« - Hum, » fis-je en me reprenant. J’avais toujours été une élève qui se déconcentrait facilement, même si je valorisais la science et le savoir au mépris de choses moins tangibles comme les croyances ou bien la noblesse.
Encore une fois, mon introspection compulsive m’écartait du droit chemin.
« - Et ceci, qu’est-ce que c’est ? »
Une plante avec des baies rouges. Clairement de la belladone, la question était stupide, mais il me fallait d’une façon ou d’une autre renouer contact avec la terre ferme. Je dévisageais ma consœur et détaillais un temps la profondeur de ses deux yeux prasin et ses cheveux couleur fraise. Avant d’irrémédiablement tourner le regard vers le ciel à nouveau.
Incorrigible.
C’est donc ainsi que les demoiselles s’étaient retrouvées en forêt dans une marche paisible. La jolie rouquine, dès qu’elle apercevait une plante aux vertues intéressantes, prenait le temps d’expliquer ce qu’elle savait à la guerrière. Enfin, pas sûr que celle-ci écoute vraiment … Elle semble dans la lune, ce qui fait sourire la demoiselle. Elle aussi devait avoir pas mal de travail en ce moment et cette sortie faisait office de libération. C’est pour cela qu’elle ne fit pas de remarque, préférant profiter de sa petite balade bucolique tout en cueillant quelques fleurs sur son passage, les remplaçant rapidement et discrètement avec son pouvoir. Les fleurs de saison froide serviront à décorer le dortoir des blessés. Quelques rayons de soleil qui passaient à travers le feuillage épais de la grande forêt venaient éclairer la peau laiteuse de Wendy. Elina la fit sortir de ses pensées quand elle désigna une plante aux baies rouges. La praticienne s’en approcha rapidement avant de commencer ses explications.
- C’est de la belladone ! On l’appelle aussi “cerise du diable” car elle peut être très toxique. La consommation des baies, en trop forte dose, attaque directement le système nerveux. Mais on peut aussi l'utiliser aussi pour dilater les pupilles si on a besoin d’examiner l’oeil !
Alors qu’elle relève les yeux vers sa Elina, celle-ci est déjà à autre chose, observant le ciel avec attention. Cette fois, elle ne peut pas se retenir et échappe un petit rire. Bon, il vaut mieux laisser tomber la leçon pour aujourd’hui. Wendy accéléra le pas pour rejoindre la lieutenant.
- Vous vous reposez correctement au moins ? Je sais que vous avez de plus en plus de boulot en ce moment mais n’allez pas vous ruiner la santé … !
La réponse n'était pas forcément adaptée, mais je peinais à trouver les mots. Le repos ? L'avais-je seulement connu depuis mon arrivée à Forteresse ? Il y avait tellement de choses à faire, tellement de tâches à superviser, tellement de missions et de patrouilles. Il me prenait même des fois de m'endormir dans les rares réunions avec le Capitaine, car je n'avais pas d'autre instant pour fermer les yeux.
« - C'est compliqué, disons. Mais les choses doivent bien continuer à avancer ! Et vous, vous n'avez pas l'air non plus au sommet de votre forme, docteur. »
J'avais toujours rêvé d'inverser les rôles, dans ce cas précis où un médecin me diagnostiquait. J'avais énormément de respect pour la profession, même si bien souvent nous autres patients semblions pris pour des cobayes, mais il allait sans dire que le pouvoir de sauver une vie me rendait systématiquement sans voix.
J'avais choisi d'intégrer la Garde pour protéger les gens et, lorsque la Garde échouait ou bien lorsqu'elle était elle-même blessée, les médecins étaient là. Ils faisaient le même travail que nous, mais avec des outils différents et à un moment différent : lorsque la moindre erreur était charnière et que l'on n'avait plus le bénéfice du temps. Nous avions la pression sur le champ de bataille et ils avaient la pression devant la table d'opération.
Et elle était là.
Médecin et Garde à la fois, j'étais estomaquée. Bien sûr, il en existait d'autres dans le même cas, tout comme des ingénieurs au sein de l'armée et d'autres métiers civils, mais très peu. Vraiment peu.
« - Dites moi, qu'est-ce qui vous a poussée à rejoindre la Garde ? Avec vos talents de médecin, vous auriez pu faire meilleure carrière dans le civil. Vous n'auriez eu de compte à rendre de personne... D'ailleurs c'est ce que je regrette parfois : cet attachement à la hiérarchie. Pourquoi un grade devrait m'obliger à respecter les ordres d'une personne en qui je n'ai pas confiance ? Et si c'est un incompétent qui doit me diriger ? »
Je vrillais un regard interrogateur vers mon interlocutrice, détaillant ses deux grands iris verts. Comment des yeux reflétant une telle douceur pouvaient-ils être un jour envoyés au front ?
