Mais parlons un peu de la patiente si vous le voulez bien. Aube Grassim, une jeune femme de 20 ans. Pas de conjoint connu. Membre de la garde royale. Une personne assez importante en somme. Il ne valait mieux pas faire de boulette ! Enfin, de toute manière, ce n’est pas le genre de la rousse. C’est un très bon médecin. Ses compétences ne sont pas à remettre en cause. Il n’y a donc pas à se faire de soucis. Tout en avançant, la praticienne se demanda alors quel genre de personne était la fameuse Aube. Il faut dire que Wendy avait tellement de travail en ce moment qu’elle n’avait même pas le temps d’écouter les bruits de couloir. Entre son collègue parti à la retraite et le second malade, elle était seule à tenir la barre. Cela se voyait aux cernes qui décoraient le dessous de ses yeux.
Après avoir longuement marché, Wendy arriva enfin à l’adresse indiquée sur le petit papier. Elle leva les yeux pour découvrir une petite maisonnette de pierre. Celle-ci était assez classique, semblant être composée d’un rez-de-chaussée et d’un étage. Connaissant sa maladresse habituelle, la jeune femme préféra vérifier le nom sur la boîte aux lettres avant de toquer. Juste au cas où … Il serait gênant de toquer à la mauvaise porte et de se retrouver face à un inconnu qui n’a sans doute pas que ça à faire d’aiguiller les idiotes perdues. Un soupire de soulagement passa bien rapidement les lèvres de ladite idiote qui se redressa. C’est bon, c’est la bonne maison ! C’est donc rassurée que notre petite rouquine toqua à l’épaisse porte de bois.
- Bonjour ! Je suis Wendy Waltz, le médecin qui s’occupera de vous ! C’est la caserne qui m’envoie ! Est-ce que je peux entrer ?
Bien sûr, pour prouver son identité, elle sortit le badge avec son titre qu’elle présenta face à elle lorsque la garde viendrait lui ouvrir. C’était la moindre des choses à faire Qui laisserait une inconnue rentrer chez elle sans savoir si ce qu’elle dit est vrai ? Wendy attendit donc patiemment, se tenant droite et souriante, dans une main le badge, dans l’autre sa trousse de médecin. Son regard observait la rue et les gens qui y passaient avec attention.
Espérons juste qu’Aube vienne lui ouvrir rapidement ou l’autorise à rentrer par elle-même … C’est qu’il fait froid dehors !
Un jour de repos… Quelque chose de bien mérité avec tous les aller-retour vers l'Académie et le Palais que je me coltine entre mon travail d'instruction et la garde rapprochée de Hel. L'avantage, c'est qu'au Palais, tout le monde est au petit soin pour moi. Surement le fait de la Reine Allys qui est toujours heureuse de me voir venir au palais. Mais cela commence à devenir très compliqué… Le dernier trajet vers l'Académie m'a laissé sur les rotules, je n'ai pas pu assurer mon enseignement et ai dormis presque toute la journée. Je crois que c'est pour cela qu'Hel est restée à la Caserne sous la responsabilité du Capitaine et qu'on m'a obligé à prendre une journée de repos.
Mon réveil s'est fait bien plus tard qu'habituellement et à cause d'un coup de poing ou de pied d'un bébé bien éveillé lui. Après un simple petit encas, je m'installe bêtement sur le tapis avec Geki. Je n'ai aucun chauffage dans la maison, il y fait largement assez chaud pour la renarde polaire que je suis. Et, au pire, Geki fait une peluche idéale pour me tenir chaud. Lorsque l'on tape à la porte, Geki relève la tête. Avec un soupir, je me lève lentement handicapé par mon gros ventre et des douleurs dans le dos. J'ouvre la porte sans vraiment prêter attention à ma tenue légère, une simple tunique qui m'arrive à mi-cuisse. Lasse, je questionne la jeune femme que je trouve sur le palier.
Bonjour, je peux vous aider ?
Je hausse un sourcil à l'évocation de son statut de médecin… C'est donc pour ça qu'on m'a mise au repos de force, pour m'envoyer un des médecins de la Caserne. C'est peut-être pas plus mal. Waltz, je n'ai jamais eu affaire à elle auparavant mais elle doit savoir ce qu'elle fait. Je m'écarte de la porte pour la laisser entrer.
Entrez, n'hésitez pas. Je vous présente ma petite Geki.
