa le fils de fumé qui partait du feu central. Effectivement, c'était un bon moyen de repère pour se retrouver... mais si les chercheurs pouvaient le voir, les animaux aussi. Ain espérait que ces derniers n'oseraient pas s'approcher en attendant que le groupe soit au complet et reparte.
Putain, Ain est trop sympa. Moi j’serais parti comme un sale, tout seul, en mode c’est pas ma guerre, bonne chance les gars, j’ai vérifié que vous étiez dans la merde, maintenant j’rentre pour ramener la nouvelle aux patrons qui dépêcheront une véritable expédition d’extermination dans la forêt. Enfin, la jungle. Ou un Saphir, ça a à peu près le même effet, sauf qu’une expédition complète, on a des chances de retrouver un ou deux brins d’herbe à la fin.
Certains Saphirs font pas vraiment dans la dentelle et la subtilité, après tout.
J’balance des trucs dans les flammes pour qu’elles grossissent. C’est tellement chargé d’humidité, ici, que la fumée qui s’en élève doit être visible à des kilomètres. Et, petit à petit, des chercheurs reviennent ici. J’sens qu’on va y passer la nuit, personnellement, alors j’les mets à contribution. Tout le monde va chercher son petit fagot de bois aux alentours, ce qui est pas très dur dans une jungle.
On papotte, mais ils sont pas très intéressants. Ils sont pas bien foutus de nous expliquer ce qui les attaque, non plus. Pas tant mon problème si ça risquait pas de nous tomber dessus. Mais j’espère que c’est davantage lié à la localisation du campement de recherche que de l’attroupement de gens qu’est en train de se créer. Certains ont des rations avec eux, mais c’est pas le cas de la majorité des gens, et avec Ain, on a clairement pas de quoi les nourrir.
Il se débrouiller pour bousiller quelques piafs, des lapins, ce genre de conneries.
C’est pour ça que c’est important d’avoir des aventuriers qui maîtrisent la nature avec soi.
Moi, j’fais plutôt dans le social. J’discute avec eux, j’leur remonte le moral, j’les rassure, j’leur affirme que la Guilde et la Garde vont envoyer leurs élites pour régler le problème et leur permettre de reprendre leurs recherches au plus vite mais que pour le moment, ce sont leurs vies qui sont les plus importantes, qu’il faut les sauvegarder, eux qui sont les si brillants étendards, n’est-ce pas, de l’avenir du Royaume, les cerveaux du Pays, tout ça tout ça. J’mériterais presque une place comme ministre de la Guilde après un discours pareil, mais j’pense que mes efforts seront oubliés, comme d’habitude.
Oubliés. Ha. Au moins, j’m’amuse.
Pour la nuit, on les laisse se reposer, et on enchaîne les tours de garde, avec Ain. Le lendemain sera fastidieux, surtout avec tous les débiles, mais mieux vaut ça plutôt qu’ils surveillent mal et qu’on se retrouve réveillé en sursaut par des monstres en notre sein, hein ?
Le lendemain, à l’aube, j’passe dans les rangs en leur secouant doucement l’épaule, pour que tout le monde émerge.
« Allez, il faut retourner sur la plage. Un bateau nous y attend. »
Ils se traînent, les gros sacs à foutre, et on met deux fois plus de temps qu’à l’aller. Normal, vu la taille du groupe, aussi. Mais on y arrive enfin.
N’empêche, quel enfer.
Alors ils s'installèrent doucement autour du feu pour passer la nuit. Vrenn se joignit à eux mais ce ne fut pas le cas de l'aventurière qui préféra rester en retrait. Rien d'étonnant de sa part. N'ayant rien de plus à faire, elle passa les premières heures à faire une ronde autour du campement mais la nuit se déroula sans encombre. Au petit matin, elle n'avait dormit qu'une poignée d'heure, mais en mission elle était habituée à ce rythme, au contraire elle pouvait s'estimer heureuse d'avoir pu se poser sans problèmes.
Le retour jusqu'à la plage fut encore plus long qu'à l'aller. En même temps, un groupe de cette taille avançait plus lentement que deux aventuriers et visiblement, les hommes empotaient qu'ils escortaient n'avait pas l'air habitués à ce genre d'activité... Mais Ain ne pressa pas le pas, au contraire. Elle prit tout son temps sur le chemin du retour : une fois sur la plage, le retour en bateau l'attendait...
Pendant le trajet, elle vomit encore quelques fois. Décidément, elle ne supportait toujours pas les transports mais malheureusement il n'y avait rien à faire. Cette fois-ci un des hommes du groupe de chercheur l'accompagna dans son malaise et ils furent deux à se vider par dessus bord. Arrivé au port, elle ne dit pas un mot de plus, toujours nauséeuse et fit un rapide salut à Vrenn. Ils se retrouveraient à la guilde certainement. Peut être ? Elle n'en était plus tout à fait sûre... Mais en attendant, même si la mission ne l'avait pas exténuée, le voyage en bateau avait eu raison d'elle et elle voulait se reposer...
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