« - Vous êtes encore jeune et je n'attends pas de vous des réponses à ces questions qui remettent en cause les fondements même de la Garde. Eh, ce n'est pas la première fois que je me ferais taper sur les doigts si on venait à le savoir. Mais je crois en la fraternité, l'amitié et l'honneur. »
Comme je sentais que la discussion devenait pesante, je m'arrêtai un instant et regardai autour de moi avant de désigner une plante, presque au hasard. C'était une espèce d'herbe verte, assez haute, qui poussait presque comme du chien-dent et que j'étais sûr d'avoir déjà vue dans une boutique d'herboristerie.
Ça se voit tant que ça ? Je devrais faire une bonne sieste … Enfin si j'ai le temps !
Irrécupérable. Elle finirait par tomber de fatigue au bout d'un moment. Mais son travail, c'est ce qu'elle est. C'est sans doute pour cela qu'il lui est si difficile de prendre une pause. Car elle ne serait pas totalement elle-même … Mais alors, la belle femme à la cicatrice posa une question d'ordre un peu plus privé mais aussi terriblement intéressante. C'est vrai, Wendy aurait eu une grande réputation dans le domaine privée. Elle aurait pu se faire une place dans l'aristocratie avec ses compétences. Mais elle avait préféré la garde … Pourquoi ? Et bien, la réponse est simple.
Ça va vous peut-être vous paraître stupide mais mon père était garde ! Je l'adorais mais il pour subvenir à nos besoin, il a trop tiré sur la corde et est décédé dans l'exercice de ses fonctions. Ma mère l'a suivie de peu. Tuée par le chagrin …
Elle resta silencieuse quelques instants, se remémorant de bons souvenirs en leurs compagnies. Surtout son père. Elle en était réellement proche. Peut-être par la couleur rouge de leurs cheveux qui les avait rapproché ? Ou bien leur côté généreux ? Qui sait. Enfin bref. La demoiselle reprit.
Mon grand-père m'a accueillit chez lui et m'a appris la médecine. Je l'ai aidé dans son cabinet mais quand il est mort à son tour, j'ai décidé de rejoindre la garde en tant que médecin. Pour éviter que les gens ne prennent pas soin d'eux et meurent à leur tour. Enfin, je suppose ? Ou alors, je suis masochiste et j'aime travailler sans jamais dormir !
Wendy éclate joyeusement de rire en continuant d'avancer à travers la forêt, une légère brise venant la rafraichir.
Mais je pense que même si officiellement, la hiérarchie nous oblige à obéir à n'importe quel ordre, on ne doit jamais abandonner notre raison. Et s'il faut se rebeller contre nos supérieurs, et bien, qu'ainsi soit il ! Enfin, ne répétez pas ça au commandant ~
Et vous alors ? Pourquoi avoir rejoint la garde ? Si ce n'est pas indiscret !
Bien qu'elle avait des airs de prières de la classe, la rousse avait une âme de rebelle. D'ailleurs, celle ci ne ressentit pas la lourdeur de l'ambiance mais se détourna tout de même de la conversation dès qu'on lui parla de plantes. Oh oui !
Très beau spécimen, il s'agit de …
Et blablabla, elle est de nouveau lancée dans ses explications, oubliant presque qu'elle s'adresse à sa supérieure.
« - Je partage votre avis, bien qu'étant du côté de la hiérarchie quelques fois, je peux exprimer comment certains choix sont difficiles à faire... Ce n'est pas une légende que pour le bien commun, il faut parfois faire des sacrifices. »
Je continuais à la regarder tandis qu'elle s'enthousiasmait devant une nouvelle espèce de plante. Je l'écoutai parler alors, cherchant à en apprendre davantage sur cette herbacée qui, infusée, pouvait apparemment revigorer un homme. Si mon cerveau n'était pas si embrumé, j'aurais bien pris des notes, mais je devais me rendre à l'évidence : cette expédition était vaine et m'apportait uniquement un moment de répit, tout comme à la doctoresse.