Je lui présente tout de suite ma chiraki car Geki ne la quittera pas un instant du regard. Elle était déjà juste derrière moi, prête à me défendre si besoin. Refermant la porte derrière elle, je me dirige vers le canapé et m'asseoir.
Faites comme chez vous… Qu'est-ce qui me vaut la visite d'un médecin de la Caserne directement à ma maison ? J'aurais pu venir à la Caserne.
Si la Casrne s'invite chez moi aussi facilement autant que je retourne y vivre...
On lui présenta alors la fameuse “Geki” … Dans un premier temps, la rousse pensa à une amie. Dans un sens, ce n’est pas faux mais il faut dire qu’elle s’attendait à une humaine. Pas à une chiraki. Enfin bon, c’est mignon donc pas de problème ! Et comme cela, elle pourra parler de manière plus libre avec Aube, sans prendre en considération les oreilles indiscrètes. La demoiselle resta donc un instant immobile, laissant le temps à l’animal de s’habituer à sa présence. Au bout de quelques secondes, elle se remet en mouvement et s’approche du canapé où la renarde polaire à prit place et l’observe avec un mélange de curiosité et de méfiance. Mais Wendy avait eu pire comme patient. Elle retira lentement sa veste, la pliant proprement pour ensuite la poser sur le dossier d’une chaise.
- On m’a dit que votre maison se trouvait assez loin de la caserne et vu votre état, ce serait prendre des risques pour rien, surtout qu’en m’envoie parce que vous êtes particulièrement fatiguée. Et puis, ça me fait sortir un peu, ça change de l’infirmerie !
La rouquine se mit à rire doucement en remettant une mèche de cheveux derrière son oreille. Rien ne pourrait la perturber. Elle sortit tranquillement des affaires de sa trousse.
- Allongez-vous, je vais vous ausculter. Mais avant, comment vous sentez vous en ce moment ? Est-ce que votre grossesse avance bien ?
Elle attrapa une chaise et prit place au chevet d’Aube, un sourire rassurant aux lèvres. Wendy avait ce genre d’aura. Apaisante. Douce. Elle mettait les gens autour d’elle à l’aise et c’était une grande qualité pour un médecin. En espérant que cela mette la future mère à l’aise … En attendant, la rousse préféra utiliser le vouvoiement, attendant tout ordre contraire qui lui autoriserait le tutoiement. Le médecin profita aussi de ce lapse d’attente pour présenter le stéthoscope au familier afin que celui-ci sache qu’elle ne comptait faire aucun mal à sa maîtresse. Elle n’était pas idiote et voyait très bien le lien qui reliait les deux êtres. Brusquer les choses serait mauvais pour tout le monde.
- Modération:
La jeune femme reste un instant immobile en regardant Geki. Ma chiraki est gentille, si je laisse entrer la jeune femme, elle ne lui fera rien à moins d’en recevoir l’ordre de ma part. Après m’être installée dans le canapé et avoir fait part de mes interrogations quant à sa présence chez moi, je la regarde retirer son manteau et le poser délicatement sur une chaise. Je soupire lorsqu’elle m’explique les raisons qui font que c’est elle qui vient à moi et non l’inverse. J’ai beau être enceinte, je ne suis pas en sucre… Il me faut juste du repos pendant quelques jours et je pourrais reprendre mes activités à la Caserne…
Ce n’est que de la fatigue, je vais bien me reposer aujourd’hui et tout ira mieux demain. Ce n’était vraiment pas la peine de vous déplacer.
Elle rit mais ne semble pas être plus perturbée que cela par la situation… Une Garde enceinte qu’il faut carrément aller voir chez elle, ce n’est pas ce qu’il y a de plus commun. Je l’observe sortir ses instruments de tortures que je vois bien trop souvent à mon goût depuis quelques mois. A sa demande, je m’allonge sur le canapé tout en répondant à ses questions.
Fatiguée et endoloris, je dors beaucoup plus qu’habituellement. J’ai mal au dos et au seins… De temps en temps en bas du ventre mais ça ne dure pas spécialement.
Je commence à avoir l’habitude des questions interminables. Il vaut mieux répondre succinctement sans trop de détails sinon, ça dure éternellement…
Et appelez moi Aube… Pour la grossesse, c’est à vous de me le dire si tout va bien non ?
Je renvoie la question parce que franchement, j’en sais fichtrement rien moi… Comment je pourrait savoir si le bébé grandit bien hormis en constatant que mon ventre est de plus en plus gros… Curieuse, la Chiraki vient voir ce que trifouille Wendy près de moi. Habituellement, je la laisse à l'extérieur du bureau du guérisseur, j’ai toujours un peu peur qu’elle interprète mal un mouvement et saute à la tête du guérisseur. Elle est si protecteur envers moi que cela ne me surprendrait même pas… Je pose doucement ma main sur sa tête et la caresse pour la rassurer.
Donc, c’est quoi le programme du jour ?
Oh oui. Période froide dit maladie. Et maladie veut dire plus de patients pour les médecins. Cela faisait bien longtemps que Wendy n’était pas sortie de la caserne pour prendre l’air. Le trajet jusqu’à cette petite maison avait donc été agréable au possible. Une occasion pour elle de se détendre tranquillement tout en profitant de la brise glaciale mais revigorante. Enfin bon, retournons à nos moutons.C’est qu’il y a une patiente à ausculter ici ! Lentement, la rouquine glissa ses mains sur le ventre rond, le palpant avec délicatesse et attention. Elle reste en même temps à l’écoute de la jeune femme-renarde. Des douleurs … Sûrement dues à la taille du ventre qui est assez impressionnante. Soudain, un petit rire passe les lèvres de Wendy.
- Oh désolée, ma question était tout sauf claire ! Je voulais dire : “Comment-est-ce que vous vivez la grossesse ?”
Car oui, bien que le corps soit à tenir à l’oeil, c’est aussi le cas de l'état psychologique de la future mère. Entre les hormones, la peur et la fatigue qui s’accumule, c’est crucial. Si elle ne se sent pas bien, cela pourrait entraîner la mort de l'enfant et d'elle même lors de l'accouchement.
- Je vais vérifier que le bébé si le bébé a déjà pris sa position de sortie. C’est ce qui se passe au 7ème mois de grossesse ! Puis je vérifierais vos constantes. Si vous avez des questions sur quoi que ce soit, n’hésitez pas, je suis là pour ça !
Mais l’attention de la praticienne est attiré par quelque chose qu’elle sent sous ses mains. Voyons ce que nous avons là ! Elle réitère sa gestuelle à deux reprises. Cette fois, elle en est sûre. L'idée qui était née dans sa tête lorsqu'elle avait vu sa patiente. Sans doute une mauvaise nouvelle pour Aube. Il lui faudra se reposer d’autant plus suite à la nouvelle qu’elle va lui annoncer. Espérons seulement que celle-ci vive bien la nouvelle.
- Aube, je vous annonce que vous allez devenir mère non d’un enfant mais de deux ! Vous attendez des jumeaux !
La rousse sourit. Elle ne sait pas comment la garde va réagir. Alors il ne vaut mieux pas tirer la tronche comme on dit. Cela pourrait juste la faire paniquer inutilement. Hors, ce n’est pas son rôle. Au contraire, il faut qu’elle la rassure !
- Je sais que vous devez être un peu déstabilisée mais je suis là pour vous aider ! Si cela vous va, on va prendre le temps de parler de tout ce qui peut vous faire peur ! N’importe quoi !
Wendy se voulait rassurante et posa sa main sur le bord du lit, la laissant à la disposition d'Aube. Parfois, une main rassurante peut aider. Alors elle ne bouge pas et attend la réaction de la femme, avec une légère appréhension.
Je pouffe de rire lorsque Wendy corrige sa question pour m’interroger sur la façon dont je vie personnellement cette grossesse. Difficile de dire, chaque jour est une nouvelle journée… Tout dépend de la façon dont bébé a décidé de me torturer… Et puis, il y a la disparition de Ryuji… Et le stress de la façon dont je vais pouvoir gérer entre mon affectation à la Garde Royale et m’occuper de mon enfant. Ainsi que tout bêtement si j’arriverai à être une bonne mère…
On va dire que cela se passe… Bébé a l’air d’aller bien vu qu’il adore me donner des coups. Le reste, on va dire que cela est compliqué. Le père est porté disparu depuis plusieurs mois maintenant.