J’intervins au bout d’un moment d’absence, comme sortie d’un rêve :
« - Votre raison est louable dans tous les cas. La Garde manque souvent de médecins et finalement, si les gardes protègent le peuple, qui reste pour prendre soin des soldats ? Enfin, nous cherchons des recrues de votre trempe à la Forteresse ; notre Capitaine tente tant bien que mal d'imposer des médecins et infirmiers à chaque bataillon... Plus facile à dire qu'à faire, quand on sait ce que c'est la vie dans le Nord. »
Je haussai les épaules dans un geste conclusif. J'étais facilement dépassée par l'intelligence nécessaire pour exercer ce métier, mais appréciais définitivement la compagnie d'une des unités médicales récemment affectées à mon bataillon : Merry Campbell. Je comptais bien la revoir en rentrant d'ailleurs, pour assumer le rattrapage de ce cours pour lequel j'étais une très mauvaise élève.
« - Et désolée pour le temps de réponse, j'ai la tête ailleurs. Votre question n'a rien d'indiscrète et je trouve cela moteur de connaître les motivations de chacun à rejoindre l'armée. Pour ma part, j'ai toujours souhaité protéger les plus faibles, agir pour le bien commun. Mais des fois je me demande si je ne me suis pas égarée en chemin et si les idéaux pour lesquels je me bats sont bel et bien ceux de la Garde... »
Tandis que je finissais ma phrase, nous débouchâmes dans une clairière où coulait calmement un fin filet d'eau. Un tronc arraché gisait à terre, non loin, et j'avisais la première une petite pause dans notre promenade, m'asseyant sur la souche tandis que ma comparse découvrait des yeux différents types de fleurs autour de nous.
« - Tiens, vous vouliez apprendre à vous battre non ? » fis-je au bout de quelques minutes de simple contemplation, retroussant mes manches comme preuve de volonté. « Il semblerait que cet endroit est tout indiqué. »
Mais la deuxième partie de sa réponse fut bien plus intéressante. La blonde évoqua sa recherche de nouvelles recrues pour la forteresse et le fait que la jeune médecin répondait au profil. Wendy sembla surprise et une idée germa dans sa tête. Elle n’avait jamais envisagé de partir dans le nord mais … Pourquoi pas ? Après tout, ils ont besoin de médecins et elle, elle veut aider au maximum. Alors oui, les conditions de vie y étaient dures mais ça, ce n’était pas ce qui ferait reculer la rousse. Est-ce qu’elle devait présenter sa candidature ? ? Alors qu’elle se perdait dans sa réflexion, son regard fixant un point au loin, Wendy murmura, presque inaudiblement.
- C’est une bonne idée …
Un petit sourire étira ses lèvres alors qu’elle continuait d’avancer doucement. Sa rêverie fut interrompue à nouveau par Élina ce qui lui fit relever la tête. Ah oui, c’est vrai qu’elle a posé une question … Wendy était déjà passé à autre chose ! Bon sang, la fatigue la rendait tête en l’air ! Mais tête en l’air ne veux pas dire qu’elle n’écouta pas les dires de sa supérieure avec la plus grande attention. Alors comme ça, la balafrée souhaitait protéger les plus faibles . Elle aussi avait une raison louable d’être entrée dans la garde alors ! De plus, cela collait bien à l’image de la gradée ! Une femme se tenant debout, droite et sans trembler face au danger … La rousse serait presque émerveillée si cette image ne cachait pas une cruelle réalité. Celle du combat, du sang, des sacrifices et de la mort. Tout ce que doit affronter un soldat dans son travail et qui semait des doutes dans l’esprit d’Élina. C’est à ce moment que les deux demoiselles arrivèrent dans une clairière des plus bucoliques. Il y avait toutes sortes de plantes que la demoiselle connaissait et dont elle pouvait s’émerveiller et pourtant, ce n’est pas cela qu’elle fit. Non, tout d’abord, elle devait répondre à la lieutenante. Sa voix se fit douce, comme pour essayer de la rassurer …
- Vous savez, nous sommes des êtres humains et nous ne pouvons pas atteindre la perfection, quoi qu’on en dise … Alors tant que vous faîtes ce que vous pensez être le mieux, ce sera le bon choix. Alors, gardez le moral, d’accord ? On a besoin de plus de gradés comme vous lieutenant !
Elle sourit en coin et se met au garde-à-vous pour donner un peu plus d’importance à ses paroles. Enfin, elle en resta pas longtemps dans cette position car une plante attira son regard et Wendy s’en approcha d’un pas rapide, déblatérant à nouveau un tas d’informations diverses et variées sur celle-ci. Plus elle parlait de sa passion, plus la rouquine avait l’impression de faire le plein d’énergie. Elle fut interrompue par la jeune femme qui lui indiqua que cet endroit était parfait pour commencer un entraînement. Il est vrai, c’était la raison de leur venue à la base ! Le médecin se redressa, retirant sa grande veste blanche pour permettre à son corps de bouger de manière plus fluide, dévoilant un simple haut en toile noire large.