Même s’il n’y avait rien de plus que cet enfant entre nous, Ryuji est le père. Ce bébé va avoir besoin de la présence de son père à mon sens. Mais, il m’est impossible de partir à sa recherche… J’ai bien peur qu’il ne soit déjà mort tué par un monstre qu’il devait exterminer pour le compte de la Guilde… J’interroge ensuite la guérisseuse sur ce qu’elle a prévu de me faire. Attentive à ses mots, je hoche la tête pendant qu’elle continue de palper mon ventre. Par moment, je grimace lorsqu’elle appuie ses doigts plus forts mais essaye de rester stoïque pour ne pas inquiété Wendy ou Geki. Dans un premier temps, le sourire de la jeune femme me rassure, tout doit être bon pour le moment. Jusqu’à ce qu’elle m’annonce que j’attend deux bébés et pas juste un seul… Je passe ma main sur mon visage masquant mon désarroi. Sa majesté la Reine elle-même a émis cette hypothèse depuis un bon moment mais je ne voulais pas la croire… Deux bébés ! C’est deux fois plus de problèmes pour moi qui suis seule… La guérisseuse essaye de se montrer rassurante mais cela n’arrive pas à calmer le stress qui monte en flèche.
Comme si un seul n’était pas déjà suffisant… Comment je vais faire avec deux bébés ?
Deux bébés, c’est tout à faire en double et deux fois plus compliqué à gérer le temps de mon service. Des larmes coulent lentement le long de mes joues… Deux bébés à élever toute seule sans un père pour m’assister. J’en viens de nouveau à me demander pourquoi j’ai décidé de continuer cette grossesse… Elle ne m’apporte que des soucis depuis le début.
Je ne sais pas… Comment on fait pour s’occuper de deux bébés en même temps ?! Je ne suis pas prête pour ça !
Deux… Je n’ai déjà pas écouté maman quand elle essayait de me montrer comment on s’occupe d’un bébé alors m’occuper de deux bébés !
Attendez, tout d'abord, prenez un moment pour respirez …
La jeune médecin lui mima de sa main libre le rythme de la respiration à adopter. Un rythme régulier et lent. Parfait pour défendre les muscles et bien oxygéner le cerveau. Ainsi, les idées sont plus claires. Elle prit un mouchoir en tissus et essuya les larmes de la jeune femme. Wendy semblait un peu paniquée elle-même. Elle n'était pas la plus à l'aise avec les gens qui craque sous la pression. Elle est capable d'opérer les pires blessures mais quelques larmes et la voilà désemparée. Quoi que, Wendy se débrouille bien dans l'ensemble. Elle agit avec franchise.
On demande juste de l'aide … Aube, vous n'êtes pas obligée de tout faire seule, vous le savez ? Je sais que le père est porté disparu mais vous pouvez demander à vos amis, ou même engager une nourrice pour vous aider !
La praticienne lui laissa alors le mouchoir pour qu'elle puisse sécher elle-même ses larmes et ne pas se montrer trop envahissante.
Vous avez du thé ? Je vais vous faire une tasse, ça va vous détendre un petit peu …
Wendy se leva, lui souriant en se voulant le plus rassurant possible. Il fallait prendre son temps. Il restait encore 2 mois avant l'accouchement. Et donc, 2 mois pour se préparer à un double chaos de rire et de caca à nettoyer.
On va prendre le temps de parler tranquillement de tout ça, d'accord ? Alors détendez vous Aube, je suis là
Deux bébés ! Déjà qu’un seul était une source d’inquiétudes suffisante pour me faire peur alors deux ! Mes nerfs déjà mis à rude épreuve par la fatigue et les douleurs multiples et variées craquent. Cachant mon visage, des larmes commencent à couler. Je ne sais vraiment pas comment je vais pouvoir faire… La jeune femme essaye de me rassurer en m’invitant à me calmer, chose que je m’évertue à faire malgré la panique qui me gagne. Je me laisse porter par le rythme de respiration qu’elle marque bien consciente que ce n’est bon ni pour moi, ni pour les bébés, de m’emporter comme cela. Je soupire lorsqu’elle reprend la parole pour me dire simplement qu’il faut juste que je demande un peu d’aide ou embauche une nourrice… Je soupire rien qu’en envisageant le paiement que doit demander une nourrice. Je suis sûre que ma solde de Garde Royale ne suffira pas à nous faire vivre dans ces conditions.
Vous n’êtes pas sans savoir que nos soldes ne me le permettrons pas… Et mes amis ont tous été muté loin de la Capitale durant ses derniers mois. La personne qui se rapproche le plus d’une amies à la Capitale, c’est sa Majesté Allys…
La reine… Je me vois mal essayer de lui refiler mes bébés le temps de mon service. Elle est une femme merveilleuse mais il ne faut pas trop pousser le bouchon non-plus… Prenant le mouchoir gentiment tendue, j’indique à la guérisseuse où trouver le thé dans la cuisine. Je caresse doucement la tête de Geki prenant la place abandonnée par la jeune femme. Douce avec moi, elle pose sa tête sur le bord du canapé pour avoir ses caresses et me tenir compagnie.
Qu’est-ce que cela change pour la fin de la grossesse ? Je vais pouvoir continuer à être instructrice à l’Académie au moins ?
Il ne manquerait plus que ça pour que je me retrouve presque sans solde… On m’en verserait encore pour la protection de Hel mais cela n’irait pas bien loin...D’un coup, je me tord, une grimace sur le visage. Bébé a trouvé le moyen de me coller un coup dans les reins. Répondant à ma grimace, Geki gémit.
ça va aller Geki, ne t'inquiètes pas. C’est pour ça que je reçoit autant de coup de la part des bébés ? Parce qu’ils sont deux…
S’ils se mettent déjà à se battre pour le territoire, je n’ose même pas imaginer le carnage futur...
Je pense que ce sera un peu difficile pour le neuvième mois de la grossesse mais vous pouvez encore un peu travailler. Par contre, si vous vous sentez mal, vous devez vous reposer, d'accord ? Évitez de forcer et contentez vous de jouer un rôle d'instructrice pour la fin de la grossesse.
Wendy aurait bien autorisé l'indépendance et active Aube à travailler pour lui faire plaisir mais malheureusement, ce n'est, ni dans l'intérêt des bébés, ni dans le sien. Tout en repodant à cette question, le docteur avait trouvé le thé et préparer deux tasses au contenu chaud mais pas non plus brûlant. Juste de quoi les réchauffer un peu et de les détendre. Quand elle fut de retour, Wendy remarqua qu'on lui avait volé sa place. Mais c'est un petit rire qui passa les lèvres de la belle qui s'avança, tendant la tasse à Aube sans chercher à reprendre sa place, le familier ayant le don de rassurer sa propriétaire.
Est ce que vous m'autoriseriez à parler à la reine pour lui permettre de mettre ne serait-ce qu'une nourrice au service de la garde ? Cela pourrait aider des parents, au moins pour qu'ils puissent gérer leurs vies professionnelles et personnelles plus facilement. Votre cas pourrait aider bien d'autres futures mères. Enfin, je ne vous oblige à rien !
C'est vrai qu'il y a peu, Wendy a fait accoucher une jeune garde d'un joli bébé mais celle-ci a malheureusement dû quitter la garde et ce, jusqu'à ce qu'elle trouve quelqu'un pour s'occuper de son enfant quand elle travaille. Si la reine encourager ce projet, plusieurs familles pourraient en profiter et cela n'aurait que des conséquences bénéfiques. Mais bien sûr, la demoiselle ne pouvait pas la forcer.
Aube, si vous ne voulez pas, je comprend et j'essaierai de vous donner le plus de conseil pour arriver à élever vos enfants. Alors ne vous forcez surtout pas !
Son sourire était doux, tout comme sa voix et son regard. Bienveillants même. Tour ce que Wendy voulait, c'était le bien de la femme-renarde et rien d'autre.
La guérisseuse essaye de me réconforter comme elle peut après m'avoir annoncé que je n'attend pas un mais deux enfants. Cette nouvelle est juste déprimante… J'accueille avec un soupire de soulagement la réponse de Wendy à ma pire crainte. Pas d'interruption de mon activité à l'Académie et donc de mes revenus. Un soucis de moins pour le futur de mon, mes, bébés. Juste prendre du repos si je me sens mal. La main sur la tête de Geki, je prend la tasse tendue de l'autre. Prenant une gorgée, j'écoute la demande de Wendy. Une demande qui me touche de près. Une nourrice… Une nourrice dédiée à la Garde… Une nourrice présente pour nous aider, pour permettre que l'on puisse assurer sereinement notre rôle de Garde.
Cela serait effectivement une bonne chose… Vous n'avez pas besoin de mon autorisation pour faire ce genre de demande. Il n'y a pas que moi qui est enceinte…
Mon cas est peut-être un cas à part dans la Garde Royale, ce n'est pas le cas de la Garde Civile. Nous sommes nombreuses à avoir ce besoin à travers toute la Garde.