- Ce serait un honneur de recevoir une instruction de votre part lieutenant ! J’espère que vous me mettrez à terre le nombre de fois nécessaire pour que je puisse m’améliorer !
Elle ne s’imagine pas une seconde faire face à la guerrière. Une habituée du combat et des champs de bataille. Les bras de Wendy n’était pas aussi rachitique que sa veste le faisait penser. Non, de légers muscles y étaient dessinés, signe d’une condition physique plus que correcte. La rousse prit alors le temps d’attacher sa chevelure d’un geste rapide.
Je m'agenouillai à ses côtés, lui offrant un biscuit sucré que je gardais en en-cas pour ce genre d'occasions. Il fallait reprendre des forces. Tout en grignotant son présent, la rousse s'était lentement redressée sur son séant comme si c'était là un effort surhumain.
« - C'est... plus difficile que ce que... j'imaginais... » expira-t-elle entre deux lourdes respirations.
Je posai ma main sur son épaule.
« - Ce n'est pas en un entraînement que l'on progresse. Qui plus est, je suis un soldat entraîné et vous un médecin, votre force est ailleurs. »
Je désignai mon crâne tout en concluant ma phrase, puis tendis une main secourable pour aider la jeune femme à se remettre debout. Il y avait encore du chemin à faire, mais on venait de poser la première pierre.
« - Cela suffira pour aujourd'hui, mais on peut se donner rendez-vous pour un prochain entraînement si cela vous tente ? J'ai apprécié ce moment et je pense que cette clairière constitue un juste milieu entre nos deux mondes.
- Je pense aussi, c'est un bon moyen d'échapper à la pression qui pèse sur nos épaules... »
Récupérant mes affaires, j'accompagnais le médecin jusqu'à l'orée de la forêt, en direction du sentier que nous avions emprunté pour venir ici. Le soleil était encore haut dans le ciel et le restant de la journée, je savais que j'allais le passer à rattraper mon retard dans les tâches qui m'avaient été déléguées par le Capitaine, à l'occasion de ma visite au Village Perché. Aux côtés de la doctoresse, nous progressions vers la périphérie de l'agglomération et, de temps à autres, elle désignait et décrivait encore des plantes ; l'esprit plus tranquille qu'avant l'entraînement, je l'écoutais et apprenais sans peine, si bien qu'elle s'en amusa à un moment :
« - Nous sommes deux à avoir appris des choses aujourd'hui, finalement. Peut-être la prochaine fois pourrions-nous conserver cet échange de connaissances ? »
Je hochai la tête, avant de lever les yeux vers les cimes des arbres, à nouveau. Incorrigible.
Le fracas de nos deux poignards résonna dans toute la clairière. Haletante, je parvins à repousser l'assaillante avec un coup de genoux, qu'elle esquiva magnifiquement. Elle commençait à déchiffrer mes attaques et à étudier les points faibles dans mes parades, elle se débrouillait comme un véritable soldat, mais...
« - Ton flanc droit ! » eus-je le temps de crier, avant que le plat de ma lame ne touche la jeune femme entre deux côtes et ne lui promette, pour le retour, un joli hématome à cet endroit.
Le coup venait de lui couper le souffle, mais je sentais qu'elle n'allait pas abandonner si facilement et continuer, malgré la douleur. Je me redressai donc et m'apprêtai à accuser son prochain coup. Celui-ci me prit par surprise, lorsque la jeune femme me saisit le bras alors que je m'apprêtai à parer son poignard, fit demi-tour sur elle-même et m'enfonça son pommeau dans le plexus solaire.
Poussant un juron de douleur tout en me recroquevillant à terre, j'abdiquai finalement. J'avais volontairement été tête en l'air à plusieurs moments de l'entraînement, laissant des ouvertures pour remarquer l'évolution de la vivacité de Waltz, mais jamais je ne me serais encore attendue à pareil coup de sa part ; j'aurais probablement fait plus attention si je ne l'avais pas sous-estimée à ce moment précis.
Bras et jambes sur le sol, recroquevillée, je retrouvais ma respiration lentement mais sûrement.
« - Il y a du progrès, qu'en dites-vous ?