Si c'est nécessaire, je pourrais essayer d'en parler à sa Majesté si je la revois d'ici là mais je ne garantis rien. Sa majesté est une femme merveilleuse mais elle sait prendre en compte la réalité des choses.
Oui… La Reine sait peser le pour et le contre. Elle saura évaluer le bénéfice qui pourrait ressortir d'une telle action. Elle a la tête sur les épaules et prendra les bonnes décisions pour le bien du royaume.
Wendy ? Quelles sont les chances pour que mes bébés arrivent avant le bon moment ? Est-ce qu'ils vont survivent… ?
J'ai trop entendu parler de jumeaux arrivant trop tôt et mourant car trop faibles… Même si je n'ai pas désirée ces enfants, je commence vraiment à les sentir, à sentir leur vie en moi… J'ai peur de perdre ces bébés auxquels je commence à m'attacher.
- Je vous demande ça car je me disais que si sa majesté savait que cela englobait aussi votre cas, alors peut-être qu’elle serait un peu plus ouverte à l’idée … Je ne suis pas très fière de ce genre de stratégie mais ça aiderait tellement de garde ! Alors oui, j’adorerais que vous essayez de lui parler !
Un peu gênée de son stratagème, la demoiselle échappa un petit rire, se massant la nuque. Ce n’était pas glorieux pour elle d’agir ainsi mais on n’a rien sans rien, pas vrai ? Et comme dit plus tôt, nous ne vivons pas au pays des bisounours. Parfois, il faut savoir user de ses cartes. Enfin bref. La raison de sa présence n’était pas ce projet mais bel et bien la grossesse de la femme-renarde. Se concentrant donc sur ses paroles, Wendy sembla réfléchir quelques instants, en profitant pour boire une gorgée de ce thé.
- Eh bien, il y a 50% de risque de grossesse prématurée mais si vous vous reposez bien et que vous ne forcez pas, ça devrait bien se passer … Quant aux chances de survie …
La rousse plongea son regard dans celui de sa patiente et lui fit en tendre sourire. Le genre de sourire qui vous réchauffe le coeur quand vous avez peur. Doucement, elle posa sa main sur son épaule.
- Il y a toujours des risques mais on fera de notre mieux pour que ces deux adorables bout de chou viennent au monde en pleine forme ! Il faudra simplement beaucoup de repos et bien les surveiller … Et donc, avant la naissance, VOUS, devez aussi faire attention à ne faire d'excès
Oh oui, Wendy n’était pas idiote et elle comprenait facilement qu’Aube serait têtue et aurait du mal à se poser. Portant, c’était très important. Ayant finit sa tasse de thé, la demoiselle reposa celle-ci dans la cuisine avant de revenir vers sa patiente, rangeant par la même occasion le matériel.
- Aube, ne vous inquiétez pas … ! On va surveiller ça et tout ira bien ! Vous aurez deux magnifiques bébés en pleine forme ! Vous avez d’autres questions ?
La jolie rouquine se mit à écrire quelques trucs sur un papier. Des conseils pour la grossesse et les petits trucs à éviter comme par exemple manger des oeufs ou ce genre de truc.
Jusqu’à maintenant, j’ai tout fait pour minimiser l’importance que ces bébés ont pris dans ma maigre vie… Presque huit mois qu’ils ont commencés à m’imposer leur présence et maintenant, j’en suis à m’inquiéter pour eux. La vie est vraiment pleine de surprise… Ces mots ne me rassurent pas… Si elle semble essayer de se montrer optimiste, je retiens juste qu’il y a une chance sur deux pour qu’il y ait un problème avec la naissance de mes petits renardeau. A la garde, 50%, c’est jamais bon signe…
Ah… C’est pas bon ça… Je dois rester au repos, c’est tout ce qu’il y a à faire ?
C’est pas gagné ça… J’ai trop de chose à faire pour me permettre de rester à la maison à ne rien faire. Entre l’Académie et la protection d’Hel, j’ai largement de quoi me faire des cheveux blancs… Heureusement qu’ils sont déjà blancs. Sa main se posant sur mon épaule ne me réconforte pas du tout. ça a juste le don de me stresser encore plus. Instinctivement, mes mains se portent sur mon ventre. Et si mes bébés étaient malades ou mourraient à la naissance…
Juste du repos ?...
Si ce n’est que ça… Je devrais bien réussir à mettre facilement mes élèves au pas. Ils sont mignons ces derniers temps. Quand à l’aventurière-princesse… Je suppose qu’il va falloir que je l’assomme. Peut-être qu’elle se montrera compréhensive et se calmera sur les soirées arrosée avec sa copine.
Cela risque d’être compliqué mais on va essayer. Hein les bébés…
Mon humeur s’est assombri avec l’annonce des risques élevés pour mes bébés… Des bébés qui font partie de ma vie maintenant… J’ai un mouvement de recul lorsqu’elle se montre aussi expressive et énergique à essayer de me rassurer en rangeant ses affaires.
Euh, là comme ça… pas vraiment.
En presque huit mois, j’ai pas mal écouté les vieilles du quartier et leurs conseils. La plupart sont clairement loufoques mais il y a des choses sensées parfois. Me redressant, je me rapproche de la guérisseuse.
Je dois m’attendre à votre visite régulièrement Wendy ? Nous avons pas mal de travail avec Geki. Combien de temps pensez-vous qu’il me reste avant qu’ils décident de sortir ?
Que j’essaye de ne pas me retrouver n’importe où le moment venu...
- Dans l’éventualité où vos enfants arriveraient avec de l’avance, vous devez savoir qu’ils seront mit en observation à l’infirmerie de la garde mais ce n’est pas quelque chose de grave. Vraiment. Ce sera simplement le temps que leurs systèmes immunitaires se renforcent
Elle ne disait pas seulement ça pour lui remonter le moral. C’était réellement la manière dont se passait les choses. Des enfants nés aux huitième mois de naissance n’avait pas tant un taux de mortalité élevé, malgré ce qu’on peut croire. La jeune femme renarde n’ayant plus de question, Wendy commença à faire ses affaires avant qu’une interrogation vienne titiller l’esprit de la garde. La demoiselle releva la tête avec un sourire doux aux lèvres.
- Je m’occupais seulement d’un remplacement, vous aurez ma collègue pour les prochains rendez-vous mais je pense qu’un rendez-vous par semaine au minimum sera nécessaire.
Elle enfila son manteau, en attachant les boutons d’un geste rapide, se préparant mentalement à s’aventurer dans le froid et ce, pour rejoindre la caserne. Elle tendit alors une feuille à la future mère avec ses recommandations et l'ordonnance des plantes médicinales et la manière dont il fallait les utiliser.
- Je pense que d’ici 3 semaines, il faudra limiter tous vos déplacements, en attendant, veillez juste à ne pas forcer et suivez bien mes recommandations.
Wendy se dirigea donc vers la porte, commençant déjà à organiser mentalement la suite de sa journée, dans l’infirmerie débordée. Mais au moment de sortir, elle se stoppa et se retourna vers sa patiente d’un jour, lui offrant un grand et chaleureux sourire qui fit plisser ses yeux.
- Prenez soin de vous Aube.
Et elle sortit, s’aventurant dans les rues froides de la capitale, sa chevelure rouge contrastant avec le gris des pierres et du ciel. Le docteur Waltz repart, comme elle est venue, ne laissant pour seule témoin de son passage le papier avec son écriture et un petit gribouilli représentant une lanterne dans le coin de la page.
La jeune médecin essaye d’être rassurante quant aux risques pour mes bébés. Même s’ils naissent avec un peu d’avance, elle n’a pas l’air de penser qu’ils puissent courir un risque. Répondant à mon interrogation concernant ses visites certainement régulières par la négative, je soupire.
Encore un nouveau guérisseur…
Je commence à en avoir marre de voir des guérisseurs toujours différents. Un peu de stabilité me ferait du bien dans ma vie pour une fois… Je la regarde préparer ses affaires pour repartir maintenant que son auscultation est terminée. Alors qu’elle enfile son manteau, elle me tend une feuille de papier. Je quitte mon canapé pour aller prendre la feuille et regarder ce dont il s’agit. Juste des plantes à utiliser pour me sentir mieux… Rien de bien méchant.
3 semaines… C’est tôt…
Trois semaines, ça laisse encore un mois et demi avant la naissance… Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire durant tout ce temps ? Sûrement me pencher sur la préparation de l’arrivée des bébés… Il faut encore que je me procure tout le nécessaire pour habiller les enfants. La main sur la poignée, Wendy se retourne pour me rappeler de prendre soin de moi.
Prenez soin de vous aussi, Wendy. Merci pour tout ça…
Je regarde la jeune femme partir. Je sens que les deux mois restants vont être long… Très longs...