- Koff... Un peu... oui... »
Nous avions poursuivi ces entraînements pendant plus d'un an désormais, à raison d'une dizaine de séances effectuées. J'avais beaucoup appris en herboristerie et je savais à présent retrouver des plantes communes, efficaces pour guérir certains maux ou prévenir l'aggravation de blessures. Oh, j'étais encore loin de pouvoir tenir tête à un véritable médecin et il m'arrivait encore que Merry me contredise lorsque je pensais identifier correctement une plante, mais j'en savais beaucoup plus à présent. Suffisamment en tout cas.
Une main tendue au-dessus de ma tête m'indiqua que la doctoresse proposait de m'aider à me relever. Je la saisis après un court instant de souffrance et me relevais difficilement.
« - Je pense... qu'on en a fini... pour aujourd'hui... »
Avec le temps, je retrouvais ma respiration mais ma douleur à la poitrine persistait. J'avisais finalement l'emplacement d'une souche sur laquelle m'asseoir, ma paume plaquée sur ma cage thoracique douloureuse. Mais à cet instant, la seule idée qui me traversait la tête était la suivante :
« - Il y a un an, je vous ai proposée... de rejoindre mon régiment, à Forteresse, en tant que médecin. Cette offre... n'est plus d'actualité. »
Je cernais le regard interrogateur de mon interlocutrice. Un court silence lui fit peut-être croire que j'en avais fini et je la voyais se préparer à répondre, les lèvres entrouvertes. Je me précipitai donc, poursuivant malgré la douleur, pour qu'elle ne se méprenne pas.
« - Aujourd'hui je souhaiterais vous inviter... à rejoindre le Blizzard... en tant qu'officier. Nous avons besoin d'éléments comme vous... à la tête de notre unité médicale. »
Et encore aujourd’hui, cette progression se ressentait. Ce n’était pas encore parfait, vu le coup que la rousse venait de se prendre dans les côtes mais elle avait assez bien riposté, décidant d’attaquer de manière un peu plus brutale pour surprendre son professeur et lui asséner un coup violent dans l’abdomen avec le pommeau de son poignard. Plus précisément dans le plexus solaire, un tissus nerveux et donc, particulièrement douloureux. Wendy avait apprit à mettre en relation ses connaissances médicales et ses nouvelles connaissances de soldat. Elina pû donc s’en rendre compte elle-même, recroquevillée au sol en cherchant son souffle. La rousse prit une minute pour reprendre elle aussi son souffle, essuyant une perle de sueur de son front avant d’aider sa supérieure à se relever.
Celle-ci mit fin à l’entraînement, la respiration encore un peu difficile au point de prendre place sur la souche d’arbre. Le médecin quant à lui, décida de s’asseoir à même le sol, dans l’herbe humide, un sourire aux lèvres. Elle avait enfin réussit à mettre le commandant à terre ! Ce sourire ne quittera pas son visage de la journée ! Impossible ! Elle pourrait enfin rejoindre la forteresse en tant que médecin. Mais alors que Wendy profitait de la pause, se demandant ce qu’elle mangerait pour fêter ça, Elina prit la parole, annonçant que l’offre n’était plus d’actualité. Par réflexe, la demoiselle se releva d’un coup, son visage exprimant clairement sa surprise. Elle n’eu pourtant pas le temps de dire un mot que déjà, la guerrière des neiges reprenait la parole, éclairant la situation tout comme le visage de la rouquine.
Wendy n’y croyait pas. On lui proposait réellement un tel poste ? Avait-elle bien entendu ? Médecin en chef … Un grand sourire, encore plus grand que les précédents gagna la frimousse de la très jeune femme qui hocha vivement la tête, comme de peur que cela s’avère être un rêve.
- Ce serait un véritable honneur capitaine !
- C’est un honneur mérité. Vous avez les compétences nécessaires et vous êtes l’une des meilleures dans votre domaine.
Son père serait tellement fier ! À cet instant, elle était le médecin le plus heureux du monde. La forteresse serait donc sa nouvelle maison … Il y aurait certainement un petit laps de temps avant son assignation officielle mais bon … Elle pouvait bien attendre une petite semaine de plus !
Les deux femmes avaient prit un peu de temps pour se reposer et parler des détails de cette promotion des plus incongrues avant de rentrer toutes deux chez elles et cela, sur une note de bonne humeur. Bientôt, elle seraient amenées à se fréquenter. Mais cela ne serait pas un problème car après tout, à force de s’entraîner ensemble, on finit par tisser un lien, pas vrai ?
Sur le chemin du retour, Wendy chantonna avec la plus grande des joies et se dirigea donc vers la taverne, voulant fêter ça. Après tout, c'est pas tous les jours qu'on est promu ... !
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